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2. Toute prière est trinitaire
On redécouvre aujourd’hui, une prière proprement chrétienne :
- D’abord par la méditation de l’Évangile, nous découvrons le Christ, Parole de Dieu, le
compagnonnage avec Jésus Ressuscité. Voir par exemple l’intérêt actuel de la “lectio divina” : « La
pratique de la lectio divina, lecture priante dans l’Esprit Saint, est capable d’ouvrir au fidèle le trésor
de la Parole de Dieu, et par là de créer la rencontre avec le Christ, Parole divine vivante. » (citation de
Benoit XVI).
- Et le renouveau charismatique a rappelé à toute l’Église la présence agissante de l’Esprit !
- Nous nous adressons à Dieu, Père de Jésus-Christ, et plus seulement au « Dieu éternel et
tout-puissant » ! Pourquoi ne pas dire « Père saint » comme dit Jésus dans sa prière en Jn 17 ?
Remarque : et dans les prières universelles, à qui s’adresse-t-on ? Souvent à un Seigneur
indifférencié …
Il ne s’agit pas de prier la Trinité mais de prier trinitairement le Père par le Fils dans l’Esprit.
On pourrait aller plus loin et affirmer que toute prière, pas nécessairement chrétienne dans
sa forme et ses mots, est trinitaire dans son mouvement.
Paul, dans l’épître aux Romains, affirme que nous prions le Père par l’Esprit qui habite en nos
cœurs
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. Ainsi, « toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint qui est mystérieusement
présent dans le cœur de tout homme
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» en déduit Jean-Paul II. C’est le même Esprit qui est à l’origine
de toute invocation du Dieu Unique. Cette affirmation forte de Jean-Paul II se trouve dans sa
relecture de la rencontre de prière pour la paix à Assise en 1986 :
« Là on a découvert, de manière extraordinaire, la valeur unique qu’a la prière pour la paix
et même que l’on ne peut obtenir la paix sans la prière, et la prière de tous, chacun dans sa
propre identité et dans la recherche de la vérité. C’est en cela qu’il faut voir, à la suite de ce
que nous venons de dire, une autre manifestation admirable de cette unité qui nous lie au-
delà des différences et des divisions de toutes sortes. Toute prière authentique se trouve
sous l’influence de l’Esprit “qui intercède avec insistance pour nous car nous ne savons que
demander pour prier comme il faut”, mais Lui prie en nous “avec des gémissements
inexprimables et Celui qui scrute les cœurs sait quels sont les désirs de l’Esprit” (Rm 8,26-27).
Nous pouvons en effet retenir que toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint qui
est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme.
C’est ce que l’on a également vu à Assise : l’unité qui provient du fait que tout homme et
toute femme sont capables de prier, c'est-à-dire de se soumettre totalement à Dieu et de se
reconnaître pauvre devant lui. La prière est un des moyens pour réaliser le dessein de Dieu
parmi les hommes (cf. Ad Gentes, 3).
5
»
« Tous nos “oui” sont de Lui » disait Christian de Chergé en prêchant une retraite aux
petites sœurs de Jésus au Maroc en 1990
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. Donc si tous nos “oui” sont pris dans le oui du Fils au
Père, alors tout croyant, tout priant, est ainsi mystérieusement associé au Verbe de Dieu. « Le
croyant – je pense au musulman – qui se tourne ainsi vers Dieu de tout son élan, et qui ne veut plus
que ce que Dieu veut, d'un cœur soumis et libre à la fois, ce croyant est conduit par l'Esprit du Fils à
la place du Fils, même s'il l'ignore.
7
» Tout priant est ainsi uni au Christ intercédant pour l’humanité.
3
Romains 8, 15.
4
Jean-Paul II, « Discours aux cardinaux et à la curie romaine », op.cit., p. 171. Le pape développe cette
même idée dans son encyclique « Redemptoris Missio », n° 28, Chemins de Dialogue, n° 20, p. 86.
5
Jean-Paul II, « Discours aux cardinaux et à la curie romaine », op.cit., p. 171.
6
Christian de Chergé, Retraite prêchée aux Petites Sœurs de Jésus à Mohammedia, au Maroc du 18 au
25 novembre 1990. Texte inédit.
7
Christian de Chergé, chapitre du 6 juin 1992 (veille de Pentecôte), op.cit., p. 307.