MESSAGE POUR LE JEÛNE FÉDÉRAL 2010
Le Conseil d’Etat du Canton de Vaud à ses concitoyennes et
ses concitoyens
Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens,
Le dimanche 29 novembre dernier, le peuple suisse et les cantons acceptaient
l’initiative interdisant la construction de minarets sur notre territoire. Le résultat
de ce scrutin a suscité un certain émoi, tant à l’intérieur de nos frontières qu’à
l’étranger, amenant le Conseil fédéral à expliquer la signification de ce vote.
En ce jour de Jeûne fédéral, tout particulièrement dévolu à une réflexion
spirituelle centrée sur les affaires publiques, le Conseil d’Etat juge opportun de
revenir sur ce vote et sur le sens qu’il convient de lui donner.
Nos sociétés occidentales, laïcisées, ont tendance à oublier que la question de
l’intégration de personnes venues d’ailleurs comprend, au-delà d’aspects
strictement culturels, aussi une dimension religieuse. Aujourd’hui encore, les
cultures nationales sont empreintes de fondements moraux issus de la religion,
donc de germes d’intolérance qu’elle peut véhiculer. Ce constat s’impose à
nous, qu’on le déplore ou non. C’est la conscience de cette réalité qui nous
permettra de maintenir la paix confessionnelle conquise chez nous au terme de
sanglantes guerres intestines.
La religion demeure une composante de nos sociétés modernes. Cela ne saurait
justifier aucun sectarisme. Au contraire, nous devons mieux nous armer sur le
plan spirituel pour affronter le monde d’aujourd’hui. Forts de convictions
réaffirmées, nous pourrons poursuivre une politique consacrant la tolérance
religieuse.
Celle-ci ne s’épanouira toutefois pas si l’on esquive les difficultés qui peuvent
résulter de la confrontation de valeurs différentes. Il ne faut pas avoir peur
d’affirmer que l’islam pose des questions au monde occidental. Dans la mesure
où il ne distingue pas sphère privée et sphère publique en matière religieuse,
l’islam nous renvoie à la délicate question de la frontière entre le temporel et le
spirituel.
C’est dans les réponses que notre société a apportées à cette question que nous
puiserons les principes nous permettant de relever les défis d’intégration
actuels. Une meilleure compréhension des différentes cultures présentes chez
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nous jaillira de la sérénité d’une foi que nous n’aurons pas peur de cacher et
d’un dialogue que nous ne cesserons de cultiver. En conférant une
reconnaissance à la communauté israélite et en ouvrant la porte à d’autres
communautés, notre Constitution montre la direction à suivre.
Avec une foi sereine et assumée, avec la volonté de dialogue, nous pourrons
formuler nos exigences envers celles et ceux qui veulent vivre sur notre sol. La
politique d’intégration conduite dans notre canton porte ses fruits parce qu’elle
s’appuie sur le respect de nos valeurs et de celles des autres.
Nourri de cette conviction, le Conseil d’Etat défend la tradition d’ouverture du
Canton de Vaud et sa volonté de poursuivre le dialogue interreligieux. Tel est le
message qu’il entend rappeler aujourd’hui.
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