HISTOIRE DE LA DÉMOCRATIE ATHÉNIENNE
PAR AUGUSTE FILON
PROFESSEUR D'HISTOIRE AU LYCÉE NAPOLÉON. - ANCIEN
MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L'ÉCOLE NORMALE
PARIS - AUGUSTE DURAND - 1854
CHAPITRE PREMIER. Origines de la démocratie Athénienne.
CHAPITRE II. Lutte des partis après la promulgation des lois de Solon.
CHAPITRE III. Établissement de l'ostracisme.
CHAPITRE IV. Athènes devient prépondérante sur mer.
CHAPITRE V. Commencements de Périclès.
CHAPITRE VI. A quelles causes il faut attribuer l'influence de Périclès.
CHAPITRE VII. Efforts des Athéniens pour propager au dehors le
gouvernement démocratique.
CHAPITRE VIII. Les successeurs de Périclès.
CHAPITRE IX. Décadence des institutions religieuses.
CHAPITRE X. Paix de Nicias.
CHAPITRE XI. Expédition de Sicile.
CHAPITRE XII. Alcibiade allié des Spartiates et des Perses.
CHAPITRE XIII.L'oligarchie des Quatre-Cents est renversée.
CHAPITRE XIV. Athènes se relève à la bataille des Arginuses.
CHAPITRE XV. Prise d'Athènes par les Lacédémoniens
CHAPITRE XVI. Thrasybule délivre Athènes de la tyrannie des Trente.
CHAPITRE XVII. Caractère de la démocratie rétablie par Thrasybule.
CHAPITRE XVIII. Socrate est accusé par Mélitus, Anytus et Lycon.
CHAPITRE XIX. Socrate devant ses juges.
CHAPITRE XX. Derniers entretiens de Socrate- avec ses amis.
CHAPITRE XXI. Athènes n'est plus qu'une ville secondaire.
CHAPITRE XXII. Doctrines politiques de Platon.
CHAPITRE XXIII. —Les Lois de Platon.
CHAPITRE XXIV. L'Aréopagitique d'Isocrate.
CHAPITRE XXV. Premiers démêlés de Philippe avec les Athéniens.
CHAPITRE XXVI. La première Philippique de Démosthène.
CHAPITRE XXVII. Débats d'Eschine et de Démosthène sur l'ambassade.
CHAPITRE XXVIII. Derniers efforts d'Athènes contre Philippe.
CHAPITRE XXIX. Athènes pendant l'expédition d'Alexandre contre les
Perses.
CHAPITRE XXX. La Politique d'Aristote.
CHAPITRE XXXI. Guerre lamiaque.
CHAPITRE XXXII. Polysperchon rétablit la démocratie athénienne.
CHAPITRE XXXIII. Cassandre établit à Athènes une timocratie modérée.
CHAPITRE XXXIV. Athènes et la ligue achéenne.
CHAPITRE XXXV. La liberté des villes grecques proclamée après la bataille
de Cynocéphales.
CHAPITRE XXXVI. Athènes se révolte contre Rome.
Je n'ai pas voulu refaire ici l'histoire grecque, si souvent traitée, ni même toute
l'histoire d'Athènes. J'ai laissé de côté toutes les guerres extérieures, et ces
héroïques récits de combats que nous savons mieux que notre propre histoire. Je
ne me suis même occupé des guerres entre les États grecs qu'autant que ces
guerres ont exercé quelque influence sur le gouvernement athénien. C'est
l'histoire intérieure d'Athènes que je me suis proposé d'étudier.
L'histoire de la démocratie athénienne n'est pas tout entière dans Thucydide et
dans Xénophon : elle est aussi dans les orateurs, qui nous font connaître, sinon
l'exacte vérité des faits, du moins la lutte ardente des passions et les prétentions
des partis ; elle est dans les poètes corniques, qui accusent, en les exagérant,
les vices des institutions et les travers des individus. Les philosophes eux-mêmes
ne sont pas inutiles à consulter, soit qu'embrassant la réalité d'un coup d'œil
ferme et assuré, ils posent, comme Aristote, les bases éternelles de la
constitution des empires ; soit que tout en rêvant, comme Platon, une république
impossible, ils nous fassent toucher au doigt les plaies de leur temps et de leur
pays. C'est en puisant à toutes ces sources que j'ai essayé de reconstruire la cité
athénienne, et de suivre, dans toutes ses vicissitudes, cette démocratie glorieuse
et turbulente, qui a été donnée comme un enseignement à l'antiquité, et dont
l'histoire nous semble contenir plus d'une leçon utile aux États modernes.
Paris, 12 octobre 1853.
CHAPITRE PREMIER.
Origines de la démocratie athénienne. - Institutions de
Solon. - Gouvernement tempéré.
La démocratie athénienne faisait remonter ses titres jusque dans la nuit des
temps fabuleux. Pausanias, décrivant les fresques du portique royal, à Athènes,
dit qu'on y voyait représentés, à côté de Thésée, la démocratie et le peuple.
Cette peinture signifie, ajoute Pausanias, que ce fut Thésée qui établit à Athènes
un gouvernement fondé sur l'égalité des citoyens1. En effet, la tradition
athénienne voulait que Thésée eût remis au peuple la direction des affaires, et
que le gouvernement démocratique eût subsisté sans interruption jusqu'à
l'usurpation de Pisistrate. Rien n'est moins historique qu'une telle opinion, et
Pausanias, qui nous l'a transmise, la rejette avec raison.
Ce qui est certain, c'est que l'Attique n'a point été le théâtre de ces invasions
étrangères qui, dans d'autres parties de la Grèce, ont renouvelé violemment la
population, et fondé sur la différence des mea la pilla dure aristocratie. Elle a dû
ce privilège au peu de fertilité d'une grande partie de son territoire. Comme elle
tentait, moins les conquérants, elle a conservé son indépendance et sa
population primitive2. Thucydide la regarde comme un lieu d'asile où venaient se
réfugier, de toutes les parties de la Grèce, ceux qui avaient été vaincus dans la
guerre étrangère ou dans la guerre civile ; ils étaient sûrs d'y trouver un abri
inviolable, et, devenus simples citoyens, ils contribuaient, pour leur part, à la
grandeur de l'État. Là, peu à peu, toutes les populations se fondirent en une
seule, où l'élément primitif, la race pélasgique, parait avoir toujours dominé.
Mais ce serait se tromper gravement, et retomber dans l'opinion populaire
rapportée par Pausanias, que de croire qu'il y avait une égalité parfaite parmi les
anciens habitants de l'Attique. Quand la vieille cité pélasgique devint une ville
ionienne, la population fut divisée en quatre tribus : les Hoplites, les Ergadéens,
les Géléontes et les Ægicores. Hérodote a cru retrouver, dans les noms de ces
tribus, les noms des quatre fils d'Ion3. Mais Plutarque croit que ces
dénominations exprimaient les professions diverses auxquelles se livrait
primitivement chaque tribu : les guerriers, les artisans, les laboureurs et les
pasteurs4. Si l'on adopte cette interprétation, qui nous parait la plus
vraisemblable, on sera porté à croire que, dans le principe, ces tribus n'étaient
pas égales entre elles, et que les guerriers et les laboureurs marchaient avant les
pasteurs et les artisans. Quelques auteurs, réunissant dans la me tribu les
laboureurs et les pasteurs, ont admis l'existence d'une caste sacerdotale, qui
dominait les guerriers ou partageait le pouvoir avec eux, Il y eut sans doute une
époque où la distinction des professions et des rangs se transmettait
héréditairement dans les mêmes familles ; mais jamais les tribus attiques ne
1 Pausanias, Attique, chap. 3.
2 Thucydide, livre I, chap. 2.
3 Hérodote, V, 66.
4 Plutarque, Solon. Strabon, VIII, 8.
1 / 209 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !