
L E G R A N D J O UR NA L DE L A BI OD IV ER SI TÉ | L AFA R G E | 7
6| LAFARGE | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ
Les prémices de la réhabilitation. Dès les années 1970 et tout au long
des années 1980, le rapprochement des sites d’extraction avec des associa-
tions de naturalistes se faisait au niveau local, de façon ponctuelle et le plus
souvent informelle. Mais au milieu des années 1990, une nouvelle étape
est franchie, et la démarche est élargie. Elle constitue la première étape vers
la définition d’une politique globale de préservation des milieux naturels et
des espèces menacées.
« En 1995, Lafarge a été le premier industriel à mettre en place un contrat avec
le Muséum national d’histoire naturelle en France, se rappelle Arnaud Colson,
directeur des affaires publiques et du développement durable de l’Activité
Granulats & Béton du Groupe en France. Cela ne s’était jamais fait auparavant.
Ce partenariat consistait à établir des inventaires scientifiques sur nos terrains,
en totale transparence, et à travailler sur des projets de réhabilitation. Cela a
été passionnant, car nous avons fait beaucoup de découvertes sur le plan
scientifique, et effacé un certain nombre de nos préjugés. » C’est à cette
période que s’est développée la notion de réaménagement progressif ou
coordonné qui sera appliquée à toutes les carrières du Groupe, tandis que
les actions menées auparavant, sur la base d’initiatives locales, souffraient
de grandes disparités.
Initier une dynamique à l’échelle du secteur. En 1995, Lafarge rejoint
le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (World
Business Council for Sustainable Development ou WBCSD), un groupement
L’extraction de matières premières minérales est indispensable à la fabrica-
tion de matériaux de construction. Le calcaire et l’argile entrent dans la compo-
sition du ciment, le plâtre est fait à partir de gypse, tandis que les granulats
sont des roches concassées. Lafarge exploite aujourd’hui 730 carrières à
travers le monde, d’où sont extraites 450 millions de tonnes de roches. Sur ces
sites, qui échappent à l’activité agricole et à l’urbanisation, existe l’opportunité
de créer des zones adaptées pour accueillir diverses espèces animales et
végétales. À condition de développer des procédés d’exploitation responsables
et de recréer des espaces écologiques sur le site des anciennes carrières.
Afin de mesurer et maîtriser l’impact de ses carrières sur l’environnement,
Lafarge a progressivement mis en place une politique de partenariats.
de 200 entreprises engagées pour faire progresser les problématiques liées
au développement durable. L’objectif affiché du WBCSD est d’imaginer et de
promouvoir des processus industriels dont l’empreinte environnementale sera
neutre, voire positive. Dans le secteur cimentier, un tel objectif nécessite
de longues années et de profondes transformations. Mais, en prenant des
engagements concrets et publics, Lafarge a initié une réelle dynamique à l’échelle
du secteur. Associé au groupe de travail sur la biodiversité, Lafarge y est égale-
ment actif sur les thèmes de l’énergie, du changement climatique et de l’eau.
« Lafarge est engagé dans de nombreux programmes, souligne James Griffith,
directeur général écosystèmes au WBCSD, notamment au travers de la cofon-
dation de l’Initiative ciment pour le développement durable (Cement Sustai-
nability Initiative ou CSI). » Ce programme réunit aujourd’hui 23 entreprises
cimentières, qui représentent 40 % de la production mondiale. En partageant
leurs expériences et en mettant en œuvre des bonnes pratiques et des innova-
tions communes, ses membres s’attachent à réduire de façon concertée
l’impact de leurs activités sur l’environnement.
Une approche inédite. En signant en 2000 un partenariat au niveau mondial
avec le WWF International, le Groupe a initié un genre d’association inédit,
aussi bien dans le monde de l’entreprise que dans celui des ONG. L’approche
des problématiques environnementales développée par le Groupe, et plus
spécifiquement ses initiatives en faveur de la biodiversité, ont créé un précé-
dent, tant dans le secteur cimentier que dans l’industrie dans son ensemble.
« Pour nous, c’était une expérience : pouvons-nous travailler avec une très
grosse entreprise, dont l’empreinte environnementale est importante, et pouvons-
nous exercer une réelle influence ?, se souvient Jean-Paul Jeanrenaud (WWF
International). Peu d’entreprises adoptent ce genre d’approche, ouverte à la
discussion et au débat. » La mise en place de cette collaboration ne s’est pas
faite sans heurts, mais le partenariat, qui a été renouvelé à deux reprises, en
2004 et en 2009, a apporté beaucoup au secteur cimentier et plus générale-
ment aux relations entre l’industrie et les ONG environnementales. « La prise
de conscience des industriels nécessitait une action forte et visible. C’est là le
premier grand succès de notre collaboration », conclut Jean-Paul Jeanrenaud.
Grâce aux outils élaborés avec ses partenaires, des plus petites associations
locales au WWF, Lafarge s’est attaché à améliorer sa connaissance de l’envi-
ronnement et, dans les zones sensibles, à mettre en place des programmes
de gestion de la biodiversité à travers, notamment, la réhabilitation des
carrières. Les unités opérationnelles du Groupe sont amenées à identifier les
risques et les opportunités que représente leur activité pour la biodiversité
locale. Et au terme de l’exploitation d’un site, des espaces écologiquement
et économiquement viables sont recréés.
« L’apport de ces partenariats est essentiel pour Lafarge, souligne Pierre
de Prémare. Sans regard extérieur sur nos actions, nos initiatives et les possi-
bilités de les améliorer, nous resterions juge et partie de notre travail. »
Grâce à ces rapprochements, Lafarge a défini pour ses carrières des méthodes
innovantes de revalorisation des sites, qui ont depuis révélé leur efficacité.
© Médiathèque Lafarge - Olivier Coulange
1970
Dès le début des années 1970,
Lafarge prend en compte les enjeux
environnementaux sur ses sites,
et notamment les carrières.
Le Groupe adopte alors plusieurs
mesures qui anticipent les
réglementations, comme en France
et au Kenya.
1980
Au cours des années 1980, Lafarge noue
de multiples partenariats, officiels ou
informels, avec des associations locales
de naturalistes sur des thèmes précis : un
ornithologue qui vient compter les oiseaux
sur une carrière, un botaniste qui a repéré
des espèces intéressantes sur un site…
1979
La Communauté européenne
adopte la directive oiseaux,
relative à la préservation des
espèces sauvages.
La même année, la convention
de Berne sur la protection
de la vie sauvage est signée par
la Communauté européenne
et quarante-quatre autres pays.
1992
À Rio de Janeiro (Brésil)
se tient la première
conférence des Nations unies
sur l’environnement.
Elle aboutit notamment
à la signature de la Convention
sur la diversité biologique.
1987
Le rapport Brundtland
de la Commission mondiale
sur l’environnement
et le développement
crée un nouveau concept :
« Le développement
durable est un mode
de développement
qui répond aux besoins
du présent sans
compromettre la capacité
des générations futures
de répondre aux leurs. »
HALLER PARK, UN SITE D’EXCEPTION
Le réaménagement en parc naturel de
l’ancienne carrière de la cimenterie de Bamburi,
près de Mombasa au Kenya, a commencé dès
le début des années 1970. Sur les 422 espèces
végétales introduites ou apparues spontanément
dans les écosystèmes forestiers, les zones humides
et les prairies réaménagées de l’ancienne carrière,
364 ont survécu, dont 30 figurent sur la liste
rouge des espèces menacées établie par l’Union
internationale pour la conservation de la nature
(UICN). La beauté du site, rebaptisé Haller Park,
l’intégration écologique réussie, ainsi que le
nombre de ses visiteurs et l’activité économique
générée, ont fait de cette réhabilitation une
réalisation emblématique.
2009
Dans la carrière de Presque Isle
aux États-Unis, Lafarge lance pour la
première fois une étude visant à analyser
et évaluer la valeur des services rendus
par les écosystèmes sur l’un de ses sites.
1999
Membres du Conseil mondial des
entreprises pour le développement durable
(World Business Council for Sustainable
Development ou WBCSD), Lafarge
et Holcim créent l’Initiative ciment
pour le développement durable.
Cette démarche sectorielle novatrice
réunit aujourd’hui 23 cimentiers du monde
entier, qui travaillent ensemble à réduire
les impacts écologiques de leurs activités.
1995
Lafarge signe son premier
partenariat en France avec
le Muséum national d’histoire
naturelle. Les études menées
contribuent à développer une
expertise dans la connaissance
du vivant sur les carrières.
2007
Le plan Ambitions
Développement durable 2012
de Lafarge fixe des objectifs
chiffrés pour réduire
l’empreinte environnementale
des activités du Groupe.
2000
Le WWF et Lafarge nouent
un partenariat.
Cette association inédite
entre un acteur industriel
et une organisation non
gouvernementale de
protection de l’environnement
crée un précédent.
Biodiversité et carrières :
des initiatives locales à une
démarche de partenariats
LES ÉTAPES CLÉS DE LA POLITIQUE DE LAFARGE EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ
ARNAUD COLSON
Directeur des affaires publiques et du développement durable de l’Activité Granulats & Béton, France
Dans les années 1980,
on a pris conscience que, tout
au long des Trente glorieuses,
la reconstruction de nos différents
pays engagée après la Seconde
Guerre mondiale s’était faite dans
des conditions discutables du
point de vue de l’environnement.
`
L’urgence de la reconstruction
et une réglementation relativement
souple ont favorisé des procédés
industriels néfastes d’un point
de vue écologique.
Aujourd’hui, on se rend compte
que les principes de développement
durable, en plus d’être utiles pour
l’environnement, se révèlent
bénéfiques en matière de rentabilité.”
“
PIERRE DE PRÉMARE
Directeur de l’environnement et des affaires
publiques pour les carrières de Lafarge
Il y a eu un véritable
changement dans
le contexte international.
Auparavant, les industriels
étaient considérés comme de
grands destructeurs de la nature.
Dans de nombreux pays,
le Groupe commence aujourd’hui
à nouer des relations de
confiance avec les associations
environnementales et les
scientifiques. Comme le souligne
le WBCSD, la préservation
de l’environnement repose aussi
sur les entreprises.”
“
© DR Médiathèque Lafarge
© Médiathèque Lafarge
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