vendredi 29 juin 2012
6SUISSE
PAGE
ARNAUD COGNE
Pour la première fois de son his-
toire, SIX Securities Services, en-
tité de SIX Group, a ouvert hier
les portes de son coffre fort d’Ol-
ten (SO) aux médias.
C’est en 1970 que les banques
suisses créent la Société suisse
pour le virement de titres
(SEGA), et y constituèrent un dé-
pôt collectif qui leur permettait
de rassembler une partie de leur
titre.
Depuis 1993 le coffre de SIX ac-
cueille l’ensemble des titres suis-
ses, stockés autrefois dans des
banques de différentes villes du
pays. Et c’est sous un important
dispositif de sécurité que ces ti-
tres sont transférés au sein de
convois blindés.
Aujourd’hui, la gestion des titres
est presque entièrement automa-
tique. Ils sont répartis dans 30.00
boîtes, elles-mêmes stockées dans
le coffre fort du groupe.
La société compte aujourd’hui
dans ses sous-sols 592.543 lettres
de gage d’une valeur nominale
de plus de 193,7 milliards de
francs. Le processus de moderni-
sation du complexe a concerné
6,2 millions de titres physiques
en dépôt collectif et 720.000 ti-
tres physiques en dépôt indivi-
duel. Situé dans les sous-sols du
bâtiment, le coffre fort de la so-
ciété a connu depuis quelques
travaux pour permettre le
stockage de métaux précieux.
Aujourd’hui, c’est un total de 8
tonnes d’or, d’argent et de palla-
dium qui sont entreposés dans
cet espace. Et l’accès n’est pas aisé:
il n’y a pas moins de cinq portes
à l’accès limité pour atteindre ce
gigantesque coffre.
Après avoir emprunté deux por-
tes sécurisées et pris l’ascenseur
qui l’est tout autant, un agent
ainsi qu’un collaborateur ont
passé seuls une première porte
de sécurité, qui ne s’ouvre
qu’avec un badge. Impossible de
savoir combien de personnes ont
accès à cette pièce. Mais même le
CEO de SIX Security Services,
Thomas Zeeb, n’y a pas accès.
Après avoir secrètement ouvert
la dernière porte, d’une épaisseur
de 94 centimètres et évidemment
blindée, l’agent de sécurité rou-
vre le sas. La température ici est
de 18 degrés Celsius très exac-
tement. «C’est l’idéal pour
conserver le papier», explique
Thomas Zeeb.
Le coffre fort ne ressemble en
rien à ce qu’il est possible de voir
au cinéma. Le dépôt a en effet un
volume de 13.586 m3, dont la
plus grande partie est consacrée
aux titres. Ce sont 30.000 caisses
à tiroirs en plastique sont empi-
lées sur 14 mètres de haut.
Encerclé de grillage, cet espace
est strictement interdit à quicon-
que. Pas même les collaborateurs
ou agents de sécurités n’ont ac-
cès à ces caisses. Leurs déplace-
ments sont gérés automatique-
ment pour se rendre quelques
étages au dessus pour le traite-
ment, humain cette fois. En ef-
fet, et malgré l’informatisation
croissante du secteur, ce sont en-
core des collaborateurs qui trai-
tent manuellement les coupons.
Sur la droite de la pièce, deux au-
tres portes fermées à clé nous sé-
parent du stock de métaux pré-
cieux. Derrière ces portes
reposent des dizaines de palet-
tes recouvertes de lingots d’or,
d’argent et de palladium. Plus de
huit tonnes de métaux sont
stockés ici. Les voir entreposés
aussi simplement sur des palet-
tes en bois du même type que cel-
les des CFF – un effort particu-
lier a été mis pour les lingots d’or,
des feuilles de carton ayant été
insérées sur les palettes – fait se
demander si ce que l’on voit est
réel.
Evacuer ces millions de titres et
ces 8 tonnes de métaux n’est pas
aisé, d’autant plus en cas d’ur-
gence. Comment s’organiser en
cas d’incident, du type incendie?
«Chercher à vider les locaux se-
rait prendre le problème par le
mauvais sens», explique Thomas
Zeeb. Le coffre est donc équipé
de son propre service automati-
que d’extinction de sinistre, ainsi
que d’un mécanisme d’évacua-
tion de l’oxygène. «Si un sinis-
tre venait à se déclarer ici, ce qui
serait déjà exceptionnel à la vue
du peu d’activités à risques, il
n’aurait pas le temps de se pro-
pager ni même de se développer.
Tout est automatique et réguliè-
rement contrôlé.»
Lors de la visite à la presse orga-
nisée hier, SIX Securities Servi-
ces a rappelé ses domaines de
compétences, à savoir le traite-
ment des transactions en bourse
(SIX Swiss Exchange, Eurex, Eu-
rex Repo, Eurex SecLend, Xetra
et Euronext), l’exécution de gré
à gré sur environ 65 marchés, la
conservation et l’administration
de titres, ainsi que le règlement
de titres en ligne avec un système
de garde en temps réel.
Les groupes cibles sont les ban-
ques nationales et internationa-
les, les courtiers et les services fi-
nanciers.
Le service de garde comprend le
traitement de tous les processus
de la nouvelle émission de la li-
vraison jusqu’au rachat et à la
destruction de valeur, ainsi que
le règlement de toutes les actions
entreprises telles que le capital,
les offres, les paiements de divi-
dendes sur environ 65 marchés.
La société annonce également
veiller à ce que les clients soient
informés de manière éclairée et
opportune sur tous les événe-
ments.
L’activité méconnue de SIX Group
SIX SECURITIES SERVICES.
Ce sont plus de 193,7 milliards de francs en lettres de gages qui reposent dans la forteresse de la société.
THOMAS ZEEB. Le Canadien
travaillait pour Clearstream Banking
à Londres avant de rejoindre
SIX Securities Services.
Les erreurs à ne pas
commettre aujourd’hui
ZURICH INVEST.
Ken Fisher était l’invité
vedette du séminaire
organisé par l’assureur
hier et aujourd’hui.
PHILIPPE REY
Les investisseurs ont la propen-
sion à ne rien retenir de l’histoire
et à vouloir se fier à des prévisions
à trop court terme. Sans distin-
guer les incertitudes et les crain-
tes des faits réels. En étant in-
fluencé par le consensus du
moment. Car il vaut mieux avoir
tort avec tout le monde que rai-
son tous seul. Or, objectivement,
la situation actuelle aux plans éco-
nomique et financier n’est pas
plus mauvaise aujourd’hui
qu’elle l’a été en d’autres pério-
des, selon Ken Fisher, fils du cé-
lèbre investisseur Phil Fisher. Il
s’exprimait hier dans le cadre
d’un séminaire destiné aux cais-
ses de pension et organisé par Zu-
rich Invest SA, une filiale du
groupe Zurich Insurance.
Une décennie de déception bour-
sière, avec une performance nulle
en moyenne ou pire, est toujours
suivie par une décennie meilleure.
«L’espoir d’une reprise robuste du
marché de l’emploi est en train de
s’estomper» est une des craintes
ou antiennes qui prédominent ac-
tuellement. Or, on a eu le même
genre de commentaires et juge-
ments à fin 2002 et au début
2003, en septembre 1993, en juin
1983 ou en novembre 1938! Le
chômage monte toujours après la
fin d’une récession. L’histoire éco-
nomique et boursière démontre
qu’il n’existe pas de moments en-
nuyeux, c’est-à-dire considérés
sans risque. Le contraire est su-
venu.
Dix années de rendements néga-
tifs pour les marchés des actions
ont été suivies historiquement par
dix années positives en moyenne.
Il existe une forte probabilité
qu’un tel cycle se produise à nou-
veau durant cette décennie. Des
fortes fluctuations journalières
des cours boursiers sont norma-
les. Par essence, les marchés des
actions s’avèrent volatils! Or, une
grande majorité d’investisseurs
ne supporte pas la volatilité pour
différents raisons, ce qui les dé-
tourne des actions ou des place-
ments proches au profit de titres
à rendement fixe qui sont suréva-
lués aujourd’hui. Les rendements
moyens ne sont pas normaux. Les
rendements normaux sont extrê-
mes, d’après Ken Fisher.
Les cycles existent également en
ce qui concerne la dette publique
nette rapportée au produit inté-
rieur brut. Le niveau actuel n’est
pas extraordinairement élevé
concernant les Etats-Unis, notam-
ment. Le coût du service de la
dette est en l’occurrence moindre
aujourd’hui que ce qu’il était du-
rant la période de 1978 à fin 2003.
Les coûts d’intérêts nets en pour-
centage des revenus d’impôts se
situent sur une moyenne actuel-
lement. D’autre part, les craintes
liées aux problèmes de la zone
euro sont exagérées. L’impor-
tance économique de cette der-
nière dans l’économie globale a
effectivement diminué. On a déjà
assisté au même scénario aupara-
vant.
La récession de 1993 en Europe
n’a pas empêché une croissance
de l’économie mondiale de même
que la récession de 1998 en Asie.
Or, les économistes prévoient une
récession (mineure) en Europe
pour 2012, ce qui les amène à être
négatifs pour l’économie mon-
diale. Ces faits n’incitent pas à
sombrer dans le pessimisme et à
éviter des placements en actions
en particulier. En outre, la qua-
trième année d’un mandat prési-
dentiel aux Etats-Unis et donc
d’élection a toujours été considé-
rablement positive en ce qui
concerne le rendement total des
actions américaines, eu égard à
la période 1926-2010. L’or fait
toujours moins bien que les ac-
tions lors d’un marché haussier.
La vraisemblance d’un tel scéna-
rio pour l’ensemble de cette dé-
cennie incite à se montrer prudent
à l’égard du métal jaune.
KEN FISHER. Le chômage atteint
un pic après la fin d’une récession.
BLOOMBERG
SUITE DE LA PAGE UNE
Scénarios
de succession
Bien au contraire. Les deux ont déjà
réussi à plusieurs reprises à faire des
choix de présidents exécutifs qui
ont surpris tout le monde. Dans le
cas de Walter Kielholz, cela vaut
évidemment pour Brady Dougan,
mais aussi, plus récemment, pour
Michel Liès en tant que successeur
à Stefan Lippe au lieu de Christian
Mumenthaler ou Thomas Wel-
lauer. Pour lui succéder dans sa pro-
pre fonction en tant que président
exécutif de Nestlé en 2007, Peter
Brabeck n’a pas fait appel au res-
ponsable des finances Paul Polman,
aujourd’hui à la tête d’Unilever,
mais à Paul Bulcke. Leur rôle re-
lativise également celui des nom-
breux Anglo-Saxons au sein du
conseil d’administration de Credit
Suisse. Ils ne comptent que deux
représentants au sein du comité de
gouvernance où siège également
Urs Rohner, l’ancien responsable
des finances Richard Thornburgh
et John Tiner, Aziz Syriani étant
quant à lui le président exécutif
d’Olayan Group, la société action-
naire de Credit Suisse domiciliée
en Arabie Saoudite.
Vont-ils privilégier pour autant
une volte-face totale, comme le
souhaitent certains, en renouve-
lant l’équipe dirigeante de Credit
Suisse en profondeur par la nomi-
nation de citoyens suisses incar-
nant la gestion de fortune? Après
tout, ces dernières années, la ban-
que d’investissement n’a pas réussi
à livrer la preuve de son potentiel
de rendement supérieur, mais a
pesé d’autant plus lourd au niveau
des frais qu’elle a engendré, no-
tamment en termes de rémunéra-
tion des collaborateurs. Et la sta-
bilité relative de Julius Bär depuis
sa conversion en gestionnaire de
fortune pur par la création sépa-
rée de GAM semble prouver la
pertinence du modèle. Rien n’est
moins sûr. Cela signifierait que les
membres de longue date du
conseil d’administration recon-
naissent que la stratégie d’expan-
sion dans la banque d’investisse-
ment, menée avec beaucoup de
détermination, notamment par
l’acquisition totale de First Boston
à New York en 1996, n’a pas gé-
néré les résultats escomptés. Un
changement d’opinion si difficile
à rendre crédible que seuls les suc-
cesseurs à Walter Kielholz et Pe-
ter Brabeck pourraient éventuel-
lement l’envisager. (CA)
L’Excellence Foundation
Zurich tire un premier
bilan positif avec la
création de la chaire UBS
à l’Université de Zurich.
L’Excellence Foundation Zurich
célèbre sa première année d’exis-
tence. Son but est de renforcer la
recherche et la formation dans le
Département d’économie en lui
octroyant des moyens supplémen-
taires, en collaboration avec le
monde économique, et de faire de
Zurich la meilleure place scienti-
fique pour résoudre les questions
et problèmes inhérents à notre
époque.
Au cours de cette première année
d’existence, l’Excellence Founda-
tion Zurich a réussi à rallier une
série de partenaires à la cause du
Département d’économie, notam-
ment la Banque cantonale de Zu-
rich, la Fondation Gebert Rüf ainsi
que la Fondation Bertha & Georg
Schwyzer Winiker. La fondation
est ainsi fortement intervenue en
faveur de la création de l’UBS In-
ternational Center of Economics
in Society dans le Département
d’économie. Jusqu’à cinq nouvel-
les chaires seront ainsi créées à
l’Institut d’économie politique. El-
les devraient se consacrer, avec une
approche intégrée et interdiscipli-
naire, à des thèmes essentiels des
sciences économiques comme les
bases macroéconomiques et finan-
cières de l’économie, les aspects lé-
gaux et institutionnels ainsi que
les bases organisationnelles de
l’économie. Afin d’améliorer la
formation de la relève chez les
chercheurs, un soutien sera aussi
apporté à la Swiss Graduate
School of Economics.
La fondation encourage en outre
la relève. En avril, la Romande
Chloé Michel et l’Allemande Lea-
Kathrin Heursen ont reçu cha-
cune une bourse de doctorat d’un
montant de 200.000 francs sur
quatre ans. D’autres suivront ces
trois prochaines années.
L’apport du privé à la
recherche économique
CAPITAL-RISQUE: rapport fédéral très positif
Le marché suisse du capital-risque fonctionne bien, conclut un rapport
du Conseil fédéral. Le panorama du marché n’en propose pas moins
des améliorations du cadre fiscal ou du droit de la société anonyme.
L’amélioration constante du cadre de l’activité économique a fait ses
preuves. Les jeunes entreprises ont par exemple créé plus de 35.000
emplois au cours des dix dernières années et aucun problème majeur
n’a été décelé en matière d’innovation et d’échange d’informations en-
tre les investisseurs et les jeunes entrepreneurs. Le financement consti-
tue toutefois un obstacle dans la phase initiale de la création d’entre-
prises. Le risque accru et la prudence suisse incitent les investisseurs à
une certaine retenue qui pose des problèmes aux entrepreneurs. Le rap-
port esquisse donc plusieurs mesures pour améliorer les conditions gé-
nérales du capital-risque. L’Administration des contributions devrait
clarifier cette année les règles régissant l’imposition des gains en capi-
tal, notamment pour les investisseurs providentiels. – (ats)
GSMN: nouvelle
convention avec Helsana
Genolier Swiss Medical Network
SA (GSMN), la branche cliniques
privées d’AEVIS, a signé un nou-
vel accord de collaboration avec
Helsana. L’assureur-maladie re-
prend ainsi des relations contrac-
tuelles avec toutes les cliniques du
groupe. L’accord concerne les as-
surances de base comme les as-
surances complémentaires.
INNOVA: l’assurance
de base cédée à Visana
L’assureur bernois Innova cède
son assurance de base à vivacare,
une marque du groupe Visana,
pour se concentrer sur les assuran-
ces-maladie et accidents privées.
Plus de 38.000 assurés sont
concernés par ce changement. Les
adaptations de primes 2013 de l’as-
surance de base seront minimes
pour les assurés d’Innova. – (ats)
MALGRÉ L’INFORMATISATION CROISSANTE
DU SECTEUR, CE SONT ENCORE
DES COLLABORATEURS QUI TRAITENT
MANUELLEMENT LES COUPONS.