MOTIVATIONS ET RÉTICENCES À LA VACCINATION :
UNE ÉTUDE QUALITATIVE SUR LES INFIRMIERS HOSPITALIERS
ET LIBÉRAUX DU DÉPARTEMENT DES HAUTES-ALPES
Antoine ROULLET ¹, Bernard AUMAITRE ²
¹ : Médecin généraliste, Université d’Aix Marseille / ² : PH santé publique. CH de Briançon
OBJECTIF //
>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>
Analyser les représentations des infirmiers hauts-alpins
sur la vaccination en général.
RESULTATS //
> 41 infirmiers interviewés de mars à
décembre 2015
> 18 ESD ; 4 FG
> 6 thèmes principaux
CONTEXTE //
Pourquoi la vaccination dans les Hautes-Alpes ?
La couverture vaccinale des Hautes-Alpes est inferieure à la moyenne nationale. (1)
Pourquoi la population infirmière ?
Les inrmiers sont moins vaccinés que les sages-femmes et les médecins. (2)
L’inrmier est pourtant un acteur principal de la vaccination des patients,
notamment par ses actions de prévention et d’éducation à la santé.
L’inrmier est souvent le premier interlocuteur des patients sur les questions de
santé, et inuence fortement leur décision vaccinale. (3)
L’infirmier représente donc un allié majeur du médecin généraliste pour
promouvoir la vaccination auprès des patients.
MATERIELS // Étude qualitative :
RECUEIL DES DONNEES :
Recueil de données : Entretiens Semi Directifs (ESD) et Focus Group (FG)
Critères d’inclusion : Inrmier(e)s hauts alpins (libéraux, hospitaliers,
étudiants)
ANALYSE DES DONNEES :
Modèle : En 3 temps interactifs
Méthodologie de la théorisation ancrée
Triangulation des données et des méthodes d’analyse
• Protection collective
Pour les inrmiers interrogés, la protection collective n’est pas un
argument majeur à la décision vaccinale, notamment pour la grippe
saisonnière.
• Formation et Information
Formation professionnelle insufsante : tant à l’IFSI qu’en formation
professionnelle continue.
Information délivrée à la population générale : contradictoire, voire
désinformation de la part des medias.
• Perte de confiance dans la vaccination
L’émergence des scandales liés aux vaccins nuit à la vaccination.
Méance envers les laboratoires.
Conance dans les vaccins anciens mais peur des nouveaux vaccins
et des adjuvants.
• L’influence du vécu
Le vécu personnel et/ou professionnel conditionne la décision
vaccinale des inrmiers.
• La peur du vaccin anti-VHB
La majorité des inrmiers interrogés est opposée au vaccin anti-VHB
du fait de son hypothétique lien avec la sclérose en plaques.
• Place de l’infirmier dans le processus vaccinal
La plupart des inrmiers interrogés admet ne pas inuencer la
décision du patient.
Sentiment de manque d’implication dans le processus vaccinal.
DISCUSSION //
Médecin, infirmier et population générale : des représentations
COMMUNES sur la vaccination
Les inrmiers sont très réticents envers le vaccin anti-VHB, comme les 2/3
de la population et ¼ des médecins. (4) (5)
Ils émettent des doutes quant à l’inocuité et l’utilité vaccinale, comme ¼
des médecins. (6)
Ils se montrent méants à l’égard de l’information délivrée par les medias
sur le sujet vaccinal, comme la majorité de la population générale et
médicale. (6)
Médecin, infirmier et population générale : des représentations
DIFFÉRENTES sur la vaccination
Les inrmiers font moins conance que les médecins au discours
scientique des autorités de santé. (6)
Ils ont une vision des vaccins moins collective que les médecins,
notamment pour la vaccination contre la grippe. (7)
Enn ils reconnaissent fréquemment ne pas encourager les patients à se
faire vacciner, se désengageant alors de leur « rôle de soignant ».
CONCLUSION ///////////////////////////////////////
> Les infirmiers expriment un manque de confiance et
une perte de repères sur le sujet vaccinal.
> Les infirmiers ne se sentent pas en mesure de
promouvoir la vaccination auprès de leurs patients.
> Nécessité de renforcer la collaboration entre médecin
et infirmier.
« Je sais que le vaccin
contre la grippe sert
surtout à protéger les
autres, ça n’est pas pour
autant que je le fais »
« Un jour un grand
professeur va dire « blanc »
sur TF1, puis le même jour
un autre professeur va dire
« noir » sur F rance 2, alors
qui croire ? »
« Ca n’a jamais été
prouvé [le lien vaccin
VHB et SEP], pourtant
je ne vaccinerai pas
mes enfants »
« La rupture de stock du
vaccin pentavalent : c’est un
prétexte des laboratoires
pour nous vacciner de force
contre le VHB »
« Depuis que j’ai vu une
collègue finir en réa à
cause d’une grippe, je
me vaccine »
« Comment
convaincre le
patient avec tout
ce qui se dit sur les
vaccins ? »
« C’est le médecin
qui vaccine de toute
façon, nous on n’a
pas à donner notre
avis »
1ere dose VHB 88%
FRANCE
Couverture vaccinale à 24 mois en 2013
57%
HAUTES-ALPES
57%70%
2eme rappel ROR
Références
1. Couverture vaccinale en France de 1998-2013.INVS.
2. Guthmann J, Abiteboul D. Résultats de l’enquête nationale Vaxisoin, 2009.
3. Mergler MJ, Omer SB, Pan WKY, Navar-Boggan AM, Orenstein W, Marcuse EK, et al. Association of vaccine-related attitudes and beliefs between parents and health care
providers. Vaccine. 23 sept 2013;31(41):4591 5.
4. Gautier A, Jauffret-Roustide M, Jestin C. Enquête Nicolle 2006: connaissances, attitudes et comportements face au risque infectieux. Éditions INPES; 2008.
5. François M, Alla F, Rabaud C, Raphaël F. Hepatitis B virus vaccination by French family physicians. Médecine Mal Infect. oct 2011;41(10):518 25.
6. Collange F, Fressard L, Verger P et al. Vaccinations : attitudes et pratiques des médecins généralistes. DREES; 2015.
7. Sardy R, Ecochard R, Lasserre E, Dubois J-P, Floret D, Letrilliart L. Représentations sociales de la vaccination chez les patients et les médecins généralistes : une étude
basée sur l’évocation hiérarchisée. Santé Publique. 29 janv 2013;24(6):547 60.