Religions : mélodies divines de la paix

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Religions :
mélodies divines de la paix
Adamou NDAM NJOYA
Religions :
mélodies divines de la paix
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-296-12875-0
EAN : 9782296128750
AVANT-PROPOS
L’idée d’écrire cet ouvrage a germé depuis longtemps
face à ce que nous vivions et continuons depuis de vivre
comme croyant avec des croyants et des non croyants se
réclamant comme tels autour de nous ; et puis, instruits par
ce que nous apprend l’histoire des religions et des vécus et
expressions de la foi par les croyants des différentes
confessions. Cela s’est, ainsi, imposé comme un défi, et
une mission divine appelant à l’expression de notre
expérience du vécu quotidien de la foi. Ceci parce que,
dans le fond, tous les êtres humains se trouvent dans les
mêmes situations où ils ont à vivre cela, de façon variable,
au milieu des réalités culturelles, socio-économiques,
politiques des plus diverses et en permanentes mutations.
Telle est la réalité, et telle est la volonté de Dieu. Plus
encore, les livres saints dans leurs originalités comme
éclairages voulus par Dieu pour ses créatures, ont toujours
été cet appel impératif qui fait que l’on n’hésite pas et que
l’on se sente un devoir d’agir. Beaucoup de nos écrits et de
nos interventions dans différentes conférences et
rencontres religieuses ou inter religions ont toujours été en
réponse à ce pressant appel. Cette dimension s’est
affirmée à la suite des réflexions et du travail que nous
avions entrepris à la demande de l’UNESCO pour
l’élaboration d’un document: « Contributions des
Religions du Monde à la Paix Mondiale » commandé dans
le cadre du prix international Félix Houphouët-Boigny
pour la paix. Au cours du travail, les réflexions se
développant, partant des expériences vécues et sous
l’éclairage de l’Eternel dont nous ne sommes que
l’instrument, il est apparu clairement que les religions du
monde sont, véritablement, à la fois et des partitions
divines de l’amour et des mélodies divines de la paix.
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Chemin faisant, dans le vécu de notre foi de
musulman et de croyant ouvert et attentif aussi bien, aux
autres livres saints et confessions dont parle le Coran
qu’aux lectures et pratiques que mènent, à partir des
messages révélés, les musulmans et les autres croyants,
nous nous sommes rendu compte que l’histoire de l’être
humain qui aura été profondément marquée par la
confiscation de Dieu est en train de prendre un grand
tournant car, de nos jours, nous assistons à la fin de cette
confiscation :
- on s’interroge, on voit que l’autre est là, et que
l’immensité de notre monde constitue un grand miracle
divin dont on ne peut réduire les dimensions ni lui imposer
sa voie ;
- le phénomène qui se développe et vit en chaque
personne se manifeste comme culture entre les membres
d’une communauté religieuse devenant l’expression de la
communauté comme entité nourrie aussi bien par les
interprétations des textes sacrés que les exploitations des
faits et gestes, des traditions laissées par celui par qui Dieu
aura révélé la source de la foi, la religion ;
- les textes sacrés ainsi que les traditions laissées par
les messagers de Dieu, les fondateurs des religions,
revisités et profondément vécus aujourd’hui dans leur
essence originelle, interpellent les uns et les autres pour
mettre fin à la confiscation de Dieu ;
- personne ne peut plus se réclamer la propriété d’un
Livre Saint désormais de plus en plus accessible et
exploitable par toute créature humaine ;
- au-delà de cette interpellation, interviennent plus
fortement encore les pressions des réalités de la vie, les
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effets de la réduction des dimensions de note univers
terrestre du fait de l’explosion des technologies entraînant
d’énormes facilités en matière de communication et
d’échange entre les êtres humains, d’une région à l’autre ;
- il y a, de plus en plus, des éléments de comparaison
renforcés par l’ouverture de l’esprit et le progrès dans la
vie et l’expression de l’intelligence ; ce qui inscrit dans le
relatif toute chose ;
- les menaces qui pèsent sur notre environnement du
fait de l’industrialisation qui, de façon aveugle, s’est
développée sans que l’on réfléchisse aux conséquences
des déchets et des gaz toxiques polluant et empoisonnant
l’atmosphère, la rendant invivable ;
- le fossé entre les riches et les pauvres, entre le nord
et le sud et puis les crises multiformes latentes sourdes
qui, touchant les régions qui se croyaient à l’abri, font
éclater au grand jour le vrai problème qui est celui des
valeurs en général, des valeurs humaines et de l’éthique
devant fonder, éclairer la vie et les activités aussi bien des
êtres humains que de toutes les institutions, qu’elles soient
publiques ou privées ; et les religions sont par excellence
ces sources des valeurs.
Tout cela, jouant et se conjuguant, nous entraîne dans
l’ère de la fin de la confiscation de Dieu par les religions
et par les êtres humains se singularisant dans des
communautés fermées. Avec cette ère, les êtres humains
vont de plus en plus connaître la vie et l’épanouissement
de notre commune humanité dans notre unique
environnement telle que chantée et exaltée par les
religions du monde, les textes sacrés et les traditions
laissées par ceux que Dieu a bien voulu établir comme
messagers-fondateurs. Ce sont ces textes saints et ces
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traditions qui, éclairant, élèvent et guident pour vivre
pleinement sa foi en Dieu loin des différentes
confiscations aux expressions les plus diverses, suivant les
cultures développées par les êtres humains à travers les
âges et les différentes régions de notre planète terre.
Cet ouvrage, sans prétention aucune, s’est imposé à
nous comme un devoir de croyant qui vit et travaille aussi
bien au niveau local, national, qu’international avec les
autres croyants de diverses confessions et aussi ceux qui
sont indifférents à telle ou telle religion gardant dans le
secret de leur cœur ou exprimant ouvertement leur relation
directe ou non avec le Créateur, l’Etre Suprême, avec
Dieu.
L’instrument de Dieu.
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LIMINAIRE
L’OUVERTURE SUR LA TRAME DES REALITES
POUR LA POURSUITE DES REFLEXIONS ET DES
ACTIONS METTANT FIN A LA CONFISCATION
DE DIEU
Notre monde d’aujourd’hui s’impose comme celui de
la convergence par la foi et de la rencontre et partage par
la spiritualité. Cette foi et cette spiritualité éclairent plus
encore ce qui, entre autres caractéristiques, marque
profondément l’être humain dans sa vie et ses activités et,
en conséquence, toutes les institutions qu’il crée : la
générosité et l’égoïsme. L’ego semble l’avoir emporté sur
la vie et l’expression des créatures humaines sous tous les
cieux et dans toutes les communautés par les
conséquences désastreuses dont les guerres ont été les
meilleures des illustrations. Les religions ne vont point
être épargnées et dans bien des faits historiques, elles
auront constitué les creusets du développement des effets
de l’ego dont les guerres des religions à l’intérieur d’une
même Religion ou entre des religions différentes ; et tout
cela loin de la nature et de l’essence même des religions
qui est de Dieu, qui est divine.
Les religions du monde constituent des domaines des
plus riches et des plus cruciaux et déterminants pour notre
humanité offrant ce qui est fondamental pour l’équilibre et
l’harmonie dans la vie des êtres humains, que l’on se situe
dans le temps ou dans l’espace. Cette richesse est d’autant
plus grande que les questions spirituelles tirant les leçons
du passé et des réalités mouvantes sont à l’ordre du jour.
Aussi, connaissons-nous au sein des religions, des
bouillonnements conduisant à des adaptations ou à la
création des formules d’approches aussi bien par les
responsables religieux que par les croyants. En effet,
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l’éloignement des fidèles de certains lieux de culte et la
prolifération des associations ainsi que de différentes
sortes d’organisations ou encore des institutions
communément appelées sectes par ceux qui sont au
dehors, s’expliquent par le manque de satisfaction des
fidèles qui désertent les cadres classiques dont, certains,
pour survivre, doivent, ou sont même obligés de s’adapter,
de se réformer face aux mutations sociales pour répondre à
la mentalité et aux réalités du temps.
Les institutions à caractère spirituel ou intervenant
dans les questions de la spiritualité, quelles que soient
leurs appellations, de plus en plus nombreuses et, ayant
leur vitalité et leur activisme pour armes, bien que ne
regroupant pas souvent un grand nombre de personnes et
ayant un rôle apparemment limité, participent à la
manifestation de la rupture avec la confiscation de Dieu.
Les animateurs et les adeptes de ces institutions ont été ou
sont les fidèles des grandes religions qui nous intéressent
au premier chef et qui constituent dans leurs fondements et
la pureté de leur essence, ces partitions et ces mélodies
divines de l’amour et de la paix. Elles ont un grand rôle à
jouer pour l’expression puissante et profonde de notre
commune humanité, et la paix dans notre monde qui a ses
racines dans notre cœur, dans notre esprit auxquels
s’adressent les religions quelles qu’elles soient. C’est du
cœur, de l’esprit que naissent, se cultivent, se développent
l’amour et la paix et pour ensuite, avec la lumière qu’ils
véhiculent, se répandre.
Pour nous inscrire dans la logique de la dynamique du
temps, il fallait, s’agissant des grandes religions
classiques, se resituer au niveau des livres saints car le
véritable problème est celui de leur lecture ou relecture ;
cela non seulement sur le plan théorique mais aussi sur le
plan pratique. En effet, nous avons eu l’avantage d’être de
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ceux qui ont été associés aux grands mouvements rompant
avec l’enfermement au sein des traditions religieuses
données pour développer des réflexions et des actions pour
la contribution des religions à la paix mondiale. Il y a là un
élément fondamental ; car ce n’est pas un observateur
extérieur développant une approche purement théorique,
mais un acteur et penseur en même temps, qui aura été
depuis plus de trois décennies au cœur de l’action.
C’est ainsi, en nous, le croyant, le penseur et l’acteur
en même temps qui, directement associés, agissent,
réfléchissent avec toutes les dimensions de sensibilité et de
rationalité qui peuvent émerger en chaque personne. Ce
qui est intéressant, c’est que nous nous situons dans une
période et un contexte où les relations de coopération
interreligieuse ont pris un grand tournant ; ce qui permet
d’avoir des riches éléments pour mieux mettre en exergue
des réalisations et les voies pour des actions importantes
qui doivent être déployées en même temps que l’on fait
ressortir les premiers résultats atteints en ce qui concerne
les religions touchant directement l’être humain et la
société dans ce qui fait leur essence parce que apparaissant
dans toute leur splendeur comme partitions et mélodies
divines pour l’amour et la paix. De par l’expérience, se
dégage une constante qui veut qu’il faut toujours revenir
aux fondements des religions, à la Parole de Dieu, aux
Ecritures Saintes ; car, à travers les âges, suivant les
réalités, les hommes ont eu à les interpréter, souvent en
vase-clos et pour des objectifs des plus divers qu’ils
voulaient atteindre. Telle est la première observation à laquelle nous avons abouti pour mieux situer les niveaux
d’action.
Le monde d’aujourd’hui, du fait de l’intelligence
humaine, puis des découvertes scientifiques et des
réalisations techniques qui en découlent, est plus que
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jamais ouvert grâce à l’information et à la communication,
en général, qui réduisent les distances entre les créatures
humaines, faisant des merveilles avec les contacts, les
échanges qui sont de plus en plus nombreux et instantanés.
Ceci étant, en même temps, nous réalisons les limites
humaines et percevons l’immensité infinie de DIEU à
travers et l’infiniment petit et l’infiniment grand ainsi que
le mystère insondable du Créateur, de Dieu ; tout ceci
constitue un puissant appel à l’humilité dans la fierté
d’être la créature humaine. En même temps, l’esprit et la
raison se montrent dans toute leur puissance comme des
domaines à pénétrer comme l’avaient mis en exergue les
philosophes des Lumières au XVIIIème siècle. L’être
humain a, en lui, le divin, toutes les vertus divines et cela,
voulu par Dieu en le créant à son image ou en lui
insufflant son souffle pour en faire son calife c’est-à-dire
son représentant sur la terre : la Torah, l’Evangile, le
Coran sont riches d’enseignements pour tout cela.
Aussi, face à cette situation, se pose avec acuité la
question de la conscience qui est caractéristique de l’être
humain, l’amenant à se placer dans la situation des
relations directes, d’abord entre l’individu et son créateur,
ensuite entre la création, toute créature et le créateur et
enfin entre la créature humaine et le créateur. Ceci
conduisant au niveau de la foi que chaque personne
comme croyante vit intérieurement, individuellement,
l’exprimant sans contrainte parce que se construisant une
confiance, une lumière intérieure propres qui la guident
dans les actes qu’elle pose, les actions, les réflexions
qu’elle extériorise, participant ainsi à l’expression de la
société dans un sens ou l’autre. Ainsi, chaque créature
humaine croyante a en elle les germes de résistance et de
lutte contre toutes les formes de confiscation développées
par les religions. Le Protestantisme, à titre indicatif, est né
de la lecture différente de la Bible et d’ l’application
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conséquente par rapport à ce qui avait cours jusqu’à
l’avènement de Luther, puis de Calvin.
Telle est la deuxième observation qui est une
proposition d’ouverture et pour les réflexions, et pour les
actions à conduire.
Il s’agit, au bout du compte, de vivre la foi, sa foi et de
voir l’autre vivre la foi, sa foi pour que se dégagent et
s’affirment les bases saines et permanentes de la rencontre
et du partage conduisant à l’éclosion continue des germes
positifs fondant la vie de la société ainsi que l’éclairage et
la dynamique de ses membres ; ce qui conduit à l’éclosion
et à l’expression de la conscience religieuse, de l’éthique
religieuse pour fonder et animer la vie et les activités aussi
bien des personnes physiques que des institutions
contribuant à l’expression de la société dans toute sa
personnalité, dans toute son identité qui se doivent d’être
positives, pour le bien, l’amour, comme le veulent toutes
les religions du monde.
Telle est l’autre observation qui est aussi une direction
d’action qui se dégage.
La question de fond est d’arriver à ce qui ne se fait pas
parce que n’apparaissant pas dans le lot du commun, à
savoir cette interrogation permanente pour voir l’impact
de la foi et de sa conscience religieuse sur sa propre vie,
sur la vie politique, sur les activités économiques, sociales
et culturelles. Le problème est de mettre fin à l’association
superficielle de la foi et de la vie, pour ainsi arriver à la
dynamique où toutes les activités, toutes les entreprises
humaines, doivent être ces prolongements de la prière, de
la méditation, c’est-à-dire de la rencontre dans l’intensité
infinie avec le créateur, de la communion avec l’Etre
Suprême, - celui-là qui est amour, paix, lumière - tout au
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moins de l’harmonie unique qui naît dans la voie que l’on
emprunte pour l’ascension vers Dieu, avec Dieu. L’être
humain, quelle que soit sa croyance, doit être préparé en
profondeur et de façon continue à cela.
Le temps de communion avec Dieu dans la prière doit
se poursuivre avec l’adoration concrète que doivent être
désormais les activités, les actes du croyant. Par là va
s’épanouir la dimension positive de l’être humain et se
consolider la base de la foi qui le rend positif en
permanence, avec sa grande expression dans la démocratie
et la liberté qui, dons de Dieu, doivent être des conquêtes
permanentes. C’est bien ce que nous trouvons dans les
paroles de Dieu et dans les livres saints et les pratiques
laissées par les prophètes.
Les abus notés jadis de la part des responsables
religieux et politiques et les intolérances vécues
aujourd’hui, ne sont-ils pas liés au non-respect de la
lumière que nous offrent les livres saints et tout ce qui, des
voies insondables du créateur, est offert à l’être humain ?
Cependant, il y a lieu de constater que des mutations
profondes sont en train de s’opérer et retenir que l’espoir
s’annonce quant à la rencontre au niveau de l’essence
humaine qui est une nécessité impérative ; oui, il y a lieu
de se retrouver par l’essence. C’est cette rencontre qui doit
être encouragée entre les croyants de différentes
confessions, entre les leaders spirituels et politiques, entre
les êtres humains d’origines différentes pour faire éclore
une nouvelle éthique, pour une plus grande humanisation
des relations entre les créatures humaines, et au sein de la
société de toute la communauté humaine. La nouvelle
éthique est vécue comme source du devoir et du droit, et
puis éclairage et dynamique du devoir et du droit parce
que s’imposant comme façon d’être, de faire excluant les
conceptions égoïstes des valeurs alimentées par les
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égoïsmes qui, caractéristiques de l’être humain,
l’emportent souvent sur cette autre caractéristique de l’être
humain qu’est la générosité. Les religions voulues par
Dieu ne sont-elles pas les mélodies divines appelant et
présidant à la rencontre, au triomphe de la générosité,
c’est-à-dire à l’harmonie, à l’amour et à la paix ?
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RELIGIONS DU MONDE :
CES MELODIES DIVINES DE LA PAIX
ET DE L’AMOUR
INTRODUCTION
Par la place centrale qu’elles ont de tout temps
occupée dans la conscience et la vie humaines et, de ce
fait, dans la dynamique de toute société et des relations
entre les sociétés, les religions, c’est-à-dire l’ensemble des
croyances et des pratiques ayant pour objet les rapports de
l’homme (être humain) avec la divinité ou le sacré,
constituent de nos jours l’une des bases incontestables
pour les mutations irréversibles dans les mentalités, dans
les esprits pour asseoir la paix mondiale ; en effet, les
religions touchent l’esprit, appellent à l’élévation
spirituelle, c’est-à-dire à l’amélioration de l’être humain
au niveau du système où se forment, se développent les
germes de toutes les activités humaines ; et, comme cela
est dit dans le Préambule de l’Acte constitutif de
l’UNESCO, « la guerre prenant naissance dans l’Esprit
des hommes, c’est dans l’Esprit des hommes qu’il faut
élever les défenses de la Paix ». Si les religions ont failli
au cours des âges et n’ont pas réussi à empêcher les
guerres et les conflits, cela veut-il dire qu’elles ne le
pourront jamais ? Le problème de nos jours est
désormais celui de la nouvelle lecture des religions, de
ce qui les fonde et surtout, celui de la rencontre des
religions et de leur lecture par les croyants de
différentes confessions. Ces croyants, dans leurs
religions, leurs croyances, ont ce même objectif :
l’aspiration à s’élever vers la divinité, vers le sacré, vers ce
qui est de ce fait harmonie, amour, paix. « Le problème
capital de la fin du siècle sera le problème religieux » et
nous ajoutons ceci à ce qu’écrit André Malraux (1) : le
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troisième millénaire sera spirituel, et donc marqué par la
conquête effrénée du jardin d’Eden par les descendants
d’Adam et Eve. Les êtres humains n’ont-ils pas connu une
succession de chutes où, Dieu, par amour, les relève en
envoyant ses prophètes et en suscitant des humanistes, des
sages pour les éclairer, pour leur inspirer des chants
d’amour ?
Nous sommes à la fin du 2ème millénaire annonçant le
début du 3ème millénaire ; s’il y a là une évidence, un
acquis dans l’esprit des créatures humaines, ce même
esprit, passant de la simple constatation pour réfléchir un
peu et s’engager dans la voie de la connaissance
scientifique, réalise que cette référence au millénaire
correspond au point de départ d’une religion avec la
naissance du christianisme qui prend toute sa dimension
universaliste lorsque Jean-Baptiste, ayant baptisé JésusChrist de l’eau – ce dernier baptisant du Saint-Esprit –
entreprend les prédications (2). Depuis, les chrétiens sont
évalués à plus d’un milliard et se trouvent parmi les
acteurs de la paix ou de l’absence de paix. Parce que Jésus
par amour est crucifié, les chrétiens sont ceux-là qui
acceptent la vie dans et pour le triomphe de l’amour. Le
même esprit, se situant dans le cadre de ces deux
millénaires, se rend compte que, en l’an 620, à 40 ans, le
prophète de l’islam, Muhammad (paix et salut sur lui)
reçoit le message coranique et commence la prédication
qui durera 22 ans ; pour cette religion, nous sommes à l’an
1413 et il y a approximativement 1 milliard de
musulmans. Avant le christianisme et l’islam, il y a le
judaïsme qui, bien que n’ayant pas des centaines de
millions d’adeptes a marqué et continue de marquer
profondément les phénomènes de perception et d’action
pour la paix ou non dans notre monde. Depuis, d’autres
religions et croyances se sont développées : les bahais, les
sikhs, ces derniers qui, malgré leur petit nombre,
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constituent une force dans l’Inde qui, à près de 90 % de
son presque milliard d’habitants, est hindoue. Avec
l’Hindouisme, l’esprit qui se situe à la fin du 20e siècle,
allant au-delà du début de l’ère chrétienne, on réalise que
3 500 ans plus tôt, sur les rives du Gange, les Aryens,
déferlant, vont imposer aux populations locales leurs
traditions et les conceptions de l’organisation de la société
en castes (3) qui, constituant une profonde réalité de nos
jours et une forme de croyance, tient compte des mutations
liées à l’ouverture du monde, à l’interdépendance des
peuples ; cette grande religion est cristallisée dans les
Védas qui sont le produit des enseignements, des
réflexions ou de l’inspiration des sages, de la
communauté, tout ce qui, de ces faits, la diffère du
judaïsme, du christianisme, de l’islam tout comme du
bouddhisme ; ce dernier va naître dans le milieu où règne
l’hindouisme à partir des enseignements d’un prince né en
550 avant Jésus-Christ qui, après l’illumination comme
nous verrons plus tard, se révèle Bouddha l’éveillé,
l’illuminé ; ses enseignements sont reproduits dans le
Lotus Sutra qui est ainsi le Livre Saint du bouddhisme. Si
les hindouistes sont environ 800 millions d’âmes, il y a
près de 350 millions de bouddhistes; à cela il faut ajouter
le jaïnisme (4) qui naîtra à peu près à la même période que
le bouddhisme mais qui est étroitement lié à l’hindouisme
dont il a conservé beaucoup de pratiques.
Si toutes ces religions ont essaimé à travers le monde,
se développant en dehors de leurs foyers de naissance, il y
a lieu de relever la survivance de nombreuses pratiques et
croyances religieuses qui ont survécu à ces grandes
religions et qui, pour certains peuples dans certaines
régions du monde, remontant à des âges des plus lointains,
demeurent encore dans toute leur force, que ce soit en
Afrique, en Asie, en Amérique ou en Océanie, en
Australie. A tout cela, il faut ajouter les maîtres spirituels
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qui développeront des formes d’humanisme qui auront,
suivant les cas, des résonances profondes ou non dans la
vie des peuples ; en Chine, c’est Confucius (5) et
l’humanisme chinois qui vise à faire régner l’ordre dans
l’Etat en formant les hommes à la pratique de la vertu.
Sous un autre angle, mais poussant à l’élévation de l’être
humain, se dresse le taoïsme qui est cette religion
populaire de la Chine (6) : pour Lao Tseu et Tchouang
Tseu, il faut libérer l'être humain du monde dans lequel il
vit pour le faire accéder au monde vrai du Tao c'est-à-dire
l'existence par excellence avec laquelle il doit communier
dans une expérience mythique. Cette croyance marque la
civilisation de l’un des peuples les plus connus du monde.
Naissant de ces religions, sous forme de sectes ou de
façon sui-generis à partir des révélations que reçoivent les
fondateurs, de nombreux courants religieux vont se
développer, marquant profondément la vie quotidienne des
hommes et des femmes à travers le monde entier.
C’est dire que, dans le fond, il n’y a pas un seul
individu qui ne soit d’une façon ou d’une autre touché par
des croyances et des pratiques ayant pour objet ses
rapports avec la divinité, le sacré, l’Etre Suprême . Les
religions et les croyances sont ainsi partagées par tous les
habitants de notre planète qui, dans leurs relations au cours
des âges, vont être ces artisans premiers, soit de la paix,
soit des tensions, des conflits, soit de l’amour, soit de la
haine ; ces tensions, ces conflits, ces haines qui, se
développant, ont abouti à des conflagrations comme les
deux dernières guerres mondiales où hommes et femmes
de toutes les religions et croyances ont été impliqués, ou
encore comme c’était le cas au cours de la guerre localisée
du Golfe née des relations entre deux pays musulmans et
qui a revêtu une dimension mondiale de par les parties
engagées et le rôle joué par l’Organisation des nations
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