Journées de la Fondation Recherche Médicale 2005 y Cancer du poumon y www.frm.org 4
le stade auquel il est détecté.
Malheureusement, dans 8 cas sur 10, le
cancer du poumon est détecté trop
tardivement pour qu’une opération soit
possible. Lorsqu’on détecte un cancer précoce
à partir d’une radiographie pulmonaire ou d’un
scanner, les chances de guérison par la
chirurgie seule ou associée à une
chimiothérapie sont plus importantes.
Au contraire du
cancer du sein
par exemple, le
fait de réaliser
des examens
de dépistage
systématique
n’améliorerait
pas les choses.
Ces essais sont
très coûteux.
Voici trente ans,
des essais avaient été réalisés aux Etats-Unis
et en Europe en utilisant la radiographie
pulmonaire. Si l’on trouvait davantage de petits
cancers, la survie des sujets qui n’avaient pas
eu de radio n’était pas moins bonne que celle
des sujets qui avaient passé une radio. Le fait
de réaliser des radios à grande échelle
n’améliorait donc pas la situation. Ce type
d’étude dure très longtemps : cinq années sont
nécessaires pour inclure des milliers de
personnes, suivies de cinq autres pour les
suivre, et enfin de vingt années de débats sur
les résultats. Ces discussions se poursuivent
sur certains cancers, comme c’est le cas pour
le cancer du sein. Néanmoins, les femmes ont
des mammographies régulières, et le pronostic
du cancer du sein s’améliore. Ceci n’a pas
encore été montré sur le cancer du poumon.
Depuis deux ans, nous essayons d’obtenir de
la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance
Maladie) la possibilité de lancer l’essai de
dépistage en France. Aux Pays-Bas et au
Danemark, 12 000 personnes seront incluses
dans l’essai. Elles sont au nombre de 20 000
aux Etats-Unis. En France, les discussions se
prolongent et la CNAM ne semble pas être
décidée à investir la somme – il est vrai
considérable –, d’environ 200 millions d’euros.
Il s’agit en effet de réaliser des scanners sur
20 000 personnes pendant 5 ans. Il est
toutefois impératif que cet argent soit investi,
car le dépistage révélera de très petites
lésions, qui peuvent changer la donne. Cette
journée est l’occasion de demander à nos
responsables de santé d’apporter une
réponse, positive ou négative, sachant que les
crédits ont été mis de côté pour cela.
> A qui s’adresse ce dépistage ?
La population à risque est clairement celle des
fumeurs, ainsi que celle des personnes
exposées à l’amiante. La population féminine
ayant des antécédents de cancers du poumon
ou des voies respiratoires commence à être
considérée comme une population à risque. Il
faut tenter de mieux cibler ces populations à
risque, car l’argent de la Sécurité sociale doit
être utilisé à bon escient. Il ne faut pas non
plus réaliser des scanners à répétition, car cet
examen entraîne une irradiation qui peut ne
pas être dénuée de risque.
Le terme « tabagisme » ne se limite à définir le
fait de fumer 3 paquets par jour. Un tabagisme
prolongé chez la femme, avec quelques
cigarettes par jour, peut être tout aussi
dangereux. Il faut donc bien réfléchir à la
manière de cibler les patients et les patientes.
Il faut clairement dire aux jeunes femmes
qu’elles prennent beaucoup de risque, même
en fumant quelques cigarettes par jour.
En ce qui concerne le tabagisme passif, les
fumeurs doivent s’obliger à fumer à l’extérieur
de la maison. L’industrie du tabac est en toile
de fond pour masquer les informations : le
tabagisme passif est dangereux. La Loi Evin
est une bonne chose, mais il faut l’appliquer.
Lorsqu’une personne non fumeuse est dans
un milieu enfumé plusieurs heures par jour,
elle inhale des produits dangereux.
> Effets carcinogènes du tabac sur le gène
Le cheminement depuis le carcinogène
contenu dans la fumée de tabac jusqu’à
l’altération des gènes par ce carcinogène
commence à être bien connu. Ceci permettra
éventuellement d’avoir des armes efficaces.
Cette connaissance permet aussi d’avoir
toutes les preuves du délit, et ceci est à
présent bien prouvé pour le tabagisme passif,
même si la publication de résultats
scientifiques sur ce domaine a souvent été
freinée.
Laurent Romejko – Au cours de vos travaux
menés au sein du laboratoire Albert Bonniot,
avez-vous déjà bénéficié de l’aide de la
Fondation pour la Recherche Médicale ?
Pr Christian Brambilla – Bien sûr, et cela à
de nombreuses reprises. Un dossier a encore
été déposé cette année. Il est essentiel que la
Fondation soutienne les jeunes chercheurs.