
hygIèNeS • Volume XVIII - N°1 • Prévention des infections en établissements d'hébergement Pour Personnes âgées déPendantes 29
INTRODUCTION
P
rivés ou publics, rattachés ou non à un hôpital, les
ÉHPAD sont des structures où les personnes âgées,
souvent dépendantes, vivent en collectivité pour de lon-
gues périodes, souvent jusqu’à leur décès [1]. Le taux
d’infections endémiques est élevé et le risque épidé-
mique est permanent [2]. Les maladies infectieuses repré-
sentent donc un problème majeur dans ces institutions
gériatriques [3]. En effet, la vie en collectivité, l’immu-
nosénescence, la dénutrition [4-6], le vieillissement phy-
siologique et les altérations fonctionnelles [7] sont des
facteurs favorisants bien connus d’infections bactériennes
et virales.
1 Infections en nursing homes
et ÉHPAD
Aux États-Unis, 1,5 million d’infections sont dénombrées
chaque année dans les Long-Term Care Facilities (LTCF)
1
et causeraient 27 % à 63 % des hospitalisations en nur-
sing homes [8-11]. Le coût annuel associé à ces hospita-
lisations varie de 673 millions de dollars (533 millions
d’euros) à 2 billions de dollars (1,6 billion d’euros) [11].
Ces infections sont associées à une morbidité et une mor-
talité importantes [8]. En France, très peu d’études ont
exploré le risque infectieux en ÉHPAD bien que 443 765
personnes âgées y soient institutionnalisées en 2006.
Une enquête nationale de prévalence des infections en
ÉHPAD a été réalisée par l’ORIG en 2006-2007 portant
sur 44 870 personnes âgées dans 577 ÉHPAD. Le taux
de prévalence global des infections tous sites confon-
dus (communautaires et acquises en maison de retraite)
était estimé à 11,2 pour 100 résidents (IC 95 % : 10,9-
11,5). Les infections respiratoires hautes et basses repré-
sentaient le premier site infectieux (41 %), suivies des
infections urinaires symptomatiques (24 %). En ana-
lyse multivariée (Odd Ratio ajusté ou ORa), les infections
étaient associées :
• à la dépendance : GIR ≤ 2 versus GIR > 2 (ORa 1,3 ;
IC 95 % : 1,2-1,4) ;
• au sondage urinaire (ORa 3,4 ; IC 95 % : 3,0-4,0) ;
• à la présence d’escarres (ORa 2,6 ; IC 95 % : 2,3-2,9) ;
• à la période de l’étude : hiver versus été (ORa 1,7 ;
IC 95 % : 1,5-1,9).
1.1 Infections respiratoires
Une revue de la littérature a montré que les pneumonies
et autres infections respiratoires basses sont fréquem-
ment observées chez les résidents hébergés en maisons
de retraite [12-15] et que le taux d’hospitalisation dû à ces
infections peut atteindre 50 %. L’hospitalisation peut être
associée à une diminution de la qualité de vie, une dégra-
dation de l’état général, des chutes et autres complications
[16-18]. En l’absence de recommandations concernant
la vaccination des personnes âgées contre le pneumo-
coque, le taux de vaccination anti-pneumococcique reste
assez bas d’après certaines études [19]. La vaccination
antigrippale des résidents semble cependant être assez
importante en nursing homes [19], mais la vaccination du
personnel doit être encouragée dans ces structures car il
s’agit d’une stratégie préventive importante [20].
1.2 Infections urinaires
Dans la littérature, le taux de prévalence varie de 0,6 %
à 21,8 %, ce qui correspond à une incidence de 0,1 à
2,4 infections urinaires pour 1 000 patients-jour [21].
Il est cependant nécessaire de préciser que certains
auteurs ne disent pas clairement s’ils ont inclus ou non
les bactériuries asymptomatiques. En effet, les bactériu-
ries asymptomatiques sont fortement associées à la pré-
sence d’incontinence fécale ou urinaire et à la démence
[22] ; comme pour l’infection urinaire, elles sont égale-
ment associées, chez une proportion non négligeable de
personnes âgées [7,22], à des changements mécaniques
ou à des modifications au niveau de l’épithélium urétral,
à l’hypertrophie prostatique chez l’homme et à des modifi-
Introduction
1- Ce terme inclut les hôpitaux de maladies chroniques, les maisons de retraite, les centres de réhabilitation et les longs séjours.