Mejed Hamzaoui, Emergence de la question de partenariat dans le champ du travail social
TEF - Travail-Emploi-Formation - n°9/2010
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Dans les années soixante et septante, plusieurs coordinations
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ont vu le jour en
Belgique. Certaines avaient pris naissance à l’initiative de travailleurs sociaux issus
d’institutions et de secteurs d’aide ancrés localement. Ces types de coordination sociale
sont caractérisés, “par la motivation et la liberté de participation: s’y retrouvent (sans
qu’aucune institution n’y monopolise le pouvoir) tous ceux qui se définissent comme
travailleurs sociaux et qui souhaitent décloisonner les secteurs de l’aide à la population
trop rigides à leurs yeux”.
D’autres sont issues d’un cadre législatif, fixant dans les textes les normes de
reconnaissance et les missions, comme par exemple ces trois services ayant la
coordination dans leurs attributions légales: le Comité de protection de la jeunesse (la loi
du 8 avril 1965 relative à la Protection de la jeunesse), le Service de santé mentale
(Arrêté Royal du 20 mars 1975 relatif à l’agrégation des services de santé mentale) et le
Centre public d’aide sociale (les articles 61 et 62 de la loi organique des CPAS de 1976).
Si la coordination sociale des travailleurs sociaux est considérée comme un outil de
changement pour transformer les relations entre les différents acteurs du système, par
contre les textes prévus par la loi précitée considèrent la coordination comme une
collaboration entre des institutions dont les définitions sont peu claires : outil, moyen
technique, lien fonctionnel de collaboration entre équipes ou entre organisations, pour
couvrir un secteur déterminé de l’aide sociale (sauf le CPAS qui met l’accent sur les
“besoins individuels ou collectifs”)
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.
Ce qui est nouveau dans l’utilisation de ce terme de partenariat dans le champ social par
rapport aux autres formules de “maillage institutionnel” ou de lieux de rencontre entre les
professionnels (coordination, réseau, collaboration, coopération, etc.), c’est que tous les
programmes des politiques sociales actives et territorialisés (M. Hamzaoui, 2002 et
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Les années quatre-vingt sont des années charnières en Communauté française entre l’institutionnalisation
des expériences de coordination sociale et l’émergence du terme “partenariat” dans le discours et les
pratiques sociales, comme l’attestent plusieurs recherches-actions et articles à se sujet: B. FRANCQ, “La
coordination sociale comme processus politico-administratif, 1re. partie: de l’aggiornamento à la crise
financière”, Ed. Service Européen de Coopération pour les Jeunes, Bruxelles, 1984; CRIDIS et
CSUR/UCL, “Les groupes de coordination sociale locale. Recherche-action sur les enjeux et les
perspectives de l’action sociale à partir du champ d’intervention local”, Recherche réalisée à la demande
du Service des Études et de la Recherche Scientifique du ministère de la Communauté française,
décembre 1988, voir la Revue d’Action Sociale, “Le partenariat: une évolution réaliste du travail social”,
Liège, 1988.
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CRIDIS, “La coordination sociale”, Contradictions, n° 42, Bruxelles, hiver 1984-1985, p. 98.