Situation de la dette dans les pays de la région arabe Formation CADTM à Amsterdam 14-16 novembre 2016 OMAR AZIKI Secrétaire général d’ATTAC CADTM Maroc La région ou le monde arabe englobe les 25 pays ayant comme langue officielle (ou co-officielle) la langue arabe L'arabe standard moderne est reconnue en tant que langue officielle de vingt-cinq États en fait 26 (22 de la Ligue arabe, Érythrée, Tchad, Israël). La population totale des 26 pays ayant l'arabe pour langue officielle est de 430 millions d'habitants en 2016. Ce qui représente le 6e espace linguistique au monde après ceux de l'anglais, du chinois, du hindi, du français et de l'espagnol. Les 26 pays ayant comme langue officielle (ou co-officielle) la langue arabe La diffusion de la langue arabe est due en majeure partie à l'expansion de l'islam à partir de l'Arabie au VIIe siècle. comme seule langue officielle Comme langue co-officielle majoritaire Comme langue co-officielle minoritaire Bien que l'islam soit la religion prédominante dans le monde arabe, ce dernier ne doit pas être confondu avec le monde musulman. Le nombre total de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23 % de la population mondiale (2010) Environ 20 % des musulmans vivent dans des pays arabes Centre de recherches américain Pew Forum on Religion and Public Life http://www.pewforum.org/ Octobre 2009. Les minorités ethniques et religieuses qui continuent de revendiquer leur spécificité et leur identité Le Maghreb et ses minorités berbères L’Atlas des minorités dans le monde Les communautés les plus importantes sont les Berbères au Maghreb (plus de 30 % de la population du Maroc, plus de 20 % de la population de l’Algérie). Au Machrek, les Kurdes (l’Irak et la Syrie) et les Arméniens (chrétiens orthodoxes) au Liban et Égypte Décadence du nationalisme arabe (Baasismes et Nassérisme) et crise de la question palestinienne. Renaissance de l’islamisme avec une plus grande capacité de mobilisation (à partir de la révolution islamique iranienne de 1979). Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) Sept pays concernés par le « printemps arabe » Bilan du « printemps arabe » Crise des réfugiés - - - https://pierrickauger.wordpress.com/2016/01/14/le-bilan-du-printemps-arabe/ publié le 14 janvier 2016 Moyen orient: plus de 20 millions de personnes sont déplacées et 10 millions supplémentaires sont devenues des réfugiés (monde 60 millions en 2015 et 65 en 2016) Syrie: Plus de 7,6 millions sont déplacés à l'intérieur du pays et 5 millions ont quitté le pays. 250.000 ont été tués depuis 2011 (sur une population de 23 millions). Palestine: 5,1 millions de réfugiés. Méditerranée: 219 mille ont traversé (2014) et plus de 350 mille en 2015. Spécificité du capitalisme arriéré et dépendant des pays de la région • Le sous-développement de la majorité des pays de la région est lié au colonialisme qui a façonné le modèle de dépendance et manque d’industrialisation. • Économies exportatrices de ressources minières, agricoles et de mer avec de faibles valeurs ajoutées et liées aux fluctuations du marché mondial. • Nouveaux mécanismes d’hégémonie depuis les années 60 : la dette et l’échange inégal. • Les recettes libérales n’ont pas permis le développement du secteur privé et l’investissement, comparativement à d’autres pays du même niveau de développement au départ (Inde, Indonésie) Spécificités des pouvoirs politiques • États rentiers avec domination d’un système de castes militaro-sécuritaires dépendant de la sphère d’État. • État patrimoniaux avec des réseaux familiaux mafieux et des mécanismes de prédation. • Les recettes néolibérales et attribution népotiste de toutes sortes de licences et de monopoles. • Partenariat avec le capital étranger pour piller et dominer les secteurs d’affaires juteux. • Généralisation de la corruption et répression de toute aspiration démocratique : despotisme politique. Soulèvements et révolutions populaires • À partir de décembre 2010 en Tunisie, vague déferlante. • Contexte de crise mondiale en 2008 et guerres impérialistes. • Absence d’expressions politiques qui reflètent les aspirations populaires. • Les nouveaux régimes installés n’ont pas marqué de rupture par rapport aux dogmes néolibéraux. • Démocratie bafouée par des régimes intégristes ou militaires. • Les puissances impérialistes exaspèrent la dislocation des pays avec des fuites massives et la montée de la barbarie terroriste. Rôle des IFI et des puissances impérialistes • Les grandes puissances impérialistes et les institutions économiques mondiales coordonnent leurs efforts pour : • discréditer le processus révolutionnaire ; • camoufler leur responsabilité directe dans l’arriération et le pillage ; • garantir leurs intérêts néocolonialistes de domination politique ; • garantir la mainmise des multinationales sur les richesses. • La barbarie impérialiste et terroriste et la crise des réfugiés pour : • discréditer la résistance populaire (Libye et Syrie) ; • justifier les interventions militaires et la tutelle. Rôle des IFI et G8 • Ont rejeté la responsabilité sur les régimes non démocratiques qui n’ont pas bien appliqué les recettes. • Soutenir l'intégration des Pays du Partenariat dans l'économie régionale et mondiale (déclaration de G8 à Deauville en mai 2011). • inciter les investissements privés et étrangers ; • développement du commerce ; • élargir la libéralisation aux secteurs financiers et aux services, généraliser la concurrence, flexibiliser le travail ; • amélioration de la convergence réglementaire. Rôle des IFI et G8 • Accords multilatéraux et bilatéraux. • Stratégies concurrentielles entre les USA et l’UE. • Les USA ont décidé d’octroyer des aides à l'économie égyptienne et tunisienne pour réaliser les réformes nécessaires. • L’UE : accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec la Tunisie et le Maroc. Rôle des IFI et G8 • De nouveaux prêts dans le cadre de « prêts de politique de développement ». • Banque mondiale : « stratégie régionale MENA » ainsi que son « Initiative pour le monde arabe » • Cadre de Partenariat Stratégique Priorités dans le CPS : nouvelles pressions pour accélérer les réformes structurelles : économiques et institutionnelles. – • La Société Financière Internationale (SFI), la branche secteur privé du Groupe Banque mondiale, a amplifié son engagement dans la région pendant la période du CPS pour restaurer la «confiance des investisseurs ». Chiffres de la dette (2015) Millions dollars Externe Interne Total % PIB Liban 30 608 40 872 71 480 159 Egypte 46 100 288 000 334 100 120 Tunisie 16 508 32 861 49 369 104 Jordanie 11 775 20 469 32 244 91 Maroc 31 684 53 579 85 263 88 Mauritanie 3 522 221 3 743 71 Algérie 1 112 14 700 15 812 7 Dette odieuse Dette odieuse en 2012 La résolution adoptée par l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE le 18 mai 2011. La résolution du Parlement européen du 10 mai 2012, sur la stratégie de l’UE en matière de commerce et d’investissements pour le sud de la Méditerranée : « la dette publique extérieure des pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient est odieuse, sachant qu’elle a été accumulée par les régimes dictatoriaux, par le biais principalement de l’enrichissement personnel des élites politiques et économiques et de l’achat d’armes, utilisées souvent contre leurs propres populations ; demande dès lors un réexamen de la dette, et notamment de celle liée aux dépenses d’armement ». Spirale de l’endettement et austérité L’Égypte • Le FMI a accordé un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans. • Une première tranche de 2,7 milliards de dollars va être immédiatement débloquée, mais les autres versements restent conditionnés à l'application de mesures d'austérité. • Emprunt de 4 milliards de dollars par le placement privé des obligations souveraines sur le MFI : 1,360 milliard de dollars à un taux d’intérêt de 4,62 % dont l’échéance est en décembre 2017 ; ● 1,320 milliard de dollars à un taux de 6,75 % dont l’échéance est pour novembre 2024 ; ● 1,320 milliard de dollars à un taux de 7 % et qui arrivera à échéance en novembre 2028. • Un prêt de 2 milliards de dollars, accordé par des banques internationales à rembourser dans un an. ● • Un prêt de 3 milliards de dollars de la Banque mondiale (première tranche d’un milliard de dollars reçue) destiné à financer le programme de réformes économiques. Spirale de l’endettement et austérité L’Égypte • Dévaluation de la livre égyptienne (1 dollar=17,58 LE en novembre 2016 contre 7,83 dollars en novembre 2015). • Réduire les subventions publiques aux produits de consommation qui représentent près de 8 % du budget. • Instauration d'une TVA à la place de la General Sales Tax (taxe sur la consommation). • Gel des emplois de fonctionnaires. Spirale de l’endettement et austérité L’Égypte • Projets pharaoniques : • nouveau projet du canal de Suez : 78 milliards d’euros • une nouvelle capitale à 45 milliards d’euros • Financement grâce à des « bons étatiques », souscription nationale lancée par l’État le 5 août 2014 Spirale de l’endettement et austérité L’Égypte • Une économie tenue à bout de bras à la fois par l’aide financière qui provient : – – des pays du Golfe (Koweït, Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite): aide sous forme de livraisons de carburants, de dons en cash et de dépôts à la Banque centrale : plus de 25 milliards de dollars d'aide au Caire depuis juillet 2013 ; des États-Unis : près de 72 milliards de dollars reçus entre 1948 et 2011 (deuxième bénéficiaire après Israël) essentiellement militaire. L’aide militaire annuelle = 1,3 milliard de dollars. Montée de l’endettement Tunisie • Prêt du FMI de 2,9 milliards de dollar jusqu’en 2020 • « mécanisme élargi de crédit » (MEC) qui succède à l’accord de confirmation (AC) venu à échéance en décembre 2015, accompagné d’une liste de recommandations • Réformes structurelles : réforme du secteur public, réformer le marché du travail, partenariats privé-public, nouveau code des investissements… Montée de l’endettement Tunisie • Situation économique désastreuse cinq ans après la révolution : activité économique faible, emploi bas, la structure des dépenses publiques s’est détériorée, les déséquilibres extérieurs sont prononcés, 2 600 entreprises ont quitté le pays entre 2011 et 2015, désindustrialisation, paupérisation d’une grande partie de la population… • Les tensions sociales persistent. Montée de l’endettement Algérie • Crise née de la chute brutale et continue des prix du pétrole : intervention du FMI (été 2016). • Deux piliers d’intervention : rééquilibrage budgétaire et vastes réformes structurelles (libérer le potentiel du secteur privé). • Améliorer le climat des affaires, renforcer la gouvernance économique et la concurrence, développer les marchés de capitaux, ouvrir l’économie aux échanges commerciaux et aux investissements étrangers, améliorer le fonctionnement du marché du travail… Montée de l’endettement Maroc • Maroc : Ligne de liquidité et de précaution LLP : 3,47 milliards de dollars sur 2 ans. • Destruction de l’acquis des retraites. • Contrats CDD dans la fonction publique • Privatisation des services publics. • Démantèlement de la compensation. • Gel des salaires et cherté de la vie. • Chômage des jeunes… Accentuation de la dépendance des pays de la région • Service de la dette qui absorbe les budgets sociaux et transfert de richesse. • Les déficits absorbent les liquidités. • Accentuation de la dépendance structurelle : financier, technologique, industriel, commercial et alimentaire. • Impasse des choix néolibéraux imposés par les institutions financières et commerciales internationales. • La crise en Europe affecte les principales sources de devises (les résidents à l’étranger, le tourisme, et les investissements directs étrangers. • Les masses populaires qui payeront la crise par un accroissement de la précarité et ldu chômage. Montée des résistances • La gravité de la crise rétrécit la marge de concession • Les régimes essayent d’anticiper sur les résistances populaires et ouvrières par la répression et l’étouffement des libertés publiques. • Les résistances s’élargissent avec difficultés de se développer en contre offensive organisée sur la durée. • Le défi dans le contexte politique actuel est de contribuer à la construction d'un front de masse large. • Lutte pour la démocratie et la justice sociale. Acquis • Le processus toujours en cours : les résistances sociales et les luttes des peuples continuent. • Peuples libérés de leur peur de répression et développement de l’esprit revendicatif. • Montée de nouvelles formes de luttes dans les rues et inefficacité de la répression. • Mobilisations de bases et nouvelles formes d’organisation large. • Majorité jeunes (diplômés) et femmes. CADTM • Renforcement • Maroc : ATTAC CADTM Maroc : appel pour un audit de la dette. • Tunisie : RAID ATTAC CADTM Tunisie : loi sur l’audit de la dette. • Mauritanie : Réseau des organisations de la Société civile pour la citoyenneté / RPC : n’existe plus. • Élargissement • Égypte : Aguig/campagne contre la dette odieuse/lettre contre l’accord avec le FMI. • Liban : ATTAC Liban. • Algérie : développer de contacts. • Jordanie • Syrie : Agas (n’existe plus) (Randa Baat). • Garantir une coordination large sur les dossiers de dettes, des accords de libre échange et accaparement des richesses. • Développer les outils d’information pour une large visibilité du réseau dans la région.