Que peut la philosophie ? Définitions - philosophèmes

LA PHILOSOPHIE
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Que peut la philosophie ?
Définitions, distinctions de concepts
La tradition affirme que c’est Pythagore qui fut l’inventeur des mots « philosophe » et
« philosophie ». Ayant renoncé à se prétendre être un sage (), il se définissait lui-
même comme amant ou amoureux de la sagesse du grec , « aimer », « chérir », et
, tout à la fois « savoir », « science » et « sagesse » . Étymologiquement, la
philosophie se présente moins comme un savoir positif ou un ensemble de connaissances que
comme une recherche rationnelle critique ininterrompue susceptible de porter sur tous les
aspects du réel.
Science et philosophie
Une science peut être définie comme un ensemble de connaissances relatives et provisoires,
toujours particulières, propres à chaque région du réel. Les sciences se distinguent les unes
des autres d’abord par leurs objets respectifs, mais aussi par leurs méthodes, leurs vérités, les
procédures de validation de leurs résultats, l’usage qu’elles font de l’outil mathématique, etc.
La philosophie, qui s’était par le passé confondue avec la science, s’en distingue aujourd’hui
radicalement. « Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques [=
absolument et logiquement nécessaires et certaines], elle devient aussitôt scientifique, elle
cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable. » (Karl
Jaspers, Introduction à la philosophie)
- Une science se veut une connaissance discursive établissant des rapports nécessaires
entre des faits objectivement constatables. La philosophie ne produit pas de connaissances
dans le même sens les sciences en produisent. Elle intervient plutôt au niveau de ce que
Kant appelait « l’usage courant de l’entendement » pour témoigner d’une exigence de pensée
maîtrisée, de rigueur dans l’usage du vocabulaire et d’un esprit d’analyse conditionnant
l’autonomie du jugement.
- La philosophie récuse toute forme de dogmatisme, ce qui l’a historiquement amenée à
faire la critique de l’opinion et des représentations collectives, mais aussi de toute forme de
pensée systématique, qu’elle soit religieuse, philosophique ou scientifique, de l’esprit de
système. Comme le disait Kant, on n’apprend pas la philosophie – dans le sens où il s’agirait
d’assimiler le contenu des différentes philosophies mais on ne peut qu’« apprendre à
philosopher », c’est-à-dire à développer un regard critique autant sur le réel que sur les
productions de l’esprit humain.
- À la différence des sciences qui n’ont pas de sujet elles ont vocation à intégrer le
patrimoine culturel commun de l’humanité développée, et peu importe qui contribue à leur
avancement la philosophie est indissociable d’un effort personnel pour penser, pour donner
un sens au réel ou à l’existence. Les différentes pensées philosophiques ne peuvent ainsi être
comprises indépendamment de l’existence historique de leurs auteurs.
Philosophie et abstraction
Depuis les contemporains de Thalès ou d’Aristophane, un certain préjugé commun assimile
la philosophie à une vaine spéculation, arbitraire, vide de contenu, parfaitement éloignée du
réel et de la vie. Le prétendu bon sens qu’on lui oppose volontiers l’accuse de n’être qu’une
manière pédante d’exprimer des évidences ou des idées communes, lorsqu’elle ne lui
apparaît pas comme un discours abscons ou dénué de sens. C’est oublier qu’elle se présente
d’abord comme une certaine disposition de l’esprit s’efforçant de se démarquer du sens
commun pour entreprendre de penser de manière suffisamment lucide, réfléchie et
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approfondie toutes formes de convictions quelles qu’elles puissent être. Toute opinion
comme tout savoir positif procèdent au contraire par affirmations, par généralisations non
fondées ou par raisonnements sophistiques. Ils reproduisent souvent des idées depuis
longtemps collectivement admises, oubliant de s’interroger ils le devraient. L’exemple
de Socrate, le fondateur traditionnel de la philosophie en Occident est toujours actuel :
dialoguant avec des interlocuteurs de rencontre, il les amenait progressivement à renoncer à
leurs fausses certitudes pour reconnaître leur ignorance c’est pourquoi les dialogues
socratiques de Platon s’achèvent le plus souvent sur des apories , et opposait pour sa part à
l’ignorance commune – celle qui s’imagine suffisamment savoir – l’ignorance savante,
consciente de ses propres lacunes tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien »)
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. La
recherche constante d’une maîtrise de sa propre pensée constitue un facteur essentiel de
liberté. Pour cela, il faut bien commencer par se défier de ses croyances, remettre en
question tout ce qu’on admettait comme vrai c’était la démarche de Descartes, dont
Husserl a souligné l’importance , les intérêts de connaissance, les jugements communs et
les formes de valorisation affective qui conduisent à se ranger à ceux-là.
S’il est vrai qu’il est difficile pour la philosophie de faire l’économie d’un certain degré
d’abstraction caractéristique de toute pensée qui se veut rigoureuse, il faut cependant
distinguer entre une bonne abstraction celle par laquelle on cherche à s’affranchir du
prétendu concret et de ses illusions et une mauvaise abstraction se coupant totalement du
réel pour se complaire dans un monde d’idées pures . La philosophie ne saurait se départir
du souci du réel qui la caractérise. Mais, à la différence de certaines formes de pensée
spontanée, non philosophiques (religieuses, scientifiques, politiques, etc.), elle s’efforce de
ne laisser aucune place aux évidences admises et aux conditionnements sociaux dont on n’a
souvent pas même conscience. Philosopher, c’est constamment chercher à savoir pourquoi
on peut dire ce qu’on dit, tout en sachant par avance qu’aucune réponse ne sera pleinement
satisfaisante pour l’esprit. La question du pourquoi est pour la philosophie d’une extrême
importance. On ne se la pose jamais assez.
La philosophie et la vie
Inséparable de l’exercice effectif de l’esprit critique, la philosophie permet d’apprendre à
réellement comprendre, au lieu de se contenter de répéter ce qui peut être admis. Pour
comprendre, il faut certes commencer par s’instruire, pour être en état de se réapproprier un
certain nombre de connaissances, mais sans jamais renoncer à acquérir le sens du problème.
Tout n’est pas évident, loin de là, tout ne va pas de soi, excepté pour ces esprits qui ne se
posent jamais aucune question, ne sont jamais exposés au doute ou à l’incertitude. Il est
prétendument possible de vivre sans philosopher, mais quelle sorte de vie ? Une vie
purement biologique, se contentant de satisfaire ses besoins, de privilégier des plaisirs
immédiats et d’éviter les causes de souffrance, ce qui est à la portée de n’importe quel
animal ? Ou bien une existence authentiquement humaine, digne d’être vécue, axée sur la
conquête du meilleur pour soi-même, et en ce sens indissociable du goût de l’effort et de la
volonté d’un dépassement constant de soi ?
La philosophie peut aussi apprendre à distinguer les véritables problèmes des préoccupations
communes, comme à se distancer des soucis du quotidien et d’une fausse actualité-spectacle,
souvent commandée par les priorités idéologiques du moment. Contre toutes les formes
d’aveuglement collectif, elle permet la définition d’un certain art de vivre cf. l’expression
commune : prendre ce qui arrive avec philosophie , ou d’une sagesse pratique. Celle-ci
consisterait à se montrer lucide en toutes circonstances et d’une scrupuleuse intégrité morale,
à savoir contenir ses émotions, éviter tout excès, privilégiant en tout la voie de la
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« ... lui croit qu’il sait, bien qu’il ne sache pas ; tandis que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus rien
savoir. Il me semble, en somme, que je suis tant soit peu plus savant que lui, en ceci du moins que je ne crois pas
savoir ce que je ne sais pas » (Platon, Apologie de Socrate, 21 c-22).
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modération, le raisonnable, relativiser tous les événements à leur juste importance, et par
savoir affronter les épreuves de la vie en affichant une humeur toujours égale.
« La philosophie, c’est la réflexion aboutissant à reconnaître sa propre insuffisance et la
nécessité d’une action absolue partant du dedans. » (Julius Evola)
Philosophie et politique
La vocation critique de la philosophie, n’ayant à reconnaître aucune limite, a historiquement
valu à nombre de philosophes d’être en bute aux autorités religieuses et politiques de leur
temps. La philosophie a été régulièrement accusée d’être une pratique subversive, autorisant
la contestation permanente de l’ordre établi, représentant une menace pour les institutions ou
pour les bonnes mœurs, d’autant plus que la critique philosophique se laisse difficilement
contrer ou réduire au silence. Socrate fut condamné à mort sur l’accusation de bons
démocrates, Anytos et Mélétos, qui étaient sans doute réellement persuadés que son
incroyance et sa volonté de corrompre la jeunesse étaient avérées, et faisaient de lui une
grave menace pour l’ordre public. En homme parfaitement respectueux des lois, il exécuta
lui-même la sentence. Son disciple Platon fut mis en vente sur le marché aux esclaves de
Syracuse parce que ses vues de réformateur politique avaient déplu au tyran Denys. Il dut à
la particularité physique d’où il tire son nom d’avoir été reconnu et acheté par un Athénien
de passage. Giordano Bruno fut brûlé vif sur le Campo di Fiori à Florence pour avoir soutenu
la thèse de la pluralité des Univers possibles et s’être déclaré atomiste. Galilée s’est vu
intenter un célèbre procès, et a été condamné à résidence surveillé pour le restant de ses
jours. Descartes s’est exilé aux Provinces Unies par crainte de la censure de l’Église.
Spinoza a choisi une prudente retraite après avoir été excommunié, banni de la communauté
juive d’Amsterdam et inquiété par les autorités civiles en raison de son athéisme. Plus proche
de nous, Antonio Negri a passé de longues années en prison, puis en exil, après avoir été à
tort suspecté d’être le théoricien des Brigades rouges italiennes. Les exemples ne manquent
pas. Encore aujourd’hui, tout en ironisant, comme le public, sur la posture des Socrate
fonctionnaires, les politiques ne manquent pas de vouloir toujours davantage réduire la place
de la philosophie dans l’enseignement secondaire, à l’heure tout est fait pour supprimer
les doublements et faire en sorte qu’aucun élève ne quitte le lycée sans le baccalauréat
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. La
philosophie est accusée d’être une matière trop difficile pour les élèves, qui manqueraient de
la maturité nécessaire et des ressources culturelles qui permettraient de l’appréhender avec
profit, et les professeurs de décourager les élèves en distribuant trop facilement de mauvaises
notes sur des exercices et des épreuves qu’ils ne pourraient de toute façon réussir, oubliant le
caractère indispensable de la philosophie pour la formation de l’esprit critique, et par de
citoyens éclairés au lieu de consommateurs abrutis doublés d’électeurs influençables.
Philosopher, dans quel but ?
Il s’agit en premier lieu de dépasser les opinions toutes faites pour accéder au vrai. Au Livre
V de La République, Platon déjà rappelait que la philosophie suppose le dépassement des
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Les doublements coûtent cher au contribuable. C’est ainsi que toute forme de sélection s’est trouvée désormais
reportée dans le supérieur, via la procédure APB comme à l’Université. En 2013 (chiffres du Ministère), 46,2 %
des étudiants inscrits en première année de licence ne passaient pas en deuxième année, et 27,2 % sortaient d’eux-
mêmes du système universitaire. Le lycée ne préparant pas vraiment à l’autonomie indispensable à la réussite, et
quantité d’obstacles culturels incitant davantage à profiter du système en vigueur plutôt qu’au travail bourses,
restaurants et logements universitaires, prêts étudiants, aides sociales diverses, couverture maladie universelle
pour ceux qui peuvent invoquer une nationalité étrangère ou une situation de précarité , on espère à l’évidence
que les nouveaux étudiants produits en masse se décourageront d’eux-mêmes. C’est là la caractéristique d’une
politique depuis longtemps menée à très court terme, qui n’a en vue que la prochaine échéance électorale : on
oublie manifestement que les étudiants en échec aujourd’hui feront une bonne partie des chômeurs endettés
vindicatifs de demain.
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opinions toutes faites et des préjugés communs. Le philosophe s’oppose au philodoxe
 celui qui affectionne l’opinion sans aucunement chercher à la problématiser.
Il est des esprits naïfs qui discutent vainement de la prétendue inutilité de la philosophie.
Rappelons pour eux cette question de dissertation proposée au baccalauréat : À quoi sert la
philosophie ?, pain bénit pour le correcteur. Il discrimine en effet très facilement entre les
copies qui prétendent lui expliquer que la philosophie ne sert à rien, constituerait une perte
de temps pour l’élève durant son année de Terminale, serait inutile, etc. – note entre 0 et 5 ou
6 celles qui s’efforcent de le persuader que la philosophie est un élément indispensable de
la culture générale ou de la formation de l’esprit, et celles dont les auteurs sont capables de
reconnaître le préjugé utilitariste qui se donne ici : ce qui sert à, ce qui est utile, est par
définition un savoir-faire ou une technique, ce que n’est pas la philosophie, pour telle et telle
raison, etc. Seules ces dernières copies seraient dignes d’obtenir la moyenne, mais le
professeur de philosophie est bien contraint de s’adapter au public qui lui est confié, et qu’il
n’a pas choisi, qui ne s’empresse pas de lui-même, etc.
Si on tient vraiment à assigner un but à la philosophie, on peut dire qu’elle est, non pas utile,
mais indispensable pour pouvoir rompre avec les préjugés communs, s’engager résolument
dans la réflexion et dans l’étude. Michel-Eugène Chevreul, célèbre professeur de chimie du
XIXe siècle, se définissait à plus de quatre-vingt ans
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comme le plus vieil étudiant de France,
titre qu’on ne peut que lui envier. Une telle pensée est indispensable à la réévaluation des
représentations communes, avec ses enjeux existentiels : décisions morales, choix politiques.
Apprendre à voir plus clair dans sa propre pensée, tel est l’enjeu de la réflexion
philosophique.
La philosophie ne renoncerait pas pour autant à la conquête de la sagesse, ou du savoir
absolu, au sens de Hegel, savoir divin. Elle appellerait l’homme à se diviniser lui-même via
le développement de l’esprit relatif vers l’esprit absolu, contre toutes ces religions
débilitantes faisant de l’homme, et surtout de la femme, d’éternels mineurs, voire des
esclaves, les inféodant à des divinités le plus souvent sémitiques et de provenance culturelle
archaïque, exigeant le prix du sang, des infidèles, des juifs, des chrétiens, des yézidis
regardés dans les superstitions musulmanes comme de prétendus « adorateurs du diable » ,
des incroyants ou des polythéistes, etc., suivant le cas. Car les problèmes qu’elle pose ne
concernent pas seulement la vie sociale, mais aussi le sens ultime de l’existence, la destinée
de l’humanité, ou la réalité profonde de l’Univers et de la vie.
Les Grecs ont su inventer la philosophie en refusant de laisser la pensée enfermée dans le
carcan des dogmes religieux, ce dont aucun autre peuple de l’Antiquité n’a été capable. Au
Moyen Âge, on prétendait faire de la philosophie la servante de la théologie, ancilla
theologiae. Aujourd’hui, c’est la théologie elle-même qui est devenue philosophique.
Comme on le voit, la philosophie ne se laisse pas subordonner à ce qui n’est pas elle. Son
but, elle ne peut le trouver qu’en elle-même, ou dans le vrai.
Philosophie et raison
Si certains progrès de la raison ont pu se faire indépendamment de la philosophie, des
progrès techniques par exemple, ou dans le domaine des mœurs, on doit cependant
considérer l’importance de l’esprit philosophique dans le développement des sociétés.
On peut retrouver dans toutes les cultures de l’Antiquité l’ébauche d’une philosophie
rudimentaire masquée par les croyances religieuses, que ce soit en Égypte, au Proche Orient,
en Inde ou en Chine par exemple. Mais seuls les anciens Grecs ont été à l’origine de ce que
les historiens ont qualifié de « miracle de la raison ». Ne reconnaissant d’autre autorité
qu’elle, ils inventèrent tout à la fois la philosophie et les sciences, la démocratie, la liberté, le
droit naturel, les arts libéraux. Sans l’influence de la philosophie moderne ou de celle des
Lumières (die Aufklärung), quantité de changements historiques d’importance qu’on peut à
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Il est mort à 102 ans.
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bon droit considérer comme des progrès n’auraient pu avoir lieu. Aujourd’hui, on peut bien
croire en Occident que les sciences et les techniques pourraient à terme soulager les sociétés
de tous leurs maux, et ainsi conduire l’humanité au bonheur par les progrès accomplis dans
l’ordre matériel, en Afrique ou en Orient qu’une religion qui constitue en même temps un
code juridique, une morale, et qui prétend régenter les moindres aspects du quotidien puisse
répondre à toutes les préoccupations des hommes. Il n’empêche que seule la philosophie
serait pleinement conforme à la vocation de l’homme, depuis les premiers commencements
de la vie de l’esprit, avec la naissance d’une conscience rationnelle et de la réflexion.
L’évolution a suivi plusieurs chemins. Elle a donné aux espèces animales des systèmes
d’instincts perfectionnés, que la domestication de certaines leur a fait perdre, mais à
l’homme la raison et la volonté, lui assignant en même temps sa destination. Confronté aux
difficultés de l’existence, il ne saurait se résoudre à la passivité, à subir sa vie, à une vie
végétative uniquement guidée par la recherche de jouissances, et qui ne déboucherait à terme
que sur la lassitude, l’ennui, puis la mort. Il a besoin d’agir, de se libérer de l’angoisse d’une
existence absurde car sans but, de donner un sens à sa vie.
Il peut bien se concevoir des individus par faiblesse, dans le cas du suicide ou des
groupes qui optent délibérément pour la fuite hors du monde, par aveuglement collectif cas
des disciples de la secte du révérend Jim Jones au Guyana par exemple , par capitulation,
mais une telle attitude sera toujours contraire à la nature de l’homme, être conscient, capable
de réfléchir, de se raisonner, et de prendre une distance critique par rapport aux événements
et aux circonstances de la vie.
Qu’on parle de liberté, d’égalité, de justice, de respect, de bonheur, des droits fondamentaux
de la personne humaine, etc., il faut bien une philosophie susceptible de réfléchir ces notions
communes avec toute la distance critique qui s’impose. Dans le cas contraire, il serait très
facile d’entraîner les peuples à faire eux-mêmes leur malheur en les berçant de fausses
promesses d’avenir plus radieux. Qu’on songe aux époques révolutionnaires qui sont
inévitablement troublées, à la situation actuelle en Tunisie, en Lybie, en Égypte, depuis les
« printemps arabes ».
On considère ordinairement que sacrifier son bien-être matériel ou son petit confort
individuel égoïste serait source de malheur, faute de comprendre que la voie de l’héroïsme
est susceptible de conduire à un genre de vie supérieur. C’est pourtant par que l’homme
peut véritablement donner un sens à sa vie, dans une société bassement matérialiste, qui
manque d’orientation proprement spirituelle ou qui se rattache désespérément à des formes
de croyance inadaptées à l’époque et totalement dépassées, la plupart ne reconnaissent
pour seules valeurs que l’argent, la facilité et la paresse. Pour aller de l’avant, pour inventer,
pour créer, les sociétés ont au contraire besoin d’esprits énergiques, capables au plus haut
point de raison et de volonté.
La pluralité des philosophies
Il existe cependant non pas une philosophie, mais des philosophies
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, c’est-à-dire des
développements de la rationalité philosophique qui, en fonction de l’époque qui les a vus
naître comme de la personnalité de leurs auteurs, apparaissent comme plus ou moins ouverts
ou dogmatiques.
« Chercher la philosophie, en dehors des philosophies, est comme chercher le fruit
indépendamment des fruits, comme s’il était possible de trouver le fruit en dehors des poires,
des pommes, etc. » (Hegel).
On peut les classer de trois manières différentes :
- a) en fonction de leur ambition ;
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Il ne faut cependant pas négliger leur polymathie, c’est-à-dire le fait qu’elles traitent souvent des mêmes
questions. Si elles paraissent s’opposer les unes aux autres, à un point de vue supérieur elles peuvent être ainsi
conciliées entre elles, comme le faisait remarquer Pascal.
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