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religieusement soutenu et l’injustice est perçue comme exécution d’une volonté divine. Par opposition à
ce fatalisme politico-religieux, les khârijites, (dont le dérivé est le verbe kharaja, qui signifie sortir et veut
également dire se révolter et rentrer en rébellion contre un souverain injuste), ne distinguent pas la foi
de l’acte. Ce courant, dont les membres sont, dans leur majorité, des qurrâ’ ou huffâz, les récitants du
Coran, a vu le jour sous le règne du troisième calife ‘Uthmân ibn ‘Affân. Mais, lors de la bataille de
Siffîne ce même courant soutien la thèse que le califat est un droit pour tout musulman,
indépendamment de son origine ou de son statut social. Le seul recours pour désigner le Calife, est de
choisir parmi les musulmans, le plus juste et le plus pieux.
Le courant de “ Ahl al-‘dl wa-t-tawhîd (les partisans de la justice et de l’unicité divine), soutenait lui
aussi le principe de non dissociation entre foi et acte. L’une des figures de ce courant Al-Hassan al-
Bassrî (mort 110/728) réfutait le despotisme politique se basant sur la prédestination mais il considère
que le pécheur est hypocrite, l’opposition à l’injustice du souverain ne doit avoir lieu qu’au moment où on
dispose des moyens assurant la victoire. C’est sur ce dernier point que Wâsil ibn ‘Atâ’ (mort 131/748) a
manifesté son désaccord avec Al-Hassan al-Bassrî en défendant une thèse qui donne au pécheur le
statut de “fâsiq ”, pervers, un souverain pervers doit être destitué. ’Ibn ‘Atâ’ avait donc quitté le cercle de
Ahl al-‘dl wa-t-tawhîd, geste qui lui a valu avec ceux qui l’on suivi le nom Mu‘tazilîte.
Mu‘tazilîte : du mot arabe “ mu‘tazil ”, celui qui s’isole, quitte ou abandonne. Courant de pensée dont les
caractéristiques doctrinales ont été fixées au IXème siècle avec Abû-al-hudhayl al-‘Allâf (mort 235/849).
Ce courant défend deux principaux principes : le libre arbitre humain (l’Homme est créateur et
responsable sur ses propres actes) et l’unicité et la justice divine. Ces deux principes émanent de cinq
fondements du courant Mu‘tazilîte : la justice, l’unicité divine, la promesse et la menace, le statut
intermédiaire du pécheur et la recommandation du bien et l’interdiction du mal1.
Ash‘ariste : ce courant de pensée islamique doit son nom à ’Abû al-Hassan al-’Ash‘arî (mort
323/935) qui était mu‘tazilîte au départ, mais se démarque par la suite en réfutant les thèses de ses
anciens maîtres, en s’efforçant de préserver les doctrines traditionnelles (le recours au texte, Coran et
Hadîth) tout en procédant une méthode acceptable par la raison. Parmi les points qui distinguent ce
courant des Mu‘tazilîte, l’affirmation de la prédestination des actes humains et l’interdiction de
l’opposition au souverain même si celui-ci est pervers2.
Sunnîtes : Cette appellation est apparue avec al-Ash ‘arî. Dans un climat de controverses
“ théologiques ” (cf. Les courants de la pensée islamique), des partisans qui privilégiaient l’autorité du
Coran et la tradition prophétique et celle de ses compagnons mais qui visaient aussi à “ unir dans un
même courant ceux qui n’étaient ni shi ‘îtes, ni khârijîtes, ni mu ‘tazilîtes, ni adeptes d’aucune des
fractions constituée sur la base d’une attitude tranchée en faveur ou contre les différents prétendants au
Califat ”3 Selon Ibn Khaldoun, al-Ash ‘arî “ se chargea de cette tâche, en suivant une voie médiane au
milieu des différents systèmes ”4. Le terme sunnite a connu, par la suite et tout au long de l’histoire de
l’islam, d’autres significations. En rejetant toute idée qui semble innovatrice, le sunnite se définit comme
salafite, celui qui se réfère à la tradition du Prophète et celle de la première génération de l’islam. Et par
opposition à celui qui est, à ses yeux “ hérétique ” et qui pourrait provoquer une division et une discorde
dans la communauté musulmane, le sunnite se voit authentique et appartenant à ahl al-sunna wa-l-
jamâ‘a, partisan de la tradition et de l’unité communautaire.
Les sciences et la littérature
Sur le plan culturel : ouverture, enrichissement
Sur le plan civilisationnel : une civilisation brillante, l’âge d’or de l’histoire de l’islam.
1 Al-Qâdî ‘Abd-al-Jabbâr, Sharh al-’usûl al-khamsa, Commentaire des cinq fondements, le Caire, édité par ‘Abd al-Karîm
‘Uthmân, 1965, p 124.
2 Voir, Abû-al-Hassan al-Ash‘arî, Maqâlât al-Islâmiyyîne, les thèses des islamistes, Beyrouth, édition dâr al-Hadâtha, 1985, pp
451, 452.
3 Fergani, Mohamed Chérif, Histoire des religions. Les voies de l’islam. Approche laïque des faits islamiques, Paris, Cerf,
1996, p 95.
4 Ibn Khaldoun, op. cit, p 748.