I-L'émancipation politique
Nous souhaitons introduire cette grande première partie par les deux citations suivantes
qui correspondent bien à l'évolution des mentalités politiques à l'égard de la femme :
-« En vérité, je suis bien ennuyée d'être une femme : il me fallait une autre âme, ou un
autre sexe, ou un autre siècle. Je devais naître femme spartiate ou romaine, ou du moins homme
français. [...] Mon esprit et mon cœur trouvent de toute part les entraves de l'opinion, les fers des
préjugés, et toute ma force s'épuise à secouer vainement mes chaînes. O liberté, idole des âmes
fortes, aliment des vertus, tu n'es pour moi qu'un nom ! »
Mémoires de Madame Roland - Jeanne-Marie ou Manon Philippon (1754-1793)
-« N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que
les droits des femmes soient remis en question.
Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Simone de Beauvoir (1908-1986)
La première démontre la volonté grandissante qu'ont de plus en plus de françaises du
XVIIIème siècle de sortir de la sphère familiale où les enferme le patriarcat, le plus loin possible
de la civilité et du pouvoir qui n'est même pas accordé à tous les membres de la gente masculine
dans un premier temps. Pourtant, les femmes durant la Révolution prennent la décision d'y
participer. Les principales revendications des hommes (par exemple : la répartition des pouvoirs
politiques au peuple) inspirent les femmes quant au souhait d'amélioration de leurs conditions.
La deuxième entreprend de faire prendre conscience aux femmes de maintenant que les
droits et libertés gagnés en quatre siècles peuvent disparaître selon beaucoup de facteurs de
société mais surtout qu'aucun droit n'est jamais complètement acquis pour les femmes. Et qu'ils
faut continuer de se battre pour défendre cette cause jusqu'à atteindre une parfaire égalité des
sexes.
1) La Révolution française : un espoir déçu pour la cause féminine
En France, au XVIIIème siècle, la femme est considérée comme étant perfide,
manipulatrice et corrompue; elles est aussi inférieure à son homologue masculin physiquement
et mentalement. Ces faits expliquent la raison pour laquelle elle est évincée de la vie politique du
pays. A la veille de la Révolution française, les mentalités n'ont pas beaucoup changé…
Le siècle des Lumières, qui a bercé les idées révolutionnaires engendrant la prise de la
Bastille, n'était pas favorable à l'émancipation des femme. Les sciences humaines telles que la
littérature, la philosophie et la médecine ont croisé leurs arguments pour expliquer et ainsi
rabaisser la position féminine dans la société ; elles parlent donc de « constitution délicate »,
« tendresse excessive », « raison limitée », « nerfs fragiles » : ce qui détruit toute possibilité pour
les femmes d'avoir de la force (qu'elle soit physique ou mentale) et d'ainsi se créer une place au
sein de la vie politique française. Voltaire expose même, dans son Dictionnaire philosophique
(1764) : « il n’est pas étonnant qu’en tout pays, l’homme se soit rendu maître de la femme, tout
étant fondé sur la force. Il a d’ordinaire beaucoup de supériorité par celle du corps et même de
l’esprit. »
Lors de l'Ancien régime (1492-1789), chaque français faisait partie d'un ordre social : la
noblesse, le clergé ou le Tiers-Etat ; une hiérarchie en ce sens est donc fondée. Le terme de droit
individuel n'existe pas aux yeux des deux premiers ordres. Seul le Tiers-Etat, qui correspond à
98% de la population en France, travaille et paie des impôts. Éclate alors la Révolution française
de 1789 qui conteste la monarchie absolue de droit divin et le système féodal où les inégalités
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