Associant un défi scientifique à un défi technologique, SPHERE est l’un des instruments d’observation
astronomique depuis le sol les plus complexes jamais réalisés. Il est notamment composé d’un système
d’optique adaptative extrême utilisant un miroir déformable comprenant plus de 1300 actionneurs qui
corrigent plus de 1200 fois par seconde, à une échelle nanométrique, les effets de la turbulence
atmosphérique. SPHERE comprend aussi des masques coronographiques pour bloquer la lumière de
l’étoile centrale et trois modules de détection de la lumière mettant en œuvre des techniques d’imagerie,
de spectroscopie et de polarimétrie différentielles, dans le visible et l’infrarouge proche. « Le haut degré de
performance de SPHERE s'explique par le développement, en amont, de ces nouvelles technologies
notamment dans les domaines de l'optique adaptative, de détecteurs spécifiques et de composants
coronographiques », commente Kjetil Dohlen (LAM), ingénieur système du projet SPHERE.
Le LAM est un des principaux acteurs du projet SPHERE, tant sur le plan des objectifs scientifiques que
pour la réalisation technologique de l’instrument. L’équipe exoplanètes et étoiles du LAM compte parmi les
meilleures de son domaine sur le plan international. Son travail a contribué à définir les objectifs
scientifiques de l’instrument. Les ingénieurs, techniciens et chercheurs du LAM ont ensuite repris ces
objectifs et développé des solutions instrumentales innovantes pour les atteindre. Le laboratoire a en
particulier entièrement développé le spectro-imageur dans le proche infrarouge IRDIS, instrument
scientifique principal de SPHERE. L’équipe de recherche en instrumentation optique a développé de
nouvelles techniques de fabrication optique par polissage sous contrainte qui permet d’obtenir des
surfaces asphériques complexes de très haute-qualité. Le LAM a également pris en charge l’ingénierie
système de l’ensemble de SPHERE, ainsi que la gestion qualité et documentation du projet. Le système
d’optique adaptative extrême de l’instrument utilise également les détecteurs issus des innovations des
équipes détecteur du LAM.
Développé par un vaste consortium européen [1], et assemblé avec ses sous-systèmes à l’IPAG
(CNRS/UJF) à Grenoble, SPHERE a passé avec succès ses tests d'acceptation en décembre 2013. Il a
été ensuite acheminé au Chili, sur le site du VLT à Paranal puis la délicate phase de réassemblage de ses
éléments a été achevée en mai 2014. Fort de son implication et de son expertise, le personnel du
laboratoire a passé plusieurs mois au Chili durant les phases de réassemblage, intégration, test et
vérification sur le ciel.
Cet instrument de nouvelle génération [2] est à présent installé sur le troisième télescope de 8-m du VLT.
Lors de ses premiers tests sur le ciel, SPHERE a validé ses différents modes d’observations et a réalisé
des clichés sans précédents, témoins de la formidable capacité de SPHERE à supprimer l'éclat de l'étoile
brillante située au centre de l'image. On peut notamment découvrir la meilleure image acquise à ce jour de
l’anneau de poussières autour de l’étoile HR 4796A ainsi qu’un très beau cliché du compagnon stellaire
autour de l’étoile iota Sagittarii. Ce dernier cliché permet de valider les performances de l’instrument pour
sa recherche de nouvelle exoplanètes.
SPHERE sera mis à disposition de la communauté des astronomes à la fin de l’année 2014, au terme
d'une campagne de vérification scientifique de l’instrument. Le LAM et son équipe de recherche sur les
exoplanètes travaillent d’ores et déjà à la préparation des futures observations, et ils tiendront un rôle clé
dans l’exploitation scientifique de l’instrument SPHERE.