Synthèse du séminaire "Comment développer

publicité
STRATÉGIES RÉGIONALES, TERRITORIALES ET
COORDINATION D’ACTEURS :
Comment développer une
économie d’avenir pour le
Nord – Pas de Calais ?
12 & 13 mai 2011 – CCI Nord de France à Valenciennes
Synthèse
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Synthèse
Comment développer une économie d’avenir dans le
Nord – Pas de Calais ?
Enjeux et spécificités du Nord – Pas de Calais
Des mutations démographiques et industrielles à plusieurs vitesses
Un recul démographique contrasté
Depuis les chocs industriels des décennies 1960 et 1970, la population du Nord – Pas de Calais a connu
un recul progressif. Cette atonie cache cependant des contrastes marqués entre les différents territoires
de la région : alors que la métropole lilloise connait toujours une hausse de sa population, le bassin minier
souffre d’une véritable désaffectation. Cependant, le recul démographique qui frappe un territoire n’est
pas systématiquement synonyme de déclin économique. Ainsi, en dix ans, 13 000 emplois ont été créés
sur le territoire lensois qui a perdu en même temps 6 400 habitants. Enfin, longtemps cantonné aux
espaces ruraux de la région, le vieillissement de la population gagne du terrain en Nord – Pas de Calais
qui reste néanmoins l’une des régions les plus jeunes de France. En outre, le vieillissement épargne
toutefois certains territoires comme la métropole lilloise.
Une tertiarisation de l’économie inégale
Bien qu’il demeure supérieur à la
moyenne nationale, le poids de
l’activité industrielle a diminué en Nord
– Pas de Calais au cours des dernières
décennies au profit du secteur tertiaire.
Cependant, à l’échelle des territoires,
les mutations sectorielles atteignent
des degrés divers. Alors que la
tertiarisation de l’économie est
particulièrement prononcée à Lille, le
secteur industriel reste très présent
dans le Douaisis, le Valenciennois ou
encore le Dunkerquois.
En outre, la destruction massive
d’emplois industriels n’est pas toujours
compensée par la création de postes
dans le secteur des services.
Les dégâts causés par la crise
Des mesures radicales face à un choc sans précédent
En Nord – Pas de Calais, la crise économique a provoqué un choc d’activité brutal, qui s’est traduit par un
effondrement de la production dès la fin de l’année 2008. Pour faire face à la crise économique, les
entreprises du Nord – Pas de Calais ont adopté des mesures d’ajustement radicales : réduction des stocks
de matières premières, amélioration du recouvrement des créances clients, baisse des investissements et
ajustement de l’emploi. Ces choix ont été profitables dès 2010 aux trésoreries des entreprises . Ils ont
également permis de subir une diminution de la rentabilité d’exploitation des entreprises moins marquée
qu’en 2009.
2
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Une reprise d’activité très progressive
La reprise de l’activité dans le secteur des services est perceptible depuis la fin de l’année 2009. Il a fallu
cependant attendre la fin de l’année 2010 pour qu’un tel mouvement se dessine également dans
l’industrie. En outre, la situation économique du Nord – Pas de Calais demeure néanmoins fragile . En
effet, l’emploi n’a pas encore retrouvé un niveau correct et la progression du chiffre d’affaires des
entreprises de la région risque en 2011 d’être inférieure à la moyenne nationale. Malgré une situation
difficile, le Nord – Pas de Calais n’a toutefois pas connu de crise du financement bancaire.
Exporter et innover
Dans le Nord – Pas de Calais, la situation économique apparaît désormais relativement stable. Cependant,
ce calme apparent masque plusieurs mouvements de court ou de long terme qui obligeront les acteurs
économiques à évoluer (hausse du cours des matières premières, déséquilibres financiers mondiaux et
nationaux, etc.)
Outre la formation des habitants de la région, deux voies majeures s’offrent aux entreprises pour
s’adapter aux mutations économiques :
- le développement à l’international : les études de conjoncture de la CCIR révèlent en effet que les
entreprises exportatrices sont plus nombreuses à être satisfaites de l’activité du premier trimestre 2011
que celles qui se contentent d’importer ou qui ne pratiquent pas de commerce international
- l’innovation : elle est encore beaucoup trop ténue dans la région. Cependant, le Nord – Pas de Calais
occupe la troisième position des engagements globaux d'Oséo en matière d'innovation.
Les idées clés
Baisse de la démographie – vieillissement de la population – baisse de l’activité tertiaire – reprise après la
crise en 2009 pour les services et fin 2010 pour l’industrie – développement international – innovation
Quelles trajectoires pour l’économie régionale ?
L’économie servicielle : une proposition originale
L’universitaire Christian du Tertre propose de repenser la place de l’industrie dans le développement
économique régional en mettant l’industrie au service des services. Par exemple, une entreprise qui
produit du béton réfractaire pour des clients de l’industrie sidérurgique a eu l’idée de ne plus se contenter
de vendre des tonnes de béton mais de garantir à ses clients de pouvoir couler un tonnage d’acier
déterminé sans encombres. Elle leur offre désormais un service qui répond à leurs besoins – fabriquer de
la fonte sans difficulté – plutôt qu’un simple produit. Bien qu’il ait fallu transformer les méthodes de
travail, ce changement de positionnement lui a été très profitable. En effet, depuis sa conversion à
l’économie servicielle, le chiffre d’affaires de cette entreprise a triplé.
Attention ! Mettre l’industrie au service des services ne signifie pas détruire l’industrie. L’enjeu qui se
pose aujourd’hui est de développer du service dans l’industrie. Il faut augmenter la qualité des produits
et mettre en œuvre une interaction plus importante avec le client. On observe en parallèle une
industrialisation des services caractérisée par une standardisation de la production.
NFID, au service de la mise en réseau des acteurs du développement économique
Créé en 2009, Nord France innovation développement (NFID) a vocation à développer les synergies et à optimiser
les coopérations entre les acteurs régionaux du développement économique. Ses services s’adressent ainsi aux
pôles de compétitivité, aux pôles d’excellence, aux organisations consulaires, professionnelles ou
territoriales, au Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES), aux structures d’appui à la
création d’entreprise innovante, etc. NFID souhaite donner les moyens à tous ces acteurs de connaître
mutuellement leurs missions et leurs actions respectives pour leur donner une cohérence globale. Son
action s’inscrit dans la continuité de la Stratégie régionale de l’innovation (SRI).
3
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
S’insérer dans la mondialisation
Situé au carrefour de plusieurs pays européens , l e Nord – Pas de Calais jouit d’une position géographique
stratégique qui confère une véritable attractivité à son territoire. La région doit exploiter cette situation pour
s’intégrer pleinement dans la mondialisation économique. Pour ce faire, il faudra cependant parvenir à donner
une plus grande souplesse au fonctionnement du système économique régional qui repose très souvent sur des
relations rigides entre donneurs d’ordre et sous-traitants.
Les idées clés
Développer du service dans l’industrie – position géographique stratégique pour la mondialisation
économique – mise en réseau des acteurs du développement économique
Stratégie régionale et coordination des acteurs
Le SRDE, pierre angulaire du développement régional
Un projet au service de la région
Outil indispensable de mise en œuvre de la coordination territoriale, la stratégie régionale de
développement économique correspond à une feuille de route partagée par les acteurs du territoire. Le
Schéma régional de développement économique (SRDE) a été adopté en novembre 2005 par le conseil régional
Nord – Pas de Calais. En cohérence avec les débats menés au cours de la phase préparatoire, il poursuit
l’ambition de placer l’homme au cœur des ambitions économiques et s’articule autour de cinq principes :
privilégier
les
projets
économiques comportant un
volet social et environnemental
- retenir le principe d’une
approche par pôle d’excellence
économique pour tous les
territoires
- maintenir l’effort de la région
dans
les
domaines
de
l’environnement et de la santé
- tendre pour tous vers une
formation tout au long de la vie
- assurer la prise en compte des
intérêts de chacun et l’ouverture
de la parole à tous.
Le SRDE poursuit huit objectifs :
- accompagner la création et la transmission d’entreprises
- structurer le territoire régional autour de pôles d’excellence économique
- placer l’innovation et la valorisation de la recherche au cœur des priorités régionales
- aider l’anticipation, clé de la réussite économique
- repenser l’action économique du Nord – Pas de Calais à l’international
- mobiliser et coordonner les outils financiers au service du développement économique
- faire du Nord – Pas de Calais une région hautement avancée dans les Technologies de l’information et de
la communication (TIC)
- promouvoir une région solidaire et attentive à l’équilibre entre les territoires.
4
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Une gouvernance partagée
La gouvernance du SRDE compte plusieurs organes :
- la conférence permanente : elle formule des avis qui sont la traduction opérationnelle des objectifs
stratégiques du SRDE et décide des missions d’études qu’il convient d’engager
- la conférence régionale pour l’emploi et le développement économique : chargée de valider le bilan des
actions menées, elle fixe également le programme de travail pour chaque année
- les conférences territoriales : elles permettent de décliner à l’échelle des territoires le SRDE et
d’alimenter en retour les instances régionales des attentes des collectivités locales
- les missions d’enquête : elles permettent aux membres de la conférence permanente de participer aux
chantiers de réflexion lancés dans le cadre du SRDE sur différentes thématiques (finalités de l’intervention
publique dans l’économie, commerce, outils financiers, etc.).
La stratégie de mutualisation des CCI
Suite à la promulgation de la loi du 2 août 2005 en faveur des PME, des opérations de regroupement des CCI ont
été engagées au cours des années précédentes. Depuis le 1 er janvier 2011, le Nord – Pas de Calais ne compte plus
que quatre CCI territoriales (Grand Lille, Grand Hainaut, Côte d’Opale et de l’Artois) contre 11 auparavant. En
outre, une CCI de région est désormais chargée de coordonner les missions et les projets des CCIT ainsi que de
les négocier avec les instances régionales. La chambre régionale a aussi pour mission de mutualiser la gestion
administrative et des ressources humaines des chambres du réseau au plus tard pour le 1 er janvier 2013.
A l’échelle régionale, outre un schéma directeur qui définit ses priorités et son organisation, le réseau
consulaire s’appuie sur huit schémas sectoriels. Elaborés dans un souci de cohérence avec le SRDE, ils
concernent :
- la gestion des équipements portuaires et aéroportuaires
- la formation et l’enseignement supérieur
- la création, la transmission et la reprise d’entreprises
- le développement durable
- le développement économique à l’international
- l’innovation et la recherche
- le soutien aux actions du commerce
- le tourisme.
Et le rôle de l’Etat ?
Après avoir régenté pendant longtemps les politiques publiques de développement économique grâce à la
planification, l’Etat a adopté, avec la décentralisation, une posture plus complexe sur ce sujet. D’une part, il se
veut l’accompagnateur du partenariat régional et dispose de leviers de coordination (outils fiscaux et
réglementaires, rôle de médiateur, etc.). D’autre part, il se pose également comme l’initiateur de certains choix de
développement stratégique opérés dans les régions.
Par ailleurs, dans un environnement économique mouvant, les acteurs économiques locaux attendent
également de l’Etat qu’il réduise les facteurs d’incertitude. Pour assumer cette fonction, il peut adopter :
- une posture de régulateur : il consolide un environnement favorable à l’activité économique
- une posture de stratège : il prépare les fondements de la compétitivité de demain et fournit aux conseils
régionaux des éléments de prospective sur le futur prévisible
- une posture de protecteur : il apporte son soutien en cas de crise.
Le CESER : porte-parole audacieux de la société civile
Assemblée consultative régionale, le CESER compte 113 membres. Lieu d’échanges et de concertation, le
CESER peut être comparé à une boîte à idées. Pour certains sujets (budget régional, schéma d’orientation,
etc.), la saisine du CESER par le président du conseil régional est obligatoire. Mais le CESER peut
également s’autosaisir pour entreprendre des travaux de recherche qui concernent la vie régionale.
5
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Les prises de position du CESER sont parfois audacieuses. Ainsi, en 2009, il a remis un rapport concernant
l’organisation territoriale du Nord – Pas de Calais dans lequel il propose de procéder à un redécoupage
des collectivités territoriales. Par souci d’efficience, celui-ci reposerait notamment sur la réduction du
nombre d’intercommunalités. Dans ce rapport, le CESER propose également de renforcer le rôle du conseil
régional et d’en faire le chef de file du développement stratégique du territoire. La place de l’Etat dans la
région Nord – Pas de Calais a également fait l’objet d’une réflexion au sein du CESER au cours de l’année
2010. Sur ce sujet, le CESER propose par exemple de créer un conseil des exécutifs qui réunirait les
présidents du conseil régional, des conseils généraux, des communautés urbaines et des communautés
d’agglomération du territoire.
Les idées clés
SRDE : l’homme au cœur des ambitions économiques – regroupement des CCI – L’Etat régulateur, stratège
et protecteur – CESER : la boîte à idées
Les propositions du Sénat pour réindustrialiser les territoires
Après avoir auditionné une quarantaine de personnes et effectué des déplacements en France, en
Belgique et en Allemagne, la mission d’information du Sénat consacrée à la ré-industrialisation des
territoires a rendu un rapport final comportant 17 propositions :
1. promouvoir une culture industrielle et renforcer l’attractivité des formations dans ce domaine
2. intensifier la recherche et l’innovation au service du développement industriel
3. mettre en place un grand plan d’actions en direction des PME et des TPE industrielles
4. favoriser le dépôt et l’exploitation des brevets ainsi que la sécurité des innovations
5. renforcer les pôles de compétitivité
6. améliorer l’accompagnement à l’export des entreprises, notamment des PME et des ETI
7. renforcer la promotion du site France
8. mieux défendre les atouts de l’industrie française dans les marchés publics
9. faciliter le financement de l’industrie
10. faciliter la création d’entreprises innovantes
11. redéployer les allégements et les exonérations de charge sur les bas salaires des salariés des
services vers les salariés de l’industrie
12. autoriser les industriels à négocier des tarifs d’électricité contractuels aménagés
13. fusionner la convention de reclassement personnalisée et le Contrat de transition professionnelle
(CTP) et en ouvrir le bénéfice aux salariés dont le CDD ou la mission d’intérim arrivent à terme
14. tirer les conséquences des effets de la suppression de la taxe professionnelle
15. développer les initiatives régionales
16. réduire le handicap monétaire
17. définir une stratégie européenne harmonisée.
Mettre les entreprises et les territoires au cœur des politiques
d’innovation et de développement
L’exemple de la Basse-Normandie : la plateforme IDEIS
Né en Basse-Normandie, le projet Interdisciplinaire sur le développement des entreprises, l’innovation et la
stratégie (IDEIS) répond à un besoin de mise en synergie des différents acteurs qui participent au système
d’innovation d’une région. Le projet poursuit deux objectifs :
6
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
- participer à l’élaboration et au pilotage de la Stratégie régionale de l’innovation (SRI) en identifiant les besoins
et en évaluant les capacités d’innovation des PME, en fournissant des outils de pilotage de l’innovation et en
contribuant à la smart specialization1
- mettre en place une plateforme interactive de connaissances sur l’innovation et l’entreprise, elle-même
structurée autour de deux fonctions : l’évaluation de l’innovation dans les entreprises grâce à des enquêtes,
des diagnostics et un observatoire de l’innovation, et l’explicitation des problèmes et des solutions grâce à
des interactions entre acteurs, de l’auto-diagnostic et de la formation à l’innovation.
Les paradoxes de l’innovation
Innovation et taille de l’entreprise
Si l’on considère qu’il est nécessaire d’engager des travaux de recherche pour parvenir à innover, les
petites entreprises n’ont a priori aucune chance d’y parvenir (elles ne disposent pas des ressources
suffisantes pour investir dans la recherche). Pourtant, les statistiques révèlent que dans certains cas, les
entreprises de petite taille innovent sans faire de recherche.
Innovation et croissance
Il n’existe pas de relation simple entre l’innovation et la croissance. En effet, l’innovation n’est pas gage
de croissance, tout comme un taux de croissance important n’implique pas forcément un effort
d’innovation élevé.
Innovation et productivité
En revanche, l’innovation et la productivité d’une entreprise sont deux variables qui s’influencent
mutuellement. Les travaux de la plateforme IDEIS ont en effet permis de constater que les firmes
innovantes sont plus productives que celles qui ne fournissent pas un tel effort. Cette relation de cause à
effet s’explique aisément car innover consiste à créer de la valeur en valorisant les technologies et les
savoir-faire de l’entreprise. Ce faisant, l’innovation participe également à optimiser l’utilisation du capital
et des ressources humaines.
Inversement, les firmes les plus productives sont les plus enclines à innover de façon massive. En effet, il
est nécessaire de compter sur un bon niveau de productivité pour dégager les fonds nécessaires à la
pratique de l’innovation.
Dépasser les biais positionnels des entrepreneurs
La première enquête menée dans le cadre du projet IDEIS auprès de 90 PMI de Basse-Normandie a révélé
que les entrepreneurs souffrent de cinq biais positionnels :
- des difficultés à évaluer l’innovation et à manager les processus d’innovation
- des réseaux limités aux sphères directement professionnelles
- un trop faible développement des coopérations
- une prédominance de l’innovation d’amélioration ou d’adaptation orientée vers la satisfaction directe
des clients au détriment de l’innovation de rupture
- une connaissance des aides et un recours aux soutiens existants limités.
Pour dépasser ces difficultés, il est nécessaire de privilégier le soutien aux entrepreneurs. Des dispositifs
de soutien à l’innovation existent déjà mais ils sont le plus souvent méconnus des entrepreneurs, trop
complexes (les offreurs de compétences externes n’utilisent pas un vocabulaire connu des chefs
d’entreprise) ou inadaptés à leurs besoins.
Les idées clés
Innovation n’est pas croissance – l’innovation = hausse de la productivité – adapter l’innovation aux
entrepreneurs – l’innovation ne se limite pas à la recherche (le marché sanctionne in fine l’innovation)
1
Cette notion implique notamment que la spécialisation des territoires doit émerger naturellement de l’activité des entreprises et non être
imposée par les pouvoirs publics.
7
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
De l’idée au développement industriel et au marché
Rechercher l’idée
Un domaine à dynamiser
Dans le Nord – Pas de Calais, la recherche souffre d’importantes carences : manque de chercheurs, faible
implantation des organismes de recherche, insuffisance des dépenses consacrée à la R&D (seulement 0,64 % du
PIB régional)… Pourtant, la région dispose de plusieurs atouts pour construire une stratégie de recherche
audacieuse : importante population étudiante, présence de plusieurs pôles de compétitivité, nombreuses
entreprises innovantes… Le Nord – Pas de Calais doit réagir car seul un effort drastique envers la recherche lui
permettra de dynamiser l’innovation et l’économie ainsi que de bénéficier d’une meilleure image . Le
développement de la recherche fondamentale sur un territoire est cependant d’un travail de longue haleine,
d’autant plus qu’il doit s’envisager dans une trajectoire de long terme et au travers de choix qui permettront de
parvenir à l’excellence mondiale dans quelques domaines précis, liés aux points forts de la région (la mobilité dans
le secteur ferroviaire, la nutrition dans celui de la santé, etc.). Enfin, ce développement devra bien sûr s’envisager
dans le cadre d’un réseau mondial. A cet égard, le Nord – Pas de Calais peut profiter de sa situation stratégique
entre Paris, Londres et le Benelux.
Les opportunités offertes par les programmes nationaux
La région Nord – Pas a su tirer parti de plusieurs programmes nationaux. D’une part, dans le cadre de
l’opération Campus ont été retenus le projet Campus Grand Lille (soit un investissement de 420 millions
d’euros) et le projet Campus transports durables de Valenciennes (soit un investissement de 65 millions
d’euros). D’autre part, dans le cadre du programme d’investissements d’avenir ont été notamment
retenus le projet de l’Institut de recherche technologique (IRT) Railénium qui sera dédié aux
infrastructures ferroviaires du futur et celui de la Société d’accélération de transfert de technologies
(SATT) Nord de France VALO. Enfin, le projet d’Institut français des matériaux agro-sourcés (IFMAS) est en
bonne position pour figurer parmi les lauréats en tant qu’Institut d’excellence dans le domaine des
énergies décarbonées (IEED).
Innover : créer de nouveaux produits avec l’exemple du projet IFMAS
L’entreprise Roquette a choisi de s’engager dans un projet très ambitieux : la construction de la filière de la
chimie du végétal. Dans un monde économique très dépendant des ressources pétrolières, ce choix est
particulièrement pertinent. En effet, les matériaux issus de la chimie du végétal apportent une
alternative au pétrole en utilisant des ressources annuellement renouvelables basées sur un modèle
économique local transposable avec un impact limité sur l’environnement.
La construction de cette nouvelle filière intégrée allant des plantes jusqu’aux matériaux, en passant par la
chimie, fera intervenir une multitude d’acteurs : des centres de recherche, des industriels, des
plasturgistes attirés par le développement de produits verts et les donneurs d’ordre qui formuleront les
propriétés qu’ils attendront de ces produits.
Le développement de la filière de la chimie verte s’appuiera sur l’IFMAS dont le fonctionnement repose sur :
- un apport scientifique et technique avec le CNRS, l’INRA et le PRES
- un laboratoire commun entre ces experts et les services R&D de l’entreprise Roquette, en partenariat
avec les industriels de l’ensemble de la filière
- les compétences du Centre de recherche et d'essais de matériaux plastiques innovants bio-sourcés
(CREPIB).
En dix ans, l’IFMAS devrait générer la création ou le maintien de plusieurs centaines d’emplois, que ce
soit dans l’agriculture, la chimie ou encore la plasturgie.
Protéger : les enjeux de l’intelligence économique
L’intelligence économique consiste à collecter de l’information utile au développement de la stratégie de
l’entreprise (champ offensif) et à défendre ses propres points forts (champ défensif). Dans la région
8
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Nord – Pas de Calais, les acteurs de la protection de l’intelligence économique sont nombreux et variés :
gendarmerie, Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), chambres consulaires… Cependant,
malgré une offre de protection importante, il n’existe pas encore d’actions d’accompagnement des
entreprises qui souhaitent se regrouper pour protéger ensemble leurs informations. Pourtant, les
entreprises s’associent de plus en plus fréquemment dans des réseaux, le plus souvent de type informel,
pour envisager collectivement la protection de leurs données.
Les idées clés
Développer la recherche pour dynamiser l’innovation – se connecter à l’excellence mondiale en profitant
d’une situation stratégique – penser l’innovation de manière intégrée – intelligence économique –
accompagner les réseaux d’entreprises dans la protection de leurs données
Les réseaux de coopétition : comment mieux travailler
ensemble ?
Pôles de compétitivité : bilan mitigé d’une politique prometteuse
Deux pôles de compétitivité
Le déploiement du réseau des pôles de compétitivité sur l’ensemble du
en chiffres
territoire français correspond à une formidable politique d’animation de
UP-tex dans la filière textile :
l’innovation voulue par l’Etat. Pour sa part, la région Nord – Pas de Calais
- création en 2005
compte sept pôles de compétitivité sur son territoire. Bien qu’elle ait
- plus de 150 membres
suscité un intérêt fort des entreprises pour l’innovation, il convient de
- 71 projets labellisés
nuancer son succès. Tout d’abord, la création des pôles de compétitivité
I-Trans pour les transports :
s’inscrit donc dans une logique de multiplication des dispositifs qui pousse
- création en 2005
à adopter des comportements de concurrence. Ensuite, les pouvoirs
- plus de 200 acteurs mobilisés
publics attendent des pôles de compétitivité qu’ils génèrent de l’innovation
- 101 projets labellisés
qui doit elle-même permettre la création d’emplois. Aux yeux de l’Etat, le
contenu d’un projet n’est pas tant important que les effets positifs qu’il aura sur le développement économique.
Pourtant, en réalité, la recherche ne conduit pas inévitablement à de l’innovation. Enfin, la labellisation d’un
projet par un pôle de compétitivité implique d’y associer un laboratoire de recherche, or à l’heure actuelle les
chercheurs se détournent de la collaboration industrielle qui ne leur permet pas de progresser dans leur
carrière.
Pôles d’excellence : l’avantage de la souplesse
Un pôle d’excellence s’inscrit dans une dynamique régionale. Il ne perçoit pas de financements de l’Etat. Son
cadre est moins strict que celui d’un pôle de compétitivité, contraint à des obligations de recettes et de rendre
compte de son activité. La région Nord – Pas de Calais compte une dizaine de pôles d’excellence.
L’un d’entre eux, le pôle Images, créé en 2009 se veut le chef de file de la filière de la création numérique
actuellement en plein essor. Il fédère une centaine d’entreprises, 25 formations et une quinzaine de laboratoires.
En outre, implanté en trois lieux dans la région (la Plaine Images, entre Roubaix et Tourcoing, le Plateau
numérique des rives de l'Escaut à Valenciennes et la Fabrique à images à Arenberg), le pôle Images se développe
en réalité à une échelle euro-régionale qui inclut également la Flandre et la Wallonie.
Les acteurs impliqués dans l’activité du pôle sont issus d’horizons divers (élus de tous bords, représentants
d’organisations professionnelles variées, etc.) mais grâce à un long travail d’animation débuté en amont de la
création de la structure, ils ont appris à se connaître et à travailler ensemble. Ce travail s’est poursuivi une fois le
pôle devenu opérationnel. Pendant cette période, il n’a évidemment pas dégagé de résultats et il n’aurait pu
fonctionner sans le soutien du conseil régional et de la politique de pôle d’excellence.
9
MUTECOS L’ATELIER REGIONAL – 12 et 13 mai 2011 à Valenciennes
Les idées clés
Logique de résultat des pôles de compétitivité – multiplication et concurrence des dispositifs d’innovation
– souplesse des pôles d’excellence – apprentissage de la coopération
Les projets innovants du Valenciennois
Railénium, un projet exemplaire
Le projet Railénium, sélectionné en tant qu’IRT au titre du programme d’investissement d’avenir, sera au
service de la compétitivité de la filière ferroviaire et apportera beaucoup au Valenciennois ainsi qu’à la
région Nord – Pas de Calais tout entière. Il donnera à nos territoires une longueur d’avance pour se
développer à l’international et accroître les exportations. De plus, Railénium générera la création
d’environ 20 000 emplois, dont 8 000 au niveau régional.
Le succès de Railénium repose sur trois piliers :
- un excellent dossier technique
- la mobilisation des industriels
- un portage politique collectif des élus du conseil régional et du conseil général du Nord.
Il revient désormais aux élus locaux de se mobiliser collectivement pour parvenir à rendre acceptable un
tel projet d’infrastructure auprès de l’opinion publique. Mais dès aujourd’hui, ce dossier restera
l’emblème de la capacité qu’ont les partenaires à porter et à valoriser d’une seule voix un projet, le tout
dans un esprit de solidarité.
Une stratégie de développement qui doit profiter à tout le Valenciennois
Le projet Railénium s’inscrit dans la stratégie construite par Valenciennes Métropole en matière de
développement économique qui s’appuie sur trois piliers : l’industrie, l’innovation et la recherche, et le
développement de bases logistiques et d’infrastructures adaptées pour assurer la desserte des
entreprises. Ces trois piliers se retrouvent dans chacune des filières d’excellence du territoire :
- la filière des transports durables : le Valenciennois peut compter dans ce domaine sur la présence de
grands industriels, de nombreux équipementiers et sous-traitants, du pôle de compétitivité I-Trans, etc.
- la filière numérique : le Valenciennois peut compter dans ce domaine sur les écoles du groupe
Supinfocom et l’existence d’équipements de point (Ateliers numériques, par exemple)
- la filière logistique : les projets du canal Seine-Nord, du désenvasement du canal de Condé-Pommeroeul,
du développement d’un port logistique sur les communes de Saint-Saulve et Escautpoint, par exemple,
sont autant de points forts du territoire dans ce secteur.
La stratégie de développement du Valenciennois ne repose pas uniquement sur ces filières d’excellence.
Le territoire a trop souffert de la spécialisation économique autrefois. Par ailleurs, en dépit des créations
d’emploi et de l’arrivée de nouveaux habitants, le Valenciennois souffre toujours d’un taux de chômage
important. S’il est important de développer l’emploi de haut niveau, il faut aussi permettre aux personnes
peu qualifiées de trouver un travail. La nouvelle vitalité du territoire doit profiter à tous ses habitants.
10
Téléchargement