un noyau avec A+1 nucléons. L’énergie de liaison moyenne du dernier nucléon dans un noyau lourd
vaut à peu près 7 MeV. Si un neutron est capturé, le noyau aux (A+1) particules aura donc un surplus
d’énergie d’environ 7 MeV et il se retrouvera dans un état excité. Si cette énergie d’excitation est
suffisante pour porter le noyau au-dessus de la barrière de fission, il va se scinder immédiatement et
libérer une grande quantité d’énergie.
C’est précisément ce qui arrive quand le 235U est bombardé par des neutrons thermiques. Il y a
création d’un état excité de 236U à 6.8 MeV au-dessus de l’état fondamental. Comme la hauteur de la
barrière de fission du 236U est également de 6.8 MeV, le noyau subit tout de suite la fission. D’autre
part, pour l’isotope 238 de l’uranium, le 238U, la fission n’a pas lieu lors de la capture d’un neutron lent,
pour la simple raison que le niveau excité résultant dans le noyau 239U est à 5.3 MeV tandis que la
barrière de fission est de 7.1 MeV. Par conséquent, la fission induite ne pourra se produire avec le 238U
que si le neutron incident dispose d’une énergie cinétique d’au moins 1.8 MeV. Or de tels neutrons
rapides ont des longueurs d’onde de de Broglie et donc des tailles effectives plus petites et leur capture
est difficile. La section efficace de fission du 238U au moyen de neutrons rapides est 2000 fois plus petite
que celle correspondant à la fission du 235U avec des neutrons thermiques. C’est pour cette raison que le
235U est beaucoup plus utile comme source d’énergie de fission.
L’uranium naturel est composé de 99.3 % de 238U et seulement de 0.7 % de 235U. L’énergie
libérée par la fission nucléaire peut être estimée de la manière suivante. L’énergie de liaison par
nucléon est de 7.6 MeV pour le 235U et d’environ 8.5 MeV pour les deux fragments de la fission à A ≈
100 (figure **). Par conséquent, l’énergie libérée vaut 235 (8.5 MeV – 7.6 MeV) ≈ 200 MeV par noyau.
Pour chaque fission, il y a en moyenne 2.6 neutrons rapides ; environ 1 % des événements de fission
conduisent à l’émission d’un neutron lent, après un délai de 10 secondes en moyenne.
Figure **
Les neutrons émis dans une fission induite du 235U pourront à leur tour provoquer la fission
d’autres noyaux de 235U et donner naissance à une réaction en chaine.