civilisation, crise de l’école, crise de la culture, crise de la langue, crise identitaire), et cela n’a
pas pour conséquence d’améliorer le sentiment populaire à leur égard ni, évidemment, de les
régler. Patrick Buisson répondra peut-être que c’est une des raisons du forage sondagier
entrepris par le président et son Premier ministre, ainsi qu’un des facteurs, sinon LE facteur de
crise (encore une) de confiance du peuple dans l’action de ses représentants (un autre sondage
récent indiquait qu’une très forte proportion de Français, plus de 70 %, considèrent que les
responsables politiques agissent avant tout dans leur intérêt personnel).
Moi, perso, je m’en fous un peu de l’islam. Comme je m’en fous un peu du mariage pour tous
: viendra le temps où je pourrai répondre, comme l’a fait mon confrère Vergès dans sa
dernière participation à l’émission Ce soir ou jamais, que « ce que font nos autorités morales
ou politiques, je m’en fous : tout ce qui m’intéresse, c’est ma vie privée, et mon métier
d’avocat ». Rétorquer ça à presque toutes les questions que lui posait Frédéric Taddéi, ça ne
manquait pas de panache. Mais je suis un patriote inquiet, tout ce qui concerne les environs de
Versailles me concerne et la religion musulmane est la deuxième de France. Elle ne l’est pas
par l’histoire, elle ne l’est pas par la place qu’elle a pris dans la construction du pays, elle l’est
par la population. Il est évident que les Français se réclamant de cette confession doivent être
respectés au même titre que tous les autres, car ici tous les hommes « naissent et demeurent
libres et égaux en droits ». Cela ne doit pas empêcher de voir ce que nous voyons sans
chausser les verres occultants de l’idéologie wierviorko-plénelienne.
Faces de craie
Quel constat peut-on poser sans langue de bois ? Qu’il y a un problème, aujourd’hui,
d’absorption de l’islam par la France. Que la situation est celle d’une cohabitation plus que
d’un vivre-ensemble. C’était à prévoir : on ne fait pas entrer 200 000 personnes par an sur un
territoire donné sans heurts. Il en découle un bouleversement démographique dont le produit
est imprévisible, et qui sera peut-être un changement de civilisation. Car la question se pose
davantage des enfants de l’immigration que de leurs parents : n’est-il pas troublant de voir des
jeunes gens parler des « Français » sans s’y inclure alors qu’ils en sont ? Qui peut accepter
que soient légion, dans des centaines de collèges et de lycées, les insultes francophobes ou
racistes à l’encontre des Blancs ? Comment peut-on accepter que des enfants soient traités de
« faces de craie » ? Ne peut-on pas regretter que ces faits ne soient pas condamnés avec plus
de vigueur et de visibilité par les musulmans modérés ?
Lorsque des intégristes catholiques viennent prier d’une façon grotesque devant l’Assemblée
nationale, Canal+ est là pour les moquer dans les plus brefs délais, et toute l’intelligentsia
avec, notamment des catholiques. Or aujourd’hui, au pays de Voltaire, plus personne n’oserait
monter la pièce Mahomet. N’y a-t-il pas de quoi être inquiet quand on sait, par exemple, que
le cheikh Al-Qaradaoui, qui fut accueilli avec vénération par les manifestants de la place
Tahrir pendant toute la révolution égyptienne, s’est rendu célèbre par des propos d’une grande
violence contre les Juifs, contre leur « arrogance », estimant qu’Hitler leur avait « administré
une bonne leçon » ? Pourquoi les médias font-ils comme s’il ne se passait rien ? Pourquoi
n’entend-on pas Christiane Taubira user de son éloquence, remarquable (reconnaissons-le),
pour dénoncer cela ? Le prétexte de l’utilisation du problème par l’extrême droite et de la peur
de la stigmatisation n’est que l’expression d’un manque de courage.
La France manque d’un chef