la premiere guerre mondiale

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LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Les origines et le déclenchement du conflit
Pendant longtemps, on a limité aux seules ambitions allemandes et autrichiennes
les causes de la première guerre mondiale. Celles-ci apparaissent aujourd’hui aux
historiens beaucoup plus complexes. En fait, tout le monde avait plus ou moins intérêt à
la guerre et une active course aux armements était déjà engagée depuis longtemps.
L’Autriche-Hongrie et la Russie ont des visées dans les Balkans où l’Empire ottoman en
pleine déliquescence n’a pas pu empêcher la naissance de nouveaux Etats (Grèce puis
Serbie, Roumanie, Bulgarie, Albanie…). L’Italie voudrait récupérer sur l’Autriche les
territoires italophones du Trentin et de l’Istrie. La France rêve de récupérer l’Alsace et la
partie de la Lorraine perdues en 1871. Le Royaume-Uni regarde l’élévation économique
de l’Allemagne avec beaucoup d’inquiétude et notamment sa volonté de mener une
politique mondiale fondée sur le développement d’une puissante flotte. A ces rivalités
entre les nations, il ne faut pas oublier d’ajouter la situation complexe des nationalités
(peuples sans Etats) dans une grande partie de l’Europe de l’Est mais aussi les ambitions
des petits Etats récemment devenus indépendants (Serbie, Roumanie, Grèce, Bulgarie…)
qui estiment ne pas avoir encore atteint leurs frontières.
Sur le plan diplomatique, depuis la création de l’Empire allemand en 1871,
l’Allemagne n’a cessé de vouloir isoler la France des autres puissances (c’était la politique
de Bismarck jusqu’au début des années 1890). Après une alliance des Trois Empereurs
(Allemagne, Autriche-Hongrie et Russie) qui ne dure pas du fait des rivalités austro-russes,
l’Allemagne conclue une nouvelle alliance avec l’Autriche-Hongrie et l’Italie qu’on connaît
surtout sous le nom de Triple Alliance (1882). Face à cette alliance, la France reste seule
car les Britanniques se méfient du pays qui est leur rival continental depuis plusieurs
siècles et la Russie tsariste refuse toute alliance avec une république. Les ambitions
allemandes (Welt politik de l’empereur Guillaume II) vont modifier la donne : comprenant
que son principal rival en Europe est allemand, le gouvernement britannique se
rapproche de la France et conclue avec elle l’Entente cordiale (1904) avant de régler ses
contentieux avec la Russie (1907). Avant même le Royaume-Uni, c’est la Russie qui avait
fait alliance avec la France parce qu’elle cherchait un allié pour contrer la poussée
autrichienne vers les Balkans (1893).
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LES SYSTEMES D’ALLIANCE EN 1914
Les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 constituent des phénomènes avantcoureurs de la crise qui va déclencher la guerre. La zone du sud-est de l’Europe apparaît
comme la poudrière du continent. Le 28 juin 1914, l’archiduc et héritier du trône
autrichien François-Ferdinand est assassiné avec son épouse par le jeune étudiant Princip.
Le gouvernement d’Autriche-Hongrie adresse un ultimatum humiliant à la Serbie qu’elle
soupçonne d’avoir favorisé l’attentat. Lorsque la Serbie refuse de céder, un engrenage
diplomatique fatal se met en place. En quelques jours (28 juillet au 4 août 1914), toutes
les grandes puissances du continent (hormis l’Italie) font jouer le respect de leurs
alliances. D’un simple conflit balkanique, on passe à une grande guerre européenne… qui
n’est pas encore tout à fait une guerre mondiale.
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LE DECLENCHEMENT DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Les phases de la guerre
Globalement, on peut diviser la première guerre en trois temps : une première
phase correspondant à l’été et l’automne 1914 marquée par une guerre de mouvement,
une phase intermédiaire (la plus longue et la plus connue) de l’hiver 1914-1915 au
printemps 1918 connue sous le nom de « guerre des tranchées » et enfin une reprise de
la guerre de mouvement du printemps à l’automne 1918. Cette distinction vaut surtout
cependant pour le front de l’Ouest, il ne faut pas oublier qu’on se bat durant cette guerre
sur le front Est (Russie contre Allemands et Autrichiens), dans les Balkans (Autrichiens,
Turcs, Bulgares contre Serbes et Franco-Britanniques), au Proche-Orient (Turcs contre
Britanniques), au sud des Alpes (Italiens contre Austro-Hongrois)… et même un peu
partout dans le monde (dans les colonies ou dans le Pacifique car le Japon a déclaré la
guerre à l’Allemagne).
Le début des hostilités dans les Balkans entre Austro-Hongrois et Serbes prélude
de peu à l’engagement de l’armée allemande dans une grande offensive à l’Ouest. En
effet, bien qu’ayant d’abord déclaré la guerre à la Russie, l’état-major allemand a prévu
en cas de guerre de se soucier d’abord de l’armée française qui paraît plus dangereuse et
dont la mise en ligne se fera plus rapidement. L’objectif du plan allemand, le plan
Schlieffen, est de battre très rapidement les Français avant de se retourner contre la
Russie. Pour ce faire, les Allemands ont prévu de contourner les armées françaises qui se
massent aux frontières (et lancent même le plan XVII, plan offensif devant mener l’armée
rapidement à Berlin) en passant par la Belgique, petit Etat au plan militaire et surtout Etat
neutre.
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LE PLAN SCHLIEFFEN TEL QU’IL ETAIT PREVU
Le plan s’exécute à merveille, les Allemands mieux préparés remportent la bataille
des frontières, déferlent sur le Nord de la France, marchent sur Paris. La victoire semble à
porter de mains. C’est compter sans une entrée en action beaucoup plus rapide que
prévue des Russes qui ont pénétré en Prusse. Le commandement allemand se trouve
obligé de prélever des troupes à l’Ouest pour les envoyer vers l’Est et de modifier son
dispositif. Prévenu de cette évolution inespérée, l’état-major français, regroupant des
troupes revenue des frontières, décide de lancer une contre-offensive en Champagne au
début septembre ; c’est la fameuse bataille de La Marne qui arrête l’avancée des
Allemands et les repousse plus au nord sur l’Aisne. Des lors les deux armées se font face
de l’Oise jusqu’à l’Alsace, mais tout un espace demeure libre de troupes entre la Manche
et l’Oise. Les deux armées vont alors essayer d’utiliser cet espace libre pour se
« tourner », se prendre à revers. La guerre de mouvement se poursuit donc durant tout
l’automne 1914 jusqu’à ce que la possibilité de contourner les troupes ennemies cesse ;
on donne à cette période le nom de « course à la mer ». Sur le front de l’Est, l’avancée
russe n’a été qu’un feu de paille ; dès la fin du mois d’août et le début de septembre aux
batailles des Lacs Mazures et de Tannenberg, les Allemands arrêtent l’avancée des
troupes russes et commencent à pénétrer sur le territoire russe (en fait dans la Pologne
occupée par les Russes depuis 1815). Dans les Balkans, les Serbes après avoir plié sous
l’assaut des Austro-Hongrois se sont repris et ont regagné du terrain. L’hiver arrive, les
armées s’enterrent dans des tranchées en attendant que le retour du beau temps
permette la reprise de cette guerre de mouvement (qui a été terriblement meurtrière).
Sur le front Ouest, il faudra attendre plusieurs années pour en sortir…
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EVOLUTION DES FRONTS EN 1914
La période de la guerre des tranchées est passée dans la mémoire collective et
incarne la première guerre mondiale. Tout le monde connaît donc la vie difficile des
« poilus » dans les tranchées : la boue, le froid hivernal ou la chaleur de l’été, le bruit des
préparations d’artillerie, les offensives en terrain découvert pour s’emparer de la
tranchée adverse. Il ne faut pas cependant oublier qu’ailleurs, notamment sur le front
russe, les grandes offensives reprennent dès 1915 ; profitant qu’ils contiennent les
Franco-Britanniques, les Allemands lancent une grande offensive contre les Russes tandis
que les Franco-Britanniques, pour soulager l’allié russe et mieux communiquer avec lui,
lancent une opération dans les Dardanelles (détroit turc) qui est un échec. Sur le front
Ouest, l’année 1915 est marqué par des offensives des Alliés en Champagne et en Artois
qui ne réussissent pas à bousculer les défenses allemandes. Toutefois, les Alliés
enregistrent l’ouverture d’un nouveau front contre les Empires centraux (Allemagne et
Autriche-Hongrie) ; par le traité de Londres, l’Italie s’engage à déclarer la guerre à
l’Autriche-Hongrie en échange de la promesse de gains territoriaux conséquents à la paix
(Trentin, Istrie, côte de Dalmatie).
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LE FRONT OCCIDENTAL EN 1915
Forts de leur avancée en Russie, les Allemands décident de consacrer leurs efforts
en 1916 sur le front de l’Ouest afin de percer les défenses françaises, marcher sur Paris et
forcer la France à cesser le combat. Pour y parvenir, ils choisissent de concentrer leur
effort sur un saillant sur la ligne de front, la place de Verdun (voir le saillant sur la carte du
front en 1915 ci-dessus). L’offensive est lancée en février 1916 avec un grand renfort
d’artillerie. Pendant plusieurs mois, les Français doivent reculer mais, commandés par le
général Pétain, ils ne cèdent jamais et les Allemands ne peuvent réaliser la percée
espérée. A partir de l’été 1916, profitant d’une contre-offensive lancée par les FrancoBritanniques sur la Somme, les troupes françaises, désormais commandée par le général
Nivelle, entreprennent de reconquérir le terrain perdu à Verdun. A la fin de l’année, on en
est revenu à la situation du début de l’année 1916 ; la bataille aurait fait 700 000 morts
même si, aujourd’hui, certains historiens trouvent dette évaluation trop élevée.
Sur le front de l’Est, les Russes passent à l’offensive afin de soulager leurs alliés
occidentaux ; c’est l’offensive Broussilov du nom du général russe qui la commande. Si
elle permet de regagner quelques territoires sur les Allemands et les Austro-Hongrois,
l’offensive s’essouffle vite et ne met pas en danger les Empires centraux. Elle fait
cependant une victime collatérale, la Roumanie qui, entrée en guerre aux côtés de la
Russie au moment où cette offensive progresse, se retrouve rapidement envahie par les
Allemands, les Autrichiens et les Bulgares.
LE FRONT OCCIDENTAL EN 1916
L’année 1917 pourrait être perçue comme un tournant de la guerre. Elle voit en
effet un des belligérants s’effondrer suite à des troubles intérieurs révolutionnaires (la
Russie) tandis qu’un autre entre en guerre (les Etats-Unis). L’entrée en guerre des EtatsUnis, votée en avril 1917, n’a cependant pas d’effets immédiats au contraire de
l’effondrement militaire russe. Depuis 1914, les Etats-Unis avaient pris grand soin de se
tenir en dehors du conflit (ne pas oublier que la population américaine est composée en
partie d’immigrants venant de la plupart des pays en guerre) tout en prêtant de l’argent
aux Etats et en vendant du matériel ou des produits de consommation courante aux
belligérants. Cependant, ce commerce et cette aide financière s’effectuent surtout avec
les Franco-Britanniques. Asphyxiés par la supériorité navale britannique, les Allemands
ripostent par une guerre sous-marine qui vise notamment les navires de commerce. Peu à
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peu, les Etats-Unis, au nom de la liberté du commerce maritime, haussent le ton à l’égard
de l’Allemagne (notamment après le torpillage du paquebot Lusitania en 1915). Le
déclenchement par l’Allemagne d’une guerre sous-marine à outrance en février 1917
(c’est-à-dire ne tenant plus aucun compte des pavillons des navires s’approchant des
côtes de l’Europe) et les intrigues allemandes pour provoquer une guerre entre le
Mexique et les Etats-Unis amènent le président Wilson à demander au Congrès de voter
l’entrée en guerre.
Sur le front occidental, l’année 1917 est marquée par la désastreuse offensive du
Chemin des Dames commandée par le général Nivelle. Les Allemands s’étant repliés sur
des positions plus faciles à défendre foudroient les soldats lancés à l’offensive sous le feu
de leurs armes. La durée de la guerre et les conditions de vie difficiles conduisent en cette
année 1917 à des mutineries dans toutes les armées engagées sur ce front. Elles sont
réprimées plus ou moins sévèrement (c’est une question très débattue entre les
historiens). En France, après l’échec de Nivelle, c’est le général Pétain qui prend la tête de
l’armée et entreprend de restaurer l’ordre en adoptant un précepte simple, éviter les
offensives meurtrières inutiles (« N ‘oublions pas qu’à la guerre, le feu tue ! »).
Sur le front sud, la situation des Italiens apparaît très difficile après la désastreuse
défaite de Caporetto (octobre 1917) qui permet aux Autrichiens de percer la ligne de
front et d’envahir la Vénétie. Sur le front de l’Est, la désorganisation russe permet aux
Allemands de progresser. S’étant emparés du pouvoir, les Bolcheviks signent un armistice
avec les Allemands à Brest-Litovsk à la fin de l’année.
L’année 1918 commence avec une reprise de l’offensive allemande en Russie (les
Empires centraux veulent ainsi contraindre la Russie à signer la paix… ce qu’ils obtiennent
dès le mois de mars). Dès lors s’engage une véritable course de vitesse pour les
Allemands ; l’objectif est de ramener le plus rapidement possible les troupes du front Est
vers le front Ouest afin de lancer une grande offensive victorieuse avant que les troupes
américaines, encore en cours de formation, ne soient en ligne. Au printemps, les
Allemands réalisent la percée tant attendue. Les armées sortent des tranchées, la guerre
de mouvement reprend. L’avancée allemande est rapide, les Allemands reviennent sur la
Marne et menacent Paris. C’est alors au début de l’été 1918 que les Alliés, qui se sont
donnés un chef commun en la personne du général français Ferdinand Foch, arrêtent les
Allemands à ce qu’on appelle la seconde bataille de la Marne. Une série de contreoffensives pendant l’été et l’automne ramènent les troupes allemandes jusqu’aux
frontières. Partout (en Italie, dans les Balkans, en Orient), les troupes des Empires
(Allemagne, Autriche-Hongrie et Empire ottoman) reculent. A la fin d’octobre, l’Empire
ottoman signe l’armistice avec les Alliés. L’Autriche-Hongrie ne tarde pas à l’imiter. Le 9
novembre, une révolution à Berlin chasse l’empereur Guillaume II ; le nouveau
gouvernement allemand se déclare disposer à discuter de l’arrêt des combats. Le 11
novembre, dans le wagon de Foch, à Rethondes en forêt de Compiègne, les Allemands
signent à leur tour l’armistice. C’est la fin des combats de la Première Guerre mondiale
(mais pas de la guerre en elle-même).
Un événement connexe : les Révolutions russes
Lorsque commence le XXème siècle, la Russie est (avec peut-être l’Empire
ottoman et le « Vatican ») le seul Etat en Europe dans lequel une forme de libéralisation
politique n’est pas apparue. L’empereur russe, le tsar (déformation du mot « césar »), est
un autocrate c’est-à-dire un souverain qui a tous les pouvoirs ; il en a plus que par
exemple un souverain absolu comme Louis XIV puisque le tsar peut, par exemple, choisir
son successeur (par exemple, au début du XVIIIème siècle, Pierre le Grand fera de sa
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femme Catherine Ière son successeur). Ce système politique s’applique sur un pays dans
lequel la société est bloquée depuis le XVIIIème siècle (pas de vraie possibilité d’ascension
sociale) et reste dominée par une noblesse propriétaire des terres que travaillent des
paysans (tous libres depuis 1862 mais souvent pauvres). Un début d’industrialisation est
en cours d’accomplissement mais celui-ci se heurte à la faiblesse de la bourgeoisie
d’affaires russe (et au fait que les investissements viennent de l’étranger… en particulier
de France).
L’année 1905 se révèle catastrophique pour la Russie qui subit une défaite
militaire humiliante face au Japon (première fois qu’un peuple asiatique bat un peuple
européen dans une guerre moderne) et connaît une révolution qui conduit à une
première limitation des pouvoirs du tsar par une assemblée (la Douma). Cependant, peu à
peu, dans les années qui suivent, le pouvoir du tsar Nicolas II se reconstitue et certains
voient dans l’entrée en guerre de 1914 le moyen de réaffirmer la puissance russe en
Europe et à l’intérieur. Il n’en est rien ! Les armées russes sont le plus souvent mal
équipées, mal commandées et n’ont qu’un véritable avantage, le nombre. Aux défaites
militaires s’ajoutent de graves problèmes économiques dus à la désorganisation du pays
du fait du conflit et de l’invasion de la partie ouest de l’empire.
C’est dans ce contexte difficile que se produit en 1917 la première révolution
russe, appelée « Révolution de février » même si elle se passe en fait en mars (le
calendrier russe est le calendrier orthodoxe qui a une dizaine de jours de décalage avec le
calendrier grégorien). Une série de manifestations dans lesquelles les soldats fraternisent
avec le peuple amène le tsar Nicolas II à abdiquer en faveur de son frère le grand-duc
Michel… lequel refuse le trône. Il n’y a donc plus d’empereur en Russie ; on peut penser
que le pays va s’engager vers la voie d’une monarchie ou d’une république
constitutionnelle. En attendant la mise en place d’institutions, des gouvernements
provisoires libéraux se succèdent… et poursuivent la guerre.
Cette poursuite de la guerre va faire le jeu d’une partie du parti social-démocrate
russe, les Bolcheviks, qui défend les idées de Karl Marx revisitées par leur chef de file
Lénine. Revenant de son exil suisse en avril 1917, Lénine annonce que les Bolcheviks en
prenant le pouvoir mettront fin à la guerre et passeront à une économie communiste
(cela signifie notamment la redistribution des terres). Au terme d’une année troublée, les
Bolcheviks réalisent dans la nuit du 6 au 7 novembre un coup de force à Petrograd et
s’emparent du pouvoir ; c’est la « Révolution d’Octobre ». Ils signent rapidement un
armistice avec les Empires centraux (décembre 1917) puis la paix (mars 1918). La Russie
devient le premier Etat communiste au monde.
Des traités de paix porteurs de futurs difficiles
Après les différents armistices qui mettent fin aux combats (octobre-novembre
1918), il reste à faire la paix. Pour préparer celle-ci, une grande conférence de la paix
s’ouvre à Paris en janvier 1918. Elle ne réunit que les vainqueurs de la guerre (ce qui est
exceptionnel comme situation) et, parmi ceux-ci, seuls quatre pays vont vraiment discuter
des conditions de la paix future : la France (Clemenceau), le Royaume-Uni (Lloyd George),
les Etats-Unis (Wilson) et l’Italie (Orlando). La participation des Etats-Unis (le président
Wilson se déplace lui-même ce qui est la première visite d’un chef d’Etat américain en
Europe) dit les changements que la guerre a provoqués dans l’ordre du monde ; elle se
justifie aussi par le fait qu’en janvier 1918, le président Wilson, dans un célèbre discours
en 14 points, a défini les contours de ce que devait être selon lui cette paix : droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes, liberté du commerce, fin de la diplomatie secrète,
création d’une Société des Nations sont quelques-unes des grandes lignes qu’il a fixées.
Les discussions vont donc voir les attentes américaines relativement modérées s’opposer
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aux fortes exigences de la France (qui veut un redécoupage de l’Allemagne et de l’Italie
(qui veut les territoires qui lui ont été promis). N’obtenant pas ce qui lui était promis,
l’Italie se retirera même des discussions.
Au terme de plusieurs mois de négociations, le premier traité de paix règle le sort
de l’Allemagne (traité de Versailles du 28 juin 1919). Celle-ci se trouve convoquée pour
signer le traité sans avoir pu en négocier le moindre mot (c’est ce que les Allemands
appelleront le « diktat »). La volonté française de démembrer le pays a été bloquée par
les Américains et les Britanniques ; cela n’empêche pas l’obligation pour l’Allemagne de
se soumettre à des clauses très dures : limitation de son armée, interdiction de certains
armements, remise de sa flotte aux Alliés, perte d’une partie de son territoire qui permet
en partie la renaissance d’un Etat polonais. Le plus humiliant est l’article 231 qui rend
l’Allemagne responsable de la guerre et lui impose le versement de lourdes réparations
(dont la somme sera définie ultérieurement).
En 1919 et 1920, plusieurs nouveaux traités mettent fin à la guerre avec les alliés
de l’Allemagne (Autriche, Hongrie, Bulgarie, Turquie). Il en résulte une nouvelle carte de
l’Europe, notamment dans la partie centrale et orientale du fait de la marginalisation de
la Russie bolchévique, de l’éclatement de l’Autriche-Hongrie et de ce qui restait d’Empire
ottoman. A l’ouest, les changements sont beaucoup plus rares et ne concernent que
quelques territoires ; le plus important en superficie est le retour à la France de l’Alsace et
de la Lorraine du Nord. Seul le différend (puis la guerre) entre la Grèce et la Turquie
débouchera en 1923 sur une modification d’un des traités de paix par le traité de
Lausanne.
L’EUROPE EN 1923
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