JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006 BORDEAUX "Diversifier les textures alimentaires du chaton : une utopie ou une nécessité ?" Dr. Géraldine BLANCHARD, DMV, PhD, dipl. ECVCN, agrégée de nutrition Résumé du texte de la conférence : parution avec l'accord des organisteurs de la journée par Ch Pochez Le chat est un carnivore prédateur (avec des canines développées permettant de rompret les vertèbres des proies attrapées, des carnassières permettant de cisailler et séparer les chairs des os) domestiqué relativement récemment, comparativement au chien par exemple. C’est un chasseur solitaire de petites proies ; un chat doit ainsi capturer une bonne dizaine de souris par jour si il s’agit de sa seule nourriture. De ce comportement de prédateur et de carnivore strict, le chat a conservé une attirance pour les goûts acides et amers plutôt que sucrés. Comme tous les mammifères, il a aussi un attrait pour le goût salé. Les papilles gustatives Chez le chaton nouveau-né, les papilles gustatives sont plus petites, et contiennent moins de bourgeons gustatifs, comparé à l'adulte Le chat, habitué à consommer des proies assez standardisées dans leur composition nutritionnelle ne choisit pas ses aliments sur leur composition nutritionnelle. En revanche, il est capable d’adapter son ingéré calorique à ses besoins, mais cette régulation n’est plus de mise si le chat est castré. Ceci explique le faible taux de chats en surpoids chez les reproducteurs et les chats vivant à l’extérieur, et devant chasser pour se nourrir… Une aversion alimentaire, c’est-à-dire le refus de consommer certains aliments, existe et peut aussi être déclenchée par la concomitance entre la consommation de cet aliment et un sentiment de stress, de douleur ou d’inconfort. Par exemple le chat refuse généralement de consommer un aliment contenant des triglycérides à chaîne moyenne, il peut également refuser de consommer une eau si sucrée qu’elle engendre des diarrhées Un chat peut également refuser de s’alimenter lorsqu’il est soumis à un stress majeur, psychologique comme par changement brutal d’aliment ou d’environnement ou pathologique. Ainsi toute anorexie chez le chat doit être explorée. → Tout changement de vie imposé au chat doit l’être de manière progressive, y compris tout changement d’alimentation. Le comportement alimentaire des chats domestiques est aussi grandement influencé par le fait qu’ils soient nourris exclusivement par leurs propriétaires. Le Chaton Le chaton quant à lui est nourri par le lait maternel dès sa naissance, et devient capable de consommer des aliments solides dès l’âge de 3 à 4 semaines. Il commence par expérimenter les aliments de sa mère – proies mâchées ou aliments distribués -, indirectement en léchant sa bouche, puis directement si ces aliments lui sont accessibles dans une petite écuelle. La mère joue donc un rôle majeur dans l’éducation gustative du chaton. → Pour faciliter la capacité du chaton à accepter des aliments variés, on peut suggérer de : proposer des aliments de goût et de texture variés à la mère, en gestation comme en lactation, en petite quantité pour ne pas déséquilibrer le régime proposer au chaton ensuite des aliments nouveaux en petite quantité plusieurs jours consécutifs, puis de renouveler l’expérience plus tard. Des habitudes alimentaires maternelles variées et la multiplication des expériences alimentaires du chaton avant, pendant et après le sevrage permet de rendre le chaton très adaptable, ce qui peut aider à sa relation avec son futur propriétaire. Les habitudes alimentaires ne sont pas fixées de manière totalement définitive, même si le chaton et sa mère ont reçu une alimentation très stéréotypée. L’introduction de nouveaux aliments reste possible, si elle est progressive. Quid de la texture ? Une précaution doit être prise lorsque l’on souhaite passer un chaton d’une alimentation humide à une alimentation sèche : s’assurer qu’il voit suffisamment. L’inverse ne pose pas de problème, pas plus que l’alimentation mixte. Quid de l’équilibre alimentaire ? Diversifier ne veut pas dire déséquilibré ou excédentaire ! La diversification de l’alimentation passe par l’apport de très petite quantités journalières d’un ou deux aliments –le volume d’une cuillère à café par jour de viande ou poisson ou légumes ou riz cuits- est raisonnable. La base de l’alimentation de la chatte comme des chatons reste un aliment équilibré et adapté au stade physiologique, qu’il soit sec (croquettes), humide (boites, sachets, barquettes…) ou ménager (viande+ légumes+riz+huile végétale+complément minéral et vitaminé). Quelques notions La néophobie et la néophilie La néophile est l’attirance particulière pour la nouveauté. Elle est d’autant plus forte que les chatons fuient l’habitude : des chatons nourris depuis 4 mois avec le même aliment ont un attrait pour un nouvel aliment proposé en parallèle à leur aliment habituel le premier jour. Cet attrait s’estompe dès le deuxième jour. Si un chaton est habitué à avoir une alimentation variée, il est d’autant plus facile de lui proposer une alimentation variée, bien que cela ne soit pas une obligation. Il peut aussi par la suite être nourri avec un seul aliment. Si un chaton n’a été habitué qu’à un seul et même aliment, comme sa mère, il sera plus laborieux de le faire changer, mais cela reste possible. La transition devra être progressive. La prédation La prédation est un comportement souvent considéré comme inné. En fait, la prédation est un comportement acquis très tôt par le chaton au contact de sa mère, de par les relations qu’elle entretient elle-même avec ses chatons. C’est ainsi que des chats qui sont nés en milieu clos sans accès à l’extérieur manifestent pourtant ce comportement si on leur donne la possibilité d’accéder à un territoire de chasse.