. Messe des Obsèques de Jacqueline Aubry L’Ile Bouchard 19 mars 2016 Dans les souhaits qu’elle avait émis Jacqueline redisait tout l’amour qu’elle portait à la Vierge Marie et suggérait que soient utilisés les textes de la messe de l’Annonciation. Il se trouve que dans l’Eglise universelle nous célébrons en ce jour la solennité de Saint Joseph… Jacqueline aurait tout à fait compris qu’en fêtant Joseph nous célébrions celui qui aux côtés de Marie a été associé en toute discrétion au mystère du Salut apporté au Monde, à l’humanité tout entière, en Jésus Christ, celui qui a été intimement associé à son Fiat … Joseph, comme Marie, nous conduit au Christ l’unique sauveur de notre humanité … Joseph le gardien de la Sainte famille… la famille objet de tant de prières de la part de Jacqueline… Nous le savons, frères et sœurs, le mystère de notre rédemption se trouve à la jonction de deux oui : -celui du Fils de Dieu qui répond au Père en lui disant : voici que je viens pour faire ta volonté - le oui de Marie grâce auquel Jésus a pu prendre corps et se faire l’un de nous… En ce jour où l’Eglise veut célébrer celui qui a accepté de prendre Marie pour épouse l’évangéliste Matthieu nous propose le récit de l’annonce faite à Joseph. Ce passage veut nous rapporter quelle fut l’origine de Jésus. Dans ce premier chapitre de son Evangile, Matthieu emploie deux fois le terme « origine, genèse ». Cet emploi n’est pas fortuit, son récit s’ouvre ainsi : Livre de la genèse de Jésus-Christ, Fils de David, fils d’Abraham et dans la lecture de ce jour nous pouvons entendre : telle fut l’origine, la genèse, de Jésus Christ. Par ce mot genèse, origine, Matthieu veut relier l’œuvre de la création à celle de la rédemption. En nous donnant son Fils, Dieu vient reprendre, réparer si l’on peut dire, son œuvre de création abimée par le péché de l’homme. Matthieu nous trace alors l’itinéraire de l’Incarnation : Abraham : le Père de la foi David: le destinataire de la Promesse Joseph : le juste, Joseph auquel Marie est accordée en mariage. Et, nous dit Matthieu, avant qu’ils n’aient habité ensemble, Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Une première chose nous étonne : le silence. Le silence de Marie : c’est le silence de celle que rien ne détourne de l’amour de Dieu. Silence qui se laisse habiter par le Verbe de Dieu, silence devant ce qui mystérieusement germe en elle, silence devant ce Dieu qui en elle se fait homme. Comme le dira l’évangéliste Luc : Marie gardait déjà toutes ces choses dans le silence de son cœur. Oui Frères et Soeurs, Dieu ne germe et ne grandit que dans le silence… Le silence de Joseph : Joseph étonné de ce qui se passe en Marie ne rompt pas ce silence : il ne dit rien à Marie. Joseph sûr de celle qui lui est promise veut s’effacer devant le mystère de ce que Marie porte en elle. Joseph respecte ce mystère qui le dépasse, il veut s’effacer, disparaître, se retirer. C’est alors que l’Ange de Dieu apparaît en songe à Joseph : « ne crains pas, lui dit-il, de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Cet Esprit Saint, c’est celui de la genèse, celui des origines: c’est celui qui est au cœur de la création, c’est l’Esprit qui vient féconder l’histoire des hommes. Marie porte en secret le salut du monde et voilà que Dieu demande à Joseph de collaborer à l’œuvre de la rédemption. Voilà que Joseph reçoit un rôle positif à jouer : il doit aussi dire son oui en insérant l’enfant de la Vierge Marie dans la lignée de David, dans sa propre lignée à lui. Joseph va contribuer à la réalisation de la promesse, il va se mettre au service de l’Esprit Saint en partageant l’existence de Marie, en faisant grandir l’Emmanuel dans leur foyer. Marie et Joseph vont faire du « Dieu avec nous » le sauveur du monde, le sauveur de tous les hommes. Tu lui donneras le nom de Jésus : dit l’ange de Dieu; Joseph s’efface devant le devenir de cet enfant. Ce n’est pas lui qui va lui donner son nom. Joseph s’efface totalement devant l’Esprit Saint. En acceptant de donner à l’enfant le nom que Dieu lui indique, cet enfant sera ce que Dieu veut qu’il soit. Joseph s’en remet totalement à Dieu, il fait confiance, il obéit. Le FIAT de Joseph est silencieux, son FIAT est en actes « quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit ». Joseph le juste sort de son sommeil, Joseph, le juste, agit. Matthieu nous montre l’immédiateté de la réponse de Joseph… tout comme l’évangéliste Luc nous relate celle de la réponse de Marie, ce Fiat sans réserve qui offre à Dieu la disponibilité au don du salut. Chacun de nous est invité à accueillir le Verbe de Dieu dans sa vie… Chacun de nous est invité à se laisser habiter par la fécondité de l’Esprit Saint… Chacun de nous par son humble accueil est invité à devenir signe, témoin du salut au cœur du monde. Cette disponibilité humble et silencieuse…Jacqueline s’est efforcée de la vivre tout au long de sa vie… Nous rendons grâce aujourd’hui pour son témoignage d’une vie tout empreinte d’écoute, de simplicité, d’humilité, de discrétion à l’image de Marie et de Joseph. Nous confions Jacqueline à la miséricorde de Dieu… que les Saints Anges comme le dit la liturgie, l’accueillent et la conduisent au paradis… qu’elle y retrouve toutes celles et tous ceux qu’elle a aimés, ses parents, sa petite sœur Jeannette et tant d’autres… qu’elle y retrouve celle qui a tant marqué sa vie, MARIE… Marie que nous invoquons ici même sous le beau vocable de Notre Dame de la prière.