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des médicaments par la poste, sauf si les conseils sont donnés dans les règles de
l’art. Mais cette protection bien établie chez nous risque de disparaître avec
l’entrée en vigueur de la loi sur le marché intérieur. En effet, il suffira d’une
seule autorisation cantonale pour permettre à une entreprise d’être active dans
toutes les entreprises de Suisse, supprimant par là toutes les prérogatives de
santé publique ou de politique de la santé de la part des autorités de notre
canton. Il est ainsi à craindre que la libéralisation voulue par la loi sur le marché
intérieur parvienne à vaincre les barrières mises par notre canton, par exemple,
contre les alliances lucratives entre médecins et pharmaciens. Vous vous
rappelez peut-être de l’interpellation que j’avais développée, l’année passée, à
pareille époque.
Le nouveau système qui lie Migros à la pharmacie Zur Rose fonctionne ainsi :
le patient reçoit une ordonnance chez son médecin ; il va à la Migros de
Lenzburg, au guichet de la clientèle, dépose son ordonnance dans un sachet
comme on le ferait pour faire développer des photos et répond à un petit
questionnaire. Le soir, un camion vient chercher ces sachets d’ordonnances.
Deux jours plus tard — oui, vous avez bien entendu : deux jours plus tard — le
camion de Zur Rose amène les médicaments au guichet et le patient peut aller
les chercher. Il est à préciser que la dispensation des médicaments par les
médecins est interdite en Argovie comme dans le Canton de Vaud.
Avec cette brèche ouverte, n’importe qui pourra vendre des médicaments ou
organiser des dépôts. On ira les chercher à l’épicerie du coin, au kiosque ou à la
pompe à essence. Et le week-end, quand nous aurons besoin de médicaments,
nous irons à la pharmacie, mais celle-ci aura fermé. Pour ce qui est du conseil, il
y aura peut-être une hotline.
Ce système, d’après le directeur de Zur Rose, sera appliqué dans les cantons où
la dispensation des médicaments est interdite et où la densité des pharmacies est
importante. Le Canton de Vaud, comme vous le constatez, est le canton idéal
pour tenter la deuxième expérience.
Quels sont les avantages pour le patient ? Je n’en vois pas. Il y a la perte du
choix de la pharmacie et la perte du conseil sur les médicaments délivrés. Le
patient ne paie bien entendu pas les forfaits, mais il n’a pas non plus les conseils
ni la surveillance de son dossier et les médicaments risquent ainsi d’être
banalisés. Les avantages sont pour la Migros et pour la firme Zur Rose qui peut
ainsi générer des profits pour ses médecins actionnaires.
Certes, ce système ne semble pas avoir le succès escompté. Mais craignant que
par le truchement de cette loi sur le marché intérieur et l’absence de loi fédérale