
1. Introduction et généralités
La douleur est un des symptômes le plus fréquemment évoqués au cours d’une demande de soins envers les
services préhospitaliers d’urgence (SPU). Pourtant, malgré l’arsenal thérapeutique dont dispose la médecine
actuelle, l’observation de l’expérience quotidienne dans les SPU et l’analyse de la documentation médicale montrent
que le traitement de la douleur y constitue encore un problème important.
En effet, dans les SPU au Québec, outre la douleur thoracique d’origine cardiaque probable, le patient n’est soulagé
de sa douleur que par des moyens physiques (application de froid et immobilisation).
Un patient souffrant est souvent en détresse, anxieux et peu coopératif. Une fois soulagé, il est habituellement plus
calme et en mesure de collaborer aux soins. Le patient a le droit d’être soulagé adéquatement, et les médecins ont le
devoir de prendre les mesures nécessaires pour soulager sa douleur. Cependant, le traitement de la douleur aiguë
peut être risqué faute de connaissances pharmacologiques adéquates et d’une surveillance clinique appropriée.
Il a été démontré que l’évaluation de la douleur par les divers intervenants à l’unité d’urgence est différente de celle
qu’en fait le patient. De façon générale, le personnel soignant sous-estime la sévérité de la douleur. Les mêmes
constatations s’appliquent aussi au patient pris en charge par les SPU. Les préoccupations sur l’analgésie adéquate
du patient à l’unité d’urgence sont aussi importantes pour le patient qui nécessite des soins lorsqu’il fait appel aux
services préhospitaliers d’urgence.
Une bonne connaissance de l’arsenal thérapeutique, conjuguée à une réévaluation judicieuse et à une surveillance
attentive du patient, prévient généralement la survenue de réactions indésirables, telle la dépression respiratoire.
Nous développons un modèle d’administration d’analgésie du patient en milieu préhospitalier par une utilisation
sécuritaire d’opioïdes et une surveillance clinique appropriée dans le respect des législations québécoises et
canadiennes. Ce modèle est développé dans la région de la Chaudière-Appalaches pourvue d’une unité de support
médical à distance pour le réseau des SPU. Les véhicules ambulanciers sont munis d’équipement de télémétrie et
de téléphonie sans fil. À terme, l’analgésie pourrait être offerte à tous les patients du Québec transportés par
véhicule ambulancier, sous réserve de moyens de communication adéquats et d’entente entre établissements pour
la fourniture de la médication.
Le présent projet a vu le jour en 2006 et a dû franchir de nombreuses étapes préliminaires avant d’être finalement
accepté par le MSSS et le Collège des médecins du Québec : faisabilité, budgets, avis juridiques, protocoles et avis
d’experts.