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L’économie
en réseau
Note de synthèse
2
Stimulée par la convergence informatique, les
normes ouvertes et la connectivité, l’économie
en réseau constitue la cinquième révolution
technologique de notre ère industrielle. Elle
s’inscrit dans une lignée commencée avec
l’énergie hydraulique d’abord, suivie de la
machine à vapeur puis de l’électricité et de la
métallurgie de l’acier, venu remplacer le fer,
suivie enfin de la découverte du pétrole, source
d’énergie et produit de base des matières
plastiques et synthétiques.
La clé de voûte de cette révolution,
c’est la capacité des ordinateurs et des
télécommunications à interconnecter les sociétés
et les économies. Le haut débit à faible coût et
l’adoption étendue de normes ouvertes ont créé
une toute nouvelle économie, connue sous le
nom d’économie en réseau.
L’augmentation de la connectivité et la baisse
des coûts de la technologie encouragent un
nombre croissant d’individus et d’entreprises à
effectuer leurs activités en ligne. Plus de 600
millions de personnes à travers le monde sont
d’ores et déjà connectées et les avantages
commerciaux, intellectuels et sociaux
augmentent dans les mêmes proportions.
Si les quatre premières révolutions
technologiques se sont traduites par une
consolidation économique et par l’émergence
d’entreprises dominantes, il n’en est pas de
même aujourd’hui. D’après les études de
l’OCDE, ces 15 dernières années ont vu le
nombre d’entreprises de plus de 500 salariés
diminuer tandis que l’on observait une
augmentation considérable du nombre de
sociétés de moins de 50 employés.
Jusqu’ici habituées à tout prendre en charge,
les entreprises sont désormais de plus en plus
nombreuses à choisir l’externalisation, profitant
de la réduction du coût des transactions
interentreprises et de la simplification des
échanges de données, induites par l’utilisation
d’Internet. C’est ainsi qu’elles tissent de
nouvelles relations d’affaires et créent des
entreprises étendues qui leurs permettent de
bénéficier de produits et de services de meilleure
qualité à des coûts moins élevés, sans pour
autant sacrifier la coordination et le contrôle
de leurs opérations.
L’émergence d’Internet et autres
technologies interactives a entraîné une
augmentation phénoménale de la collecte
des données clients, soulevant avec elle un
certain nombre de questions relatives à la
confidentialité. Ainsi, beaucoup de sociétés peu
scrupuleuses exploitent la transparence des
informations à des fins purement commerciales.
Mais cette transparence a aussi profité aux
consommateurs à qui l’on propose désormais
des produits personnalisés et des services clients
plus performants et qui jouissent d’un niveau de
protection juridique sans précédent. Les sociétés
en ligne qui réussissent sont celles qui ont su
acquérir une certaine notoriété et établir un
climat de confiance, en fournissant des
références comme l’ont fait des sociétés comme
eBay ou LinkedIn. Gérer son image de marque
est devenu plus important que jamais.
3
Avec l’économie en réseau s’est amorcé un
changement dans notre manière de travailler.
Les employés, autant que les employeurs,
souhaitent une approche plus flexible de
l’emploi. Des études ont montré que les
personnes qui entrent aujourd’hui dans la vie
active seront amenées à changer trois à cinq fois
de métier au cours de leur carrière. Et c’est
l’employé, non l’employeur, qui doit prendre
en charge sa propre carrière, développer ses
compétences et accroître ses qualifications.
Si l’emploi à vie a disparu, la possibilité
d’équilibrer travail et vie privée et de s’y
épanouir s’est élargie, tout particulièrement
depuis l’introduction du travail à domicile.
Le développement du travail à domicile aura
lui-même des répercussions importantes et
durables sur les voyages, le commerce et la vie
sociale du futur. Les rues marchandes ou les
centres commerciaux auront-ils toujours leur
raison d’être dans un monde dominé par l’achat
en ligne ? Qu’adviendra-t-il des bureaux des
centres villes lorsque les « sociétés virtuelles »
auront supplanté les locaux de prestige ?
Actualité et divertissement 24 heures sur 24,
sondages d’opinion instantanés, Web, forums
de discussion, texto : notre société évolue à un
rythme sans précédent. « Quand cela s’arrêtera-
t-il ? » diront les sceptiques. Jamais : le
changement se poursuivra, et à un rythme
toujours plus rapide.
Que nous le voulions ou non, l’économie en
réseau fait partie de notre paysage. Ceux qui
sauront en saisir les opportunités sont promis
à un avenir florissant. Les réfractaires risquent
de lâcher pied.
4
Dans les années 1990, Internet a cessé d’être
un réseau réservé aux scientifiques et aux
universitaires. Il a atteint un public plus large et
tout a changé. L’adoption de normes ouvertes et
la mise au point de nouvelles technologies lui
ont permis de relier les ordinateurs pour
partager l’information. Les particuliers et les
entreprises se sont alors connectés.
Ce que nous avons appelé « le boom du .com »
s’est produit dans ce contexte. De nouvelles idées
ont émergé. Les innovations se sont multipliées.
Des entreprises d’un nouveau type ont été créées
et ont disparu. De nouvelles activités ont surgi
du néant et sont devenues florissantes – la
conception de sites web, par exemple. De
nouveaux modes d’échanges commerciaux ont
été inventés, qui promettaient une rentabilité
certaine et une croissance illimitée.
Jeff Bezos, créateur d’Amazon.com, a comparé
cette époque à l’explosion du cambrien, période
au cours de laquelle le nombre d’espèces qui
sont apparues et se sont éteintes a été le plus
important de notre histoire.
L’irruption soudaine puis la chute rapide de
beaucoup d’entreprises .com a fait croire à
bien des observateurs qu’il s’agissait d’un
phénomène passager. Or une révolution a eu
lieu, même si elle a fait l’objet d’une couverture
médiatique et d’une publicité quelque peu
tapageuses. Et cette révolution se poursuit.
L’effervescence a retenu l’attention en
empêchant de voir que des changements
profonds et délibérés survenaient. C’est
pourquoi leur impact ne peut être analysé
qu’aujourd’hui, avec du recul.
Même au plus fort de son expansion, l’économie
en ligne a été marginalisée et son poids financier
a été nettement sous-estimé dans la plupart
des prévisions.
« D’ici 2003, le commerce électronique aux États-
Unis représentera 1 300 milliards de dollars pour les
achats des entreprises et 108 milliards pour ceux des
particuliers », déclarait Forrester Research en
1999. Début 2003, il annonçait que « Fin 2003, le
volume du commerce électronique atteindra 2 400
milliards de dollars pour les achats des entreprises,
soit le double de nos estimations antérieures, et
95 millions pour les achats des particuliers. »
L’économie en réseau
3000 %
2500 %
2000 %
1500 %
1000 %
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
500 %
0 %
Nombre d’Internautes
dans le monde1
Croissance du commerce
électronique grand
public aux États-Unis3
Croissance des opérations
bancaires en ligne aux États-Unis5
Croissance des revenus de la
publicité en ligne dans le monde4
Croissance du commerce
électronique interentreprises aux
États-Unis5
Hôtes Internet
dans le monde2
CHANGEMENT EN % DEPUIS 1997 TCAC*
0
200
400
600
800
Nombre de fois où Internet est
mentionné dans The Economist
1000
1200
110 %
65 %
39 %
62 %
53 %
55 %
Développement d’Internet avant, pendant et après le krach de l’an 2000 comparé au
nombre de fois où Internet est mentionné dans The Economist
Sources: 1.CyberAtlas, 2003; 2.iSociety,2003; 3. Gartner G2, 2003; 4. Jupiter Research, 2003; 5. Forrester Research, 2003; 6. NUA Internet Surveys, 2002
*Taux de croissance annuelle composé
5
Les révolutions technologiques
Depuis le milieu du XVIIIème siècle, une
série de révolutions technologiques a permis
d’industrialiser la production dans le monde.
Chacune a provoqué le déclin d’anciens modes
de production et a fait émerger de nouvelles
activités industrielles dynamisées par des
technologies qui accéléraient la croissance
économique et augmentaient la productivité.
Nous nous souvenons surtout des révolutions
agricole et industrielle, apprises à l’école, mais
les plus importantes sont les cinq révolutions
technologiques.
Ce qui a rendu possible la révolution industrielle
a été l’énergie hydraulique, d’abord utilisée pour
assurer la croissance du secteur du textile. Puis
la vapeur a contribué au développement des
manufactures et des trains ou bateaux qu’elles
utilisaient pour acheminer leurs matières
premières et livrer leurs produits finis.
À la fin du XIXème siècle et jusqu’au début de
la deuxième guerre mondiale, la vapeur a été
remplacée par l’électricité et le fer par l’acier.
La quatrième révolution a été celle du pétrole,
qui est à la fois la source d’énergie des moteurs
à combustion interne et le produit de base des
matières plastiques et synthétiques. Ensuite,
sont arrivés les ordinateurs et la technologie
de réseau.
Toutes ces innovations ont eu un impact majeur
sur les échanges, l’économie et la vie sociale.
Chacune a fait surgir de nouvelles idées
concrétisées par la création de nouvelles
activités, de nouveaux produits et services, de
nouvelles méthodes de travail. Et chacune a
suscité des enthousiasmes qui ont fait naître
de nouvelles entreprises, depuis les premières
compagnies ferroviaires jusqu’au commerce de
détail en ligne, en passant par les centaines de
sociétés qui fabriquaient des automobiles aux
États-Unis entre 1900 et 1910.
Lorsque l’expansion ralentit inévitablement,
l’euphorie fait place au doute. Après les krachs
boursiers de 2000-2001, beaucoup se sont
demandé si la nouvelle économie existait vraiment.
Mais même quand les nouvelles technologies ne
tiennent pas leurs promesses et alimentent le
scepticisme, leur force reste à l’œuvre. Elles se
diffusent massivement dans le tissu économique
en attirant à elles les ressources, les activités, et
c’est ainsi qu’elles transforment la vie sociale,
politique et économique.
Les entreprises créées pendant la période
d’essor se renforcent ou disparaissent. Au début
de la première guerre mondiale, la plupart des
constructeurs automobiles américains avaient
déposé leur bilan ou été rachetés par ceux qui
allaient devenir les géants de la nouvelle
économie, General Motors et Ford.
Accélération des cycles de Schumpeter
60 ans 55 ans 50 ans 40 ans 30 ans
Premier cycle Deuxième cycle Troisième cycle Quatrième cycle
1785 1845 1900 1950 1990 1999 2020
Énergie hydraulique
Textiles
Fer
Vapeur
Chemin de fer
Acier
Électricité
Chimie
Moteur à combustion interne
Pétrochimie
Électronique
Aéronautique
Réseaux numériques
Logiciels
Nouveaux médias
Vitesse
d’innovation
Cinquième cycle
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