histoire de nancy - Nicole Pelletier – art textile et loisirs

HISTOIRE DE NANCY
Nancy est située au cœur des côtes de Moselle dans une demi-cuvette entre plusieurs
collines formant des petits plateaux boisés, aux coteaux parfois abrupts (altitude = de
200 m à 380 m). La plaine dans laquelle se place la cité est sans ouverture à l'ouest et au
nord-est. Nancy possédait au Moyen Âge une valeur défensive topographique médiocre
du fait de sa situation en cuvette. Frouard, qui possédait d'ailleurs un château, et sa
position au point de confluence, ou Saint-Nicolas-de-Port par exemple, auraient sans
doute été des choix géographiques plus stratégiques pour une place-forte. Cependant,
lors de la création de la ville, le site de Nancy était une plaine au ur du Duché de
Lorraine permettant un développement urbain peu contraignant.
La naissance de Nancy est en fait liée à l'édification d'un château féodal, au cours du
XIe siècle, par Gérard d'Alsace qui y fonde une petite cité qui deviendra la capitale du
duché de Lorraine sous ses successeurs au XI siècle. En 1218, au cours de la Guerre de
Succession de Champagne, sous le règne du duc Thiébaud Ier, la ville est totalement
incendiée par l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Elle sera reconstruite, agrandie
et protégée par un nouveau château.
C'est lors de la bataille de Nancy, qui fut précédée par un siège, que Charles le
Téméraire, duc de Bourgogne, meurt en janvier 1477 face au duc René II à l'étang
Saint-Jean. René II est également considéré comme le premier duc bâtisseur : il fait
reconstruire son palais Ducal et fait ériger à côté l'église des Cordeliers ainsi qu'un lieu
de culte à Notre-Dame de Bonsecours (notons également la construction d'une basilique
gothique flamboyante à Saint-Nicolas-de-Port, d'où le duc est parti pour entamer la
reconquête de sa capitale). Hieronimo Citoni créa la ville neuve de Nancy en 1596.
À la mort d'Henri II le 31 juillet 1624, sa fille, Nicole de Lorraine, devait être héritière
du duché de Lorraine. Mais, en raison de la découverte d'un testament de René II de
Lorraine précisant que les femmes n'ont pas droit à la succession, son mari, Charles de
Vaudémont revendique la couronne pour son père, François de Vaudémont. Les députés
acceptent, instaurant ainsi la loi salique. François II abdique fin novembre 1625 et
Charles IV devient ainsi duc de Lorraine. Charles IV témoigne à de nombreuses reprises
de sa préférence envers le Saint-Empire Romain Germanique par rapport à la France :
réception de Marie de Rohan, exilée par Richelieu à la suite de sa compromission dans le
complot de Chalais entre 1626 et 1628 et de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII et
en révolte contre Richelieu ; mariage de celui-ci avec Marguerite de Lorraine, sœur de
Charles IV ; soutien militaire de l'Empire en Franconie contre la Suède ; enfin, en
violation avec le traité de Vic et celui de Liverdun, aide à l'empereur Ferdinand II pour
libérer Haguenau des Suédois. Le roi de France, sur le conseil de Richelieu, décide alors
d'assiéger Nancy.
En septembre 1633 commence le siège de Nancy : Louis XIII ordonne de brûler les
moulins, occuper les châteaux, couper les ponts et construire retranchements et forts
en mobilisant six mille soldats et dix mille paysans de Lorraine et de Champagne. Malgré
la résistance, menée notamment par Henriette de Lorraine, sœur du Duc de Lorraine
restée à Nancy, Henri de Mouy, gouverneur de la cité, Nancy n'a pas d'autre choix que
de capituler et Nicolas-François de Lorraine se charge des négociations. Le traité de
Charmes, signé le 20 septembre, prévoit notamment le désarmement des troupes du Duc
de Lorraine et l'occupation d'une grande partie de la ville, de ses points-clés et de ses
alentours par les troupes françaises. De nombreux membres de la maison de Lorraine
fuient à Bruxelles ou en Italie et Charles IV, dans l'espoir d'une alliance avec l'Empire
lui permettra plus tard de récupérer la Lorraine.
Sous le règne du duc Charles III, la ville bénéficie de nombreuses extensions
matérialisée par la naissance de la ville-neuve.
En 1871, la ville reste française tandis que l'Alsace et la Moselle, avec Strasbourg et
Metz, sont rattachées à l'Allemagne par le traité de Francfort. Nancy connaît alors une
période de prospérité et un nouvel âge d'or culturel. En effet, de nombreux optants
(Alsaciens et Mosellans refusant la nationalité allemande) choisissent de s'y installer,
parmi lesquels un grand nombre d'intellectuels et d'industriels.
Nancy devient alors la principale ville de l'est de la France et sa population augmente de
façon considérable passant de 50 000 habitants en 1870 à 120 000 habitants en 1914.
Mais avec l'annexion, Nancy devient un symbole et sombre, peu à peu, dans une crise
nationaliste à partir de 1889 qui voit arriver parmi les conseillers municipaux, sur les
bancs de l'Assemblée, des élus antisémites. Ville de sidérurgie depuis les années 1880,
Nancy se rêve aussi en ville charbonnière à la toute fin du xixe siècle. Le projet, à
l'impulsion de maîtres de forges (Cavallier, Lespinats, Saintignon, Villain), d'ingénieurs
des Mines, de banquiers et d'hommes d’affaires locaux, restera cependant sans
lendemains.
À cause de la poussée démographique des années 1870-1900, l'urbanisation à Nancy sera
pour le moins anarchique. C'est une ville en pleine expansion qui verra la naissance, en
1894, de la société des arts décoratifs Lorrains, future École de Nancy, dont les chefs
de file seront Émile Gallé, Antonin Daum, Louis Majorelle, Victor Prouvé ou encore
Eugène Vallin. L'exposition de cette société, créée sur l'initiative de l'architecte
Charles André, a le mérite de faire connaître, au côté d’Émile Gallé, d'autres artistes
nancéiens. Parmi eux, l'ébéniste Eugène Vallin expose, dans la section consacrée à
l'architecture, un plafond de salle à manger pour la demeure qu'il est sur le point de
construire boulevard Lobau. C'est l'une des premières réalisations architecturales de
l'art 1900 à Nancy.
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