36 DOCT-US, an III, nr. 1, 2011
peuples de l'Orient. Leurs histoires et traditions,
tant fabuleuses que véritables, leurs religions et
leurs sectes, leurs gouvernemens, politique, loix,
mœurs, coutumes et les révolutions de leurs
empires, les arts et les sciences, la théologie,
médecine, mythologie, magie, physique, morale,
mathématiques, histoire naturelle, chronologie,
géographie, observations astronomiques,
grammaire et rhétorique, les vies de leurs saints,
philosophes, docteurs, poëtes, historiens,
capitaines, et de tous ceux qui se sont rendus
illustres par leur vertu, leur sçavoir ou leurs
actions ; des jugemens critiques et des extraits
de leurs livres écrits en arabe, persan ou turc,
sur toutes sortes de matières et de professions,
par Mr d'Herbelot
.
La
Bibliothèque
Orientale fut rééditée à
Maestricht (1776), à la Haye (4 volumes, 1777-
1799), puis à Paris (6 volumes, 1781-1783).
Barthélémy D'Hérbelot a aussi rédigé une
Anthologie Orientale
, et un
Dictionnaire arabe,
persan, turc et latin
qui n’ont pas été édités3.
En 1661, il est nommé secrétaire et
interprète de langues orientales de Louis XIV et
en 1692, il devient professeur au Collège de
France, où il est titulaire de la chaire de
syriaque.
La spécificité de La
Bibliothèque Orientale
d’Hérbelot4 réside dans le fait que l’auteur se
fonde principalement sur des récits de voyageurs
musulmans5. Il écarte de ses sources les
relations jésuites dont l’objectivité est largement
contestée et s’impose l’obligation de mesurer la
distance qui sépare les relations de voyage
même les plus récentes de la réalité des faits.
Cet ouvrage contenant 6 tomes exprime une
volonté de vulgarisation des connaissances
orientales. Il est conçu en 2 parties : l’une
historique et bibliographique et l’autre
comprenant des textes orientaux qui éclairent la
première partie. Il contient un index
alphabétique des auteurs orientaux et ouvrages
cités.
De plus, la préface de Antoine Galland expose
la méthode et les motivations de d’Hérbelot :
3Richard, Francis, «
le dictionnaire de d’Hérbelot
» dans
Istanbul et les langues Orientales, actes du colloque organisé
par l’IFEA et l’INALCO à l’occasion du bicentenaire de l’école
des langues Orientales, Istanbul 29-31 Mai 1995, édité par F.
Hitzel, l’harmattan, 1997, Paris. Varia Turcica, 540 p.
4Herbelot (d’), Barthélemy,
Bibliothèque Orientale
, avec un
supplément par C. Visdelou et A. Galland, Maëstricht, 1776-
1780, in-folio, 2 tomes en 1 vol.
5Laurens, H.,
Aux sources de l’Orientalisme, la Bibliothèque
Orientale d’Herbelot
, Maisonneuve et Larose, Paris, 1978.
Avec cette application fatigante, mais
agréable, M.D’Hérbelot apprit ce qui jusque alors
avait été caché aux Européens. Mais il ne voulut
pas profiter lui seul de toutes les rares
découvertes qu’il avait faites, & pour rendre
compte au public & à la postérité du bon emploi
qu’il avait fait de son temps, il résolut de leur en
faire part.
6
Sa méthode7 consiste à dépouiller les textes
des savants, à interroger les voyageurs venant
des pays arabes et à consulter les catalogues de
manuscrits dans les plus importantes
bibliothèques. Sa documentation est puisée dans
des textes encore manuscrits; il indique la côte
précise des ouvrages consultés à la bibliothèque
du roi à la fin de chaque entrée pour permettre
au lecteur d’approfondir ses connaissances par
un retour direct à la source. Galland décrit le
travail de D’Hérbelot comme suit :
Monsieur D’Hérbelot qui possédait déjà les
langues Hébraïques, Chaldaïque & Syriaque, qu’il
avait jointes à la Latine & à la Grecque, deux
Langues qui parmi nous suffisent communément
pour mériter le titre d’Homme de Lettres, apprit
premièrement à fond, les langues Arabiques,
Persienne & Turque, comment le fondement & la
baie du grand projet qu’il avait formé, de s’ouvrir
le chemin pour arriver à la connaissance de
l’Histoire, des Lois, des Coutumes, des Mœurs,
des Religions, ou des Sectes tant Chrétiennes,
que Mahométanes, de tous les peuples dispersés
dans les trois parties de notre Contient qui les
parlent.
Pour cela, il lut un grand nombre de livres
écrits dans chacune des trois Langues, qu’il
trouva dans la bibliothèque du roi, ou dans celle
de florence ou qu’il possédait lui-même par
l’acquisition qu’il en avait faite. Or pour remplir
la curiosité, il était nécessaire qu’il prit partir de
se rendre ces trois Langues familières, parce que
les Auteurs Arabes parlant mieux des
affaires de
leur Nation, que les Persans & les Turcs ; &
ceux-ci de leurs propres, avec plus de
connaissance que les Arabes, il n’y avait pas
d’autres voies par où il pût arriver plus surement
à la vérité de leur Histoire & à la connaissance
certaine qu’il cherchait de tout ce qui les
regardait
8
6
Discours pour servir de Préface
, A. Galland dans la
Bibliothèque Orientale
7 Henry Laurens.
Aux sources de l'Orientalisme: la
Bibliothèque Orientale de Barthélemy d'Hérbelot,
Paris, G. P.
Maisonneuve et Larose, 1978. 102 p.
8
Discours pour servir de préface
, A. Galland