Immunité des porcelets : importance du colostrum

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Tech Porc Janvier - Février 2013 - n° 9
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Une prise colostrale précoce est indispensable
à la survie du porcelet.
Reproduction
Immunité des porcelets :
importance du colostrum
Le porcelet naît sans protection immunitaire. Il est donc primordial qu’il acquière très rapi-
dement une immunité via la prise colostrale. La protection acquise par le porcelet dépend
de la quantité d’anticorps présents dans le colostrum et de sa capacité à l’absorber.
Le placenta de la truie étant imperméa-
ble aux immunoglobulines (ou anti-
corps), le porcelet nait sans protection
immunitaire. Le transfert de l’immunité
maternelle se fait exclusivement par le
colostrum. La résistance du porcelet aux
infections dépend donc de la qualité
de la prise colostrale. Cette immunité
passive transmise intervient dans la pré-
vention des infections générales néona-
tales. Les immunoglobulines G (IgG) et
les cellules immunitaires (lymphocytes)
transférées par le colostrum sont absor-
bées par l’intestin du porcelet. Elles pas-
sent alors dans la circulation
générale ou se concentrent
dans les ganglions lymphati-
ques. La prise colostrale pré-
vient également les infections
intestinales grâce à d’autres
anticorps, les immunoglobulines A du
colostrum puis du lait, qui protègent
localement la muqueuse intestinale.
Cette protection acquise est particuliè-
rement importante pour le contrôle des
infections digestives néonatales, comme
la colibacillose. Elle agit également sur
d’autres pathologies intervenant plus
tardivement dans la vie du porcelet, par
exemple la MAP et la rhinite atrophique.
Cette immunité passive diminue progres-
sivement. En eet, le porcelet élimine la
moitié des IgG en 15 jours. Aussi, plus le
niveau d’anticorps colostraux est élevé,
plus longue est la protection du porcelet.
Progressivement, le porcelet acquiert sa
propre immunité, dite immunité active.
Celle-ci s’établit en réponse aux
stimulations antigéniques de
l’environnement : les germes de
sa mère, des autres porcelets, de
l’environnement, de l’aliment
solide ingéré… Il semble que
l’acquisition d’une bonne immunité pas-
sive favorise le développement de l’im-
munité active.
Les quantités d’immunoglobulines absor-
bées par le porcelet dépendent de la
quantité d’immunoglobulines présente
dans le colostrum et du moment où le
porcelet ingère le colostrum. En 2004,
“La prise colostrale
prévient
les infections
intestinales.“
Sérum
Quantité et type d’IgG
Naissance :
pas d’immunité
Colostrum
Quantité et type d’IgG
Sérum
Quantité et type d’IgG
Sérum
Quantité et type d’IgG
Naissance :
pas d’immunité
Colostrum
Quantité et type d’IgG
Sérum
Quantité et type d’IgG
Sérum
Quantité et type d’IgG
Naissance :
pas d’immunité
Colostrum
Quantité et type d’IgG
Sérum
Quantité et type d’IgG
Le colostrum est une source
vitale d’immunité.
Acquisition de l’immunité passive
par le porcelet

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Jean Le Dividich a montré que les por-
celets les premiers nés ont un taux d’IgG
de 51 % supérieur à celui des derniers
nés. En eet, la concentration en immu-
noglobulines du colostrum diminue très
rapidement après la mise bas : au bout
de huit heures, il en a perdu plus de 50 %
(Figure 1).
En outre, la muqueuse intestinale du
porcelet n’absorbe les immunoglobuli-
nes que dans les 36 à 48 heures suivant
la naissance. Un porcelet ne peut donc
pas absorber des IgG du colostrum d’une
truie adoptive plus de 48 heures après sa
naissance.
Tableau 1 : Facteurs de variation de la teneur en IgG du colostrum ou de la prise colostrale
Microbisme ambiant La pression infectieuse de l’élevage peut influencer la quantité et la spécificité des IgG de la truie.
Etat sanitaire Les pathologies présentes chez la truie modifient le statut immunitaire.
Truie Très grande variabilité entre les truies d’un même élevage ou d’une même bande.
Parité Les primipares ont souvent un colostrum moins riche en IgG que les multipares.
Cette différence peut être compensée par une bonne adaptation immunitaire des cochettes.
Mamelle Effet, mais variable selon les études.
Taille de portée Pas d’effet.
Vaccination En particulier les vaccins ayant pour objectif de transmettre une immunité aux porcelets via le
colostrum de la truie (Colibacillose, Clostridium, Rhinite atrophique, PCV2).
Facteurs génétique et
nutritionnels Décrits mais peu documentés et non généralisables.
Stress (thermique,
social, douleur…)
N’influence pas la teneur en IgG du sérum de la truie mais peut induire un moins bon transfert
colostral.
Les hormones maternelles de stress peuvent diminuer la perméabilité intestinale du porcelet aux
immunoglobulines.
Mises bas
Une induction trop précoce (<113 j après la première IA) semble diminuer la quantité et la qualité
immune du colostrum.
Les truies à mise bas longue ou avec beaucoup de mort-nés produisent moins de colostrum.
Mauvaise utilisation
de l’ocytocine
Une injection trop précoce, une posologie trop élevée ou trop d’injections entraînent l’éjection du
colostrum avant la naissance des porcelets. Cela génère également une hypoxie des porcelets et
donc une moins bonne prise colostrale.
Poids et viabilité
du porcelet
Le poids de naissance influence la quantité de colostrum ingéré.
Facteurs réduisant la viabilité des porcelets à la naissance : hypoxie, splay-leg, cordon ombilical
rompu à la naissance.
0
20
40
60
80
100
120
140
0 6 12 18 24
Anticorps dans le lait (mg/ml)
Heures après la mise bas
La concentration en immunoglobulines du colostrum
diminue très rapidement après la mise bas.
Figure 1 : Evolution des immunoglobulines dans le colostrum / lait
(d’après Klobasa, 1987)

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La quantité et la spécificité des immu-
noglobulines présentes dans le colos-
trum dépendent des stimulations anti-
géniques rencontrées par la truie. La
qualité immune du colostrum est donc
très variable entre les truies d’un même
élevage, et est susceptible d’être moins
bonne chez les primipares. Elle diminue
également rapidement dès la naissance
du premier porcelet. L’acquisition d’une
bonne immunité passive par le porcelet
va dépendre certes de la quantité ini-
tiale en IgG du colostrum, mais égale-
ment de la quantité bue et surtout de la
rapidité d’accès à la mamelle. Ainsi, les
porcelets d’une même portée présen-
tent des niveaux différents d’immunité
passive.
Optimiser l’immunité
colostrale
Les primipares peuvent présenter une
moins bonne immunité colostrale. La
qualité de leur acclimatation en quaran-
taine est donc primordiale. Le local doit
être adapté et confortable, et l’acclima-
tation au microbisme de l’élevage pro-
gressive et complète, avec un plan de
vaccination adapté. Une durée
de quarantaine d’au moins cinq
semaines est recommandée.
Elle peut être prolongée jusqu’à
12 semaines lors de situations
sanitaires particulières.
La vaccination est fondamen-
tale, que ce soit pour protéger la truie
d’une éventuelle pathologie, pour limiter
la pression d’infection dans un élevage
ou pour transmettre une immunité colos-
trale passive aux porcelets. Le
plan de vaccination doit donc
être adapté à chaque situation
et la qualité (taille de l’aiguille,
site d’injection, … de la vacci-
nation) doit être optimisée.
L’importance du nombre d’adoptions
sur la santé des porcs a plusieurs fois été
mise en avant, en particulier pour la MAP.
L’objectif est donc de les limiter au maxi-
mum. Toutefois, l’hyperprolicité accroît
le nombre d’adoptions, en raison de
tailles de portées parfois bien supérieu-
res aux nombres de tétines. Cependant,
un certains nombre de préconisations
peuvent être apportées pour les réaliser
au mieux (encadré 1).
Isabelle CORRÉGÉ
IFIP - Institut du porc
isabelle.correge@ifip.asso.fr
“Une durée
de quarantaine
d’au moins cinq
semaines est
recommandée.“
Adoptions : règles à respecter
• Grouper les mises bas ← bonne gestion et
maîtrise de la reproduction
• Surveiller les mises bas et limiter les mises
bas longues
• Limiter les adoptions au strict minimum,
pour égaliser le nombre de porcelets par
portée ou utiliser toutes les tétines fonc-
tionnelles d’une truie - Objectif < 15%
d’adoptions
• Prise de colostrum précoce indispensable : 4
à 6 heures de tétée colostrale
• Noter l’ordre des naissances et adopter de préférence les premiers nés
• Réaliser les adoptions rapidement : idéalement dans les 12 heures après la nais-
sance, et au maximum dans les 24-48 premières heures
• Privilégier des truies adoptives ayant mis bas depuis moins de 24 heures pour que
le porcelet puisse absorber du colostrum de sa truie adoptive
Respecter :
- les rangs de portées, sinon respecter quatre groupes de truies :
cochettes, 2ème portée, 3ème-4ème portée, ≥ 5ème portée
- les dates de naissance
- la même bande et si possible la même salle de maternité
Ne pas faire d’adoptions répétées.
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Isabelle CORRÉGÉ
Vétérinaire (Ip)
La vaccination est fondamentale pour protéger
la truie, limiter la pression d’infection et transmettre
une immunité passive aux porcelets.
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