Encyclopédie
du mormonisme
Macmillan Publishing Company, 1992
- Extraits -
Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org
(avec autorisation)
A B C D E F G H I J K L M N O P R S T V Y
A
Abinadi
Auteur : CRAMER, LEW W.
Abinadi (150 av. J.-C.) est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre de
Mormon. Son ministère et son exécution racontés au cœur du livre de Mosiah renforcent
le contraste entre le roi juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien, un témoin
oculaire converti, écrira les paroles principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles
auront été prononcées (Mos. 17:4).
Abinadi appartient à un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était retourné de
Zarahemla, une génération plus tôt, pour récupérer auprès des Lamanites la ville de
Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son temple. Quand les excès du roi et des
prêtres néphites apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du Seigneur le
commandement de dénoncer publiquement leurs abominations ; il prophétise leur captivité
et leurs afflictions à venir. Noé le condamne à mort pour ceci, mais il s’échappe.
On ne sait pas où il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et celles
de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ; 2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il
a passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin et son peuple (Pa. 1:16-17) ou
qu’il a reçu des révélations semblables pendant cette période.
Après deux ans, ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de
prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au
nom du Seigneur, une malédiction contre le peuple impénitent, contre son pays et son
grain, prédisant sans détour la destruction et une servitude humiliante, rappelant les
souffrances d'Israël en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme celles utilisées
au Proche-Orient antique pour condamner ceux qui violent leurs alliances, il témoigne que
la vie de Noé « sera estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente » (Mos.
12:3).
Le peuple se saisit de lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de mentir au sujet du roi et
de prophétiser faussement. Les deux chefs d’accusation sont des violations en vertu de
leur loi, la Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22). La nature double des
accusations semble avoir compliqué le procès qui en résulte, le roi ayant comme
d’habitude pouvoir en matière de politique et les prêtres en matière de questions
religieuses.
Le procès se concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie. Les prêtres
invitent Abinadi à interpréter Ésaïe 52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre
que Dieu a consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays « racheté ». Selon
eux, alors qu'Ésaïe chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes
nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette interprétation, les malédictions d'Abinadi
sont en conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent comme fausses et illégales.
Abinadi réfute les prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal comprendre la loi
et d’y désobéir. Il parvient à leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à la loi,
après quoi il leur rappelle les dix commandements, la loi fondamentale de l'alliance qu'ils
n'ont pas gardée. Il résiste miraculeusement à la tentative du roi de le faire taire « et son
visage brillait d'un resplendissement extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était
sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de
ce passage avec le futur Messie.
Les paroles prophétiques d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon.
Il explique l’ « aspect » et la venue de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos.
13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant « le Père et le Fils » (Mos.
15:1-5). Il enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis muette devant ceux qui
la tondent » (És. 53:7 ; Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à la question
des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10. Il proclame que ceux qui « déclareront sa postérité »
(voir Mos. 15:10) et « publient la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de Dieu et
qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles sont sa « postérité » (Mos. 15:11, 13). Ils
sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes nouvelles » de salut, de rédemption, de
réconfort par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
Utilisant le texte d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter le peuple
de Noé qui s'est obstinément rebellé contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est
possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre aussi que ses prophéties
ne contredisent pas le texte d'Ésaïe cité par les prêtres.
Noé veut qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir porté un faux témoignage contre
lui, le roi. Un jeune prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du témoignage
d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le procès est suspendu pendant trois jours pendant
lesquels Abinadi est gardé en prison.
Quand le procès reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème (Mos. 17:8),
encore une infraction capitale en vertu de la loi de Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne
l'occasion d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu, même face à
des menaces de mort.
Noé est intimidé et pense à le libérer, mais les prêtres accusent Abinadi d'un quatrième
délit, celui d’insulter le roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé va
condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le brûler. Il était normal, en vertu de la
loi mosaïque, que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais la mort par le
feu est une forme extraordinaire d'exécution. Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé :
il est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé serait estimée comme un vêtement dans
une fournaise ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs connaîtront le
même destin. Cette prophétie ne tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ; Al.
25:7-12).
Les Néphites vont se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
1. Pour Alma, son converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma
enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la résurrection du Christ, de la
résurrection des morts, de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand
changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce aux descendants d'Alma, Abinadi
va influencer les Néphites pendant des siècles.
2. Pour Ammon, qui sera témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al.
24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à cause de sa croyance en Dieu » (Al.
25:11 ; cf. Mos. 17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu comme étant la
vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque l’accusation d’insulte au roi lancée par les
prêtres se révèle être un faux prétexte.
3. Pour Mormon, témoin de la décadence et de la destruction des Néphites cinq cents
ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé que, pour cause de méchanceté, le
malheur s’abattrait sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits (Mrm.
1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
Abraham
[Cette rubrique comprend cinq articles :
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Le livre d’Abraham rapporte de manière autobiographique la première partie de la vie
d’Abraham et est l’un des textes du recueil d’Écritures des saints intitulé Perle de grand
prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la découverte et l’achat des papyrus de
Joseph Smith et les événements aboutissant à la publication du livre d’Abraham lui-même.
L’article Traduction et publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails sur le
processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre d’Abraham et l’histoire de sa
parution comme ouvrage imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham examine d’une
manière générale les événements relatés dans le livre, notamment la délivrance
miraculeuse d’Abraham de la mort et l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie.
Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction aux illustrations égyptiennes
antiques qui sont actuellement publiées avec l’œuvre et évalue leur lien avec le texte. Les
études publiées jusqu’ici sur le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur le livre
d’Abraham.]
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
En juillet 1835, tandis qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith acheta, au
nom de l’Église, pour $2400, quatre momies égyptiennes et les papyrus qui les
accompagnaient à Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie. Chandler
avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu les sept autres dans l’Est des États-
Unis avant de rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les antiquités, Joseph
Smith annonça que les papyrus contenaient des écrits des patriarches Abraham et
Joseph, qui avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces antiquités avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la rive occidentale du Nil
en face de la ville antique de Thèbes (aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et
1821. Lebolo, né à Castellamonte, au Piémont (nord de l’Italie), avait été gendarme
pendant l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand celui-ci fut battu, Lebolo
préféra l’exil à la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition de la
monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où il fut employé par Bernardino Drovetti,
ancien consul général de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en Haute-Égypte.
Drovetti permit également à Lebolo de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze
momies bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo dirigeait plusieurs
centaines d’hommes qui faisaient des fouilles à différents emplacements, l’endroit exact
n’a pas été identifié. Les momies furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa Albano
Oblasser, un magnat de l’import export, à les vendre en son nom. Lebolo mourut le 19
février 1830 à Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux compagnies
maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à Maitland et Kennedy, pour qu’ils les
vendent à quiconque payerait une somme appropriée. Le montant devait être envoyé aux
héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en hiver ou au début du printemps 1833. Il
prétendait que Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a pas été confirmée.
On sait maintenant qu’une partie de la littérature abrahamique révèle des liens avec
l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham – probablement d’abord écrit en grec –
provient presque certainement d’Égypte. L’insertion d’une personnalité biblique telle
qu’Abraham dans les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une technique juive connue
depuis la période hellénistique (Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des
textes égyptiens soient d’une certaine façon liés à la parution du livre d’Abraham.
Selon certains égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par Joseph Smith doivent
dater du début de l’ère chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent. Le Testament
d’Abraham, édité au départ par M. R. James en 1892, a été décrit par lui comme étant
« un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte » (Nibley, p. 20-21).
L’identité des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune source primaire qui les
identifie.
Bibliographie
Grobel, K. « … Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10 (1963-1964), p.
373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake
City, 1987.
H. DONL PETERSON
Livre d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
Le 10 octobre 1880, lors d’une conférence générale, les membres de l’Église de Jésus-
Christ des saints des derniers jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme
ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été avancées concernant le processus par lequel
le prophète Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que ses associés et lui aient commencé
un « alphabet et grammaire égyptiens » tandis qu’ils étudiaient les papyrus, le but de ce
travail est obscur. Il n’a jamais été fini, expliqué ou publié par Joseph Smith ni aucun de
ses successeurs. Cependant, il est certain qu’il a commencé à travailler à Kirtland sur les
papyrus égyptiens concernés peu après les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
Il est probable que personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter des
hiéroglyphes égyptiens par les techniques ordinaires de traduction. Le prophète dit que
quand il avait traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à partir du texte en « égyptien
réformé » (1827-1829), il l’avait fait « par le don et le pouvoir de Dieu ». De même, ce fut
principalement l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des langues qui fut à
l’origine du texte anglais du livre d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure inconnue.
Le 5 juillet 1835, le prophète écrivit : « J’ai commencé la traduction de certains des
caractères ou hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai constaté qu’un des rouleaux
contenait les écrits d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur commence
à révéler l’abondance de la paix et de la vérité » (HC 2:236). Après quelques retards,
Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837, deux hommes pour lever des fonds pour
aider à la traduction et à l’impression du livre d’Abraham. Mais à cause d’autres difficultés,
il ne put rien publier pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham fut
imprimé pour la première fois dans trois numéros du Times and Seasons, les 1er mars, 15
mars et 16 mai 1842. Ces numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont les
trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith promit que davantage du livre d’Abraham
serait publié. Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha le
prophète de publier davantage du document. Il reçut une notoriété considérable quand
plusieurs grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent le fac-similé 1 et une
partie du texte publié dans le Times and Seasons.
En 1851, les écrits d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de grand prix,
une petite compilation faite par Franklin D. Richards, contenant certaines des traductions
et des révélations de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée en 1880 à
Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau des trois autres recueils ou ouvrages
canoniques sacrés : la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
En 1856, les papyrus furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À
l’exception de quelques fragments rendus à l’Église en 1967, la localisation actuelle des
papyrus est inconnue. [Voir également Papyrus, Joseph Smith.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n° 4, été
1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake
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