Encyclopédie du mormonisme

publicité
Encyclopédie
du mormonisme
Macmillan Publishing Company, 1992
- Extraits Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org
(avec autorisation)
A B C D E F G H I J K L M N O P R S T V Y
A
Abinadi
Auteur : CRAMER, LEW W.
Abinadi (150 av. J.-C.) est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre de
Mormon. Son ministère et son exécution racontés au cœur du livre de Mosiah renforcent
le contraste entre le roi juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien, un témoin
oculaire converti, écrira les paroles principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles
auront été prononcées (Mos. 17:4).
Abinadi appartient à un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était retourné de
Zarahemla, une génération plus tôt, pour récupérer auprès des Lamanites la ville de
Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son temple. Quand les excès du roi et des
prêtres néphites apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du Seigneur le
commandement de dénoncer publiquement leurs abominations ; il prophétise leur captivité
et leurs afflictions à venir. Noé le condamne à mort pour ceci, mais il s’échappe.
On ne sait pas où il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et celles
de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ; 2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il
a passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin et son peuple (Pa. 1:16-17) ou
qu’il a reçu des révélations semblables pendant cette période.
Après deux ans, ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de
prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au
nom du Seigneur, une malédiction contre le peuple impénitent, contre son pays et son
grain, prédisant sans détour la destruction et une servitude humiliante, rappelant les
souffrances d'Israël en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme celles utilisées
au Proche-Orient antique pour condamner ceux qui violent leurs alliances, il témoigne que
la vie de Noé « sera estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente » (Mos.
12:3).
Le peuple se saisit de lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de mentir au sujet du roi et
de prophétiser faussement. Les deux chefs d’accusation sont des violations en vertu de
leur loi, la Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22). La nature double des
accusations semble avoir compliqué le procès qui en résulte, le roi ayant comme
d’habitude pouvoir en matière de politique et les prêtres en matière de questions
religieuses.
Le procès se concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie. Les prêtres
invitent Abinadi à interpréter Ésaïe 52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre
que Dieu a consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays « racheté ». Selon
eux, alors qu'Ésaïe chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes
nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette interprétation, les malédictions d'Abinadi
sont en conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent comme fausses et illégales.
Abinadi réfute les prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal comprendre la loi
et d’y désobéir. Il parvient à leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à la loi,
après quoi il leur rappelle les dix commandements, la loi fondamentale de l'alliance qu'ils
n'ont pas gardée. Il résiste miraculeusement à la tentative du roi de le faire taire « et son
visage brillait d'un resplendissement extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était
sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de
ce passage avec le futur Messie.
Les paroles prophétiques d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon.
Il explique l’ « aspect » et la venue de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos.
13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant « le Père et le Fils » (Mos.
15:1-5). Il enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis muette devant ceux qui
la tondent » (És. 53:7 ; Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à la question
des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10. Il proclame que ceux qui « déclareront sa postérité »
(voir Mos. 15:10) et « publient la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de Dieu et
qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles sont sa « postérité » (Mos. 15:11, 13). Ils
sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes nouvelles » de salut, de rédemption, de
réconfort par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
Utilisant le texte d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter le peuple
de Noé qui s'est obstinément rebellé contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est
possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre aussi que ses prophéties
ne contredisent pas le texte d'Ésaïe cité par les prêtres.
Noé veut qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir porté un faux témoignage contre
lui, le roi. Un jeune prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du témoignage
d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le procès est suspendu pendant trois jours pendant
lesquels Abinadi est gardé en prison.
Quand le procès reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème (Mos. 17:8),
encore une infraction capitale en vertu de la loi de Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne
l'occasion d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu, même face à
des menaces de mort.
Noé est intimidé et pense à le libérer, mais les prêtres accusent Abinadi d'un quatrième
délit, celui d’insulter le roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé va
condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le brûler. Il était normal, en vertu de la
loi mosaïque, que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais la mort par le
feu est une forme extraordinaire d'exécution. Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé :
il est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé serait estimée comme un vêtement dans
une fournaise ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs connaîtront le
même destin. Cette prophétie ne tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ; Al.
25:7-12).
Les Néphites vont se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
1. Pour Alma, son converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma
enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la résurrection du Christ, de la
résurrection des morts, de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand
changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce aux descendants d'Alma, Abinadi
va influencer les Néphites pendant des siècles.
2. Pour Ammon, qui sera témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al.
24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à cause de sa croyance en Dieu » (Al.
25:11 ; cf. Mos. 17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu comme étant la
vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque l’accusation d’insulte au roi lancée par les
prêtres se révèle être un faux prétexte.
3. Pour Mormon, témoin de la décadence et de la destruction des Néphites cinq cents
ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé que, pour cause de méchanceté, le
malheur s’abattrait sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits (Mrm.
1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
Abraham
[Cette rubrique comprend cinq articles :
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Le livre d’Abraham rapporte de manière autobiographique la première partie de la vie
d’Abraham et est l’un des textes du recueil d’Écritures des saints intitulé Perle de grand
prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la découverte et l’achat des papyrus de
Joseph Smith et les événements aboutissant à la publication du livre d’Abraham lui-même.
L’article Traduction et publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails sur le
processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre d’Abraham et l’histoire de sa
parution comme ouvrage imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham examine d’une
manière générale les événements relatés dans le livre, notamment la délivrance
miraculeuse d’Abraham de la mort et l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie.
Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction aux illustrations égyptiennes
antiques qui sont actuellement publiées avec l’œuvre et évalue leur lien avec le texte. Les
études publiées jusqu’ici sur le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur le livre
d’Abraham.]
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
En juillet 1835, tandis qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith acheta, au
nom de l’Église, pour $2400, quatre momies égyptiennes et les papyrus qui les
accompagnaient à Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie. Chandler
avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu les sept autres dans l’Est des ÉtatsUnis avant de rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les antiquités, Joseph
Smith annonça que les papyrus contenaient des écrits des patriarches Abraham et
Joseph, qui avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces antiquités avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la rive occidentale du Nil
en face de la ville antique de Thèbes (aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et
1821. Lebolo, né à Castellamonte, au Piémont (nord de l’Italie), avait été gendarme
pendant l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand celui-ci fut battu, Lebolo
préféra l’exil à la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition de la
monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où il fut employé par Bernardino Drovetti,
ancien consul général de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en Haute-Égypte.
Drovetti permit également à Lebolo de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze
momies bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo dirigeait plusieurs
centaines d’hommes qui faisaient des fouilles à différents emplacements, l’endroit exact
n’a pas été identifié. Les momies furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa Albano
Oblasser, un magnat de l’import export, à les vendre en son nom. Lebolo mourut le 19
février 1830 à Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux compagnies
maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à Maitland et Kennedy, pour qu’ils les
vendent à quiconque payerait une somme appropriée. Le montant devait être envoyé aux
héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en hiver ou au début du printemps 1833. Il
prétendait que Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a pas été confirmée.
On sait maintenant qu’une partie de la littérature abrahamique révèle des liens avec
l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham – probablement d’abord écrit en grec –
provient presque certainement d’Égypte. L’insertion d’une personnalité biblique telle
qu’Abraham dans les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une technique juive connue
depuis la période hellénistique (Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des
textes égyptiens soient d’une certaine façon liés à la parution du livre d’Abraham.
Selon certains égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par Joseph Smith doivent
dater du début de l’ère chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent. Le Testament
d’Abraham, édité au départ par M. R. James en 1892, a été décrit par lui comme étant
« un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte » (Nibley, p. 20-21).
L’identité des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune source primaire qui les
identifie.
Bibliographie
Grobel, K. « … Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10 (1963-1964), p.
373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake
City, 1987.
H. DONL PETERSON
Livre d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
Le 10 octobre 1880, lors d’une conférence générale, les membres de l’Église de JésusChrist des saints des derniers jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme
ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été avancées concernant le processus par lequel
le prophète Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que ses associés et lui aient commencé
un « alphabet et grammaire égyptiens » tandis qu’ils étudiaient les papyrus, le but de ce
travail est obscur. Il n’a jamais été fini, expliqué ou publié par Joseph Smith ni aucun de
ses successeurs. Cependant, il est certain qu’il a commencé à travailler à Kirtland sur les
papyrus égyptiens concernés peu après les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
Il est probable que personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter des
hiéroglyphes égyptiens par les techniques ordinaires de traduction. Le prophète dit que
quand il avait traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à partir du texte en « égyptien
réformé » (1827-1829), il l’avait fait « par le don et le pouvoir de Dieu ». De même, ce fut
principalement l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des langues qui fut à
l’origine du texte anglais du livre d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure inconnue.
Le 5 juillet 1835, le prophète écrivit : « J’ai commencé la traduction de certains des
caractères ou hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai constaté qu’un des rouleaux
contenait les écrits d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur commence
à révéler l’abondance de la paix et de la vérité » (HC 2:236). Après quelques retards,
Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837, deux hommes pour lever des fonds pour
aider à la traduction et à l’impression du livre d’Abraham. Mais à cause d’autres difficultés,
il ne put rien publier pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham fut
imprimé pour la première fois dans trois numéros du Times and Seasons, les 1er mars, 15
mars et 16 mai 1842. Ces numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont les
trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith promit que davantage du livre d’Abraham
serait publié. Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha le
prophète de publier davantage du document. Il reçut une notoriété considérable quand
plusieurs grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent le fac-similé 1 et une
partie du texte publié dans le Times and Seasons.
En 1851, les écrits d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de grand prix,
une petite compilation faite par Franklin D. Richards, contenant certaines des traductions
et des révélations de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée en 1880 à
Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau des trois autres recueils ou ouvrages
canoniques sacrés : la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
En 1856, les papyrus furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À
l’exception de quelques fragments rendus à l’Église en 1967, la localisation actuelle des
papyrus est inconnue. [Voir également Papyrus, Joseph Smith.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n° 4, été
1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake
City, 1987.
H. DONL PETERSON
Livre d’Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Auteur : THOMPSON, STEPHEN E.
Le livre d’Abraham dans la Perle de grand prix se compose d’un récit des relations
d’Abraham avec le Seigneur dans quatre pays : la Chaldée, Charan, Canaan et l’Égypte.
Cette observation est en accord avec l’expression qui introduit l’œuvre, « au pays de ».
Excepté pour les événements rapportés au premier chapitre, Saraï (Sara) participe
pleinement aux vicissitudes et aux triomphes de son mari.
Au début du texte, Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1, 5-7). Mais
sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour avoir prêché contre sa méchanceté, il
décide d’émigrer. L’opposition officielle qui en résulte vaut presque à Abraham d’être la
victime d’un sacrifice humain (1:12-15). Quand il prie pour avoir l’aide divine, un ange le
sauve et lui promet qu’il sera conduit dans un nouveau pays et qu’il recevra la prêtrise
(1:15-19).
Quand la famine prophétisée par l’ange arrive en Chaldée (1:29-30), Abraham part
avec Saraï, son neveu Lot, et sa famille, avec son père, Térach, dans son sillage (2:4).
Une fois qu’ils sont installés à Charan, le Seigneur commande à Abraham de continuer
vers Canaan et lui révèle les éléments de base de l’alliance abrahamique (2:6-11). À
cause de la famine, Abraham va en Égypte, où le Seigneur lui commande – et c’est là un
détail qui est absent dans Genèse 12:11-13 – de présenter Saraï comme sa sœur, afin
que les Égyptiens ne le tuent pas (2:21-25).
Au troisième chapitre, Abraham décrit une vision qu’il a reçue par un urim et un
thummim au sujet des mondes créés par Dieu, des esprits prémortels des hommes et du
Conseil dans les cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-3) planifièrent la création de
la terre et de l’humanité. Les quatrième et cinquième chapitres racontent la réalisation de
ces plans et le placement d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden.
Selon le récit du livre, la Chaldée était sous l’hégémonie égyptienne du vivant
d’Abraham. La religion locale comprenait le culte solaire égyptien, le culte du pharaon et
les sacrifices humains. La découverte du pays d’Égypte est attribuée à Égyptus, fille de
Cham et d’Égyptus ; son fils aîné, dont le nom était Pharaon, créa son premier
gouvernement.
Les contributions doctrinales du livre sont une explication plus complète de l’alliance
d’Abraham et de son rapport avec l’Évangile (2:6-11) et une meilleure compréhension de
la vie prémortelle (3:22-28). Pour ce qui concerne l’astronomie, il donne le nom de l’astre
le plus proche de la demeure de Dieu, Kolob (3:2-4) et détaille la création de la terre par
un conseil des Dieux au quatrième chapitre. Abraham 1:26-27 a été interprété par certains
comme base scripturaire du refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
Pour ce qui est des liens avec la Bible, l’idolâtrie de Térach (cf. Jos. 24:2) et la
délivrance d’Abraham par le Seigneur (cf. És. 29:22) sont détaillés dans le livre d’Abraham
et dans d’autres textes antiques sur Abraham.
Beaucoup de thèmes du livre apparaissent dans d’autres documents littéraires
antiques, notamment la lutte d’Abraham contre l’idolâtrie (Jubilés 12 ; Charlesworth, vol. 2,
p. 79-80), la tentative de sacrifice d’Abraham (Pseudo-Philon 6 ; Charlesworth, vol. 2, p.
310-312) et la vision d’Abraham de l’endroit où Dieu habite, les événements dans le jardin
d’Éden et les esprits prémortels (Apocalypse d’Abraham 22-23 ; Charlesworth, vol. 1, p.
700). Le commandement de Dieu à Abraham de présenter Saraï comme étant sa sœur
trouve son écho dans l’Apocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui ayant été donné
dans un songe. Abraham enseignant l’astronomie aux Égyptiens (fac-similé 3 du livre
d’Abraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème 9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol. 2,
p. 881-82) et dans Josèphe (Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
Bibliographie
Charlesworth, James H., dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols.
Garden City, N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt Lake
City, 1985.
Peterson, H. Donl, et Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price :
Revelations from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
Trois fac-similés sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la Perle de grand
prix. Tous sont semblables aux illustrations égyptiennes connues par d’autres sources.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 1. Les représentations semblables au fac-similé 1 abondent
dans les textes religieux égyptiens. Un exemple typique apparaît au chapitre 151 du Livre
des Morts, montrant le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de
lion. Dans certains détails, tels que la position du personnage couché, le fac-similé 1
diffère des autres textes égyptiens.
On ne connaît l’existence du document original que pour le fac-similé 1. La
comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte hiéroglyphique qui accompagne
ce dessin démontre qu’il faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de
Livre des Respirations. Sur la base des indications paléographiques et historiques, la date
de ce texte peut être estimée avec certitude comme étant le premier siècle apr. J.-C. Étant
donné que le livre d’Abraham fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en ont
conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que le prophète Joseph Smith a
utilisé dans sa traduction. Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le livre
d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est la preuve concluante que Joseph Smith
était incapable de traduire les documents antiques.
Dans les documents historiques que l’Église possède actuellement, Joseph Smith n’a
jamais décrit le processus qu’il utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du
Livre de Mormon, il a dit qu’il « n’était pas utile » qu’il raconte tous les détails de sa
parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). À plusieurs
reprises, il a qualifié le livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand le livre
d’Abraham fut publié par sections dans le Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par
Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff (dans son journal personnel) et
Parley P. Pratt (dans le Millennial Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été
faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith lui-même ne mentionne
pas l’utilisation de cet instrument à un endroit quelconque de la traduction.
On doit cependant tenir compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La
section 7 des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le prophète,
utilisant l’urim et le thummim, a traduit des « écrits faits sur parchemin par Jean ». Bien
qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa possession, il en a donné
une traduction. Puisqu’on ne sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est
raisonnable de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens achetés à Michael
Chandler, Joseph Smith a demandé au Seigneur de lui donner la révélation à leur sujet et
a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il se peut alors qu’il ait recherché dans les
papyrus en sa possession des illustrations semblables à celles qu’il avait apprises par
révélation. C’est une explication possible de la façon dont des dessins faits aux environs
du premier siècle apr. J.-C. ont été utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un hypocéphale
(« sous la tête » en grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les musées de
par le monde. Leur but officiel était de maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la
résurrection) et de transformer le défunt en un dieu dans l’au-delà. Joseph Smith a
expliqué que le fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de la terre, du SaintEsprit, etc. Ses explications sont généralement raisonnables à la lumière des
connaissances modernes en égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout
dans la partie inférieure du fac-similé représentent, selon Joseph Smith, « les quatre coins
de la terre ». Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et, entre autres, ils
étaient les dieux des quatre coins de la terre.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on retrouve sans cesse
dans la littérature égyptienne, une scène particulièrement connue grâce au chapitre 125
du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts devant le trône d’Osiris. Il est
probable qu’il se trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le fac-similé 1
constituait le commencement, puisque d’autres exemplaires contiennent des vignettes
semblables à celle-ci. De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît dans les
hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
Joseph Smith explique que le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône du
pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à la cour égyptienne. Les critiques ont
fait remarquer que le deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi, est la
déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples dans d’autres papyrus, qui
n’étaient pas dans la possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté sous les
traits d’Hathor. En fait, la scène entière est typique des drames rituels égyptiens dans
lesquels des acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et déesses.
En résumé, le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3 la fin d’un
document connu sous le nom de Livre des Respirations, un texte religieux égyptien que la
paléographie date de l’époque de Jésus. Le fac-similé 2, l’hypocéphale, est également un
texte religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association de ces fac-similés au livre
d’Abraham comme étant une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il
possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à ce qu’il avait reçu par révélation
en traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le prophète donne de
chacun des fac-similés s’accordent avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques
religieuses égyptiennes.
Bibliographie
Harris, James R. "The Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2,
dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary of the Joseph Smith
Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
Livre d’Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
COMMENTAIRES DOCTRINAUX. Les études doctrinales du livre d’Abraham ont
habituellement été des composants de commentaires généraux sur la Perle de grand prix
qui ne se concentraient pas sur le livre d’Abraham en particulier. Le Commentary on the
Pearl of Great Price de George Reynolds et Janne Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est
un exemple typique. L’étude la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary
on the Pearl of Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
ÉTUDES HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator par
F. S. Spaulding, évêque épiscopalien d’Utah, tentait de réaliser la première étude non
mormone officielle du livre d’Abraham. Elle contenait des lettres de huit grands
égyptologues sur les trois fac-similés commentant sur « l’exactitude » de leur
interprétation par le prophète Joseph Smith. Les savants s’accordaient unanimement pour
dire que le prophète se trompait. À l’époque, aucun savant parmi les saints des derniers
jours n’était capable de réfuter leurs affirmations. Ce ne fut qu’en 1936 que J. E. Homans,
qui n’était pas saint des derniers jours et qui écrivait sous le pseudonyme R. C. Webb,
publia Joseph Smith as a Translator, défendant les capacités du prophète comme
traducteur, mais sans traiter directement les remarques faites par les égyptologues.
En 1967, onze fragments des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à Joseph
Smith furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent ensuite présentés à l’Église par le
Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs fragments faisaient
partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Trois
égyptologues de renom procédèrent rapidement à une traduction et à des commentaires
sur les fragments, ce qui eut comme conséquence de nouvelles attaques à propos de
« l’incapacité » de Joseph Smith comme traducteur. Les détracteurs affirmèrent que le
Livre des Respirations n’avait rien à voir avec le livre d’Abraham que Joseph Smith
prétendait apparemment avoir traduit de ces mêmes papyrus. En effet, le Livre des
Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs du premier siècle apr. J.-C.,
quelque deux mille ans après le temps d’Abraham. Hugh Nibley a systématiquement
défendu Joseph Smith avec une grande compétence contre les critiques de ce type, en
affirmant que le livre d’Abraham devait être évalué sur la base de ce qu’il prétend être : le
récit fait par Abraham de sa vie. Les recherches de Nibley ont montré qu’il existe un
nombre important de liens entre le livre d’Abraham et les textes antiques qui traitent
d’Abraham. Ces ressemblances sont trop nombreuses et trop subtiles pour qu’on puisse
les attribuer à la seule coïncidence.
Dans son explication du fac-similé 2 du livre d’Abraham, Joseph Smith affirmait que
certaines informations qui s’y trouvaient ne devaient pas être révélées au monde, « mais
peu[ven]t s’obtenir dans le saint temple de Dieu ». Les études sur le rituel du temple
égyptien faites depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des parallèles avec les
célébrations et la doctrine du temple chez les saints des derniers jours, notamment la
représentation de la création et de la chute de l’humanité, les ablutions et les onctions et le
retour final des personnes en la présence de Dieu. De plus, mari, femme et enfants sont
scellés ensemble pour l’éternité, la généalogie est prise au sérieux ; les hommes seront
jugés selon leurs actes dans cette vie et la récompense d’une vie juste est de vivre
éternellement en la présence de Dieu avec sa famille. Il n’est guère raisonnable de vouloir
faire croire que tous ces parallèles se sont produits par pur hasard.
Un certain nombre de textes pseudépigraphiques prétendant être des récits de la vie
d’Abraham sont apparus depuis le temps de Joseph Smith, comme l’Apocalypse
d’Abraham et le Testament d’Abraham, des documents qui montrent des ressemblances
remarquables avec le livre d’Abraham. Par exemple, au chapitre 12 du Testament
d’Abraham, il y a une description du jugement des morts qui correspond dans le plus
grand détail à la scène montrée dans le fac-similé 3 du livre d’Abraham et, par ailleurs, au
chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut trouver dans les écrits
pseudépigraphiques sur Abraham des parallèles avec presque chaque verset du livre
d’Abraham.
En résumé, les nombreuses ressemblances que le livre d’Abraham et les points de
doctrine des saints des derniers jours qui lui correspondent ont en commun avec les
textes religieux égyptiens et les écrits pseudépigraphiques récemment découverts peuvent
être une confirmation supplémentaire de l’authenticité de la traduction de Joseph Smith
connue sous le nom de livre d’Abraham. Une question importante au sujet de son
authenticité continue à tourner autour du point de savoir si Joseph Smith a traduit
l’ouvrage au départ des fragments de papyrus que l’Église a maintenant en sa possession
ou s’il a utilisé l’urim et le thummim pour recevoir le texte du livre d’Abraham par
révélation, comme c’est est le cas pour la traduction du rouleau de Jean le Révélateur,
que l’on trouve à la section 7 des Doctrine et Alliances ou du livre de Moïse, qui est extrait
de la traduction de la Bible par Joseph Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de grand
prix. Ces exemples montrent que Joseph Smith n’avait pas besoin de posséder un texte
original pour que sa traduction lui soit révélée. Dans sa fonction comme prophète, voyant
et révélateur, beaucoup de voies lui étaient ouvertes pour recevoir des informations par
l’inspiration divine. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham.]
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The Facsimiles of the Book of Abraham : A Reappraisal."
Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, p. 33-48.
Baer, Klaus. "The Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, p. 109-134.
Homans, J. E. Joseph Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The Joseph Smith Papyri : A Preliminary Report." Dialogue 3, n° 2,
1968, p. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary on the Joseph Smith
Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
Abraham
Auteur : CLARK, E. DOUGLAS
Peu de personnages bibliques ont une place aussi importante dans la religion des
saints qu’Abraham. D’autres croient aussi qu’il a réellement existé, mais l’approche des
saints est unique : Les révélations reçues par Joseph Smith confirment l’historicité de base
de la Genèse et ajoutent des informations auxquelles font écho des sources antiques dont
beaucoup ont été retrouvées après l’époque du prophète.
Le livre d’Abraham tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière
autobiographique la jeunesse d’Abraham, expliquant pourquoi il a été choisi comme
destinataire clef des promesses divines destinées au bien de l’humanité. Non seulement il
avait été préordonné dans la vie prémortelle (Abr. 3:23 ; cf. Apocalypse d’Abraham 22:15), mais dans sa jeunesse à Ur il s’opposa à l’idolâtrie et aux sacrifices humains, ce qui,
ironie des choses, lui valut d’en devenir presque victime (Abr. 1:5-20 ; cf. Genèse Rabbah
38:13). Ce qui est encore plus ironique, c’est que la délivrance de dernière minute
d’Abraham par Dieu préfigurait ce qui allait se passer quand Abraham offrirait Isaac.
Après avoir épousé Sara et appris son droit par lignage à l’ordre patriarcal de la
prêtrise tel que révélé dans les « annales des pères » (Abr. 1:2-4, 26, 31 ; 2:2 ; Jubilés
12:27 ; cf. D&A 107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut apparemment son
ordination (Abr. 2:9-11 ; WJS, p. 245, 303). Il vit aussi le Seigneur, qui lui fit des
promesses remarquables : Abraham serait béni au-delà de toute mesure ; sa postérité
porterait l’Évangile à toutes les nations et tous ceux qui le recevraient porteraient son nom,
seraient comptés dans sa postérité et le béniraient comme étant leur père (Abr. 2:6-11 ; cf.
Ge. 12:1-3).
Accompagnés de leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr. 2:15 ;
Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à les forcer à aller en Égypte, non sans
que Dieu commande au préalable à Abraham de demander à Sara de se faire passer pour
sa sœur (Abr. 2:22-25 ; Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une vision
du cosmos et de la création pour lui permettre de les enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5 ;
cf. Sefer Yetsirah).
Le récit du livre d’Abraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du livre (le n° 3)
dépeint Pharaon – qui prétend traditionnellement être seul détenteur de la prêtrise et de la
royauté (Abr. 1:25-27) – honorant la prêtrise d’Abraham en lui permettant d’occuper le
trône et d’enseigner l’astronomie à la cour (cf. Pseudo-Eupolème ; Josèphe, Histoire
ancienne 1.viii.2). Le fait que le pharaon ait reconnu la prêtrise d’Abraham était inconnu
dans toutes les autres sources antiques jusqu’à la découverte, en 1947, de l’Apocryphe de
la Genèse, censé, comme le livre d’Abraham, contenir un récit autobiographique
d’Abraham mais continuant le récit en Égypte (Apocryphe de la Genèse 20:8-34) : Quand
le pharaon emmène Sara au palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la
protège immédiatement en affligeant le pharaon. L’affliction empire, mais le pharaon finit
par faire un rêve où Abraham le guérit ; le patriarche est alors convoqué et rend la santé
au pharaon en lui mettant les mains sur la tête. C’est le seul exemple connu dans l’Ancien
Testament ou dans les pseudépigraphes apparentés d’une guérison par imposition des
mains, et il plante le décor pour la scène du livre d’Abraham. Ensemble ces deux sources
expliquent pourquoi les anciens considéraient la rencontre d’Abraham avec le pharaon
comme « un événement crucial dans l’histoire de l’humanité » (Nibley, 1981 [citant
Wacholder], p. 63).
Mais c’est Sara qui se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte : Si elle honore
la demande d’Abraham (en feignant être vierge) et ses vœux matrimoniaux (en refusant
les avances du pharaon), elle risque une mort certaine. L’autre choix est simplement
d’accepter son nouveau rôle avec sa richesse et son influence éblouissantes. Sara prouve
sa fidélité au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac, est finalement sauvée par Dieu.
Son sacrifice prouve son égalité avec Abraham et leur dépendance mutuelle (CWHN
1:98 ; IE 73, avr. 1970, p. 79-95).
D’autres sources mormones éclairent des événements ultérieurs de la vie d’Abraham,
comme quand Sara, encore sans enfant après être retournée à Canaan, donne sa
servante Agar à Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi « servit Abraham selon la loi » (D&A
132:65 ; voir aussi le verset 34) en accord avec d’anciennes sources originaires du
Proche-Orient que l’on a maintenant et qui décrivent l’obligation légale d’une épouse sans
enfant. Le geste de Sara démontre, dit un apôtre moderne, « son amour et sa fidélité à
son mari » (JD 23:228) et est, dit Philon, l’une « des preuves innombrables » de son
« amour conjugal… Partout et en tout temps elle était à ses côtés… sa vraie partenaire
dans la vie et dans les événements de la vie, résolue à partager au même titre le bon et le
mauvais » (À propos d’Abraham, p. xlii-xliii).
Les sources de l’Église décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de
Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, p. 260-261), qui, comme prototype du Christ (TJS
Ge. 14:26-36 ; Al. 13:17-19), donna à Abraham la prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu
(voir Prêtrise de Melchisédek ; D&A 84:14 ; 107:2-4 ; cf. Genèse Rabbah 43:6) avec
accompagnement d’ordonnances du temple préfigurant le Christ (Abraham, fac-similé 2 ;
Al. 13:2, 16 ; cf. Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham « regarda et vit
les jours du Fils de l’Homme, et se réjouit » (TJS Ge. 15:9-12 ; Hél. 8:17 ; Jn. 8:56).
L’épreuve suprême d’Abraham, le sacrifice d’Isaac, fut à la fois le rappel de
l’expérience antérieure d’Abraham et la préfiguration de choses à venir. Des siècles avant
Jésus, un prophète du Livre de Mormon dit du sacrifice d’Isaac par Abraham qu’il était une
« similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères
chrétiens allaient le dire rétrospectivement. La vie d’Abraham symbolise donc et témoigne
de son éminent descendant, Jésus, qui, parce qu’il était également le Fils de Dieu, pouvait
expier pour Abraham et tous les autres.
La vie d’Abraham préfigure aussi celle d’un autre descendant, Joseph Smith (D&A
132:30-31), dont la prière à l’âge de quatorze ans fait écho à celle du jeune Abraham au
même âge (Jubilés 11:16-17 ; JS–H 1:7-17). Les deux hommes avaient été préordonnés ;
tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché l’Évangile et rencontré une opposition
redoutable ; tous deux parlèrent face à face avec des messagers divins et avec Dieu luimême, tous deux possédaient un urim et un thummim, traduisirent des documents
antiques et rédigèrent des Écritures et tous deux fondèrent une communauté influente de
saints.
Mais le lien est plus direct. John Taylor dit qu’Abraham a visité Joseph Smith (JD
20:174-75 ; 21:94), dont la mission était aussi de révéler des connaissances perdues sur
Abraham (cf. 2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de rétablissement tout entier a aidé à
accomplir l’alliance d’Abraham que dans sa postérité toutes les nations seraient bénies
(2 Né. 29:14 ; 3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement est de rendre les
promesses d’Abraham efficaces pour ses descendants, qui, par les ordonnances du
temple, peuvent recevoir les bénédictions d’Abraham et être scellés dans une chaîne
d’ancêtres remontant jusqu’à Abraham et à Adam (D&A2 ; EPJS, p. 289-290).
Pour atteindre la gloire d’Abraham, il est commandé aux saints des derniers jours
d’aller au Christ en « [faisant] les œuvres d’Abraham » dont la vie constitue un modèle
(D&A 132:32 ; cf. És. 51:1-2 ; Jn. 8:39 ; Coran 16:120-123). Ces œuvres commencent par
le baptême et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le bénéficiaire doit « avancer
résolument » (2 Né. 31:19-20) dans la justice, comme Abraham, en obéissant à Dieu, en
recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en honorant les alliances, en fondant
une cellule familiale, en instruisant les enfants, en tenant des annales sacrées, en
prêchant l’Évangile et en se montrant fidèle dans l’opposition (Abr. 1-2 ; Ge. 12-25).
Quand on progresse le long de ce chemin, on se calque de plus en plus sur Abraham et
Sara et les bénédictions qui leur ont été promises. Par exemple, quiconque n’est pas
descendant d’Abraham mais reçoit le Saint-Esprit devient la postérité d’Abraham (EPJS,
p. 116-117 ; Abr. 2:10 ; cf. Ga. 3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de
Melchisédek devient de même la postérité d’Abraham (D&A 84:33-34). Et tout couple
marié éternellement dans le temple reçoit la promesse des bénédictions d’Abraham – une
postérité comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer, signifiant un
accroissement éternel de sa postérité dans le royaume céleste (D&A 132:30 ; JD 11:151152 ; 15:320).
Cette bénédiction d’une postérité innombrable a été promise en plusieurs occasions à
Abraham (Abr. 3:13-14 ; Ge. 13:16 ; 15:5 ; 17:2, 6), mais ce n’est que quand il a démontré
qu’il était disposé à offrir Isaac comme sacrifice que le Seigneur a garanti les promesses
(Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que toute personne qui veut atteindre la
vie éternelle « doit tout sacrifier » (EPJS, p. 260). En conséquence, le peuple du Seigneur
doit être « mis à l’épreuve comme Abraham » pour devenir sanctifié par le descendant
d’Abraham, le Christ (D&A 101:4-5 ; Mro. 10:33) en vue de « s’asseoir dans le royaume de
Dieu avec Abraham » et Sara (Al. 5:24) sur un trône de gloire pour hériter les mêmes
bénédictions de l’exaltation dont jouit déjà ce couple exemplaire (D&A 132:34-37 ; cf.
Testament d’Isaac 2:5-7).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, p. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai 1970,
une série d’articles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
Abraham – Évangile d’
Auteur : FLAKE, JOËL A.
Le 3 avril 1836, les clefs de la « dispensation de l’Évangile d’Abraham » furent remises
au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland dans le cadre
du rétablissement de toutes choses dans la dispensation de la plénitude des temps (D&A
110:12). Il fut promis que par ceux qui recevraient l’Évangile dans les derniers jours et leur
postérité, toutes les générations qui l’accepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci a
renouvelé la promesse faite jadis à Abraham (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:6, 9-11 ; cf. Ga. 3:7-9,
29).
Les saints des derniers jours enseignent qu’Adam, Hénoc, Noé, Abraham et beaucoup
d’autres ont été à la tête de dispensations de l’Évangile. Les bénédictions et les
commandements divins ont été conférés en fonction des circonstances du peuple fidèle de
Dieu dans chaque dispensation.
La dispensation de l’Évangile d’Abraham comprend l’ordre patriarcal de la prêtrise et
l’alliance du mariage éternel (D&A 131:1-4 ; 132:28-30 ; voir aussi Mariage : Mariage
éternel), par lesquels l’alliance abrahamique est perpétuée de génération en génération
parmi les fidèles. Abraham reçut la promesse qu’il aurait une postérité innombrable dans
le monde et hors du monde. Cette promesse est renouvelée à tous ceux qui obéissent à
l’Évangile de Jésus-Christ et reçoivent l’alliance sacerdotale du mariage céleste, « et c'est
par cette loi que se perpétuent les œuvres [du] Père » parmi l’humanité tant dans le temps
que dans l’éternité (D&A 132:31-33). Le rétablissement de toutes choses comprenait la
restitution des clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à l’époque moderne pour tous
ceux qui font les œuvres d’Abraham pour hériter l’alliance et les bénédictions d’Abraham.
[Voir aussi Postérité d’Abraham.]
JOEL A. FLAKE
Abrahamique – Alliance
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
L’alliance divine archétypale, dont l’alliance d’Abraham est un exemple, est l’alliance
éternelle de l’Évangile de Jésus-Christ. En acceptant l’Évangile, l’humanité peut être
rachetée de l’issue fatale de la mort et de la tache du péché pour jouir de la vie éternelle
avec Dieu.
La mission d’Abraham n’était pas nouvelle ; elle était comme la mission d’Adam, de
Hénoc et de Noé. Le même pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait l’autorité de
promulguer l’alliance de la rédemption divine pour les enfants de Dieu à leur époque a été
renouvelée avec Abraham et sa postérité ; elle devait être explicitement perpétuée par lui
et ses héritiers littéraux et spirituels pour toujours (Ge. 12:1-3 ; Abr. 1:18-19 ; 2:6, 9-11).
ACCOMPLISSEMENT PAR ABRAHAM DE LA MISSION DE L’ALLIANCE Abraham
apprit dans les annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et vivant et les
pouvoirs salvateurs de la prêtrise. Bien que ses ascendants directs eussent apostasié de
l’Évangile, il désirait et reçut, de la part de Melchisédek, cette vraie prêtrise avec ses
pouvoirs et ses responsabilités (Abr. 1:1-7, 18, 19, 31 ; D&A 84:14 ; Al. 13:14-19 ; Ge.
14:18-20).
Les Chaldéens idolâtres avaient rejeté Abraham et l’avaient mis sur un autel pour le
sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le sauva et lui commanda de partir de chez lui à Ur
pour une nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32 ; 12:1-3 ; Abr. 1:1, 17 ; 2:1-5). Abraham
emmena d’autres membres de sa famille dans un endroit qu’ils appelèrent Charan, où il
gagna d’autres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec eux pour entreprendre son
ministère au pays qui lui était promis, à lui et à tous ses descendants qui écouteraient la
voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20 ; Ge. 12:4-8).
Abraham et son groupe s’installèrent d’abord dans la région de Béthel, bâtirent un autel
et proclamèrent le nom du Seigneur, façon de faire qu’il perpétua dans les foyers qu’il
fonda par la suite (Ge. 12:8 ; 13:4, 18). Près de Béthel, les promesses et les
responsabilités de l’alliance furent renouvelées et la circoncision devint le signe de
l’alliance, pour rappeler à tous les détenteurs de rester purs et exempts de péché (Ge. 17).
Abraham devint un homme de bonne réputation (Ge. 14:13, 18-20 ; 23:1-16) et eut la
confiance de Dieu, qui fit son éloge en disant : « Je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils
et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la
justice » (Ge. 18:19). Il connut l’épreuve suprême et une révélation de la signification de
l’alliance rédemptrice lorsque Dieu exigea qu’à titre de préfiguration du sacrifice du
Sauveur, il soit disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit l’épreuve, son fils fut sauvé et il
apprit comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur divin (Ge. 22:1-18 ; Jn. 8:56 ;
Jcb. 4:5 ; Ga. 3:8).
PERPÉTUATION DE LA MISSION PAR LES HÉRITIERS D’ABRAHAM. Les
successeurs littéraux et spirituels d’Abraham apprirent à garder l’alliance par les choses
qu’ils subirent. Leurs efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent impressionnés
(Ge. 17:1-7 ; 26:1-5, 24-28 ; 28:13-22 ; 30:25-27 ; 32:24-29 ; 35:1-15 ; 39:1-6, 21-23 ;
40:8 ; 41:9-16, 37-42).
Une bénédiction patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils d’Abraham, à ses
douze fils définit les rôles futurs de l’alliance pour ses descendants, en particulier ceux
issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
En plus de la postérité de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils
d’Agar, servante de Sara. Dans la famille d’Ismaël, on cite « douze princes » qui fondèrent
des « parcs » et des « enclos » (Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre épouse
d’Abraham, sont également cités parmi ses familles : Zimran, Jokschan, Medan, Madian,
Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur promit à tous des dons avant de mourir (Ge. 25:17), notamment des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel), sacrificateur de
Madian, fournit à Moïse une épouse, l’ordonna à la prêtrise et le conseilla sur la façon
d’organiser, de gouverner et de juger Israël (Ex. 2:16-22 ; 18:12-27 ; D&A 84:6-16). De
nombreux descendants d’Ésaü, avec leurs chefs tribaux et leurs rois, sont également
mentionnés (Ge. 36).
Aujourd’hui, des millions de personnes considèrent Abraham comme leur père. Tous
peuvent avoir les bénédictions de son alliance : il leur suffit de faire les œuvres
d’Abraham. Le Seigneur n’a jamais dit à Abraham que lui seul serait béni par l’alliance ou
qu’elle ne bénirait que sa postérité littérale ; la mission était qu’en lui et en sa postérité
toutes les familles de toutes les nations seraient bénies. Tous ceux qui acceptent l’alliance
du divin Rédempteur deviennent spirituellement la postérité d’Abraham et reçoivent les
mêmes bénédictions que ses descendants biologiques (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:8-11 ; Ga. 3:79, 26-29 ; cf. Jean 8:33, 37, 39 ; Ro. 9:6-8).
L’HÉRITAGE ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de Moïse
était de délivrer les enfants d’Israël du joug de l’esclavage et de la mort en Égypte et de
les ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays que lorsque
l’iniquité des habitants précédents serait devenue si excessive qu’ils se seraient plus
dignes de le conserver (1 Né. 17:35 ; Ge. 15:13-16 ; 17:7-9 ; TJS Ge. 17:4-7 ; Ex. 4:2223 ; 6:1-8). Par Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des ordonnances, des
statuts et des commandements pour les aider à se rappeler leurs devoirs envers Dieu et
pour faire d’eux un royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un peuple acquis en tant
que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv. ; De. 4:1-6 ; Mos. 13:27-30).
Israël vécut effectivement selon l’alliance dans les derniers jours de Moïse et du temps
de son successeur, Josué ; mais à l’époque des juges et au-delà, les Israélites tombèrent
dans la manière de vivre des tribus voisines au lieu de suivre les lois morales et
religieuses du vrai Dieu (Jg. 2:7-13 ; 17:6 ; 21:25). Parce que les cycles d’apostasie se
répétèrent pendant toute l’histoire d’Israël, les Israélites furent périodiquement
réprimandés par les prophètes pour leurs péchés et appelés au repentir (par exemple, És.
1:1-4 ; Os. 4:1-6 ; Am. 3 ; Mi. 3 ; Jé. 2 ; Éz. 2).
Deux thèmes dominent les messages des prophètes de l’Ancien Testament : (1) le
Rédempteur promis viendrait et, quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin promis
vers le salut pour tous ; (2) dans les derniers jours, l’alliance d’Abraham serait rétablie (Es.
2:2-5, 11 ; 7:14-16 ; 9:1-7 ; 52:13-15, 53 ; Jé. 23:5-8 ; Éz. 37:11-28 ; Da. 9:21-27 ; Mi. 5:25 ; Za. 9:9-11 ; 11:10-13 ; 13:6 ; 14:4-9).
ACCOMPLISSEMENT ET PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les
prophéties ont préparé les fidèles à le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29 ; Ac. 2:47 ; 5:14 ; 1 Co.
15:6). Il a accompli sa mission d’enseignement et de sacrifice personnels sur la terre, puis
il a chargé les nouveaux héritiers chrétiens de l’alliance de la faire connaître au monde
entier (Mt. 24:14 ; 28:19-20 ; Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des siècles, le pouvoir
sacerdotal d’administrer les ordonnances appropriées de l’alliance et certaines facettes
essentielles de doctrine ont été perdus. Tous ont maintenant été rétablis dans la
dispensation moderne de l’Évangile (D&A 110:11-16) et sont de nouveau accessibles à
toutes les familles et nations de la terre.
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr. 1973, p.
42-43.
Kimball, Spencer W. Abraham : An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham, the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series. Provo,
Utah, 1975.
Guide par sujet, "Abrahamic Covenant" ; et Dictionary, "Abraham, Covenant of." Dans
l’édition de l’Église de la King James Version de la Bible. Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
Adam
Cette rubrique se compose de deux sections :
Adam : Sources mormones
Adam : Sources antiques
Le premier article traite des enseignements mormons au sujet d’Adam. Le second
propose plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme points de
comparaison. On trouvera de plus amples renseignements sur Adam dans Adamique,
langue, Ève, Chute d’Adam, Condition mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de
Rédemption ; concernant les débuts de la vie terrestre, voir Création ; Création, récits de
la, Terre, Évolution, Jardin d’Éden, Origine de l’homme, But de la vie terrestre :
Perspective mormone, et Mondes.
Adam, Chute d'
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints des derniers jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement réel
qui s'est produit dans le jardin d'Éden et a affecté la terre entière et chaque individu du
genre humain. La Chute était une étape nécessaire à la progression éternelle de
l'humanité et a introduit les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ
absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages canoniques et les
enseignements de beaucoup de dirigeants éminents de l'Église sont les sources de la
doctrine de la Chute chez les saints. Ces sources s’étendent longuement sur les effets
bénéfiques de la Chute comme élément du « grand plan du bonheur » de Dieu (Al. 42:8)
pour ses enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent être honorés pour ce qu’ils ont fait
(voir Plan du salut, Plan de Rédemption ; But de la vie sur terre : Perspective des saints).
La création de la terre a été un processus en plusieurs étapes dans lequel la chute
d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin d'Éden ont été les étapes finales nécessaires
pour réaliser la condition mortelle. Sans la Chute, Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants
(2 Né. 2:23) ; par conséquent, le genre humain n'aurait pas existé sur cette terre dans les
conditions et les circonstances existant dans le jardin. Le prophète Léhi explique : « Adam
tomba que les hommes fussent » (2 Né. 2:25) et Hénoc déclare : « C’est parce qu’Adam
tomba que nous sommes » (Moï. 6:48).
Après la Chute, l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à Adam et à Ève et ils se
réjouirent de leur situation. Adam bénit Dieu en disant : « À cause de ma transgression,
mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu
dans la chair » (Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant : « Sans notre transgression, nous
n'aurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal, la joie de
notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui obéissent » (Moï.
5:11).
La Chute n’a pas été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni une fausse
route dans le parcours de l'humanité. « Le Seigneur… a créé la terre afin qu'elle soit
habitée » par ses enfants (1 Né. 17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu
d’enfants dans leur état édénique, la Chute a été tout bénéfice pour l'humanité. Cela
faisait partie du plan du Père, connu de lui à l’avance et essentiel au genre humain. Tout
« a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né. 2:24).
La Chute a apporté deux genres de mort à Adam, à Ève et à leur postérité : la
séparation de l'esprit et du corps physique, que les Écritures appellent « la mort
temporelle » (Al. 11:42-43) et l’exclusion de la présence de Dieu, qui est appelée la mort
spirituelle (2 Né. 9:6 ; D&A 29:41). Jésus-Christ rachète de manière inconditionnelle toute
l'humanité des deux morts introduites par la chute d'Adam (voir Péché originel), relève
toute l'humanité du tombeau et la ramène en la présence de Dieu pour le jugement (Hél.
14:16-17). L'Expiation rachète également les individus des conséquences de leurs propres
péchés à condition qu’ils se repentent.
Le Livre de Mormon explique : « L'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la
chute d'Adam, et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux
persuasions de l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un
saint par l'expiation du Christ, le Seigneur » (Mos. 3:19 ; cf. Al. 22:14 ; 42:9-15). Dieu « a
créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à cause de la chute de l'homme vint
Jésus-Christ… et à cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de l'homme » (Mrm.
9:12 ; cf. 2 Né. 9:6).
Les Doctrine et Alliances disent que la Chute est le résultat de la transgression : « Le
diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu et transgressa le commandement…
C'est pourquoi, moi, le Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma présence,
à cause de sa transgression, en quoi il devint spirituellement mort » (D&A 29:40-41). Par
la suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa postérité « le repentir et la
rédemption par la foi au nom de [son] Fils unique » (D&A 29:42 ; cf. Moï. 5:6-8).
La Chute n'était pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève étaient « mari et
femme » et Dieu leur avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28 ; Moï. 3:21-25 ; Abr.
5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre, explique : « La transgression d'Adam n'était
pas un péché sexuel comme certains le croient et l’enseignent erronément. Adam et Ève
furent mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore des êtres immortels dans le
jardin d'Éden et avant que la mort n’entrât dans le monde » (DS1, p. 116 ; cf. JC, p. 3033).
L'Écriture ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la chute d'Adam
et l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume cela comme suit : « Comme tous meurent en
Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Co. 15:22). La révélation moderne
souligne en outre que le Christ rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
Le prophète Joseph Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d’ « ouvrir la voie vers le
monde » (EPJS, p. 7) ; il a donc été le premier homme à entrer dans la condition mortelle,
et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre entière. La terre mourra (D&A 88:25-26),
mais par le pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, « la terre sera renouvelée et recevra sa
gloire paradisiaque » (10e A de F). « Tout deviendra nouveau, le ciel et la terre et toute
leur plénitude, les hommes et les bêtes, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Et ni
un cheveu, ni un fétu de paille ne seront perdus, car c'est l'œuvre de ma main » (D&A
29:24-25 ; cf. 101:24-26 ; És. 51:6).
Comme Léhi l’a déclaré : « Si Adam n'avait pas transgressé, il ne serait pas tombé,
mais il serait resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui avaient été créées
auraient dû rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient après avoir été créées ;
et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9).
Diverses interprétations ont été suggérées au sujet de la nature de la vie sur la terre avant
la Chute et sur la façon dont la Chute a physiquement affecté le monde, mais elles vont
au-delà de la doctrine clairement exprimée par l'Église. L'Église et les Écritures sont
cependant formelles pour dire que la Chute a apporté les deux genres de mort à Adam et
à sa postérité.
Bibliographie
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake
City, 1990.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through
Words of Mormon, to Learn With Joy, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
Adam : Sources mormones
Auteur : BAILEY, ARTHUR A.
Pour des saints des derniers jours, Adam est l’un des plus nobles et des plus grands
de tous les hommes. Les informations que l’on trouve dans les Écritures et dans les
déclarations des apôtres et des prophètes modernes révèlent des détails au sujet d’Adam
et de son rôle important dans la vie préterrestre, en Éden, dans la condition mortelle et
dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des titres tels que Michel
(D&A 27:11 ; 29:26), archange (D&A 88:112) et Ancien des jours (D&A 138:38).
Le prophète Joseph Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la Bible
(Da. 10:13 ; Jud. 1:9 ; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise
(EPJS, p. 124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné pour être à
la tête de la famille humaine (EPJS, p. 125). Il participa à la création de la terre et occupa
un poste d’autorité à côté de Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous la direction duquel il
fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la justice contre le diable et
« ses anges », qui furent vaincus et expulsés du ciel (voir Guerre dans les cieux).
Les Écritures modernes certifient qu’Adam est un fils de Dieu, que son corps physique
a été créé par les Dieux à leur propre image et placé dans le jardin d’Éden (Moï. 6:9, 22 ;
Abr. 5:7-11 ; EPJS, p. 279-286 ; cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet état physique/spirituel en
Éden, Adam fut appelé le « premier homme » (Moï. 1:34) et reçut la responsabilité de
cultiver le jardin et d’ « ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7). Il reçut la domination et
la responsabilité de la terre, et il donna des noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à
Ève par le mariage (Abr. 5:4-19), mais dans leur état prémortel « ils n’auraient pas eu
d’enfants » (2 Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3)
et ses ordonnances furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
Pour obéir au commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et Ève
transgressèrent la loi. Leur action délibérée eut comme conséquence leur chute (voir
Chute d’Adam), et ils furent expulsés du jardin. « Adam tomba pour que les hommes
fusent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Leur action précipita donc,
comme Dieu l’avait projeté, la phase terrestre du plan du salut.
Dans leur condition mortelle, des messagers célestes continuèrent à instruire Adam et
Ève au sujet du plan du salut (Moï. 5:4-9 ; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la
prêtrise (Moï. 5:59 ; 6:64-65) et tout ce qui était nécessaire pour instruire leurs enfants
(Moï. 5:12). Les sources mormones disent qu’avec Ève, Adam eut des fils et des filles
avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï. 5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des effets des
tentations du diable et connurent le chagrin de dissensions familiales qui conduisirent au
meurtre et à la méchanceté parmi certains de leurs enfants (Moï. 5:12-53).
Adam et Ève avaient une langue pleinement développée et tenaient des annales (Moï.
6:5-9). Ils tinrent leur généalogie et le récit de la Création. Trois ans avant sa mort, Adam
convoqua sa postérité juste à Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction finale (D&A
107:53).
Premier sur cette terre à recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à dispenser de
l’autorité à d’autres et à superviser l’administration de la prêtrise sur la terre ; ceux à qui
des clefs ont été données doivent les rendre ou en rendre compte à Adam, et lui, de son
côté, les remettra ou en rendra compte au Christ (EPJS, p. 124, 133). Ceci se produira
quand l’ancien des jours (Adam) assistera à un conseil à Adam-ondi-Ahman précédant
l’avènement du Christ (Da. 7:9-10 ; cf. EPJS, p. 95).
À la fin du millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau les justes au
combat contre le diable et ses armées. Michel et les armées du ciel l’emporteront de
nouveau (D&A 88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes s’ouvriront
et le reste des morts se lèvera pour être jugé (D&A 29:26-27). Soumis au Père et au
Christ, Adam présidera alors éternellement sur sa postérité (EPJS, p. 124).
Les divers titres d’Adam ont trait à des phases particulières de sa mission. Dans son
rôle prémortel et postmortel, il est connu sous le nom de Michel et comme archange (D&A
29:26). En hébreu, Michel veut dire un « qui est comme Dieu », et dans son rôle puissant
et principal comme archange, Adam est le capitaine des armées du Seigneur dans la
bataille contre le diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été donné pour la
condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu, adam veut dire « homme » ou « humanité ».
Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont « premier homme »
(D&A 84:16), « beaucoup » (Moï. 1:34) et « premier père » (Abr. 1:3), dénotant son rôle
historique de « grand ancêtre » de la famille humaine tout entière (EPJS, p. 133). « Ancien
des jours » semble être son titre parce qu’il est « le premier et le plus vieux de tous »
(EPJS, p. 133).
Adam a été tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et modernes.
Brigham Young a exprimé en 1852 et au cours des années suivantes l’idée qu’Adam « est
notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons affaire » (JD 1:50). Cette
réflexion en a amené certains à penser que Brigham Young voulait dire qu’Adam, qui était
sur terre notre ancêtre, était en réalité Dieu le Père. Mais cette interprétation a été
officiellement rejetée comme incorrecte (Kimball, p. 77). Plus loin dans le même discours,
Brigham Young dit clairement « que la terre a été organisée par trois personnes distinctes,
à savoir Élohim, Yahovah et Michel » (JD 1:51). On peut aussi trouver d’autres
renseignements sur les sentiments de Brigham Young à propos d’Adam dans un discours
de conférence donné le 8 octobre 1854 (JD 1:50), clarifiant quelque peu sa précédente
déclaration. Il y laisse entendre que par un processus connu sous le nom d’investiture
divine, Dieu délègue son pouvoir à ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir
cette autorité, qui comprend toutes les clefs, tous les titres et tous les pouvoirs essentiels
possédés par le Père (D&A 84:38 ; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré tout ce qui était
nécessaire à l’accomplissement de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nomtitre signifiant qu’il est le premier homme et père de tous.
Adam : Sources antiques
Auteur : PALMER, MARTIN J.
Les sources juives et chrétiennes antiques disent d’Adam qu’il est le premier humain et
l’ancêtre du genre humain. Beaucoup de textes apocryphes retouchent le récit adamique
de l’Ancien Testament et contiennent ou reflètent des traditions antiques précieuses.
Certains saints des derniers jours ont comparé utilement quelques-unes de ces idées avec
certains concepts au sujet d’Adam mentionnés dans les sources des saints des derniers
jours.
Dans le judaïsme, Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la relation de
l’humanité avec Dieu. La postérité d’Adam a hérité de sa nature déchue, et pourtant Adam
est considéré comme le modèle archétypal de l’humanité, comme cela ressort de textes
qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe siècle av. J.-C.) et est amplifié dans
la philosophie juive médiévale. Philon, suivant un modèle platonicien, voit, dans les deux
récits de la création de la Genèse, une distinction entre un homme céleste ou spirituel,
créé d’abord spirituellement à l’image de Dieu (Ge. 1:27 ; cf. Moï. 3:5), et un deuxième, un
homme terrestre, formé avec la poussière (Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs
acceptaient l’historicité du récit biblique ; toutefois, Genèse 2:8-3:24 était souvent
interprété allégoriquement. Le Talmud et la Haggada ont ajouté de riches détails à
l’histoire adamique, notamment une description impressionnante dans laquelle toutes les
générations futures – et leurs prophètes – passèrent devant Adam, qui les contempla
(Sanh. 38b ; Av. Zar. 5a ; Ge. R. 24:2 ; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois noachides
(Sanh. 56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusqu’à 92:6). Il fut le premier homme à offrir des
sacrifices (Av. Zar. 8a ; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux ajoutèrent aussi des
interprétations mystiques, bien qu’Adam ne soit jamais identifié ici comme étant Michel,
comme dans les Écritures des saints des derniers jours (voir D&A 27:11 ; 107:54 ; 128:21).
La théologie chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième siècle par Irénée et
d’autres en réponse aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait fidèlement
l’Ancien Testament à travers le rôle du Christ. Le christianisme primitif considérait
l’incarnation et l’expiation de Jésus-Christ comme l’accomplissement de l’œuvre
commencée par Adam. Alors qu’Adam était le prototype du vieil homme mortel, le Christ
devint le prototype du nouvel homme, jouissant de la promesse de l’immortalité. Jésus
devint « le deuxième Adam », dont l’Expiation permettait à l’humanité de surmonter les
effets de la Chute (1 Co. 15:22, 45).
L’histoire de la création et le récit adamique de la Genèse étaient particulièrement
importants dans le gnosticisme, qui interprétait la Chute comme l’effondrement du principe
divin dans le monde matériel. Ceci contribua à l’attitude négative du gnosticisme envers la
création physique. Plusieurs écrits gnostiques traitent d’Adam. L’un d’eux, l’Apocalypse
d’Adam, trouvé à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions apocalyptiques juives et
ne contient aucun point de doctrine chrétien explicite. Il prétend être une révélation
donnée à Adam après la Chute par trois messagers célestes, expliquant la nature et
l’ampleur de la Chute et apportant la promesse d’un Rédempteur futur. Cette
connaissance est alors passée d’Adam à Seth et à ses descendants (cf. D&A 107:41-57).
La Vie d’Adam et Ève est une œuvre apocryphe importante traitant de la vie et de la
mort d’Adam. Elle fut probablement écrite en Palestine entre 100 av. J.-C. et 200 apr. J.-C.
Elle a été conservée dans les révisions grecque, latine et slave, chacune
considérablement différente des autres. Cette œuvre décrit en détail le repentir d’Adam et
d’Ève après leur départ du jardin d’Éden (cf. Moï. 6:50-68). Aucun point de doctrine clair et
central ne s’en dégage, mais le texte souligne les idées de jugement final et de
résurrection. Les autres éléments eschatologiques sont absents. On n’y trouve aucune
indication de la doctrine traditionnelle du péché originel. Adam est parfait ; Ève, faible mais
pas méchante, déplore ses propres imperfections tout en aimant Adam et en lui obéissant.
Un élément central de la Caverne des trésors, une œuvre syriaque, est son histoire
d’une caverne où Adam a vécu et a été enterré. Son corps est récupéré par Noé, qui
l’emporte dans l’arche et l’enterre de nouveau sur le Golgotha. Selon ce récit, le sang
rédempteur de Jésus, également appelé « le dernier Adam », versé à la crucifixion, a
d’abord coulé sur la tombe d’Adam, démontrant un lien inexorable entre la chute d’Adam
et l’expiation du Christ. Ainsi, dans l’Évangile de Barthélemy 1:22, Jésus dit à Adam : « J’ai
été mis en croix pour toi et pour tes enfants » et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis
est amené dehors « avec les ancêtres… pour qu’ils puissent être remplis de joie » et de
richesse éternelle.
Il existe de nombreux textes antiques au sujet d’Adam, notamment le livre éthiopien
d’Adam et Ève et les livres arméniens de La mort d’Adam, l’Histoire de l’expulsion d’Adam
du paradis, l’Histoire de Caïn et Abel, les Fils d’Adam, et Des bonnes nouvelles de Seth.
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends of the Jews, Vol. 1, p. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament Pseudepigrapha,
dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, p. 249-95. Garden City, N.Y., 1985.
Robinson, James M., dir. de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, p. 131153.
Robinson, Stephen E. "The Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans The
Man Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, p. 131-150, donnant une liste de titres de
nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
Adamique, Langue
Auteur : ROBERTSON, JOHN S.
La notion de langue adamique s’est développée parmi des saints des derniers jours à
partir de passages d’Écriture, de commentaires des premiers dirigeants de l’Église et de la
tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal essentiel et il n’y a pas de position
officielle de l’Église qui définisse sa nature ou son statut.
Les Écritures disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et ses enfants, était
« pure et sans tache » (Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné qu’elle a continué d’Adam
à Babel, lorsque le Seigneur « a fait oublier au peuple sa propre langue maternelle… le
dispersant au-dehors sur la face de la terre entière », excepté sans doute en ce qui
concerne Jared et sa famille dans le Livre de Mormon (JD 3:100 ; cf. Ge. 11:1-9 ; Mos.
28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone très répandue que les membres
fondateurs de la civilisation jarédite ont conservé la langue adamique lors de leur
émigration vers le Nouveau Monde (Ét. 1:33-43 ; 3:24-28). Ainsi, la description que fait le
frère de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue linguistiquement inaccessible sans
l’aide interprétative divine, puisque « la langue que tu écriras, [moi, Dieu] je l'ai
confondue » (Ét. 3:21-28).
Dans les premières années de l’Église, quelques mots de la langue adamique ont pu
avoir été révélés à Joseph Smith (JD 2:342) et à d’autres dirigeants de l’Église, dont
Brigham Young (HC 1:297) et Elizabeth Ann Whitney (Woman’s Exponent 7, 1er nov.
1878, p. 83) dont on a dit qu’ils ont parlé en langues. Plus récemment, le président
Benson a fait allusion à son rétablissement universel possible pour résoudre la diversité
linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt Lake City, 1988, p. 93 ; cf. Brigham
Young, JD 3:100).
Puisqu’on considère généralement qu’une langue reflète sa culture, il est possible que
l’érosion de la pureté de la culture adamique après Babel ait conduit à une perte
concomitante de pureté d’expression dans la langue qui en est le reflet.
JOHN S. ROBERTSON
Adam-ondi-Ahman
Auteur : BERRETT, LAMAR C.
Adam-ondi-Ahman, une colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en 1838
son nom peu commun du prophète Joseph Smith au moment où les saints des derniers
jours entraient dans la région. Les membres de l’Église avaient été expulsés du comté de
Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans d’asile provisoire et avaient été plus tard priés
de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à la législature de l’État pour
qu’elle crée un nouveau comté « pour des mormons », les comtés de Caldwell et de
Daviess avaient été organisés. Les saints s’installèrent immédiatement dans le comté de
Caldwell avec Far West comme siège du comté et se mirent sans tarder à coloniser le
comté avoisinant de Daviess. En mai 1838, Joseph Smith conduisit des arpenteurs à une
courbe en fer à cheval de la Grand River, à cent-dix kilomètres au nord de l’actuelle
Kansas City et proclama une nouvelle communauté qu’il appela Adam-ondi-Ahman parce
que, dit-il, « c’est l’endroit où Adam viendra visiter son peuple, l’endroit où l’Ancien des
jours siégera, comme le dit Daniel, le prophète » (HC 3:35 ; D&A 116). Orson Pratt a
interprété le nom comme voulant dire « vallée de Dieu où Adam a demeuré » (JD 18:343).
Les révélations du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la région : (1) le
jardin d’Éden était situé au comté de Jackson (Missouri) et après avoir été expulsé du
jardin, Adam se rendit à Adam-ondi-Ahman ; (2) trois ans avant sa mort, Adam réunit les
justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et leur conféra sa dernière bénédiction ; (3) cet
emplacement serait l’endroit d’une future réunion du Seigneur avec Adam et les saints,
comme annoncé par le prophète Daniel (Da. 7:9-14, 21-27 ; 12:1-3).
Quand il arriva dans la vallée avec l’équipe d’arpenteurs, Joseph Smith trouva trois ou
quatre familles de saints des derniers jours qui y vivaient déjà et fit de la cabane de
rondins de Lyman Wight son quartier général. De juin à octobre 1838, la population des
trois kilomètres carrés d’Adam-ondi-Ahman grimpa jusqu’à environ 400 âmes. 600 autres,
dispersées dans tout le comté de Daviess considéraient Adam-ondi-Ahman comme leur
capitale.
Quelque 90% des saints du comté de Daviess s’installèrent sur des terres en vertu des
« droits de préemption », ce qui voulait dire que le gouvernement n’avait pas encore rendu
les terres disponibles pour l’achat. Croyant qu’ils finiraient par posséder la terre, les saints
des derniers jours travaillèrent dur pour développer leurs fermes. En juin 1838, quand le
troisième pieu de l’Église fut organisé à Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme
président de pieu, une atmosphère de paix semblait régner. Cependant, en juillet, les
colons reçurent une mise en demeure publique de partir du comté de Daviess sous peine
d’avoir à subir des conséquences graves. Les saints mirent leur milice en état d’alerte
pour se défendre. Quand les hostilités éclatèrent en août, la milice du siège de l’Église à
Far West alla à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne s’ensuivit. Une action
semblable se produisit en septembre.
Le 11 octobre, les émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à quitter DeWitt, au
comté de Carroll, puis se tournèrent vers le comté de Daviess, bien décidés à les chasser
tous de l’état. Ils brûlèrent les cabanes, volèrent les animaux et harcelèrent les familles.
Quand la milice de Far West arriva pour la troisième fois, en octobre 1838, les membres
de l’Église de tout le comté de Daviess se réunirent à Adam-ondi-Ahman pour y chercher
la sécurité et la population de la communauté passa à plus de mille. L’obligation de vivre
sous la tente et dans des chariots et une tempête de neige soudaine aggravèrent leurs
misères.
Tandis que Joseph Smith et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en
octobre, les membres de l’Église se réunirent pour assister à la dédicace de la place
publique par Brigham Young. C’est à ce moment-là que Joseph Smith indiqua un endroit
où Adam avait jadis construit un autel. En mai, le prophète avait identifié ce même
emplacement comme un endroit qui avait également été utilisé par les anciens Indiens
d’Amérique.
Après les pillages et les incendies d’octobre par les émeutiers et les actes de
représailles des saints des derniers jours, bien décidés à se défendre, la milice d’État les
força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et leur donna dix jours pour aller s’installer
à Far West. Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains de colons non
mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent l’hiver à Far West avant d’être
expulsés de l’État au printemps de 1839.
Les Missouriens qui étaient responsables de l’expulsion des membres de l’Église hors
du comté de Daviess savaient que dans quatre jours leurs terres seraient mises en vente
par le gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces résidants achetèrent les
terres exploitées et profitèrent du travail des saints.
John Cravens acheta la majeure partie de la zone centrale de la ville d’Adam-ondiAhman et la renomma Cravensville. La localité exista pendant trente-deux ans et eut
assez de résidants pour concourir avec Gallatin pour être le chef-lieu du comté de
Daviess, mais après 1871, les terres retournèrent à l’agriculture et à l’élevage.
En 1944, Wilford C. Wood 1944 acheta pour l’Église quinze hectares à Adam-ondiAhman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares supplémentaires. Les recherches dans
les archives et les fouilles archéologiques ont aidé à déterminer l’emplacement, la taille, la
nature, et l’histoire de la localité.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, p. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT
Alliances
Auteur : Van Beek, Wouter
Le mot « alliance » dans la Bible est la traduction de l’hébreu berith et du grec
diathêkê. Le concept, tel qu’il se trouve dans le Livre de Mormon, semble proche de
l’hébreu, qui désigne toute relation rendue officielle entre deux parties, comme un contrat,
un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est utilisé pour les pactes de nonagression entre peuples (Genèse 26:26-31), une promesse de propriété foncière (Genèse
15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie 34:8-9) ou un serment de garder le secret
(2 Rois 11:4). Le grec diathêkê est un terme plus légaliste, impliquant un legs officiel
(Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme est souvent traduit par
« testament », mais est clairement utilisé pour le même type de convention que
« alliance » (cf. Hébreux 7:22 ; 8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect juridique ressort
également dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où certaines questions
d’organisation sont rédigées en termes d’alliance (par exemple, D&A 82:11-12). Le terme
« alliance », qui signifie « union », porte sur l’aspect relationnel. Dans d’autres langues, le
terme utilisé peut avoir une connotation plus juridique.
Les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se disent être
un « peuple de l’alliance ». L’un des aspects les plus importants de leur vie est de conclure
des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils considèrent leurs alliances comme
l’équivalent moderne des alliances des temps bibliques.
La plupart des alliances mentionnées dans les Écritures sont faites par Dieu avec
l’humanité, soit avec des individus, soit avec un groupe. Dans une alliance de groupe,
comme celle de l’Israël d’autrefois ou des Néphites, le chef ou le roi « coupe l’alliance »
(comme on le dit en hébreu) pour et en faveur de son peuple, qui à son tour affirme son
entrée dans l’alliance par un serment collectif ou par le repentir (par exemple, 2
Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être réaffirmée et rétablie, comme cela se
produit dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir Ricks, 1984). Lorsqu’une
alliance de ce genre est contractée, le pacte collectif avec Dieu tient aussi longtemps que
le peuple obéit aux commandements explicites ou implicites de l’alliance. On peut
néanmoins constater, entre l’Ancien et le Nouveau Testament, un glissement progressif de
l’alliance collective vers l’alliance individuelle. C’est également le cas dans le Livre de
Mormon et dans les enseignements de l’Église. Il reste une certaine tension entre
l’association avec les « élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A 88:130-133 ) et l’alliance plus
générale pour toute l’humanité (Ésaïe 55:3). En tous cas, les alliances individuelles sont
essentielles dans la doctrine et dans la religion des saints des derniers jours, tant dans
l’histoire sacrée que dans la pratique actuelle.
Quand une alliance est contractée, Dieu prend l’initiative avec une promesse
conditionnelle, spécifiant les bénédictions accessibles et fixant les conditions pour les
recevoir. Parfois un signe est donné pour commémorer le pacte, comme les tables de
l’alliance (Deutéronome 9:9-11). Des révélations (Jérémie 11:1-5) et des miracles
(Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les alliances. On contracte l’alliance
habituellement par un rituel, un signe visible. Les sacrifices par effusion de sang (« le sang
de l’alliance », Exode 24:8), « l’alliance du sel » (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la
circoncision des garçons (Actes 7:8), le baptême (D&A 22:1; Mosiah 18:7-11 ), la SainteCène (Hébreux 8:6; 3 Néphi 18:1-14 ), le don de la prêtrise avec son "serment et [son]
alliance » (D&A 84:33-42), le mariage (D&A 132) et d’autres rites du temple, tous ces
rituels révélés sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme alliances. Ils
sont le signal que les gens concluent ou réaffirment des alliances personnelles avec le
Seigneur. Comme Dieu est lié par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion d’une
alliance doit être guidée par la révélation et effectuée par l’intermédiaire de l’autorité de la
prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu n’est pas vraiment partie prenante dans le contrat.
Étant donné que les rites d’alliance sont essentiels au salut et à l’exaltation de l’homme, le
rôle de la prêtrise dans l’administration de ces sacrements d’alliance est crucial. Sans
l’autorité de la prêtrise, il n’y a pas d’alliances éternelles. Pourtant, ces obligations
d’alliance sont toujours directement en rapport avec le commandement général d’aimer
Dieu et son prochain, appelé « l’alliance du cœur » (Hébreux 10:16; Jérémie 31:31-34 ;
Ésaïe 55:3 ).
Les alliances du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La
promesse que Dieu fait est d’envoyer un Sauveur pour tous les humains, en demandant
de leur part leur obéissance à la volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à des
aspects de la « plénitude de son Évangile » (D&A 133:57). Bien que diverses
dispensations puissent avoir leur spécificité, comme « l’alliance des œuvres » d’Israël et
« l’alliance de la grâce » de Paul, les saints des derniers jours regroupent toutes les
alliances divines sous l’unité d’un seul Évangile. En conséquence, toutes les alliances sont
toujours nouvelles, éternelles et sans cesse renouvelées.
Les saints des derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance éternelle avec
Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder
ses commandements, de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme
témoins de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se rappeler le
Christ (voir Alliance du baptême ; Mosiah 18:8-10 ; D&A 20:37 ). Ils renouvellent cette
alliance en prenant la Sainte-Cène. Ils contractent d’autres alliances impliquant des
obligations de fidélité, de zèle dans leur appel, de sacrifice, d’obéissance, de justice, de
chasteté et de consécration quand ils sont ordonnés à la Prêtrise de Melchisédek (voir
Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent la dotation du temple, et quand un
homme et une femme contractent le mariage éternel (voir Mariage : mariage éternel ).
De nombreux commentaires soulignent le caractère unilatéral des alliances
scripturaires. Étant donné que les promesses du Seigneur dépassent largement les
obligations de l’homme, les bénédictions de la Divinité éclipsent de loin les efforts exigés
(voir Mosiah 2:21), bien que la notion de réciprocité soit toujours présente. Quelque chose
est exigé en retour étant donné qu’une alliance est essentiellement à deux sens ; avant
toute chose, c’est une relation, le moyen par lequel Dieu et l’homme sont réconciliés dans
l’Expiation offerte à tous par Jésus-Christ.
Une alliance est un rapport particulier avec le Seigneur qu’une personne ou un groupe
peut contracter. Les termes ont été fixés par le Seigneur tant pour les récompenses
(bénédictions, salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance aux règles et aux
commandements). Une alliance est accomplie lorsque les gens tiennent leurs promesses
et persévèrent jusqu’à la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne des bénédictions au
cours de la vie et le salut et l’exaltation à la fin.
Il y a rupture de l’alliance quand une promesse n’est pas tenue, c’est-à-dire, quand il y
a transgression des commandements. En brisant cette relation, la personne perd ses
bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être rendues dans leur intégralité que si elle se
repent et contracte à nouveau l’alliance. Les alliances réconfortent les justes (Daniel 9:4)
et soulagent le coeur des opprimés (D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les
impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).
Les saints des derniers jours croient que les premières alliances personnelles ont été
faites dans la vie prémortelle, pour être contractées à nouveau plus tard sur la terre. Dans
l’histoire sacrée de la terre, Dieu a fait alliance avec Adam et Ève et tous les anciens
patriarches et prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait des alliances de toutes
sortes avec Hénoc, Abraham et Sara, Moïse, les rois d’Israël et de Juda, David, Salomon
et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de prophètes. Jésus-Christ a institué
la Sainte-Cène comme une alliance établissant des relations personnelles avec chacun de
ses disciples (Hébreux 8:6), son sang remplaçant le vieux sang des sacrifices, le “sang
d’une alliance éternelle » (Hébreux 13:20). Par l’intermédiaire de Joseph Smith, les
alliances éternelle ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance éternelle ; D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ;
132 ).
Pour chaque groupe respectif de peuples de l’alliance, cette relation importante avec
la Divinité est également un marqueur d’identité distinguant des personnes ou un groupe
de leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que la circoncision (Genèse
17:2-14), le jour du sabbat (Exode 31:12-17), l’endogamie ou l’interdiction du mariage en
dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A 88:131-133) et les interdits en
matière de nourriture, tels que les tabous alimentaires du Lévitique ou le code de santé
moderne de la Parole de Sagesse (D&A 89).
D’un point de vue historique, l’accent mis sur les alliances, parmi les églises
chrétiennes, s’est renforcé à partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean Calvin, la
notion d’alliance était cruciale (Lillback, 1987), une tradition qui s’est transmise à de
nombreuses confessions protestantes, notamment aux Puritains (van Pohr, 1986). Dans
l’histoire ecclésiastique américaine, les alliances ont aussi été cruciales, et les Puritains de
la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus comme étant le peuple de l’alliance du
Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est resté important dans la culture américaine et est
un élément vital et essentiel de la religion mormone.
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi." Dans
By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p. 1-51. Salt
Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to the Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake
City, 1990.
Lillback, P. A. The Binding of God: Calvin’s Role in the Development of Covenant
Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller, P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War. Londres, 1966.
Pohr, J. van. The Covenant of Grace in Puritan Thought. AAR Studies in Religion 45.
Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin’s Address (Mosiah 16)." BYU Studies 24, printemps 1984, p. 151-162.
WOUTER VAN BEEK
Alliances aux temps bibliques
Auteur : Tate, George S.
L'idée de contracter et de respecter des alliances est essentielle pour les saints des
derniers jours, qui seraient tout à fait d’accord « que le message central de la Bible est
l'alliance de Dieu avec les hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de l’alliance « imprègne
les enseignements de l'Ancien Testament » et toutes les Écritures (Ludlow). L’utilisation
d’alliances sacrées pour unir les hommes à Dieu et les uns aux autres est un procédé
systématique et durable dans les relations de Dieu avec l'humanité depuis le début de
l'histoire de la terre jusqu'à l'heure actuelle.
Se basant sur des révélations extrabibliques pour leur compréhension des alliances
bibliques, les saints des derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu avec
l'humanité comme organisée selon des « dispensations » de l'Évangile, à l’occasion
desquelles l'Évangile (et notamment la prêtrise et toutes les ordonnances nécessaires) est
accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance. Chaque dispensation est présidée par
des dirigeants de la prêtrise détenant des clés qui leur donnent le droit de faire contracter
aux hommes des alliances qui font force de loi au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse
(De. 29:10-15), Josué (Jo 24:14-28) et Pierre (Mt 16:19) ont été parmi ceux qui avaient
l’autorité d'agir au nom de Dieu quand ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient
entre eux Dieu et son peuple.
Les relations d’alliance de Dieu avec l'humanité ont commencé avec Adam et Ève. Les
textes de la Perle de Grand Prix montrent qu’Adam et Ève ont été les premiers, après la
Chute, à contracter des relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le baptême (Moïse
6:64-66) et la réception de la prêtrise et d’ordonnances liées au temple : « C’est ainsi que
tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance » (Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8,
10-12). Adam et Ève reçurent la promesse d’un Sauveur et il leur fut commandé d'être
obéissants, d'être repentants et de tout faire au nom du Fils de Dieu (Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour la première fois le terme « alliance » avec Noé (6:18 ; 9:917), c’est avec Hénoc (Moïse 7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints des derniers
jours l’emploient en premier lieu. Les érudits bibliques non mormons (p. ex., Fensham)
organisent généralement les principales alliances bibliques en une quintuple séquence
(Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau Testament), mais les saints des
derniers jours suivent une séquence de sept dispensations principales (Adam, Hénoc,
Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et Joseph Smith) et reconnaissent
aussi celles du frère de Jared, de Léhi et d’Alma dans l'histoire du Livre de Mormon. Alors
que les savants non mormons s’efforcent de comprendre ce qu’il y a de commun et de
différent entre les alliances mentionnées dans la Bible (par exemple, l’alliance patriarcale
d'Abraham a continué même quand l'alliance au Sinaï a été violée), les saints des derniers
jours, eux, trouvent que les grandes alliances ont toutes un point commun à savoir qu’on y
retrouve les mêmes principes sous-jacents de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné le rôle essential qu’elles jouent dans les alliances mentionnées plus tard dans
la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc 1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les promesses faites
de manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent une importance particulière
dans les enseignements de l’Église (Ricks, 1985 ; Nyman). Le livre d'Abraham dans la
Perle de grand prix augmente la compréhension que nous avons des promesses faites à
Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre d'héritage (Genèse 15:18 ;17:8 ; cf. Abr
2:6) et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ; 17:2-6 ; cf. Abr 2:9 ; 3:14), le livre
d'Abraham ajoute les bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4, 18) et la promesse que la
postérité d'Abraham sera le moyen par lequel l'Évangile sera répandu sur toute la terre
afin que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et obtenir le salut (Abr 2:10-11). Les
saints des derniers jours croient que le pouvoir de faire ces promesses antiques au moyen
d’une alliance a été rétabli le 3 avril 1836, quand Élie, Élias, Moïse et autres prophètes
anciens ont rendu à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clés de « la dispensation de
l'Évangile d'Abraham, disant qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après
nous seraient bénies » (D&A 110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).
Aux temps bibliques, on faisait des alliances politiques et juridiques de diverses
manières. Les alliances religieuses s’inspiraient souvent de ces pratiques profanes. Par
exemple, dans la langue de la Bible, on « coupe » une alliance, ce qui rappelle le procédé
légal consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie scellant un contrat ou un
traité (Genèse 15:10; Hillers, p. 40-45).
Le processus de renouvellement des alliances, individuellement et collectivement, était
également un élément important de la vie religieuse à l'époque biblique. Tout comme les
saints des derniers jours « renouvellent » leur alliance du baptême en prenant la SainteCène, il y a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement d'alliance
(par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi des renouvellements d'alliance
dans le Livre de Mormon où l’on constate des analogies avec les pratiques du ProcheOrient (surtout hittites) (Ricks, 1984, 1990).
Malgré ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de Moïse, devait
être remplacée par une nouvelle, comme Jérémie le prophétise (Jérémie 31:31). Les
saints des derniers jours croient que cette prophétie s’est réalisée dans le Nouveau
Testament (ou, plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le médiateur d'une
alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses » (Hébreux 8:6). Le
symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle alliance est la Sainte-Cène,
instituée lors de la dernière Cène et centrée sur l'engagement à se souvenir toujours du
Christ, ce qui fait penser à la Pâque de l'ancienne alliance et à l’appel des prophètes de
l’alliance à connaître Dieu (Osée 4:6).
Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et
autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C., "Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ.
J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant: The History of a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking the Covenant Teachings in the Scriptures." Religious Studies
Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant of Abraham." Dans The Pearl of Great Price: Revelations
from God, p. 155-170, dir. de publ. H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah, 1989.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's Address (Mosiah 16)." BYU Studies 25, printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture, dir. de publ.
R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy: A Covenant of Love." Ensign 20, avr. 1990, p. 55-59.
Whittaker, David J. "A Covenant People: Old Testament Light on Modern Covenants."
Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE
Alma l’Ancien
Auteur : LAMBERT, L. GARY
Alma l’Ancien (vers 174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de
Mormon. Il est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le jeune prêtre de la cour du roi
Noé qui va essayer de faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela va lui valoir la
vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il est impressionné par les accusations
portées par Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement et de la société
et par son témoignage de l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2). Forcé plus tard de
passer dans la clandestinité, Alma met par écrit les enseignements d'Abinadi, puis en fait
part à d'autres, attirant suffisamment d’adhérents – 450 – pour organiser une société de
croyants ou Église. Les croyants s’assemblent dans une région isolée et non exploitée
appelée Mormon. Ceux qui participent à la vie de l'Église s’engagent à « porter les
fardeaux les uns des autres », à « pleurer avec ceux qui pleurent » et à « consoler ceux
qui ont besoin de consolation » et à « être les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes
choses » (Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le baptême, considéré
comme « témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant] jusqu'à
ce que tu sois mort quant au corps mortel » (verset 13). Les croyants se donnent le nom
de « l'Église de Dieu, ou l'Église du Christ » (verset 17).
Alma ordonne des prêtres laïcs – un par cinquante membres – et il leur dit de subvenir
à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à ses enseignements et à la doctrine
« qui avai[t] été dit[e] par la bouche des saints prophètes… le repentir et la foi au
Seigneur » (Mos. 18:19-20). Il exige aussi l’observance fidèle du sabbat, des
remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, « leurs cœurs étant enlacés dans
l'unité et l'amour les uns envers les autres » (18:21-23). Les prêtres se réunissent au
moins une fois par semaine avec le peuple pour l’instruire lors d'une réunion de culte
(18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les uns des autres, chacun selon ce
qu'il a (18:27-28).
Les croyants finissent par être découverts et le roi Noé accuse Alma de sédition,
commandant à son armée de l’écraser, lui et ses disciples. Forcé de partir en exil, Alma
conduit le peuple plus loin dans le désert où il prospère pendant vingt ans dans une région
qu'il appelle Hélam (Mos. 18:32-35 ; 23:1-5, 20). Alma décline fermement les efforts bien
intentionnés de le faire roi et réussit à dissuader son peuple d'adopter un gouvernement
monarchique, l’invitant à jouir de cette nouvelle « liberté qui [l’] a rend[u] libr[e] et de ne se
fier « à aucun homme pour qu'il soit [son] roi » (Mos. 23:13). Il ne s'oppose pas à la
monarchie en tant que telle. Ce sont plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent :
« S'il était possible que vous eussiez toujours des hommes justes comme rois, il serait
bien que vous ayez un roi » (23:8).
Alma et son peuple seront plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a
déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le reste d'une armée de Lamanites, découvre le
peuple d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances, la voix du Seigneur
promet soulagement et délivrance à cause de leur alliance avec lui : « Moi, le Seigneur
Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses afflictions » (Mos.
24:14). Une fois de plus, à la manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la
servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une nouvelle terre, le pays de
Zarahemla, où il s’unit au peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former une
nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
Mosiah II, roi de Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants transplantés,
approuve et autorise même l'expansion de l'Église d'Alma dans son royaume ; toutefois,
l'Église fonctionne séparément et indépendamment de l'État. Le roi confie aussi les rênes
de la direction à Alma (Mos. 25:19 ; 26:8), qui dirige l’Église avec succès pendant vingt
années caractérisées en grande partie par des épreuves, beaucoup d’affrontements entre
non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat, des moments pénibles aussi bien
pour lui que pour l'Église (Mos. 26:1-39). Plus tard, l'antagonisme généralisé va obliger le
roi à publier un décret pour diminuer la tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se
retrouve dans les rangs des ennemis de l'Église, son agitation et ses critiques aggravant
encore les persécutions contre les membres de l'Église (27:8-10).
De son vivant, Alma voit le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un
système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2) ; il voit aussi son propre fils, Alma le
Jeune, celui qui lui a précédemment causé du chagrin ainsi qu’à l’Église, devenir le
premier grand juge (Mos. 29:1-44). Cette transformation politique va s’avérer cruciale dans
l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque chose, aussi bien directement
qu’indirectement ; l’histoire de ses souffrances et de celles de son peuple sous des
gouverneurs oppresseurs est bien connue dans tout le royaume (25:5-6) et est restée
distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit donc que l'influence d'Alma dépasse
les limites spirituelles immédiates de son intendance sur l'Église. C’est, en effet, à cause
de cette influence que la nation néphite tout entière connaît des changements sans
précédent dans presque toutes les dimensions de la vie quotidienne : politiques, sociaux
et économiques aussi bien que religieux. Ces changements et toutes leurs ramifications
pour l'ordre social et la population préparent le contexte dans lequel va se dérouler la
visite du Christ ressuscité en Amérique. Aimé de ses disciples pour son dévouement et sa
foi, estimé par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement toujours
connu surtout comme fondateur de l'Église à Zarahemla. Sa postérité va devenir la
première famille néphite pendant plus de 400 ans, jusqu’à Ammaron en 321 apr. J.-C.
(4 Né. 1:48). Alma meurt à quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance
de Jésus-Christ.
L. GARY LAMBERT
Alma le Jeune
Auteur : Millet, Robert L.
Peu de personnes ont eu une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le
Jeune, fils d'Alma l’Ancien. Il est une personnalité-clef dans la naissance de l'Église et de
la république néphites, et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de
l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av. J.-C.). Ses efforts pour protéger son peuple
contre la guerre, les dissensions et la méchanceté ne le cèdent qu’à son dévouement total
au Sauveur, qu'il apprend à connaître par la révélation.
Ce champion de la justice apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune
homme rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits comme « les plus vils des
pécheurs » (Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents et
cherchent à renverser l'Église. Tandis qu’ils se livrent à ce travail (vers. 100-92 av. J.-C.),
l'ange du Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre et les appelle au
repentir et il leur dit qu’il le fait à cause des prières du peuple et du père d'Alma. Pendant
trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un état physiquement comateux et,
pendant ce temps, il se retrouve spirituellement face à tous ses péchés, à cause desquels,
dira-t-il plus tard, il était « tourmenté par les souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
Au plus profond de l’angoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de son père au
sujet de la venue de Jésus-Christ pour expier les péchés du monde. Il en appelle, dans
son cœur, au Christ, demandant grâce et suppliant d’être délivré du « fiel de l’amertume »
et des « chaînes éternelles de la mort » Et, dit-il, « je ne pus plus me souvenir de mes
souffrances ; oui, je n'étais plus déchiré par le souvenir de mes péchés » (Al. 36:17-19).
Après leur conversion, Alma et les fils de Mosiah vont consacrer leur vie à la prédication
du repentir et au joyeux Évangile (Al. 36:24).
Pendant quelque neuf années, Alma va être à la fois grand prêtre de l'Église et grand
juge ou gouverneur d'un nouveau système politique de juges parmi les Néphites. Il est
instruit, gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et écrivain habile. Jeune
dirigeant civil et religieux, il doit affronter un certain nombre de problèmes. Plusieurs
factions politico-religieuses sont en train d’apparaître dans la société néphite, notamment
les Zoramites, les Mulékites, des membres de l'Église et un groupe hostile à l’Église, les
disciples de Néhor (voir Livre de Mormon – Peuples). Conserver la direction néphite de
tous ces groupes va se révéler impossible. Lors d’un procès-phare dans sa première
année comme grand juge, Alma juge le populaire Néhor coupable d’imposer par l’épée
des supercheries de prêtres, ce qui aura comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15).
Ceci débouche bientôt sur une guerre civile au cours de laquelle Alma tue lui-même au
combat le nouveau chef rebelle, l’un des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il s’ensuit une grave
épidémie d'orgueil et d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4) et la sécession des
arrogants Zoramites. « Ne voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un
témoignage pur » (Al. 4:19), Alma démissionne de son poste de grand juge et se consacre
entièrement à l’œuvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5). Son travail religieux, particulièrement
dans les villes néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al. 7), le bastion néhorite
d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre zoramite d’Antionum (Al. 31-35) revitalise l'Église et
fournit le modèle de l'administration pour le siècle à venir jusqu’à l'avènement du Christ.
C’est dans ses sermons et les bénédictions qu’il donne à ses enfants que l’on trouve
les apports les plus durables d’Alma. Certainement en raison de sa propre conversion
(Mos. 27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice expiatoire du Rédempteur et
sur la nécessité pour les hommes et les femmes de naître de Dieu, d’être changés et
renouvelés par le Christ. Parlant au peuple de Gidéon, il prononce un oracle prophétique
profond concernant la naissance de Jésus et l'Expiation qu'il va accomplir, « subissant des
souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce… afin de détacher les
liens de la mort qui lient son peuple ; et il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses
entrailles soient remplies de miséricorde… afin qu'il sache, selon la chair, comment
secourir son peuple selon ses infirmités » (Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met l’accent
sur la nécessité de la nouvelle naissance et d'acquérir l'image et les attributs du Maître ;
ce faisant, il propose une série de plus de quarante questions qui évaluent la profondeur
de la conversion et de la préparation à rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
À Ammonihah, Alma et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués et
emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements ni nourriture suffisante. Après
avoir été forcés d’être témoins de la mort par le feu de plusieurs femmes et enfants
fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement délivrés et leurs persécuteurs annihilés. Les
discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et l'Expiation sont parmi les
déclarations théologiques les plus claires et les plus fondamentales de l’Écriture sur ces
sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité, la foi et la prière aux pauvres
d’Antionum (Al. 32-34), Alma et Amulek exposent le procédé par lequel ceux qui n’ont pas
la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie qui désirent fortifier leur croyance) plantent la
semence de la parole du Christ dans leur cœur et finissent par recevoir le témoignage qui
est donné par le pouvoir du Saint-Esprit.
Certains des renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre de Mormon nous
viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant à Hélaman I, son fils aîné et successeur,
Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre conversion, lui fait des
recommandations paternelles affectueuses et lui confie la garde des plaques d’airain, des
plaques de Néphi, des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À Shiblon, il donne des
conseils pratiques sages (Al. 38). À Corianton, son fils cadet dévoyé, qui finira par œuvrer
vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du péché sexuel, que la méchanceté
n’a jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les esprits seront jugés après la mort et
se tiendront un jour devant Dieu après une résurrection parfaite (Al. 40) et que le mot
« restauration » ne signifie pas que Dieu remettra le pécheur dans un certain ancien état
de bonheur (Al. 41), parce que la miséricorde divine ne peut pas dérober la justice quand
la loi de Dieu a été violée (Al. 42).
Relativement jeune au moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après
cela. Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à lui tout seul revigorer et faire
triompher la cause de la vérité et de la liberté dans l'Église et la société néphites.
N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au moment de sa conversion, Alma est
sans cesse animé de ce désir invariable : « Oh, que je voudrais être un ange et satisfaire
le souhait de mon cœur, d'aller et de parler avec la trompette de Dieu, d'une voix qui fait
trembler la terre, et d'appeler tous les peuples au repentir !… afin qu'il n'y ait plus de
tristesse sur toute la surface de la terre » (Al. 29:1-2). Quand il s’en va un jour et qu’on ne
le revoit plus jamais, ses fils et l'Église supposent que « [le Seigneur] a aussi reçu Alma en
esprit à lui » tout comme Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée entre ces
deux grands législateurs, juges, gouverneurs, chefs spirituels et prophètes.
Pour les saints des derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et éternelles. Il
donne de l’espoir aux parents qui ont des enfants rebelles et est comme une balise pour
ceux qui s’égarent. C’est un homme public modèle, un exemple remarquable de la
nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un missionnaire et un théologien doué.
Alma est un prophète qui a reçu la récompense d'un prophète.
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, p. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma the Younger." CR avril 1979, p. 16-17.
ROBERT L. MILLET
Ancien, Prêtrise de Melchisédek
Auteur : Vetterli, Richard R.
« Ancien » est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours auquel les membres masculins dignes peuvent être ordonnés à
l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien » est également utilisé comme titre général
pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils
détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).
En mai 1829, Jean-Baptiste, qui leur avait conféré la Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu » les premier et deuxième
anciens de l'Église (JS — H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour plus
d'informations :
« Il n’y avait pas longtemps que nous nous livrions à une prière fervente et solennelle,
quand la parole du Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que
j’ordonne Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et qu'il devrait aussi
m'ordonner au même office et puis en ordonner d'autres selon que cela nous serait
commandé de temps à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer notre
ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de rassembler nos frères qui avaient été et qui
allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS — H 1:72].
Ces ordinations furent accomplies le 6 avril 1830, lors de l'organisation de l'Église
(D&A 20:1-4).
Les anciens ont pour devoir d’être des « ministres permanents » (D&A 124:137) afin
de veiller sur l'Église, aider à en gérer les affaires, enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité
de conférer le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des
bénédictions, y compris la guérison des malades. Les anciens peuvent accomplir toutes
les fonctions de la Prêtrise d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène. Ils ont
l'autorité, sous la direction de l’évêque de la paroisse ou du président de pieu, de conférer
la Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux bénéficiaires dignes et d'ordonner
d’autres anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire une mission (voir D&A
20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent être appelés à divers autres postes de direction ou de
service. À la conférence générale d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les
anciens devaient être des « ministres permanents au pays , être prêts à répondre à l'appel
des officiers présidents de l'Église et de pieu, à travailler dans le ministère au pays et à
officier dans tout appel qui peut leur être confié, que ce soit pour travailler dans les
temples ou dans l’œuvre du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde
avec les soixante-dix prêcher l'Évangile » (CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où
l'Église n'est pas complètement organisée, les membres se réunissent dans des branches
sous la direction d’un ancien appelé président de branche (voir Organisation :
Organisation contemporaine).
Tous les anciens résidant dans une paroisse sont organisés en un collège comptant
jusqu’à quatre-vingt-seize membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président, deux
conseillers et un secrétaire appelés parmi les membres du collège par le président de
pieu. La présidence du collège des anciens fait rapport au président de pieu, mais pour
tous, le service et les activités locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la
paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins chaque dimanche. Ils ont la
responsabilité de s’intégrer mutuellement et d’aider à administrer les programmes et les
activités du collège, dans la paroisse et dans le pieu, avec l'intention d'améliorer la
condition de l'humanité (voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par révélation
pour fonctionner dans un esprit d'amour, de gentillesse, de persuasion patiente et de
justice (D&A 121:41-46).
L'utilisation du mot « ancien » diffère de l'usage de ce terme dans les sociétés où il
désigne les personnes âgées qui exercent une influence et de l'autorité dans la
communauté en raison de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur expérience et
de leur réputation, ou sur désignation par le groupe. Le terme était commun aux sociétés
anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab (Genèse 50:7 ; Nombres
22:7). Les anciens (c.-à-d., les zeqenim, les « vieux ») étaient des dirigeants éminents des
tribus israélites pendant l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans
l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ; Nombres 16:25), et certains étaient
manifestement autorisés à participer à des cérémonies religieuses sacrées (Exode 24:9-
11 ; Nombres 11:16-26). Après la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens
augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés tribales. Ils jouèrent un rôle
quand il s’agit d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans d'autres fonctions
communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ; 20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce
genre sont mentionnées dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le
prophète Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants pendant la captivité à
Babylone (605 av. J.-C., par exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années après le
retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens composèrent le
Sanhédrin, le conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens
gouvernait chaque communauté. À l'époque du Nouveau Testament, des anciens étaient
nommés comme dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées chrétiennes
locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ; Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se
retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le gouvernement de l'Église et
fonctionnaient parmi leurs frères chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin juif
(Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des « superviseurs » ou « évêques » peuvent avoir été
choisis parmi les anciens de bonne réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1 Timothée
3:1-7).
Bibliographie
Davies, G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol.
2, p. 72-73. Nashville, Tenn., 1962.
McConkie, Bruce R. Only an Elder. Salt Lake City, 1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in the New Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible,
Vol. 2, p. 73-75. Nashville, Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI
Ancien Testament
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
L’Ancien Testament est l’un des ouvrages canoniques admis par l’Église de JésusChrist des saints des derniers jours, qui l’estime pour ses enseignements prophétiques,
historiques, doctrinaux et moraux. Il raconte une série de dispensations antiques pendant
lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques par des alliances et des
commandements divins dont beaucoup restent fondamentaux et intemporels. À ce propos,
il est significatif pour les saints des derniers jours qu’en septembre 1823 l’ange Moroni ait
cité une série de prophéties de l’Ancien Testament quand il a révélé au prophète Joseph
Smith l’endroit où se trouvait un document antique écrit sur des plaques d’or, dont la
traduction a donné le Livre de Mormon (JS–H 1:36-41). De plus, les travaux considérables
de Joseph Smith sur l’Ancien Testament et les révélations qui lui ont été données à ce
propos (juin 1830 à juillet 1833), qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph Smith
(TJS) et à certaines sections instructives des Doctrine et Alliances, soulignent l’importance
de ces textes scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon qu’avant 600 av. J.-C.
le prophète Léhi et sa colonie ont apporté de Jérusalem sur le continent américain un
document sur des plaques d’airain qui contenait beaucoup de textes de l’Ancien
Testament (1 Né. 5:10-15), amenant Léhi et ses descendants à attendre la venue d’un
Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur donnant un guide pour leur épanouissement moral et
spirituel (Mos. 1:3, 5).
L’Ancien Testament, même s’il porte aussi le nom d’Ancienne Alliance, n’est donc pas
démodé aux yeux des saints. Il contient des récits, de la sagesse et des textes écrits part
des prophètes anciens, et même si des « parties claires et précieuses » ont été perdues,
beaucoup ont été rendues dans les Écritures des saints (1 Né. 13:40). Il contient une série
d’alliances anciennes avec Jéhovah (Jésus-Christ) qu’il faut distinguer des alliances
supérieures du Nouveau Testament (par exemple, Mt. 26:28 ; Lu. 22:20 ; 1 Co. 11:25 ; 2
Co. 3:6 ; Hé. 7:22). Les saints des derniers jours les considèrent toutes comme éléments
du même plan de salut divin.
ALLIANCES ET COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours
éprouvent le besoin d’apprendre et de pratiquer les principes prescrits dans toutes les
alliances et tous les commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour
connaître et comprendre les buts éternels de Dieu, il faut étudier les époques passées
dont il est question dans l’Ancien Testament, ainsi que celles accessibles dans d’autres
Écritures anciennes et modernes. Par exemple, les révélations modernes aident les saints
des derniers jours à lire l’Ancien Testament en appréciant plus complètement la pérennité
des notions éternellement importantes enseignés par les prophètes dans les Écritures.
Depuis le commencement, les alliances divines liées au salut sont enseignées par les
prophètes et certaines sont symbolisées par des ordonnances sacrificatoires. Une
révélation donnée à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les sacrifices d’animaux
ont été exigés depuis le temps d’Adam et Ève (Moï. 5:5) et que ces sacrifices étaient
« une similitude du sacrifice du Fils unique du Père » (Moï. 5:7).
Une autre alliance de l’Ancien Testament confirmée dans la révélation moderne est
l’alliance abrahamique. Elle ne concerne pas seulement les descendants littéraux
d’Abraham mais également ceux qui sont adoptés dans sa famille à cause de leur foi dans
le vrai Dieu et de leur baptême dans l’Évangile du Christ (Ge. 12:1 ; Ga. 3:26-29). Ces
« descendants » d’Abraham sont chargés d’apporter les bénédictions de cette alliance à
toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et vivant et en faisant connaître son plan de
salut (Abr. 2:9-11). La responsabilité de connaître l’alliance d’Abraham et d’agir en
conséquence a été transmise aux héritiers modernes par la révélation (D&A 110:12). De
plus, il y a, dans le Livre de Mormon, une promesse de Jésus ressuscité selon laquelle les
descendants de son peuple d’Israël, le peuple de son ancienne alliance, qui ont été
dispersés au-dehors, « seront rassemblés de l’est, et de l’ouest, et du sud, et du nord ; et
ils seront amenés à connaître le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés » (3 Né. 20:13). Ils
doivent être installés dans les pays de leur héritage et s’acquitter de leur responsabilité
antique et suprême d’édifier le royaume du Seigneur (3 Né. 20:21-46 ; cf. És. 52:1-15).
Pour les saints des derniers jours, le rétablissement « de toutes choses » (Ac. 3:21) inclut
beaucoup de principes, de points de doctrine et d’idéaux de l’Ancien Testament.
LOIS TEMPORAIRES ET ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas
que quand il a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait abrogé la loi, les prophètes et
les écrits de l’Ancien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a accompli la loi du sacrifice en
permettant que son propre sang soit versé (Al. 34:13) et en remplaçant certaines pratiques
religieuses d’autrefois (3 Né. 12:18-20 ; 15:2-10). Ainsi, la fête de la pâque est devenue la
Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur (Lu. 22:1-20) : L’agneau pascal a
trouvé son point culminant dans l’Agneau de Dieu (Ex. 12:5, 21 ; 1 Co. 5:7 ; 1 Pi. 1:19 ;
Ap. 5:6). Le sacrifice d’animaux a trouvé son point culminant dans le sacrifice final de
Jésus, dont ils étaient de simples symboles, mais le sacrifice « d’un cœur brisé et d’un
esprit contrit » continue (3 Né. 9:19-20 ; cf. Ro. 12:1).
Jésus a réitéré beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse et les
prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la révérence pour Dieu, le respect
des parents, la chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la violence et au
meurtre et la pratique de l’honnêteté avec ses semblables (par exemple, Mt. 5:17-48 ; cf.
3 Né. 12:17-48 ; Lu. 16:19-31 ; 24:13-47). Abinadi, prophète du Livre de Mormon, a réitéré
les dix commandements et était formel quant à la nécessité d’en enseigner et d’en vivre
les principes (Mos. 12:33-37 ; 13:12-26). Et la révélation moderne confirme la même
nécessité pour quiconque veut être agréable au Seigneur (par exemple, D&A 20:17-19 ;
42:18-29 ; 52:39).
Pour les saints des derniers jours, tous les principes de moralité et de justice
enseignés par les prophètes de l’Ancien Testament demeurent valides. Michée, par
exemple, dit : « Ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu
aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Mi. 6:8). Le
Seigneur enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées s’accompliront
sûrement, même si c’est à une époque lointaine ; c’est pourquoi, « le juste vivra par sa
foi » (Ha. 2:3-4). Moïse invite les Israélites à vivre selon les lois de Dieu en tant que bons
exemples pour les autres : « Vous les observerez [les lois et les prescriptions] et vous les
mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des
peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un
peuple absolument sage et intelligent ! » (De. 4:6). Jésus fait appel au Deutéronome et au
Lévitique au sujet des premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain
(De. 6:4-5 ; Lé. 19:18, 33-34 ; Mc. 12:28-34).
Cela ne veut cependant pas dire que toutes les pratiques en matière de culte
recommandées dans « la loi et les prophètes » devaient être perpétuées éternellement.
Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a expliqué : « Et maintenant,
vous avez dit que le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis qu’il est nécessaire que
vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse ; mais je vous dis que le temps viendra où il
ne sera plus nécessaire de garder la loi de Moïse » (Mos. 13:27). Jésus ressuscité a
répété aux disciples sur le chemin d’Emmaüs et aux onze apôtres réunis à Jérusalem les
enseignements de la loi et des prophètes, des psaumes et de « toutes les Écritures » qu’il
avait accomplis, (Lu. 24:13, 27, 33, 44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui
(3 Né. 15:8 ; Ga. 3:24).
Les saints des derniers jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de
l’Ancien Testament qui sont éternels, croyant qu’ils sont inspirés par l Dieu » et sont
« utile[s] pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2
Ti. 3:16).
ATTENTE DU MESSIEPAR LES PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du
Christ, Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son peuple était informé sur le
Christ par les enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi l’espoir de sa
venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute : « Car c’est à cette fin que la loi de Moïse a été
donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à l’homme depuis le commencement du
monde est une figure de lui [le Christ] » (2 Né. 11:4). À une autre occasion, Jacob dit que
« tous les saints prophètes … ont cru au Christ », et que son peuple a fidèlement gardé la
loi de Moïse, celle-ci « tournant notre âme vers [le Christ]. » En effet, ils voyaient dans
l’offrande d’Isaac par Abraham « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:45). Amulek, un prédicateur ultérieur du Livre de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du
« grand et dernier sacrifice » du Fils de Dieu, déclare que « c’est là toute la signification de
la loi, tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand et dernier sacrifice… [du] Fils de
Dieu » (Al. 34:13-14).
La capacité des enseignements et des ordonnances des prophètes d’amener les
hommes au Christ est démontrée par le fait même que Jésus fait allusion à ces rites et à
ces enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il rappelle à
Pierre, à Jacques et à Jean qu’il est « écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup
et être méprisé » (Mc. 9:12 ; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville natale de Nazareth, il annonce
que la prophétie d’Ésaïe que le Messie guérira et délivrera le peuple est accomplie en lui
(Lu. 4:21 ; És. 61:1-2). Après avoir guéri un homme le jour du sabbat, Jésus dit à ceux qui
veulent le condamner que le temps est proche où même les morts entendront sa voix,
faisant certainement allusion aux prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25 ; cf. És.
24:22). Ses paroles d’adieu à ce même auditoire sont : « Car si vous croyiez Moïse, vous
me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi » (Jn. 5:46 ; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23 ;
1 Né. 22:21 ; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière heure mortelle, en souffrant et en
accomplissant les promesses de la rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22:
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » comme pour faire ressortir
l’accomplissement imminent des vers restants du psaume (Mt. 27:46 ; cf. Ps. 22:7-8, 1219).
Les premiers missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au Christ parmi
ceux qui « examinaient chaque jour les Écritures » (Ac. 17:10-12). Ces Écritures étaient ce
qui est maintenant appelé l’Ancien Testament. Les prédicateurs chrétiens ont réussi à
montrer « par les Écritures que Jésus était le Christ » (Ac. 18:24-28). Paul a déclaré que
les Écritures, « tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par
la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions
l’espérance » du salut (Ro. 15:4).
Pour ce qui est de l’avènement futur du Christ, plus d’une vingtaine de psaumes
« royaux » et « messianiques » annoncent le règne du Seigneur à l’époque finale. Les
psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties messianiques dans les). De
plus, dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, il y a plus de chapitres qui
annoncent son règne final triomphant que de chapitres à propos de sa première venue et
de son sacrifice (par exemple, És. 40, 43, 45, 52, 60, 63, 65 ; Éz. 37-48 ; Da. 12 ; Za. 1214).
PROPHÉTIES POUR LE PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours,
l’ère actuelle de l’Évangile de Jésus-Christ a commencé non seulement par la première
vision de Joseph Smith mais également par les visites d’autres messagers divins, qui ont
cité des prophéties de l’Ancien Testament avec la promesse qu’elles étaient sur le point de
s’accomplir. L’ange Moroni a cité à Joseph Smith certaines des prophéties
eschatologiques de Malachie, Ésaïe, Joël et, selon Wilford Woodruff, Daniel, et a promis
leur accomplissement (JS–H 1:29, 33, 36-41 ; JD 24:241).
Les saints des derniers jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour
apporter la lumière de l’Évangile aux gentils pour que tous soient mutuellement bénis (És.
49:5-22 ; D&A 86:11 ; 110:12 ; 124:9). Dans les derniers jours, le Dieu du ciel établira son
royaume pour qu’il englobe tous les hommes, allant de l’avant jusqu’à ce qu’il remplisse la
terre (Da. 2:31-45 ; D&A 65). Le Seigneur « ramènera Sion » et, de cette manière, publiera
la paix et le salut, en proclamant : « Ton Dieu règne ! » Alors toutes les nations verront le
salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous peuvent faire partie de Sion, « ceux qui ont le cœur pur »
(D&A 97:19-21). « Des libérateurs monteront sur la montagne de Sion », comme le dit
Abdias, « et à l’Éternel appartiendra le règne » (Ab. 1:21 ; D&A 103:7-10).
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City,
1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation" : Joseph Smith’s Translation of the Bible.
Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
ELLIS T. RASMUSSEN
Anges
[Cette rubrique se compose de trois articles : Anges : Anges ; Anges : Archanges ;
Anges : Anges gardiens. Le premier article traite de la nature des anges en ce qui
concerne leur ministère auprès des habitants de la terre, montrant que différentes
catégories accomplissent différents types de service. Le deuxième article examine une
hiérarchie parmi des anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article explore
la notion d’ange gardien et examine ce que les Écritures et les Frères ont dit. Il propose le
Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
Anges : Anges
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
Les saints des derniers jours acceptent la réalité de l’existence des anges comme
messagers du Seigneur. Des anges sont mentionnés dans les Ancien et Nouveau
Testaments, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix et
jouent un rôle important dans l'histoire des débuts de l'Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours. Les anges sont de divers types et accomplissent diverses fonctions
pour assurer l’œuvre du Seigneur sur la terre.
Le scepticisme de l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance dans les
anges. Cependant, Jésus-Christ a fréquemment parlé des anges, littéralement et au
figuré. Quand les disciples de Jésus lui ont demandé : « Explique-nous la parabole de
l’ivraie du champ », il a répondu : « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de
l’homme ; le champ, c’est le monde… les moissonneurs, ce sont les anges » (Mt. 13:3639). Les anges sont des êtres réels qui participent à beaucoup d’incidents racontés dans
les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19 ; 2:25 ; Jn. 20:12, etc.). Ils font partie de toute la
famille des cieux » (voir Ép. 3:15). Tout le monde, y compris les anges, est la postérité de
Dieu.
Les anges, en ce qui concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils n’ont
bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent symboliquement (EPJS, p.
129). À propos des deux anges qui rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de
l’endroit demandent : « Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? » (Ge.
19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange Gabriel comme ayant « l'apparence d'un
homme » (Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, « un ange du Seigneur descendit
du ciel » (Mt. 28:2) sous la forme d’un « jeune homme… vêtu d’une robe blanche » (Marc
16:5). Joseph Smith fait la description tout à fait détaillée d'un ange quand il rapporte la
visite de l'ange Moroni (JS–H 1:30-33, 43).
Les anges qui visitent cette terre sont des personnes qui ont été affectées comme
messagers auprès de cette terre : « Aucun ange ne s'occupe de cette terre en dehors de
ceux qui y appartiennent ou qui y ont appartenu » (D&A 130:5).
Il y a plusieurs types et sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le Seigneur
a utilisés comme anges dans des circonstances variables. Une sorte est un enfant d'esprit
du Père éternel qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à vivre dans la
condition mortelle terrestre. C’est probablement le type d'ange qui est apparu à Adam
(Moï. 5:6-8).
Dans les premiers temps du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés de la
terre (voir Êtres enlevés). Hénoc et son peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69 ; Hé. 11:5), Moïse
(Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été enlevés. Le prophète Joseph Smith a
enseigné que des êtres enlevés « sont prévus pour des missions futures » (EPJS, p. 153)
et par conséquent peuvent être des anges chargés d’un ministère.
Un autre genre d'ange peut être quelqu’un qui a terminé son existence mortelle mais
dont les travaux continuent dans le monde d'esprit tandis qu'il attend la résurrection du
corps. Ceux-là sont qualifiés d’ « esprits des justes parvenus à la perfection » (Hé. 12:2223 ; D&A 76:69 ; EPJS, p. 263). « Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu,
envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? » (Hé.
1:13-14).
Depuis la résurrection de Jésus-Christ, certains anges ont été « des personnages
ressuscités, ayant un corps de chair et d'os » (D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith a dit
que les anges ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière et la gloire que les esprits
(EPJS, p. 263). C’est le cas des êtres qui ont contribué au rétablissement de l'Évangile
dans la dispensation de la plénitude des temps. C’est à propos de ce type d'ange que
Jean écrit : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile
éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute
langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6). Élias, Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et
Jacques sont des exemples d’anges ressuscités qui ont servi le prophète Joseph Smith.
Conformément à la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de l'Évangile, dans la
parole et la puissance, a été rétablie sur la terre par le ministère d’anges. L'ange Moroni,
être ressuscité, a révélé les annales du Livre de Mormon qui contiennent la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11 ; voir Moroni, Visitations de). Plus tard celui qui
était appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, étant maintenant aussi ressuscité,
vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery (D&A 13 ; JS–H 1:68-72 ; voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). De même,
Pierre, Jacques et Jean, messagers incarnés de Dieu, rétablirent la Prêtrise de
Melchisédek (D&A 27:12-13 ; voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek). Moïse, Élias et Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les
« clefs du rassemblement d'Israël », la « dispensation de l'Évangile d'Abraham » (dont le
mariage céleste ou patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour « tourner le cœur
des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères » (D&A 110:11-16).
D'autres « divers anges » sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la prêtrise et de
la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner (2 Né. 10:3 ; Mosiah 3:2-3 ; Ap. 1:1), guider et
inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie des hommes et des femmes.
Cependant, l’œuvre des anges du Rétablissement n'est pas complète et les Écritures
disent qu'il y aura encore d'autres ministères d’anges avant que « l'heure [du jugement de
Dieu soit] venue » (D&A 88:103-104 ; 133:36).
Les anges messagers apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et les
assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand c’est la prêtrise ou les clefs qui
doivent être transmises, l'ange exerçant ce ministère possède un corps de chair et d'os,
soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits peuvent donner des informations, mais ils ne
peuvent pas conférer la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font pas
l’imposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
Parfois le Seigneur lui-même peut aussi être qualifié d’ange, puisque le terme signifie
« messager ». Il est le « messager du salut » (D&A 93:8) et le « messager de l'alliance »
(Mal. 3:1), et est « l’ange qui m’a délivré » dont Jacob parle dans Genèse 48:15-16.
Certains des enfants d'esprit du Père « n’ont pas gardé leur dignité » (Jud. 1:6 ; D&A
29:36-38 ; Ap. 12:3-9) et, comme Peter l’explique : « Dieu n’a pas épargné les anges qui
ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres » (2 Pi. 2:4). Ce sont des
anges au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi de le suivre sont parfois qualifiés
d’anges (2 Co. 11:14-15 ; 2 Né. 2:17 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le ciel).
Une utilisation différente du terme « ange » est appliquée à ceux qui, parce qu'ils n'ont
pas obéi aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne se qualifient pas
pour l'exaltation mais restent séparés et seuls en tant qu'anges chargés d’un ministère,
privés d’exaltation dans leur état sauvé pour toute l'éternité (D&A 132:16-17).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W. Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e éd., p.
112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
Anges : Archanges
Auteur : GILES, JERRY C.
Traditionnellement, les anges ont été considérés comme des gardiens de personnes
ou de lieux et porteurs des nouvelles de Dieu. Le préfixe « arch- » intensifie cette
signification pour dénoter quelqu’un qui règne ou est éminent, principal ou prépondérant.
Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à quatre, six ou sept anges (Éz. 9:2 ;
Ap. 8:2). Denis, un théologien chrétien du VIe siècle, prétend qu’il existe neuf ordres
d’anges appelés chœurs, dont un est appelé « archanges ». Le Paradis Perdu de Milton
fait apparaître les archanges Raphaël et Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de
la Création et de l'histoire du monde. Dante parle aussi d’archanges dans la Divine
Comédie.
Dans la littérature de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, un
archange est un ange en chef, détenant une position d'autorité dans la prêtrise dans la
hiérarchie céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi formellement désigné dans
l'Écriture (D&A 29:26 ; 88:112 ; 107:54 ; 128:21 ; 1 Th. 4:16 ; Jud. 1:9), bien que d'autres
(Gabriel, qui est également Noé ; Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés dans les
ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les enseignements des
prophètes modernes indiquent qu'il existe une organisation de prêtrise parmi les armées
célestes (EPJS, p. 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou des
fonctions spécifiques dans la hiérarchie céleste au-delà des Écritures citées ci-dessus
sont de la conjecture.
JERRY C. GILES
Anthon, Transcription
Auteur : Bachman, Danel W.
La transcription Anthon était une feuille de papier, considérée comme perdue, sur
laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de caractères d’« égyptien réformé »
provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de 1828, Martin Harris
montra ces caractères au professeur Charles Anthon du Columbia College (aujourd'hui
Université de Columbia), d’où le nom.
En février 1828, Martin Harris, un agriculteur de Palmyra, New York, rendit visite au
prophète Joseph Smith, qui résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il venait de
commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon, Traduction par Joseph
Smith). Smith s’était précédemment adressé à Harris pour avoir son soutien financier pour
la traduction ; maintenant, Harris se rendait à Harmony pour prélever des échantillons des
caractères égyptiens réformés des plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans le but d’obtenir l’avis
de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith remit à Harris une copie de certains
des caractères, ainsi que d'une traduction, que Harris présenta ensuite à au moins trois
érudits de l'Est des États-Unis. Le plus important d'entre eux, étant donné la nature de la
demande, était Charles Anthon, classiciste renommé au Columbia College.
Les comptes rendus de la rencontre faits par les deux hommes diffèrent. Harris dit que
le professeur Anthon lui remit un certificat attestant l'authenticité des caractères, mais que
quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu les plaques d'un ange, il reprit le
certificat et le déchira. Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des comptes
rendus écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir s’il avait donné à Harris
une opinion écrite sur le document. Dans les deux comptes rendus, apparemment pour
que l’on n’aille pas penser qu’il s’associait à la publication du livre, il prétendit avoir déclaré
à Harris qu'il (Harris) était victime d'une escroquerie. Les recherches modernes permettent
de dire que, compte tenu de l'état des connaissances de l'égyptien en 1828, les idées
d’Anthon n’auraient guère été plus qu'une opinion. Quoi qu’il en soit, Harris retourna à
Harmony prêt à aider Joseph Smith à faire sa traduction.
L'Église Réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (maintenant
appelée Community of Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription Anthon,
qui contient sept lignes horizontales de caractères apparemment copiés des plaques.
David Whitmer, à qui le document appartint à un moment donné, dit que c'est ce texte que
Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette affirmation reste toutefois incertaine car la
transcription ne correspond pas à l'affirmation d’Anthon, à savoir que le manuscrit qu'il
avait vu était disposé en colonnes verticales. Même si le document n'est pas l'original, il
représente presque certainement des caractères copiés à partir des plaques en la
possession de Joseph Smith ou copiés à partir du document utilisé par Harris. À deux
reprises, fin 1844, après le martyre du prophète, certaines parties de ces symboles furent
publiées comme étant les caractères que Joseph Smith avait copiés à partir des plaques
d'or – une fois sur une affiche et une fois dans le numéro du 21 décembre du journal
mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut un document qui semblait
correspondre à la description faite par Anthon et qui avait l’air d’être la Transcription
Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann reconnut que c’était un faux dont il était
l’auteur (voir Falsifications de Documents historiques).
La visite rendue par Harris à des savants est plus qu’une curiosité intéressante dans
l'histoire du mormonisme. Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony, convaincu
que les caractères étaient authentiques. Par la suite, il consacra de bon cœur de son
temps et de ses ressources pour assurer la publication du Livre de Mormon. De plus, le
prophète, Harris lui-même et les générations suivantes de saints des derniers jours ont vu
dans sa visite la réalisation d’Ésaïe 29:11-12, qui parle « d’un livre cacheté » remis à « un
homme qui sait lire » et qui ne peut pas le lire (PJS 1:9; cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre
de Mormon, Prophéties bibliques sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph
Smith dans la phase initiale de la traduction. La Transcription Anthon est également
importante pour les générations suivantes comme un échantillon authentique des
caractères gravés sur les plaques d'or et donc l'une des rares preuves tangibles de leur
existence. [Voir aussi Livre de Mormon, langue.]
Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot Read a Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82, 104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon Transcript: People, Primary Sources, and Problems." BYU
Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to Charles Anthon: Collected Documents on Short-hand Egyptian."
F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo, Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN
Antimormons – Publications
Auteur : NELSON, WILLIAM O.
L’antimormonisme comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme ou
aux saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète fondateur, ses
successeurs ou les points de doctrine ou les pratiques de l’Église. Bien que parfois bien
intentionnées, les publications antimormones prennent souvent la forme d’injures, de
mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés et de harcèlement juridique, donnant
lieu à des assauts verbaux et physiques. Dès ses débuts, l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours et ses membres ont été les cibles de publications antimormones.
Mis à part le fait qu’elle les a rassemblées à des fins historiques et ce, en réponse aux
directives divines, l’Église a essentiellement ignoré cette littérature, parce que la plupart
des membres y voient de fausses déclarations irresponsables.
Peu d’autres groupes religieux aux États-Unis ont été l’objet de critiques et d’une
hostilité aussi constantes et aussi rabiques. Depuis l’organisation de l’Église en 1830
jusqu’en 1989, au moins 1.931 livres, romans, brochures, tracts et feuillets volants
antimormons ont été publiés en anglais. De nombreux autres bulletins, articles et lettres
ont été distribués. Depuis 1960, ces publications ont augmenté considérablement.
Une raison importante d’hostilité à l’égard de l’Église a été sa croyance en la révélation
extrabiblique. Les fondements théologiques de l’Église reposent sur l’affirmation du
prophète Joseph Smith que Dieu le Père, Jésus-Christ et des anges lui sont apparus et lui
ont commandé de rétablir une dispensation de l’Évangile.
Le scepticisme auquel le témoignage de Joseph Smith s’est heurté au début était
compréhensible parce que d’autres avaient émis des prétentions semblables à la
réception de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait fait paraître le Livre de
Mormon, ce qui constituait une preuve tangible de ses prétentions à la révélation, et ceci
demandait à être vérifié. Son témoignage que le livre provenait d’un document antique
gravé sur des plaques en métal qu’il avait traduit par le don et le pouvoir de Dieu était
considéré comme absurde par les incroyants. Les écrits antimormons hostiles et les
autres abus ont découlé en grande partie de la nécessité de trouver une autre explication
à l’origine du Livre de Mormon. Les premiers détracteurs se sont tout d’abord ingéniés à
discréditer la famille Smith, en particulier Joseph Smith, fils, et ont essayé de prouver que
le Livre de Mormon était entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs ultérieurs se sont
davantage concentrés sur des points de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement
de l’Église.
PREMIÈRES CRITIQUES (1829-1846). L’affirmation de Joseph Smith que des
messagers célestes lui avaient rendu visite fut accueillie avec dérision, en particulier par
certains ecclésiastiques locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué, il devint
l’objet de railleries. À partir de l’époque de la Première Vision (1820) jusqu’à la première
visite de l’ange Moroni (1823), Joseph « subit toutes sortes d’opposition et de
persécutions de la part des différents ordres de religieux » (Lucy Mack Smith, History of
Joseph Smith, p. 74).
La première tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le Livre de Mormon fut
celle d’Abner Cole, rédacteur du Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant sous le
pseudonyme d’Obadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des extraits de deux
chapitres piratés de l’édition de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de renoncer
parce qu’il violait la loi du copyright. Cole recourut à la satire. Il essaya de diffamer Joseph
Smith en l’associant à la recherche de trésors et il prétendit que Joseph était influencé par
un magicien appelé Walters.
Alexander Campbell, fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première brochure
antimormone publiée. Le texte parut d’abord sous forme d’articles dans son propre journal,
le Millennial Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée Delusions [tromperies]
(1832). Campbell conclut : « Je ne doute pas un seul instant que [Joseph Smith] soit
l’unique auteur et propriétaire [du Livre de Mormon]. » Deux ans plus tard, il revint sur
cette conclusion et accepta une nouvelle théorie de l’origine du Livre de Mormon, à savoir
que Joseph Smith avait d’une certaine façon collaboré avec Sidney Rigdon pour produire
le Livre de Mormon à partir du manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).
L’ouvrage antimormon le plus notable de cette période, Mormonism Unvailed (sic), fut
publié par Eber D. Howe en 1834. Howe collabora avec l’apostat Philastus Hurlbut,
excommunié de l’Église à deux reprises pour immoralité. Hurlbut fut engagé par un comité
d’antimormons pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté de Smith. Il
« rassembla » des déclarations sous serment de soixante-douze contemporains qui
professaient connaître Joseph Smith et étaient disposés à parler contre lui. Mormonism
Unvailed essaya de discréditer Joseph Smith et sa famille en assemblant ces déclarations
sous serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également apostat qui avait quitté
l’Église. Ces documents prétendent que les Smith étaient des chercheurs de trésors et
des irresponsables. Howe avança la théorie que Sidney Rigdon s’était procuré un
manuscrit écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans le Livre de Mormon et convainquit
ensuite Joseph Smith de dire au public qu’il avait traduit le livre à partir de plaques reçues
d’un ange. Cette théorie servit d’alternative au récit de Joseph Smith jusqu’à ce que le
manuscrit de Spaulding soit découvert en 1884 et se révèle n’avoir rien à voir avec le Livre
de Mormon.
Le recueil Hurlbut-Howe et Delusions de Campbell furent les sources principales de
presque tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et quelques-uns du XXe siècle,
notamment les ouvrages d’Henry Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas
Gregg, William Linn et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de manière
routinière dans le même groupe de légendes antimormones (voir H. Nibley, « How to Write
an Anti-Mormon Book » Brigham Young University Extension Publications, 17 fév. 1962, p.
30).
La manifestation la plus infâme de l’antimormonisme se produisit lors du conflit du
Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état, lança un ordre
d’extermination. « Les mormons, écrivit-il, doivent être traités comme des ennemis et être
exterminés ou chassés de l’état, si c’est nécessaire, pour le bien public » (HC 3:175). Cet
ordre fut à l’origine de l’expulsion des mormons hors du Missouri et de leur réinstallation
en Illinois.
Tandis qu’il était incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph Smith écrivit aux
saints et leur dit de ne pas répondre par une polémique mais de « réunir les publications
diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles qui se trouvent dans les magazines et
dans les encyclopédies et toutes les histoires diffamatoires qui sont publiées, qui sont
écrites, et par qui » de manière à mettre en lumière tous les rapports trompeurs et faux au
sujet de l’Église (D&A 123:4-5, 12-13). Ce procédé a été appliqué par les saints des
derniers jours au cours des années.
Après l’installation des saints à Nauvoo (Illinois), leur principal antagoniste fut Thomas
C. Sharp, rédacteur du Warsaw Signal. Alarmé par le pouvoir civil de l’Église, il utilisa son
journal pour s’y opposer. En 1841, il publia Mormonism Portrayed, de William Harris.
Six livres antimormons notables furent édités en 1842. Le premier fut History of the
Saints ; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism, par John C. Bennett, qui avait été
conseiller de Joseph Smith dans la Première Présidence et avait aussi été le premier
maire de Nauvoo. Après son excommunication de l’Église pour immoralité, il se tourna
contre les mormons et publia une série de lettres dans un journal de Springfield (Missouri).
Il accusa Joseph Smith d’être « l’un des imposteurs les plus vils et les plus infâmes qui
soient jamais apparus sur la face de la terre ». L’histoire de Bennett empruntait fortement
à Mormonism Portrayed.
Cette même année, Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui
reprenait une grande partie de Delusions d’Alexander Campbell. Le Révérend John A.
Clark publia Gleanings by the Way et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces
deux livres se basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut.
Mormonism and the mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie Spaulding des
origines du Livre de Mormon en y incluant Oliver Cowdery en plus de Joseph Smith et de
Sidney Rigdon.
Appelé l’ « Antimormon Extraordinaire », le Révérend Henry Caswall publia The City of
the mormons, or Three Days at Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith une copie
d’un manuscrit grec des psaumes et que Smith l’identifia comme étant un dictionnaire
d’hiéroglyphes égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et Smith pour dépeindre
Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En 1843, Caswall publia « The Prophet
of the Nineteenth Century » à Londres, empruntant la majeure partie de sa matière à Clark
et à Turner.
En 1844 Joseph Smith dut affronter de graves dissensions au sein de l’Église.
Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en désaccord avec lui concernant la
révélation du mariage plural et d’autres points de doctrine. Parmi les principaux dissidents
il y avait William et Wilson Law, Austin Cowles, Charles Foster, Francis et Chauncey
Higbee, Charles Ivins et Robert Foster. Ils s’allièrent avec les éléments antimormons
locaux et éditèrent un numéro d’un journal, le Nauvoo Expositor. Ils y accusaient Joseph
Smith d’être un prophète déchu, coupable de fornication et malhonnête en matière
financière.
Le conseil municipal de Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal
« nuisance » illégale et commandèrent au marshal de la ville de détruire la presse. Cette
destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le 12 juin 1844, le
Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea l’extermination des saints des
derniers jours : « La guerre et l’extermination sont inévitables ! Citoyens, levez-vous
tous ! ! ! Pouvez-vous rester là et laisser ces démons infernaux ! dépouiller des hommes
de leurs biens et de leurs droits sans les venger… Que [votre commentaire] se fasse avec
la poudre et les balles ! ! ! » Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son frère Hyrum
étaient assassinés à la prison de Carthage tandis qu’ils attendaient d’être jugés sur
accusation de trahison.
Sharp justifia la tuerie sous prétexte que « les citoyens les plus respectables » l’avaient
réclamée. Lui et quatre autres furent par la suite jugés pour les meurtres, mais furent
acquittés faute de preuves.
Beaucoup pensaient que l’Église périrait avec ses fondateurs. Quand les membres
s’unirent sous la direction des douze apôtres, les attaques antimormones reprirent de plus
belle. Sharp réclama de nouveau l’expulsion des mormons de l’Illinois. En septembre
1845, plus de 200 maisons de membres de l’Église avaient été brûlées dans les régions
environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent le Mississippi et
commencèrent l’exode vers l’Ouest.
Il est possible que le mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats,
ait été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder, Ezra Booth et John C. Bennett
voulaient se venger parce que l’Église les avait disciplinés. Alexander Campbell était
furieux parce qu’il avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites quand ils s’étaient
joints aux saints des derniers jours. Mark Aldrich avait investi dans un développement
immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne l’avaient pas soutenu et
Thomas Sharp avait perdu beaucoup de ses perspectives dans les affaires.
CARICATURE DES mormons ET CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896).
L’installation dans l’Ouest permit un isolement bienvenu pour l’Église, mais la révélation
publique de la pratique de la polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de
moqueries et un affrontement avec le gouvernement fédéral.
Les années de 1850 à 1890 furent turbulentes pour l’Église parce que les réformateurs,
les ecclésiastiques et la presse attaquèrent ouvertement la pratique de la polygamie. Les
opposants fondèrent des sociétés antipolygames et le Congrès publia une législation
antipolygame. Les mormons furent caricaturés comme étant des gens qui défiaient la loi et
étaient immoraux. Le but clair de la croisade juridique et politique contre les mormons était
de détruire l’Église. Seul le manifeste de 1890, une déclaration de Wilford Woodruff,
président de l’Église, qui abolissait officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement,
permettant la restitution à l’Église de ses biens confisqués. Les écrits, conférences et
dessins satiriques antimormons volumineux de l’époque caricaturèrent l’Église comme une
théocratie qui défiait les lois de la société conventionnelle ; beaucoup décrivaient ses
membres comme bercés d’illusions et fanatiques ; et ils prétendaient que la polygamie, les
rituels secrets et l’expiation par le sang constituaient les fondements théologiques de
l’Église. Les motifs principaux étaient de discréditer les croyances des saints, de réformer
moralement ce qui était perçu comme un mal ou d’exploiter la polémique à des fins
financières et politiques. La tactique diffamatoire utilisée consistait en attaques verbales
contre les dirigeants de l’Église, en caricatures dans les périodiques, les magazines et les
conférences, en inventions dans les romans et en mensonges purs et simples.
L’ouvrage antimormon le plus influent au cours de cette période fut probablement
Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy Tucker (1867). Imprimeur employé
par E.B. Grandin, éditeur du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition du Livre
de Mormon, Tucker affirma avoir été en relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint
l’accusation de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et prétendit qu’ils
volaient leurs voisins. Il reconnaissait cependant que ses insinuations n’étaient pas
« confirmées par une enquête judiciaire ».
The Golden Bible or the Book of Mormon : Is It from God ? (1887) du Révérend M. T.
Lamb se moquait du Livre de Mormon qu’il qualifiait de « verbeux, maladroit, stupide…
improbable… impossible… [et] une conjecture idiote. » Pour lui le livre était inutile et de
loin inférieur à la Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de Mormon qu’ils étaient
mal informés.
Sur les cinquante-six romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle, quatre
devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre romans étaient des romans à sensation
érotiques se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans l’Église. Boadicea, the
Mormon Wife, d’Alfreda Eva Bell (1855), faisait des membres de l’Église « des meurtriers,
des faussaires, des escrocs, des joueurs, des voleurs et des adultères ! » Dans
Mormonism Unveiled, d’Orvilla S. Belisle (1855), l’héroïne était prise au piège dans un
harem mormon sans espoir d’en sortir. Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor
(1856) fait des mormons des gens affreux et aveuglés. Maria Ward (un pseudonyme)
dépeint les tortures infligées par les mormons aux femmes dans Female Life Among the
mormons (1855). Les auteurs écrivaient des passages choquants dans le but de vendre
les publications. Des membres excommuniés essayèrent de profiter de leur ancienne
appartenance à l’Église pour vendre leurs histoires. Tell It All, de Fanny Stenhouse (1874),
Wife No. 19 d’Ann Eliza Young (1876) étaient des histoires à sensation sur le thème de la
polygamie. William Hickman vendit son histoire à John H. Beadle, qui exagéra le mythe
danite dans Brigham’s Destroying Angel (1872) pour présenter les mormons comme des
gens violents.
Les dirigeants de l’Église ne répondirent à ces attaques et à cette publicité défavorable
que par des sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine fondamentale de
l’Église qu’étaient la révélation et l’autorité venant de Dieu. Pendant la période des
poursuites fédérales, la Première Présidence condamna les actes contre l’Église de la part
du Congrès des États-Unis et de la Cour Suprême comme violations de la Constitution
des États-Unis.
LA RECHERCHE D’UNE EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que
l’Église eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, l’image publique du mormonisme
s’améliora et devint modérément favorable. Cependant, en 1898, l’Utah élut au Congrès
des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des mariages pluraux avant le Manifeste.
Son élection ranima les accusations de polygamie et de nouvelles dénonciations par les
reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa de le valider. Pendant le débat
au Congrès, l’Order of Presbytery d’Utah publia une brochure, Ten Reasons Why
Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour lesquelles les
chrétiens ne peuvent pas recevoir l’Église mormone dans leur communion], s’opposant
principalement à la doctrine de la révélation moderne.
L’élection de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier 1903) causa une
polémique de plus. Bien que n’ayant pas été polygame, Smoot était membre du Collège
des douze apôtres. Dix mois après qu’il eut été assermenté en tant que sénateur, son cas
fut passé en revue par le Senate Committee on Privileges and Elections. Les auditions
pour l’affaire Smoot durèrent de janvier 1904 à février 1907. Finalement, en 1907, le sénat
vota de lui permettre de prendre son siège. La Première Présidence publia alors An
Address to the World (une déclaration au monde), expliquant la doctrine de l’Église et
répondant aux accusations. La Salt Lake Ministerial Association (l’association des
pasteurs de Salt Lake City) réfuta, le 4 juin 1907, cette déclaration dans le Salt Lake
Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et
Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques. McClure accusa les mormons
de toujours pratiquer la polygamie. Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère
essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir. Les rédacteurs
qualifièrent l’Église d’ « institution méprisable » dont « l’emprise gluante » avait servi le
pouvoir politique et économique dans une douzaine d’États de l’Ouest. Les historiens de
l’Église appellent ces articles « la croisade des magazines ».
L’arrivée du cinéma donna lieu à une répétition du stéréotype antimormon. De 1905 à
1936, on sortit au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A Mormon
Maid (1917) et Trapped by the mormons (1922). Les films montraient des dirigeants
polygames cherchant des converties pour satisfaire leurs convoitises et les mormons
assassinant des voyageurs innocents dans des rites secrets. Certains des écrits
antimormons les plus virulents de l’époque venaient de Grande-Bretagne. Winifred
Graham (Mme Theodore Cory), romancière antimormone professionnelle, accusa les
missionnaires mormons de profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du
prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient partis faire la guerre. Le film
Trapped by the mormons était basé sur l’un de ses romans.
Quand la théorie Spaulding sur l’origine du Livre de Mormon fut discréditée, les
partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie pour expliquer les visions et les
révélations de Joseph Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des
explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à des associations
psychologiques ingénieuses mais ténues. I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder
of Mormonism (New York, 1903) que « Joseph Smith, fils, était épileptique ». Il fut le
premier à suggérer que View of the Hebrews, d’Ethan Smith (1823) et The Wonders of
Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient les sources du Livre de
Mormon.
Lorsque l’Église commémora son centenaire en 1930, l’historien américain Bernard De
Voto affirma dans l’American Mercury : « Il est incontestable que Joseph Smith était
paranoïaque. » Il reconnut plus tard que l’article du Mercury était « une attaque
malhonnête » (IE 49, mars 1946, p. 154).
Harry M. Beardsley, dans Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la
théorie que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le Livre de Mormon étaient des
sous-produits de son subconscient. Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des
racines mormones en Idaho, publia Children of God : An American Epic (1939). L’ouvrage
a une certaine sympathie pour l’héritage mormon, tout en proposant une origine
naturaliste à la pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en termes d’
« impulsions névrotiques ».
En 1945, Fawn Brodie publia No Man Knows My History, une histoire
psychobiographique de Joseph Smith. Elle le décrivit comme un « faiseur de mythes
prodigieux » qui avait puisé ses idées théologiques dans son environnement de New York.
Le livre rejetait la théorie de Rigdon-Spaulding, en revenait à la thèse d’Alexander
Campbell que seul Joseph Smith était l’auteur du livre et postulait que View of the
Hebrews (suivant Riley, 1903) avait fourni la matière de base comme source du Livre de
Mormon. Les interprétations de Brodie ont été suivies par plusieurs autres auteurs.
Les savants de l’Église ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de Brodie. Tout
d’abord, elle ignore des documents manuscrits précieux qui lui étaient accessibles dans
les archives de l’Église. En second lieu, ses sources étaient principalement des
documents antimormons tendancieux rassemblés surtout à la bibliothèque publique de
New York, à la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque historique de Chicago.
Troisièmement, elle commençait par une conclusion prédéterminée qui façonna son
ouvrage : « J’étais convaincue, écrit-elle, avant même de commencer à écrire que Joseph
Smith n’était pas un vrai prophète » et se sentit obligée de fournir une autre explication à
ses œuvres (cité dans Newell G. Bringhurst, « Applause, Attack, and Ambivalence-Varied
Responses to Fawn M. Brodie's No Man Knows My History » Utah Historical Quarterly 57,
hiver 1989, p. 47-48). Quatrièmement, en utilisant une approche psychobiographique, elle
imputait des pensées et des motifs à Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre
en écrivant que c’était « presque plus un roman qu’une biographie parce qu’elle hésite
rarement à dire ce qui se passe dans l’esprit d’une personne ou à expliquer des motifs que
l’on ne peut tout au plus que conjecturer » (p. 57).
REGAIN DES VIEILLES THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs
antimormons ont surtout été prolifiques pendant l’après-Brodie. En dépit d’une presse
généralement favorable envers l’Église pendant beaucoup de ces années, de tous les
livres, romans, brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990, plus de la
moitié l’ont été entre 1960 et 1990 et le tiers d’entre eux entre 1970 et 1990.
Des réseaux d’organisations antimormones fonctionnent aux États-Unis. L’annuaire
1987 des organismes de recherche sur les cultes contient plus de cent listes
antimormones. Ces réseaux distribuent de la littérature antimormone, font des
conférences qui attaquent publiquement l’Église et font du prosélytisme auprès des
mormons. La Pacific Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent
publications antimormones.
Un large éventail d’auteurs antimormons a produit la littérature d’invectives de cette
période. Les évangeliques et certains mormons apostats affirment que les saints des
derniers jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement est le fait que la
croyance mormone en la Divinité chrétienne est différente de la doctrine chrétienne
traditionnelle de la Trinité. Ils prétendent que les saints des derniers jours adorent « un
autre Jésus » et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une autre tactique courante
est d’essayer de montrer qu’il y a des contradictions entre les déclarations des dirigeants
de l’Église du passé et celles des dirigeants actuels sur des points tels qu’Adam-Dieu,
l’expiation par le sang et le mariage plural.
Un exemple actuel de moquerie et de déformation des croyances des saints des
derniers jours vient d’Edward Decker, mormon excommunié et cofondateur d’Ex-mormons
for Jesus, maintenant connus sous le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en
Jésus). Prétendant aimer les saints, Decker s’est attaqué à leurs croyances. Les saints
des derniers jours considèrent son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers,
comme une distorsion grossière de leurs croyances, particulièrement des ordonnances du
temple. Un directeur régional de la ligue anti-diffamation de B’nai B’rith et le conseil
régional de l’Arizona de la conférence nationale des chrétiens et des juifs sont parmi ceux
qui ont condamné le film.
Bien que les critiques, les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants
pour les membres de l’Église, la Première Présidence leur a conseillé de ne pas réagir et
de ne pas engager de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités à donner
leurs réponses « sous forme d’explications positives des points de doctrine et des
pratiques de l’Église » (Church News, 18 déc. 1983, p. 2).
Jerald et Sandra Tanner sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont
commencé à écrire début 1959 et proposent maintenant plus de 200 publications. Leur
approche principale est de démontrer des contradictions, dont beaucoup sont considérées
par les saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes, entre les
enseignements actuels et passés de l’Église. Ils agissent et éditent sous le nom de Utah
Lighthouse Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism – Shadow or Reality ?
(1964, révisé 1972, 1987), contient l’essentiel de leurs affirmations contre l’Église.
Pendant les années 1950, 1960 et le début des années 1970, l’Église a eu une image
publique généralement favorable et cela s’est reflété dans les médias d’information. Cette
image est devenue plus négative dans les années 1970 qui ont suivi et le début des
années 1980. L’opposition de l’Église à l’amendement sur l’égalité des droits et
l’excommunication de Sonia Johnson pour apostasie, la position de l’Église en ce qui
concerne la prêtrise et les noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première
Présidence s’opposant au missile MX, l’épisode de John Singer avec l’attentat à la bombe
contre un bâtiment de l’Église, les tensions entre certains historiens et les dirigeants de
l’Église, la lettre à la « Salamandre » (un faux) et les autres faux et meurtres de Mark
Hofmann ont apporté de l’eau au moulin de la presse et de la télévision pour leurs
commentaires négatifs. L’influence politique de l’Église et ses avoirs financiers ont
également fait l’objet d’articles ayant une forte orientation négative.
Un livre antimormon largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et
Gregory White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies rappelant l’antisémitisme
d’autrefois. Les auteurs utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme
tremplin et suivent les thèmes et les méthodes antimormons traditionnels que l’on trouve
dans les ouvrages plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse, de
pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.
Les dirigeants de l’Église ont constamment fait appel à l’impartialité des lecteurs et les
ont invités à examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres Écritures et
documents modernes plutôt que de porter un jugement tout fait sur l’Église sur la base de
publications antimormones. En 1972, l’Église a créé le Département de la Communication,
avec siège à Salt Lake City, pour diffuser des informations publiques sur l’Église.
Bibliographie
Il n’existe pas d’histoire définitive des activités antimormones. Voici un échantillon de
sources de l’Église sur l’antimormonisme :
Allen, James B., et Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York : An
Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969) :241-74. Analyse les approches
promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd. "Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU
Studies 10 (1970) :283-314. Analyse les attestations Hurlbut-Howe publiées dans
Mormonism Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake
City, 1983. Fait l’historique de la caricature antimormone.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill.,
1984. Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo.,
1942, et Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et les explications
antimormones de l’origine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs
antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. "Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août, oct., nov. 1961).
Série d’articles examinant comment cinquante ouvrages antimormons traitent l’histoire de
Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs
antimormons de l’époque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine
les arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film
The Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
Anges : Anges gardiens
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
Une des fonctions des anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur
chuchote à David : « Aucun malheur ne t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront sur les
mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre » (Ps. 91:10-12). L'ange de la
présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9). Daniel répond au roi : « Mon Dieu a envoyé
son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal … » (Da. 6:22).
Cette fonction bien connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la théorie chez
certains que toutes les personnes, ou du moins les justes, se voient affecter un ange
comme gardien durant toute leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette
tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints des derniers jours et d'autres (EPJS,
p. 298).
Les saints des derniers jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un
soin et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par la lumière du Christ (D&A
84:44-48 ; Mro. 7:12-19). Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être avertis, gardés
ou protégés par l'esprit de révélation (D&A 8:2-4). La meilleure façon de considérer le
terme « ange gardien » est d’y voir une façon de parler désignant la sollicitude protectrice
et la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux, un ange expédié sur la terre en
accomplissement des desseins de Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
Apostasie
Auteur : COMPTON, TODD
Les saints des derniers jours croient que l’apostasie se produit toutes les fois qu’une
personne ou une communauté rejette les révélations et les ordonnances de Dieu, change
l’Évangile de Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de Dieu, perdant de
ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et de l’autorité divine. L’apparition de communautés
basées sur la révélation, d’apostasies et de rétablissements s’est produite de manière
cyclique pendant toute l’histoire de l’humanité dans une série de dispensations depuis
Adam et Hénoc (Moïse 7) jusqu’au temps présent. Les saints des derniers jours
considèrent qu’une « grande apostasie » historique accompagnée de la perte de l’autorité
a commencé à l’époque du Nouveau Testament et s’est répandue au cours des siècles qui
ont suivi cette époque. Bien que les saints des derniers jours n’aient pas insisté autant sur
la grande apostasie que sur la notion que l’Église est un rétablissement basé sur la
révélation, la nécessité d’un rétablissement implique que quelque chose d’important a été
perdu après le départ de l’Église chrétienne primitive.
Le mot « apostasie » dérive du grec apostasía ou apóstasis (« défection, révolte » ;
utilisé dans un sens politique par Hérodote et Thucydide) ; il est mentionné dans un
contexte religieux dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et 2
Ch. 29:19 ; 2 Th. 2:3 dit qu’une apostasía doit venir avant la seconde venue du Christ). Il
peut signifier l’intransitif « se tenir loin de » ou l’actif « faire se tenir loin de ». Une
apostasie peut donc être une rébellion active et collective.
Le Christ a dit à Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les Églises
existantes s’étaient égarées dans leurs enseignements et dans leurs pratiques, bien
qu’ayant « une forme de piété » (JS–H 1:18-19). Il était donc nécessaire qu’un
« rétablissement » de l’Évangile ait lieu.
En outre, dans le Livre de Mormon (1 Né. 11-14 ; 2 Né. 28 ; cf. Mrm. 8), le prophète
Néphi 1 a une vision de l’Église chrétienne primitive et de ses douze apôtres que les
« multitudes de la terre » et la maison d’Israël combattent (1 Né. 11:34-35). Il prédit une
« grande et abominable Église » qui va persécuter les vrais chrétiens et les pauvres et
dont les membres seront motivés par des choses telles que l’orgueil, le port de vêtements
précieux et la pratique de l’immoralité sexuelle (voir Grande et abominable Église). Elle va
changer insidieusement la simplicité de l’Évangile, éliminer les alliances, exciser des
Écritures importantes et nier l’existence des miracles. Cette apostasie peut être rattachée,
dans l’allégorie de Zénos, à la dispersion d’Israël quand tous arbres de la vigne du
Seigneur deviennent corrompus (Jcb. 5:39-48) et elle va de pair avec l’apostasie
désastreuse des Néphites dans le Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19 ; 4 Né. 1:24-46).
Cependant, d’après Néphi, cette « grande Église » n’est pas une Église spécifique ;
dans sa vision apocalyptique, il n’y a que deux Églises, et « quiconque n'appartient pas à
l'Église de l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église » (1 Né. 14:10). L’expression
est typologique, symbolique de beaucoup de mouvements historiques et sociaux (2 Né.
27:1) ; même ceux qui sont membres de nom de l’Église du Christ, s’ils sont poussés par
l’orgueil, la richesse, le prestige et consorts, peuvent se retrouver membres de cette
« grande Église » (cf. 1 Né. 8:27-28).
Pendant toute leur histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis des théories
sur les événements historiques liés à la « grande apostasie, » un thème traité dans
plusieurs écrits restaurationnistes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir
Restaurationnisme protestant). En 1833, à propos de Marc 16:17-18 et 1 Corinthiens 12,
Joseph Smith a dit : « Les témoignages précités nous permettent de regarder le monde
chrétien et de voir l’apostasie qui s’est produite par rapport à l’enseignement apostolique »
(EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur l’apostasie dans le premier numéro du Messenger
and Advocate (1834). En 1840, Orson Pratt a parlé d’une « apostasie générale et terrible
par rapport à la religion du Nouveau Testament » (Listen to the Voice of Truth, 1.1). Il
souligne en particulier le manque d’ordonnances à cause de l’absence d’autorité dans la
prêtrise ; le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de Pratt, toutes les
Églises antérieures au Rétablissement étaient erronées par certains côtés, doctrinalement
et rituellement, même si elles étaient justes dans d’autres. Benjamin Winchester, auteur
mormon de brochures, a écrit un long traité à l’aide des sources du Nouveau Testament
pour démontrer qu’une apostasie avait été prophétisée (A History of Priesthood,
Philadelphie, 1843, p. 72-96). Dans les années 1850 et 1860, les saints ont beaucoup
parlé de « la grande apostasie » (O. Pratt, JD 12:247 ; W. Woodruff, JD 8:262) dans leurs
sermons.
Cette idée – la rupture avec la religion établie parce qu’elle semble en désaccord avec
le christianisme du Nouveau Testament – a des accents protestants évidents, mais la
conception mormone diffère de l’attitude protestante typique dans son insistance sur la
perte et le rétablissement d’une autorité exclusive et bien claire de la prêtrise,
d’ordonnances correctes et de la révélation continue. Par contre, les protestants
s’appuient typiquement avant tout sur la réinterprétation biblique.
En 1909, James E. Talmage a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les
passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont cités pour montrer
qu’une grande apostasie a été annoncée par Jésus-Christ, Paul et d’autres apôtres et
prophètes (en particulier Mt. 24:4-13, 23-26 ; Ac. 20:29-30 ; Ga. 1 ; 2 Th. 2:7-8 ; 1 Ti. 4:13 ; 2 Ti. 3:1-6 ; 4:1-4 ; Jud. 1:3-4 ; Ap. 13:4-9 ; 14:6-7 et, dans l’Ancien Testament, Am.
8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers chrétiens qui a accéléré
l’apostasie et montre que l’Église primitive a changé intérieurement à plusieurs égards. Il
affirme que les principes simples de l’Évangile ont été mêlés aux systèmes philosophiques
païens de l’époque (Trinitarianisme, ayant pour résultat le credo de Nicée ; fausse
opposition du corps et de l’esprit, donnant lieu à un ascétisme excessif), que les rituels ont
été changés et amplifiés de manière non autorisée (remplacement des rites chrétiens
primitifs simples par des cérémonies complexes influencées par le paganisme, perte du
baptême par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf. Mro. 8],
changement de la communion) et que l’organisation de l’Église a été changée (les apôtres
et les prophètes, fondements nécessaires de l’Église du Christ, ayant été martyrisés,
laissaient un vide qui ne pouvait pas être comblé par des évêques ; l’Église médiévale
montrait donc peu de ressemblances avec l’organisation ou les pratiques de l’Église du
Nouveau Testament).
Les enseignements des saints sur l’apostasie du début de l’ère chrétienne ont reçu un
appui supplémentaire au XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que l’Église
primitive a commencé comme une organisation judaïque centralisée, a affronté le défi
posé par un christianisme hellénisé oriental gnostique ascétique et est devenu comme son
ennemi afin de le concurrencer. L’idée même d’un christianisme centralisé a cédé la place
à une image d’un christianisme primitif diversifié et fragmenté où il est difficile de
déterminer ce qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, ce qui est gnostique et ce qui est
« courant principal ». Par exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la
doctrine influente d’Augustin concernant le péché originel, avec le rituel qui l’accompagne,
le baptême des bébés, était un résultat de son passé gnostique et était, en réalité,
hérétique, alors que l’opposition de Pélage à ces idées était orthodoxe. Mais ce furent les
doctrines d’Augustin qui l’emportèrent et qui continuent à influencer la théologie et la
culture occidentales. Un autre point de doctrine chrétien primitif qui n’a pas survécu dans
le christianisme occidental est la déification, bien qu’il soit demeuré au centre du
christianisme orthodoxe.
Un milieu religieux et culturel complexe a alimenté et a transformé le christianisme
primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs lors de l’analyse de cette
transformation du christianisme. Par exemple, certains ont imputé la responsabilité de
l’apparition de la grande apostasie exclusivement à la philosophie grecque et à l’influence
de la philosophie sur le gnosticisme. Mais l’ascétisme (c.-à-d., la haine du corps, de la
sexualité, du monde physique) a joué un rôle important dans l’apostasie de l’Église
primitive et l’ascétisme extrême est typiquement oriental. On a d’ailleurs constaté que
beaucoup de choses dans la philosophie grecque sont conformes à l’Évangile ; Orson F.
Whitney qualifiait Platon et Socrate de « serviteurs du Seigneur », bien que dans un
« sens moindre » que les prophètes (CR d’avril 1921, p. 33).
L’idée d’une apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut dresser une
barrière entre les saints des derniers jours et les autres personnes intéressées par les
rapports interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne considèrent pas ces
événements comme une condamnation ; beaucoup de choses ayant une valeur spirituelle
se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises chrétiennes. Brigham
Young a souligné que des hommes de bien avant le Rétablissement avaient « l’esprit de
révélation » et a dit que John Wesley était l’un des meilleurs hommes « qui aient jamais
vécu sur cette terre » (JD 7:5 ; 6:170 ; 11:126). Le président Young a affirmé que toutes
les Églises et religions avaient « plus ou moins de vérité » (JD 7:283) et il a exhorté les
saints à rechercher et à accepter les vérités partout où ils pourraient les trouver. Dans les
discours de conférence, les Autorités générales, notamment Spencer W. Kimball et
Thomas S. Monson, ont cité ou fait l’éloge de sommités telles que Billy Graham et mère
Teresa.
Bibliographie
Bauer, Walter. Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity. Philadelphie, 1971.
Benson, Ezra T. "Apostasy from the Truth." IE 52, nov. 1949, p. 713, 756-760.
Brown, Peter. Augustine of Hippo, p. 395-400. Berkeley, Calif., 1967.
Brown, S. Kent. "Whither the Early Church ?" Ensign 18, oct. 1988, p. 7-10.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, p. 207. Urbana,
Ill., 1984.
Dodds, Eric R. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. Cambridge, 1965.
Nibley, Hugh. The World and the Prophets. Dans CWHN 3.
Nibley, Hugh. Mormonism and Early Christianity, dans CWHN 4, traite de la disparition
des baptêmes chrétiens pour les morts (1948, p. 100-167), la révision des textes chrétiens
primitifs à la lumière de la disparition de l’Église naissante (1955, p. 168-322), les
enseignements oubliés de Jésus pendant les quarante jours de ministère qui ont suivi sa
résurrection (1966, p. 10-44) et la perte du cercle de prière du christianisme primitif (1978,
p. 45-99) ; bibliographie (p. xii, n. 8).
Peterson, Daniel C., et Stephen D. Ricks. "Comparing LDS Beliefs with First Century
Christianity." Ensign 18, mars 1988, p. 7-11.
Phipps, William. "The Heresiarch : Pelagius or Augustine ?" Anglican Theological
Review 62, 1980, p. 130-131.
Roberts, B. H. The "Falling Away." Salt Lake City, 1931.
Roberts, B. H. Outlines of Ecclesiastical History. Salt Lake City, 1893.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14." Dans First Nephi, The
Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 177-191. Provo, Utah, 1988.
Rudolph, Kurt. Gnosis : The Nature and History of Gnosticism. San Francisco, 1983.
Sperry, Sidney B. "New Light on the Great Apostasy." IE 53, sept. 1950, p. 710-711,
744-751.
Talmage, James. The Great Apostasy. Salt Lake City, 1909.
Vogel, Dan. Religious Seekers and the Advent of Mormonism, p. 49-66. Salt Lake City,
1988, contient une excellente bibliographie ; critique par Grant Underwood, BYU Studies
30 Hiver 1990, p. 120-126.
TODD COMPTON
Apostat
Auteur : SCHARFFS, GILBERT W.
Les membres de l’Église diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance
(voir Activité dans l’Église). Les saints des derniers jours qui ont gravement enfreint ou
ignoré les enseignements cardinaux de l’Église (publiquement ou en privé) sont
considérés comme apostats, qu’ils aient quitté officiellement l’Église ou non ou soient
entrés dans une autre religion. Quelqu’un qui n’assiste pas aux réunions de l’Église n’est
pas considéré comme apostat. Cependant, quand une personne demande à ce que son
nom soit rayé des registres, la règle veut que cette demande soit honorée. Une
commission disciplinaire de l’Église peut être convoquée pour tout membre qui viole des
commandements importants et « ne se repent pas » (Mosiah 26:32 ; D&A 42:28). Le
reniement ouvert de l’Église, de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison
d’excommunication.
Les étapes menant à l’apostasie sont habituellement progressives. Il est recommandé
à tous les membres de se garder de toutes les manifestations d’apostasie personnelle (DS
3:293-312 ; Asay, p. 67-68). Les causes les plus fréquentes d’apostasie sont le non
respect de principes stricts de moralité, le fait de se sentir offensé (à tort ou à raison), le
mariage avec une personne d’une autre religion ou irréligieuse, le fait de négliger la prière
et d’entretenir sa spiritualité ou une mauvaise compréhension des enseignements de
l’Église.
L’apostasie peut être accélérée par l’idée fausse que l’Écriture ou les dirigeants de
l’Église sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu’ « un prophète était un prophète
uniquement quand il agissait comme tel » (HC 5:265). Il a également déclaré qu’il
« n’étai[t] qu’un homme, et que [les gens] ne devaient pas attendre de [lui qu’il soit]
parfait » (HC 5:181). Ni l’Église ni ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à
l’infaillibilité.
Par-dessus tout, l’Église affirme que ses membres doivent rechercher la révélation
personnelle pour connaître la vérité et vivre en accord avec l’Esprit de Dieu. Ceux qui ne
l’ont pas fait risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à l’épreuve ou quand
des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent parfois ennemis de l’Église. Le fait de quitter l’Église, qui
affirme être l’Église officielle de Dieu, contenant la plénitude de l’Évangile, a souvent
comme conséquence des sentiments de culpabilité. Si beaucoup reviennent, d’autres sont
pris du besoin de défendre leurs actions, « réfutent » l’Église ou deviennent des ennemis.
Les fruits de l’apostasie sont généralement amers. Le Livre de Mormon met en garde
contre les conditions défavorables qui résultent de transgressions « à l’encontre de la
lumière et à de la connaissance » que l’on a (Al. 9:23).
Les Écritures modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée par
l’espoir. Il est vivement conseillé aux saints des derniers jours d’aimer ceux qui ont
abandonné la foi et d’encourager ceux qui se sont écartés, de plaider et de travailler avec
eux, invitant « les brebis perdues » à revenir à la bergerie (Lu. 15:3-7). Le Sauveur
ressuscité a enseigné à propos des égarés : « Vous ne le[s] chasserez pas de vos… lieux
de culte, car vous continuerez à servir de telles personnes ; car vous ne savez pas si elles
ne reviendront pas et ne se repentiront pas, et ne viendront pas à moi d'un cœur
pleinement résolu, et je les guérirai ; et vous serez le moyen qui leur apportera le salut »
(3 Né. 18:32). Le désir de revenir est motivé par la réalité du repentir rendu possible par
l’expiation de Jésus-Christ. « Celui qui s'est repenti de ses péchés est pardonné, et moi, le
Seigneur, je ne m'en souviens plus. C'est à ceci que vous saurez si un homme se repent
de ses péchés : voici, il les confessera et les délaissera » (D&A 58:42-43). [Voir aussi
Antimormons – publications ; Groupes schismatiques.]
Bibliographie
Asay, Carlos E. "Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, p. 67-68.
Foster, Lawrence. "Career Apostates : Reflections on the Works of Jerald and Sandra
Tanner." Dialogue 17, été 1984, p. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, p. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
Apôtre
Auteur : BROWN, S. KENT
Un « apôtre » est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de Melchisédek dans l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les apôtres sont choisis par inspiration par le
président de l’Église, soutenus par l’ensemble des membres de l’Église et ordonnés par
l’imposition des mains par la Première Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce
sont des Autorités générales – contrairement aux autorités locales et régionales –
détenant leur office d’apôtre pour la durée de leur vie. Le doyen des apôtres est le
président de l’Église.
En plus d’être témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier (D&A 107:23), comme
les apôtres de Jésus, les membres du Collège actuel des douze apôtres détiennent les
clefs de la prêtrise – c’est à dire le droit de présidence (D&A 107:35 ; cf. 124:128). Le
président Brigham Young a déclaré à propos de leur autorité dans la prêtrise : « Les clefs
de la prêtrise éternelle, qui est selon l’ordre du Fils de Dieu, sont détenues quand on est
apôtre. Toute la prêtrise, toutes les clefs, tous les dons, toutes les dotations et tout ce qui
est préparatoire à l’entrée dans la présence du Père et du Fils est dans, composé de,
circonscrit par, ou je pourrais dire incorporé dans la circonférence de l’apostolat » (JD
1:134-35). Comme collège de la prêtrise, le Collège des douze apôtres suit en autorité le
Collège de la Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il dirige le ministère
domestique et international des collèges des soixante-dix (D&A 107:34 ; cf. 124:139-40),
et excepté en présence d’un membre de la Première Présidence ou d’un membre plus
ancien des Douze, un apôtre préside partout où il peut être dans l’Église.
Dans le Nouveau Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme
représentant ou agent]) était un envoyé choisi par Dieu (Mc. 3:14 ; Jn. 15:16 ; Ac. 1:21-26)
qui était témoin de la résurrection du Christ et avait l’obligation missionnaire d’en
témoigner.
Jésus lui-même était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2 ; 3:1). Le Père a envoyé
Jésus, et celui qui le reçoit reçoit celui qui l’a envoyé (Mc. 9:37 ; Jn. 8:16-19). De même
que le Père l’a envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn. 20:21). Au commencement, ils
ont été appelés d’entre ceux « qui nous [les apôtres] ont accompagnés tout le temps que
le Seigneur Jésus a vécu avec nous » (Ac. 1:21). Le nombre douze, lié aux apôtres, fait
écho au nombre de tribus d’Israël que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28 ; Lu. 22:30). À
cet égard, ils étaient la base de l’Église chrétienne primitive (Ép. 2:19-21 ; 4:11-14).
Parfois, le terme englobe plus que les Douze, comme l’impliquent l’expression « tous
les apôtres » (1 Co. 15:7) – qui suit la mention expresse des « douze » par Paul (1 Co.
15:5) – et les mentions de personnes appelées comme apôtres que l’on savait ne pas faire
partie des Douze (Ac. 14:14 ; Ro. 16:7). Il est probable qu’en 54 apr. J.-C., Jacques, le
frère du Seigneur, était devenu l’un des Douze (1 Co. 15:7 ; Ga. 1:19). Néanmoins, la
plupart des mentions des apôtres dans le Nouveau Testament désignent les membres des
Douze apôtres originels de Jésus ou Paul. Ils étaient les garants ou les témoins principaux
de la résurrection de Jésus, laquelle constituait elle-même l’assurance qu’il était le Messie
et le Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier siècle, les apôtres étaient les
témoins itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés par lui dans le monde à cette fin
(Ac. 1:8 ; cf. Mt. 28:19-20). Au centre du groupe – et à la base de l’Église – se trouvaient
Pierre, Jacques et Jean, qui avaient été avec ou près de Jésus lors d’expériences
critiques, notamment sa Transfiguration (Mc. 9:2-9) et son agonie à Gethsémané (Mc.
14:32-34).
L’importance des douze apôtres de Jésus est soulignée dans le Livre de Mormon.
D’abord, vers 600 av. J.-C., Léhi et son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze comme
disciples de Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution (1 Né. 1:10-11 ;
11:29, 34-36). En second lieu, ces Douze doivent juger les douze tribus d’Israël et les
douze autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant son ministère en Amérique
vers 34 apr. J.-C. (1 Né. 12:9-10 ; Mrm. 3:18-19 ; cf. D&A 29:12). Troisièmement, ces
douze disciples – qu’il faut distinguer des douze apôtres de Jésus en Palestine – doivent
juger leur propre peuple qui descend de la maison d’Israël (3 Né. 27:27). Quatrièmement,
pendant sa visite en Amérique, Jésus ressuscité a créé l’office des Douze dans son Église
quand il les a choisis et les a instruits soigneusement de son Évangile (3 Né. 11:18-12:1 ;
cf. 13:25-34 ; 15:11-16:20 ; 18:36-37 ; 27:13-21). Il leur a conféré l’autorité d’enseigner
l’Évangile et d’administrer ses ordonnances – c’est à dire de baptiser d’eau et d’Esprit –
faisant ainsi d’eux les transmetteurs de la doctrine et des pratiques de l’Église (3 Né.
11:22 ; 18:36-37 ; 19:6-14 ; 26:17). Cinquièmement, conformément au modèle du
Nouveau Testament, le Livre de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé par le Père
(3 Né. 18:27 ; cf. 16:3) et qu’il a à son tour commandé à ces douze disciples : « Allez vers
ce peuple et annoncez les paroles que j'ai dites » (3 Né. 11:41).
La révélation moderne ajoute d’autres d’informations. La fonction et l’autorité
apostoliques ont été rendues au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery par Pierre,
Jacques et Jean, ce qui souligne l’importance continue de cet office dans l’Église (D&A
27:12 ; voir aussi Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de
Melchisédek). Dès juin 1829, presque une année avant que l’Église soit organisée, Oliver
Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard par Martin Harris, recevaient des instructions
concernant le genre d’hommes qu’ils devaient choisir comme apôtres et ont été chargés
de choisir les premiers Douze de l’ère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été
exécutée les 14-15 février 1835, quand Cowdery, Whitmer et Harris ont choisi douze
hommes comme apôtres et ont ordonné les neuf qui étaient présents (HC 2:186-198).
L’Écriture moderne stipule que « toute décision… doit être à l’unanimité des voix » du
Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses membres ont le pouvoir de
baptiser, de déclarer l’Évangile, et d’en ordonner d’autres à la prêtrise (D&A 18:26-36). Le
Seigneur a dit que le nombre d’apôtres dans le Collège des Douze doit être maintenu
(D&A 118:1) et que leurs clefs « sont descendues des pères… envoyées du ciel » (D&A
112:32). Ceux qui remplissent cet office doivent « [se purifier] le cœur et les vêtements, de
peur que le sang de cette génération ne soit requis de [leurs] mains » (D&A 112:33).
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological
Dictionary of the New Testament, Vol. 1, p. 407-447. Grand Rapids, Mich., 1964-1976.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 2, p. 99-114, 303-326. Salt Lake City,
1980.
S. KENT BROWN
Articles de foi
Auteur : WHITTAKER, DAVID J.
En 1842, en réponse à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du
Chicago Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de ses expériences
religieuses personnelles et l’histoire de l’Église qu’il présidait (voir Wentworth, Lettre à). À
la fin de l’esquisse historique, il annexa une liste résumant « la foi des saints des derniers
jours ». Intitulés plus tard « articles de foi », ces treize articles furent publiés pour la
première fois en mars 1842 dans le Times and Seasons de Nauvoo et furent plus tard
inclus dans la brochure de la mission Britannique de 1851, La Perle de grand prix,
compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée en 1878 et de nouveau en
1880. En 1880, une conférence générale de l’Église vota d’ajouter la Perle de grand prix
aux ouvrages canoniques de l’Église, incluant ainsi les treize articles. Les articles de foi ne
constituent pas une synthèse de toutes les croyances des saints et ils ne sont pas un
credo au sens chrétien traditionnel du terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé
des Écritures et des croyances fondamentales des saints.
Les articles commencent par l’affirmation que la Divinité se compose de trois
personnalités : le Père, son Fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56 ; 2 Co.
13:14 ; 2 Né. 31:21 ; JS–H 1:17).
Le deuxième article concentre l’attention sur le commencement de l’histoire mortelle et
affirme que les êtres humains ont le libre arbitre moral et donc la responsabilité de leurs
actes : « Les hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non pour la
transgression d’Adam » (cf. De. 24:16 ; 2 Né. 2:27).
Le troisième article concentre l’attention sur l’importance cruciale de l’expiation du
Christ et sur l’avantage qu’en retire l’humanité : « Par l’expiation du Christ, tout le genre
humain peut être sauvé en obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile » (Mos.
3:7-12 ; D&A 138:4).
Le quatrième article définit les principes et les ordonnances de base : la foi en JésusChrist, le repentir, le baptême par immersion pour la rémission des péchés et l’imposition
des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac. 8:14-19 ; Hé. 6:1-2 ; 3 Né. 11:32-37).
Les deux articles suivants abordent les questions d’autorité et d’organisation : Un
homme doit être appelé de Dieu, confirmé par l’inspiration divine et par l’imposition des
mains par ceux qui ont l’autorité, pour prêcher l’Évangile et en administrer les
ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14 ; D&A 42:11) ; de plus, l’Église est essentiellement « la même
organisation qui existait dans l’Église primitive, savoir : apôtres, prophètes, pasteurs,
docteurs, évangélistes, etc. » (cf. Ép. 4:11).
Le septième article affirme la croyance des saints aux dons de l’Esprit et en cite
expressément plusieurs : le don des langues, de prophétie, de révélation, de vision, de
guérison et d’interprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10 ; D&A 46:10-26).
La place des Écritures sacrées est traitée dans le huitième article : Les saints des
derniers jours croient « que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est
traduite correctement » ; ils croient aussi « que le Livre de Mormon est la parole de Dieu »
(cf. Éz. 37:16 ; Jn 10:16 ; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième article dit que l’Évangile rétabli n’est pas limité à un ensemble fermé de
livres, mais déclare plutôt le principe de la révélation continue et donc d’un canon ouvert.
Les saints des derniers jours affirment croire à toute la révélation passée et présente, et ils
s’attendent à recevoir beaucoup de futures révélations (cf. Am. 3:7 ; D&A 76:7).
L’article dix récapitule quatre grands événements des derniers jours : le rassemblement
littéral d’Israël et le rétablissement des dix tribus ; l’édification de Sion, la nouvelle
Jérusalem en Amérique, le règne du Christ en personne sur terre et le renouvellement
final de la terre elle-même, quand elle recevra sa gloire paradisiaque, l’état de pureté
qu’elle avait avant la chute d’Adam (voir 3 Né. 21-22).
Le onzième article déclare la croyance des saints en la liberté de culte et de
conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il dit : « Nous affirmons avoir le droit
d’adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons
le même droit à tous les hommes, qu’ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce
qu’ils veulent. » Et le douzième article énonce la position politique des saints des derniers
jours en tant que citoyens respectueux des lois (D&A 134 ; voir Politique : Enseignements
politiques ; Tolérance).
La déclaration finale propose une perspective ouverte à la vie et une invitation à
approcher la vie comme le font les saints : « Nous croyons que nous devons être
honnêtes, fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous devons faire du bien à
tous les hommes ; en fait, nous pouvons dire que nous suivons l’exhortation de Paul :
nous croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté beaucoup et nous espérons
pouvoir supporter tout. Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui
mérite l’approbation ou est digne de louange » (cf. 1 Co. 13:7 ; Ph. 4:8).
La lettre à Wentworth n’était pas la première tentative de résumer les croyances de
base des saints. Des listes plus anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste de la
lettre à Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph Smith et Oliver
Cowdery mettaient sur papier les « Articles et Alliances » de l’Église qui allait bientôt être
organisée. Appelé plus tard la section 20 des Doctrine et Alliances, ce texte énumère un
certain nombre de croyances de base, notamment l’existence de Dieu, la création et la
chute de l’homme, la place centrale de Jésus-Christ, les ordonnances fondamentales de
l’Évangile, dont le baptême et les devoirs de base des membres (20:17-36). Ce document,
le premier à être accepté par le vote d’une conférence de l’Église, n’était pas une liste
exhaustive de toutes les croyances mais plutôt une charte de base pour l’organisation
naissante, enracinée dans la Bible et le Livre de Mormon.
Dans le premier numéro du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à Kirtland
(Ohio), Oliver Cowdery mentionnait huit « principes » qui avaient tous leur parallèle à la
section 20.
Il y eut, dans les premiers temps, d’autres listes, antérieures à la lettre à Wentworth,
qui résumaient les grands principes des croyances des saints : une liste préparée par
Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious Creeds and
Statistics of Every Christian Denomination in the United States (Boston, 1836, p. 139-140).
En cinq paragraphes, il esquissait les points de doctrine (1) de la divinité et de l’expiation
de Jésus-Christ ; (2) les premiers principes et ordonnances de l’Évangile accomplis par
l’autorité apostolique comme dans l’Église primitive du Christ, (3) le rassemblement
d’Israël perdu et la restitution des dons spirituels, (4) l’avènement du Christ et (5) la
résurrection et le jugement de toute l’humanité.
Une autre liste de dix-huit « principes et points de doctrine » fut incluse par Parley P.
Pratt dans son introduction à son document « Late Persecution of the Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints » (New York, 1840, p. iii-xiii). Par exemple, « le premier principe
de théologie entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père éternel, et en son Fils
Jésus-Christ, qui a en vérité été crucifié pour les péchés du monde… et au Saint-Esprit,
qui rend témoignage d’eux » (p. iii-iv). Beaucoup de formules de la liste de Pratt sont
semblables à celles de la lettre à Wentworth.
Orson Pratt propose une « esquisse [détaillée et éloquente] de la foi et de la doctrine »
de l’Église dans son « Interesting Account of Several Remarkable Visions » (Édimbourg,
1840, p. 24-31). L’ordre dans lequel il présente ses thèmes en dix-neuf paragraphes (dont
beaucoup commencent par « nous croyons que… ») est presque identique à celui des
treize points de la lettre à Wentworth. Les explications d’Orson Pratt contiennent des
références bibliques et son témoignage personnel de la véracité et des origines divines de
ces enseignements.
Orson Hyde publia en allemand une histoire de l’Église qui comprenait un chapitre de
seize articles (réellement des essais) sur des sujets tels que la Divinité, l’utilisation des
Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la confirmation, la Sainte-Cène, la confession des
péchés et la discipline dans l’Église, les enfants, les révélations, la prêtrise laïque, le
baptême pour les morts, la prière, les fêtes, le lavement des pieds et les bénédictions
patriarcales (Ein Ruf aus der Wüste, Francfort, 1842).
Même après que la lettre à Wentworth eut été publiée en mars 1842, beaucoup
d’autres listes de croyances des saints continuèrent à paraître pour la génération suivante.
En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de quatorze déclarations dans une
brochure éditée en Angleterre, et cette liste fut citée et parfois modifiée dans diverses
publications tout au long du XIXe siècle. Par exemple, elle est citée dans le livre populaire
de Charles MacKay The mormons ; or the Latter-day Saints (Londres, 1851, p. 46-47).
Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à mot, ajoutant des points tels que « la
Cène du Seigneur » à l’article 4, ajoutant « la sagesse, la charité, [et] l’amour fraternel »
parmi les dons de l’Esprit dans le septième article et insérant un quatorzième article
concernant la résurrection littérale du corps. D’autres listes (habituellement composées
par des missionnaires) furent publiées tout au long de cette période dans diverses régions
du monde.
La canonisation, en 1880, de la lettre à Wentworth en tant qu’élément de la Perle de
grand prix en refléta et en assura la priorité incontestée. Et quand la Première Présidence
demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un ouvrage sur la théologie qui
servirait de manuel dans les écoles de l’Église, c’est de ces articles de foi qu’il se servit
pour le schéma de son volume. Publié en 1899 et toujours en usage aujourd’hui, le livre
Les Articles de foi, de Talmage, détaille considérablement les thèmes de la liste de Joseph
Smith pour Wentworth. En vingt-quatre chapitres, Talmage donne un commentaire en
profondeur et les références scripturaires concernant chacun des concepts mentionnés
dans les treize articles, plus des sections sur la dernière Cène et sur la résurrection du
Seigneur (comme dans la liste de Flanigan) et finalement une section sur la religion
pratique (la bienveillance, la dîme et les offrandes, la consécration, l’ordre social dans
l’Église, le mariage éternel, la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
Dès les années 1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui
contenaient les articles de foi. Avec le temps, ces affiches missionnaires furent réduites au
format de poche et sont toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier.
Dans les classes de la Primaire de l’Église, les enfants apprennent par cœur les articles
de foi en vue de leur sortie de la Primaire à l’âge de douze ans et les adultes ont aussi été
encouragés à les apprendre et à les utiliser pour l’étude personnelle et dans l’œuvre
missionnaire.
Bien que n’étant pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse merveilleuse
(moins de 400 mots) des croyances de base de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours. De nombreuses variantes ont été publiées depuis le temps de Joseph
Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans ces articles vient des toutes premières
années du Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois de sa cohérence interne et de sa
constance.
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87, août-octobre
1952, p. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On Confessing Faith : Thoughts on the Language of the Articles of
Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 197-215. Provo, Utah, 1981.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith ?"
Instructor 114, nov. 1969, p. 422-426.
Whittaker, David J. "The ‘Articles of Faith' in Early Mormon Literature and Thought".
Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of Leonard J.
Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, p. 63-92. Salt Lake City, 1987.
DAVID J. WHITTAKER
Autel
Auteur : PORTER, BRUCE H.
Un point focal du culte religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des
cultures, a été l’autel, une construction naturelle ou faite par l’homme utilisée pour la
prière, le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur l’autel était un rite de base. La
pratique caractéristique en matière de culte du temps de l’Ancien Testament était
sacrificatoire de nature, et par conséquent l’autel est devenu l’un des objets rituels les plus
importants décrits dans ce livre d’Écriture.
Une signification sacrée et symbolique est attribuée à l’autel. Les stipulations de la « loi
de l’autel » (Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée à la création du
monde et aux alliances de Dieu avec l’humanité. Quand les eaux de la création se sont
retirées, la terre sèche est apparue et on l’appelle le monticule primordial (première
colline). Ici, selon la légende, les dieux se sont tenus afin de terminer la création. À cause
de la présence divine, cet endroit est devenu un sol sacré ou saint, un point de contact
entre ce monde et le monde céleste. L’autel a été construit pour que le peuple puisse s’y
mettre à genoux pour communiquer et faire des alliances avec son Dieu. L’autel dans
Ézéchiel 43:15 est appelé « la montagne de Dieu » (terme hébreu hahar’el) et devient
l’incarnation symbolique de la Création, du monticule primordial et de la présence de Dieu.
C’est devant un autel qu’Adam a appris la signification du sacrifice (Moïse 5:5-8). Après
le Déluge, le patriarche Noé a immédiatement construit un autel et a offert ses sacrifices
au Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et l’alliance d’un héritage pour sa postérité,
Abraham a marqué cet événement sacré par la construction d’un autel (Ge. 12:6-7). C’est
sur le mont Morija que le jeune Isaac a été lié sur la table ou autel du sacrifice en vue de
l’offrande suprême et de la démonstration d’obéissance de son père (Ge. 22:9-14). La
tradition veut que l’endroit de cet autel consacré soit devenu le site du temple de
Jérusalem.
Le complexe du temple de Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de
supériorité sacrale, c’étaient les suivants : D’abord, l’autel du sacrifice, souvent appelé
autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7, 12 ; 1 Co. 10:21), était placé en
dehors du temple lui-même dans la cour d’Israël et était plus public que les autres. Des
sacrifices pour les péchés d’Israël y étaient offerts, annonçant l’accomplissement par le
sacrifice de Jésus-Christ (Hé. 9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, l’autel des
encens se trouvait dans « le saint » devant le voile à l’intérieur du temple proprement dit.
Jean décrit la fumée de cet autel comme étant « les prières de tous les saints, sur l’autel
d’or qui est devant le trône » (Ap. 8:3-4). Troisièmement, dans la même enceinte du
temple se trouvait l’autel des pains de proposition, sur lequel on mettait douze pains, de
l’encens et une offrande de boisson. Et quatrièmement, l’arche de l’alliance se trouvait
dans le saint des saints, la chambre la plus intérieure et la plus sacrée du temple. L’arche
était pour Israël le trône ou propitiatoire et symbolisait la présence du Seigneur. C’était ici
que le grand prêtre, une fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé. 16:1-17), faisait
des alliances avec le Seigneur pour tout Israël, comme s’il représentait tout le monde à
l’autel.
Dans les temples des saints, des autels d’une sorte différente jouent un rôle majeur.
Les saints s’y agenouillent pour se livrer à des cérémonies dans lesquelles se contractent
des alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait anciennement, dans la
présence symbolique de Dieu à l’autel (Ps. 43:4 ; cf. Ps. 118:27). Ainsi, en se mettant à
genoux à un autel dans un temple, un homme et une femme font des alliances avec Dieu
dans une cérémonie de mariage qui va être en vigueur dans la condition mortelle et dans
le monde éternel. C’est là que, si des parents n’étaient pas mariés précédemment dans un
temple, eux et leurs enfants peuvent être scellés ensemble pour le temps et l’éternité par
le pouvoir et l’autorité de la prêtrise. De même, ces ordonnances peuvent être accomplies
par des représentants à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées dans
des documents généalogiques comme étant décédées sans ces bénédictions.
Les gens d’autrefois allaient à l’autel pour communiquer et communier avec Dieu ; de
même les membres de l’Église, dans le temple, font un cercle de prière autour de l’autel.
Unis de cœur et d’esprit, les saints demandent à Dieu ses bénédictions sur l’humanité,
son Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
Dans une réunion de Sainte-Cène plus publique, l’autel du sacrifice est symbolisé par
la « table de Sainte-Cène ». Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice de
Jésus-Christ, le pain et l’eau représentant respectivement le corps et le sang du Sauveur
(Luc 22:19-20). Chaque semaine on peut participer à la Sainte-Cène et renouveler ses
alliances.
Aujourd’hui les membres de l’Église font des alliances sacrées avec Dieu et consacrent
leur vie et tout ce qu’ils ont eu en bénédiction en « allant au Christ » et déposent
symboliquement tout sur l’autel comme sacrifice. Pour eux un autel sacré est un symbole
réel de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à genoux « le cœur brisé et
l’esprit contrit » (2 Né. 2:7 ; 3 Né. 11:20).
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
Autorité
Auteur : CAMERON, KIM S.
La prétention de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours à être la seule
Église vraie et vivante sur la terre est basée sur la notion d’autorité. La croyance des
saints a été bien énoncée par le président Joseph F. Smith : « Quant à la question de
l’autorité, presque tout en dépend. Aucune ordonnance ne peut être accomplie de manière
à être acceptée de Dieu sans l’autorité divine. Quelle que soit la ferveur avec laquelle les
hommes croient ou prient, s’ils ne sont pas dotés de l’autorité divine, ils ne peuvent qu’agir
en leur propre nom, pas légalement ni de manière acceptable au nom de Jésus-Christ, au
nom de qui tout doit se faire » (Smith, p. 102).
Étant donné que plusieurs définitions sont associées à l’autorité dans les Écritures, ce
point de doctrine a souvent été mal compris :
1. L’autorité désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la fonction ou à la désignation
légale comme dans l’exemple de l’autorité donnée à Joseph en Égypte par le Pharaon
(Ge. 41:40-41), par l’homme qui donne à ses serviteurs autorité sur sa maison pendant
son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de l’Église désignés pour détenir l’autorité sur
les membres (Mt. 8:9 ; D&A 107:8). L’autorité dans ces cas présume un commandement
en vertu du poste conféré.
2. L’autorité est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est le pouvoir
sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et par la domination de la Judée par Rome du
temps du Christ (Mt. 27:2). Dans ce sens, l’autorité désigne la supériorité ou la suprématie
par rapport aux autres découlant d’acquisitions, de possessions ou de la force.
3. L’autorité est affaire de compétence, comme dans le cas d’un expert dans un
domaine. Les exemples sont l’autorité attribuée à Jésus, douze ans, suite à ses
enseignements dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et l’autorité liée à la prédication de
prophètes tels que Néphi 1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos. 13:6 ; Al. 17:3 ; Hél.
5:18).
4. L’autorité est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a donné à ses
apôtres l’autorité spécifique de prêcher et d’administrer son Évangile (Mt. 10:1 ; Jn. 15:16 ;
3 Né. 12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de baptiser et d’accomplir des
miracles par cette autorité (Ac. 5:12-16 ; 8:5-17 ; Al. 5:3 ; Mos. 18:13, 18 ; Mro. 2:1-3).
Transmise par Jésus-Christ, cette autorité signifiait que les ordonnances accomplies sur
terre seraient honorées au ciel et, réciproquement, que délier (dissoudre une ordonnance)
sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt. 16:19). Le nom donné à ce genre d’autorité
dans les Écritures est la prêtrise (Hé. 7:11-12, 14, 24 ; 1 Pi. 2:5, 9 ; D&A 84:107).
Ces sens ont souvent été confondus comme le montre la question posée par les
scribes à Jésus concernant la base de sa propre autorité : « Par quelle autorité fais-tu ces
choses ? » (Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition 1) ou un pouvoir d’en
haut (définition 4) ? ont-ils demandé.
De même que l’autorité du Christ était basée sur le pouvoir d’en haut, de même l’Église
appuie sa prétention à être la seule Église vraie et vivante sur la possession de l’autorité
divine d’agir pour Dieu. Cette autorité différencie l’Église de toutes les autres. Les autres
systèmes et organisations peuvent posséder d’autres types d’autorité, mais l’autorité
divine liée à l’Église du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
Une explication des caractéristiques de l’autorité divine permet d’éclaircir les
prétentions de l’Église. D’abord, « Nul ne s’attribue cette dignité, s’il n’est appelé de Dieu,
comme le fut Aaron » (Hé. 5:4). L’autorité divine ne s’obtient pas par l’étude, un diplôme
décerné par une école ou le simple désir (Ac. 19:13-16). On doit l’obtenir de la manière
désignée par Dieu, comme ce fut le cas d’Aaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on obtient l’autorité d’agir au nom de Dieu par l’imposition des mains
par quelqu’un qui détient déjà cette autorité ou prêtrise (1 Ti. 4:14 ; 2 Ti. 1:6 ; Mro. 2:1-3 ;
De. 34:9). Simon, par exemple, désirait acheter l’autorité des apôtres, comme il avait pu le
faire avec d’autres types d’autorité. Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le « don
de Dieu » à prix d’argent (Ac. 8:14-20), et l’achat de l’autorité porte son nom, c’est la
simonie.
Troisièmement, les ordonnances accomplies dans l’Église ne font spirituellement force
de loi que quand elles le sont en vertu de cette autorité divinement conférée et reçue de la
manière appropriée (Mos. 23:17 ; D&A 20:73 ; 132:13 ; 2 S. 6:6-7). Par exemple, Paul a
rebaptisé des Éphésiens qui avaient été précédemment baptisés par une personne non
autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses disciples ont été convertis au
Christ et étaient désireux d’être baptisés, mais ils ont attendu pour recevoir cette
ordonnance parce que celui qui avait l’autorité ne se sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
Un quatrième fait concernant l’autorité divine est qu’elle a disparu de la terre peu après
la résurrection et l’ascension du Christ au ciel (voir Apostasie), de sorte qu’un
rétablissement de l’autorité divine était nécessaire (2 Th. 2:1-4 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-7).
En 1829, des messagers célestes, précédemment dotés d’autorité divine par le Christ luimême, conférèrent l’autorité à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du
rétablissement de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (voir Prêtrise
d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de
Melchisédek). Les membres de l’Église ordonnés à cette autorité notent maintenant leur
« ligne d’autorité personnelle ». Ce document indique le cheminement des ordinations
reliant leur autorité dans la prêtrise à Jésus-Christ lui-même.
Cinquièmement, l’autorité de présider n’est efficace pour une personne que quand elle
est accompagnée du consentement commun des membres de l’Église que cette personne
présidera (D&A 20:65 ; 26:2 ; 42:11).
Les abus d’autorité et l’autoritarisme sont inhérents à tout système organisé, et ces
abus sont particulièrement associés à une autorité basée uniquement sur les postes, la
force ou la connaissance. Les personnes de l’extérieur perçoivent parfois des
organisations telles que l’Église comme autoritaires, principalement à cause de la
confusion concernant le sens du mot autorité. Si l’autorité dans l’Église était basée sur la
politique, des caractéristiques ou des compétences personnelles, l’accusation
d’autoritarisme pourrait se justifier. Or, l’autorité divine (définition 4) est inséparablement
liée aux principes de la justice et « lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou
d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré d'injustice
que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des
hommes, voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est attristé, et lorsqu'il est retiré,
c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A 121:37).
Les membres de l’Église comprennent que l’exercice de l’autorité divine comporte la
responsabilité de faire du bien au peuple et de vaquer à son bien-être. L’utilisation
convenable de cette autorité est contraire à l’autoritarisme et aux abus d’autorité, de sorte
que les connotations négatives parfois associées à l’autorité ne sont généralement pas
présentes dans l’Église.
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo,
Utah, 1980.
Richards, LeGrand. Une œuvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON
B
Baptême
Auteur : HAWKINS, CARL S.
Le quatrième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
déclare que « le baptême par immersion pour la rémission des péchés » est l’un des
« premiers principes et ordonnances de l’Évangile ». Les saints des derniers jours croient,
comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est une ordonnance initiatrice essentielle
pour toutes les personnes qui deviennent membres de l’Église, car elle les admet dans
l’Église du Christ sur terre (Jn. 3:3-5 ; D&A 20:37, 68-74). C’est une étape primaire dans le
processus, qui comprend la foi, le repentir, le baptême de feu et du Saint-Esprit et la
persévérance jusqu’à la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la rémission
de leurs péchés et accéder au royaume céleste et à la vie éternelle (par exemple, Mc.
16:15-16 ; 2 Né. 31:13-21 ; D&A 22:1-4 ;84:64, 74 ; MD, p. 69-72).
Les baptêmes modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été dûment instruits
et ont au moins huit ans (l’âge de responsabilité). Le baptême doit être fait par quelqu’un
qui a l’autorité appropriée dans la prêtrise. Celui qui baptise lève la main droite, récite la
prière de baptême prescrite et immerge complètement le candidat (3 Né. 11:23-26 ; D&A
20:71-74 ; 68:27). Le baptême symbolise l’alliance par laquelle les gens promettent
d’entrer dans la bergerie de Dieu, de prendre sur eux le nom du Christ, d’être témoins de
Dieu, de garder ses commandements et de porter les fardeaux les uns des autres, se
montrant décidés à le servir jusqu’à la fin et de se préparer à recevoir l’esprit du Christ
pour la rémission des péchés. Le Seigneur, c’est sa contrepartie de l’alliance, doit
déverser son Esprit sur eux, les racheter de leurs péchés, les faire participer à la première
résurrection et leur donner la vie éternelle (Mos. 18:7-10 ; D&A 20:37).
Le symbolisme riche de l’ordonnance invite des candidats et des observateurs à
réfléchir à ses significations. L’ensevelissement dans l’eau et la sortie de l’eau symbolisent
la foi du candidat en la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ aussi
bien qu’en la résurrection future de tous les hommes. Il représente également la nouvelle
naissance du candidat à une vie en Christ, étant né de Dieu, donc né de nouveau d’eau et
de l’Esprit (Ro. 6:3-6 ; Mos. 18:13-14 ; Moï. 6:59-60 ; D&A 128:12-13).
Les Écritures modernes disent que l’histoire de cette ordonnance antidate le ministère
de Jean-Baptiste. En commençant par Adam (Moï. 6:64-66), le baptême par immersion
dans l’eau a été introduit comme pratique officielle et a été observé dans toutes les
dispensations suivantes de l’Évangile quand l’autorité de la prêtrise était sur la terre (D&A
20:25-27 ; 84:27-28). Comme variantes de tels précédents, les saints des derniers jours
retrouvent des initiations par le baptême dans beaucoup de religions préchrétiennes (voir
Meslin, 1987). Comme le rapporte le Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du
baptême de Jésus-Christ et ont enseigné à leur peuple à suivre son exemple de justice
(1 Né. 10:7-10 ; 11:27 ; 2 Né. 31:4-9). De plus, avant le temps de Jésus-Christ, Alma 1
introduisait les convertis dans l’Église de Dieu par le baptême comme signe de leur
alliance (Mos. 18:8-17 ; Al. 4:4-5).
Selon le récit de son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la nécessité de la foi,
du repentir, du baptême et du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à douze disciples
de baptiser (3 Né. 11:18-41 ; 19:11-13 ; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les
instructions utiles pour le baptême et les paroles de la prière de baptême (3 Né. 11:23-28 ;
Mro. 6:1-4 ; cf. D&A 20:73).
En plus des informations du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les
enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus a enseigné que le baptême
est nécessaire au salut. Il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne
peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:1-5). Il exigeait le baptême de la part de
ceux qui professaient devenir ses disciples (Jn. 4:1-2). La mission finale qu’il a donnée à
ses apôtres était qu’ils devaient aller à toutes les nations, enseignant et baptisant (Mt.
28:19), et il a déclaré : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne
croira pas sera condamné » (Mc. 16:16). Paul, après sa vision miraculeuse sur le chemin
de Damas, s’entendit enseigner l’Évangile par Ananias, qui lui dit : « Lève-toi, sois baptisé,
et lavé de tes péchés » (Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la Pentecôte, Pierre
a proclamé : « Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–
Christ, pour le pardon de vos péchés » (Ac. 2:38).
Les saints des derniers jours n’acceptent pas les pratiques et les enseignements
relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes chrétiens au cours des siècles
qui ont suivi la mort des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le baptême
par d’autres moyens que l’immersion et l’idée que le baptême n’est pas nécessaire au
salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé la pratique du baptême des petits enfants,
qui s’était apparemment introduite parmi son peuple, et a déclaré que quiconque pensait
que les petits enfants avaient besoin du baptême niait la miséricorde du Christ, ignorant la
valeur de son expiation et le pouvoir de sa rédemption (Mro. 8:4-20).
Jean-Baptiste a rendu l’autorité de baptiser à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 15
mai 1829 (JS–H 1:68-72). Dès le début de l’Église rétablie, des missionnaires ont été
envoyés pour « annoncer le repentir, la foi au Sauveur et la rémission des péchés par le
baptême » (D&A 19:31 ; 55:2 ; 84:27, 74). « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et
celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé sera damné » (D&A 112:29). C’est
l’enseignement central de l’Évangile de Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
En conséquence, les personnes qui entrent dans l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours à l’âge de huit ans ou plus doivent de soumettre au baptême, même si
elles ont été précédemment baptisées dans d’autres Églises (D&A 22). De même, les
excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois qu’ils se sont qualifiés pour la
réadmission dans l’Église.
La forme de l’ordonnance est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de manière
explicite que le baptême doit être accompli par une personne qui a l’autorité de la prêtrise
et qu’il faut pour cela immerger complètement le candidat pénitent et le sortir ensuite de
l’eau (3 Né. 11:25-26 ; D&A 20:72-74). Le baptême est suivi de l’imposition des mains pour
le don du Saint-Esprit.
La pratique courante dans l’Église veut que le candidat soit interrogé et approuvé par
un officier autorisé de la prêtrise (habituellement l’évêque ou un autre dirigeant présidant
l’assemblée ou un dirigeant de mission), qui détermine si le candidat remplit les conditions
d’un repentir véritable, de la foi au Seigneur Jésus-Christ, d’une compréhension des lois et
des ordonnances de l’Évangile et de la volonté d’y obéir. Il est également nécessaire qu’un
document officiel de chaque baptême soit tenu par l’Église.
Le baptême peut se faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup d’églises
ou dans tout plan d’eau convenant à cette occasion sacrée et suffisamment profond pour
permettre l’immersion complète. Le candidat et la personne accomplissant l’ordonnance
doivent être vêtus de vêtements blancs simples et pudiques. La cérémonie est sans
prétention et a habituellement lieu en la présence de la famille du candidat, les amis
intimes et les membres de l’assemblée que cela intéresse. Un orateur ou deux peuvent
donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse bienvenue au candidat.
La pratique antérieure du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement
de l’engagement ou pour le retour à la santé en temps de maladie n’a plus cours dans
l’Église.
La croyance que le baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes qui
atteignent l’âge de responsabilité (D&A 84:64, 74) ne condamne pas les personnes qui
sont mortes sans avoir eu l’occasion d’entendre le véritable Évangile de Jésus-Christ ou
de recevoir le baptême par l’autorité appropriée de la prêtrise. Les saints des derniers
jours croient qu’un baptême doit être accompli par procuration pour les morts (1 Co.
15:29 ; D&A 124:28-35, 127-128) et qu’il devient effectif si le bénéficiaire décédé accepte
l’Évangile tandis qu’il est dans le monde d’esprit à attendre la résurrection (voir 1 Pi. 3:1820 ; 4:6 ; cf. D&A 45:54). Cette œuvre par procuration au profit des générations
précédentes, liant le cœur des enfants à leurs pères (Mal. 4:5-6), est une des
ordonnances sacrées accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
Bibliographie
Meslin, Michel. « Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion, Mircea Eliade, dir. de publ.
vol. 2, p. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding, Doctrines du Salut, vol. 2, p. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF p. 109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
Baptême - Prière
Auteur : WILSON, JERRY A.
Les paroles de la prière du baptême utilisées dans l'Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours sont prescrites dans la compilation la plus ancienne d’instructions pour
le fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelqu’un est baptisé, la personne qui a
l'autorité appropriée dans la prêtrise descend dans l'eau avec le candidat, lève le bras
droit à angle droit, appelle l'intéressé par son nom légal complet et dit : « Ayant reçu
l’autorité de Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Amen » et immerge ensuite le candidat (D&A 20:73). La même version de la prière est
donnée par Jésus-Christ aux Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né. 11:25).
Plus tôt dans le Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de la prière
de baptême. Quand Alma l’Ancien, au deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église parmi les
Néphites, il prie : « Ô Seigneur, déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin qu'il fasse cette
œuvre avec sainteté de cœur » (Mosiah 18:12). La prière de baptême qui suit souligne
l'alliance représentée par le baptême et la nécessité de procéder ensuite à un baptême de
l'Esprit : « Je te baptise, ayant autorité du Dieu Tout-Puissant, en témoignage que tu as
conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel ; et que
l'Esprit du Seigneur soit déversé sur toi ; et qu'il t'accorde la vie éternelle, par
l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il a préparé dès la fondation du monde »
(Mosiah 18:13 ; voir Baptême de feu et du Saint-Esprit).
Bibliographie
Il est instructif de comparer la pratique et les récits scripturaires des saints des derniers
jours à la tradition chrétienne rapportée dans E. C. Whitaker, Documents of the Baptismal
Liturgy, Londres, 1970.
JERRY A. WILSON
Baptême de feu et du Saint-Esprit
Auteur : BRADSHAW, WILLIAM S.
Le baptême de feu et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne qui reçoit
l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. C'est la seconde partie
d’une séquence et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la personne
repentante qui s'est engagée vis-à-vis du Christ et de son Évangile est née de Dieu ou
née de nouveau. Comme Jésus l’a expliqué à Nicodème, « si un homme ne naît d'eau et
d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5). À propos de ce passage,
Joseph Smith a dit : « Le baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et n’est bon à rien
sans… le baptême du Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). Le baptême de feu, assuré par le
Saint-Esprit, se manifeste à travers un ensemble de sensations, d'impressions et de
découvertes personnelles qui constituent le témoignage spirituel de la Divinité que l'on a
reçu la rémission de ses péchés (2 Né. 31:17). Le baptême de feu inaugure la
transmission de dons spirituels aux fidèles pour les aider durant toute leur vie à rester
fidèles à leur alliance du baptême (1 Co. 12 ; Mro. 10:8-23 ; D&A 46:10-33).
La doctrine des deux baptêmes a été enseignée par Jean-Baptiste : « Moi, je vous
baptise d'eau… mais celui qui vient après moi… vous baptisera du Saint–Esprit et de
feu » (Mt. 3:11). Au baptême du Christ, le Saint-Esprit s’est manifesté par le signe d'une
colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples le jour de la Pentecôte sous forme de
langues de feu (Ac. 2:3 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ). L'ordonnance du don du Saint-Esprit
a commencé avec les premiers convertis chrétiens (Ac. 8:12-17 ; 3 Né. 18 ; Mro. 2-3 ; 6)
et est une pratique (souvent désignée sous le nom de confirmation) rendue à l'Église
d’aujourd’hui et administrée par la Prêtrise de Melchisédek (D&A 20:38-41).
Symboles du baptême, l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la fonte des
métaux) représentent les agents qui nettoient et purifient, la première extérieurement,
l’autre intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12 ; Mro. 6:4). En outre, le feu
suggère la chaleur et la lumière, réalisées sous forme de sensations tangibles telles
qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment d’illumination accompagnant la réception de
l'esprit divin (D&A 9:8 ; 88:49).
Pour les saints des derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un
phénomène réel en accomplissement littéral de l'alliance de Dieu avec ceux qui se
repentent et sont baptisés (2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la personne peut
réaliser les promesses faites par Jésus en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué par
le Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers la vérité (Jn. 14:16, 26 ;
15:26).
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J. Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
Baptême Alliance du
Auteur : WILSON, JERRY A.
Quand une personne contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle fait
une alliance avec Dieu. Le baptême est un « signe… que nous faisons la volonté de Dieu,
et il n’y a sous le ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à l’homme de
venir à lui » (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent d’ « entrer dans la bergerie de Dieu et être appelés son
peuple… [de] porter les fardeaux les uns des autres… [de] pleurer avec ceux qui
pleurent… [et d’] être les témoins de Dieu… jusqu’à la mort » (Mos. 18:8-9). La personne
qui contracte cette alliance doit le faire avec l’attitude appropriée d’humilité, de repentir et
de détermination de garder les commandements du Seigneur et de servir Dieu jusqu’à la
fin (2 Né. 31:6-17 ; Mro. 6:2-4 ; D&A 20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des
péchés, la rédemption et la purification par le Saint-Esprit (Ac. 22:16 ; 3 Né. 30:2). Cette
alliance se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le baptisé peut renouveler cette alliance à chaque réunion de Sainte-Cène en prenant
la Sainte-Cène. Cette volonté permanente de se rappeler le Christ et de garder ses
commandements apporte la réalisation de la promesse du Seigneur qu’il donnera son
Esprit et produit les « fruits » (Ga. 5:22) et les « dons » (D&A 46) qui mènent à la vie
éternelle.
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths, Covenants and Promises, p. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
Baptême pour les morts
Cette rubrique se compose de deux articles :
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les morts : Sources antiques
Le premier article suit le développement de la doctrine mormone du baptême pour les
morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté de théologie de Harvard traite de la
pratique dans les temps anciens.
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur : BURTON, H. DAVID
Le baptême pour les morts est l’accomplissement par procuration de l’ordonnance du
baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné : « Si nous pouvons baptiser un
homme au nom du Père [et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés, c’est
tout autant notre devoir d’agir comme agents et d’être baptisés pour la rémission des
péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés qui n’ont pas entendu l’Évangile ou sa
plénitude » (Kenney, p. 165).
La première déclaration publique concernant l’ordonnance du baptême pour les morts
dans l’Église a été le sermon funèbre prononcé en août 1840 à Nauvoo par Joseph Smith
à l’occasion du décès de Seymour Brunson. S’adressant à une veuve qui avait perdu un
fils qui n’avait pas été baptisé, il a appelé le principe « de bonnes nouvelles d’une grande
joie » contrairement à la tradition du temps qui voulait que toute personne non baptisée
soit damnée. Les premiers baptêmes pour les morts des temps modernes ont eu lieu dans
le Mississippi, près de Nauvoo.
Des révélations éclaircissant la doctrine et la pratique ont été données de temps en
temps :
1. C’était une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29 ; cf. D&A 128 ; voir
Baptême pour les morts : Sources antiques).
2. Le ministère du Christ dans le monde d’esprit était au profit de ceux qui étaient morts
sans entendre l’Évangile ou sa plénitude (1 Pi. 4:6 ; voir Salut des morts).
3. De tels baptêmes doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux
consacrés à cette fin (EPJS, p. 248 ; cf. D&A 124:29-35). En novembre 1841, les fonts
baptismaux du temple inachevé de Nauvoo étaient consacrés.
4. Le langage de la prière de baptême est le même que pour les vivants, avec l’ajout
de « en lieu et faveur de » [les défunts].
5. Des témoins doivent être présents aux baptêmes par procuration et ceux-ci doivent
être enregistrés dans les archives de l’Église (D&A 128:3, 8).
6. Des femmes doivent être baptisées pour les femmes et des hommes pour les
hommes.
7. Ce n’est pas seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les ordonnances
supérieures du temple qui peuvent être accomplis par procuration (EPJS, p. 294).
8. La loi du libre arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à venir. Ainsi,
ceux qui sont servis par procuration ont le droit d’accepter ou rejeter les ordonnances.
Dans les premières années de l’Église, les baptêmes par procuration ne se faisaient
que pour les ancêtres directs par le sang, en ne remontant habituellement pas plus de
quatre générations. Aujourd’hui, les saints des derniers jours sont baptisés non seulement
pour leurs propres ancêtres mais également pour d’autres personnes non apparentées,
identifiées par le programme d’extraction des noms. Cette pratique est l’expression du
désir des enfants de retrouver leurs parents et des parents de retrouver leurs enfants,
ainsi que des sentiments charitables pour les autres, pour qu’ils reçoivent la plénitude des
bénédictions de l’Évangile de Jésus-Christ. Dans la perspective mormone, quoi que l’on
fasse d’autre pour faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir des
morts, cette ordonnance divinement autorisée du baptême est une démonstration d’amour
et a des implications éternelles.
Baptême pour les morts : Sources antiques
Auteur : STENDAHL, KRISTER
Dans sa première épître aux Corinthiens Paul a écrit : « Autrement, que feraient ceux
qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas,
pourquoi se font–ils baptiser pour eux ? » (Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
Ce verset fait partie de l’argumentation de Paul contre ceux qui niaient une résurrection
future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il fait allusion à une pratique de baptême par
procuration, une pratique pour laquelle nous n’avons aucune autre preuve dans les écrits
de Paul ou les autres écrits du Nouveau Testament ou écrits du début du christianisme.
Les interprètes ont été intrigués par le fait que Paul semble accepter cette pratique. Il
n’estime en tous cas pas utile de la condamner comme hérétique, mais Paul fait
clairement allusion à un groupe distinct dans l’Église, un groupe qu’il accuse de
contradiction entre rituel et doctrine.
Les anciens commentateurs considéraient comme hérétique la pratique du baptême
par procuration pour les morts (par exemple parmi les Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils
interprétaient donc les paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à ce qu’elles
ne puissent être invoquées à l’appui de telles pratiques ou de toute théologie qui y était
implicite. Au fil des siècles, leurs interprétations ont persisté et se sont multipliées (B.M.
Foschini rapporte et évalue quarante explications distinctes de ce verset). La plupart des
pères grecs interprétaient « les morts » comme désignant le propre corps d’une
personne ; d’autres ont interprété le verset comme désignant les païens désirant le
baptême « pour se joindre à » des parents chrétiens perdus. D’autres encore ont suggéré
différentes structures de la phrase : « Autrement que réaliseront ceux que l’on baptise ?
Quelque chose simplement pour leur corps mort ? »
Une fois que l’on se sent moins menacé par les pressions théologiques exercées par
des développements ultérieurs éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte semble
parler clairement d’une pratique de baptême par procuration pour les morts dans l’Église.
C’est le point de vue de la plupart des exégètes critiques contemporains. Pareille pratique
peut se comprendre par une analogie partielle avec l’allusion de Paul au fait que les
conjoints païens et les enfants communs dans les mariages mixtes sont sanctifiés et
purifiés par les partenaires chrétiens (1 Co. 7:14). On a souvent fait le rapport avec 2
Maccabées 12:39-46, où Judas Maccabée, « tenant compte de la résurrection », fait
l’expiation pour ses camarades morts. (C’était le passage même que le Dr. Eck a utilisé en
faveur du purgatoire dans son débat de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. C’est ainsi
devenu une partie de la raison pour laquelle les bibles protestantes ont exclu les
Apocryphes ou les ont relégués dans une annexe.)
On pourrait ajouter à ceci que le lien suivant dans l’argumentation de Paul en faveur
d’une future résurrection est sa propre exposition au martyre (1 Co. 15:30-32), un martyre
que Paul pense certainement avoir un effet par procuration (Ph. 2:17, Ro. 15:16, cf. Col.
1:24).
Pareil lien peut être conscient ou inconscient. Dans l’un ou l’autre cas, cela rend tout à
fait raisonnable l’idée que la remarque de Paul a trait à la pratique d’un baptême par
procuration pour les morts.
Bibliographie
Conzelmann, H. 1 Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those Who Are Baptized for the Dead ; 1 Cor. 15:29." Catholic Biblical
Quarterly 12 (1950) :260-276, 378-388 ; 13 (1951) :46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
Bénédictions patriarcales
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
La pratique pour un père de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus
anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a béni son fils Seth,
promettant « que sa postérité serait l’élue du Seigneur et qu’elle serait préservée jusqu’à
la fin de la terre » (D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob ont béni leurs enfants, ouvrant
une vision de leur héritage et de leur destinée (par exemple, Ge. 28:4 ; 49:3-27).
Chaque famille dans l’Église et la grande famille qu’est l’Église perpétuent cet héritage.
Les membres ont le droit d’aller trouver le patriarche de pieu pour avoir une bénédiction de
l’Église. Des patriarches de pieu sont ordonnés partout où l’Église est organisée afin que
tous puissent avoir cette possibilité.
La bénédiction patriarcale est donnée par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek qui
« est de détenir les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de l’Église » (D&A 107:18).
Quand il a fait alliance avec Abraham qu’à travers sa postérité toutes les familles de la
terre seraient bénies, Dieu a promis les « bénédictions de l’Évangile, lesquelles sont les
bénédictions du salut, de la vie éternelle » (Abr. 2:11). La portée de ces promesses, tant ici
que dans l’au-delà, est décrite dans les Écritures modernes :
« Abraham reçut des promesses concernant sa postérité, le fruit de ses reins…
promesses qui devaient continuer tant qu’elle était dans le monde ; et en ce qui concerne
Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du monde… Cette promesse est
également pour toi, parce que tu es d’Abraham, et que la promesse fut faite à Abraham »
[D&A 132:30-31].
Une partie essentielle de la bénédiction patriarcale est la déclaration du lignage. Le
patriarche demande l’inspiration pour indiquer le lignage dominant qui remonte à
Abraham. La majorité des bénédictions modernes désignent Éphraïm ou Manassé comme
chaînon principal, mais d’autres de toutes les tribus d’Israël ont également été
mentionnés. Qu’il s’agisse d’une déclaration de descendance par le sang ou par adoption
est sans importance (voir Abr. 2:10). C’est considéré comme le lignage et l’héritage par
lesquels les bénédictions de la personne lui sont transmises. C’est ainsi que les
bénédictions « d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » sont conférées.
En outre, selon l’inspiration de l’Esprit, le patriarche peut être poussé à donner des
exhortations, des promesses et des assurances. Il peut mentionner différents traits de
personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le contexte des prophéties sur les
événements mondiaux, il peut mentionner le rôle et l’appel de chacun. Il peut préciser les
dons, les talents, les qualifications et le potentiel spirituel de la personne avec la gratitude
et la consécration qui doivent les accompagner. Karl G. Maeser a décrit ces bénédictions
comme étant des « paragraphes du livre de nos possibilités » (Alma P. Burton, Karl G.
Maeser : Mormon Educator, p. 82 [Salt Lake City, 1953]).
On enseigne continuellement dans l’Église que l’accomplissement des bénédictions
patriarcales, comme celui de toutes les promesses divines, est conditionné par la foi et les
œuvres de la personne. Les bénédictions se terminent habituellement par une déclaration
telle que : « Je prononce ces bénédictions sur votre tête selon votre foi et votre diligence à
garder les commandements du Seigneur. »
La pratique de donner des bénédictions patriarcales est un rappel constant de
l’honneur et de la gloire de la famille : que l’on n’est pas seul et que chaque personne se
tient sur les épaules de ceux qui l’ont précédée. Elle incite ceux qui reçoivent les
bénédictions à « porte[r] les regards sur Abraham, [leur] père » (2 Né. 8:2), à faire « les
œuvres d’Abraham » (D&A 132:32 ; cf. Jn. 8:39), à être disposé à être « châti[é] et mis à
l’épreuve comme Abraham » (D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition d’Abraham à
offrir son fils était « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:5). En bref, le
commandement d’honorer son père et sa mère ne finit pas à la mort, ni avec la croissance
du genre humain.
Toutes les bénédictions patriarcales sont enregistrées et transcrites ; les copies sont
conservées dans les archives officielles de l’Église et par le bénéficiaire. Elles sont
considérées comme sacrées par ceux qui les reçoivent.
Dans l’histoire d’Israël, comme des saints des derniers jours, l’effet moteur de ces
bénédictions est incalculable. Elles ouvrent beaucoup de portes à la prise de conscience
de soi. Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres, aussi bien que ceux qui se
trouvent dans les endroits les plus obscurs et les plus isolés, à se plonger dans
l’accomplissement d’une mission, à œuvrer et à donner dans l’esprit de consécration.
Elles ont été une force au milieu des épreuves et des tentations de la vie, un réconfort
dans les ténèbres du deuil et une ancre dans les tourmentes, « une aide quotidienne dans
toutes les affaires de la vie » (Widtsoe, p. 74).
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, p. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Benjamin
Auteur : RICKS, STEPHEN D.
Benjamin, fils de Mosiah 1, est un roi important dans l'histoire néphite († v. 121 av. J.-
C.). Son règne se produit à un moment crucial de l'histoire des Néphites et est
culturellement et politiquement important. Son père, Mosiah 1, « averti par le Seigneur » a
emmené les Néphites hors du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la
suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le faisaient habituellement les rois
dans le monde antique (cf. Mos. 10:10), « avec la force de son bras » contre les
envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple « de tomber entre les mains de
[ses] ennemis » (Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne néphite sur le pays de
Zarahemla (Om. 1:19) et y règne « en justice » sur son peuple (Pa. 1:17).
Benjamin, décrit comme étant « un saint homme » (Pa. 1:17) et « un homme juste
devant le Seigneur », dirige également son peuple en tant que prophète (Om. 1:25) et est,
avec l'aide d'autres prophètes et de saints hommes, capable surmonter les querelles
parmi son peuple et fait « encore une fois régner la paix dans le pays » (Pa. 1:18). En
conséquence, Amaléki, qui n’a « pas de postérité », lui confie les annales des « petites
plaques » (Om. 1:25). Vivement intéressé par la conservation des annales sacrées,
Benjamin instruit ses fils « dans toute la langue de ses pères » et « concernant les
annales qui étaient gravées sur les plaques d’airain » (Mos. 1:2-3).
Mosiah 2-6 rapporte le discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer
un « changement de cœur » chez son peuple et à l’amener à Jésus-Christ. Il traite des
obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et vis-à-vis de Dieu, du châtiment en
cas de rébellion contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du service. Ce discours
conserve aujourd’hui toute sa pertinence. En outre, rapportant les paroles qu’un ange lui a
dites, Benjamin prophétise que « le Seigneur Omnipotent… descendra du ciel avec
puissance parmi les enfants des hommes » en tant que Messie, « accomplissant de
grands miracles » (Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare que le Messie « sera appelé
Jésus-Christ, le Fils de Dieu… et sa mère sera appelée Marie » (3:8). La toute première
mention du nom de celle-ci dans le Livre de Mormon. En outre, Jésus « souffrira les
tentations, et la souffrance du corps, la faim, la soif et la fatigue, plus encore que l'homme
ne peut en souffrir » (3:7). Après avoir été crucifié, Jésus « se lèvera d'entre les morts ; et
voici, il se tient pour juger le monde » (3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le
pouvoir de l'expiation de Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple, « comme s'il était déjà
venu » sur terre (3:13).
On peut mesurer l'impact du discours de Benjamin sur les générations néphites
suivantes par le nombre de fois qu’on le mentionne plus loin dans le Livre de Mormon.
Après la mort de Benjamin, son fils et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze
autres représentants de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils trouvent le roi
Limhi et son peuple néphite asservis aux Lamanites. Après que les représentants se sont
identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où il s'adresse à lui. Ensuite, Ammon
« leur répéta aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait enseignées, et les
expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il pût comprendre toutes les paroles qu'il disait »
(Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit ses fils Léhi 4 et Néphi 2 en ces
termes : « Souvenez-vous… des paroles que le roi Benjamin a dites à son peuple ; oui,
souvenez-vous qu'il n'y a aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels
l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de Jésus-Christ » (Hél. 5:9).
Ces paroles rappellent l’un des thèmes centraux du discours de Benjamin : « Le salut a
été, et est, et sera, dans et par le sang expiatoire du Christ » (Mos. 3:18-19 ; cf. Hél.
14:12).
Après un règne long et prospère, Benjamin décède vers 121 av. J.-C. Le plus grand de
tous les hommages à sa grandeur, c’est son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un
discours prononcé à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse les avantages et
les pièges de diverses formes de gouvernement, Mosiah dit : « S'il était possible que vous
ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient les lois de Dieu et jugeraient ce peuple
selon ses commandements, oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient
ce que mon père Benjamin a fait pour ce peuple… alors il serait opportun que vous ayez
toujours des rois pour vous gouverner » (Mos. 29:13).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
Bible
La rubrique consacrée à la Bible donne une idée de l’estime que les saints ont pour ce
recueil d’écrits et de l’usage considérable qu’ils en font. Les articles sont :
Bible
Croyance des saints en la Bible
La King James Version
Édition de la Bible créée par l’Église
Le premier article explique l’importance de la Bible au sein des ouvrages canoniques
de l’Église. Le deuxième explore la profondeur de la croyance en la Bible. Le troisième
examine l’utilisation de la King James Version de la Bible par l’Église. Le dernier donne
des informations sur ce que contient la Bible éditée par l’Église en 1979 et des détails sur
la publication. Les articles qui traitent de thèmes apparentés sont Ancien Testament et
Nouveau Testament. On trouvera un traitement sur l’éventail des sujets liés aux
conceptions qu’ont les saints des Écritures en général dans Ouvrages canoniques et en
particulier l’ensemble des articles repris sous le titre général Écritures.
Bible : Bible
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.
La Bible est à la base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours,
constitue l’un de ses ouvrages canoniques et est acceptée comme étant la parole de Dieu.
C’est un passage du Nouveau Testament dans l’épître de Jacques qui incita, en 1820, le
jeune Joseph Smith à interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur quoi il reçut
sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le Père et Jésus-Christ (Ja. 1:5 ; JS–H 1:11-12,
17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de l’Ancien Testament et du Nouveau
Testament qui furent la base scripturaire de la deuxième grande expérience spirituelle de
Joseph quand l’ange Moroni lui apparut et l’instruisit en s’appuyant sur Malachie, Ésaïe,
Joël, Daniel et d’autres Écritures (JS–H 1:36-41 ; JD 24:241 ; Messenger and Advocate 1,
avr. 1835, p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de Mormon et organisé
l’Église rétablie de Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith étudia à fond la Bible
comme le Seigneur le lui avait commandé et fit la Traduction de Joseph Smith de la Bible
(TJS).
Dès l’enfance, les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements de la
Bible. Certains passages sont soulignés dans l’enseignement des enfants. La plupart des
enfants de la Primaire – et en particulier ceux qui font partie de familles qui tiennent la
soirée familiale et appliquent un programme de lecture des Écritures – se familiarisent
avec les événements racontés dans la Genèse, notamment les histoires d’Adam et Ève,
Noé, Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes ultérieurs des prophètes, des juges, et des
rois (tels que Moïse, Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas et Daniel), aussi bien que
ceux des personnalités du Nouveau Testament (par exemple, Pierre, Paul et Étienne),
sont également des favoris. Les histoires de Débora, de Ruth, d’Esther et de Marie
comptent parmi les préférées des filles. Ce sont cependant la vie et les enseignements de
Jésus-Christ qui sont les plus étudiés et les plus appréciés (voir Jésus-Christ : Ministère
de Jésus-Christ).
Lorsque les saints des derniers jours se livrent à une étude répétée de la Bible, il s’en
dégage des enseignements évangéliques plus riches. Outre qu’ils reçoivent
l’enseignement dispensé par l’École du Dimanche, les adolescents qui suivent les cours
du séminaire passent deux ans de leurs quatre années à étudier la Bible. Il en va de
même des cours de religion de niveau supérieur dans les universités du Département
d’Éducation de l’Église et dans les cours des instituts de religion dans d’autres universités.
Les missionnaires mormons se réfèrent souvent à des passages de la Bible dans
l’enseignement qu’ils donnent aux amis de l’Église. Une des preuves les plus
convaincantes de l’importance de l’étude de la Bible pour les saints des derniers jours
ressort du programme de l’École du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de
Doctrine de l’Évangile, deux années sur chaque cycle de quatre ans sont consacrées à la
lecture, à l’étude et aux discussions sur la Bible. Une autre grande preuve de l’importance
que les saints accordent à la Bible réside dans les efforts et les dépenses quoi ont été
consentis pour assurer la publication de l’édition anglaise de l’Église de la Bible en 1979.
Les Autorités générales de l’Église citent fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs
discours de conférence générale et lors des conférences de pieu. La Bible constitue donc
un fondement d’Évangile important pour tous les membres de l’Église, depuis les
nouveaux baptisés jusqu’aux officiers présidents.
ENSEIGNEMENTS ET PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les
enseignements de la Bible, il y en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par exemple,
les saints des derniers jours n’ont aucun mal à se reconnaître dans la pratique du Dieu de
l’Ancien Testament de parler par l’intermédiaire des prophètes de l’époque (Am. 3:7), une
façon de faire que l’on peut constater dans l’Église d’aujourd’hui. Ils se sentent aussi
proches de la maison d’Israël grâce à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui précise
habituellement une ascendance généalogique remontant à l’une des tribus d’Israël. La
notion de peuple de l’alliance, telle qu’enseignée dans la Genèse, l’Exode et le
Deutéronome, cadre bien avec la croyance des saints qu’ils sont un peuple de l’alliance
aujourd’hui. Beaucoup de lois et de commandements, en particulier un code de santé,
caractérisent l’Israël antique et son équivalent spirituel moderne dans l’Église (Lé. 11 ;
D&A 89 ; voir Parole de Sagesse). Les errances de l’Israël antique et les difficultés à
coloniser la Terre Promise ont aussi leur pendant dans le début de l’histoire des saints à
tel point que Brigham Young a été qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington,
1985 ; voir aussi Persécution ; Pionniers).
Les enseignements du Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours
mettent l’accent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres sur les principes de
base de l’Évangile, particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de l’alliance, en
particulier le baptême et le don du Saint-Esprit (voir Premiers principes de l’Évangile).
L’organisation, les offices dans la prêtrise et l’œuvre missionnaire de l’Église du Nouveau
Testament ont leurs contre-parties dans les croyances, les pratiques et l’organisation de
l’Église actuelle (voir Organisation de l’Église à l’époque du Nouveau Testament).
IMPORTANCE DES TEXTES BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des
écrits de l’Ancien Testament, ceux de Moïse, d’Ésaïe et de Malachie retiennent
particulièrement l’attention des saints des derniers jours à cause de leur place importante
dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels qu’ils se trouvent dans le
Pentateuque (avec l’expansion de Genèse 1-6 qui se trouve dans la Perle de grand prix)
constituent la matière qui permet de comprendre la dispensation mosaïque de la maison
d’Israël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent avec Léhi et avec le peuple de
Zarahemla (voir Mulek), proviennent essentiellement de ce cadre israélite. Il y est question
d’Adam et Ève et des événements du jardin d’Éden (par exemple, 2 Né. 2:15-25) et du
déluge du temps de Noé (par exemple, Al. 10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique
à l’époque de la tour de Babel (Ét. 1:3-5, 33), d’événements de la vie des patriarches (par
exemple, 2 Né. 3:4-16), et de l’appel, des œuvres et des paroles de Moïse (par exemple,
1 Né. 17:23-31 ; 2 Né. 3:16-17 ; voir aussi Loi de Moïse). Le cinquième chapitre de
1 Néphi mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a emportés de
Jérusalem (voir Plaques et annales du Livre de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met l’accent
sur les événements bibliques principaux, en particulier l’exode israélite d’Égypte, bien que
sans les détails fournis par le Pentateuque. L’exemple et les enseignements des
prophètes, des juges et des rois de l’Ancien Testament se trouvaient aussi dans les
documents bibliques de la communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à la loi
de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques religieuses de l’Ancien Testament se poursuivent
dans le Livre de Mormon.
On trouve un bon tiers des écrits d’Ésaïe dans le Livre de Mormon, ce qui fait qu’Ésaïe
est le livre biblique qui y est le plus souvent cité. Vingt-deux des soixante-six chapitres
d’Ésaïe sont cités en tout ou en partie dans le Livre de Mormon (en tout 433 sur les 1.292
versets d’Ésaïe). Les prophètes et les auteurs du Livre de Mormon choisissaient les
chapitres qui mettaient l’accent sur les relations de Dieu dans le cadre de l’alliance et de
ses promesses à Israël, sur le rôle et l’appel du Messie et sur les prophéties au sujet des
derniers jours. Ces thèmes sont également répandus dans la théologie contemporaine des
saints (A de F 3, 4, 9, 10).
Les enseignements de Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que
Jésus ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf. 3 Né. 24-25 ; Mal. 3-4 ; D&A
2:1-3). Les paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour préparer la voie à
l’avènement du Christ, le paiement de la dîme et des offrandes et la mission d’Élie dans
les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important des enseignements de
l’Ancien Testament au sein de la société des saints des derniers jours.
Comme la colonie principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem
approximativement six cents ans avant le début de la période du Nouveau Testament, les
auteurs du Livre de Mormon n’avaient pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils
avaient toutefois accès à deux sources importantes de doctrine qui étaient en parallèle
avec une partie du Nouveau Testament : le Christ ressuscité et la révélation divine. Le
Christ ressuscité a prononcé devant ses auditeurs en Amérique un sermon
essentiellement le même que celui qu’il avait prononcé près du lac de Galilée. Il a
également apporté des ajouts et des éclaircissements importants qui traitent de lui-même
en tant que Rédempteur et Seigneur, de l’accomplissement de la loi de Moïse et des
derniers jours (3 Né. 11-18 ; voir aussi Béatitudes ; Sermon sur la montagne). En outre, il
a amplifié les enseignements donnés dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet
de son rôle de Bon Berger des tribus dispersées d’Israël (3 Né. 15:12-24). Les
enseignements importants de Mormon au sujet du baptême et au sujet de la foi, de
l’espérance et de la charité constituent des parallèles avec les enseignements du
Nouveau Testament, particulièrement avec ceux de Paul dans 1 Corinthiens 13.
LA BIBLE EST-ELLE COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent la Bible
comme étant la parole de Dieu révélée à l’humanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu
que les traductions ne rendent pas complètement et exactement les mots de l’original ni
les intentions des prophètes antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la lettre
à Wentworth, il écrit : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où
elle est traduite correctement » (8e A de F). Joseph Smith a observé que « nous pouvons
déterminer notre latitude et notre longitude dans l’hébreu originel avec une bien plus
grande précision que dans la version anglaise. Il y a une importante distinction à faire
entre ce que les prophètes voulaient réellement dire et la traduction actuelle » (EPJS, p.
334). Bien qu’acceptant explicitement ce que la Bible dit maintenant, les saints des
derniers jours se rendent compte qu’il y a bien plus à dire que ce qui se trouve dans le
document biblique existant.
En plus des difficultés qu’engendre la traduction de langues anciennes vers des
langues modernes, d’autres Écritures déclarent également que certaines parties du texte
biblique original ont été perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29 ; D&A 6:2627 ; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire sur le caractère incomplet de la Bible :
« Il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient
été enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût compilée » (EPJS, p. 6). Il dit plus
tard : « L’homme a reçu depuis le commencement beaucoup d’instructions que nous ne
possédons pas maintenant… Nous avons ce que nous avons, et la Bible contient ce
qu’elle contient » (EPJS, p. 46). Il a dit en outre : « Je crois la Bible telle qu’elle est sortie
de la plume des auteurs originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents ou
des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264265). Ainsi, des contre-sens, des lacunes et d’autres erreurs affaiblissent la Bible ; mais
l’esprit de ses messages en révèle malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser les
desseins qu’il s’est fixés. Joseph Smith résume les choses comme suit : « Grâce à la
bonté de notre Père, une partie de sa parole qu’il a communiquée à ses saints d’autrefois
est tombée entre nos mains [et] nous est présentée avec la promesse d’une récompense
si nous y obéissons et d’un châtiment si nous y désobéissons » (EPJS, p. 46). Les saints
des derniers jours ont continué à faire confiance à l’exactitude générale des textes
bibliques tout en sachant que le texte peut ne pas toujours être correct. Ainsi, ils étudient
et vénèrent la Bible, particulièrement dans le contexte d’autres Écritures et de la révélation
moderne, qui ont beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont elle doit être interprétée,
et pendant qu’ils étudient, ils méditent et prient pour recevoir l’inspiration de Dieu et
comprendre les messages de la Bible tels qu’ils doivent être appliqués à leur vie (cf. Mro.
10:3-5).
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des
présidents de l’Église a encouragé les saints des derniers jours à lire les Écritures et à
appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures nous le recommandent
aussi (cf. 2 Ti. 3:16 ; 1 Né. 19:23). Exemple de cette importance accordée à la Bible, en
1983, année déclarée « année de la Bible » aux États-Unis, les membres de la Première
Présidence de l’Église ont publié une déclaration énergique à l’appui de la lecture et de
l’application de la Bible : « Nous recommandons à tous les hommes de partout la lecture,
la méditation et l’application quotidiennes des vérités divines de la sainte Bible. » Elle a
aussi proclamé l’attitude de l’Église vis-à-vis de la Bible en disant que « l’Église de JésusChrist des saints des derniers jours accepte la sainte Bible comme essentielle à la foi et à
la doctrine » et que l’Église tient à ce qu’on lise la Bible et qu’on en devienne spécialiste
comme le prouve la publication d’une édition augmentée de la King James Version. « De
plus, ajoutait-elle, la sainte Bible est chaque année le manuel des classes des adultes,
des jeunes et des enfants dans toute l’Église. »
Dans la même déclaration, la Première Présidence met en évidence le rôle et la valeur
de la Bible dans la vie des gens. Elle fait la réflexion que quand « on la lit avec respect et
dans l’esprit de la prière, la sainte Bible devient un volume inestimable, convertissant
l’âme à la justice. Sa vertu principale est sa déclaration que Jésus est le Christ, le Fils de
Dieu, par qui le salut éternel peut être donné à tous. » Elle ajoute la promesse que
« quand nous lisons l’Écriture, nous profitons de ce qu’il y a de mieux dans la littérature de
ce monde » et elle encourage tout le monde à « aller à la source de la vérité en sondant
les Écritures, en les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le Seigneur a
dit par l’intermédiaire des passages inspirés et inspirants de la sainte Bible »
(« Déclaration de la Première Présidence », p. 3).
L’usage que font les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme judéochrétienne parce qu’elle n’est pas la source unique d’autorité pour eux (voir Écritures :
Autorité des Écritures). Les saints interprètent et comprennent la Bible par quatre moyens
importants : (1) les autres Écritures de l’Église qui enrichissent la compréhension des
enseignements bibliques et lui apportent un contexte ; (2) les déclarations des prophètes
et des apôtres modernes sur la signification de certains passages bibliques ; (3) la
traduction de la Bible par Joseph Smith et (4) la révélation personnelle par le don du SaintEsprit, qui améliore la compréhension des Écritures. Les saints des derniers jours ne sont
donc pas laissés sans information sur la signification de beaucoup de passages difficiles
qui divisent le monde chrétien tout entier depuis deux millénaires.
La vision que les saints ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration de Heber
J. Grant, septième président de l’Église, qui a dit : « Ma vie durant, je n’ai cessé de trouver
de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des livres et que le Livre de Mormon
est le plus grand témoin de la véracité de la Bible qui ait jamais été publié » (IE 39, nov.
1936, p. 660).
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard. Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. mormons and the Bible. New York, 1990.
Harrison, Roland Kenneth. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich.,
1969.
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City,
1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible !. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
Nyman, Monte S., ed. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
"Statement of the First Presidency." Church News, Mar. 20, 1983, p. 3.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake
City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
Bible : Croyance des saints en la Bible
Auteur : HEDENGREN, PAUL
L’Église croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte la Bible « comme
le premier de ses livres canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés être ses
guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré que les saints des derniers jours
ont pour la Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes en général »
(AF, éd. française, p. 291).
Les saints des derniers jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible
présente les révélations de Dieu dans plusieurs dispensations ou ères, chacune dirigée
par des prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur instructive et spirituelle
des événements qu’elle décrit. Bien qu’une partie de l’Ancien Testament décrive la loi de
Moïse dont les saints des derniers jours croient qu’elle a été accomplie avec l’expiation du
Christ (3 Né. 9:17), néanmoins les histoires, les commandements, les ordonnances, les
proverbes et les écrits prophétiques de l’Ancien Testament expriment malgré tout les
notions de base de la volonté de Dieu à l’égard de ses enfants et de la façon dont ils
doivent agir envers lui.
Les saints des derniers jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit de la
naissance, du ministère, de l’expiation et de la résurrection du Sauveur, Jésus-Christ. Les
enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent le cœur de la doctrine
des saints et leur prééminence apparaît clairement du fait qu’elles apparaissent
fréquemment dans d’autres ouvrages canoniques de l’Église et dans les écrits et les
discours des saints.
Les écrits des apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés pour leur
doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour leur mise en œuvre de la mission
apostolique de proclamer l’Évangile, d’adhérer aux enseignements originaux du Christ,
d’assurer l’unité de la foi et de favoriser la justice des croyants dans une Église en
croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent aussi dans plusieurs épîtres des
premiers apôtres des mentions de l’apostasie (voir Apostasie) qui a rendu nécessaire le
Rétablissement, avertissant les fidèles qu’ils doivent rester ardents et actifs dans la foi et
fidèles à l’amour de Jésus-Christ.
Malgré leur dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la considèrent pas
comme la source unique d’instruction religieuse et de conseils personnels. Ils étudient
également les récits des relations de Dieu avec d’autres peuples antiques comme ceux
qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que les enseignements du prophète Joseph
Smith et des prophètes et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances ; Autorités générales ;
Traduction de la Bible par Joseph Smith [TJS] ; Perle de grand prix). Les saints des
derniers jours considèrent la révélation personnelle comme la source suprême de l’homme
pour comprendre l’Écriture et connaître la volonté de Dieu.
Quand on les voit comme harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent
et s’éclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à comprendre et à traduire
correctement ces textes.
Les saints des derniers jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils cherchent à
connaître et à appliquer la parole de Dieu partout où elle a été révélée en vérité et avec
autorité. Ils croient que le salut est en Jésus-Christ et pas dans une combinaison
quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, dont on
peut connaître les paroles et les voies par une vie d’étude des Écritures, de service et de
prière, et par révélation personnelle par le pouvoir du Saint-Esprit.
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
Bible : La King James Version
Auteur : OGDEN, D. KELLY
Dans les divers pays où elle est installée, l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours utilise une traduction de la Bible dans la langue locale. Dans les régions
d’expression anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version) (KJV),
principalement parce que c’était le texte anglais de base utilisé par le prophète Joseph
Smith et parce que les dirigeants suivants de l’Église ont approuvé son utilisation. L’Église
ne prétend pas que la KJV est parfaite, mais elle est actuellement la version anglaise
préférée et elle a été utilisée dans l’édition de 1979 et dans les impressions ultérieures de
l’édition de l’Église de la Bible.
Les livres de la Bible ont été écrits à l’origine en hébreu, en araméen ou en grec. Il
n’existe aujourd’hui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont été copiés et traduits en
beaucoup de langues dans l’Antiquité. Beaucoup de papyrus et de parchemins anciens
sont parvenus jusqu’à nous. De nombreuses traductions modernes ont été faites à partir
de ces documents.
De 1604 à 1611, cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la KJV. Ce n’était
pas la première traduction en anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit la Bible à partir
de la Vulgate latine ; une édition révisée avait été publiée en 1388. De 1523 à 1530,
William Tyndale traduisit le Pentateuque de l’hébreu et le Nouveau Testament du grec.
Plus tard encore dans les années 1500, d’autres traductions apparurent, notamment la
Bible protestante de Genève en 1560 et la Bishop’s Bible en 1568. La première eut du
succès auprès des laïcs et la dernière auprès des évêques protestants. La Bible
catholique de Reims-Douai fut achevée en 1609 (l’Ancien Testament en 1582, le Nouveau
Testament en 1609) sur la base de la Vulgate latine.
Dans le but d’aplanir les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James chargea
un groupe de savants de créer une version de la Bible dont l’utilisation serait autorisée
dans les Églises anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont ils disposaient,
principalement « le texte reçu du Nouveau Testament dans les éditions multilingues
(« polyglottes »), présentant les Ancien et Nouveau Testaments en hébreu et en grec
respectivement, et d’autres langues. La lignée longue et respectée des Bibles anglaises
fut aussi diligemment comparée et utilisée.
Le résultat, c’est-à-dire la King James Version, fut publié en 1611. Diverses éditions de
la KJV parurent tout au long des années 1600, ce qui donna lieu à de nombreuses erreurs
d’impression. Les éditions de Cambridge (1762) et d’Oxford (1769) présentaient un texte
révisé, une orthographe mise à jour, une ponctuation corrigée, des italiques accrus et des
notes marginales changées.
Beaucoup d’autres versions anglaises ont paru, particulièrement à la lumière de la
découverte d’autres manuscrits anciens en commençant par la première découverte, en
1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte Catherine dans la péninsule
du Sinaï. Ces traductions ont généralement essayé de rendre les textes antiques dans le
langage contemporain tout en reflétant, autant que possible, la forme des manuscrits les
plus anciens disponibles.
Les saints des derniers jours n’ont pas fait un usage intensif de ces autres traductions.
Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à diluer la nature sacrée de la Bible. Ils
trouvent également que les variantes textuelles antiques sont relativement insignifiantes,
ne changeant habituellement pas les messages importants de la Bible, dont la plupart
sont, de toutes façons, corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
Bien que la KJV ait été sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme
une traduction parfaite ou officielle ; c’est pourquoi il étudia l’hébreu et entreprit la tâche de
faire une révision inspirée des Écritures. Il a fait la réflexion qu’il préférait certains aspects
de la traduction de Martin Luther (HC 6:307, 364) et plusieurs autres dirigeants de l’Église
au XIXe siècle ont souligné le besoin d’une plus grande exactitude et de plus de vérité
dans les traductions de la Bible.
Les dirigeants de l’Église au XXe siècle ont donné diverses raisons au maintien de
l’utilisation de la KJV : c’était la traduction courante utilisée dans le monde d’expression
anglaise à l’époque du Rétablissement ; c’est sa terminologie que l’on retrouve dans tous
les ouvrages canoniques ; un grand nombre de passages du Livre de Mormon, qui sont
parallèles à ceux de la Bible, ont été traduits dans le style anglais de la KJV ; la traduction
de la Bible par Joseph Smith (TJS) était basée sur la KJV, 90 % des versets n’ayant subi
aucun changement. Tous les prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi dans
toutes les publications de l’Église a permis de standardiser les annotations et les index.
Beaucoup considèrent la KJV comme un chef d’œuvre de la littérature anglaise. Elle a
été appelée « le monument le plus noble de la prose anglaise » et elle est certainement la
plus influente ; ses traducteurs « ont montré une grande sensibilité » et le résultat était
« destiné à une influence et à un accueil extraordinaires » (Speiser, p. lxxiii-iv). H. L.
Mencken l’a louée comme étant « probablement le plus bel écrit de toute la littérature du
monde » (Paine, p. viii).
La KJV est une traduction relativement conservatrice. C’est généralement un point fort,
bien qu’elle rende parfois les choses de manière obscure. De plus, sa langue est
maintenant en partie archaïque et grammaticalement incorrecte par rapport à l’usage
actuel et elle n’est pas logique dans l’orthographe des noms dans l’Ancien et le Nouveau
Testament (par exemple, Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des mots identiques dans les
Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment et certaines fautes d’impression
n’ont jamais été corrigées (par exemple, dans Mt. 23:24, « strain at a gnat » aurait dû être
rendu par « strain out a gnat »).
Néanmoins, après avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes, le Président
J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV
était « la meilleure version à ce jour » (Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que les
traducteurs de la KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant le Messie promis et
comme Fils de Dieu et acceptait le don de prophétie, la réalité des miracles et le caractère
unique de l’amour du Christ, alors que les traductions modernes tendaient à favoriser les
explications naturalistes à l’action divine, préféraient le mot « signe » à « miracle » et
utilisaient « amour » au lieu de « charité » et « nommer » au lieu de « ordonner ». Ses
idées ont influencé la plupart des saints des derniers jours. Bien entendu, toutes les
traductions alternatives ne souffrent pas des problèmes relevés par le président Clark.
Bibliographie
Barlow, Philip L. mormons and the Bible, p. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, p. lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
Bible : Édition de la Bible créée par l’Église
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
Une édition de la King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à l’étude a
été publiée en 1979 par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours après sept
années de travail de la part des dirigeants et des érudits de l’Église. Le but était de rendre
l’étude de la Bible plus intéressante pour les membres de l’Église en ajoutant des cartes,
des diagrammes, des définitions, des chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et
des références croisées entre les quatre ouvrages canoniques et aussi de fournir une
édition unique de la Bible pour utilisation dans le programme d’études de l’Église.
Ce projet commença en 1972, vers le moment où l’étude des Écritures devint le sujet
principal du programme d’études des adultes de l’Église. Précédemment, les instructeurs
de l’Église s’étaient principalement appuyés sur des manuels de leçons composés par des
personnes ou des comités. Le travail fut commandité par la Première Présidence, qui créa
un Comité des Aides à l’étude de la Bible pour superviser le projet. Ce comité (appelé plus
tard Comité de publication des Écritures) se composait au départ de Thomas S. Monson,
Boyd K. Packer et Marvin J. Ashton, du Collège des douze apôtres. Ashton reçut plus tard
une autre tâche et Bruce R. McConkie fut nommé à sa place.
Le comité appela des savants, des rédacteurs et des spécialistes en publication de
l’université Brigham Young, du Département d’Éducation de l’Église et de la Deseret Book
Company pour élaborer des aides orientées sur les saints des derniers jours pour
permettre aux lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès les premiers
temps du projet, la Première Présidence décida que le texte de la King James serait utilisé
tel quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de Mormon, les Doctrine et
Alliances et la Perle de grand prix. Chaque verset fut examiné et les sujets et les termes
clefs furent relevés. Des listages d’ordinateur furent créés, qui comportaient de longues
listes de correspondances possibles parmi lesquelles on choisit les citations utiles.
L’accent fut mis sur les références du Livre de Mormon, des Doctrine et Alliances et de la
Perle de grand prix qui permettaient d’éclaircir les passages de Bible ainsi que
d’abondantes références croisées à l’intérieur de la Bible. Elles se retrouvent maintenant
dans les notes de bas de page et dans le Guide par sujet (un index détaillé des sujets et
une concordance modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages de cartes en couleur et
un répertoire complet ont été ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications
concises sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails intéressants pour les saints
des derniers jours. De brèves explications de certains mots ou expressions hébraïques et
grecs furent également incluses comme notes de bas de page, avec environ 600
passages de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (JST). Les sommaires au début
de chaque chapitre de cette édition de la King James donnent une idée du contenu
doctrinal et historique du chapitre d’un point de vue mormon.
Le système de notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette
édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes de la Bible mettent les renvois dans
une colonne centrale de la page, mais ce format limite la quantité de données qu’on peut y
afficher. Un système souple de trois colonnes de notes de bas de page a été conçu pour
chaque page, avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par verset selon les
besoins. Les notes de bas de page contiennent des références croisées à d’autres
Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible, ainsi que des explications sur
les idiomes grecs et hébreux et d’autres éclaircissements.
Une fois que le travail d’érudition et d’édition fut terminé au début de 1978, la
composition commença. La Cambridge University Press à Cambridge (Angleterre) fut
choisie pour la composition, parce que cette presse, l’un des premiers imprimeurs de la
King James Version après sa publication en 1611, a été sans interruption occupée à des
publications de la Bible depuis les années 1500. Son personnel expert joua un rôle d’une
valeur inestimable auprès des membres de l’Église qui travaillaient avec eux à l’édition de
l’exemplaire destiné à la composition et à la préparation des pages finales. La composition
fut entièrement réalisée en Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de telle
manière que chaque note de bas de page se trouve sur la même page que le verset
auquel elle se rapporte. Pour répondre aux besoins des programmes du Département
d’Éducation de l’Église, l’équipe s’imposa septembre 1979 comme date limite pour la
livraison des premiers exemplaires de la Bible. La tâche redoutable de composer et de
paginer 2.423 pages de texte complexe fut menée à bien en mai 1979 après quinze mois
d’efforts intenses.
L’impression et la reliure furent confiées à la University Press et à la Publishers Book
Bindery de Winchester (Massachusetts), qui sous-traitèrent une partie du travail à la
National Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début semblait être un délai
de production irréalisable fut accompli et les premiers exemplaires sortirent le 8 août 1979.
Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent la main de Dieu dans la réalisation de
cette publication monumentale.
Cette édition de la King James Version de la Bible a renforcé l’intérêt pour l’étude de la
Bible dans toute l’Église. Elle a permis aux membres d’avoir une compréhension et une
appréciation accrues et approfondies de la Bible en tant que parole de Dieu. Elle a
également démontré que tous les ouvrages sacrés des saints des derniers jours se
recoupent de nombreuses manières de telle sorte qu’ils se soutiennent et s’enrichissent
mutuellement.
Bibliographie
Anderson, Lavina Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the Bible." Ensign 9
(Oct. 1979) :8-18.
Matthews, Robert J. "The New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU
Studies 22 (Fall 1982) :387-424.
Mortimer, William James. "The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture." Ensign
13 (Aug. 1983) :35-41.
Packer, Boyd K. "Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982) :51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Bible – Érudition biblique
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers jours acceptent l’érudition biblique et l’étude intellectuelle de la
Bible. Joseph Smith et ses associés ont étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné que la
connaissance religieuse s’obtient par l’étude et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant,
les saints des derniers jours préfèrent utiliser l’érudition biblique plutôt que d’être menés
ou dominés par elle.
Le prophète Joseph Smith a proposé quelques paramètres généraux pour l’étude
critique de la Bible par les saints : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans
la mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons aussi que le Livre de Mormon
est la parole de Dieu » (8e A de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent les
prophètes aux savants comme guides spirituels, et l’inspiration de l’Écriture et le SaintEsprit au raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique joue un rôle plus
restreint dans leur spiritualité que dans certaines confessions.
Un principe de fonctionnement fondamental des religions « révélées » est que toute la
vérité ne peut pas être complètement découverte par la seule raison humaine. Sans l’aide
de Dieu, personne ne peut obtenir les données essentielles, les perspectives convenables
et les clefs d’interprétation pour le connaître (voir Raison et révélation). Parce qu’ils croient
que leur religion est révélée par les prophètes vivants de Dieu, les saints des derniers
jours subordonnent la raison humaine à la vérité révélée.
Dans cet ordre d’idées, les saints des derniers jours ont certaines affinités avec
l’érudition biblique conservatrice catholique et évangélique contemporaine. Ils acceptent et
utilisent la plupart des résultats objectifs de l’érudition biblique tels que la linguistique,
l’histoire et l’archéologie, tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et ses
méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les cas où l’érudition biblique et la religion
révélée sont en conflit, les saints des derniers jours s’en tiennent aux interprétations de la
Bible qui apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les enseignements des
prophètes actuels.
De ces observations découlent trois principes de base pour le fonctionnement de
l’érudition biblique chez les saints des derniers jours :
1. Les manières d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la révélation divines
dans le texte biblique original : il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement une
production humaine. Par conséquent, toute méthodologie critique qui ignore ou nie
implicitement ou explicitement la participation importante de Dieu au texte biblique est
rejetée. À de rares exceptions près, comme le Cantique des Cantiques, que Joseph Smith
considérait comme non inspiré (cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité
d’une manière fondamentalement naturaliste. La participation de Dieu est considérée
comme importante tant dans les événements eux-mêmes que dans le processus de leur
mise par écrit. Son activité est donc l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de
l’interprétation des événements et dans la compréhension des textes qui les rapportent.
2. En dépit de l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt de l’influence du
langage humain et n’est pas à l’abri des influences négatives de son environnement
humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations données aux prophètes antiques
aient été parfaitement préservées (cf. 1 Né. 13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est
justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la formulation, la transmission, la
traduction et l’interprétation des documents antiques et proposer les corrections qui
s’indiquent.
3. Ce genre d’érudition critique, en plus de reconnaître les origines divines de la Bible,
doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du Livre de Mormon et des
autres révélations données aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la
Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces sources ont non
seulement la priorité sur les révélations rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10) mais
aident aussi à interpréter le texte biblique.
Les saints des derniers jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire
qu’ils affirment que le texte biblique a une signification précise et objective et que
l’intention de l’auteur originel est à la fois importante et en grande partie récupérable. Pour
cette raison, les savants de l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont orientés vers
les outils plus objectifs de l’érudition biblique, tels que la linguistique, l’histoire et
l’archéologie – tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent être évalués de
manière critique – et ont généralement évité les méthodes plus subjectives de la critique
littéraire.
Les commentateurs mormons de la Bible les plus influents sont James E. Talmage,
Bruce R. McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre de Talmage ait
été accomplie avant beaucoup de découvertes importantes et que celle de McConkie se
soucie moins de faire de l’exégèse critique que de comprendre le Nouveau Testament au
sein de l’ensemble de la doctrine de l’Église.
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City,
1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
But de la vie sur terre
Cette rubrique se compose de deux articles : But de la vie sur terre : Perspective des
Saints – traite de la compréhension que les saints ont du but de la vie. But de la vie sur
terre : Perspective comparative – contraste la compréhension des saints avec celle des
grandes religions du monde.
But de la vie sur terre : Perspective des saints
Auteur : BELL, JAMES P.
Les prophètes modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois questions :
(1) D’où venons-nous ? (2) Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Qu’est-ce qui nous attend
dans l’au-delà ? Le contexte scripturaire de ces questions est l’assurance que l’âme est
éternelle et que la terre a été créée pour que la famille de Dieu y habite.
Tous les hommes et femmes ont vécu comme êtres d’esprit dans un état prémortel et
tous sont la postérité spirituelle de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question, Dieu a
enseigné à toute sa famille ses plans et ses buts. « Lors de la première organisation dans
le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir
le plan de salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145). Tous les enfants d’esprit de
Dieu ont acquis divers degrés d’intelligence et de maturité. Ceux qui ont volontairement
souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont été incarnés et soumis à la lumière du Christ
« qui éclaire tout homme qui vient au monde » (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse
être une épreuve, un voile d’oubli a été tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition mortelle, six buts au moins sont ouverts à l’humanité :
1. Recevoir un corps, dont les expériences et la maturation, et la résurrection
permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de l’âme. « Nous sommes venus
sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume
céleste » (EPJS, p. 145 ; voir Corps physique ; Résurrection).
2. Progresser dans la connaissance et développer des talents et des dons (voir
Intelligence). « Si vous voulez aller là où est Dieu, vous devez être comme Dieu ou
posséder les principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas de Dieu
par le principe, nous nous éloignons de lui et nous dirigeons vers le diable » (EPJS, p.
174).
3. Être mis à l’épreuve. « Nous les mettrons ainsi à l’épreuve, dit le livre d’Abraham,
pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:25).
Dans la condition mortelle, on connaît des contrastes et des opposés – la santé et la
maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les problèmes – et on apprend ainsi à
apprécier le bien. « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour
avoir la joie » (2 Né. 2:25). Cette joie, comme B. H. Roberts, des soixante-dix, l’a écrit,
n’est possible que « si on a sondé les profondeurs de l’âme, éprouvé toutes les émotions
dont l’esprit est capable, testé toutes les qualités et toute la force de l’intellect » (Roberts,
p. 439 ; voir Joie ; Condition mortelle ; Souffrance dans le monde).
4. Remplir et accomplir les missions et les appels qui ont été donnés ou préordonnés
(voir Préordination ; Vie prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de la vie
terrestre qu’elle est un second état et font allusion à la promesse donnée à et par
l’intermédiaire d’Abraham que « ceux qui gardent leur second état [c.-à-d., réalisent les
buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à
jamais » (Abr. 3:26).
5. Exercer le libre arbitre sans souvenir de l’existence prémortelle et donc « marcher
par la foi » et voir « renouvelées et confirmées les réalités prévues dans le monde
d’esprit » (voir Libre arbitre ; Foi en Jésus-Christ).
6. Poser les fondements de relations familiales éternelles, d’abord comme fils et filles,
puis comme pères et mères. La famille unie est l’épitomé de la vie accomplie et sainte
(voir Mariage : Mariage éternel).
La vie à venir est le prolongement et l’accomplissement du séjour sur terre : entrer et
vivre pour toujours en la présence de Dieu. Mais la mise à l’épreuve ne finit pas avec la
mort. Pas plus que les occasions d’entendre, accepter et appliquer les vérités et les
pouvoirs du Christ. En effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les fidèles, « il n’est
pas question de saisir tout cela dans ce monde ; ce sera une grande œuvre que
d’apprendre notre salut et notre exaltation même au-delà de la tombe » (EPJS, p. 282). Il
a ajouté que quand l’esprit est séparé du corps, le processus est quelque peu freiné, d’où
l’importance d’utiliser, pour la rédemption, le temps tandis que l’on est dans la condition
mortelle et la folie de remettre à plus tard son repentir et son renouvellement.
Dans tout cela, la continuité de la vie précédente avec celle-ci et ensuite de cette vie
avec la prochaine est clairement enseignée. La tendance de beaucoup de religions,
orientales et occidentales, à diviser la vie en deux mondes et à affirmer qu’ils sont
absolument distincts et différents est inversée. La vie est changement, transformation et
exaltation. La condition mortelle est une répétition générale en vue du prochain monde.
Là, la lumière, la gloire et la domination seront conférées dans leur plénitude à ceux qui
ont accompli les paroles de la vie éternelle dans ce monde et sont donc préparés pour la
vie éternelle dans le monde à venir.
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More
Comprehensive Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders’ Journal 20, 8
mai 1923, p. 433-439.
JAMES P. BELL
But de la vie sur terre : Perspective comparative
Auteurs : SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
Les religions ont tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand elle se
conforme à un plan cosmique, un plan qui est soit intentionnellement institué par Dieu soit
est le fait d’un cosmos qui est divin d’origine. Pour les saints des derniers jours, l’Écriture
tout entière parle d’un cosmos dont l’ordre est voulu par Dieu. Dans ce contexte, les
Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés de l’importance cruciale du corps
physique, des épreuves, de l’expérience de l’opposition, du caractère éternel de la famille
et de la vision de la joie et de la gloire à l’image de Dieu (voir But de la vie sur terre :
Perspective des Saints).
Les autres conceptions vont dans deux directions. Pour certains, s’il n’y a pas de Dieu
et si le sort ultime de toute vie humaine est l’annihilation personnelle, la vie n’a pas de
sens. C’est la position, par exemple, d’Arthur Schopenhauer. Les existentialistes, qui
affirment, de manière générale, que les humains créent leur propre sens dans un univers
athée et objectivement absurde, prennent une position semblable. D’autres, notamment
certains naturalistes et humanistes, soutiennent que la vie est valable même si les
prétentions des religions au surnaturel sont fausses. Les marxistes, par exemple, affirment
qu’une société calculée, sinon un cosmos ayant un sens, émerge comme une entité
objective sous l’action des processus inexorables de l’histoire.
Certains penseurs affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé de
mystère. L’hédonisme affirme que l’on ne peut pas répondre aux questions sur le sens
ultime des choses et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt calculer un maximum
de plaisir et un minimum de souffrance. Le confucianisme a tendance à ne pas aborder
cette question. Il affirme l’existence d’un ordre spirituel qui est antérieur et supérieur à
l’ordre social, mais se concentre sur les questions relatives aux choses de ce bas monde.
Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même approche, croyant que la vie à venir
est secondaire par rapport à la tâche de créer et de maintenir une communauté sanctifiée
dans ce monde et d’envisager un jour où, pour employer les termes d’une prière
hébraïque vénérable, « le monde sera rendu parfait sous le règne du Tout-Puissant ».
Les saints des derniers jours voient la vie comme un processus en trois étapes : une
existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes les étapes sont essentielles à
l’épanouissement et au perfectionnement de soi, ce qui est l’œuvre et la gloire de Dieu.
On peut caractériser le processus comme étant à la fois de ce monde et hors du monde
(voir Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu ; Condition mortelle ; Préexistence (Existence
préterrestre) ; Résurrection).
Le « mythe de la caverne » de Platon dépeint la condition humaine comme un
asservissement à de fausses croyances et à des illusions que le vrai philosophe vise à
dépasser. Dans le Phédon, Socrate dit que le philosophe « est sans cesse occupé à
poursuivre la mort et à mourir ». Le sage aspire à la séparation de son âme et de son
corps, à l’absence de maladie, de fatigue et des tromperies des sens et à sa libération
dans un monde de contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté au
platonisme, avait la notion de la chute et de l’ascension espérée d’une âme divine, mais
niait fréquemment le caractère bon de l’univers physique et de la Divinité qui l’avait fait. Au
XIIIe siècle, Thomas d’Aquin a proposé l’énoncé classique de la position catholique que le
but le plus élevé de l’homme, même dans ce monde matériel, est « la vie contemplative »,
qui sera rendue parfaite après la mort. Le bonheur des saints consistera en une « vision »
intellectuelle de l’essence divine, pas une vision des yeux, mais une vision de l’esprit. Les
Écritures modernes affirment à la fois la vie de l’intelligence, définie comme la lumière et la
vérité, et la rédemption de l’âme, définie comme étant l’esprit et le corps. Le but de la vie
n’est pas l’évasion mais la transformation – de l’homme, de la communauté et du cosmos.
Dans les grandes traditions religieuses de l’Asie orientale et méridionale, Dieu (ou les
dieux) a parfois un rôle marginal. L’hindouisme enseigne que le désir humain le plus
profond est l’infinité, l’existence, la connaissance et la joie sans fin. On doit donc
rechercher le « mukti », la libération d’avec la finitude et les limitations qui semblent être
l’état normal de l’humanité. Le mot « semblent » est crucial parce que l’hindouisme insiste
sur le fait que derrière les personnalités individuelles et finies se trouve l’Atman-Brahman,
la Divinité elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà infinis ; la libération consiste
simplement – bien que ce ne soit pas aussi simple ! –¬ à reconnaître ce fait. Le
bouddhisme, sorti du terreau hindou et souvent considéré comme une sorte de réforme de
la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de la condition humaine,
bien que ses formes non théistes diffèrent dans la manière dont il explique la nature
humaine. Le Bouddha (le titre vient d’un mot signifiant en gros « être illuminé ») disait que
le problème humain fondamental est le désir d’être séparé et que le but de la vie est
l’extinction de ce désir, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de surmonter, dans
cette vie ou une série de vies, les désirs égoïstes qui sont la source principale de leurs
souffrances et de leur misère. La pensée mormone rejette et la réincarnation et la théorie
de la souffrance humaine comme illusoires (voir Réincarnation ; Souffrance dans le
monde).
La notion que le but de la vie est la libération de l’âme n’est pas étrangère aux religions
de la tradition abrahamique, notamment celle des saints des derniers jours, bien qu’elle ne
soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme dominant. L’affirmation des Écritures
hébraïques que Dieu a déclaré le cosmos matériel « bon » est restée la norme. Pour cette
raison, entre autres, les pensées chrétienne, musulmane et juive traditionnelles
s’accordent pour considérer que le Dieu infiniment bon est directement responsable de la
situation générale dans laquelle les êtres humains se trouvent. Mais aucune tradition ne
souligne plus que celle des saints que chaque être humain s’est « soumis
volontairement » aux conditions de la vie ici-bas (EPJS, p. 262 ; cf. D&A 93:30-31 ; voir
aussi Théodicée). Les saints des derniers jours s’accordent de même pour dire que l’union
finale avec Dieu n’implique aucune perte de l’identité individuelle finie, mais plutôt une
relation avec lui.
L’opinion chrétienne généralement acceptée est exprimée par le Westminster Shorter
Catechism de 1647, qui déclare que « le but principal de l’homme est de glorifier Dieu et
de jouir de lui pour toujours ». Dieu nous a créés pour acquérir de la gloire, ce qui n’était
pas de la vanité de sa part puisqu’il mérite entièrement cette gloire au contraire des êtres
humains – et récompensera ceux qu’il sauve en les faisant jouir de sa présence. On peut
comparer ceci à la position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les mots : « J’étais
un trésor caché mais je souhaitais être connu, c’est pourquoi j’ai créé le monde. » Le but
des êtres humains dans l’islam est donc de se soumettre (aslama) à la volonté de Dieu et
de le glorifier par leurs actes. Le judaïsme et l’islam sont étroitement apparentés dans
l’accent qu’ils mettent sur la loi et la bonne conduite et dans leur déclaration que
l’obéissance aux commandements de Dieu est le but de la vie. Toutefois le judaïsme
diffère de l’islam dans sa croyance que la gamme complète des commandements divins
(mitzvoth) n’incombe qu’aux juifs, les non-juifs n’étant soumis qu’aux quelques
« préceptes noachiques » de base. Par contre, l’islam insiste sur le fait que les exigences
de Dieu sont identiques pour tous les êtres humains. « Je n’ai créé les djinns et les
hommes, dit Allah dans le Coran, que pour m’adorer. »
Certains penseurs protestants ont affirmé que les êtres humains existent pour
manifester les attributs divins, pour incarner dans leur propre vie imparfaite quelque chose
de la gloire de Dieu. On trouve une idée semblable dans la déclaration du catéchisme
catholique de Baltimore que « Dieu nous a faits pour montrer sa bonté et pour partager
avec nous son bonheur éternel au ciel ». Les Écritures modernes affirment que Dieu
partagera non seulement ses dons et son état béni mais aussi sa nature divine (voir
Déification, Premiers chrétiens). Mais les formes catholiques et protestantes de
christianisme s’éloignent l’une de l’autre ; pour la première, les objectifs de Dieu pour
l’humanité se réalisent idéalement dans une vie de culte sacramentel et liturgique, tandis
que la dernière met l’accent sur l’acceptation de la grâce gratuite du Christ. Les saints des
derniers jours affirment qu’une vie de sainteté est impossible sans accès à la grâce du
Christ, l’obéissance librement consentie aux alliances, lois et ordonnances divinement
données dans lesquelles l’expiation et la grâce du Christ se manifestent et ensuite le don
de soi par une consécration totale comme disciple.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et Roger R. Keller. Religions of the World : A Latter-day Saint View.
Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo.,
1946.
DANIEL C. PETERSON
HUSTON SMITH
C
Catholicisme et Mormonisme
Auteurs : BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
Les catholicismes romain et orthodoxe sont basés sur la même tradition théologique.
Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et ont des enseignements qui diffèrent du
mormonisme.
DIEU. Les Églises catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de l'univers
et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit existent
simultanément en une seule nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des
derniers jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le Fils est subordonné au Père et
le Saint-Esprit « est envoyé par la volonté du Père par l’intermédiaire de Jésus-Christ, son
Fils ». Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère qui se révèle
lui-même et dont la manifestation parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le
monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment que Jésus-Christ a une nature
distincte et est une entité séparée du Père, et que de même que Jésus-Christ était et est
visible, incarné et glorifié, de même en est-il du Père (voir Doctrine : Enseignements
distinctifs).
LE CHRIST. Selon la croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est « le Fils
incarné de Dieu ». À la fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ». Pour des
saints des derniers jours, le Christ n'était pas, n'est pas maintenant et ne sera jamais uni
ni en nature ni en substance au Père. Son unité avec le Père est spirituelle en objectif et
en volonté. Jésus, dans la croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair. Il
est entré dans la condition mortelle, sujet à progression, et a accompli la volonté du Père
comme modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout pouvoir sur terre et dans les cieux
que quand il a reçu la plénitude de la gloire du Père (voir Divinité).
L’EXPIATION. Dans les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet
d'accéder à la grâce salvatrice. La mort-résurrection du Christ est l'événement sauveur et
la croix, le symbole du salut. Pour les saints des derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ
a été une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever au-dessus de tout. Il a
souffert « selon la chair » parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon connaître l'angoisse
du péché et de l’état du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur et réconcilier la
justice et la miséricorde. L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification et la
résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du Père, l’homme peut le recevoir du Père par le
Christ. Cette transformation est apparentée à la conception que l’Église orthodoxe a de la
théose. Le but de l’appartenance à l’Église est de devenir, par le Christ, l'image et la
ressemblance de Dieu (voir Expiation de Jésus-Christ ; Déification chez les premiers
chrétiens).
AUTORITÉ. Les catholiques croient que Jésus a accordé son autorité pastorale à
Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire du Christ » et chef de l'Église et que cette
autorité d’enseigner et de sanctifier a été transmise dans une succession ininterrompue
dans l'institution de la Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre était le premier
d’entre des égaux, par conséquent les patriarches ont une autorité égale. Ils attribuent
également une autorité spéciale aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des
derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de l'autorité apostolique, qui avaient
également été conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la prêtrise ne sont pas
indélébiles mais inséparablement liés à la justice. La perte des clefs complètes de la
prêtrise fut due à l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui s’est faite sous
les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout homme
digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la prêtrise avec l'autorité d’accomplir des
ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme patriarche de sa famille.
ÉCRITURE. Pour les catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament
sont « la source inépuisable de la foi chrétienne ». Le canon est fermé. Pour les saints des
derniers jours, le canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des paroles des
prophètes prononcées sous l'inspiration. Il n'y a pas de révélation finale. La révélation est
permanente. Ni les Écritures ni la théologie naturelle ne remplacent « les oracles vivants »
(voir Expérience religieuse ; Révélation ; Écriture).
ÉGLISE. Le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église une
« communion des saints ». Le Saint-Esprit anime l'Église par la grâce, en lui donnant le
pouvoir de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une communauté de salut où
l’on prêche l'Évangile et où l’on reçoit les sacrements. Les saints des derniers jours croient
que le rétablissement de la prêtrise supérieure s’est accompagné de trois éléments perdus
par l'Église du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les offices qui s’y
rapportent, dont un collège de douze apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les dons
spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses pratiques essentielles (voir Dons
de l'Esprit ; Organisation ; Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée sur
le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du Christ dans les sacrements et est
infusée à l'âme. Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les moyens
nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le salut. Les rites ou les ordonnances
mormons sont des processus de nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs
du divin se manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les ordonnances sont
essentielles au salut, depuis le baptême jusqu’aux ordonnances supérieures du temple.
Leur efficacité exige les formes appropriées, l'autorité de personnes ordonnées dans la
prêtrise et la foi et le repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la plénitude du
salut ou exaltation exige la totalité des ordonnances (voir Baptême ; Confirmation ;
Dotation ; Ordonnances du temple).
EUCHARISTIE. Pour les deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement
dans lequel le corps et le sang réels de Jésus sont physiquement présents, c'est-à-dire, la
réalité salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est un vrai sacrifice dans
lequel, par transsubstantiation, les éléments du pain et du vin deviennent le corps et le
sang du Christ. Les orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à la
vénération pour les icônes, qui représentent leur prototype, qui est le Christ. Les saints
des derniers jours voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du Christ.
La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les bénéficiaires qui se présentent le
cœur brisé et l’esprit contrit (voir Sainte-Cène).
MARIAGE ET FAMILLE. Bien que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe
considèrent le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un sacrement accompagné
de grâce qui symbolise le lien entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un
contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les saints des derniers jours
enseignent que la glorification éternelle de la famille et de la communauté des familles
dans l'Église est la possibilité spirituelle la plus élevée qui soit. De même que le grand
prêtre qui officiait dans le temple autrefois était marié et que les apôtres étaient mariés, de
même aujourd'hui le mariage est une ordonnance supérieure que les autres préparent. Le
renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin de compte la famille de
Dieu, est l’œuvre et la gloire propres à une vie de sainteté. Une fois scellées et sanctifiées
par l'autorité de la prêtrise, les alliances, les relations et les devoirs de la condition de
parents continuent dans l’autre monde (voir Célibat ; Mariage : Mariage éternel).
Tout en honorant Marie, les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la
doctrine de l’immaculée conception, de la virginité perpétuelle ni de l'assomption de Marie,
ni de la vénération orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints qui
diffèrent profondément de l'enseignement catholique traditionnel : une modification de la
compréhension classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu, l'existence
prémortelle des esprits de toute l'humanité, l'affirmation que l'esprit est une matière
raffinée, la Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et d’essentiel à la
progression de l'âme au milieu des contrastes et de l'opposition, la dénégation du péché
originel et le refus du baptême des petits enfants, la nature universelle de l'alliance
abrahamique et le remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des degrés
de gloire dans la résurrection.
Bibliographie
Florovsky, Georges. Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont,
Mass., 1972.
McBrien, Richard P. Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York,
1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D. A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
Chasteté, loi de
Auteur : CHRISTENSEN, BRYCE J.
Dans la loi de chasteté, le Seigneur commande la retenue dans l’exercice des pouvoirs
sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé dans l’Écriture, cette loi interdit tous
rapports sexuels en dehors du mariage. Les autorités de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours condamnent également les actes sexuels pervers ou coercitifs
dans le mariage.
« Tu ne commettras point d’adultère » déclare le Seigneur dans le Décalogue (Ex.
20:14). Ailleurs dans l’Écriture, il interdit la fornication, l’homosexualité, l’inceste et la
bestialité (Ex. 22:16 ; Lé. 18:6-23). Enseignant dans l’Ancien et le Nouveau Monde, Jésus
a dénoncé l’impudicité en pensée comme dans les actes (Mt. 5:27-28 ; 3 Né. 12:27-28).
Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon qu’il se « réjoui[t] de la chasteté des
femmes », condamnant l’infidélité des maris comme étant une offense à l’égard des
femmes et des enfants (Jcb. 2:28 ; 31-35). Le prophète Abinadi condamne les prêtres du
roi Noé pour relations avec des prostituées et pour refus de vivre et d’enseigner la loi de
Moïse qui interdit l’adultère (Mos. 12:29 ; 13:22). Alma l’Ancien enseigne à son fils,
Corianton, que le péché sexuel est « extrêmement abominabl[e] par-dessus tous les
péchés, si ce n’est l’effusion du sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit » (Alma
39:5). Mormon déplore la dégénérescence totale des soldats qui violent les prisonnières,
leur ravissant « ce qu’elles avaient de plus cher et de plus précieux, la chasteté et la
vertu » (Mro. 9:9).
Dans la révélation moderne, les dirigeants de l’Église sont tenus d’excommunier les
adultères s’ils refusent de se repentir. Les Doctrine et Alliances condamnent les désirs
adultères comme étant un reniement de la foi, disqualifiant les coupables de la compagnie
de l’Esprit (D&A 42:23-26 ; 63:16). Le prophète Joseph Smith a vu en vision que les
adultères et les fornicateurs non repentants seront avec les menteurs et les sorciers dans
le royaume téleste (D&A 76:103).
Les dirigeants de l’Église ont à maintes reprises insisté sur l’obéissance à la loi de
chasteté. Dans une déclaration officielle en 1942, la Première Présidence a promis « les
exaltations des éternités » à ceux qui restent chastes, déplorant l’immoralité sexuelle,
destructrice des personnes et des nations. « La doctrine de l’Église, a-t-elle dit, est que le
péché sexuel – les relations sexuelles illicites entre hommes et femmes – ne le cède, dans
son énormité, qu’au meurtre. Le Seigneur n’a fait aucune distinction essentielle entre la
fornication, l’adultère et la fréquentation des prostituées ou la prostitution. Chacun est
tombé sous sa condamnation solennelle et terrible » (CR 112, oct. 1942, p. 10-12). Les
violations sexuelles profanent ce qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation qui
nous sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage et de la famille. David O.
McKay a dit que la chasteté est « la partie la plus essentielle des fondements d’un
mariage heureux et… la source de la force et de la perpétuation du genre humain » (CR
137, avr. 1967, p. 8). Les dirigeants de l’Église ne reconnaissent qu’une seule règle de
chasteté pour les hommes et les femmes. Parlant en 1980, Spencer W. Kimball a affirmé :
« La chasteté totale avant le mariage et la fidélité totale après sont toujours la norme dont
on ne peut s’écarter sans qu’il y ait péché, malheur et chagrin » (CR 150, oct. 1980, p. 4).
La loi de chasteté s’applique non seulement au comportement mais également à
l’habillement, à la parole et à la pensée. Il est recommandé aux saints des derniers jours
de s’habiller de manière pudique, d’utiliser un langage digne en parlant des fonctions
corporelles et de cultiver des pensées vertueuses. En conséquence, ils doivent éviter tout
ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma, la télévision et la conversation.
Bien que beaucoup en dehors de l’Église considèrent la masturbation comme normale, les
dirigeants de l’Église enseignent que la pratique est mauvaise, qu’elle alimente des
appétits vils et peut mener à d’autres comportements pécheurs. De même, les couples
non mariés qui se livrent à des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent des
pulsions qui peuvent mener à d’autres péchés.
La chasteté favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45). Parlant
expressément de l’impudicité, Alma écrit que « la méchanceté n’a jamais été le bonheur »
(Alma 41:10). L’Église enseigne que ceux qui se rendent coupables d’infidélité perdent
l’Esprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et leur famille la jalousie, le chagrin, la
colère et la méfiance.
Les personnes coupables d’impudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir
complet. Parce que l’impudicité viole les vœux du baptême et les vœux explicites du
temple, les coupables pénitents doivent confesser ce genre de péché à leur évêque, leur
président de branche ou tout autre dirigeant compétent de l’Église. Après avoir examiné la
transgression dans l’esprit de la prière, le dirigeant de l’Église peut – particulièrement dans
les cas d’adultère, de fornication ou d’homosexualité – réunir une commission disciplinaire
pour aider le transgresseur par le repentir et pour protéger l’intégrité de l’Église. Selon
l’offense et la maturité spirituelle du contrevenant, la commission disciplinaire peut
excommunier, disqualifier, mettre à l’épreuve ou acquitter la personne.
Les commissions disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs qu’ils
demandent pardon aux personnes qu’ils ont entraînées dans le péché sexuel et aux
conjoints trahis par l’infidélité. Les transgresseurs doivent aussi demander pardon à Dieu
en réformant leur vie, en abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu promet
qu’il ne se rappellera pas les péchés de ceux qui se repentent entièrement (És. 1:18 ; D&A
58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids de l’ancien péché (D&A 82:7)
et avoir des conséquences plus graves (D&A 42:26).
Vivre la loi de chasteté n’est pas synonyme d’ascétisme. Il s’agit plutôt de « tenir toutes
[s]es passions en bride, afin d'être rempli d'amour » (Alma 38:12). Dans le mariage,
l’intimité physique renforce le lien voulu par Dieu entre le mari et la femme. En protégeant
l’âme contre l’esprit charnel, la chasteté sauvegarde les joies du mariage dans cette vie et
l’exaltation dans la vie à venir. Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans
le temple, où les saints des derniers jours font solennellement alliance de rester chastes
de manière à pouvoir recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie éternelle (D&A
14:7). En recevant les ordonnances du temple et en restant dignes, le mari et la femme
peuvent accéder à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de promesse, réalisant
ainsi un mariage qui dure au-delà de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture
d’esprit dans les éternités (D&A 132:19 ; cf. 131:1-4).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, p. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel Ideals, p. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
Chrétiens et christianisme
Auteur : KELLER, ROGER R.
L’origine du mot « chrétien » dans le Vieux Monde est obscure. Il a probablement été
utilisé pour la première fois par les païens d’Antioche pour désigner ceux qui suivaient le
Christ. Cependant, vers la fin du premier siècle apr. J.-C., c’était un mot que les membres
de l’Église acceptaient pour parler d’eux-mêmes comme le montrent les écrits d’Ignace (v.
35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans le Nouveau Testament (Ac. 11:26 ;
26:28 ; 1 Pi. 4:16).
Dans le Nouveau Monde (le monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable
pour désigner les membres de l’Église (Mos. 18:12-17 ; Al. 46:13-16 ; 48:10). « Chrétien »
désignait ceux qui étaient « de vrais croyants au Christ » et qui étaient « heureux de
prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on les appelait, à cause de leur
croyance au Christ qui allait venir » (Al. 46:15). Ici le terme « chrétien » désignait ceux qui
croyaient que le Christ viendrait, et pas seulement, comme dans le Nouveau Testament,
ceux qui croyaient qu’il était venu.
Le terme d’abord utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se désigner fut sans
doute le mot grec haguioï, signifiant les « saints ». Les saints des derniers jours ont
adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac. 9:13 ; 32, 41 ; Ro. 1:7 ; 1 Co. 1:2 ;
Ph. 1:1). On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né. 13:5, 9 ; 14:12,
14 ; 2 Né. 9:18-19 ; Mrm. 8:23 ; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36 ; 84:2 ; 88:114 ;
104:15) et la Perle de grand prix (Moï. 7:56).
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ne se considère pas comme une
confession chrétienne de plus, mais plutôt comme le rétablissement par Dieu, dans les
derniers jours, de la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes. C’est ainsi que, dès
les tout premiers temps, les chrétiens saints des derniers jours ont cherché à se distinguer
des chrétiens d’autres traditions. Ils considèrent que les autres formes de christianisme,
quoique contenant beaucoup de vérité et faisant beaucoup de bien sous la direction du
Saint-Esprit, sont incomplètes, dépourvues de l’autorité de la prêtrise de Dieu, des
ordonnances du temple, de la compréhension complète du plan du salut et de la
compréhension non paradoxale de la Divinité. Par conséquent, la désignation « saint »
reflète l’attachement à l’Église du Nouveau Testament et indique également une différence
par rapport au christianisme catholique, orthodoxe et protestant dans la dispensation
actuelle.
En réponse à cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens catholiques,
orthodoxes et protestants ont été réticents à appliquer le terme « chrétien » aux saints des
derniers jours. L’une de ces raisons est que ceux-ci affirment que c’est dans l’Église que
se trouve la seule ligne d’autorité établie par Dieu. Si cette autorité divine n’a pas été
transmise après la mort des premiers apôtres, la Sainte-Cène, les ordinations, les
formulations de croyance et les structures ecclésiastiques des autres groupes chrétiens
sont dépourvues de la sanction divine. Pour beaucoup de chrétiens traditionnels, cette
prise de position place les saints des derniers jours en dehors de la famille chrétienne telle
que définie par certaines confessions de foi et ordonnances admises.
De plus, les saints des derniers jours affirment que Dieu a parlé et s’est manifesté non
seulement aux personnes des temps bibliques, mais également au peuple du Livre de
Mormon, et qu’il continue à parler aujourd’hui à son peuple par la révélation. C’est ainsi
qu’ils ne sont pas toujours considérés comme des « chrétiens bibliques » quand ce terme
exige la croyance que le canon de l’Écriture est complet dans la Bible. Pour les mormons,
Dieu est toujours le Dieu de la révélation continue, ce qui signifie que les credo ne sont
pas définitifs. Il n’est pas de confession, ni même l’ensemble des confessions, qui puisse
englober complètement le dynamisme de Dieu. Il faut l’écouter et ses paroles doivent être
mises par écrit pendant qu’il continue à nous guider divinement par la révélation. Par
conséquent, le canon des saints des derniers jours est ouvert ; les Doctrine et Alliances
deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour les révélations qui affectent toute l’Église ;
et des révélations continuent à être données aux prophètes, aux voyants et aux
révélateurs vivants de l’Église, pour être communiquées aux membres.
Les saints des derniers jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus large du
terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les enseignements de Jésus et qui ont
une relation personnelle avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les catholiques
romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et les saints des derniers jours
comme chrétiens, étant bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours
est la plénitude rétablie de l’Évangile du Christ. La vie des saints des derniers jours est
leur affirmation de leur foi chrétienne. Comme l’a dit Brigham Young : « Si nous ne
sommes pas à l’image du Christ nous ne sommes pas chrétiens » (Watson).
Le christianisme traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien à l’acceptation
de certaines croyances et de certains dogmes. Comme les saints des derniers jours
n’acceptent pas certains dogmes extra-scripturaires, en particulier ceux qui portent la
marque philosophique d’un enseignement chrétien ultérieur au Nouveau Testament,
certains, dans d’autres Églises, estiment que les saints des derniers jours ne peuvent pas
être chrétiens. Ils ne sont pas « orthodoxes » dans ce sens. Mais pour les mormons, les
croyances correctes (orthodoxie) et les comportements corrects (orthopraxie) sont ceux
qui sont conformes à la volonté révélée du Seigneur. Certains des malentendus entre les
communautés traditionnelles et les saints des derniers jours relèvent du point de savoir si,
pour être chrétien, l’on doit d’abord croire aux dogmes traditionnels pour mener « une vie
chrétienne correcte ».
Il y a, dans le Livre de Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme des saints
des derniers jours : « Et nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ,
nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous écrivons selon
nos prophéties, afin que nos enfants sachent vers quelle source ils peuvent se tourner
pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:26). Le Christ et son sacrifice
expiatoire sont, depuis le commencement, le message de base de l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Le Christ a été le message central de tous les prophètes et
apôtres modernes. Ils savent que les prophètes de l’Ancien Testament ont prévu sa
venue, que les apôtres du Nouveau Testament l’ont prêché et ont témoigné de lui, que les
prophètes du Livre de Mormon l’ont annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa
parole à notre génération. Jésus-Christ est le Seigneur vivant de l’Église. Hors de lui il n’y
a pas de salut.
Le président Kimball a déclaré : « Il ne peut y avoir de christianisme réel et vrai, même
avec de bonnes œuvres, que si nous sommes profondément, intimement convaincus que
Jésus-Christ est véritablement le Fils unique du Père qui nous a achetés dans le grand
acte de l’Expiation » (Kimball, p. 68). Il a également exprimé l’espoir que tout le monde
finira par se rendre compte que chaque prière, chaque cantique, chaque sermon chez les
saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément central. « Nous sommes de vrais disciples
de Jésus-Christ et nous espérons que le monde arrivera finalement à la conclusion que,
s’il y a des chrétiens dans le monde, c’est bien nous » (Kimball, p. 434).
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian." In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 571-572.
Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter. "Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 9, p.
27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir. de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City,
1982.
Watson, Eldon J., comp. Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861.
Non publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
Collège des douze apôtres
Auteur : NELSON, WILLIAM O.
Douze hommes ordonnés à l’office d’apôtre dans la Prêtrise de Melchisédek
constituent le Collège des douze apôtres, le deuxième collège président dans le
gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le premier
collège président est la Première Présidence, trois grands prêtres qui ont généralement
été apôtres, qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant les affaires spirituelles et
temporelles de l'Église. Les Douze exercent leurs fonctions sous la direction de la
Première Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces quinze hommes
comme prophètes, voyants et révélateurs pour l'Église, qui reçoivent « une dotation
spirituelle spéciale en rapport avec l’enseignement qu’ils donnent au peuple…. Les autres
Autorités générales ne reçoivent pas cette Dotation et cette autorité spirituelles spéciales
couvrant leur enseignement » (J. Reuben Clark, Jr., Church News, 31 juillet 1954, p. 9).
Plusieurs titres désignent le groupe des douze apôtres : Collège des Douze, Conseil
des Douze ou simplement les Douze. La désignation Collège des Douze est le titre
scripturaire et le nom officiel utilisé par la Première Présidence quand elle présente les
Douze aux membres de l'Église pour leur vote de soutien. La désignation Conseil des
Douze est couramment utilisée dans les publications de l’Église et lorsque l’on
communique avec des personnes d'autres cultes religieux.
HISTOIRE. Les premiers membres du Collège des Douze dans les temps modernes
ont été ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège a ses racines dans le précédent du
Nouveau Testament (Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A 18:26-39). Après
l'expédition du Camp de Sion de 1834, le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux
qui avaient participé et révéla que « c'était la volonté de Dieu que ceux qui étaient allés en
Sion, bien décidés à donner leur vie… fussent ordonnés au ministère » (HC 2:182). Il dit
alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin
Harris) de choisir dans l'esprit de la prière les Douze conformément à une révélation
précédente (D&A 18:37). La Présidence imposa ensuite les mains aux Trois Témoins, leur
donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent choisis : Thomas B. Marsh,
David W. Patten, Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, William E. McLellin,
Parley P. Pratt, Luke S. Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John F. Boynton et Lyman
E. Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres par les Trois Témoins et
reçurent les clefs relatives à leur saint appel. La Première Présidence leur fit aussi
l’imposition des mains et confirma ces bénédictions et ces ordinations (T&S 2, 15 avr.
1845, p. 868). Oliver Cowdery donna ensuite aux Douze la mission de « prêcher l'Évangile
à toutes les nations » (HC 2:195).
Un mois plus tard, les Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent encore
d'autres instructions divines. La réponse fut une révélation qui définissait leurs fonctions et
celles du collège récemment formé des soixante-dix (voir D&A 107:21-39). Les fonctions
premières du Collège des Douze sont d'être « les témoins spéciaux du nom du Christ
dans le monde entier » « officie[r] au nom du Seigneur, sous la direction de la présidence
de l'Église » « pour édifier l'Église et en régler toutes les affaires » et « ouvrir la porte [de
toutes les nations] par la proclamation de l'Évangile de Jésus-Christ » (D&A 107:23, 33,
35 ; cf. 112:16-21 ; 124:128).
Joseph Smith chargea les membres du Collège des Douze de gérer les branches
dispersées de l'Église. Plus tard, il les envoya en mission de prosélytisme dans des pays
étrangers. En 1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les îles
Britanniques. Quand ils quittèrent la Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre
mille personnes étaient devenues membres de l’Église. Ces neuf frères jetèrent aussi les
bases d’un programme continu d’émigration des saints britanniques convertis vers
l’Amérique (voir Îles Britanniques, l'Église dans les ; Mission des Douze dans les îles
Britanniques.)
Le succès missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un
collège soudé sous la direction du président du collège, Brigham Young, nommé le 19
janvier 1841. Quand ils retournèrent au siège de l’Église à Nauvoo (Illinois), Joseph Smith
étendit leurs devoirs à la gestion des affaires du pieu là-bas.
Vers la fin mars 1844, Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les
ordonnances, clefs et autorité qu'il possédait. Décrivant cet événement, Wilford Woodruff
dit que Joseph Smith « a vécu jusqu'à ce que chaque clef, pouvoir et principe de la sainte
prêtrise aient été scellés sur les Douze et sur le président Young en tant que leur
président. » Il cite ensuite l'explication et l'injonction du prophète aux Douze : « J'ai vécu
jusqu'à ce que j'aie vu ce fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur celles d'autres
hommes… les clefs du royaume sont plantées sur la terre pour ne plus jamais être
enlevées… À vous d’arrondir les épaules pour emporter le royaume. Peu importe ce qu’il
advient de moi » (JD 13:164).
Après que des émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin 1844, et que la
Première Présidence eut été dissoute, l'Église affronta pour la première fois la question de
la succession à la présidence. La confusion qui en résulta fut résolue quand le Collège
des Douze, second collège président, s’avança et fut soutenu pour succéder à la Première
Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les Douze gouvernèrent l'Église sous la
direction de leur président, Brigham Young. En leur qualité de collège président, ils
publièrent, en 1845, une proclamation aux rois du monde et au président des États-Unis
d'Amérique (voir Proclamations de la Première Présidence et du Collège des douze
apôtres). Le président Young fut soutenu, le 5 décembre 1847, comme président de
l'Église par les Douze et par les saints réunis en conférence le 27 décembre 1847.
Cette transition dans la direction de l’Église a créé le précédent et l’ordre qui ont été
suivis lors de toutes les réorganisations ultérieures de la Première Présidence. À la mort
d'un président de l’Église, la Première Présidence est dissoute et le Collège des Douze
devient le conseil président de l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen des
apôtres sur la terre, devient l’officier président de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une
nouvelle Première Présidence soit organisée.
Un événement d’une grande importance pour les Douze se produisit à la fin du mandat
du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus de cinq décennies jusque là, les Douze
avaient passé moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à cause de la
nécessité de présider les saints au pays. En outre, les poursuites engagées par le
gouvernement des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains d'entre eux
à l'exil. Peu avant la conférence générale d'octobre 1901, le président Snow rappela aux
Douze que les Écritures leur imposaient le devoir de prêcher l'Évangile au monde entier ; il
ne suffisait pas de présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 689-690.)
À la session finale de cette conférence, le président Snow définit les devoirs des
apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres et des anciens. Les Douze devaient
« s'occuper des intérêts du monde » (CR oct. 1901, p. 61). Le président Snow décéda
quatre jours après la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de ses
instructions. Joseph F. Smith, président du Collège, écrivit : « Nous acceptons ce que [le
président Snow a dit] sur les devoirs des Douze… comme étant la parole que le Seigneur
nous adresse à tous » (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En conséquence, les
Douze renouvelèrent leur effort missionnaire international. Depuis cette époque, sur
directive de la Première Présidence, les Douze ont consacré beaucoup de pays à la
prédication de l'Évangile et continuent à superviser l'œuvre missionnaire dans toute
l'Église.
NOMINATION. Un membre de Collège des Douze est choisi par la Première
Présidence, qui peut envisager plusieurs candidats. La présidence choisit alors une
personne par révélation et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes
principes que le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée par la mort de Judas
Iscariot (Ac. 1:15-26).
Quand une nouvelle nomination au Collège doit être annoncée (habituellement à une
conférence générale), un membre de la Première Présidence présente les noms des
Autorités générales, dont le nouvel apôtre, et des autres dirigeants généraux de l'Église
qui doivent être soutenus par les membres de l’Église. Le soutien respecte le principe du
consentement commun (D&A 26:2).
Après que les membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement appelée, la
Première Présidence et le Collège des Douze l'ordonnent à l’office d'apôtre et lui donnent
toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes clefs que Jésus-Christ a conférées
aux Douze qu’il a appelés à l’époque du Nouveau Testament et également les mêmes
clefs remises par Pierre, Jacques et Jean à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans notre
dispensation. Les clefs données au nouvel apôtre comprennent l'autorité de prêcher
l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur terre des ordonnances qui seront scellées
éternellement (Mt. 16:19 ; 28:19-20 ; Jn. 20:22-23).
Les appels au Collège des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne devient
membre du collège (habituellement celle de son soutien en tant qu'apôtre) situe son
ancienneté dans le Collège. Celle-ci détermine qui sera le prochain président de l'Église,
car cet office passe au doyen des apôtres. Cet ordre divinement révélé désigne l'apôtre le
plus expérimenté comme futur président et empêche toute lutte pour le pouvoir ou le poste
(voir Succession à la présidence).
DEVOIRS. Conformément aux révélations antérieures, les Douze d’aujourd'hui sont
chargés d’ouvrir les nations du monde à la prédication de l'Évangile (D&A 107:35). Par
désignation de la Première Présidence, les membres des Douze rencontrent les chefs
d'État pour obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne l'Évangile
conformément aux lois de ces pays.
Quand ils agissent sous la direction de la Première Présidence, les Douze ont l'autorité
pour recevoir la révélation pour leurs tâches, qui comprennent la supervision des soixantedix, celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A 107:33). Toutefois, seul le
président de l'Église a le droit et l'autorité de recevoir la révélation pour toute l'Église (D&A
28:2-3).
Les membres des Douze font partie de comités créés par la Première Présidence et
d’autres au sein du Collège. Les tâches au sein des comités font l’objet d’une rotation
périodique.
Le Collège des Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent « faire
appel, avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin d'aide » (D&A 107:38).
Les présidents des collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
Les Douze se réunissent dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque
semaine, pour traiter toutes les affaires qui réclament une décision du Collège. Une fois
ces décisions prises, celui-ci les défère normalement à ses réunions avec la Première
Présidence. Ces deux corps constituent ensemble le Conseil de la Première Présidence et
des douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales sur tous les sujets qui affectent
l'Église, notamment les nouveaux appels de dirigeants de l’Église, la fixation des règles,
des marches à suivre et des programmes, la création, la division et la réorganisation des
missions et des pieux. Les collèges de la prêtrise de l’Église s’efforcent de parvenir à
l'unanimité dans leurs décisions, comme le demande la révélation (D&A 107:27). Le
Collège des Douze ne prend aucune mesure tant qu’un consensus n’est pas atteint. Le
président des Douze reporte habituellement le sujet pour un nouvel examen. L'unanimité
dans les collèges présidents de l'Église donne aux membres l’assurance que « la voix
unie de la Première Présidence et des Douze » « n’égarera jamais les saints ni n’enverra
au monde des instructions contraires à la volonté du Seigneur » (Joseph Fielding Smith,
Ensign 2, juillet 1972, p. 88).
La Première Présidence charge les membres des Douze et les autres Autorités
générales de parler aux conférences générales semestrielles de l'Église, mais ne leur
impose normalement pas de sujet. Les membres de la Première Présidence et les Douze
parlent à chaque conférence générale ; les autres Autorités générales parlent
périodiquement quand elles sont désignées. Les membres de l'Église considèrent les
messages de la Première Présidence et des Douze comme inspirés (D&A 68:4).
Chaque pieu a des conférences semestrielles de pieu. Une Autorité générale préside
habituellement l’une de ces conférences par an sur désignation par le président du
Collège des Douze. À cause du nombre considérable et croissant des pieux, les membres
des Douze ne sont généralement désignés pour assister aux conférences de pieu que
pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux existants ou pour réorganiser
des présidences de pieu.
Le président du Collège charge aussi les membres du Collège d’assister aux
conférences là où plusieurs pieux se réunissent ensemble. Ces conférences
multirégionales donnent aux membres de l’Église l’occasion de voir et entendre plus
souvent les membres de la Première Présidence et des Douze.
Les membres des Douze sont les « témoins spéciaux » du nom de Jésus-Christ dans
le monde entier ; ils possèdent la connaissance, par révélation, de la résurrection littérale
du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son Église aujourd'hui. Cette conviction
commune unit les Douze dans un lien d'unité et d'amour.
Bibliographie
Allen, James B., et Malcolm R. Thorp. « The Mission of the Twelve to England, 184041: Mormon Apostles and the Working Classes. » BYU Studies 15, été 1975, p. 499-526.
Esplin, Ronald K., « The Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon
Leadership, 1830-1841 », p. 427-512. Thèse de Doctorat, université Brigham Young,
1981.
Larsen, Dean L. « Apostle and Prophet : Divine Priesthood Callings. » Priesthood, p.
38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “Succession in Presidency.” Church News, 23 mars 1974, p. 7-9.
Smith, Joseph Fielding. “The Holy Apostleship.” DS, vol. 3, p. 144-159.
Id. “The Twelve Apostles.” IE 59, nov. 1956, p. 786-788.
Id. “The First Presidency and the Council of the Twelve.” IE 69, nov. 1966, p. 977-979.
Talbot, Wilburn D. “The Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of
Jesus Christ of Latter-day Saints, 1835-1945.” Thèse de doctorat, université Brigham
Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
Commandements
Auteur : COONS, DIX S.
Les saints des derniers jours croient que les commandements sont des directives
divines pour une vie juste, qu’ils apportent le bonheur et des bénédictions spirituelles et
temporelles et qu’ils font partie de la manière de Dieu de racheter ses enfants et de les
doter de la vie éternelle. Par conséquent, les commandements constituent non seulement
une épreuve de la foi, de l’obéissance et de l’amour pour Dieu et pour Jésus-Christ mais
également une occasion d’éprouver l’amour de Dieu et de la joie dans cette vie et dans la
vie à venir. Les commandements sont donnés par révélation directement de la part de la
Divinité ou par ses prophètes. Les comptes rendus de ces révélations se trouvent dans les
Écritures, qui comprennent la Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, et la
Perle de grand prix.
Le 6 avril 1830, lors de l’organisation de l’Église, Joseph Smith fut désigné comme
voyant, traducteur, prophète, apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit à l’Église :
« Vous prêterez l’oreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith] et à tous les
commandements qu’il vous donnera à mesure qu’il les reçoit, marchant en toute sainteté
devant moi. Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue,
comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5 ; cf. D&A 1:37-38 ; 5:10 ; 68:34).
Sur la base de ces instructions, les membres de l’Église acceptent les instructions justes
de ceux qui sont autorisés par Dieu comme des commandements faisant force de loi sur
l’Église et sur les personnes.
En 1831, le Seigneur redit à l’Église le « premier et grand » commandement (cf. Mt.
22:37-38) : « C’est pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci : Tu aimeras le
Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton pouvoir, de tout ton esprit et de toute ta
force ; et tu le serviras au nom de Jésus-Christ » (D&A 59:5). Cette répétition fut suivie des
injonctions divines précédemment données de ne pas voler, ne pas commettre d’adultère
ni de tuer (D&A 59:6).
Dans les Doctrine et Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la « loi de
l’Église » (D&A 42:2, 59), les versets 19-27 réaffirment beaucoup d’instructions qui se
trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base ont été réitérés lors
de dispensations ou ères successives, essentiellement sous la même forme (Ex. 20:3-17 ;
De. 5:6-21 ; Mos. 12:34-36 ; D&A 42:19-27 ; cf. Mt. 5:17-48).
À l’époque de l’Ancien Testament, comme l’accent était mis sur l’interdiction de certains
actes extérieurs, on insistait apparemment davantage sur les conséquences de la
désobéissance que sur la rédemption spirituelle et physique par l’obéissance (voir Loi de
Moïse). Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon mettent au contraire l’accent sur le
processus purificateur de l’obéissance. Le Christ a bien dit que les commandements
devaient concerner non seulement les actes des hommes et des femmes mais également
leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur la montagne, il oppose l’ancienne loi
et la nouvelle. Par exemple, il définit le fait de regarder une femme avec convoitise dans le
cœur comme un type d’adultère (Mt. 5:28). Se mettre en colère contre son prochain, c’est
se mettre en danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher vengeance et l’
« oeil pour oeil », les disciples de Jésus doivent tendre l’autre joue et faire le deuxième
mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la nouvelle loi, le Christ dit : « Vous avez appris qu’il a
été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez
vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent… Soyez donc parfaits,
comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:43-44, 48 ; cf. 3 Né. 12:43-48).
Aux auditeurs du continent américain qui avaient survécu à la destruction de 34 apr. J.C., le Christ ressuscité a expliqué le rapport entre la loi et l’Évangile : « Ne croyez pas que
je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour
accomplir. Car, je vous le dis en vérité, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre n’est
passé de la loi, mais en moi elle a été toute accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et
les commandements de mon Père, afin que vous croyiez en moi, et que vous vous
repentiez de vos péchés et veniez à moi, le cœur brisé et l’esprit contrit. Voici, vous avez
les commandements devant vous, et la loi est accomplie » (3 Né. 12:17-19). La nouvelle
loi du Christ exige clairement que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs mais
également les pensées et les sentiments intérieurs qui se conforment à l’esprit de la loi (cf.
Al. 12:12-14 ; D&A 88:109).
Dans l’Église d’aujourd’hui, le Seigneur a souligné que parmi ses commandements il y
a la responsabilité de l’individu de se gérer personnellement : « Car voici, il n’est pas
convenable que je commande en tout, car celui qu’il faut contraindre en tout est un
serviteur paresseux et sans sagesse ; c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En
vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup
de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir
d’agir par eux-mêmes » (D&A 58:26-28). Quand la « loi de l’Église » fut donnée en 1831
(D&A 42), cette responsabilité individuelle fut également soulignée : « Tu aimeras ta
femme de tout ton cœur, et tu t’attacheras à elle et à personne d’autre » (42:22), et « Tu
ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » (42:27). Plus tard, le
Seigneur dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu ne
commettras pas d’adultère, ni ne tueras, ni ne feras rien de semblable » (D&A 59:6). Il est
évident que Dieu exige que l’on soit conscient de son libre arbitre et accorde effectivement
à chacun le pouvoir de se diriger. Quand on vit en accord avec les commandements et
que l’on devient de ce fait plus sensible aux chuchotements du Saint-Esprit, les
observances extérieures deviennent moins importantes et l’on accorde plutôt son attention
à la perfection des pensées et des mobiles.
C’est ainsi que les saints des derniers jours trouvent l’épanouissement et le bonheur
dans l’obéissance non seulement à des commandements spécifiques tels que la Parole de
Sagesse (D&A 89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également aux recommandations
que les dirigeants inspirés font lors des conférences de l’Église et dans les sources écrites
approuvées telles que les publications officielles de l’Église.
Bibliographie
Richards, Stephen L. "Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, p. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, p. 82-83.
DIX S. COONS
Confirmation
Auteur : Craven, Rulon G.
La confirmation dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une
ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit le baptême par immersion
pour la rémission des péchés et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ et le
repentir. Elle est conférée par l’imposition des mains par des hommes ayant l'autorité, dont
l'un accomplit l'ordonnance et bénit le candidat. C’est de cette façon qu’on devient
membre de l'Église et que l’on reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le
baptême et la confirmation sont pour les personnes qui ont au moins huit ans, l'âge de
responsabilité (D&A 68:25-27).
La pratique de l'ordonnance de la confirmation est attestée dans les Écritures à
l'époque du Nouveau Testament. Lorsqu’ils allèrent à Samarie et y trouvèrent des disciples
qui avaient reçu le baptême d’eau de Jean, Pierre et Jean « leur imposèrent les mains, et
ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes 8:17; voir aussi les versets 14-22).
La confirmation ne peut être faite que par ceux qui détiennent la Prêtrise de
Melchisédek. Le Livre de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un, de la main les
disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il les eût touchés tous, et leur parla tandis qu’il
les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le Saint-Esprit » (3 Né 18:36-37 ;
Mro. 2:1-3). Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque aura la foi, vous le
confirmerez dans mon Église par l'imposition des mains, et je lui conférerai le don du
Saint-Esprit » (D&A 33:15).
L'ordonnance de la confirmation est habituellement accomplie lors du service de
baptême ou lors d’un service de Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise de
Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau baptisé et le porte-parole, appelant
la personne par son nom, dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ et par
l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek, je vous confirme membre de l'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et je vous dis : ‘Recevez le Saint-Esprit.’ » Il
donne ensuite les bénédictions que lui inspire l’Esprit du Seigneur, invoquant les conseils
divins, prononçant des paroles de réconfort, des exhortations, des instructions ou des
promesses. Il est souvent rappelé aux initiés que, grâce à ce don, ils discerneront le bien
du mal et que l'Esprit les éclairera en chemin.
La réception du don du Saint-Esprit peut ou peut ne pas être manifeste
immédiatement, bien que le droit de recevoir ce don soit conféré à la confirmation.
L'exhortation à recevoir le Saint-Esprit implique qu’il faut vivre de manière à être réceptif
aux lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné : « Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit
sans recevoir des révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur » (EPJS, p. 265). On est
de même exhorté à rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31; D&A
46:9-26) et « les fruits de l'Esprit », notamment l'amour, la joie, la paix et la patience (Ga.
5 ; Mro. 7:45-48).
Les Écritures appellent parfois l'influence sanctifiante du Saint-Esprit le « baptême de
feu » (Mt 3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce processus. Il est
considéré comme une recherche qui dure toute une vie, recherche officiellement
renouvelée chaque sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières se terminent
en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de Jésus-Christ « aient toujours son
Esprit avec eux » (Mro. 4:3).
Une fois qu’une personne a été confirmée membre de l'Église et a reçu le don du
Saint-Esprit, elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les correctifs
nécessaires, dans un processus constant de repentir et de fidélité.
RULON G. CRAVEN
Consécration
[Les deux articles suivants traitent de la notion mormone de consécration.
Consécration : Loi de Consécration, donne un aperçu de l’origine et de la pratique des
principes de la consécration chez les saints des derniers jours. L’article Consécration :
Consécration en Ohio et au Missouri, traite spécialement des efforts des saints pour vivre
ces principes et de l’impact économique qui en est résulté pour les communautés de
saints qui ont été florissantes dans ces États entre 1832 et 1846.]
Consécration : Loi de consécration
Auteur : HIRSCHI, FRANK W.
La loi de consécration a été introduite par des révélations données au prophète Joseph
Smith. Dès 1829, il recevait du Seigneur le commandement : « Cherchez à promouvoir et
à établir la cause de Sion » (D&A 6:6 ; 11:6 ; 12:6 ; 14:6). Dans l’Antiquité, la Sion d’Hénoc
était constituée d’un peuple qui « était d’un seul cœur et d’un seul esprit, et [qui] demeurait
dans la justice ; et il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moï. 7:18). Ces qualités ont
caractérisé le peuple du Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude de l’Évangile dans
sa vie, comme le peuple de la ville d’Hénoc (Moï. 7:17-18) et l’âge d’or des Néphites
(4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les saints des
derniers jours ont également reçu la loi de consécration comme idéal et promesse d’avenir
(D&A 42:32-39).
Le niveau de la consécration requis pour vivre la loi de consécration a de nombreux
échos dans le monde antique. La Bible rapporte des actes de consécration expressément
liés à l’institution d’alliances avec Dieu (par exemple, Ge. 9:8-17 ; No. 6). Le fait
qu’Abraham était disposé à sacrifier Isaac signifie qu’il était totalement dévoué aux ordres
de Dieu (Ge. 22:1-18). L’Exode et le Lévitique mentionnent également divers actes
sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu, principalement de la part d’Aaron et de
ses fils (cf. Ex. 40:12-16 ; Lé. 1-7). Le Nouveau Testament rapporte que les premiers
chrétiens étaient invités à donner la priorité au royaume de Dieu et à avoir « tout en
commun » (Ac. 2, 4, 5).
Après que Jésus ressuscité eut fondé son Église en Amérique vers 34 apr. J.-C., le
peuple du Livre de Mormon observa la pratique de la consécration pendant presque 200
ans. « Le peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du pays, tant
les Néphites que les Lamanites, et il n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi
eux, et tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et ils avaient tout
en commun ; c’est pourquoi il n’y avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni hommes libres,
mais ils étaient tous affranchis et participants du don céleste » (4 Né. 1:2-3).
Le 2 janvier 1831, le Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à Fayette, New York,
qu’autrefois il avait pris à lui la Sion d’Hénoc et lui commanda ensuite d’aller en Ohio
recevoir la loi (D&A 38:4, 32 ; cf. Moï. 7:21). Quand Joseph Smith arriva à Kirtland en
février, il trouva les saints organisés en une société communale appelée « la Famille ». Il
les persuada d’abandonner cette pratique pour « la loi plus parfaite du Seigneur ». Le 9
février, tandis qu’il se trouvait en la présence de douze anciens, il reçut la révélation qui
contenait « la loi de l’Église » (HC 1:146-148 ; D&A 42). Cette révélation introduisait les
lois du gouvernement de l’Église et de la conduite morale pour les membres et énonçait
les principes de base de la consécration (D&A 42:32-39).
Les principes clefs donnés dans les révélations sont conformes à ceux qui sont requis
pour la vie céleste : tout appartient à Dieu et son peuple en est l’intendant (D&A 38:17 ;
104:11-14) ; les hommes doivent estimer les autres comme eux-mêmes (D&A 38:24-27 ;
51:3, 9 ; 70:14 ; 78:6 ; 82:17) ; l’humanité doit conserver le libre arbitre (D&A 104:17) ; les
hommes et les femmes sont rendus égaux selon leurs besoins et la situation de leur
famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A 72:3 ; 104:13-18). Bien que la mise
en application de la loi de consécration des biens révélée au début des années 1830 ait
été temporairement suspendue (cf. HC 4:93), les principes eux-mêmes n’ont pas été
abandonnés.
LES ALLIANCES DE LA CONSÉCRATION AUJOURD’HUI. Le Seigneur a révélé
plusieurs buts de la loi de consécration : amener l’Église à être indépendante de toutes les
autres institutions (D&A 78:14) ; fortifier Sion, l’ornant de beaux vêtements, comme une
jeune mariée préparée et digne de l’époux (D&A 33:17 ; 58:11 ; 65:3 ; 82:14, 18 ; etc.) ; et
préparer les saints pour qu’ils aient une place dans le royaume céleste (D&A 78:7).
À ce sujet, John Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et que lorsqu’ils la
respectent, ceux qui y adhèrent deviennent le peuple céleste (JD 17:177-181). Ainsi, les
hommes et les femmes d’aujourd’hui peuvent devenir comme ceux du temps d’Hénoc,
« d’un seul cœur et d’un seul esprit » sans pauvres parmi eux » (Moï. 7:18). Orson Pratt,
l’un des premiers apôtres, a observé que si le peuple du Seigneur aspire au royaume
céleste, il doit commencer à apprendre l’ordre de vie qui y existe (JD 2:102-103).
APPLICATION DE LA LOI DE CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que l’on
consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à l’Église et à ses objectifs
(D&A 82:19 ; 64:34 ; 88:67-68 ; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre, a fait remarquer
que son fonctionnement était tout simple. Ceux qui entraient dans un tel ordre devaient
mettre tous leurs biens dans un trésor commun, les riches leur richesse, les pauvres leurs
maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une part suffisante, appelée
« héritage », du trésor commun pour permettre à cette personne de continuer dans
l’artisanat, les affaires ou la profession libérale comme elle le désirait. Le fermier recevait
la terre et l’équipement ; l’artisan, les outils et les matériaux ; le négociant, le capital
nécessaire ; la personne exerçant une profession libérale, les instruments, les livres et
autres. Les membres travaillant pour d’autres devaient recevoir des intérêts proportionnels
dans les entreprises qu’ils servaient. Personne ne serait sans propriété. Tous auraient un
héritage (Widtsoe, p. 302-303).
L’héritage d’une personne devait se composer de biens personnels qu’elle devait gérer
de manière permanente et à son gré à son profit et à celui de la famille. Si la personne se
retirait de l’ordre, elle pourrait emporter son héritage, mais elle n’aurait aucun droit sur les
donations ou les biens excédentaires déposés au commencement dans le trésor commun
(D&A 51:3-6). Au bout d’un an ou d’une période déterminée, le membre qui avait gagné
plus que nécessaire pour sa famille devait confier volontairement l’excédent au trésor
commun. Les bénéfices substantiels devaient être administrés par le groupe plutôt que par
une seule personne. Les hommes et les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient
des pertes de fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor général
pour pouvoir recommencer ou pourraient – avec leur accord – être placés dans une
activité convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor général devait installer chaque
personne dans son domaine préféré et s’occuper de ceux qui n’arrivaient pas à tirer profit
de leur héritage. Le trésor général, détenant les excédents des membres, devait
également financer les travaux publics et permettre toutes les entreprises de la
communauté décidées par le groupe (D&A 104:60-77).
J. Reuben Clark, Jr., conseiller dans la Première Présidence, a expliqué que la loi de
consécration, telle qu’elle fut pratiquée, n’était pas une vie entièrement communale. Il n’y
avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté. Les biens qui n’étaient pas
rendus au donateur par le consentement mutuel du donateur et de l’évêque devenaient
propriété de l’Église et étaient mis dans le magasin de l’évêque. Chaque membre de
l’Église avait un accès égal au contenu du magasin selon les besoins et la situation
personnels et les besoins de la famille (Clark, p. 3).
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la
loi de consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson (Ohio) par les membres de la
branche de Colesville venue de New York et installée là. Il y eut des complications quand
un des participants reprit son terrain et que certains des membres partirent pour le
Missouri pour aider à la création du lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse
s’enraciner (Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les améliorations
nécessaires à l’application de la loi en Ohio finirent par échouer. On fit en même temps
une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration et d’intendance au Missouri,
mais l’intolérance et les querelles entre certains des saints ainsi que l’absence de surplus
à consacrer la firent échouer (voir Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
Après ces échecs du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de consécration
aux capacités des saints et révéla la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC 3:44 ;
D&A 119). Bien qu’elle n’exige pas de tout donner au Seigneur, la dîme enseigne les
éléments fondamentaux sur lesquels repose le caractère d’un peuple de Sion : maîtrise de
soi, générosité, amour de ses semblables, amour pour Dieu et désir d’établir le royaume
de Dieu. En donnant la dîme pendant plus d’un siècle, les saints prouvèrent leur capacité
de vivre ce commandement et cela les prépara à accepter aussi le programme d’entraide
présenté en 1936 par Heber J. Grant, président de l’Église (CR, oct. 1936, p. 3). Cinq ans
après, J. Reuben Clark, Jr., observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne et de
l’entraide de l’Église avaient rapproché davantage les membres des principes originaux de
l’ordre uni et de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
Pour ce qui concerne le futur, Sion ne peut être rachetée que par l’obéissance à la loi
de consécration. Le moment venu, les dirigeants du Seigneur mettront en application le
programme. On ignore quel procédé sera révélé, mais les saints des derniers jours
prévoient que tous les participants finiront par adopter les principes de l’intendance, de
l’égalité, du libre arbitre et de la responsabilité et que les buts recherchés dès le départ
seront atteints (D&A 78:7, 14 ; 82:14).
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr. "Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret News,
Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, p. 18-23.
Stewart, George, et al. Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
Consécration : Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur : ANDERSON, KARL RICKS
Les principes de la consécration furent mis en application sous diverses formes dans
les années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux besoins des pauvres et d’une
Église financièrement en difficulté (voir Kirtland, Ohio ; Kirtland, économie). Beaucoup
parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio et au Missouri n’avaient pas les
moyens de s’entretenir et l’Église avait peu de ressources pour construire des bâtiments
tels que le temple ou pour financer des publications. Les diverses mises en application de
la loi de consécration permirent de répondre à ces besoins pratiques ainsi que d’enseigner
aux participants à vivre une loi céleste.
La loi de consécration ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut mise en
application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au Missouri. Sous sa forme de 1831,
la loi de consécration exigeait de tous les participants ou « intendants » qu’ils consacrent
ou transfèrent leurs possessions au magasin de l’Église. L’évêque rendait alors à chaque
personne ou famille une « intendance » en terres, en argent et en autres biens selon ses
justes besoins. Les bénéfices excédentaires produits par ces intendances étaient versés
au magasin pour aider les pauvres et pour servir à d’autres fins générales. Pour
administrer le système, des évêques et des magasins distincts furent installés dans les
deux centres de l’Église : Kirtland et Missouri.
En 1833, la pratique de la consécration fut modifiée pour intégrer la possession privée
des intendances et en 1838, le principe de la dîme introduisit un autre changement. La loi
de la dîme exigeait des saints qu’ils donnent « tout le surplus de leurs biens » à l’évêque
et, par la suite, « annuellement un dixième de tous leurs revenus » (D&A 119:1, 4).
La mise en application de la consécration fut difficile pour les premiers saints des
derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints appauvris du Missouri
furent chassés et persécutés par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises leurs
biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de l’Église furent souvent pris ou détruits (voir
Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des membres avaient besoin
de plus pour leur intendance que ce qu’ils pouvaient contribuer au fonds commun des
ressources. D’autres étaient réticents à donner leur excédent et certains qui avaient quitté
l’Église eurent recours à des moyens juridiques pour récupérer les biens consacrés. Face
à de tels obstacles, les efforts sincères de certains saints fidèles pour mettre la loi en
application sont d’autant plus remarquables.
La Firme Unie, plus généralement connue sous le nom d’Ordre Uni, une entreprise
basée sur les principes de la consécration, fut une deuxième application, plus limitée, de
la consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une branche au Missouri, de mars 1832 à
avril 1834. Une douzaine d’hommes consacrèrent leurs possessions et reçurent des
intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient aller au magasin pour imprimer
les révélations et pour répondre aux autres besoins de l’Église. La firme fut dissoute
quand les remboursements de prêts ne purent être effectués.
La Firme Littéraire, une troisième application des principes de la consécration, dura
plus longtemps que les deux autres. Créée en novembre 1831 pour imprimer les
révélations et d’autres publications pour l’Église, elle fonctionna sous plusieurs formes
jusqu’en août 1837. Après les émeutes de 1833 au Missouri, les travaux d’impression
furent transférés d’Independence à Kirtland. Il y eut jusqu’à huit hommes qui furent
désignés comme intendants des révélations et qui consacrèrent leurs efforts à réaliser la
publication. Bien que constamment assaillie par des problèmes, la société publia les
Doctrine et Alliances (1ère éd.), le Livre de Mormon (2ème éd.) et d’autres livres et
périodiques de l’Église.
Bibliographie
Arrington, Leonard J., Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God :
Community and Cooperation Among the mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
Conseil dans les cieux
Auteur : LUND, JOHN L.
L’expression Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne une
réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles d’esprit pour discuter des modalités et
des conditions selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en tant qu’êtres
physiques. Elle n’apparaît pas dans les Écritures, mais est utilisée par le prophète Joseph
Smith à propos de ces activités prémortelles auxquelles il est fait allusion dans plusieurs
Écritures (Job 38:4-7 ; Jé. 1:5 ; Ap. 12:3-7 ; Al. 13:3-9 ; D&A 29:36-38 ; 76:25-29 ; Moï.
4:1-4 ; Abr. 3:23-28 ; cf. EPJS, p. 281, 289, 296 ; T&S 4, 1er févr. 1843, p. 82).
L’un des buts du conseil dans les cieux était de donner aux esprits l’occasion
d’accepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui proposait la création d’une terre où
ses enfants d’esprit pourraient demeurer, chacun dans un corps physique. Cette vie
servirait de mise à l’épreuve « pour voir s’ils [feraient] tout ce que le Seigneur, leur Dieu,
leur commander[ait] » (Abr. 3:25). Les esprits de toute l’humanité étaient libres d’accepter
ou de rejeter le plan du Père mais ils étaient également responsables de leur choix. La
Création, la Chute, la condition mortelle, l’Expiation, la Résurrection et le jugement final
furent envisagés et expliqués au Conseil (EPJS, p. 177, 281-282 ; MD, p. 163-164 ; voir
aussi Premier état). Le plan prévoyait les erreurs dues au manque d’expérience et au
péché et prévoyait des remèdes. Beaucoup d’esprits furent préordonnés à des rôles et à
des missions spécifiques pendant leur expérience terrestre, en fonction de leur bonne
volonté et de leur fidélité dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester fidèles sur
la terre. Le prophète Joseph Smith explique : « Quiconque est appelé à exercer un
ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand
conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que c’est dans ce Grand Conseil
que j’ai été ordonné à cet office même » (EPJS, p. 296 ; cf. 1 Pi. 1:20 ; Jé. 1:5 ; Abr. 3:2223).
Bien qu’on le présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions multiples
où l’on a enseigné l’Évangile et où des désignations ont été faites. Jésus et les prophètes
ont été préordonnés lors de ce conseil. Un rédempteur devait accomplir la double mission
de racheter l’humanité de la mort physique et de la mort spirituelle causées par la chute
d’Adam et d’assurer la rédemption, après repentir, pour les péchés commis par les
personnes. À un certain moment du conseil, le Père demanda : « Qui enverrai-je [comme
Rédempteur] ? » Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS et comme
Jéhovah, répondit : « Me voici, envoie-moi » et accepta de suivre le plan du Père (Moï.
4:1-4 ; Abr. 3:27). S’inscrivant en faux contre ce plan, Lucifer se proposa moyennant un
amendement au plan de salut conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas le
libre arbitre de l’humanité. La proposition visait également à élever Lucifer au-dessus du
trône de Dieu. La réponse du Père fut : « J’enverrai le premier » (voulant dire Jéhovah).
Lucifer se rebella et devint Satan ou « le diable ». Une division se produisit parmi les
esprits et aucun d’eux ne resta neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap. 12:7-8)
et le tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap. 12:4 ; D&A 29:36). Ces esprits
rebelles furent précipités avec Lucifer sur la terre sans corps physique (Ap. 12:9 ; cf. És.
14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique : « Le conflit dans les cieux provient de ce
que Jésus dit qu’il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas sauvées et le diable dit qu’il
pouvait les sauver toutes et exposa ses plans au grand conseil, lequel donna son vote en
faveur de Jésus-Christ. Le diable se souleva donc contre Dieu, se révoltant contre lui, et il
fut précipité avec tous ceux qui prirent son parti » (EPJS, p. 290). Notre Père céleste et les
esprits fidèles dans les cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses disciples
sont toujours en guerre contre ces esprits qui sont venus au monde dans la condition
mortelle (Ap. 12:9 ; cf. « Guerre dans les cieux » p. 788).
Bibliographie
Bible Dictionary. "War in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of the
Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F. "Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly Councils".
Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs, p. 173-198.
Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
Consentement commun
Auteur : QUINN, ROBERT E.
Le consentement commun est un principe fondamental de la prise de décision à tous
les niveaux de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Quand ils choisissent
de nouveaux dirigeants et prennent des décisions administratives, les dirigeants de
l’Église sont tenus de chercher la volonté de Dieu. Une fois que le Seigneur a fait
connaître sa volonté et qu’une décision est prise, l’affaire est portée devant le collège ou le
groupe concerné de membres de l’Église, lequel est invité à soutenir la mesure ou à s’y
opposer. Grâce à ce processus, l’Église peut être dirigée par révélation, tout en protégeant
le libre arbitre des membres de s’assurer personnellement si les décisions ont été
correctes et prises selon la volonté de Dieu.
Le principe du consentement commun fonctionne dans l’Église depuis son
commencement, bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles ce principe
fonctionne aient évolué sensiblement. La révélation sur le gouvernement de l’Église, reçue
quand elle a été organisée en avril 1830, dit : « Nul ne doit être ordonné à un office dans
l’Église, lorsqu’il y a une branche dûment organisée de celle-ci, sans le vote de cette
Église » (D&A 20:65). Cette règle fut soulignée à nouveau trois mois plus tard : « tout se
fera par le consentement commun dans l’Église » (D&A 26:2). Les pratiques des saints
peuvent avoir été influencées au cours de ces toutes premières années par le modèle de
gouvernement théocratique du Livre de Mormon qui gérait ses « affaires par la voix du
peuple » (Mosiah 29:25-26), et par l’exemple biblique (par exemple, Ex. 24:3 ; No. 27:19).
Il ressort des comptes rendus de certaines réunions et conférences des débuts de
l’Église que beaucoup de dirigeants de l’Église provenant de la Nouvelle-Angleterre
considéraient que les membres devaient être directement impliqués lors des réunions de
prise de décision, notamment en faisant des propositions sur les questions de politique à
suivre, conformément au procédé parlementaire courant dans les réunions publiques, et
en votant quand il s’agissait de prendre les décisions finales. Il arrivait que des membres
exercent à titre personnel la prérogative de convoquer une réunion et, une fois qu’elle était
en cours, n’importe qui avait le droit de s’adresser au groupe. La direction de leurs
réunions suivait le modèle congrégationaliste qu’ils connaissaient bien. Cependant, les
premiers saints des derniers jours ne tardèrent pas à se rendre compte que le fait d’avoir
un prophète à leur tête était une réalité dont il fallait tenir compte dans la prise de décision,
et qu’ils ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste traditionnel sans nier
l’autorité et les révélations que Dieu avait accordées à Joseph Smith, celles-ci étant les
éléments essentiels du rétablissement qui les avaient réunis dans l’Église.
Un incident qui se produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit avoir
reçu des révélations pour la direction de l’Église, mit la question à l’ordre du jour. La
prétention de Page à être un deuxième révélateur, qui sema le trouble chez Oliver
Cowdery et d’autres membres de l’Église, fut l’occasion d’une révélation donnée à Joseph
Smith clarifiant le rôle distinctif de Joseph en tant que prophète. Cette révélation disait
aussi que « tout doit se faire avec ordre et par consentement commun dans l'Église »
(D&A 28:13). L’autorité de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de
président de l’Église continua à être éclaircie les années suivantes par d’autres révélations
(D&A 107:65-67, 91-92) et le principe qu’il fallait obtenir le vote de soutien des membres
de l’Église fut également réaffirmé à plusieurs reprises (D&A 38:34 ; 42:11 ; 102:9 ;
124:144). Lorsque les conseils de prêtrise et les collèges de prêtrise furent introduits dans
l’organisation de l’Église, ce furent surtout eux qui se virent confier la responsabilité de
l’examen général des questions de politique intérieure et de la prise de décision lors des
sessions de conseil et ce fut moins un point de l’ordre du jour des conférences, qui, de
leur côté, se concentrèrent plus sur la prédication de l’Évangile.
Aujourd’hui l’Église continue à fonctionner par révélation divine et consentement
commun. Les appels à des postes dans l’Église à tous les niveaux de l’organisation et
l’ordination à la prêtrise se font par l’inspiration des dirigeants autorisés et sont ensuite
portés devant l’assemblée concernée pour avoir son soutien ou son opposition. Les
membres ne proposent pas des personnes à un office, mais sont invités à émettre leur
vote de soutien aux décisions des conseils de présidence en levant la main droite et
n’importe qui peut émettre un vote d’opposition de la même manière. Ce procédé est
également suivi quand il s’agit d’accepter des révélations importantes et des ajouts aux
Écritures.
Selon une pratique beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs à
tous les niveaux présentent les décisions de politique et les appels aux conseils de la
prêtrise pour que ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau local,
l’évêque discute d’habitude des décisions avec ses conseillers dans l’épiscopat avant de
présenter un sujet au vote de soutien des membres de la paroisse. Sur beaucoup de
décisions de politique et de programmes, l’épiscopat consulte le conseil de paroisse et
s’efforce d’obtenir le consensus dans ce groupe avant d’agir. De la même manière, le
président de pieu consulte ses conseillers dans la présidence de pieu et puis le grand
conseil. La Première Présidence procède de la même façon lors des réunions régulières
avec le Collège des douze apôtres pour ce qui est de la politique générale de l’Église et
des mesures à prendre.
L’unanimité est l’idéal pour tous ces processus de décision à cause de l’importance de
l’unité dans l’Église : « Si vous n'êtes pas un, vous n'êtes pas de moi » (D&A 38:27). Les
trois collèges qui président l’ensemble de l’Église ont une autorité égale dans leur sphère
propre (D&A 107:22-26), mais leurs décisions n’ont « le même pouvoir ou la même
validité » qu’une fois prises « à l’unanimité des voix » du collège (D&A 107:27). Il faut ce
qui semble être de longues périodes pour que des décisions importantes prennent forme
parce que les collèges tiennent beaucoup à réaliser l’unanimité.
À cause de l’accent mis sur la direction divine et prophétique et à cause de normes et
de valeurs bien établies dans les processus de prise de décision, les contestations
publiques concernant une proposition d’appel ou de politique sont rares. Il y a, cependant,
des mécanismes qui permettent de tenir compte des divergences d’opinion. Normalement,
si un ou plusieurs membres trouvent à redire à la mesure proposée, ils sont invités à
rencontrer l’officier président en privé pour lui faire part de la raison de la question ou de
l’objection. Après avoir examiné les objections, les officiers présidents sont libres de
prendre la décision qu’ils pensent être juste.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ».
Journal of Mormon History 1, 1974, p. 21-38.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael. Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
ROBERT E. QUINN
Contributions financières
Auteur : NADAULD, STEPHEN D.
Les membres de l’Église peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs
manières, notamment par le paiement de la dîme, l’offrande de dons de jeûne et des
contributions à l’œuvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un but spécifique et
est basé sur les exhortations des Écritures anciennes et modernes (Mal. 3:8 ; D&A 119:4 ;
cf. 2 Ch. 3:5-12 ; Ro. 15:26).
Le paiement de la dîme est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le
niveau de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours fidèles donnent
annuellement un dixième de leurs revenus à l’Église. Les membres considèrent ces fonds
de dîme comme de l’argent sacré et les dirigeants gèrent soigneusement leur utilisation à
chaque niveau d’organisation de l’Église. La dîme est utilisée pour payer la plupart des
dépenses de fonctionnement de l’Église et finance maintenant aussi la construction de
bâtiments, notamment d’églises et de temples.
Le don de jeûne est un deuxième type de contribution financière attendu de tous les
membres de l’Église. Une fois par mois, ceux-ci doivent se priver de nourriture pour au
moins deux repas et contribuer l’équivalent de l’argent ainsi épargné comme « don de
jeûne » pour aider les pauvres et les nécessiteux. Ces contributions sont réparties aux
niveaux local et général de l’Église ; elles sont partagées selon les nécessités dans toute
l’Église et sont à la disposition des évêques locaux pour aider les personnes
nécessiteuses de leurs paroisses. Dans des circonstances extraordinaires, comme dans le
cas de la famine de 1985 en Éthiopie, l’Église a demandé un jeûne spécial pour lever des
fonds de secours pour un désastre précis (voir Aide économique ; Service humanitaire).
Pendant de nombreuses années, la valeur des deux repas non consommés pendant le
jeûne a déterminé le montant de la contribution mensuelle du don de jeûne. Aujourd’hui,
les dirigeants de l’Église demandent que le montant de l’offrande volontaire soit associé
moins à la valeur des deux repas et plus à la capacité de répondre généreusement aux
besoins.
Un troisième type de contribution fait par les membres de l’Église soutient l’œuvre
missionnaire, une activité importante de l’Église qui est financée en grande partie par les
familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent être « appelés » en mission,
habituellement à dix-neuf et vingt et un ans respectivement et sont responsables de la
majeure partie de leur propre soutien financier, notamment la nourriture, le loyer, les
vêtements et le transport local. Les frais importants de déplacement et de soins médicaux
sont payés par les fonds de l’Église. Les parents et les dirigeants de l’Église invitent les
jeunes à commencer à gagner et à épargner dès leur enfance de l’argent pour leur
mission. Les apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent les
fonds des missionnaires pour constituer le soutien financier total nécessaire. Depuis 1991,
le soutien des missionnaires est donné directement à l’Église à un taux uniforme, mais est
redistribué par l’Église aux missionnaires selon les coûts variables de la vie dans les
différentes régions du service missionnaire. Les couples mariés peuvent aussi être
appelés en mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
Les membres remettent confidentiellement la dîme et les autres dons à leur évêque
local. Chaque évêque de paroisse reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de
l’Église. Avec l’aide du greffier financier, l’évêque remet une fiche de dons aux donateurs
et enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en revue le relevé des dons
avec chaque membre. Les enregistrements des dons sont expédiés au siège de l’Église
selon des pratiques uniformes. Les dirigeants de pieu font des audits réguliers de ces
enregistrements et de ces pratiques.
L’évêque, aidé par d’autres dirigeants de paroisse, établit et envoie un budget annuel
de paroisse qui doit être approuvé par le président de pieu (voir Budget de paroisse).
L’importance du financement est déterminée par le nombre des membres et l’activité de la
paroisse. L’un des résultats de ce procédé est que les dépenses locales sont déterminées
par les besoins locaux et pas par les ressources des membres d’une paroisse donnée.
Jusqu’en 1990, les budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient
essentiellement des dons des membres locaux faits en plus de la dîme, du don du jeûne
et des contributions au fonds missionnaire. Les activités des jeunes et des adultes, les
manuels et le matériel pédagogique, ainsi que l’entretien du bâtiment étaient financés
localement. Depuis 1990, la dîme payée par les membres de l’Église sert à financer tous
les programmes et activités locaux ainsi que l’entretien des bâtiments. Les membres
prennent en charge une partie de l’entretien à titre de service bénévole.
La manière de financer la construction des bâtiments de l’Église a également varié
considérablement avec le temps. Pendant de nombreuses années, la construction des
églises a été financée en grande partie par les contributions des membres locaux qui
allaient utiliser le bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de la
dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés par les membres de l’Église.
L’argent pour le fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une quote-part
aux membres, par toutes sortes de projets de levée de fonds (banquets, fêtes, etc.) et
parfois par des dons de main-d’œuvre et de matériaux (voir Programme de construction).
Les temples, qui sont des bâtiments réservés à des cérémonies religieuses spéciales, ont
été financés pendant de nombreuses années plus ou moins de la même façon que les
églises locales. Aujourd’hui les églises et les temples sont construits en grande partie avec
les fonds de dîme.
L’Église n’ayant pas de clergé professionnel, elle est administrée à tous les niveaux par
la participation et la direction de laïcs et les dirigeants autres que les Autorités générales
donnent de leur temps et de leurs talents sans rémunération. Ainsi, des événements tels
que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont organisés par des laïcs dans les
bâtiments appartenant à l’Église sans que les membres n’aient à payer pour les services
ou les locaux. Étant donné qu’elles sont obligées de quitter leur métier pour œuvrer à
temps plein pour l’Église, les Autorités générales reçoivent une allocation modeste
provenant des revenus procurés par les investissements de l’Église.
STEPHEN D. NADAULD
Conversion
Auteur : SMITH, KAY H.
Depuis le commencement jusqu’à nos jours, l’Église a eu une forte orientation
missionnaire. Elle enseigne que la conversion est essentiellement un processus de
repentir et une expérience spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience
religieuse ; Devenir membre de l’Église).
NATURE DE LA CONVERSION. Les sociologues ont avancé un certain nombre de
théories pour expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à une autre
confession religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion implique plusieurs sousprocessus qui doivent être expliqués, notamment (1) la façon dont le converti prend
conscience du groupe possédant l’idéologie, (2) l’acceptation de nouvelles définitions
religieuses et (3) l’intégration du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et Rodney
Stark voient dans la conversion un processus de résolution de problèmes dans lequel
l’individu utilise les équipements, les programmes et l’idéologie de l’organisation pour
résoudre divers problèmes de la vie. Plus récemment, David A. Snow, Louis A. Zurcher et
Sheldon Ekland-Olson ont mis l’accent sur le fait que la proximité structurelle, la
disponibilité et l’interaction affective avec les membres de la nouvelle confession sont les
influences qui ont le plus de chances de déterminer ceux qui vont s’y rallier. Pour Roger A.
Straus, la conversion religieuse est une initiative de la personne qui se convertit. Il pense
que les théories précédentes se concentrent trop fortement sur l’idée que la conversion
est quelque chose qui arrive à une personne en raison de circonstances externes à ellemême. De même, C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit
être caractérisée comme un choix rationnel basé sur l’évaluation que la recrue fait des
résultats sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.
Il est certain qu’une sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de l’Église
et la résolution de problèmes personnels interviennent dans une certaine mesure au
moins dans certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes qui se
sont converties à diverses Églises, (Snow et Phillips ; Heirich) dont l’Église de JésusChrist des saints des derniers jours (Seggar et Kunz), n’ont pas apporté un grand appui à
la théorie de la résolution de problèmes de Lofland et Stark. Les recherches faites par
David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max Heirich vont plutôt dans le sens de
l’influence des réseaux sociaux dans la conversion.
Les théories scientifiques ne parlent cependant pas de l’influence, dans la conversion,
du Saint-Esprit qui est l’élément dominant dans ce que les saints des derniers jours
entendent par conversion. L’apparition de Jésus-Christ à Paul sur le chemin de Damas
(Ac. 9:1-9) n’entre dans aucune catégorie théorique profane. Paul ne cherchait pas une
nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie. Il n’a pas commencé à servir le
Christ pour être accepté par ses amis. Il a persécuté les chrétiens parce qu’il pensait qu’ils
avaient apostasié de la vraie foi. Homme religieux, il a reconnu la voix de Dieu quand elle
lui a parlé.
On trouve des récits de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple,
tandis qu’ils s’en allaient enseigner que la religion de leurs pères n’était pas vraie, Alma le
Jeune et les fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par l’ange du Seigneur qui leur demanda
pourquoi ils persécutaient les croyants. Alma le Jeune fut frappé de mutisme et tomba par
terre, incapable de bouger. Tandis que son père et d’autres jeûnaient et priaient pour lui
pendant deux jours et deux nuits, il connut une souffrance atroce et finit par implorer la
miséricorde de Jésus-Christ pour qu’il lui ôte ses péchés. Immédiatement, la souffrance
disparut et son âme fut remplie d’une joie exquise (Al. 36:6-22). Il se leva et proclama qu’il
était né de nouveau par l’Esprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah consacrèrent le
reste de leur vie à prêcher le Christ et à faire beaucoup de bonnes œuvres (Mos. 27:8-31 ;
cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de Zarahemla du temps du roi Benjamin
dans Mosiah 4-5).
La plupart des conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et
d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion d’Alma l’Ancien est plus proche de
ce que ressentent la plupart des gens qui deviennent membres de l’Église (Mos. 17:2-4 ;
18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres du méchant roi Noé, au repentir,
Alma sut dans son cœur qu’Abinadi avait dit la vérité. Il se repentit de ses péchés et
commença à garder les commandements, qu’il connaissait déjà. Cela produisit un
changement crucial dans sa vie.
De ces exemples et d’autres récits du processus de conversion, il ressort que la
conversion « n’implique pas une simple acceptation mentale de Jésus et de son
enseignement mais également une foi motivante en lui et en son Évangile, une foi qui
accomplit une transformation, un changement réel dans la compréhension que l’on a du
sens de la vie et dans sa fidélité à Dieu – en intérêt, en pensée et en conduite » (Romney,
p. 1065). La conversion implique une nouveauté de vie, qui est réalisée quand on reçoit le
pardon divin qui remet les péchés (voir Né de Dieu). Elle se caractérise par la volonté de
faire continuellement le bien, l’abandon de tous les péchés et la guérison de l’âme par le
pouvoir du Saint-Esprit, étant rempli de paix et de joie (cf. Romney, p. 1066).
PROCESSUS DE LA CONVERSION A L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES saints des
derniers jours. Les trois sous-processus proposés par Vernon correspondent tout à fait
aux trois aspects les plus évidents de la conversion à l’Église. Le premier est « la façon
dont le converti prend conscience du groupe possédant l’idéologie ». Ceci correspond à ce
qu’on appelle dans les milieux missionnaires mormons « trouver ». Les gens entrent de
différentes façons en contact avec les missionnaires. La source la plus efficace est la
référence donnée par les membres de l’Église qui invitent des amis ou des membres de la
famille à rencontrer les missionnaires pour qu’ils leur parlent de l’Évangile. Une deuxième
manière, c’est le porte à porte par les missionnaires pour inviter les gens à se renseigner
sur l’Église. Ils peuvent également parler avec les gens qu’ils rencontrent dans la rue ou
dans n’importe quelle autre forme de contact social normal. Les missionnaires installent de
temps en temps des stands aux foires ou aux expositions. L’Église met aussi des
annonces dans les médias pour proposer de la documentation sur l’Église. Elle gère
également plusieurs centres de visiteurs, habituellement dans le voisinage d’un temple de
l’Église ou d’un site historique. Les deux les plus connus sont ceux de Temple Square à
Salt Lake City et de la cité historique de Nauvoo, en Illinois. Tous ces centres pour
visiteurs donnent aux personnes intéressées l’occasion d’accepter des visites des
missionnaires pour les instruire.
Le deuxième des sous-processus de Vernon, l’acceptation de nouvelles définitions
religieuses, correspond à la deuxième grande activité missionnaire, l’enseignement. Les
missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut de Dieu. Ils invitent ceux
qu’ils instruisent à en apprendre plus en étudiant la Bible et le Livre de Mormon par euxmêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et témoignent. L’étude est une partie
importante du processus de conversion, parce que l’intellect joue un rôle quand l’ami de
l’Église apprend à comprendre et à méditer la sagesse, la logique et l’éthique des
principes de l’Évangile. Comme B.H. Roberts l’a dit un jour : « Il arrive fréquemment que la
présentation d’un sujet, faite convenablement, rende sa véracité évidente… Pour être
connue, la vérité doit être énoncée et plus l’énoncé est clair et complet, meilleure sera
l’occasion pour le Saint-Esprit de témoigner à l’âme de l’homme que l’œuvre est vraie »
(Vol. 2, p. vi-vii).
Les convertis éventuels sont invités à demander par la prière le témoignage spirituel du
Saint-Esprit pour leur faire connaître la vérité. Comme Roberts l’a dit concernant le Livre
de Mormon : « [Le Saint-Esprit] doit toujours être la source principale de preuve de la
véracité du Livre de Mormon. Toute autre preuve est secondaire à celle-ci, la principale et
l’infaillible. Aucune logique, aussi habilement qu’elle soit construite, aucun argument, aussi
adroitement qu’il soit conçu, ne pourront jamais prendre sa place » (p. vi-vii). Une citation
du Livre de Mormon est généralement utilisée pour inviter le converti éventuel à
rechercher cette manifestation spirituelle de l’exactitude du Livre de Mormon et du
message de l’Évangile : « Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à
demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et
si vous demandez d'un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous
en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. » (Mro. 10:4).
La plupart des convertis à l’Église ne semblent pas avoir des caractéristiques
personnelles qui les prédisposent à la conversion. Bien que ceux qui commencent à
examiner l’Église aient tendance à être plus jeunes que la moyenne de la population et à
être un peu plus souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui acceptera
finalement le baptême. Ceux qui recherchent le baptême n’ont pas tendance à avoir plus
de problèmes personnels que ceux qui n’en veulent pas, et ils ne diffèrent pas non plus de
manière importante des autres personnes dans les traits de caractère ou les dispositions
personnelles.
La conversion à l’Église n’est habituellement pas précipitée. Le processus commence
par les premiers signes d’intérêt et peut continuer pendant de nombreuses années, même
après le baptême. Ce n’est pas simplement une question d’acceptation et de foi aux
enseignements de l’Église. Beaucoup qui acceptent le baptême disent qu’ils ne
comprennent pas entièrement les enseignements, mais qu’ils en sont venus à sentir
qu’accepter le baptême est la bonne chose à faire. La plupart d’entre eux parviennent à
une compréhension et à une acceptation plus complètes de la doctrine de l’Église quand
ils s’intègrent en devenant membres. Ce genre d’intégration est le troisième processus
mentionné par Vernon (voir Intégration des membres).
Devenir membre de l’Église a de plus grandes implications que le simple fait d’adopter
un nouvel ensemble de croyances religieuses. Pour beaucoup de nouveaux membres,
cela signifie adopter un nouveau mode de vie tout à fait différent de celui auquel ils étaient
accoutumés. Pour presque tous les nouveaux membres, cela signifie également qu’ils
s’intègrent à un nouveau réseau social d’amis et de connaissances. Dans certains cas, le
nouveau membre de l’Église est rejeté et banni par la famille et les anciens amis. Cette
transition sociale est facilitée si le nouveau converti s’est précédemment fait des amis et
des connaissances parmi des membres de l’Église.
ŒUVRE MISSIONNAIRE DANS L’ÉGLISE. Ceux qui ont été convertis veulent
habituellement parler de leur nouvelle foi à d’autres (cf. Perry, p. 16-18). Paul, Alma
l’Ancien et Alma le Jeune ont enseigné passionnément la véracité de la mission salvatrice
du Christ tout le reste de leur vie après leur conversion. Pour le converti qui aime les gens,
il y a un équilibre à trouver entre avoir une tolérance véritable pour les croyances des
autres et remplir le désir et l’obligation de leur faire part de la joie de la conversion. Les
grandes religions juives et chrétiennes sont passées par des phases où l’esprit de
prosélytisme était dominant et d’autres périodes où le désir de convertir était restreint
(Marty et Greenspahn).
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a fait un prosélytisme actif dès
ses débuts. Ses dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de proclamer l’Évangile
rétabli « à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6 ; D&A
133:37), à tous ceux qui écoutent. Peu après l’organisation officielle de l’Église, Samuel
Smith, un frère de Joseph Smith, est allé d’un endroit à l’autre, offrant le Livre de Mormon
à ceux qui voulaient bien le recevoir. Les missionnaires n’ont pas tardé à amener des
convertis des États-Unis, du Canada, d’Angleterre, de Scandinavie et d’Europe de l’Ouest.
Quand le gros des membres se fut installé dans l’Intermountain West, l’œuvre
missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de plus en plus donnée aux
jeunes hommes qui ne s’étaient pas encore mariés. Leurs convertis continuèrent à
émigrer vers l’Ouest américain jusque bien après le début du vingtième siècle, malgré le
fait qu’à partir du changement de siècle, les dirigeants de l’Église eussent commencé à
encourager les convertis à rester là où ils étaient et à édifier l’Église dans leur patrie.
Le taux de croissance de l’Église depuis 1860 n’a jamais été inférieur à trente pour
cent par décennie. Depuis 1950, la croissance de l’Église a accéléré (voir Statistiques
démographiques), progressant à plus de cinquante pour cent par décennie de 1950 à
1980 (Cowan).
Ces dernières années, l’Église est devenue de moins en moins une Église confinée à
l’Ouest des États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des membres de l’Église se
trouvaient dans l’Intermountain West, avec seulement dix pour cent en dehors des ÉtatsUnis. En 1980, presque un tiers des membres de l’Église vivaient en dehors des ÉtatsUnis, avec seulement quelque quarante pour cent dans l’Intermountain West. En 1989,
moins d’un converti sur quatre était un citoyen américain.
La croissance de loin la plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis
s’est produite en Amérique latine, en particulier au Mexique, au Brésil, au Chili, au Pérou
et en Argentine (voir Amérique du Sud, l’Église en). Il y a également eu une augmentation
considérable du nombre de baptêmes en Asie et dans les Philippines. En 1979, il y avait
trois missions aux Philippines ; elles sont passées à douze en 1990 et le nombre annuel
des baptêmes de convertis a triplé au cours de cette même période (voir Asie, l’Église en :
Est de l’Asie). De nouvelles missions ont été ouvertes en Europe de l’Est en 1989 et en
1990. En 1990, l’Église avait plus de 40.000 missionnaires à plein temps dans 257
missions dans le monde.
Les saints des derniers jours croient, comme l’a dit le président Marion G. Romney : il
se peut que « relativement peu parmi les milliards d’habitants de la terre soient convertis.
Néanmoins… il n’y a aucun autre moyen par lequel les âmes des hommes malades du
péché puissent être guéries ou pour qu’un monde perturbé trouve la paix » (p. 1067).
Bibliographie
Burton, Theodore M. "Convince or Convert ?" Dans BYU Speeches of the Year. Provo,
Utah, 1964.
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Gartrell, C. David, et Zane K. Shannon. "Contacts, Cognitions, and Conversion : A
Rational Choice Approach." Review of Religious Research 27, sept. 1985, p. 32-48.
Heirich, Max. "Change of Heart : A Test of Some Widely Held Theories About Religious
Conversion". American Journal of Sociology 83, nov. 1977, p. 653-680.
Lofland, John, et Rodney Stark. "Becoming a World-Saver : A Theory of Conversion to
a Deviant Perspective". American Sociological Review 30, 1965, p. 862-875.
Marty, Martin E., et Frederick E. Greenspahn, dir. de publ. Pushing the Faith :
Proselytism and Civility in a Pluralistic World. New York, 1988.
Perry, L. Tom. "When Thou Art Converted, Strengthen Thy Brethren", Ensign 4, nov.
1974, p. 16-18.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, Vol. 2, p. vi-vii. Salt Lake City, 1926.
Romney, Marion G. "Conversion." IE 66, 1963, p.1065-1067.
Seggar, John, et Phillip Kunz. "Conversion : Evaluation of a Step-like Process for
Problem-solving". Review of Religious Research 13, printemps Spring, 1972, p. 178-184.
Snow, David A., et Cynthia L. Phillips. "The Lofland-Stark Conversion Model : A Critical
Reassessment". Social Problems 27, avr. 1980, p. 430-447.
Snow, David A., Louis A. Zurcher, Jr. et Sheldon Ekland-Olson. "Social Networks and
Social Movements : A Microstructural Approach to Differential Recruitment". American
Sociological Review 45, oct. 1980, p. 787-801.
Straus, Roger A. "Religious Conversion as a Personal and Collective Accomplishment".
Sociological Analysis 40, été 1979, p. 158-165.
Vernon, Glenn M. Sociology of Religion, p. 101-112. New York, 1962.
KAY H. SMITH
Cowdery, Oliver
Auteur : ANDERSON, RICHARD LLOYD
Oliver Cowdery (1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par rapport à Joseph
Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième témoin de beaucoup d’événements clefs du
rétablissement de l’Évangile. En tant que l’un des trois témoins du Livre de Mormon, il
témoigna qu’un ange avait montré les plaques d’or et que la voix de Dieu avait proclamé
qu’elles étaient traduites correctement. Il était avec Joseph Smith quand Jean-Baptiste
leur rendit la Prêtrise d’Aaron et quand Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent à la
Prêtrise de Melchisédek et à l’apostolat et de nouveau lors des visions importantes dans le
temple de Kirtland (D&A 110).
Il provenait d’une famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de
patriotisme, d’individualité, d’instruction et de religion. Il naquit le 3 octobre 1806 à Wells,
dans le Vermont. C’est sa sœur cadette qui nous donne les seuls renseignements fiables
sur sa jeunesse : « Oliver a grandi à Poultney, comté de Rutland, Vermont, et quand il est
arrivé à l’âge de vingt ans, il est parti pour l’État de New York où ses frères aînés étaient
mariés et installés… Il a été employé de magasin jusqu’en 1829, quand il a enseigné à
l’école de district de la localité de Manchester » (Lucy Cowdery Young à Andrew Jenson, 7
mars 1887, Archives de l’Église).
Pendant qu’il était en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs
convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de nouveau après que
Martin Harris eut perdu le manuscrit en 1828. Le jeune instituteur pria et reçut les
réponses que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A 6:14-24). La première
histoire du prophète dit que « le Seigneur apparut… à Oliver Cowdery et lui montra les
plaques en vision et… ce que le Seigneur était sur le point de faire par moi, son indigne
serviteur. Par conséquent il était désireux de venir écrire pour que je traduise » (PJS 1:10).
À partir du 7 avril jusqu’à la fin de juin 1829, quand ils finirent la traduction, Joseph
dicta tandis qu’Oliver écrivait, avec « la plus grande gratitude » pour ce privilège
(Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une lettre, exprimant un amour
profond pour le Christ, un thème qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard comment
Joseph et lui interrompirent leur travail tandis qu’ils traduisaient le compte rendu du
ministère du Sauveur en Amérique après sa résurrection, et comment, pendant qu’ils
priaient à propos du baptême, ils entendirent « la voix du Rédempteur » et furent visités
par Jean-Baptiste, qui leur donna l’autorité de baptiser (JS–H 1:71, note).
En 1835, Oliver aida Joseph Smith à corriger et à éditer les révélations pour les
Doctrine et Alliances. La section 27 énumère les principaux messagers de prêtrise du
Rétablissement : Jean-Baptiste, que « je vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith,
fils, et Oliver Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise que vous avez reçue »
(D&A 27:8) et « Pierre, Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par lesquels je vous ai
ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres et témoins spéciaux de mon nom, et
pour que vous portiez les clefs de votre ministère » (D&A 27:12).
La moindre prêtrise fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le prophète
et Cowdery n’aillent s’installer chez les Whitmer à New York pour terminer la traduction du
Livre de Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut également donnée avant
ce déménagement ; David Whitmer se rappelait avoir été ordonné ancien quelques
semaines seulement après leur arrivée dans sa ferme dans le nord de l’État (Whitmer, p.
32). Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la prêtrise pendant que Joseph et
Oliver étaient en route entre leur maison de Pennsylvanie et Colesville, New York (D&A
128:20), où Joseph Knight, père, vivait. Knight se rappelait qu’ils avaient besoin qu’on les
aide à vivre pendant qu’ils traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après l’installation à la ferme de Whitmer, l’ange montra les plaques à Joseph Smith et
aux trois témoins en juin 1829. Oliver supervisa l’impression du Livre de Mormon cet
automne et cet hiver-là. Après la publication du livre, le 26 mars, l’Église fut organisée le 6
avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche suivant, et ce fut « le premier discours
public prononcé par l’un de nous » (HC 1:81).
Peu ont fait mieux que Cowdery dans la logique de l’argumentation et le style soutenu.
De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la connaissance personnelle.
Remplissant d’une manière générale les fonctions de rédacteur ou de rédacteur adjoint
lors des premières publications de l’Église, Oliver écrivit avec une régularité peu commune
pendant deux décennies au cours desquelles ses écrits et ses lettres personnelles furent
édités. Il insistait sur le fait qu’une relation avec Dieu exigeait le contact constant :
« Toutes les fois que [Dieu] a eu un peuple sur terre, il s’est toujours révélé à lui par le
Saint-Esprit, le ministère d’anges ou sa propre voix » (Messenger and Advocate 1:2).
Oliver Cowdery dirigea la mission auprès des Lamanites, première grande mission de
l’Église (D&A 28:8 ; 30:5), qui doubla le nombre des membres de l’Église et porta le Livre
de Mormon aux natifs américains. Après que l’emplacement de temple eut été indiqué en
1831 dans le comté de Jackson, il s’y rendit avec des copies des révélations pour leur
première impression. Comme la publication était essentielle pour répandre l’Évangile et
donner des instructions aux membres, Oliver fut appelé à travailler avec William W.
Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A 55:4 ; 57:11-13). Après que les voyous du
Missouri eurent détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir conseil avec les
dirigeants de l’Église, qui le chargèrent de relocaliser les publications de l’Église là-bas. À
cause de l’importance de disposer d’informations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent
en 1834 en Ohio où beaucoup d’hommes fidèles marchèrent vers le Missouri avec le
camp de Sion pour aider les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans le
comté de Jackson.
En 1830-1831, Oliver Cowdery fut le premier greffier de l’Église, appel qu’il remplit de
nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de l’Église). Même au cours des autres
années, il tint souvent les procès verbaux officiels des réunions et fut souvent rédacteur et
correspondant pour les premiers journaux de l’Église. Il écrivit, pour le Messenger and
Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements sur les débuts de l’histoire
de l’Église. De juin à octobre 1830, il remplit les fonctions de secrétaire tandis que le
prophète achevait des parties importantes de sa Traduction de la Bible.
Une révélation de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après Joseph Smith
dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3), une situation rendue officielle en décembre
1834, quand il fut classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps rempli les
fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait « officier en l’absence du
président, selon son rang et sa désignation, à savoir : le président Cowdery premier, le
président Rigdon ensuite et le président Williams troisième » (PJS 1:21). Cowdery écrivit
que cet appel avait été prédit lors de la première ordination céleste, bien que les devoirs
d’impression au Missouri fussent intervenus : « Cette promesse fut faite par l’ange tandis
qu’il était en compagnie du président Smith, au moment où ils reçurent l’office de la
moindre prêtrise » (PJS 1:21 ; cf. HC 1:40-41). Son poste de second du Prophète – parfois
appelé « président associé » – fut donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après
l’excommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
La carrière d’Oliver dans l’Église atteignit son apogée de 1834 à 1836. Les procès
verbaux et les lettres le décrivent comme un prédicateur, auteur et administrateur
extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe encore, montrant son dévouement à la
religion et à la famille, ses activités politiques, son étude de l’hébreu et le pouvoir spirituel
qu’il partagea lors de l’achèvement du temple de Kirtland. La dernière inscription de
Cowdery dans ce journal, portée le jour de la consécration du temple, dit à propos de la
réunion du soir : « J’ai vu la gloire de Dieu, comme une grande nuée, descendre et
reposer sur la maison… J’ai également vu des langues séparées les unes des autres
comme de feu reposer sur beaucoup … tandis qu’ils parlaient en d’autres langues et
prophétisaient » (Arrington, p. 426).
Oliver fit également allusion à d’autres choses. Un an plus tard, il écrivit un « éditorial
d’adieu ». Après avoir mentionné sa « mission de la part du saint messager » avant
l’organisation de l’Église, il écrivit qu’il fallait s’attendre à de telles manifestations puisque
l’Ancien Testament promettait que Dieu « révélerait son bras glorieux » dans les derniers
jours « et parlerait face à face avec son peuple » (Messenger and Advocate 3:548). Les
mots « face à face » qu’il souligna correspondaient à sa vision récente du Christ le 3 avril
1836 dans le temple, vision qu’il eut en compagnie du prophète (D&A 110:1-10). Ce fut
aussi le moment où ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des clefs spéciales de
la prêtrise de Moïse, d’Élias et d’Élie, terminant le rétablissement des « clefs du royaume »
(D&A 27:6-13) et menant à bien la mission de Cowdery comme « second témoin » de ce
rétablissement. Oliver avait une confiance profonde dans les apparitions divines. En 1835,
il dit aux Douze nouvellement nommés : « Ne cessez jamais de faire des efforts jusqu’à ce
que vous ayez vu Dieu face à face » (HC 2:195).
En dépit de ces expériences spirituelles profondes, les lettres d’Oliver révèlent un
éloignement personnel et familial par rapport à Joseph Smith à partir du début de 1838.
Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith, mais plus tard ils eurent
tendance à concurrencer plutôt qu’à coopérer avec sa gestion. Cowdery n’était pas
d’accord avec le programme économique et politique du prophète et recherchait une
indépendance financière personnelle qui allait à l’encontre de l’économie coopérative
essentielle à la société de Sion que Joseph Smith envisageait. Néanmoins, quand il passa
en jugement pour son excommunication, il envoya une lettre de démission dans laquelle il
insistait sur le fait que la véracité de la révélation moderne n’était pas en question : « Ne
tirez aucune conclusion des considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui
concerne le gouvernement extérieur de cette Église » (Far West Record, p. 165-166).
Ce procès était en rapport avec l’excommunication de John Whitmer et de David
Whitmer, beaux-frères d’Oliver, également à ce moment-là ; ceci était en parallèle avec le
soutien apporté précédemment par Oliver à la famille Whitmer dans la question des
révélations concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal ecclésiastique
examina cinq accusations contre Cowdery : inactivité, accusation d’adultère à l’encontre
du prophète et trois accusations pour avoir commencé à exercer le droit et avoir cherché à
faire payer des dettes après la faillite de la banque de Kirtland (voir Économie de Kirtland).
L’accusation d’adultère portée par Oliver contre le prophète était simpliste, parce qu’il
était déjà au courant du principe du mariage plural. Plutôt que de nier l’accusation, le
prophète témoigna que parce qu’Oliver avait été son « ami intime », il lui avait « confié
beaucoup de choses » (Far West Record, p. 168). Brigham Young dit plus tard que ce
point de doctrine avait été révélé à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de
Mormon (cf. Jcb. 2:30) ; il est clair qu’une compréhension plus complète du principe du
mariage plural fut donnée en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A
130:1-2). Brigham Young ajouta qu’Oliver alla impétueusement de l’avant sans la
permission de Joseph, ne connaissant pas « l’ordre, la façon de faire ni les résultats »
(Charles Walker Journal, 26 juillet 1872, Archives de l’Église). Oliver épousa Elizabeth Ann
Whitmer en 1832, et les problèmes avec la polygamie le poussèrent apparemment, ainsi
que la famille Whitmer, à s’opposer plus tard au principe.
En 1838, après son excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à
ce que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à l’évêque Edward Partridge $1.000 pour la
parcelle du temple à Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph
Cowdery. Ces enfants n’ont jamais existé ; Oliver n’avait pas cet argent et ne montra
aucun intérêt pour le comté de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait, il continua
l’étude du droit et exerça à Kirtland, mais en 1840 il déménagea pour Tiffin (Ohio), où il
devint une personnalité en vue en tant que fervent démocrate. Ses annonces juridiques et
son service public parurent régulièrement dans les journaux locaux et il fut
personnellement mentionné dans les mémoires cordiaux de William Lang, avocat éminent
d’Ohio, qui fit son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme étant un homme
menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre et courtois. Du point de vue
professionnel, Cowdery était décrit comme un « avocat capable », bien informé, avec une
capacité de parole « brillante » ; pourtant « il était modeste et réservé, ne disait jamais du
mal de personne, ne se plaignait jamais » (Anderson, 1981, p. 41).
En 1847, il s’installa au Wisconsin où il poursuivit son métier d’homme de loi et faillit
être élu à la première législature d’État malgré les articles de journaux ridiculisant sa
déclaration publiée d’avoir vu l’ange et les plaques. Au cours des dix années qu’il passa
en dehors de l’Église, Cowdery ne succomba jamais aux pressions considérables l’incitant
à renier son témoignage du Livre de Mormon. En effet, les lettres qu’il écrivit à ses parents
membres de l’Église montrent qu’il était blessé de voir l’Église rejetée mais qu’il continuait
à croire profondément. Estimant que sa réputation avait été diffamée, il demanda une
disculpation publique, expliquant que n’importe qui serait sensible au sujet de sa
réputation « si vous vous étiez tenus en la présence de Jean avec notre frère décédé
Joseph, pour recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de Pierre pour recevoir la plus
grande » (Gunn, p. 250-251).
Ces déclarations contredisent une brochure qu’Oliver aurait prétendument publiée en
1839 comme « Défense » pour avoir quitté l’Église (voir Contrefaçons de documents
historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint Oliver comme incertain d’avoir vu JeanBaptiste. Mais aucun original n’existe, ni aucune allusion à cette brochure pendant le
siècle de Cowdery. Son style emprunte des expressions de Cowdery qui ont été publiées
mais réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon plus maladroite, appelée
« Confession d’Oliver Overstreet », qui prétend que l’auteur a été suborné pour
personnifier Cowdery et retourner dans l’Église. Des documents abondants prouvent
qu’Oliver est revenu à Council Bluffs (Iowa) en 1848 avec sa femme et sa jeune fille.
Des journaux intimes et des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées
par Oliver Cowdery à son retour dans l’Église. Il voulait uniquement être rebaptisé et
retourner dans la communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara publiquement qu’il
avait vu et manipulé les plaques du Livre de Mormon et qu’il était présent avec Joseph
Smith lorsque « de saints anges » avaient rendu les deux prêtrises (Anderson, BYU
Studies, 1968, p. 278). Le grand conseil l’interrogea soigneusement sur sa lettre (à David
Whitmer) publiée dans laquelle Oliver prétendait qu’il conservait les clefs de la direction de
la prêtrise après la mort de Joseph Smith. C’était son avis, dit Oliver, avant de voir la
révélation de Nauvoo donner tous les pouvoirs à Hyrum Smith « qui furent autrefois placés
sur celui qui était mon serviteur Oliver Cowdery » (D&A 124:95). « C’est cette révélation
qui a changé mon point de vue à ce sujet » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
Comme elle s’était mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille
Cowdery fut forcée de passer l’hiver à Richmond (Missouri), où vivait la majeure partie de
la famille Whitmer. Les lettres écrites pendant toute l’année 1849 répètent l’espoir d’Oliver
de partir pour l’Ouest et révèlent également son manque de moyens. Elles disent qu’il
crachait du sang, un problème respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter la
vie le 3 mars 1850. Le tribunal de circuit enregistra une résolution de ses collègues
avocats selon laquelle dans la mort d’ « Oliver Cowdery, sa profession [avait] perdu un
membre doué et la collectivité, un citoyen précieux et digne » (Anderson, 1981, p. 46).
David Whitmer et d’autres parents vivant près d’Oliver Cowdery dans sa dernière
année affirmèrent plus tard qu’il était en désaccord avec beaucoup de points de doctrine
de Kirtland et de Nauvoo, mais les critiques d’Oliver connues avec certitude à l’époque ne
concernent que l’intolérance et une inquiétude permanente concernant la polygamie.
David Whitmer considérait Joseph comme un prophète déchu, mais en 1848, Cowdery dit
publiquement et en privé « que Joseph Smith avait accompli fidèlement sa mission devant
Dieu jusqu’à la mort » (Geo. A. Smith à Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et « que
la prêtrise était avec ce peuple et que « les Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient
diriger l’Église après la mort de Joseph » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 18). Dans sa
dernière lettre connue, Oliver accepta, de la part des Douze, la mission de faire du
lobbying à Washington et reconnut la direction des « bons frères de la vallée de [Salt Lake
City] » (Gunn, p. 261).
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery (1815-1892), la femme d’Oliver, l’avait connu quand il
écrivait sous la dictée pendant la traduction du Livre de Mormon. Elle dit à propos de son
engagement indéfectible : « Il a toujours affirmé sans l’ombre d’un doute… la divinité et la
véracité du Livre de Mormon » (Anderson, 1981, p. 63). Cette assurance a résisté à
l’épreuve de la persécution, de la pauvreté, de la perte de standing, d’une santé défaillante
et de la mort tragique de cinq de ses six enfants. Mourant à quarante-trois ans, Oliver était
entouré par les membres de sa famille qui ont dit qu’il avait réaffirmé la divinité du Livre de
Mormon et de la prêtrise rétablie – et avait exprimé une confiance totale au Christ. Juste
avant rejoindre l’Église, il exprima ses espoirs intérieurs dans une lettre à David Whitmer,
qui avait été témoin avec lui : « Que le Seigneur défende notre réputation et fasse briller
notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés dans son royaume » (Oliver
Cowdery à David Whitmer, 28 juillet 1847, Ensign of Liberty, 1:92).
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Reuben Miller, Recorder of Oliver Cowdery's Reaffirmations."
BYU Studies 8, printemps 1968, p. 277-293.
Id. "The Second Witness of Priesthood Restoration". JE 71, sept. 1968, p. 15-24 et 71,
nov. 1968, p. 14-20.
Id. Investigating the Book ofMonnon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Arrington, Leonard J. "Oliver Cowdery's Kirtland, Ohio, 'Sketch Book."' BYU Studies 12,
été 1972, p. 410-426.
Cannon, Donald Q. , et Lyndon W. Cook. Far West Record. Salt Lake City, 1983.
Gunn, Stanley R. Oliver Cowdery, Second Eider and Scribe. Salt Lake City, 1962.
Jessee, Dean C. "Joseph Knight's Recollection of Early Mormon History". BYU Studies
17, 1976, p.36.
Porter, Larry C. "Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign 9, juin
1979, p. 5-10.
Whitmer, David. Address to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
Création, récits de la Création
Auteurs : Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
Les saints des derniers jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations
modernes de récits scripturaires antiques de la Création dans le livre de Moïse et le livre
d’Abraham. Des informations faisant autorité sur le sujet apparaissent également dans le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la cérémonie du temple. Puisant dans cette
abondance de textes sur la création, les saints des derniers jours comprennent que JésusChrist, agissant sous la direction de Dieu le Père, a créé ce monde-ci et d’autres pour
rendre possible l’immortalité et la vie éternelle d’êtres humains qui existaient déjà comme
enfants d’esprit du Père. Cette compréhension diffère des récits scientifiques et des récits
traditionnels chrétiens parce qu’elle affirme le but et le rôle de Dieu, tout en reconnaissant
la création comme l’organisation de matériaux préexistants et pas comme un événement
ex nihilo (création à partir du néant). En outre, ces récits décrivent un rôle actif pour les
enfants d’esprit de Dieu dans la création et contiennent une version plus détaillée des
origines du mal.
L’occurrence fréquente de récits de la création dans les Écritures et les cérémonies
sacrées mormones correspond à ce que l’on trouve d’une manière générale dans le
monde antique, et dans l’Israël antique en particulier, où la Création était régulièrement
récitée ou rejouée. Les Israélites et les autres peuples du Proche-Orient antique
considéraient la Création – et notamment sa récitation et sa reconstitution rituelles –
comme possédant une nature dynamique, pas statique. Selon Raffaele Pettazzoni, un
historien bien connu des religions, « ce qui s’est produit au commencement a une valeur
exemplaire et déterminante pour ce que se passe aujourd’hui et ce qui arrivera à l’avenir »
(p. 26).
La Création joue un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les événements
entourant la Création sont liés à la chute de l’ange qui est devenu le diable (2 Né. 2:17 ;
9:8). Sa chute a, à son tour, mené à celle d’Adam, à l’opposition comme partie intégrante
de la condition mortelle et, finalement, au besoin de rédemption divine de l’humanité
(2 Né. 2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la Création comme un
symbole de la bonté de Dieu et comme une pierre de touche de l’intendance humaine :
« Voici, le Seigneur a créé la terre afin qu’elle soit habitée ; et il a créé ses enfants afin
qu’ils la possèdent » (1 Né. 17:36). Ceux qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée par la
Création (et l’Expiation) seront inévitablement jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
Le récit de la Création dans le livre de Moïse (révélé en 1830 comme commencement
de la traduction de la Bible par Joseph Smith) apporte plusieurs informations en plus de
celles qui sont dans la Genèse.
D’abord, le livre de Moïse montre que Moïse est bien l’auteur de son récit de la
Création et précise que celui-ci est le résultat d’une révélation qui lui a été donnée à un
certain moment entre l’épisode du buisson ardent et l’exode (Moï. 1:17, 25).
Deuxièmement, il éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la Création : « Et je les ai
créées [ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils
unique, lequel est plein de grâce et de vérité » (Moï. 1:32-33) ; « Puis moi, Dieu, je dis à
mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement : Faisons l’homme à notre
image » (Moï. 2:26-27) ; « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à mon Fils unique : Voici,
l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Moï.
4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le Nouveau
Testament (Jn. 1:3, 10 ; Ép. 3:9 ; Col. 1:13-16 ; Hé. 1:2, 10).
Troisièmement, la Création est placée dans un contexte beaucoup plus vaste de
créations continuelles de terres habitées innombrables avec leurs cieux respectifs (dans
lesquels le Christ a joué un rôle central) : « Et j’ai créé des mondes sans nombre ; et je les
ai également créés dans un dessein qui m’est propre, et je les ai créés par le Fils, qui est
mon Fils unique… pour le mien possèdent le but ; et par le fils je les ai créés, qui est le
mien seulement engendré…. Et lorsqu’une terre et ses cieux passeront, une autre viendra.
Et il n’y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles. » (Moï. 1:33, 38 ; voir aussi Mondes).
Moïse reçoit des détails de la création de « ce ciel, et cette terre » seulement (Moï. 2:1 ; cf.
1:35).
Quatrièmement, l’origine du mal est retracée jusqu’à la rébellion de Satan, qui
cherchait (1) à remplacer le Fils bien-aimé de Dieu, qui « était [l’]élu depuis le
commencement » et (2) à recevoir et à utiliser le pouvoir de Dieu de racheter tous les
humains en détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). L’importance du libre arbitre humain
est réaffirmée dans le commandement donné à Adam et à Ève au sujet de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du
bien et du mal ; néanmoins, tu peux choisir par toi-même, car cela t’est donné ; mais
souviens-toi que je le défends, car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Moï. 3:17).
Cinquièmement, le récit dans Moïse précise que tous les êtres vivants ont été créés
spirituellement dans les cieux avant leur création physique sur la terre : « Moi, le Seigneur
Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j’ai parlé, avant qu’elles fussent
naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le Seigneur Dieu, j’avais créé tous les
enfants des hommes, mais pas encore d’homme pour cultiver le sol ; car c’est dans le ciel
que je les avais créés ; et il n’y avait pas encore de chair sur la terre, ni dans l’eau, ni dans
l’air » (Moï. 3:5).
Certains commentateurs mormons ont exploré la possibilité que le récit de Moïse
puisse résoudre le conflit existant dans l’ordre des actes créateurs de Dieu entre Genèse
1 et Genèse 2 en traitant la première comme une création d’esprit (O. Pratt, p. 21-22 ;
Roberts, p. 264-268 ; cf. DS1:74-76 qui expose un point de vue différent). Les révélations
ultérieures expliquent que la création d’esprit de l’humanité avait eu lieu longtemps avant
que les événements décrits dans aucun des récits de la création de la terre. Dieu, notre
Père céleste, est littéralement le « Père des esprits » (Hé. 12:9). « L’homme comme esprit
a été engendré et est né de parents célestes et a été élevé jusqu’à sa maturité dans les
demeures éternelles du Père avant de venir sur la terre dans un corps temporel » (voir
Première Présidence, « L’origine de l’homme », nov. 1909 [Annexe] ; voir aussi Corps
d’esprit).
Le récit abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création. Il décrit un cosmos
structuré, avec beaucoup d’étoiles, les unes au-dessus des autres, avec leurs différentes
périodes et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte, Abraham se
renseigne également sur les esprits éternellement existants, l’un au-dessus de l’autre en
intelligence, jusqu’au « Seigneur, ton Dieu », qui est « plus intelligent qu’eux tous » (Abr.
3:19 ; voir les discours cités dans la bibliographie). On lui montre un groupe d’intelligences
organisées (ou esprits ou âmes, les mots sont ici utilisés l’un pour l’autre), au-dessus
desquelles règne Dieu et parmi lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu « au
commencement » est descendu parmi elles et a dit de certaines qui étaient « nobles et
grandes » : « De ceux-ci je ferai mes gouverneurs… et il me dit : Abraham, tu es l’un
d’eux ; tu fus choisi avant ta naissance » (Abr. 3:18-23). L’un des buts de cette assemblée
prémortelle dans les cieux est formulé par quelqu’un « parmi eux qui était semblable à
Dieu » qui dit à ceux qui sont avec lui : « Nous descendrons là-bas… et nous ferons une
terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir
s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:24-25). Ceci est
suivi d’une mention de la gloire qui sera accordée à ceux qui se montrent dignes, du choix
de quelqu’un « qui était semblable au Fils de l’Homme » (qui doit être envoyé pour réaliser
ceci) et du rejet de Satan, le tout fait par « le Seigneur », qui est identifié ailleurs comme
étant Jéhovah (Abr. 3:25-28 ; cf. Abr. 1:15-16 ; 2:7-8). Ensuite, « le Seigneur dit :
Descendons », sur quoi les Dieux « organisèrent et formèrent les cieux et la terre » (Abr.
4:1). Un élément important de ce récit révélé est que l’espace et les matériaux pour créer
la terre existaient explicitement avant sa création.
C’est dans ce contexte de l’assemblée divine, ou Conseil dans les cieux, que le récit
d’Abraham concernant la Création va de l’avant en suivant, de manière générale, la
structure de la Genèse. Au moment où il publia cette « traduction » en 1842, Joseph Smith
avait acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à des révélations
supplémentaires et certaines par l’étude de l’hébreu. À la lumière de la doctrine du Conseil
dans les cieux, Joseph Smith avait fait remarquer que le terme hébreu Élohim, qui est un
pluriel, devrait être rendu par « Dieux » dans le récit de la Création et non par le « Dieu »
traditionnel (WJS, p. 379). C’est ainsi qu’il est rendu dans tout le récit d’Abraham. À la
lumière de la doctrine de la nature éternelle de la matière, le mot traditionnellement traduit
par « créa » devient « organisa ». L’expression « informe et vide » (hébreu tohu va-bohu)
est rendue, tout à fait correctement, par « vide et désolée » et décrit l’état de la terre après
qu’elle a été organisée, pas avant (Abr. 4:2).
Le terme « jour » (yom en hébreu) pour les sept « jours » de la création est rendu par
« temps », une option permise en hébreu et il est explicitement précisé que le « temps »
dans lequel Adam devrait mourir s’il prenait du fruit défendu « était selon le temps du
Seigneur, qui était selon le temps de Kolob [une grande étoile dont Abraham avait vu
qu’elle était le plus près du trône de Dieu, dont la révolution, d’une durée de mille ans
selon notre manière de calculer, est un jour pour le Seigneur] ; car les Dieux n’avaient pas
encore désigné à Adam le calcul de son temps » (Abr. 5:13 ; 3:2-4).
Sur la base du passage ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours
terrestres de vingt-quatre heures soient les « jours » ou « périodes » de la création,
certains saints des derniers jours ont avancé que les « temps » de la création aussi bien
que le « temps » de la vie terrestre d’Adam après la Chute étaient des périodes de mille
ans ; d’autres sont partisans de périodes indéterminées, le temps nécessaire pour
accomplir l’œuvre concernée. Le récit d’Abraham contient effectivement le passage
intéressant, en rapport avec « l’organisation » des luminaires dans « l’étendue » du ciel :
« Et les Dieux observèrent les choses auxquelles ils avaient donné des ordres jusqu’à ce
qu’elles eussent obéi » (Abr. 4:14-18). Le récit d’Abraham comprend en fait douze
« travaux » des Dieux, répartis parmi les « jours » à la manière de la Genèse. Le récit
ultérieur de la création au temple donne une version abrégée de ces travaux, divisés
différemment parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui veut peut-être
dire que le jour où un travail donné est accompli importe peu.
Abraham relie les récits apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le contexte du
Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours d’Abraham suit l’œuvre des cinq premiers
temps créateurs et d’une partie du sixième comme création physique de la terre et sa
préparation pour recevoir la vie avant que celle-ci n’y soit effectivement placée. Ainsi,
pendant le troisième temps, « les Dieux organisèrent la terre afin qu’elle produisît de la
verdure… et la terre afin qu’elle produisît les arbres à partir de leur semence » (Abr. 4:12 ;
italiques ajoutés). Et pendant le cinquième temps, « les Dieux préparèrent les eaux afin
qu’elles produisissent de grands poissons et tous les animaux vivants… tous les oiseaux
ailés selon leur espèce. » (Abr. 4:21). De même, au sixième temps, « les Dieux
préparèrent la terre afin qu’elle produisît des animaux vivants selon leur espèce… et les
Dieux virent qu’ils obéiraient » (Abr. 4:24-25). Ensuite lors du sixième temps, les Dieux se
consultèrent à nouveau et décidèrent de former l’homme et de lui donner la domination sur
les plantes et les animaux qui devaient venir sur la terre (Abr. 4:26-29). « Et les Dieux se
dirent entre eux : Au septième temps, nous achèverons l’œuvre que nous sommes
convenus de faire, et nous nous reposerons… Et telles furent leurs décisions à l’époque
où ils convinrent entre eux » (Abr. 5:2-3). Le récit parallèle à Genèse 2 vient ensuite tout
naturellement comme récit du placement proprement dit de la vie sur la terre : « Et les
Dieux descendirent et formèrent les origines des cieux et de la terre, quand ils furent
formés le jour où les Dieux formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce qu’ils avaient dit
concernant chaque plante des champs avant qu’elle fût sur la terre » (Abr. 5:4-5).
Plusieurs thèmes que l’on trouve dans d’autres récits antiques de la création – le conflit
prémortel dans les cieux, la victoire divine sur les pouvoirs d’opposition du chaos et la
promulgation de la loi au moment de la création – sont également connus dans les récits
de la création des Écritures et de la théologie des saints des derniers jours (2 Né. 2:17 ;
9:8 ; Moï. 4:3-4 ; Abr. 3:27-28 ; voir aussi Guerre dans le ciel ; Préexistence (Existence
Préterrestre)). Il y a des allusions à ces idées dans plusieurs passages de la Bible (cf. Ex.
15 ; Job 38-41 ; És. 40-42 ; Ps. 18 ; 19 ; 24 ; 33 ; 68 ; 93 ; 104 ; Prov. 8:22-33 ; Ha. 3:8 ;
Ap. 12:7-12). Du début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’interprétation
chrétienne traditionnelle a généralement traité ces textes bibliques de manière allégorique
ou n’en a pas du tout tenu compte dans l’étude de la Création. Une transformation
profonde de l’interprétation chrétienne de ces passages a eu lieu pendant la dernière
partie du XIXe siècle avec la découverte et la traduction de récits de la Création venant de
la Mésopotamie et de l’Égypte anciennes. Bien qu’ils varient considérablement dans les
détails, ces récits mentionnent habituellement des combats prémortels, l’établissement de
l’ordre divin avant la création et la création à partir du chaos. Les passages bibliques
mentionnés ci-dessus sont maintenant souvent compris à la lumière de ces descriptions
des récits extrabibliques.
La doctrine de la création ex nihilo a été l’explication chrétienne traditionnelle. Dans les
commentaires récents sur le sujet, beaucoup d’érudits juifs se sont accordés pour dire
qu’on ne trouve pas de croyance en une création ex nihilo avant la période hellénistique,
tandis que les savants chrétiens ne trouvent aucun signe de pareille doctrine dans l’Église
chrétienne avant la fin du IIe siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo dans
l’enseignement des saints des derniers jours s’accorde ainsi avec ce que l’on sait de la
conception la plus ancienne de la Création dans l’Israël antique et dans le christianisme
primitif. De même, les saints des derniers jours ont vu dans des passages bibliques tels
que Jean 9:2 et Jérémie 1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle, avec
des implications pour l’existence terrestre ultérieure. À l’appui de ceci, on peut préciser
que divers chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles du christianisme ont
enseigné la même doctrine (cf. Origène, De Principiis 1:7 ; 2:8 ; 4:1) et qu’on la trouve
également dans les croyances juives de la même période, notamment Philon (De
mutatione nominum 39 ; De opificio mundi 51 ; De cherubim 32), dans certains écrits
apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20 ; 15:3) et chez les Esséniens (Josèphe, Guerre
des Juifs 2.8.11, aussi bien que dans le Talmud et le Midrash juifs).
Bibliographie
Anderson, Bernhard W. "Creation". Dans Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 1, p.
725-32. New York, 1962.
Eliade, Mircea. "The Prestige of the Cosmogonic Myth." Diogenes 23, automne 1958,
p. 1-13.
Goldstein, Jonathan A. "The Origins of the Doctrine of Creation Ex Nihilo." Journal of
Jewish Studies 35, automne 1984, p. 127-135.
McConkie, Bruce R. "Christ and the Creation". Ensign 12, juin 1982, p. 9-15.
Pettazzoni, Raffaele. "Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni,
Essays on the History of Religions, H. J. Rose, trans., Vol. 1, p. 24-36. Leiden, 1954.
Pratt, Orson. "The Pre-existence of Man." Série d’articles dans The Seer (1853-1854).
Photo repr., Salt Lake City, 1990.
Pratt, Parley P. "Origin of the Universe". Dans Pratt, The Key to the Science of
Theology, p. 26-32. Salt Lake City, 1978.
Roberts, B. H. The Gospel and Man’s Relationship to Deity, p. 256-273. Salt Lake City,
1966.
Salisbury, Frank B. The Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir discours rapportés dans WJS, p. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352 et
359 et leurs contextes.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
Winston, David. "Creation Ex Nihilo Revisited : A Reply to Jonathan Goldstein". Journal
of Jewish Studies 37, printemps 1986, p. 88-91.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS
D
Damnation
Auteur : HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
« Damnation » est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant « dommages » et
« perte » et suggère souvent l’idée de privation de ce que l’on aurait dû posséder. Tout
comme il y a des degrés et des types divers de salut, liés à une progression éternelle dans
certains domaines (D&A 76:96-98 ; 131:1-4), de même il y a des degrés et des types
divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être damné signifie être arrêté, bloqué
ou limité dans sa progression. Les individus sont damnés toutes les fois qu’ils sont
empêchés d’atteindre leur plein potentiel d’enfants de Dieu. La damnation, c’est ne pas
atteindre ce dont on aurait pu jouir si l’on avait accepté la loi tout entière de l’Évangile et si
on y avait été fidèle. Dans ce sens, tous ceux qui ne parviennent pas au degré le plus
élevé du royaume céleste sont damnés même s’ils sont sauvés dans un degré de gloire.
Ils sont damnés dans le sens qu’ils ne jouiront pas d’un accroissement éternel ou de la
continuation de la cellule familiale dans l’éternité (D&A 132:4, 19). Dans ce contexte, la
damnation ne désigne pas nécessairement la souffrance éternelle en enfer avec le diable,
parce que la perte de bénédictions est en soi un type d’enfer et de damnation. Les
conceptions des saints sur ce sujet sont liées à des écrits bibliques enrichis et clarifiés par
des révélations supplémentaires ; par conséquent, le terme damnation a une application
plus large que ne pourrait le laisser croire l’usage moderne (voir Degrés de gloire ;
Exaltation ; Héritiers).
Dans les Écritures, damnation désigne habituellement le jugement ou la condamnation
qui seront prononcés par Jésus-Christ sur les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46).
« Damnation » est l’équivalent de l’hébreu « rasha », qui signifie être méchant, impie ou
coupable, et du grec krino, qui implique une mise sous condamnation. Si le mot
« damnation » apparaît régulièrement dans la King James Version de la Bible, (c.-à-d.,
dans le Nouveau Testament) on ne le trouve pas dans la version Segond, qui utilise plutôt
« condamnation ».
Beaucoup de juifs et de chrétiens rejettent l’idée de la damnation comme étant une
notion théologique désuète, mais certains juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs
entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle. Les chrétiens
conservateurs croient généralement que Dieu lui-même condamnera les pécheurs
impénitents sur la base de la justice méritée par les intéressés (Mt. 12:41-42 ; Jn. 12:48 ;
Ro. 3:8). Ils croient, en outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour sauver plutôt
que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère l’individu de la damnation finale (Ro.
8:1-2).
La damnation résulte du refus de croire en l’Évangile (Mc. 16:16), d’accepter une
lumière et une connaissance supplémentaires (Al. 12:9-11), du fait de croire à de fausses
doctrines (2 Pi. 2:1), d’être paresseux et de devoir être commandé en tout (D&A 58:26-29)
et de refuser de s’humilier, de se repentir et de vivre selon les principes de l’Évangile. Le
prophète Joseph Smith a expliqué : « Dieu a décrété que tous ceux qui ne veulent pas
obéir à sa voix n’échapperont pas au châtiment de la géhenne. Qu’est-ce que le châtiment
de la géhenne ? Se retrouver dans la société de ceux qui n’ont pas obéi à ses
commandes » (EPJS, p. 160 ; cf. p. 262-263).
Il y a aussi damnation quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29),
quand on se complaît dans l’injustice (2 Th. 2:12), que l’on se livre à des relations
adultères (1 Ti. 5:11-12), que l’on rejette la loi de l’Église (D&A 42:60), que l’on néglige
l’alliance du mariage éternel (D&A 132:4), que l’on change la sainte parole de Dieu (Mrm.
8:33) et que l’on rejette Jésus-Christ (D&A 49:5). Si des personnes font ces choses et ne
se repentent pas, elles ne jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et n’ont pas la
nourriture spirituelle qu’elles auraient pu avoir et, en conséquence, elles connaissent la
damnation.
Il ne faut pas confondre la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une
révélation à Joseph Smith explique : « Il n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à ce
tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi écrit damnation éternelle ; ceci est
plus explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cœur des enfants des hommes »
(D&A 19:6-7 ; voir aussi Infini et éternel). Le président Brigham Young explique : « Nous
croyons que seront damnés tous ceux qui n’acceptent pas l’Évangile de Jésus-Christ ;
mais nous ne croyons pas qu’ils iront dans un étang de feu et de soufre et qu’ils subiront
des tourments sans nom, infligés à toute éternité par des démons cruels et malveillants.
La doctrine sectaire des récompenses et des châtiments finaux me paraît aussi étrange
que leur Dieu sans corps, sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon
les actes accomplis dans le corps, qu’ils soient bons ou mauvais. Tous les hommes, sauf
ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, qui versent le sang innocent ou qui y consentent,
seront sauvés dans un royaume ; car dans la maison de mon Père, dit Jésus, il y a
plusieurs demeures » (JD 11:125-126).
La damnation finale et totale ne revient qu’au diable et à ses anges, qui se sont
rebellés dans le premier état, et aux fils de perdition, qui sont damnés éternellement et se
voient refuser l’entrée dans un quelconque royaume de gloire dans l’au-delà (D&A 76:3234). Les fils de perdition sont ceux qui sont coupables du péché impardonnable contre le
Saint-Esprit (D&A 132:27 ; cf. Mc. 3:29), qui inclut le reniement obstiné du « Fils unique du
Père, [l’ayant] crucifié, pour leur part, et [l’ayant] exposé à l'ignominie » (D&A 76:35).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p. 154.
Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, p. 716, 752, 754.
Stuy, Brian, dir. de publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3
vols. ; Vol. 2, p. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL
Daniel, prophéties de
Auteur : Chadwick, Jeffrey R.
L'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère le livre de Daniel
comme les écrits du Daniel qui fut déporté de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et
accepte l’œuvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties importantes sur les derniers
jours, notamment l'apostasie et le rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Selon Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète Joseph Smith le chapitre 2 de
Daniel, qui contient une prophétie du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours
dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui arrivera dans la suite des temps »
(Daniel 2:28 ; Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête d'or » du songe un symbole de
l'empire de Nebucadnetsar et les prophètes modernes ont précisé que la pierre
« détach[ée] sans le secours d’aucune main » (Daniel 2:34) représente le Royaume de
Dieu dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres symboles ont été
interprétés comme suit : « La poitrine et les bras d'argent » représentent le royaume perse
qui remplaça Babylone. « Le ventre et les cuisses d'airain » préfigurent les états
hellénistiques qui allaient suivre. Les deux « jambes de fer » sont l'empire romain,
annonçant la division entre Rome et Constantinople. Les pieds de l'image, « en partie de
fer et en partie d’argile » symbolisent les royaumes européens issus de la dissolution de
l'empire romain à partir du cinquième siècle. Ces royaumes fusionnèrent la culture de
Rome avec celle des tribus européennes du nord et de l’est ; d’où le mélange symbolique
du fer et de l'argile.
Dans le temps de ces royaumes, prédit Daniel, « le Dieu des cieux suscitera un
royaume... [qui] subsistera éternellement » (2:44). Ce royaume final, représenté par la
pierre « détach[ée] sans le secours d’aucune main », est l'Église de Jésus Christ des
Saints des Derniers Jours rétablie en 1830, lorsque les monarques européens
gouvernaient encore. On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par le fait
que « la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la
terre. » (2:34-35 ; Kimball, p. 8).
La vision de Daniel au chapitre sept s’interprète aussi dans le contexte des derniers
jours. Les « quatre grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter les empires
successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome et les « dix cornes » (7:7) du
quatrième animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui succédèrent à
l'empire romain. Les prophètes modernes identifient « l’ancien des jours » (7:22) comme
étant Adam, qui présidera une réunion qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le
Missouri, avant la seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée, Jésus,
« le Fils de l'homme », apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la prêtrise de toutes les
dispensations, Adam rendra à Jésus ressuscité les clefs de la prêtrise qui représentent la
domination éternelle.
La prophétie des « soixante-dix semaines » au chapitre 9 intéresse les saints des
derniers jours parce qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament tomberait dans
l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel 9:24-26) pourraient symboliser la période
comprise entre le retour des juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la venue de Jésus, le
Messie, qui expierait pour son peuple. Le verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une
solide alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette soixante-dixième semaine
pourrait symboliser les décennies que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée par
des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre fin peu après 100 de notre ère, après
le ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait également remarquer que Jérusalem et son
temple seraient détruits « durant la moitié de la semaine » (an 70), mentionnant
l'abomination de la désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf. Marc 13:14).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976, p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, chap. 11, 47. Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study and
Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201. Salt Lake City,
1990.
JEFFREY R. CHADWICK
Degrés de gloire
Auteur : DAHL, LARRY E.
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a une vision optimiste des
récompenses éternelles qui attendent l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église
croient qu'il y a « plusieurs demeures » (Jn. 14:2) et que l'expiation et la résurrection du
Christ sauveront toute l'humanité de la mort et finalement récupéreront tout le monde de
l'enfer excepté les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés ne sont
cependant pas placés dans un état monolithique appelé le ciel. Dans la résurrection du
corps, ils sont affectés à différents degrés de gloire en fonction de la loi à laquelle ils ont
obéi. Il y a trois royaumes de gloire : le céleste, le terrestre et le téleste. L’apôtre Paul
parle de trois gloires qui diffèrent entre elles comme le soleil, la lune et les étoiles diffèrent
en éclat. Il appelle céleste et terrestre les deux premières gloires, mais la troisième ne
reçoit pas de nom dans la Bible (1 Co. 15:40-41 ; cf. D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot
« téleste » est un terme mormon, utilisé pour la première fois par le prophète Joseph
Smith et Sidney Rigdon quand ils rapportent une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832
(D&A 76 ; voir aussi Royaume céleste ; Royaume terrestre ; Royaume téleste).
Lors du jugement final, tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils de
perdition pendant la condition mortelle seront affectés à l’un des trois royaumes de gloire.
Le diable et ses disciples seront affectés à un royaume sans gloire (D&A 76:25-39 ; 88:24,
32-35).
SOURCES SCRIPTURAIRES mormoneS. Bien que la Bible contienne des mentions
de divers niveaux de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58 ; 2 Co. 12:2), la connaissance
que les saints ont de la question vient principalement des révélations données au
prophète Joseph Smith. La première révélation traitant directement ce sujet fut donnée le
16 février 1832 et est appelée « la Vision » (D&A 76). Pour ce qui est des circonstances
dans lesquelles cette révélation fut donnée, Joseph Smith explique : À mon retour de la
conférence d'Amherst, je repris la traduction des Écritures. D'après diverses révélations
qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut
des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu'elle ne fût compilée.
D'après les vérités qui restaient, il semblait qu'il allât de soi que si Dieu récompensait
chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‹ciel›, signifiant la
demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d'un royaume. En conséquence,
tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la
vision suivante » [HC 1:245 et chapeau de la section ; voir aussi la traduction de la Bible
par Joseph Smith (TJS)]).
Des révélations ultérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137 et 138, ajoutent
des informations à ce sujet.
LA GLOIRE CÉLESTE. Le Royaume céleste est réservé à ceux qui reçoivent le
témoignage de Jésus et embrassent pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en
Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont baptisés par immersion par quelqu’un
ayant l'autorité, reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et persévèrent dans la
justice. Tous ceux qui atteignent ce royaume « demeureront pour toujours et à jamais dans
la présence de Dieu et de son Christ » (D&A 76:62). Il y a, cependant, différentes
bénédictions et différents pouvoirs dans ce royaume. « Il y a, dans la gloire céleste, trois
cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la
prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il
peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut avoir
d'accroissement » (D&A 131:1-4). L’ « accroissement », dans ce cas, signifie le fait d’avoir
des enfants d'esprit après la condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement
éternel). Joseph Smith explique : « Si un homme et sa femme ne contractent pas une
alliance éternelle et ne sont pas mariés pour l'éternité par le pouvoir et l'autorité de la
Sainte Prêtrise, ils cesseront de s’accroître quand ils mourront ; c'est-à-dire qu’ils n'auront
pas d’enfants après la résurrection » (EPJS, p. 242). Les saints des derniers jours croient
que ceux qui atteignent le plus haut niveau du Royaume céleste deviennent des dieux,
reçoivent l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que le Père a (cf. Ro.
8:14-17 ; D&A 76:50-70 ; 84:33-39 ; 132:19-25).
Il n'y a aucune explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux
catégories inférieures du Royaume céleste si ce n’est qu'ils « ne sont pas dieux, mais
anges de Dieu, pour toujours et à jamais » des serviteurs chargés d’un ministère, qui
« restent à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A
132:16-17).
LA GLOIRE TERRESTRE. Les habitants du Royaume terrestre sont décrits comme
étant les gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage de Jésus mais n'ont pas
été suffisamment vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous les principes et
ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80). En outre, ceux « des nations païennes » qui
« sont morts sans loi », qui sont honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de
l'Évangile dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la gloire terrestre (D&A
45:54 ; 76:72). Dans l'au-delà, ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la plénitude du
Père. La gloire du Royaume terrestre diffère de celle du céleste comme la lumière que
nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil. Il n'y a aucune mention de
différents degrés ou niveaux dans le Royaume terrestre, mais il est raisonnable de croire
que là, comme dans les royaumes céleste et téleste, les personnes différeront en gloire
les unes des autres (voir D&A 76:97-98).
LA GLOIRE TÉLESTE. Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des
fornicateurs et des adultères, qui ne reçoivent pas l'Évangile, ni le témoignage de Jésus,
ni celui des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont jugés indignes de
ressusciter à l'avènement du Christ et reçoivent un temps supplémentaire en « enfer »
pour se repentir et se préparer pour une résurrection et un placement ultérieurs dans un
royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils apprennent à respecter des lois
qu'ils ont rejetées par le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur dépendance visà-vis de Jésus-Christ, mais ils n’acceptent toujours pas la plénitude de l'Évangile. À la fin
du millénium, ils sont extraits de l'enfer et sont ressuscités dans une gloire téleste. Là, « ils
seront les serviteurs du Très-Haut ; mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent
aller, aux siècles des siècles » (D&A 76:112). Cependant, ils reçoivent « de l'Esprit-Saint
par le ministère des terrestres » (verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes
terrestre et céleste comme la lumière que nous percevons des étoiles diffère de celle de la
lune et de celle du soleil, la gloire du Royaume téleste « défie [malgré tout] toute
compréhension » (verset 89 ; voir D&A 76:81-90, 98-112 ; 88:100-101).
OCCASION DONNÉE À TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à l’exception
des fils de perdition, trouveront, dans l’au-delà, une place dans l’un des royaumes de
gloire et qu'ils choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie qu’ils mènent ici sur terre et dans
le monde d'esprit post-terrestre. Même la gloire la plus basse défie toute compréhension
pour les mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A 93:30-32). Tous ont accès au
pouvoir révélateur de la Lumière du Christ, qui, à condition qu’ils la suivent, les conduira à
la vérité de l'Évangile (Jn. 1:1-13 ; Al. 12:9-11 ; Mro. 7:14-19 ; D&A 84:45-48). Tout le
monde entendra l'Évangile de Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit postterrestre et aura suffisamment l'occasion de démontrer à quel point il l’accepte (D&A 138 ;
cf. 1 Pi. 4:6). Ceux qui n'ont pas l’occasion de recevoir l'Évangile sur cette terre, mais qui
l’auraient entièrement accepté s’ils avaient pu l'entendre, et qui le reçoivent donc dans le
monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste de Dieu (D&A 137:7-8). Ils accepteront
les ordonnances salvatrices accomplies pour eux par procuration dans un temple sur la
terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et plein de grâce, accorde à tous le désir
de leur cœur, leur permettant de choisir leur récompense éternelle selon la loi qu’ils sont
disposés à respecter.
Bibliographie
Dahl, Larry E. “The Vision of the Glories”. Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. L.
Millet et K. P. Jackson, vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
Smith, Joseph Fielding, DS, vol. 2, p. 20-24. Salt Lake City ? 1955.
Talmage, James E. AF, p. 375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
Déification chez les premiers chrétiens
Auteur : NORMAN, KEITH E.
Du deuxième au huitième siècle, le terme chrétien standard pour désigner le salut était
théopoièse ou théose, littéralement, « faire Dieu » ou déification. Ce langage a survécu
sporadiquement dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé dans l'Église
catholique orthodoxe. La doctrine des saints relative à la progression éternelle et à
l'exaltation à l'état divin exprime une conception similaire du salut.
Sous sa forme classique, en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque
d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était basée sur la notion de l'incarnation du
Christ. Le Conseil de Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme homoousios (de la
même substance) avec le Père et donc pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par
la naissance, Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité à la nature divine.
Finalement, la divinité du Christ a surmonté les limites de la chair par la résurrection et la
glorification, transformant et élevant son corps au niveau complet de l'état divin. Comme
Athanase l’a résumé : « Dieu a été fait homme pour que nous puissions être faits Dieu »
(De l'incarnation du Logos, 54).
Bien que ce point de doctrine ait été écarté par les savants ultérieurs comme une
simple « théorie physique de la rédemption » concentrée sur la Résurrection, la déification
est plus qu'un synonyme de l'immortalité. Les Pères de l'Église affirmaient que la
déification non seulement rétablit l'image de Dieu qui a été perdue au moment de la
Chute, mais permet également à l'humanité de dépasser la nature humaine de manière à
posséder les attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la mesure où il est devenu
homme », disait Grégoire de Nazianze vers la fin du IVe siècle (Homélies 29.19). Les
descriptions de la déification mentionnaient l'incorruptibilité physique, l'immunité par
rapport à la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la plénitude de la connaissance et de la
joie, la progression éternelle, la communion avec Dieu, l’héritage de la gloire divine et la
possibilité de régner conjointement à jamais avec le Christ dans le royaume de Dieu dans
les cieux.
Les racines de la doctrine chrétienne de la déification sont essentiellement bibliques.
En commençant par la création de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les Pères
de l’Église ont élaboré des aspects de la déification à partir de notions telles que le
commandement de parvenir à la perfection et à la sainteté morales (par exemple, Lé.
19:1-2 ; Mt. 5:48 ; 1 Jn. 3:2 ; 1 Co. 11:1 ; 2 Pi. 1:3-7), l’adoption comme héritiers de Dieu
(Ro. 8:15-17 ; Ga. 4:4-7), l’unification avec Dieu en Christ (Jn. 17:11-23) et la participation
aux souffrances du Christ afin de d'être élevés avec lui dans la gloire (par exemple, Ro.
8:16-18 ; 2 Co. 3:18 ; 4:16-18 ; Ph. 3:20-21 ; 2 Ti. 2:10-12). Ils ont également mentionné
des exemples d’humains décrits comme étant des « dieux » dans l'Écriture (Ex. 4:16 ;
7:1 ; Ps. 82:6 ; Jn. 10:34-36).
La pensée juive, en particulier en réponse à l’expansion de la christologie et ce qu’elle
considérait comme une menace pour le monothéisme, avait plus de réticence à parler
d’humains atteignant l’état divin. Néanmoins, les juifs avaient aussi certains des textes
bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme talmudique avait tendance à
souligner l'obligation de l'humanité d'imiter la sainteté de Dieu puisqu’elle avait été créée à
l'image divine. On disait de Moïse et d'autres prophètes qu’ils partageaient la gloire de
Dieu et devenaient des « dieux secondaires » par rapport aux autres mortels (Meeks, p.
234-235). Philon dit de la glorification de Moïse qu’elle était le « prototype… de l’accession
au ciel que chaque disciple espérait se voir accorder » (Meeks, p. 244).
Du fait de son incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme occidental,
la déification a cessé d’être la manière préférée de décrire le salut. La théologie catholique
a de plus en plus mis l’accent sur la transcendance de Dieu, seul être nécessaire et
éternel. Tous les autres êtres étaient créés ex nihilo, « à partir du néant », et n’avaient
qu’une existence contingente. Cette évolution théologique trouve son aboutissement chez
Augustin. Pour lui, l'unité absolue et l'altérité de Dieu étaient si différentes du statut d’être
créé et dépendant vis-à-vis de la grâce divine qu’était celui de l'humanité que le salut ne
pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur éternel et les créatures dépendantes de lui.
Depuis lors, toute mention de déification a été suspecte ou hérétique dans le christianisme
occidental et a constitué un point de friction majeur entre les chrétiens traditionnels et les
enseignements des saints des derniers jours sur le sujet.
Bibliographie
Barlow, Philip L. "Unorthodox Orthodoxy : The Idea of Deification in Christian History".
Sunstone 8, sept.-oct. 1983, p. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago Dei : Man in the Image of God." Dans Reflections on
Mormonism, ed. T. Madsen, p. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La divinisation du chrétien d'après les pères grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The Prophet-King : Moses Tradition and the Johannine Christology.
Leiden, 1967.
Norman, Keith E. "Deification : The Content of Athanasian Soteriology". Thèse de
doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E. "Divinization : The Forgotten Teaching of Early Christianity".
Sunstone 1, 1975, p. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
Diable, Démons
Auteur : RIDDLE, CHAUNCEY C.
Dans la terminologie des saints, les mots « diable, démon » désignent quiconque
favorise la cause du mal, mais ils s’appliquent particulièrement aux esprits non incarnés
qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle et ont été précipités du ciel sur
cette terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les noms de Lucifer dans
l’existence prémortelle et de Satan depuis qu’il a été précipité.
Le nom Lucifer signifie « porteur de lumière » en latin et est la traduction de l’hébreu
heylel ben shakhar, qui signifie « annonciateur fils de l’aube » ou « étoile du matin ». Dans
la vie prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité en présence de Dieu. Il joua un rôle
important lors du Conseil dans les cieux. Après que le Père céleste eut offert le plan de
justice pour aider ses enfants à devenir comme lui, Lucifer proposa un plan différent.
Le plan du Père était de sauver et d’exalter tous ses enfants obéissants. Pour être
obéissants, ils devaient garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du Père,
on savait d’avance que beaucoup rejetteraient l’exaltation et recevraient donc une gloire
inférieure.
Le plan de Lucifer proposait de « sauver » tous les enfants du Père en forçant chacun
à obéir en toutes choses à la loi du Père. Lucifer désirait être récompensé de ce grand
exploit du salut universel en s’octroyant l’honneur et la gloire du Père. Comme les mortels
ne peuvent être sauvés que par leur propre repentir librement consenti, la proposition de
Lucifer fut rejetée. Dans la guerre qui s’ensuivit dans les cieux, il s’acquit l’allégeance du
tiers des enfants d’esprit du Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités du ciel sur
la terre où il est devenu Satan et ils sont tous devenus des démons (Moï. 4:1-3 ; D&A
29:36-37 ; 76:25-38).
Le nom Satan vient d’une racine hébraïque signifiant « adversaire, ennemi », de là
« agresseur, accusateur » (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle de Satan et de ses
démons est d’empêcher l’accomplissement d’œuvres de justice et de les détruire dans la
mesure du possible (Moï. 4:4 ; D&A 10:20-23 ; 93:39).
La justice c’est apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes
concernées. On ne peut atteindre une pleine justice qu’avec l’aide d’un être omniscient et
omnipotent. Cette pleine justice est l’ordre spécial du royaume céleste où le Père
demeure. Quand la volonté du Père est faite et que son ordre est en place, chaque
personne et chaque chose atteint, ou est en voie d’atteindre, le potentiel qu’elle a de
s’épanouir et de connaître le bonheur. Cette justice est le côté « bien » du bien et du mal.
Elle doit faire contraste avec les désirs humains qui sont contraires à l’ordre et à la volonté
du Père.
Une bonne personne (juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui est
juste. Aucun mortel n’est intrinsèquement et parfaitement bon et, à lui seul, aucun mortel
ne peut atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des actes justes et
devenir justes par l’intermédiaire du salut offert par Jésus-Christ. Le Christ est la source
de toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre l’ordre de justice du
Père par le Christ s’ils choisissent cet ordre en rejetant expressément le mal.
Le mal est toute façon d’exister qui n’est pas juste. Un état de choses, un acte ou une
personne qui n’est pas dans l’ordre de la justice est donc mauvais. Laisser son prochain
languir dans la pauvreté quand on a soi-même l’abondance, voler autrui ou lui souhaiter
du mal, tout cela est mal. Satan fait progresser le mal partout il peut pour contrecarrer la
justice de Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan tente les gens pour qu’ils fassent le mal au
lieu de la volonté du Père. Satan lui-même n’est pas nécessaire au mal, mais il accélère et
encourage le mal partout où il peut.
Les premières cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève dans le jardin d’Éden.
Sachant que le Père leur avait commandé de ne pas manger du fruit défendu sous peine
de mort, Satan chercha à détruire l’œuvre du Père en les incitant à en manger malgré tout.
Le succès de Satan a marqué le commencement du monde (pas de la création de la
terre), du royaume de Satan sur cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
En obéissant à Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour qu’il ait une domination
partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs enfants (voir Chute d’Adam). Les exemples
de sa domination partielle sur la terre accordée par le Père sont sa capacité de posséder
les corps des animaux (Mt. 8:28-32) et d’utiliser l’eau pour détruire les gens (D&A 61:1419). Satan a acquis le pouvoir de tenter ceux qui sont responsables de faire le mal (D&A
29:39), de communiquer avec des individus pour leur enseigner des choses
(habituellement mais pas toujours des mensonges), de posséder leur corps, de provoquer
la maladie et de causer la mort physique. Il stimule le péché, les mauvaises actions, ce qui
apporte la mort spirituelle au pécheur et le malheur à toutes les personnes touchées. Dans
chacune de ces occasions, le pouvoir de Satan est limité : Il ne peut faire que ce que Dieu
lui permet expressément de faire (D&A 121:4 ; Lu. 8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir
en écoutant Dieu et en utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter ses activités
(D&A 50:13-35).
Ce que Satan n’a pas réalisé en Éden est que ce qu’il faisait en essayant de détruire
l’œuvre du Père était en réalité la chose même qui était requise pour accomplir son plan
(Moï. 4:6). Les hommes ne pouvaient pas démontrer suffisamment leur amour pour Dieu
et leur disposition à accomplir l’œuvre de la justice pour les qualifier pour l’exaltation sans
être exposés à des adversaires mauvais tels que Satan et ses armées et les vaincre
(2 Né. 2:11-22).
Sur terre, Satan est donc le père de la tromperie, du mensonge et du péché – de tout
ce qui est mal – car il les encourage vigoureusement. Il peut apparaître comme une
contrefaçon d’un ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres, mais ses
manifestations habituelles aux mortels revêtent habituellement la forme d’une révélation
mauvaise dans le cœur et l’esprit d’une personne ou indirectement par d’autres
personnes. Sa mission est de tenter chacun de choisir le mal de sorte que les choix de
chaque être humain responsable puissent servir de base suffisante à un jugement final.
Cette vie terrestre est une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont l’occasion
d’accepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance éternelle tandis qu’ils vivent icibas. Ceux qui n’ont pas une occasion complète dans cette vie terrestre verront leur
épreuve se prolonger à travers l’existence dans le monde d’esprit qui la suit. Quand
viendra la résurrection, chacun des enfants du Père aura fait un choix final entre le bien et
le mal et chacun sera récompensé selon le bien ou le mal choisi pendant l’épreuve (Al.
41:10-15).
Quand Satan tente une personne de faire le mal, il y a des limites à ce qu’il peut
accomplir. Il peut mettre devant une personne n’importe quel genre d’occasion de mal
faire, mais ce mal attire seulement si la personne tentée désire déjà cette chose. Quand
les gens sont tentés, c’est en réalité par leur propre convoitise (Ja. 1:12-15).
Satan n’a de pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui donnent en
succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le libre arbitre des êtres humains consiste à
choisir la justice par le Saint-Esprit de Dieu ou l’égoïsme par la chair en succombant aux
tentations de Satan (2 Né. 2:26-29). (La chair n’est pas mauvaise en soi, mais Satan peut
tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette vie sont néanmoins
tentés par Satan jusqu’à leur mort ; alors Satan n’a plus jamais aucun pouvoir sur eux.
Ceux qui meurent sans s’être repentis sont toujours au pouvoir de Satan dans la prison
d’esprit (Al. 34:34-35). Tous sauf les fils de perdition finiront par accepter le Christ et lui
obéir et échapperont ainsi à la domination de Satan (D&A 76:110). C’est ainsi que le plan
de libre arbitre du Père s’accomplit.
Les trois tentations que Satan impose au Sauveur peuvent être considérées comme
représentatives de toutes les tentations humaines (voir David O. McKay, Gospel Ideals, p.
154, Salt Lake City, 1953). La tentation de créer du pain et de le manger alors qu’il ne
devrait pas le faire représente la tentation humaine de la chair, d’assouvir les sens de
manière inique. La tentation de se jeter en bas du temple et d’être sauvé par des anges
alors que cela ne devrait pas être représente la tentation humaine de la notoriété. La
tentation de recevoir les royaumes de ce monde alors que cela ne devrait pas être
représente la tentation d’exercer une domination ou un pouvoir impie sur les autres. Le
Sauveur n’a cédé à aucune de ces tentations parce que son cœur était pur et qu’il savait
que la voie de la justice résidait seulement dans l’accomplissement de la volonté du Père
en toutes choses.
Tous les mortels responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur l’a été. Quand
les mortels succombent, Satan acquiert du pouvoir et la vie sur terre devient un enfer. Tout
le monde peut résister à la tentation en choisissant le bien plutôt que le mal. Mais les
fausses informations, les traditions culturelles mauvaises (D&A 93:39), le désespoir et les
besoins humains impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien, même si la personne
ne désire pas particulièrement un mal déterminé (2 Néphi 28 fait une description détaillée
des stratagèmes de Satan).
Grâce à Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle alliance éternelle, les mortels
ont la possibilité d’acquérir le pouvoir de toujours choisir infailliblement le bien plutôt que le
mal. Ce faisant, ils sont à même d’établir la justice de Dieu et par conséquent le ciel sur
terre (Moï. 7:18 ; D&A 50:34-35 ; voir aussi Sion).
Les êtres humains résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs, c’est-à-dire (1)
en ne désirant pas le mal que Satan propose, (2) en acquérant plus de connaissance de
manière à être capables de voir que les tentations de Satan ne sont pas ce qu’ils veulent
vraiment et (3) en ayant le cœur purifié par Jésus-Christ de sorte qu’ils ne désireront plus
rien de mal mais désireront au lieu de cela faire la volonté du Père en toutes choses (Mro.
7:48 ; cf. les réponses du Sauveur dans Mt. 4:1-10).
La grande aide à la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le but de Satan est de
demeurer dans et avec toutes les personnes qui n’ont pas le Saint-Esprit avec elles, allant
parfois jusqu’à prendre totalement possession du corps d’une personne au point de lui
faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il peut également y avoir
possession partielle parce que toutes les fois qu’un être humain se met en colère, il est au
moins partiellement possédé par Satan (Ja. 1:20).
Dans son rôle de destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement
avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant leur temps à moins
qu’ils ne désobéissent à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job 1:6-12).
Père du mensonge, Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il répand
des idées fausses à son propre sujet, au sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du
salut – tout cela dans le but d’empêcher les actes de foi en Jésus-Christ. Les mortels
croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables à l’esprit charnel et parce qu’ils
favorisent ou soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les croit. À propos de lui-même,
Satan dit aux hommes qu’il n’y a pas de diable, que pareille idée est de l’imagination pure
(2 Né. 28:22). À propos de Dieu, Satan désire que les êtres humains croient soit qu’il
n’existe pas soit qu’il est un être lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes
qu’ils doivent conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que l’on fait, peu importe
ce que c’est, n’est pas un crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au sujet du salut
sont soit qu’il est accordé à tous quoi qu’ils fassent (Al. 21:6) ou qu’il est réservé à un petit
nombre d’heureux élus (Al. 31:17). Ces croyances incorrectes des pères, inculquées à
leurs enfants sous forme de faux credo, les Écritures les appellent « les chaînes de
l’enfer » (Al. 12:11 ; D&A 123:7-8).
Les combinaisons secrètes sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et
de bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26 ; Hél. 6:16-32). Satan incite les individus
égoïstes à profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour empêcher
toute revanche de la part des victimes et l’application juste des lois contre de telles
combinaisons. Les combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel, économique,
éducatif, politique ou militaire qui domine ou asservit certaines personnes pour le plaisir et
le profit d’autres.
Satan a également une influence sur l’esprit de personnes mauvaises qui ont quitté la
condition mortelle par la mort et qui habitent la prison d’esprit (parfois appelée hadès). Les
habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur purificatrice qui viendra
plus tard, mais continuent à être sujets aux mensonges et aux tentations de Satan (Al. 4041). Ils ont également l’occasion d’entendre les serviteurs du Christ (D&A 138:28-37) et
s’ils n’ont pas eu l’occasion sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue de
l’exaltation. S’ils ont eu l’occasion sur terre mais ne l’ont pas utilisée, le passage par la
prison d’esprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges et ses tentations,
mais avec la récompense d’une gloire moindre (D&A 76:71-79).
Pendant le millénium, Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre, essayant de
tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute d’Adam, mais il sera lié parce que
personne n’écoutera ses tentations (1 Né. 22:26).
Vers la fin du millénium, Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les hommes
l’écouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et envoyé de cette terre dans les ténèbres du
dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de perdition ressuscités (Satan est la
Perdition), demeureront à jamais dans le malheur et les ténèbres de l’égoïsme et de
l’isolement.
Bibliographie
On trouvera un traitement plus complet du concept du diable du point de vue des saints
des derniers jours dans LaMar E. Garrard, « A Study of the Problem of a Personal Devil
and Its Relationship to Latter-day Saint Beliefs » (Mémoire de maîtrise, université Brigham
Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux est son recueil de citations des
premières Autorités générales de l’Église à ce sujet. Les quatre ouvrages de Jeffrey
Burton Russel, The Devil : Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive Christianity
(Ithaca, N.Y., 1977), Satan : The Early Christian Tradition (Ithaca, N.Y., 1981), Lucifer : The
Devil in the Middle Ages (Ithaca, N.Y., 1984) et Mephistopheles : The Devil in the Modern
World (Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du concept du diable à travers
la littérature, les arts et la philosophie depuis les temps anciens jusqu’à nos jours. La
présentation est un traitement approfondi mais ne découle pas de la façon de penser des
saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Dieu
Auteur : YARN, DAVID H.
Les saints des derniers jours déclarent : « Nous croyons en Dieu, le Père éternel, et en
son Fils, Jésus-Christ, et au Saint-Esprit » (A de F 1). Joseph Smith propose
l’éclaircissement suivant : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de
l’homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un
personnage d’esprit » (D&A 130:22 ; voir Dieu le Père ; Saint-Esprit ; Jéhovah, JésusChrist).
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et distincts qui constituent une
Divinité unique. D’une manière générale, le Père est le Créateur, le Fils est le Rédempteur
et le Saint-Esprit est le Consolateur et le Témoin (cf. MFP 5:26-34 ; EPJS, p. 152).
Beaucoup de passages scripturaires illustrent le caractère distinct des membres de la
Divinité. Par exemple, au baptême de Jésus, alors qu’il était dans l’eau, la voix du Père
s’est fait entendre du ciel et le Saint-Esprit est descendu « comme une colombe » et s’est
posé sur le Fils (Mt. 3:13-17 ; voir Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ). Chacune des
trois personnes s’est manifestée séparément et simultanément. En outre, Jésus dit :
« Mon Père est plus grand que moi » (Jean 14:28) et ailleurs : « Le Père ne juge
personne, mais il a remis tout jugement au Fils » (Jn. 5:22). De plus, Jésus indique que le
Père et lui-même sont deux témoins séparés de la divinité de son œuvre (Jn. 5:32-37 ;
8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre Père céleste, parlant à Pierre,
Jacques et Jean, appelle l’homme mortel qu’est Jésus, « mon Fils bien-aimé » (Mt. 17:5).
Par ailleurs, le Fils prie souvent son Père. À Gethsémané, il prie le Père tandis qu’il est
dans une angoisse profonde (Mc. 14:32-39 ; cf. Lu. 22:40-46 ; D&A 19:16-19), et sur la
croix, il crie au Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt. 27:46 ;
Mc. 15:34 ; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages prouvent bien que le Père est un être distinct
du Fils. Bien qu’ils soient un pour ce qui est de la volonté et des buts, ils sont deux
individus séparés et rendent témoignage l’un de l’autre (cf. 3 Né. 11:7-11).
La nature de l’unité de la Divinité est illustrée dans la prière où Jésus souhaite que ses
disciples soient un de même que le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22 ; cf. 3 Né. 11:27, 3236 ; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples soient unis en esprit, en but, et en
témoignage, pas pour qu’il y ait fusion de leur identité en un être unique. Il prie pour qu’ils
soient un en désir, en but et en objectif, exactement comme son Père et lui (EPJS, p. 301302 ; voir Unité).
Le Père, en tant que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent
(voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et généreux, lent à la colère, abondant en
bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu de vérité et ne fait pas acception de
personnes. Il personnifie l’amour.
Bien que les saints des derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour
s’informer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à son sujet est basée sur la première
vision de Joseph Smith, les révélations suivantes du prophète et la révélation personnelle
de chacun. L’humanité peut raisonner ou échafauder des théories sur l’existence de Dieu
et sa nature, mais si elle veut connaître Dieu, cela dépendra essentiellement de Sa
disposition à se révéler à elle (voir Témoignage de Jésus-Christ).
Avant 325 apr. J.-C., date du premier concile œcuménique chrétien à Nicée, la nature
de Dieu faisait l’objet de débats chez les philosophes et les croyants. Depuis lors, le
concept de Dieu a été le sujet de conciles œcuméniques, de discussions philosophiques
et d’articles de foi. Aucun d’eux n’est la source de la compréhension que les saints ont de
Dieu. Il va de soi que beaucoup d’arguments classiques en faveur de l’existence de Dieu
ont été avancés, notamment les arguments ontologiques d’Anselme, les cinq « preuves »
de saint Thomas d’Aquin, l’argument téléologique de Descartes, l’argument éthique de
Leibniz et les postulats de la raison pratique de Kant. Aussi impressionnants qu’ils
puissent être comme réalisations de l’intellect humain, aucun d’eux n’est la source de la foi
en Dieu des saints des derniers jours, dont la foi est basée sur le témoignage personnel
enraciné dans une expérience personnelle (voir Épistémologie ; Foi en Jésus-Christ ;
Raison et révélation).
Le dernier chapitre du Livre de Mormon fait cette promesse : « Et lorsque vous
recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du
Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur sincère, avec
une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du
Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes
choses. » (Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle qu’on reçoit en réponse à la prière
s’appelle un témoignage. Les saints des derniers jours enseignent que, grâce à cette
source, on peut recevoir le témoignage certain que Dieu vit, la confirmation des divers
principes que les Écritures enseignent et les éclaircissements là où ils sont nécessaires.
Il est essentiel d’avoir une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui pour
découvrir qu’il existe réellement. Puisque Dieu existe et que les êtres humains sont ses
enfants, il est important que les hommes et les femmes connaissent ces faits parce qu’une
telle connaissance est un composant de la vie éternelle (Jn. 17:3). Les hommes doivent
savoir qu’ils sont eux-mêmes des êtres éternels, que leur existence terrestre dépend de
Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend des relations qu’ils établissent avec
Dieu et du respect de ses commandements (voir Commandements ; Obéissance).
Dieu aime ses enfants et leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin (voir
État divin). Dieu a donné à l’humanité le programme pour l’ensemble de ses enfants (voir
Plan de salut, Plan de rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il guide spirituellement
les personnes qui le désirent (voir Inspiration). Dieu a révélé sa volonté aux prophètes
dans les temps anciens et aux apôtres au midi des temps, et il continue à se révéler aux
prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
L’étude de l’existence de Dieu crée le désir de le connaître et de savoir ce qu’il veut de
nous. À mesure que notre foi et notre connaissance de Dieu augmentent, nous désirons
de plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui (voir Foi en
Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a enseigné que le fait de connaître la véritable
personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène au salut (Lectures on Faith 4:1 ;
voir Discours sur la Foi). Jésus a promis que le Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé à
celui qui garde les commandements de Dieu (Jn. 14:26). L’idéal est de jouir
continuellement de cette influence.
Le prophète Joseph Smith a dit : « Le premier principe de l’Évangile est de connaître
avec certitude la nature de Dieu et de savoir que nous pouvons converser avec lui comme
un homme converse avec un autre, et qu’il a jadis été un homme comme nous : oui, que
Dieu lui-même, notre Père à tous, a demeuré sur une terre tout comme Jésus-Christ luimême » (EPJS, p. 280). En outre : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes
maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le
grand secret. Si le voile était déchiré aujourd’hui et si le grand Dieu qui maintient notre
monde dans son orbite et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son pouvoir
devait se rendre visible – je dis, si vous deviez le voir aujourd’hui, vous le verriez sous la
forme d’un homme – comme vous-mêmes dans toute la personne, l’image et la forme d’un
homme ; car Adam fut créé à la manière, à l’image et à la ressemblance mêmes de Dieu,
reçut des instructions de lui et marcha, parla et conversa avec lui, comme un homme parle
et communie avec un autre » (EPJS, p. 279).
Ainsi, tous les humains doivent apprendre de Dieu qui ils sont, d’où ils viennent,
pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui est leur potentiel éternel en étudiant les
Écritures et en recevant la révélation personnelle. Tout est centré sur Dieu.
Bibliographie
« Le Père et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze »,
MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L.
Kimball. Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, p. 61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
Dieu le Père
Cette rubrique se compose de quatre articles :
Dieu le Père : Aperçu
Dieu le Père : Noms et titres
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Le premier article est une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père et aux
sources où l’on peut la trouver. Le deuxième article mentionne les noms et les titres
principaux donnés à Dieu dans les Écritures de l’Église. Le troisième article traite
brièvement de la gloire de Dieu. L’article final va dans le détail de la notion des buts de
Dieu par rapport à l’humanité.
Dieu le Père : Aperçu
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers jours appellent généralement Dieu, le Père éternel, Élohim, un
pluriel hébreu (‘elohim) signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah (voir
Élohim ; Jéhovah, Jésus-Christ). Il n’est pas possible de distinguer les personnes du Père
et du Fils par des termes plus ambigus comme « Dieu ». Le fait d’appeler le Père
« Élohim » est donc une convention utile tant que l’on se rappelle que, dans certains
passages de la Bible hébraïque, le titre élohim ne désigne pas exclusivement la personne
de Dieu le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le Père dans le langage des
saints pourrait être « Ahman »(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon Orson Pratt, est un nom du
Père (JD 2:342).
Dans la théologie de l’Église, la doctrine de la nature de Dieu est davantage précisée
par la première vision du prophète Joseph Smith que par toute autre chose. Ici, Joseph
Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient deux êtres séparés et distincts,
possédant chacun un corps à l’image et à la ressemblance duquel les mortels sont créés.
Pour les saints des derniers jours, aucune conception théologique ou philosophique de
Dieu ne peut l’emporter sur l’expérience directe du prophète (voir Première Vision).
Dans un certain sens, c’est créer une légère distorsion que se concentrer sur un seul
membre de la Divinité et traiter de ses caractéristiques en l’isolant de celles des deux
autres, car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en but et en personnalité (Jn.
10:30 ; 17:11, 21-23). La majeure partie de ce qui peut être dit du Père est également vrai
du Fils et vice-versa. Le prophète Joseph Smith a dit que le Fils ne fait rien dont le Père ne
soit pas l’exemple (EPJS, p. 252 ; cf. Jn. 5:19-20).
Pourtant Dieu le Père n’est pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit, mais
est un être séparé. Le Père a existé avant le Fils et le Saint-Esprit et est la source de leur
divinité. En termes classiques, la théologie des saints est subordinationniste, c’est-à-dire
qu’elle considère le Fils et le Saint-Esprit comme subordonnés et dépendants de Dieu, le
Père éternel. Ils descendent de lui. C’est pour cela que Joseph Smith appelle le Père
« Dieu le premier » pour souligner sa primauté dans la Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le
Saint-Esprit étaient « au commencement avec Dieu », mais seul le Père a existé avant le
commencement de l’univers tel qu’on le connaît. Il est la source ultime de tout et le Père
de tout, parce qu’au commencement il a engendré le Fils et, par l’entremise de son agent,
le Fils, le Père a réalisé la création de tout.
Les saints des derniers jours perçoivent le Père comme un Homme exalté dans le sens
le plus littéral et le plus anthropomorphique du terme. Ils ne considèrent pas la
terminologie de la Genèse comme allégorique ; les êtres humains sont créés dans la
forme et à l’image d’un Dieu qui a une forme et une image physiques (Ge. 1:26). Le
prophète Joseph Smith explique : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que
celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os,
c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22). Ainsi, « Dieu est esprit » (Jn. 4:24) en ce
sens que le Saint-Esprit, le membre de la Divinité qui traite le plus souvent et le plus
directement avec les humains, est un Dieu et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils
sont des esprits ayant un corps physique et ressuscité. Les saints des derniers jours nient
la nature abstraite de Dieu le Père et affirment qu’il est un être concret, qu’il possède un
corps physique et qu’il est dans l’espace et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que
Dieu le Père est le « totalement autre », inconnaissable ou incompréhensible. Selon la
doctrine de l’Église, connaître le Père et le Fils est une condition préalable à la vie
éternelle (Jn. 17:3 ; D&A 88:49). De l’avis de beaucoup de saints des derniers jours, le
concept d’une Divinité abstraite et incompréhensible constitue une intrusion des
catégories philosophiques grecques dans le message biblique.
Le Père, Élohim, est appelé le Père parce qu’il est le Père littéral de l’esprit des mortels
(Hé. 12:9). Cette paternité n’est pas allégorique. Tous les esprits humains ont été
engendrés (et pas créés de rien ou faits) par le Père dans un état prémortel, où ils ont
vécu et ont été éduqués par des Parents célestes. Ces enfants d’esprit du Père viennent
sur terre recevoir un corps mortel ; il y a des liens familiaux littéraux entre les hommes.
Joseph Smith a enseigné : « Si les hommes ne comprennent pas la personnalité de Dieu,
ils ne se comprennent pas eux-mêmes » (EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains
représentent une lignée divine unique, la même espèce d’être, bien qu’eux et lui soient à
différentes étapes de progression. Ce point de doctrine est énoncé avec concision dans
un couplet bien connu du président Lorenzo Snow : « Ce que l’homme est maintenant,
Dieu le fut autrefois ; ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le devenir » (voir État
divin). Ce principe est clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ, un Dieu qui
est devenu mortel, et cependant un Dieu comme qui les mortels peuvent devenir (Ro.
8:29 ; 2 Co. 3:18). Mais la maxime vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète
Joseph Smith l’a dit : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est
un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le grand secret »
(EPJS, p. 279). Ainsi, le Père est devenu le Père à un moment donné avant « le
commencement » tel que les humains le connaissent, en passant par une condition
mortelle semblable à celle que nous vivons sur terre. Il y a eu des théories parmi certains
saints des derniers jours sur les implications de ce point de doctrine, mais rien n’a été
révélé à l’Église au sujet de ce qui existait avant « le commencement » tel que les mortels
le connaissent. Les points importants de cette doctrine pour les saints des derniers jours
sont que les Dieux et les humains sont la même espèce d’êtres, mais à différentes étapes
du développement dans un continuum divin et que le Père et la Mère célestes sont le
modèle et l’exemple célestes de ce que les mortels peuvent devenir par l’obéissance à
l’Évangile (voir Mère céleste). Le fait de savoir qu’ils sont la descendance littérale de
parents célestes et qu’ils peuvent devenir comme eux par l’Évangile de Jésus-Christ est
une source intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père littéral et les
humains comme dotés de la capacité de devenir comme lui, la réponse aux questions
religieuses de base « D’où viens-je ? », « Pourquoi suis-je ici ? » et « Quel est mon
destin ? » trouvent fondamentalement leur réponse.
Les saints des derniers jours attribuent également l’omnipotence et l’omniscience au
Père. Il sait tout ce qui concerne l’univers dans lequel les mortels vivent et est lui-même la
source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui s’y manifeste. Cela fait partie de ce que
signifie être exalté et c’est pour cela que les êtres humains peuvent sans risque mettre
leur foi et leur confiance en Dieu le Père, un être exalté. Néanmoins, dans la plupart des
choses relatives à ce monde, le Père agit par l’intermédiaire d’un médiateur, son Fils,
Jésus-Christ. À de rares exceptions près, les mentions de Dieu ou même du Père dans les
Écritures se rapportent en réalité à Jésus-Christ parce que le Père est représenté par son
Fils. Dans les quelques occasions où le Père s’est clairement manifesté, il a apparemment
limité sa participation personnelle à rendre témoignage du Fils, comme au baptême de
Jésus (Mt. 3:17), à la Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage aux Néphites et
aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:17). Le
Christ est l’agent du Père, et puisque lui seul, par son expiation, a rendu possible l’accès
au Père, les saints des derniers jours adorent et prient le Père et lui offrent toutes les
autres observances au nom du Fils, Jésus-Christ (Moï. 5:8).
Un autre attribut personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8). À cause
de cet amour, il est de la nature du Père d’améliorer tout et tout le monde dans la mesure
où on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière non organisée, le Père a
créé un univers ordonné. À partir d’intelligences préexistantes, il a engendré des enfants
d’esprit. Même ceux de ses enfants qui ne veulent pas coopérer ni obéir et qui ne peuvent
donc pas devenir comme lui, il les sauve malgré tout, s’ils le permettent, et les place dans
des royaumes de gloire moindre (D&A 76:42-43 ; voir Salut) : « Car voici mon œuvre et
ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). L’amour du
Père ne se limite pas à ceux qui l’adorent et lui obéissent, bien que ce soient eux qui
auront la plus grande récompense, mais il s’étend à tous ses enfants. L’œuvre et la gloire
du Père sont d’aimer et d’édifier tous ses enfants dans la mesure où ils le permettent. Les
saints des derniers jours croient que l’intention du Père est de rendre tous les êtres
humains aussi heureux qu’il leur est possible de l’être. C’est dans ce but que le Père a
créé le plan du salut. Il désire que tous les êtres humains soient exaltés comme lui,
reçoivent les pouvoirs et les joies qu’il possède et éprouvent une plénitude de joie dans
l’éternité. La limite est la mesure dans laquelle les humains, en manifestant leur foi et leur
obéissance et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir en réalisant ce
but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir la foi que le plan du Père accomplira ce qu’il est
censé devoir accomplir : apporter le bonheur maximum aux êtres humains. Néanmoins,
les saints des derniers jours croient, contrairement à certaines autres conceptions, que le
Père ne viole jamais le libre arbitre individuel en forçant ses enfants à l’exaltation et au
bonheur. La coercition, à quelque niveau que ce soit, même sous forme de prédestination
au royaume céleste, est contraire à la nature du Père. Tout rapport avec lui, toute
association avec lui est volontaire.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett
Discourse : A Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo, Utah,
1983.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 58-65. Salt Lake City,
1985.
Smith, Joseph Fielding. DS, Vol. 1, p. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
Dieu le Père : Noms et titres
Auteur : BURGON, GLADE L.
Les noms et les titres connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux,
particulièrement une fois qu’on les compare aux noms appliqués à Jésus-Christ (voir
Jésus-Christ, noms et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité se compose
de trois personnes distinctes : le Père, Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A
130:22). Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer Dieu le Père des deux
autres membres de la Divinité, les membres de l’Église choisissent parmi les noms qui se
trouvent dans les Écritures.
DIEU. Chez les saints des derniers jours, le titre « Dieu » désigne généralement Dieu
le Père. De temps en temps, le mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du Père, du Fils
et du Saint-Esprit (cf. 2 Né. 31:21 ; D&A 20:28) et parfois chaque membre séparément
(AF, p. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très difficiles les tentatives de distinguer
le Père de Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante, les déclarations de Jésus
selon lesquelles le Père et lui sont « un » et que connaître l’un c’est connaître l’autre,
indiquent que l’unité de la Divinité – en but et en esprit et témoignant l’un de l’autre – est
l’essentiel et semble diminuer l’importance des distinctions entre ses membres. Les
Écritures enseignent que pour connaître le Père il faut d’abord connaître le Christ (Jn.
14:6-23 ; D&A 84:35-38 ; 93:1-22 ; 132:12). Les instructions de Jésus selon lesquelles ses
fidèles doivent être « un » avec lui comme il est « un » avec le Père sont fondamentales
dans sa doctrine (cf. Jn. 17:1-26 ; 3 Né. 11:32-36).
PÈRE, PÈRE CÉLESTE. Le nom-titre « Père céleste » se rapporte à celui qui a dirigé
la création et est le Père des esprits de toute l’humanité (MFP 5:26-27). Jésus a utilisé les
termes « mon Père », « notre Père » et « le Père » dans son enseignement sur le Père et
en le priant. Le mot araméen abba (père) est resté dans la traduction du Nouveau
Testament (Mc. 14:36 ; Ro. 8:15 ; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité
utilise continuellement le titre « Père » en parlant du Père céleste (par exemple, 3 Né.
11:11 ; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner le Fils (voir Jésus-Christ,
Paternité et Filiation de). Selon le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, les âmes
fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et qui font des alliances personnelles avec lui
naissent spirituellement de nouveau, devenant « ses fils et ses filles » (par exemple,
Mosiah 5:7 ; cf. 1 Co. 4:15 ; 2 Co. 6:18 ; MFP 5:27-31).
DIEU LE PÈRE. La combinaison du titre « Dieu » et de l’appellatif « le Père » indique
qu’il s’agit du Père de Jésus-Christ et de tous les esprits. Les saints des derniers jours
adorent Dieu le Père et Jésus-Christ et prient le Père au nom du Christ comme le
Seigneur l’a commandé (D&A 88:64).
ÉLOHIM. Le terme généralement utilisé pour « Dieu » ou « dieux » dans la Bible
hébraïque est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou el et a le sens d’
« élevé » ou « exalté ». Les premiers dirigeants de l’Église ont pris pour habitude de
désigner Dieu le Père par le nom-titre exalté « Élohim » (cf. MFP 5:26 ; voir Élohim ; Nom
de Dieu). Cette terminologie est toujours utilisée.
JÉHOVAH, SEIGNEUR, SEIGNEUR DIEU. Le terme « Seigneur », imprimé en
majuscules dans beaucoup de versions anglaises de l’Ancien Testament, remplace le nom
Jéhovah (yhwh dans la Bible hébraïque). Bien qu’identifiant Jésus-Christ à Jéhovah (3 Né.
15:3-5 ; cf. D&A 110:1-4 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints des derniers jours
utilisent le titre « Seigneur » pour le Père et le Fils, comme c’est courant dans toute
l’Écriture. Le titre « Seigneur Dieu » dans la Bible hébraïque est un composé d’élohim
précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou d’adonaï (seigneur ou maître). Ce nom-titre combiné
désigne surtout Jéhovah dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, dans le
Livre de Mormon et dans d’autres Écritures modernes « Seigneur Dieu » peut désigner
soit le Père (par exemple, Moïse 4:1-4) soit le Fils (Mosiah 3:21). [NdT : Pour ce qui est de
la Version Segond, l’auteur utilise uniquement les termes Éternel, Éternel Dieu. Il est à
remarquer que le Tétragramme IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La
prononciation Jéhovah provient du fait que les voyelles du mot « adonaï », Seigneur,
couramment utilisé parce qu’il était interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées
aux consonnes du Tétragramme.]
AHMAN. Dans deux révélations à Joseph Smith (D&A 78:20 ; 95:17), Jésus-Christ se
désigne lui-même par le nom « Fils Ahman », ce qui veut dire qu’il est possible que
« Ahman » signifie Dieu et soit l’un des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît
également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman (D&A 116:1 ; 117:8, 11).
HOMME DE SAINTETÉ. Adam a appris par révélation qu’un des noms de Dieu le Père
est « Homme de Sainteté » (Moïse 6:57). Hénoc a également noté les paroles de Dieu :
« Voici, je suis Dieu ; Homme de Sainteté est mon nom ; Homme de Conseil est mon
nom ; et Infini et Éternel est mon nom aussi. » (Moïse 7:35 ; voir Infini et Éternel).
Dans la Bible et les Écritures modernes, d’autres titres de Dieu portent une signification
précieuse : « Père des esprits », « Dieu de tous les autres Dieux », « Infini », « le Dieu
vivant » et « Seigneur des armées, ce qui est, par interprétation, le créateur du premier
jour, le commencement et la fin. » (D&A 95:7).
Bibliographie
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1915.
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Auteur : TURNER, RODNEY
La gloire est un attribut et une émanation intrinsèques de Dieu, que les Écritures
modernes associent à la loi divine et au pouvoir et à l’Esprit qui « sort de la présence de
Dieu pour remplir l’immensité de l’espace » (D&A 88:7-13). Les termes les plus importants
qui désignent « l’Esprit de gloire » (1 Pi. 4:14) sont l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, l’Esprit
du Seigneur, la lumière de la vérité, la Lumière du Christ et l’Esprit du Christ. Cet Esprit qui
imprègne tout est si pur et si raffiné qu’il n’est pas perceptible aux mortels dans les
circonstances ordinaires (D&A 131:7-8 ; EPJS, p. 167). Il est pourtant arrivé, comme en
témoignent les prophètes, que la gloire innée ait été manifestée de manière visible sous la
forme d’un feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17 ; Ac. 2:3 ; Hél. 5:43-45 ; 3 Né. 17:24 ; 19:1314 ; HC 1:30-32). Moïse et Jésus ont été transfigurés par le même pouvoir glorificateur
(Ex. 34:29-35 ; Mt. 17:2).
Parce que la gloire rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un « feu dévorant » (De.
4:24 ; cf. És. 33:14). Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, p. 129, 144, 262). Mais il
peut également rayonner de lui une lumière et une chaleur si transcendantes qu’aucune
chair mortelle ne peut supporter sa présence (Mal. 4:1 ; D&A 133:41, 49 ; HC 1:17, 37).
Ce n’est que quand on est revêtu de l’Esprit que l’on peut supporter la présence glorieuse
de Dieu (Moï. 1:2, 11 ; D&A 67:11).
L’esprit de gloire imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59 ; 88:41). Par conséquent,
elles sont des royaumes de gloire et voir la moindre de ses créations c’est voir une partie
de sa gloire (Moï. 1:5 ; Ps. 19:1 ; D&A 88:45-47 ; EPJS, p. 284). Étant donné que les
œuvres de Dieu sont sans fin, sa gloire est sans cesse croissante (Abr. 3:12 ; Moï. 1:38 ;
7:30). Son œuvre et sa gloire c’est réaliser l’immortalité et la vie éternelle de ses enfants
(Moï. 1:39). De même que le fait pour Jésus de se soumettre à la volonté de son Père les
a glorifiés tous les deux, de même l’obéissance de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn.
13:31 ; 17:1). On parvient à être un avec Dieu par cette relation de gloire (Jn. 17:21-23 ;
D&A 88:60).
La mesure dans laquelle les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les
principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité inhérents à l’intelligence divine
détermine la mesure dans laquelle ils seront remplis de la gloire de Dieu quand ils
ressusciteront et, en conséquence, la sphère de gloire qu’ils hériteront dans l’éternité
(D&A 88:22-32 ; 93:20, 28 ; 130:18-19 ; EPJS, p. 296). RODNEY TURNER
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Auteur : LARGEY, DENNIS L.
Une révélation reçue par Moïse entre son expérience du buisson ardent (Ex. 3:1-4:17)
et son retour en Égypte (Ex. 4:20 ; cf. Moï. 1:26) dit que l’œuvre et la gloire de Dieu
consistent à « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Ce
passage, qui est l’un de ceux qui sont le plus souvent cités de l’Écriture dans les sermons
décrit le but principal des actions de Dieu en faveur de ses enfants.
Précédemment dans cette vision, Moïse avait vu « beaucoup de pays. Chaque pays
était appelé terre, et il y avait des habitants à sa surface » (Moï. 1:29). Alors le Seigneur lui
dit que « lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à
mes œuvres ni à mes paroles » (1:38). Après avoir reçu cet aperçu global des créations
de Dieu, Moïse demande au Seigneur : « Dis-moi, je te prie, pourquoi ces choses sont
ainsi, et par quoi tu les as faites ? » (1:30).
Le Seigneur répond à la première question en expliquant : « Voici mon œuvre et ma
gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Créer des
mondes et les peupler de ses enfants, c’est ce qui constitue la majeure partie de
« l’œuvre » de Dieu. Il crée des terres où ses enfants d’esprit peuvent demeurer, où ils
reçoivent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. Tandis que l’immortalité
est la vie sans fin, la vie éternelle signifie devenir comme Dieu (voir État divin). Ainsi, la
« gloire » de Dieu consiste à permettre à l’humanité de parvenir à la gloire éternelle,
l’ultime étant la vie éternelle.
En réponse à la deuxième question de Moïse (c.-à-d., « par quoi tu les as faites ? » ),
le Seigneur dit que les mondes ont été créés par le pouvoir du « Fils unique, qui est plein
de grâce et de vérité » (Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que les actes
créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables (Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:1-2),
sont faits par l’intermédiaire du Fils unique, agent de Dieu, et sont faits en grâce et en
vérité au profit de ses enfants.
DENNIS L. LARGEY
Dispensation de la plénitude des temps
Auteur : PACKER, RAND H.
La dispensation de la plénitude des temps est la dispensation finale pour cette terre.
Les dispensations sont des périodes où l'Évangile de Jésus-Christ est administré par de
saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu pour remettre son message aux habitants
du monde. L’œuvre centrale de la « dispensation de la plénitude des temps » consiste à
rassembler toutes les ordonnances et vérités d'Évangile des dispensations passées et
certains points propres aux derniers jours. Paul a parlé d'un temps futur où toutes les
choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin rassemblées, et il l’a appelé la
« dispensation de la plénitude des temps » (Ép. 1:10 selon la KJV).
Cette dispensation a commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le prophète,
et toutes les révélations et tous les dons divins des anciennes dispensations s’y déversent
continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6 septembre 1842: « Il est nécessaire
pour l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps, laquelle dispensation
commence à être inaugurée, qu'une union et un rattachement complets et parfaits de
dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent et soient révélés depuis le
temps d'Adam jusqu'à nos jours » (D&A 128:18).
David W. Patten, membre de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: « La
dispensation de la plénitude des temps se compose de toutes dispensations qui ont
jamais eu lieu depuis que le monde a commencé jusqu'aujourd’hui… Tous [les prophètes]
ont reçu de leur temps une dispensation par révélation de Dieu pour accomplir le grand
plan du rétablissement… dont la fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans
laquelle s’accomplira tout ce dont il a été parlé depuis que la terre a été faite » (HC 3:51).
La révélation et le rétablissement caractérisent la plénitude des temps. La prêtrise, les
clefs (autorisation d'agir), les ordonnances, les alliances et les enseignements des
dispensations passées ont été, ou seront encore rétablis, et ceci n’est possible que par
révélation. Des messagers célestes ont exercé leur ministère auprès de Joseph Smith et
Oliver Cowdery, leur donnant l'autorité, les clefs, les points de doctrine et les ordonnances
des dispensations passées qui avaient été perdus pour le monde pour des raisons de
fragmentation, d'abus et d'apostasie. Les Doctrine et Alliances rapportent plusieurs
situations où ces deux hommes ont vu des prophètes anciens ressuscités, ont parlé avec
eux et ont reçu de l’autorité de leur part. Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste les a ordonnés à
la Prêtrise d'Aaron (D&A 13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et Jean, trois des
apôtres originels du Christ, leur ont conféré la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3
avril 1836, dans le temple de Kirtland, Moïse leur a donné « les clefs pour rassembler
Israël des quatre coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord » (D&A
110:11) ; Élias leur a confié les clefs de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A
110:12) et Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur conférant le pouvoir de
scellement, « de tourner le cœur des… enfants vers leurs pères » et de rendre
accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile à tous ceux qui ont vécu sur terre
(D&A 110:13-15). Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin
scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le peuple ancien d’Amérique, a été
traduit par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements faisaient partie du
programme visant à « réunir toutes choses en Christ » (Ép. 1:10 ; D&A 27:7-13 ; voir aussi
Rétablissement de toutes choses). La prêtrise a été révélée « pour la dernière fois » et
ceux qui détiennent maintenant les clefs, les ont « conjointement avec tous ceux qui ont
reçu une dispensation, à quelque époque que ce soit, depuis le début de la création »
(D&A 112:30-31).
Le prophète Joseph Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à la
dispensation de la plénitude des temps : « Ces choses qui n'ont jamais été révélées
depuis la fondation du monde, mais ont été cachées aux sages et aux intelligents, seront
révélées à de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation, qui est la
dispensation de la plénitude des temps » (D&A 128:18). Bien que le plan du salut soit le
même dans chaque dispensation, la plénitude des temps verra l'accomplissement
d’événements spécifiques et uniques, notamment la reconstruction de la vieille Jérusalem,
la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication de l'Évangile à toutes les nations,
familles, langues et peuples, le rassemblement d'Israël et la seconde venue de Jésus-
Christ. Tout ce qui est nécessaire pour introduire le millénium rentre dans le domaine de la
dispensation de la plénitude des temps, qui continuera jusqu'à ce que le Christ ait soumis
tous ses ennemis et ait rendu parfaite son œuvre (D&A 76:106 ; EPJS, p. 186).
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 137, 320. Salt Lake City,
1985.
RAND H. PACKER
Dispensations de l'Évangile
Auteur : LASSETTER, COURTNEY J.
Le terme « dispensation » est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée
d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les « dispensations » sont
également des périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la terre la
connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité nécessaires pour mettre en application son
plan de salut pour ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a d’abord été donné à Adam
(Moï. 5:4-12 ; 6:62-68 ; D&A 84:16-18 ; EPJS, p. 124, 133), mais par suite de l'apostasie
et de la fragmentation qui se sont produites plus tard parmi ses descendants, il n'est pas
resté constamment sur la terre. Par conséquent, le Seigneur a de temps en temps appelé
de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé le plan et conféré l'autorité sacerdotale
nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
Chaque nouvelle dispensation ou période de vérité rétablie propose aux hommes et
aux femmes une intendance divine qui est d’accomplir l’œuvre du Seigneur sur la terre.
Les bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de Dieu dans la réalisation de ses
buts. Ils œuvrent selon son dessein ordonné et révélé. Son plan tient compte des
faiblesses humaines et prévoit des périodes de renouvellement après apostasie, tout
comme il prévoit une rédemption par rapport aux manquements des gens par le repentir et
l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions d'intendance et d'ordre sont des thèmes
importants dans la théologie des saints.
Les prophètes sont des intendants qui prêchent et organisent l’œuvre de rédemption
dans chaque dispensation. Il est devenu traditionnel, dans certains commentaires
mormons non officiels, de compter sept grandes dispensations appelées du nom du
prophète principal de chacune d’elles : Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ
(qui a dirigé la dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a introduit la
dispensation de la plénitude des temps ; voir Actes 3:21). Cependant, cette liste ne tient
pas compte d'autres dispensations, comme celle chez les Jarédites, les Néphites et les dix
tribus perdues d'Israël.
Il est rare que des dispensations de l'Évangile aient été universelles, touchant toutes
les nations, bien que ce soit l'idéal (par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent, c’est un seul
peuple qui a été sensible, alors que les autres nations languissaient dans l'ignorance et
l'incrédulité. Cependant, la dispensation adamique a dû être communiquée de son temps
à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12) et de nouveau, dans la dispensation finale, la
plénitude des temps, l'Évangile « sera prêché à toute nation, famille, langue et peuple »
(voir D&A 133:37 ; cf. 90:9-11). Le midi des temps a reçu le même mandat (Mt. 28:19-20),
mais nous n'avons aucun document permettant de dire que l'Évangile a touché toutes les
nations de l’époque.
Plusieurs éléments fondamentaux sont communs à toutes les dispensations : l’autorité
de la prêtrise, le baptême par immersion et l'imposition des mains pour le don du SaintEsprit, le pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple. Les points de
doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute d'Adam, la foi en Jésus-Christ, le
repentir et la nécessité d'une expiation infinie ont été enseignés à chaque époque à partir
du temps d'Adam toutes les fois qu'il y a eu des prophètes vivants choisis par le Seigneur
(Moï. 5:4-12 ; D&A 112:29-32).
Certains prophètes ont reçu des clefs et la responsabilité d’aspects spécifiques du plan
de Dieu pour cette terre. Dans le sens de dispensation ou d'intendance, chacune de ces
tâches pourrait être appelée, à bon droit, une dispensation spéciale. Joseph Smith a
enseigné qu'Adam, en tant que « père de tous les vivants », se trouve à la tête de l'ordre
patriarcal de la prêtrise pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125 ; D&A 78:16) et
détient les clefs de génération en génération. Toutes les fois que l'Évangile est révélé à
nouveau, c’est sous la direction d'Adam. Noé, le « père de tous les vivants » après Adam,
est également connu comme Gabriel et suit Adam en autorité dans la prêtrise (EPJS, p.
124, 133). Moïse détient les clefs du rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles
du scellement des générations (D&A 2 ; 110:13-16 ; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu
pour rôle spécial de préparer la venue du Messie (TJS Mt. 11:13-15 ; 17:10-14). Pierre,
Jacques et Jean ont reçu les clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125) de Jésus,
de Moïse, et d'Élie). Moroni a la responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun
de ces prophètes a reçu une dispensation de clefs dont il assume l’intendance et dont il
rendra compte au Seigneur (D&A 27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui
détiennent des clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au Christ (EPJS, p.
124 ; cf. TJS Lu. 3:8-9).
Pour l’installation de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph Smith en
envoyant des prophètes de dispensations précédentes lui conférer leurs clefs (voir D&A
110 ; 112:32 ; 128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des temps, toutes
choses seront réunies (voir Ép. 1:10 ; D&A 27:13). Puisque la dispensation finale est le
point culminant de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est vénéré comme une
personnalité éminente sous Jésus-Christ (D&A 128:18 ; 135:3).
Chaque dispensation, en commençant par celle d’Adam, a été une dispensation de
l'Évangile du salut par Jésus-Christ. C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le même
plan de rédemption par l’intermédiaire du Sauveur et la sainte prêtrise nécessaire a été
révélé par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
La logique générale du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations
révélées et les directives appropriées à la diversité des temps et des cultures des
différentes dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les dispensations
précédentes comme signe d'alliance, n'était plus essentielle dans les dispensations
ultérieures. Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien Testament pour
préfigurer l'Expiation ont été accomplis en Christ, lequel a prescrit les nouveaux emblèmes
rédempteurs du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont fortement conscients des
changements et de la progression dans l'histoire sacrée. La progression personnelle et ce
que cela implique dans l’optique de la création d'une société de Sion rendue parfaite est
essentielle dans l'eschatologie des saints (voir Progression éternelle). Cette notion de la
progression est démontrée dans le concept que la dispensation finale bâtit sur les
précédentes et réalise leurs buts à toutes avec la célestialisation de la terre. La terre
deviendra alors une résidence glorieuse pour ceux de toutes les dispensations qui auront
été ressuscités et rendus parfaits en Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de la
compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi, Moïse et Élie ont visité Pierre,
Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines clefs
d'autorité et, comme déjà souligné, ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes anciens ont
visité Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir Rétablissement de l'Évangile de
Jésus-Christ).
Bien que l'Église du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de
fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, l’œuvre du Seigneur dans chaque
dispensation n’est jamais clôturée, menant à la dispensation finale. L’œuvre du Seigneur
qui n'a pas été achevée dans une dispensation précédente continuera dans la
dispensation finale, qui s'appelle, à juste titre, « la plénitude des temps ». Dans cette
dernière dispensation, certains idéaux, qui n’avaient encore jamais été atteints sur la terre,
seront réalisés (p. ex., le rassemblement d'Israël, la seconde venue de Jésus-Christ et le
millénium).
Bibliographie :
Arrington, F. L. "Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and Charismatic
Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B. McGee. Grand Rapids, Mich.,
1988.
Hunter, Milton R. The Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER
Divinité
Auteur : Dahl, Paul E.
[On trouvera un traitement sur les trois membres de la Divinité et leurs attributs divins,
ainsi que leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le Père ; Élohim ; Homme
de sainteté ; Jéhovah ; Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ; Colombe, signe
de la.Voir aussi État divin ; Infini et éternel ; Nom de Dieu ; Intelligence ; Prescience de
Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence de Dieu ; Omniscience de Dieu.]
Les saints des derniers jours croient en Dieu le Père, en son Fils, Jésus Christ, et au
Saint-Esprit (1er art. de foi). Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les clefs du
pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité est un personnage indépendant,
séparé et distinct des deux autres, les trois étant dans une unité et dans une entente
parfaites entre eux (AF, chap. 2).
Cette connaissance concernant la Divinité découle principalement de la Bible et des
révélations de Joseph Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de Joseph
Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité se manifestent séparément au
baptême de Jésus (Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes 7:55-56). Joseph
Smith fait ce commentaire : « Pierre et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils de l'Homme
debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts sait qu'il y a trois
Personnages dans le ciel qui détiennent les clés du pouvoir, et que l’un préside sur tous »
(EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith
déclara que « dans toutes les assemblées », il avait enseigné « la pluralité des Dieux »
depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer que Dieu est un Personnage distinct, que
Jésus-Christ est un Personnage distinct et séparé de Dieu le Père, et que le Saint-Esprit
est un Personnage distinct et un Esprit : et ces trois-là constituent trois Personnages
distincts et trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les plus anciens qui existent
encore de la première vision de Joseph ne donnent pas de détails sur la Divinité, mais il
est clairement démontré, documents à l’appui, qu'il a toujours enseigné, dans la plupart
des périodes de sa vie, que le Père et le Fils étaient des personnages séparés (p. ex.,
D&A 76:23 [1832], 137:3 [1836], sa Première Vision, JS–H 1:17[écrite en 1838], D&A
130:22 [1843]). Bien que n'identifiant pas le Saint-Esprit comme étant un « personnage »,
le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le Père, le Fils et le Saint-Esprit
constituent la Divinité » (cf. Millet, p. 223-234).
Bien que les trois membres de la Divinité soient des personnages distincts, leur
Divinité est « une » en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs actes et
leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance, de vérité et de puissance. Chacun
est un Dieu. Cela n'implique pas une union mystique de la substance ou de la
personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup d'hommes disent il y a un seul Dieu ;
le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là un Dieu
étrange de toutes façons : trois en un et un en trois ! C'est une curieuse organisation.
‘Père, je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés... afin qu'ils soient
un comme nous’… Je veux vous lire moi-même le texte : ‘Je suis d'accord avec le Père et
le Père est d'accord avec moi, et nous sommes d'accord comme une seule personne.’ Le
grec montre que ce devrait être ‘être d’accord’. ‘Père, je prie pour ceux que tu m'as
donnés hors du monde... afin qu’eux aussi soient d’accord avec nous’ et que tous viennent
tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p. 302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf. aussi WJS, p.
380].
L'unité demandée dans Jean 17 constitue le modèle de ce que les mormons
entendent par l'unité de la Divinité : celle que l’on atteint par l’unité d'intention, par la foi et
par la volonté et l'action divines. Joseph Smith a enseigné que la Divinité était unie par
« une alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois personnages avant que notre terre ne
fût organisée » à propos de ce qu’ils devaient dispenser à ses habitants (EPJS, p. 152).
L'objectif principal de la Divinité et de tous ceux qui sont unis avec elle est de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).
Chaque membre de la Divinité s'acquitte de fonctions particulières à l'égard de chacun
des autres et de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité. Il est le Père de tous les
esprits humains et du corps physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été créé à son
image.
Jésus-Christ, Fils Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique dans la chair, est
l'agent créateur de la Divinité et le médiateur rédempteur entre le Père et l'humanité. C’est
par lui que Dieu a tout créé et c’est par son intermédiaire que Dieu a révélé les lois du
salut. C’est en lui que tous seront rendus vivants et c’est par son expiation que toute
l'humanité peut être réconciliée avec le Père.
Le Saint-Esprit est un personnage d'esprit qui témoigne de la vérité. Le Père et le
Saint-Esprit témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent du Père (3 Néphi
11:32; cf. Jean 8:18). C’est par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les révélations du Père
et du Fils sont données.
La doctrine mormone de la Divinité se distingue des divers concepts de la Trinité.
Plusieurs doctrines trinitaires postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette
« évolution du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la philosophie
émanationniste du stoïcisme et du néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de
ce dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict » (ER 15:54). Les doctrines
trinitaires cherchaient à élever l'unicité de Dieu, allant dans certains cas jusqu’à qualifier
Jésus de consubstantiel avec le Père afin d'exclure toute possibilité de prétendre que
Jésus n'était pas pleinement divin. La conception mormone, formulée par la révélation
moderne par l'intermédiaire de Joseph Smith, rejette l'idée que Jésus ou qui que ce soit
d’autre perd son individualité en atteignant l’état divin ou en se retrouvant dans des
relations divines et éternelles avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi Christologie ;
Déification chez les premiers chrétiens.]
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The Father, Son, and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p. 49-51.
Millet, Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of the Godhead in the
Lectures on Faith." Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L.
Dahl et C. Tate, p. 221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of the Church in Respect of the Godhead." IE 1, août 1898,
p. 754-769.
PAUL E. DAHL
Doctrine
[Cette rubrique se compose de cinq articles :
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Doctrine : Enseignements distinctifs
Doctrine : Doctrine mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine : Harmonisation des paradoxes
Doctrine : Traités sur la doctrine
On trouvera des articles apparentés dans Articles de foi ; Évangile de Jésus-Christ ;
Jéhovah, Jésus-Christ ; et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire
intellectuelle et Smith, Joseph : Enseignements de. Joseph Smith. Pour des articles à
caractère philosophique, voir, entre autres, Épistémologie ; Éthique ; Connaissance ;
Métaphysique ; Philosophie ; Raison et révélation ; Théologie ; et Vérité.]
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Auteurs : BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
SIGNIFICATION DU MOT DOCTRINE. Le mot « doctrine » dans les Écritures signifie
« enseignement, ce qu’on enseigne ». Le plus souvent, dans l’Église, il désigne les
enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ, compris dans un sens assez spécifique.
Donc du point de vue scripturaire, le terme « doctrine » signifie le message central de
Jésus le Christ, à savoir que Jésus est le Messie, le Rédempteur. Tous les autres
enseignements sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde « sait comment aller
au Christ et être sauvé » c’est-à-dire, aux « points de doctrine » comme la foi, le repentir,
le baptême et la réception du don du Saint-Esprit. Un jour, en soulignant la prééminence et
la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné : « Et quiconque annonce plus
ou moins que cela et l'établit comme étant ma doctrine, celui-là vient du mal et n'est pas
bâti sur mon roc » (3 Né. 11:40).
Dans la King James Version (KJV) de l’Ancien Testament, le mot « doctrine » apparaît
six fois (De. 32:2 ; Job 11:4 ; Pr. 4:2 ; És. 28:9, 29:24 ; Jé. 10:8), habituellement comme
traduction du mot hébreu leqakh, signifiant « instruction » ou, plus littéralement, « ce qui
doit être reçu ». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est utilisé une cinquantaine de
fois, le plus souvent en rapport avec l’enseignement ou les instructions de Jésus-Christ,
moins fréquemment avec les enseignements d’autres personnes.
La « doctrine de Jésus-Christ », que les auditeurs du Sauveur trouvaient frappante (Mt.
7:28) et « nouvelle » (Mc. 1:27) et qu’il attribuait au Père (Jn. 7:16-19), est synonyme de
son message central, l’Évangile de Jésus-Christ. Selon les termes de Paul, c’était la
bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu « nous a réconciliés à lui
par Christ » (2 Co. 5:18).
Les apôtres, après la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à enseigner ce
message essentiel (Ac. 13:12 ; 1 Ti. 6:1). Ils utilisaient le mot « doctrine » le plus souvent
pour désigner ce qu’une personne devait croire et faire pour être sauvée (Ac. 2:41-47 ; 1
Ti. 4:16 ; Hé. 6:1-3).
La plupart des occurrences du terme « doctrine » dans le Nouveau Testament sont au
singulier et se rapportent à la « doctrine de Jésus-Christ ». Le pluriel « doctrines » désigne
habituellement les enseignements des hommes et des démons, des enseignements faux
et vains contraires à la « doctrine » du Sauveur ou la niant. Le message de Jésus vient du
Père et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur, le chemin du salut. La
« doctrine » de Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres enseignements,
principes et pratiques reposent.
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances utilisent le mot « doctrine » de la même
manière. Au singulier, il désigne toujours la « doctrine de Jésus-Christ » ou les « points de
sa doctrine » et signifie « ce qui assurera le salut de ceux qui l’acceptent et agissent en
conséquence ». Au pluriel, il désigne les faux enseignements des démons ou d’autres
(2 Né. 3:12 ; 28:9 ; D&A 46:7). Le Livre de Mormon utilise « doctrine » dans ce sens
spécial comme étant la « doctrine de Jésus-Christ » ou l’Évangile (vingt-huit fois). Jésus
attribuait son enseignement au Père : « Et ceci est ma doctrine… que le Père commande
à tous les hommes de partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi
et est baptisé, celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux-là qui hériteront le royaume de Dieu »
(3 Né. 11:32-33). Plus tard il déclara : « Ceci est l'Évangile que je vous ai donné : que je
suis venu au monde pour faire la volonté de mon Père… Et mon Père m'a envoyé pour
que je sois élevé sur la croix… et… quiconque se repent et est baptisé en mon nom sera
rassasié ; et s'il persévère jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour innocent devant mon Père
en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde » (3 Né. 27:13-16 ; cf. D&A 76:40-42).
Ainsi, la « doctrine de Jésus-Christ » est le seul enseignement qui puisse être qualifié
correctement de « doctrine ». Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas être modifiée ou
contredite, mais simplement amplifiée par la révélation de vérités supplémentaires qui
approfondissent la compréhension et l’appréciation de sa signification. C’est la base sur
laquelle se fait l’épreuve de la foi et le roc ou le fondement de tous les autres
enseignements, principes et pratiques révélés.
Certains de ces autres enseignements comportent ce qui est parfois désigné sous le
nom de plan de salut, qui est le cadre historique général dans lequel la « doctrine de
Jésus-Christ » est située et par conséquent mieux comprise. C’est le plan élaboré dès le
commencement par le Père, qui a pour centre l’expiation de Jésus-Christ, moyen
nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et exaltés. Tous les autres
enseignements révélés sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ, soit des
prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine. Le prophète Joseph
Smith a enseigné : « Les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des
apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à
notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95).
Les « annexes » qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures comme
éléments de la doctrine de Jésus-Christ sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de
Dieu ; (2) le repentir de tous les péchés ; (3) le baptême par immersion pour la rémission
des péchés ; (4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux qui ont
l’autorité ; (5) la persévérance jusqu’à la fin dans la justice et (6) la résurrection de tous les
êtres humains pour être jugés par le Christ (3 Né. 9:1-16 ; 11:23-39 ; 19:7-28 ; 27:13-21 ;
D&A 10:62-69 ; 33:10-15 ; 39:5-6 ; 76:40-43). Les enseignements supplémentaires, qui
sont étroitement liés à ce fondement, sont la connaissance de la nature de Dieu, de la
création et de la chute d’Adam, du libre arbitre, de la révélation continue, d’un canon
ouvert et de la recherche continuelle de la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle,
du rassemblement d’Israël, du rôle d’un peuple de l’alliance, la diffusion de l’Évangile,
l’espérance et la charité, l’établissement de Sion, l’avènement du Christ, le règne du Christ
sur terre pendant mille ans, les ordonnances du temple pour les vivants et les morts, la
prédication de l’Évangile dans le monde d’esprit post-terrestre, la nécessité de la prêtrise,
les degrés de gloire dans l’au-delà, le mariage éternel et le concept de l’exaltation finale
en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
En plus de son utilisation scripturaire, le mot « doctrine » a un sens très général dans
le langage mormon de tous les jours, où il est utilisé pour désigner pratiquement tout ce
qui est ou a été enseigné ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce sens, les
enseignements doctrinaux répondent à une foule de questions. Certains sont étroitement
liés au message essentiel de l’Évangile de Jésus-Christ ; d’autres sont plus éloignés et
débordent de manière non systématique sur des disciplines telles que l’histoire, la
psychologie, la philosophie, les sciences, la politique, les affaires, l’économie. Certaines
de ces croyances peuvent être considérées comme doctrine officielle et sont données aux
saints à titre de conseil, d’exhortation, de réprimande et d’instructions (2 Ti. 3:16). Des
efforts continuels sont faits pour harmoniser et mettre en application ces principes et cette
doctrine dans une vie juste. D’autres enseignements, qui ne jouissent pas d’un statut
officiel ni ne font autorité, peuvent également être répandus à n’importe quel moment
parmi des membres de l’Église.
SOURCE DE LA DOCTRINE. Dieu est la source de la doctrine. Elle n’est pas créée ni
élaborée par l’homme. Elle est basée sur la vérité éternelle et est révélée par Dieu à
l’homme. Elle ne peut être correctement comprise que par révélation par l’intermédiaire de
l’Esprit de Dieu (1 Co. 2:11-14 ; Jcb. 4:8).
Dieu dispense les vérités éternelles « ligne sur ligne, précepte sur précepte » (2 Né.
28:30). Parfois, il a révélé la plénitude de l’Évangile et ceux qui l’ont acceptée et l’ont
vécue ont été reçus dans sa présence. Quand les hommes ont ignoré ou rejeté son
Évangile, Dieu a occasionnellement retenu son Esprit et les hommes ont dû vivre dans un
état de ténèbres spirituelles (voir Apostasie).
Dieu révèle autant de lumière que ce que l’humanité est disposée à respecter. Par
conséquent, des quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur la terre à différentes
époques et ceux qui habitaient la terre pendant la même époque ont connu des quantités
différentes de vérité. Dans ce sens, on peut dire qu’il y a une histoire de la doctrine, c’està-dire un récit de la façon dont l’humanité, au cours des temps, a soit grandi soit diminué
dans la connaissance des choses de Dieu, de l’homme et du monde. Joseph Smith a
enseigné : « Tel est le principe sur lequel le gouvernement du ciel est géré, par la
révélation adaptée aux circonstances dans lesquelles sont placés les enfants du
royaume » (EPJS, p. 206).
Beaucoup de facteurs influencent la quantité que Dieu révèle, à qui et dans quelles
circonstances. Parmi ces facteurs il y a : (1) qui saisit l’occasion de demander au Père au
nom du Christ ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la connaissance ; (3) ce qu’ils
demandent ; (4) ce qu’il est bon qu’ils reçoivent (D&A 18:18) ; (5) à quel point ils sont
disposés à obéir à ce qui est donné (Al. 12:9-11) ; (6) ce qu’exigent la volonté et la
sagesse de Dieu, car il donne « tout ce qu'il juge bon qu'[ils] aient » (Al. 29:8) ; (7) si la foi
des gens a besoin d’être mise à l’épreuve (Mormon était sur le point d’en écrire plus, mais
« le Seigneur me l'interdit, disant : Je veux éprouver la foi de mon peuple » [3 Né. 26:811]) ; et (8) comment les gens spirituellement préparés doivent recevoir la révélation (par
exemple, Jésus a enseigné par paraboles afin de protéger ceux qui n’étaient pas prêts à
comprendre [Lu. 8:10 ; D&A 19:22]). Les vérités éternelles constituant l’Évangile ne
changent pas et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume de Dieu les
comprendront et les appliqueront entièrement. Cependant, la connaissance et la
compréhension que l’humanité a de ces vérités changent au même titre que les règles et
les pratiques relevant des niveaux correspondants de compréhension et d’obéissance.
Puisque la maison de Dieu « est une maison d’ordre… et pas une maison de
confusion » (D&A 132:8), il doit y avoir quelqu’un qui peut parler pour Dieu pour toute
l’Église et également pour aplanir les différends. Dans l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours, le prophète en vie est le seul autorisé à recevoir des révélations et des
commandements faisant force de loi pour l’Église entière (D&A 28:1-7 ; 43:1-7 ; 128:11).
Depuis le moment où l’Église a été organisée, il y a eu et il y aura toujours « un prophète,
reconnu de Dieu et de son peuple, qui continuera à interpréter la volonté du Seigneur »
(Spencer W. Kimball, Ensign 7, mai 1977, p. 78). D’habitude, le prophète agit de concert
avec ses conseillers dans la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux
qui détiennent, avec le prophète, les « clefs du royaume » (D&A 81:2 ; 112:30), avec le
principe que l’unanimité du collège et le consentement commun des membres de l’Église
donnent pouvoir et validité à leurs décisions (D&A 26:2 ; 107:27-31). Agissant
collectivement et sous l’inspiration de Dieu, ces dirigeants ont autorité pour définir à
n’importe quel moment la position de l’Église en matière de doctrine, de règles et de
pratique. C’est le canal par lequel les changements se produisent. Les saints des derniers
jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes
concernant le royaume de Dieu » (9e A de F). Ces révélations sont censées permettre une
compréhension accrue de la doctrine.
Beaucoup de gens écrivent ou prêchent leurs idées. Certains, par l’étude et
l’obéissance, peuvent apprendre des vérités qui vont au-delà de la position déclarée de
l’Église, mais cela ne les autorise pas à parler officiellement pour elle ni à présenter leurs
idées comme faisant force de loi sur l’Église. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels les
Écritures ne sont pas claires et à propos desquels l’Église n’a fait aucune déclaration
officielle. Dans de tels cas, on peut trouver des divergences d’opinion entre les membres
et les dirigeants de l’Église. Tant que la vérité dans ces domaines n’est pas manifestée par
la révélation, il y a place pour différents niveaux de compréhension et d’interprétation des
questions non réglées.
HISTOIRE DE LA DOCTRINE. La doctrine de l’Église a été révélée principalement par
le prophète Joseph Smith, bien que des ajouts et des éclaircissements aient été apportés
plus tard. Ces vérités font partie de la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ, connues
autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un rétablissement par révélation
nécessaire.
Le prophète Joseph Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa compréhension
doctrinale, depuis le moment de sa première vision en 1820 jusqu’à sa mort en 1844.
Dans beaucoup de cas, sa propre compréhension a été progressivement augmentée.
Dans d’autres domaines, il a appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés
qu’à mesure que ses disciples étaient aptes et disposés à les accepter. Pour ce qui
concerne l’au-delà, par exemple, il a dit : « Je pourrais en expliquer cent fois plus que je
ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées dans la vision, si
cela m’était permis et si le peuple était prêt à le recevoir » (EPJS, p. 246).
Il n’y a pas de structure simple ni d’ordre prévisible dans la croissance de la
connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension doctrinale s’est graduellement
développée par les révélations qu’il recevait en réponse aux diverses situations et
circonstances contemporaines que dut affronter l’Église naissante mais en croissance
rapide. D’autres enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses perceptions
devenaient plus complètes et plus détaillées, mais elles ne perdaient pas leur ancrage
historique dans les dispensations passées ni leur but immuable d’amener les hommes au
Christ.
Un catalyseur important dans ce processus fut l’examen systématique de la Bible
auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), qui
produisit des interprétations bibliques et des restaurations de textes inspirées. En outre,
beaucoup de sections des Doctrine et Alliances sont des révélations répondant aux
questions qui se présentèrent lors de ce processus (par exemple, D&A 76, 91, 132).
Les enseignements de Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points précédents.
Au début, il enseignait simplement que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages
distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps, même si 3 Néphi 11:15
(traduit en 1829) disait clairement que le corps ressuscité de Jésus était tangible. Plus
tard, à Nauvoo, il déclara que « il n’y a pas d’autre Dieu dans le ciel que ce Dieu qui a
chair et os » (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur le texte biblique de Jean 5:26) et
que le Père et le Fils ont tous deux un corps « de chair et d’os aussi tangible que celui de
l’homme » (D&A 130:22). Deux mois avant sa mort, Joseph, pour la première fois dans un
sermon public enregistré, en fait dans son ultime sermon sur la nature de Dieu, le discours
sur King Follett, enseigna que Dieu est un homme exalté. Et deux semaines avant sa
mort, il parla d’une « pluralité de Dieux », accroissant notre compréhension, dans Genèse
1, du pluriel hébreu élohim, ou « dieux » (Joseph avait étudié l’hébreu en 1835),
expliquant que « il y a plusieurs Dieux et plusieurs Seigneurs, mais pour nous il n’y en a
qu’un seul et c’est à celui-là que nous devons être assujettis », déclarant que pendant
quinze ans il avait toujours prêché « la pluralité de Dieux » (EPJS, p. 301 ; cf. 1 Co. 8:5-6).
De même, les enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature
de l’homme, son existence prémortelle, son libre arbitre et son potentiel éternel d’accéder
à l’état divin lui ont également été graduellement dévoilés, à lui et à son entourage. Il
apprit en décembre 1830 que « tous les enfants des hommes » ont été créés
« spirituellement, avant [de l’être] naturellement sur la surface de la terre » (Moï. 3:5). Une
révélation de 1833 lui apprit qu’une composante de tout individu existait avant sa création
spirituelle, une composante appelée intelligence, qui « n'a été ni créée ni faite et ne peut
assurément pas l'être » (D&A 93:29). Pendant la période de 1835 à 1842, tout en
traduisant le livre d’Abraham, Joseph Smith apprenait qu’Abraham avait regardé à
l’intérieur du monde prémortel et contemplé les myriades d’ « intelligences qui furent
organisées avant que le monde fût » en la présence de Dieu (Abr. 3:22). Beaucoup d’entre
elles étaient « nobles et grandes » et choisirent de suivre le Christ. À ceci il fut ajouté en
1841 que « lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous
avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan de salut et nous l’avons
sanctionné » (EPJS, p. 145).
On peut montrer que les enseignements du Prophète sur l’expiation de Jésus-Christ, la
création, la préordination, le salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du temple,
le mariage éternel, l’exaltation et beaucoup d’autres sujets ont tous fait l’objet d’un
développement similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl et Welch).
En 1844, la structure doctrinale de base de l’Église était en place. Toutefois, depuis
cette époque, il y a eu des déclarations officielles clarifiant la compréhension doctrinale ou
adaptant les applications doctrinales à des circonstances particulières. Certaines font
maintenant partie des Doctrine et Alliances ; d’autres sont publiées sous forme de
messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP). Au cours des années, on a mis
plus ou moins d’accent sur diverses manières de procéder et pratiques à mesure que des
changements se produisaient dans la situation économique (voir Consécration : Loi de
consécration ; Dîme ; Ordres unis ; Entraide), les circonstances politiques (voir Église et
État ; Politique ; Guerre et paix), l’atmosphère intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la
croissance de l’Église (voir Organisation), et beaucoup d’autres domaines. Mais la
doctrine essentielle de l’Église est demeurée constante parmi ces changements.
Certains dirigeants de l’Église ont beaucoup écrit sur ce qu’ils comprenaient de la
doctrine de l’Église et, par conséquent, ont eu une influence importante sur ce que
beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine ci-dessous). Parmi ceux-ci, Parley
P. Pratt, Orson Pratt, James E. Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph Fielding
Smith et Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent quelques divergences de vues sur des
questions non réglées, tout comme il existe différentes écoles de pensée parmi les
membres de l’Église en général sur certaines questions. Il y a, par exemple, les efforts
pour réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les vérités révélées, pour
réfléchir à la nature de l’intelligence incréée et pour définir la progression éternelle. Les
saints des derniers jours ont la foi que les réponses seront un jour révélées et sont invités,
en attendant, à chercher la connaissance par tous les moyens disponibles et à montrer de
la tolérance à l’égard de ceux qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major
Doctrines Through Joseph Smith : The Godhead, Mankind, and the Creation." Ensign 19
(janv. 1989) :27-33 ; et "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith :
Priesthood, the Word of God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989) :7-13.
Lyon, T. Edgar. "Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn,
1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, p. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
Doctrine : Enseignements distinctifs
Auteur : BURTON, ALMA P.
Peu d’enseignements doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais
beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés comme des éléments distinctifs
de telle ou telle religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des derniers
jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la plupart des cas d’autres chrétiens
aient à un moment donné entretenu des croyances identiques ou similaires. Les saints
des derniers jours insistent sur le fait que leurs points de doctrine distinctifs ont été révélés
par Dieu dans de précédentes dispensations dirigées par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de
suite jusqu’au temps du Christ. Ainsi, alors qu’ils peuvent être distincts parmi les
confessions modernes, ces points de doctrine nouvellement révélés étaient partagés par
la seule vraie Église de Jésus-Christ dans les temps anciens.
Quelque chose qui est unique dans la théologie de l’Église moderne est la conception
que la Divinité se compose de trois êtres distincts, dont deux possèdent un corps de chair
et d’os et un, un corps d’esprit. Une déclaration officielle au sujet de la Divinité dit : « Le
Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais
le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A
130:22). Les saints des derniers jours prennent la Bible, Ancien et Nouveau Testaments,
dans un sens littéral et anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme humaine et
des émotions. Ils acceptent aussi bien l’unicité que la « tricité » de la Divinité comme
enseignée dans la Bible. Cependant, ils rejettent la doctrine traditionnelle de la Trinité et
croient, au contraire, que la Divinité est une en pensée, en dessein et en témoignage,
mais trois en nombre. Ainsi, ils croient que Dieu est esprit dans le sens qu’il est empreint
d’esprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit, mais ils ne limitent pas le Père ou
le Fils à l’immatérialité.
Les saints des derniers jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de l’Ancien
Testament, à Jésus-Christ. Ils croient que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu
qui a marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse sur le mont Sinaï, était Jésus-Christ
prémortel, ou Dieu le Fils, agissant en tant qu’agent de son Père.
Les saints des derniers jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui
concerne la nature de l’univers et la façon dont il a commencé. Parce qu’ils croient que
l’esprit et la matière sont en fait la même chose à des degrés différents de raffinement
(voir D&A 131:2), ils conçoivent l’univers comme deux domaines, le physique et le
spirituel, mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient la dichotomie esprit/matière et
soulignent que l’esprit et la matière constituent un univers éternel unique.
De plus, pour eux, « au commencement » veut dire « au commencement de notre
partie de l’histoire » ou, dans l’état prémortel, « quand Dieu a commencé à créer notre
monde ». Ils ne croient pas en un commencement absolu, car dans leur théologie, l’esprit,
la matière et l’élément sont tous éternels. Les créations peuvent passer d’un ordre
inférieur à un ordre supérieur, et l’œuvre et la gloire de Dieu est de réaliser cette évolution
(Moï. 1:39), mais il n’y a jamais eu de temps où la matière n’existait pas. Les saints des
derniers jours rejettent l’idée courante d’une création ex nihilo – que Dieu ait tiré tout ce
qui existe du néant. Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à partir de matériaux
préexistants mais non organisés. Il a organisé les éléments préexistants pour créer des
mondes et il a organisé l’intelligence préexistante pour engendrer des esprits. Les esprits
de tous les êtres humains ont existé en tant qu’enfants d’esprit de Dieu avant leur
naissance ici-bas.
L’eschatologie mormone présente également plusieurs points de doctrine distinctifs.
Par exemple, les saints des derniers jours croient en un état temporaire entre la mort et la
résurrection que les Écritures appellent le monde d’esprit. Ce monde temporaire d’esprit
comprend le paradis, où les esprits des justes attendent leur résurrection glorieuse, et
l’enfer, où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés tandis qu’ils attendent la
résurrection vers un degré de gloire inférieur (Al. 40:11-14 ; cf. Lu. 16:22-23). La doctrine
des saints enseigne que tout être humain ressuscitera. Beaucoup ont été ressuscités peu
après la résurrection de Jésus ; les justes restants seront ressuscités lors de la seconde
venue du Christ et les méchants à la fin du règne millénaire du Christ sur terre. L’enfer est
un état temporaire, qui rendra ses esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort
rendra ses corps (2 Né. 9:10-14 ; cf. Ap. 20:13-14). Dans la Résurrection, toute souffrance
prendra fin (D&A 76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les fils de perdition,
seront sauvés dans l’un des trois royaumes ou degrés de gloire : le céleste, le terrestre ou
le téleste (D&A 76:1-19 ; 88:29-32 ; cf. 1 Co. 15:4-42).
Parmi les points de doctrine distinctifs des saints sur la nature de l’Église, il y a la
croyance que l’Église de Jésus-Christ a été plusieurs fois sur la terre, en commençant par
Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et avec la même doctrine.
L’Église et l’Évangile de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont été révélés au peuple d’Adam,
de Hénoc, de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jared, de Léhi, et d’autres. Adam a connu
l’Évangile, a été baptisé par immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu le don du SaintEsprit, tout comme les saints dans toutes les autres dispensations. Parfois l’humanité a
rejeté ou a déformé l’Évangile et est tombée dans l’apostasie. Mais, par la suite, l’Évangile
a été rétabli dans sa pureté originelle par des prophètes appelés à lancer une nouvelle
dispensation. Tout récemment, ce même Évangile éternel a été rétabli par le prophète
moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours n’a pas été le résultat d’une longue évolution religieuse, ni simplement le
rétablissement du christianisme primitif, mais a été le rétablissement final sur la terre d’un
Évangile éternel de Jésus-Christ révélé bien des fois à l’humanité depuis le
commencement.
Ce qui distingue « l’Église vraie et vivante » de toutes les autres Églises est la
possession des clefs de la prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance
que la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la véritable Église n’est pas
propre aux saints des derniers jours ; ce qui l’est, c’est l’insistance qu’une de ces clefs
accorde nécessairement les dons de prophétie et de révélation. Détenir les clefs du
royaume comme Pierre l’a fait, c’est être prophète, voyant et révélateur comme lui. Et pour
être « vraie et vivante », une Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et
transmises par l’intermédiaire de ses prophètes vivants. Comme un arbre n’est vivant que
quand ses branches sont attachées à son tronc et à ses racines, une Église n’est vivante
que quand elle est rattachée par un chenal ouvert de révélation à sa source divine. Quand
les dirigeants ecclésiastiques n’ont aucun lien prophétique de ce genre avec les cieux, une
Église peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais elle ne peut pas être
« vraie et vivante » (voir D&A 1:30 ; 27:12-13), parce qu’il lui manque la communication
nécessaire avec ses racines divines.
Étant donné l’accent mis sur le besoin de prophètes vivants, il s’ensuit que la parole de
Dieu est principalement la parole adressée aux prophètes et communiquée par eux. La
parole mise sur papier, les Écritures, est toujours importante comme précédent historique
et comme compte rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple dans le passé, mais elle
n’est qu’un complément et est secondaire par rapport à ce qu’il peut dire maintenant par
son prophète vivant. Comme les saints des derniers jours croient au don véritable de
prophétie, il s’ensuit que les révélations reçues par les prophètes modernes doivent être
estimées au même niveau que celles reçues par ceux d’autrefois. Par conséquent, le
canon des Écritures des saints des derniers jours ne peut jamais être fermé : « Nous
croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il
révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e A de F).
Les saints des derniers jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur
conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints sont connus des autres
chrétiens – par exemple, l’Expiation, la justification, la sanctification et la grâce – il y a,
chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils font une distinction entre le « salut » général, qui
signifie pour eux que par l’expiation du Christ on est délivré de la tombe et du pouvoir de
Satan et de l’enfer pour entrer dans un degré de gloire, et « l’exaltation », qui signifie que
par l’expiation du Christ et l’obéissance personnelle aux principes et aux ordonnances de
l’Évangile de Jésus-Christ on est élevé au degré le plus haut de gloire pour prendre part
aux pouvoirs et aux privilèges de Dieu, s’asseoir sur son trône et régner dans l’éternité
(voir D&A 76:1-119 ; 88:22-23 ; cf. Ap. 1:6 ; 3:21). Être exalté, c’est devenir comme Dieu
(voir Déification chez les premiers chrétiens).
Les saints des derniers jours fidèles reçoivent dans les temples de l’Église les
ordonnances et la connaissance nécessaires à l’exaltation céleste. Une partie de ces rites
sacrés est appelée la dotation du temple parce qu’elle constitue un élément majeur du don
suprême accordé à l’humanité par l’expiation du Christ. Une autre ordonnance du temple
est le scellement du mari et de la femme, des parents et des enfants dans des familles qui
dureront pendant le temps et toute l’éternité. Le royaume céleste se composera de la
famille céleste de Dieu unie dans l’amour comme maris et femmes, parents et enfants, et
frères et sœurs pour toujours. En tant que personnes isolées, les êtres humains peuvent
être sauvés dans des degrés de gloire moindres, mais seules les familles peuvent être
exaltées.
Tout le monde n’a pas l’occasion d’entendre l’Évangile du Christ et de recevoir toutes
ordonnances de l’exaltation ici-bas. Les saints des derniers jours enseignent que Dieu a
pris des dispositions pour que tous entendent l’Évangile de manière à pouvoir accepter ou
rejeter ses bénédictions. Ceux qui n’en ont pas l’occasion dans la condition mortelle la
recevront dans le monde d’esprit. Le Nouveau Testament enseigne que Jésus lui-même a
visité le monde d’esprit après sa mort sur la croix et a prêché aux esprits qui s’y
trouvaient : « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes,
afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu
vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison » (1 Pi.
3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé au chapitre suivant : « Car
l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les
hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit » (1 Pi. 4:6). Cet
enseignement a été amplifié et expliqué dans la révélation moderne (D&A 137, 138 ; voir
Salut des morts).
D’autres domaines dans lesquels les idées des saints des derniers jours diffèrent
sensiblement de celles du monde religieux contemporain sont les concepts de temps et
d’éternité, la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, l’évaluation positive de la création
et de la terre physique, la nécessité éternelle des ordonnances, la place centrale de
l’alliance abrahamique pour les chrétiens modernes et le concept que le ciel est un
Royaume céleste situé sur cette terre renouvelée et glorifiée.
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor,
Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p. 73-
94.
McConkie, Bruce R. MD. Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are mormons Christians ?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
Doctrine : Comparaison entre la doctrine des saints et d’autres doctrines
chrétiennes
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
Comme le savant biblique W. D. Davies l’a un jour fait remarquer, la doctrine des saints
peut être décrite comme étant le christianisme biblique séparé du christianisme hellénisé,
une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier siècle. Les saints des derniers
jours acceptent la Bible et ses enseignements apostoliques comme étant la parole de
Dieu, mais rejettent beaucoup d’interprétations ultérieures de la Bible qui sont l’expression
de préoccupations philosophiques grecques – ils acceptent Jean et Paul mais rejettent
Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours acceptent le caractère triple de Dieu
et son unité comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit
sont trois personnalités divines qui constituent ensemble une seule Divinité. Mais les
mormons rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non apostolique de
définir la relation entre l’unicité et le caractère triple de Dieu. Ils acceptent la doctrine
biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine philosophique de la Trinité telle que définie
au Concile de Nicée et plus tard. En bref, les saints des derniers jours rejettent l’autorité et
les conclusions des théologiens et des philosophes lorsqu’il s’agit de définir ou
d’interpréter ce que la Bible, les apôtres ou les prophètes n’ont pas précisé. Ils acceptent
le christianisme biblique, mais pas son extension dans les credo et les traditions extrabibliques.
Pour les chrétiens qui ont soudé la Bible à son interprétation ultérieure et ne peuvent
pas séparer Platon et Augustin de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas concevoir le
« vrai » christianisme d’après les catégories du premier siècle, la doctrine des saints peut
sembler iconoclaste en ce qu’elle sépare les textes bibliques de leur interprétation
« traditionnelle » ultérieure. Néanmoins, les saints des derniers jours estiment que les
saints du Nouveau Testament auraient été tout aussi mal à l’aise qu’eux devant les credo
philosophiques du christianisme ultérieur.
Le rejet par les saints d’une grande partie du christianisme post-biblique est basé sur la
croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée dans le Nouveau Testament
(par exemple, 2 Th. 2:1-5 ; 3 Jn. 9-10). L’autorité apostolique a cessé juste après la
période du Nouveau Testament et, sans la direction ni l’autorité apostoliques, l’Église a
vite été submergée par des pressions intellectuelles et culturelles étrangères. Les
affirmations simples de la foi biblique ont été remplacées par les propositions complexes
de la théologie. Bien que les Églises qui s’en sont suivies aient toujours été
« chrétiennes », aux yeux des saints des derniers jours elles ne possédaient plus la
plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ ni de l’autorité apostolique. Les saints seraient
d’accord avec les catholiques et les protestants de la « Haute Église » que l’autorité
apostolique est essentielle dans la vraie Église mais seraient d’accord également avec
d’autres protestants pour dire que l’autorité apostolique était absente dans l’orthodoxie
médiévale. On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant des prétentions
catholiques à détenir une autorité apostolique faisant force de loi. Tandis que les saints
des derniers jours font remonter l’apostasie en gros au deuxième siècle et rejettent
l’orthodoxie qui lui succède, la plupart des protestants la placeraient quelque part plus
près du quinzième siècle et rejetteraient ensuite le catholicisme qui l’a suivie.
Les protestants qui niaient la nécessité de la succession apostolique ou qui ne
croyaient pas que son enchaînement était interrompu par la Réforme affirmaient
généralement que la plénitude de l’Évangile pouvait être réalisée en réformant l’Église
romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la nécessité de la succession
apostolique mais croient que son enchaînement a été très vite rompu, considèrent qu’une
réforme ne suffit pas pour retrouver la plénitude de l’Évangile et rétablir le christianisme
originel. Seul le rétablissement total de la doctrine et de l’autorité apostoliques pouvait
rétablir le christianisme pur du premier siècle. L’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours se considère comme constituant ce rétablissement.
Le rejet par les saints de la philosophie hellénistique en matière de doctrine explique
les nombreuses différences caractéristiques entre les saints des derniers jours et les
autres chrétiens. Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie
platonique esprit-matière, qui soutient que l’esprit et la matière sont opposés et hostiles
entre eux. Ils croient, au contraire, que l’esprit est une matière raffinée et que l’esprit et la
matière sont éternels, n’étant ni créés ni détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné
que « la matière immatérielle, cela n’existe pas. Tout esprit est matière, mais il est plus
raffiné ou plus pur et ne peut être discerné que par des yeux plus purs » (D&A 131:7).
Il n’y a donc, pour les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale entre
l’esprit et la matière ou entre les domaines spirituel et physique. Dans la théologie des
saints, les éléments physiques sont coéternels avec Dieu. Les saints rejettent l’idée que la
matière physique est transitoire, corrompue ou incompatible avec la vie spirituelle ou
éternelle. Ils définissent habituellement le « spirituel » comme « imprégné d’esprit » plutôt
que comme « non physique ». Cette conception unitaire de l’esprit et de la matière leur
permet d’accepter le Père et le Fils comme les êtres concrets et anthropomorphiques
qu’ils sont dans les Écritures et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être abstrait,
le « totalement autre » de la théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le
sens normal en association avec le temps et l’espace plutôt que dans le sens platonicien
abstrait au-delà du temps et de l’espace. La conception traditionnelle qui avilit la matière et
l’état d’existence physique n’est pas bien fondée du point de vue biblique et les saints des
derniers jours croient qu’elle est un produit de la pensée hellénistique. Ils pensent
également que le concept de Dieu « sans corps, ni parties ni passions » tient trop peu
compte des données bibliques ou les allégorise excessivement.
Du fait que les mormons croient que les éléments sont éternels, il s’ensuit qu’ils nient la
création ex nihilo. L’univers, au contraire, a été créé (organisé) à partir d’éléments
préexistants que Dieu a organisés en imposant des lois physiques. Le prophète Joseph
Smith a aussi enseigné que l’intelligence est également éternelle et incréée :
« L’intelligence des esprits n’a pas de commencement et n’aura pas de fin… l’intelligence
est éternelle et existe en vertu d’un principe existant par lui-même » (EPJS, p. 286-287).
De même qu’il a organisé la matière préexistante pour créer l’univers, de même Dieu a
organisé l’intelligence préexistante pour créer les esprits qui sont par la suite devenus des
êtres humains. En conséquence, les saints des derniers jours ne considèrent pas Dieu
comme la cause totale de ce que sont les êtres humains. L’intelligence humaine n’est pas
créée par Dieu et est donc indépendante de son contrôle. Les saints insistent donc sur le
fait que les êtres humains sont libres dans le sens le plus complet du terme et nient la
doctrine de la grâce prévenante et celle de la grâce irrésistible, selon lesquelles c’est le
choix de Dieu qui détermine le salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés
indépendantes et existant par elles-mêmes. Bien qu’il désire l’exaltation de tous et l’offre
de manière égale à tous, son accomplissement exige la coopération individuelle, une
relation par alliance. De cette façon, la théologie des saints échappe au dilemme classique
de la prédestination et de la théodicée qu’impose la croyance que Dieu a tout créé de rien
et est donc seul responsable du produit final. Leur doctrine radicale du libre arbitre
individuel permet également aux saints de contester la théorie de la dépravation humaine.
La chute d’Adam n’a pas rendu les humains totalement incapables de faire quoi que ce
soit de bien – ils restent capables de choisir et d’accomplir le bien ou le mal. De plus, les
saints des derniers jours acceptent le concept de « l’heureuse faute » (mea culpa). La
Chute était une étape nécessaire dans la progression de l’humanité : « Adam tomba pour
que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25).
La vision positive de l’univers physique et de l’homme permet également aux saints
des derniers jours de prévoir une vie physique après la mort, le Royaume céleste, une
communauté d’êtres physiquement ressuscités transformés et rendus parfaits. À la
différence de beaucoup de pères de l’Église d’autrefois, ils n’aspirent pas à échapper au
royaume de la chair, mais à le sanctifier. Par conséquent, aux yeux des saints, même les
rapports physiques de la famille et du mariage peuvent continuer dans un état sanctifié
dans les éternités. Ainsi il n’y a guère d’ascétisme et pas de célibat dans la théologie des
saints, qui voit dans ces deux tendances un refus de la bonté de la création physique
accomplie par Dieu (Ge. 1:31) et leur théologie évite le dénigrement traditionnel du corps
humain et le mépris pour la sexualité humaine qui sont dus en grande partie au
néoplatonisme de la fin de l’Antiquité.
Bien que l’acceptation de la Bible et de ses enseignements, problèmes d’interprétation
mis à part, soit le point commun des saints des derniers jours et des autres chrétiens, le
mormonisme s’accorde avec l’orthodoxie de la « Haute Église » contre le protestantisme
conservateur sur la doctrine de la suffisance des Écritures. Bien qu’ils acceptent la Bible,
les saints des derniers jours, comme les catholiques romains et orthodoxes orientaux, par
exemple, ne croient pas que le texte biblique soit à lui seul suffisant pour le salut.
L’enseignement biblique, quoique vrai et accepté, a été imparfaitement préservé et ne
peut être entièrement reconstitué que grâce à des révélations supplémentaires. Ce n’est
pas parce que le christianisme du Nouveau Testament était défectueux, mais parce qu’il
n’est préservé que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui n’ont
pas été préservés doivent être rétablis ; par conséquent, les mormons nient l’infaillibilité
biblique et l’idée qu’elle est suffisante. Puisque les apôtres et les prophètes du
christianisme le plus ancien recevaient la révélation directe de la part de Dieu (voir, par
exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers jours croient qu’une Église qui affirme
avoir la plénitude de l’Évangile doit également jouir de ce don.
Ce principe crucial de la révélation continue est illustré dans l’expérience du prophète
Joseph Smith, dont des visions et les révélations forment la base de la doctrine des saints.
Tout comme le magistère de l’Église est fondamental pour les catholiques romains et
comme les Écritures sont la base pour les protestants, pour les saints des derniers jours,
la plus haute autorité en matière de religion, c’est la révélation continue venant de Dieu,
donnée par les apôtres et les prophètes vivants de son Église, commençant avec Joseph
Smith et continuant jusqu’aux dirigeants actuels.
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la
structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu peut toujours y ajouter par la
révélation à ses prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu des éclaircissements sur
des points de doctrine biblique qui sont contestés dans d’autres confessions, par exemple,
le ministère du Christ auprès des morts dans 1 Pi. 3:18 et 4:6 (voir D&A 128 ; 137 ; 138).
En outre, par la révélation moderne, les saints des derniers jours ont reçu certains points
de doctrine distinctifs que l’on ne trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la
révélation moderne n’a pas reconstitué un point de doctrine qui n’est pas clair, mais en a
rétabli un qui avait été entièrement perdu.
Les saints des derniers jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction que
le salut n’est rendu possible que par l’expiation de Jésus-Christ, dont la nature est
représentative, exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de l’humanité auprès du
Père au lieu d’Adam qui est déchu ; il donne un exemple que les humains peuvent imiter
et il prend la place de l’humanité en souffrant pour les péchés.
Les saints des derniers jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire
qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule nature, qui est simultanément humaine et
divine. C’est possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui
s’excluent mutuellement dans la pensée des saints, contrairement à la christologie
duophysite de beaucoup de confessions traditionnelles. Comme Lorenzo Snow l’a dit :
« Ce que l’homme est maintenant, Dieu le fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant,
l’homme peut le devenir » (Snow, p. 46). La plupart des chrétiens seraient d’accord avec
la première moitié de ce couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ, mais les saints
des derniers jours l’appliquent aussi au Père. La deuxième moitié du couplet est plus
orthodoxe au sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les catholiques,
parce que les saints des derniers jours partagent la doctrine biblique antique de la
déification (apothéose) avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens du
christianisme ont dit essentiellement la même chose que Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si
la parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent devenir des dieux »
(Contre les hérésies, 4. Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu homme
pour que nous puissions être rendus divins " (De l’Incarnation, 54). Pourtant les saints des
derniers jours combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à ce qu’ils estiment
être la seule conclusion : l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui s’excluent
mutuellement. Pour eux, les deux catégories ne font qu’un : Les humains sont de la lignée
des dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement d’accord avec C.S. Lewis
dans Mere Christianity : Il a dit (dans la Bible) que nous étions des « dieux » et il va
donner suite à ses paroles. Si nous le lui permettons – car nous pouvons l’en empêcher si
nous le voulons – il transformera le plus faible et le plus souillé d’entre nous en un Dieu ou
une Déesse, un être éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa personne, d’une
énergie, d’une joie, d’une sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer
maintenant [p. 175].
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor,
Mich., 1986.
Lash, Symeon. "Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian Theology,
dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie, 1983.
Madsen, Truman, dir. de publ. Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels.
Salt Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are the Latter-day Saints Christians ? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
Doctrine : Harmonisation du paradoxe
Auteur : PAULSEN, DAVID L.
Parce qu’ils rejettent l’influence du néoplatonisme sur la théologie chrétienne originale,
les saints des derniers jours ne sont pas concernés par les dilemmes que posent certains
des paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle. Cela ne veut cependant pas dire
que la vie éthique des saints et leur pensée religieuse soient exemptes de paradoxes. La
perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup de paradoxes par sa
conception que l’opposition est nécessaire en toutes choses et que Dieu et l’humanité sont
dans le même ordre de réalité mais à des étapes différentes de connaissance et de
progression.
Tel qu’utilisé dans le vocabulaire courant, le mot « paradoxe » désigne habituellement
une déclaration qui, à première vue, est incroyable parce qu’elle est apparemment
contradictoire avec elle-même ou est contraire à des faits bien établis, au bon sens ou aux
croyances généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes sont indubitablement faux,
tous ne le sont pas nécessairement. En effet, dans l’histoire de la pensée humaine,
beaucoup de paradoxes effrontés ont renversé une croyance généralement reçue mais
fausse, pour devenir eux-mêmes, par la suite, généralement acceptés « paradoxe à un
moment donné, mais maintenant le temps lui apporte sa preuve » (Hamlet 3.1.115).
La théologie chrétienne classique est paradoxale à beaucoup d’égards. C’est souvent
le résultat des fusions théologiques instables qui se sont produites au cours des premiers
siècles du christianisme quand (a) les idées qui provenaient de la révélation personnelle
judéo-chrétienne ont été (b) refondues par interprétation au sein d’une conception
néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En voici quelques-unes :
1. (a) Le Dieu aimant qui est profondément touché par le sentiment de nos infirmités
est (b) sans passions et ne subit aucune influence extérieure.
2. (a) Le Dieu qui agit dans l’histoire humaine et répond aux prières personnelles est
(b) intemporel et immuable.
3. (b) Le Dieu sans corps ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus de
Nazareth.
4. Le Dieu qui est (b) absolument illimité et bon et qui a tout créé de rien (a) a créé un
monde où les maux abondent.
5. (a) La Divinité se compose de trois personnes parfaites et séparées qui (b)
constituent collectivement une substance métaphysique unique.
Tout en affirmant (a) les dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées
concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre néoplatonicien et la
métaphysique néoplatonicienne à l’intérieur desquels la révélation judéo-chrétienne a été
historiquement interprétée. C’est à cause de cela que la compréhension que les saints ont
de la doctrine chrétienne ne manifeste pas les paradoxes qui sont le résultat de l’union de
ces deux croyances incompatibles.
La pensée des saints des derniers jours construit des ponts entre des entités et des
quantités qui sont normalement considérées comme incongrues (voir Métaphysique). Ils
ne considèrent pas la réalité comme une dichotomie mais comme une continuité
graduelle : ainsi, l’on considère que l’esprit est une forme de matière, mais une forme
hautement raffinée ; et le temps fait partie de l’éternité. Un Dieu corporel est omniprésent
par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à travers toutes choses (D&A 88:12-13).
Dans le discours moral, le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige qu’il y
ait « une opposition en toutes choses » (2 Né. 2:11) pour garantir que l’on pourra faire des
choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais également parmi un choix de
possibilités justes (voir Éthique ; Mal ; Souffrance dans le monde ; Théodicée). La
faiblesse existe pour apporter la force (Ét. 12:27). Ainsi, la vie morale des saints des
derniers jours se situe entre des options qui sont souvent paradoxales : les impératifs de
s’améliorer ou de servir les autres, de passer du temps chez soi ou de servir l’Église, de
favoriser l’individualité ou l’institutionnel, d’obtenir la richesse ou de donner aux pauvres,
de trouver sa vie en la perdant au service d’autrui (Mt. 10:39).
Ces opposés n’empêchent cependant pas les saints d’agir et on ne les transcende pas
par le mysticisme, l’ironie ou la résignation (que ce soit dans le sens optimiste ou
pessimiste du terme). Ils sont englobés dans une série de principes évangéliques agissant
les uns sur les autres qui guident la vie des saints, notamment
• la révélation personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène au Christ
[Mro. 7:12-13 ; 10:5-6])
• l’obligation d’agir (la connaissance de ce qui est juste s’obtient en le faisant [Jn. 7:17])
• l’engagement volontaire dans des alliances (on s’engage par ce qu’on accepte de
faire)
• une notion étendue du moi (aider les autres revient à s’aider soi-même)
• l’expiation de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine et les oeuvres
humaines, la justice punitive et la miséricorde compatissante)
• la relativité éternelle des royaumes et de la progression (malgré toutes leurs
différences, tous sont sur le même chemin de la perfection).
Pour les saints des derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont
généralement résolus en vertu du concept de « la révélation continue » (voir
Épistémologie ; Révélation). S’ils sont enclins à croire que toute vérité est logique avec
elle-même et avec toute autre vérité, les saints des derniers jours reconnaissent
également l’imperfection de la compréhension humaine. Les tentatives de la part des
mortels de comprendre ou d’exprimer les vérités divines sont par nature exposées à
l’erreur pour au moins deux raisons : (1) le cadre linguistique et conceptuel dans lequel
ces faits sont exprimés et interprétés est conditionné par la culture et manifestement
insatisfaisant ; et (2) la conscience que l’humanité a de ces faits est fragmentaire et
incomplète, « Car… autant les cieux sont élevés au–dessus de la terre, autant mes voies
sont élevées au–dessus de vos voies, et mes pensées au–dessus de vos pensées » (És.
55:8-9) et, dans la condition mortelle, « l'homme ne comprend pas tout ce que le Seigneur
peut comprendre » (Mosiah 4:9). Mais par la révélation, la connaissance humaine peut
augmenter : « Nul n'a connaissance [des voies de Dieu], si cela ne lui est révélé » (Jacob
4:8). « L’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les
connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Co. 2:14).
Ainsi, là où une révélation définitivement claire semble contredire l’opinion
généralement reçue, le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers jours
accordent la priorité à la révélation et espèrent que le temps fournira la preuve de ce qui
semble maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus complète des choses
que Dieu possède, il puisse y avoir des principes intermédiaires permettant de réconcilier
deux vérités partielles apparemment contradictoires. Cette confiance, cet espoir de
révélations futures permettent d’apaiser des paradoxes aussi insondables que le point de
savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être conciliée avec le libre arbitre de
l’humanité, comment les récits scripturaires et scientifiques de la création peuvent être
harmonisés ou comment, d’une manière générale, l’étude et la foi, la raison et la
révélation, la vision symbolique et l’esprit pratique et littéral peuvent être satisfaits
simultanément. La doctrine des saints résiste aux extrêmes : ce qui fait son autorité n’a
pas été transformé en abstractions ou en absolus et ses révélations ne se sont pas
égarées dans le mysticisme ou le flou. C’est ainsi que la doctrine de l’Évangile éternel
conserve son propre ensemble de tensions dans un monde mortel.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love Is Not Blind : Some Thoughts for College Students on Faith and
Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, p. 8-17. Provo, Utah, 1979.
DAVID L. PAULSEN
Doctrine : Traités sur la doctrine
Auteur : KNOWLES, ELEANOR
Les ouvrages de doctrine – c’est-à-dire les périodiques, les brochures et les livres – ont
été nombreux dans la tradition des saints, reflet du caractère laïque du ministère, du grand
nombre d’Écritures et du souci permanent d’une croyance correcte aussi bien que d’une
conduite juste.
Des lettres officielles, notamment les exposés de doctrine, de la Première Présidence
sont éditées dans Messages of the First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6 vols,
Salt Lake City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été compilées dans le Handbook
of the Restoration et dans le ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich, 2 vols,
Chicago, n.d..
En plus des volumes sur les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des
déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980. Les compilations des
discours des présidents de l’Église, toutes publiées à Salt Lake City, contiennent Brigham
Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1954 ; John Taylor,
The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer Durham , 1987 ; Discourses of Wilford
Woodruff, dir. de publ. G. Homer Durham , 1946 ; Teachings of Lorenzo Snow, comp.
Clyde J. Williams , 1984 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939 ; Heber J. Grant,
Gospel Standards , 1941 ; George Albert Smith, Sharing the Gospel with Others , 1948 ;
David O. McKay, Gospel Ideals , 1953 ; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation,
comp. Bruce R. McConkie, 3 vols. , 1954-1956 ; Harold B. Lee, Stand Ye in Holy Places
and Ye Are the Light of the World , 1974 ; Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ.
Edward L. Kimball , 1982 ; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
On trouvera ci-après une liste de livres qui ont fait des apports importants à la
compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces ouvrages ont été publiés à
Salt Lake City : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et Key to Theology,
1856 ; Orson Pratt, An Interesting Account of Several Remarkable Visions and of the Late
Discovery of Ancient American Records, Edimbourg, 1840 ; Orson Spencer, Spencer's
Letters, Liverpool ey Londres, 1852 ; John Taylor, Mediation and Atonement, 1882, et The
Government of God, 1884 ; Franklin D. Richards et James Little, A Compendium of the
Doctrines of the Gospel, 1882 ; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888, Mormon
Doctrine of Deity and Jesus Christ : The Revelation of God, 1903 et The Seventy's Course
in Theology, 5 vols., 1907-1912 ; James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the
Christ, 1915 ; Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts,
1921 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919 ; Brigham Young, Discourses of Brigham
Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1926 ; John A. Widtsoe, Priesthood and Church
Government, 1939, A Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols.
en 1, 1960 ; Joseph Smith, Teachings of the Prophet Joseph Smith, comp. by Joseph
Fielding Smith, 1938 ; Orson Pratt, Orson Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison,
1945, et Masterful Discourses of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946 ; Milton R.
Hunter, The Gospel Through the Ages, 1945 ; Daniel H. Ludlow, dir. de publ., Latter-day
Prophets Speak, 1948 ; J. Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life,
1949 ; Writings of Parley P. Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison, 1952 ; Bruce R.
McConkie, Mormon Doctrine, 1958, rév. 1966 ; Spencer W. Kimball, The Miracle of
Forgiveness, 1969 ; et George Q. Cannon, Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2
vols., 1972, 1974.
Traités plus courts : Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve", 1835 ; Collège
des Douze, "A Proclamation to the World", 1845 ; Lorenzo Snow, "Law of Tithing", 1899 ;
James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the Priesthood", 1914 ; J. Reuben Clark, Jr.,
"The Charted Course of the Church in Education", 1938, et "When Are the Writings or
Sermons of Church Leaders Entitled to the Claim of Scripture ?", 1954 ; Harold B. Lee,
"Priesthood… Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation", 1961 ; Spencer W.
Kimball, "When the World Will Be Converted", 1974, "Lengthening Our Stride", 1974, et
"Becoming Pure in Heart", 1978 ; N. Eldon Tanner, "Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
Doctrine et Alliances : Aperçu
Auteur : DOXEY, ROY W.
Les Doctrine et Alliances sont une compilation de révélations dont la plupart ont été
reçues par le prophète Joseph Smith pour l'établissement et le gouvernement du royaume
de Dieu dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de l’Église qui représente sa
Constitution ecclésiastique ouverte et sans cesse croissante. Son objectif principal est
d'édifier l’Église de Jésus-Christ et d'amener les hommes à se mettre en accord avec le
royaume du Christ. Il est considéré comme la pierre de faîte de l’Église ; le Livre de
Mormon, qui est l’ouvrage qui va de pair avec lui, est considéré comme la clef de voûte
(Benson, p. 83-85). Le Livre de Mormon a été écrit pour convaincre tous les hommes que
Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon : Aperçu) ; les Doctrine et Alliances ont été
données pour les organiser et les orienter selon la volonté et le royaume de Dieu.
Des 138 sections et des 2 déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été
reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète et président de l’Église. Les
sept sections restantes ont été reçues ou écrites par ou sous la direction d'Oliver Cowdery
(sections 102 et 134), de John Taylor (section 135), de Brigham Young (section 136), de
Joseph F. Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration officielle – 1) et de
Spencer W. Kimball (Déclaration officielle – 2).
La plupart des passages des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et
pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements généraux, des
principes religieux ou de la doctrine. La plupart des révélations ont été reçues en réponse
à des demandes précises faites dans la prière. Bien que beaucoup aient été données au
profit de personnes déterminées, leurs conseils sont, de manière générale, d'application
universelle, ce qui rend ces révélations aussi actuelles aujourd'hui que lorsqu’elles ont été
reçues. Elles ont été données aux serviteurs du Seigneur « dans leur faiblesse, selon leur
langage, afin qu'ils les comprennent » (1:24). Les saints des derniers jours y voient « la
volonté du Seigneur… l'avis du Seigneur… la parole du Seigneur… la voix du Seigneur et
le pouvoir de Dieu pour le salut » (68:4).
Les révélations des Doctrine et Alliances ont été reçues de diverses façons. Certaines
l’ont été par l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le Saint-Esprit (par exemple, les sections
20-22), d'autres sont venues d'un ange (les sections 2, 13, 27, 110), dans des visions,
habituellement par les yeux spirituels du prophète (les sections 76, 137-138), par le
murmure doux et léger, une voix qui se fait entendre dans l'esprit (la section 85) ou par
une voix audible (section 130:12-13). À certaines occasions, d'autres personnes étaient
présentes et partageaient les manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
Les sections sont de types variés, contenant divers genres de textes et de documents
historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte rendu d'une session du Grand
Conseil ; la section 113 répond à des questions sur les écrits d'Ésaïe ; les sections 121123 font partie d'une lettre écrite par Joseph Smith au sujet des persécutions ; les sections
127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les morts ; la section 134 est un article
sur le gouvernement et les lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph et de
Hyrum Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et caché par l'apôtre
Jean ; les sections 65 et 109 sont des prières ; d'autres sections sont des enseignements
(les sections 130-131) et des prophéties (les sections 87 et 121). La section 1 est la
préface du Seigneur aux autres révélations. La section 133 est appelée l’appendice ; elle a
été donnée deux jours après la préface et contient des données eschatologiques. Les
deux sections 1 et 133 ont été fournies en vue de la publication des révélations.
La première compilation des révélations données à Joseph Smith fut imprimée en 1833
sous le nom de Livre des Commandements, pour le gouvernement de l’Église du Christ
(voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq chapitres. Ce recueil fut
proposé le 1er novembre 1831 à une conférence de la prêtrise de l’Église pour
approbation avant publication. Comme le langage des révélations n’était pas d’un haut
niveau, un membre mit en doute leur authenticité. Une révélation, la section 67 dans les
éditions modernes, défia toute personne d'écrire une révélation ; quand le sceptique admit
qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut approuvé par les personnes assemblées.
L’imprimerie de l’Église à Independence (Missouri) ayant été détruite en juillet 1833 par
des émeutiers alors que le livre était en cours d’impression, quelques exemplaires
seulement de ce premier recueil compilation sont parvenus jusqu’à nous.
Au cours des années qui suivirent la première impression, d'autres révélations furent
reçues et certains textes plus anciens furent supprimés. Une édition de 1835, publiée à
Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours et
contenait 103 sections. Lors des éditions suivantes, d’autres sections furent ajoutées (voir
Doctrine et Alliances – Éditions). Les ajouts les plus récents sont les sections 137 (1836)
et 138 (1918) sur le salut des morts, et la Déclaration Officielle – 2 annonçant que la
prêtrise pouvait être donnée à tous les membres masculins de l’Église qui étaient dignes
(1978). Un article sur le mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé de l'édition
de 1876. À partir de l'édition de 1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne
fut plus inclus.
Cent des révélations ont été reçues avant 1834, pendant les premières années
formatrices de l’Église. Beaucoup d’entre elles s’adressaient à des personnes précises qui
voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour elles. Les points de doctrine de
l'Évangile ne furent généralement pas révélés dans leur plénitude au début, mais furent
reçus progressivement, de temps en temps. Tandis que l’Église se développait et
déménageait, les questions concernant l'administration de l’Église, les devoirs des
officiers, les conseils pour les membres de l’Église et les événements du futur devinrent le
sujet d'autres révélations.
Toutes les révélations reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine et
Alliances (voir Révélations non publiées). Il y en a qui se trouvent dans la History of the
Church, donnant des recommandations et des instructions à des particuliers (HC 1:229),
sur le déplacement des saints vers les montagnes Rocheuses (HC 5:85) et une prophétie
sur Stephen A. Douglas (HC 5:393-394).
La décision quant aux révélations à inclure dans les Doctrine et Alliances est une
prérogative de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres. Le choix est alors
confirmé par le consentement commun des membres de l’Église.
Les Doctrine et Alliances s’adressent aux hommes de notre génération. Pour les saints
des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ qui confirme et révèle le chemin
du salut et donne des instructions pour le gouvernement de son Église. Elles menacent les
hommes et les nations d’une destruction imminente s'ils ne se repentent pas. Elles
témoignent de la réalité de la vie après la mort.
Parmi leurs enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les alliances et les
ordonnances spécifiques qui mènent à la vie éternelle. Elles prescrivent les ordonnances
de la prêtrise depuis le baptême jusqu’au mariage scellé pour l'éternité. Le salut des morts
est également révélé par des révélations au sujet du baptême pour les morts et des
visions de la prédication aux esprits qui attendent la résurrection.
L’accent qu’elles mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles renforce
l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son code de santé, connu sous le
nom de Parole de Sagesse, promet la santé spirituelle et physique à ceux qui y obéissent
(section 89).
Les Doctrine et Alliances contiennent de nombreux enseignements et des déclarations
vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments quotidiens des saints des
derniers jours, qui donnent le ton du service dans l’Église et insufflent de la vitalité dans le
travail. Parmi ses passages fréquemment cités il y a les maximes, les recommandations et
les assurances divines suivantes : « Si vous êtes préparés vous ne craindrez pas » (D&A
38:30) ; « ne cherche pas la richesse mais la sagesse » (11:7) ; « celui qui accomplit les
œuvres de la justice recevra sa récompense, c’est-à-dire la paix dans ce monde et la vie
éternelle dans le monde à venir » (59:23) ; « cherchez des paroles de sagesse dans les
meilleurs livres ; cherchez la connaissance par étude et aussi par la foi » (88:118) ; « sans
la foi, tu ne peux rien faire » (8:10) ; « de vous il est requis de pardonner à tous les
hommes » (64:10) ; « les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire
beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice » (58:27) ; « toutes
ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (122:7) ; « je me
susciterai un peuple pur qui me servira avec justice » (100:16) ; « ne vous lassez pas de
bien faire » (64:33) ; « cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout concourra à
votre bien » (90:24) ; et « or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu ?
Une voix d'allégresse ! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant
de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et
les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (128:19).
Doctrine et Alliances : Contenu
Auteur : CALDWELL, C. MAX
Les révélations compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les directives et
les points de doctrine nécessaires pour inspirer, organiser et administrer les affaires de
l’Église. Elles n'ont pas été reçues ou écrites comme manuel, comme traité ou comme un
ensemble de plans de leçons, mais ont été reçues par intermittence quand le prophète
Joseph Smith et d'autres désiraient la volonté de Dieu dans diverses circonstances.
Malgré le fait que beaucoup de ces révélations s’adressent personnellement à
certaines personnes ou groupes dans des circonstances propres au dix-neuvième siècle,
elles contiennent des principes qui ont une application éternelle et donc une valeur
actuelle. Les révélations contiennent des avertissements de jugements divins sur les
méchants, des enseignements sur la progression des âmes humaines vers l'exaltation et
la vie éternelle grâce à l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les Écritures,
notamment la parution du Livre de Mormon et la traduction de la Bible par Joseph Smith,
des instructions sur la prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses offices et ses
ordonnances, des commandements et des instructions au peuple de l’Église concernant la
conduite personnelle, l'éducation, les terres et la propriété, les bâtiments et le soin des
pauvres et des appels et des conseils sur la prédication et la pratique de l'Évangile.
La section 1 est la Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors d’une conférence de
l’Église. Elle constitue la réponse à la demande de Joseph Smith d’avoir l’autorisation du
Seigneur de publier certaines des révélations qu'il avait précédemment reçues. Le
Seigneur y accepte la demande et publie le défi et la déclaration suivants à tous ceux qui
la liront : « Sondez ces commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les
prophéties et les promesses qu’ils contiennent s’accompliront toutes » (D&A 1:37).
Les sections 2-19 sont des révélations reçues avant l'organisation de l’Église en 1830.
Le Seigneur y instruit Joseph Smith et ses compagnons sur beaucoup de sujets,
particulièrement sur la traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et sur la
nécessité de se fier complètement au Seigneur et de sauvegarder les choses sacrées
(sections 3, 5, 10, 17, 20). Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum Smith, Joseph
Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver Cowdery et Martin Harris comment
participer à l’œuvre qui était sur le point de paraître et reçoivent un enseignement sur son
caractère sacré (sections 4, 6, 8-9, 11-12, 14-19). Elles leur conseillent aussi de devenir
dignes de recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir reconnaître les révélations de Dieu
et de faire sa volonté (sections 6, 8-9, 11).
C’est aussi à cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur fut rétablie (voir
Prêtrise) et que le but et la portée de cette autorité furent expliqués (sections 13, 18, 20 ;
cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant la valeur des âmes et
encourage ses serviteurs à travailler chacun pour le salut des autres en enseignant
l'Évangile rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La valeur et la
nécessité de l’expiation de Jésus-Christ sont révélées et il est commandé aux hommes
d’aller à lui pour obtenir le pardon et la force spirituelle (section 19).
Les sections 20-40 donnent en 1830 des instructions à l’Église nouvellement organisée
à New York. Les points de doctrine de base de l’Église tels que contenus dans la Bible et
le Livre de Mormon et les critères pour contracter des alliances avec le Seigneur sont
résumés et les responsabilités des membres et des détenteurs de la prêtrise dans l’Église
sont définies (section 20).
Le Seigneur donna une révélation au sujet des relations entre le prophète et le
Seigneur et entre les membres de l’Église et la parole du Seigneur par l’intermédiaire de
son prophète (section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et Alliances et il constitue la
base de la compréhension du processus de la révélation continue via le président de
l’Église (section 28 ; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
D'autres révélations furent reçues au profit de diverses personnes et pour l’Église en
général, révélations qui contiennent beaucoup de points de doctrine sur des sujets tels
que le baptême (section 22), la mise en pratique des conseils donnés, (sections 23-24,
31), la musique et des recommandations à Emma Smith, épouse du prophète (section 25),
le consentement commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27), le Saint-Esprit
(sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication aux Indiens d'Amérique ou
Lamanites (sections 30, 32), la proclamation de l'Évangile au monde entier dans les
derniers jours (sections 29, 33, 35, 38 ; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101, 116, 133) et le travail de
Joseph Smith sur la traduction de la Bible et d’autres documents (sections 35, 37 ; cf. 4142, 45, 73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). C’est par ce travail de traduction que
beaucoup de points de doctrine de l’Église furent révélés à Joseph Smith (voir Joseph
Smith – Matthieu).
Le Seigneur commanda aux membres de l’Église de se rassembler en Ohio, où il
promit de leur donner sa loi, d’établir Sion et de les doter du pouvoir d'en haut (sections
37-38, 42). C’est sur la base des alliances qu’ils contractent et respectent que les hommes
deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections 39-41).
Les sections 41-123 furent données pendant que l’Église était en Ohio et au Missouri
(1831-1839) et contiennent diverses instructions au sujet des affaires de l’Église. Au cours
de ces années seront révélés beaucoup de points de doctrine et de principes de l'Évangile
qui permettront la création d’un cadre doctrinal essentiel pour l’Église. La première
révélation enregistrée par Joseph Smith en Ohio appelait Edward Partridge à remplir les
fonctions de premier évêque de l’Église (section 41). Comme promis, les saints reçurent
les lois du Seigneur par lesquelles les membres de l’Église sont régis, notamment la loi de
l'enseignement (sections 42, 68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi
de consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi du travail (sections 42, 60,
68, 75 ; voir Travail, rôle du), des instructions concernant l’imposition des mains aux
malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération pour les marchandises
et les services (sections 42, 43, 70, 106) et les lois relatives aux transgresseurs (sections
42, 58, 102, 107). Joseph Smith reçut aussi des instructions au sujet de l'importance du
mariage et de la famille (section 49 ; cf. 131-32) et le Seigneur révéla des informations sur
la façon de détecter et d’éviter les contrefaçons et les pratiques mauvaises (sections 43,
46, 50, 52 ; cf. 129).
Un thème majeur des Doctrine et Alliances est l'établissement et l’édification de Sion,
tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme état d’esprit du peuple (ceux qui
ont le cœur pur ; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé d’aller au Missouri où
l'emplacement de la ville de Sion serait révélé (section 52). Une fois là-bas, il recevrait des
directives du Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et de son peuple (sections 57-
59). Les saints commencèrent à se rassembler au Missouri pour répondre aux exigences
du Seigneur et des révélations supplémentaires furent reçues concernant leurs
responsabilités respectives (sections 63-64). Il leur fut enseigné qu’il fallait construire et
avoir un temple ou maison du Seigneur pour devenir un peuple de Sion (sections 57, 84,
88, 97, 101, 109-110 ; cf. 124). Certains membres n'ayant pas atteint le niveau de
consécration et d'obéissance attendu d'une société de Sion, ils ne réussirent pas à créer
Sion à ce moment-là. Ils furent expulsés du Missouri et l’édification de Sion à cet endroit
fut temporairement suspendue (sections 101, 103, 105).
Pendant ce même temps et plus tard, d'autres révélations instructives furent données à
propos des règles de santé (sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le pouvoir du
Christ (sections 50, 84, 88, 93), l’œuvre missionnaire (sections 75, 79-80, 84, 99), le
sabbat (section 59), l’obéissance et le sacrifice (sections 58-59, 82, 97, 117-18), le pardon
– l’obtenir et l’accorder (sections 58, 64, 82, 98), le plan du salut pour toute l'humanité
(sections 76, 93 ; cf. 131, 137-38), les fonctions et les collèges de la prêtrise (sections 81,
84, 90, 107, 112, 121 ; cf. 124 ; et Déclaration Officielle – 2 de 1978), les guerres
imminentes (section 87), les textes bibliques (sections 74, 77, 113) et la dîme (sections
119-120).
Les sections 124-135 furent écrites à Nauvoo pendant les dernières années de la vie
de Joseph Smith (1839-1844). Elles contiennent des directives à l’Église concernant le
temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient complètes (section
124), les ordonnances et le salut pour les morts (sections 124, 127-128) ; la nature de la
Divinité et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage éternel et plural (sections 13132 ; voir aussi Manifeste de 1890), les lois et les gouvernements politiques (section 134) et
un énoncé des apports de Joseph Smith et de son témoignage au moment de son martyre
(sections 135-136).
Doctrine et Alliances : Section 1
Auteur : PACE, GEORGE W.
La section 1 des Doctrine et Alliances est appelée la « Préface ». C'est une révélation
reçue le 1er novembre 1831 par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à
Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée pour examiner la publication de
soixante-trois des révélations que Joseph Smith avait reçues (voir Livre des
Commandements). La conférence vota unanimement de les publier comme étant la parole
du Seigneur. Conformément à la déclaration du Seigneur, cette section fut publiée à titre
de « ma préface au livre de mes commandements » (D&A 1:6). Elle donne le ton de la
totalité des Doctrine et Alliances, qui est pressant.
Comme les révélations qu’elle introduit, la section 1 est écrite principalement à la
première personne comme étant la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai dit,
je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au monde que par le rétablissement de son Église,
Dieu s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter ses enfants et de préparer la
terre pour le retour du Sauveur.
La section 1 est la déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous les hommes,
que ses paroles iront à toutes les nations par l’intermédiaire des disciples qu’il s’est
choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile dans sa propre langue de
sorte que chacune puisse comprendre et que les choses faibles du monde vaincront les
puissantes et les fortes et que l’Église sera amenée hors de l'obscurité par le pouvoir de
Dieu (voir aussi la révélation donnée deux jours plus tard, D&A 133).
La section 1 présente de manière équilibrée le jugement et le soulagement. C'est une
voix d'avertissement de jugements imminents : « Préparez-vous, préparez-vous » (verset
12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas connaîtront de grandes douleurs, parce
que l’état de péché du monde a allumé « la colère du Seigneur » et que les hommes « se
sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son] alliance éternelle » (versets 13-15).
Il est par contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements, des châtiments, des
corrections, de la connaissance et des bénédictions de Dieu.
La section finit sur la garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses,
quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et seront
accomplies.GEORGE W. PACE
Doctrine et Alliances : Sections 20-22
Auteur : UNDERWOOD, GRANT
Sections 20-22
Les sections 20-22 des Doctrine et Alliances sont les documents formateurs
fondamentaux des débuts de l'histoire de l’Église. Elles continuent à remplir la fonction de
déclaration définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À l’origine, les sections 20 et 22
ont été publiées ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église du Christ ». Elles
ont été publiées pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en avril 1831 et
plus tard sur la première page du premier numéro de l’Evening and Morning Star en juin
1832. La version la plus ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829.
Beaucoup de copies anciennes ont été faites à partir d’un brouillon de la main d'Oliver
Cowdery.
Les sections 20-22 furent officiellement adoptées en tant que révélations doctrinales
par l’Église lors de sa première conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières sections
des Doctrine et Alliances à être approuvées comme telles. Plus tard, les missionnaires
lurent souvent des copies manuscrites de ces « articles » aux réunions et aux conférences
publiques parce qu'on leur avait dit d'inclure les « Articles de l’Église » dans leurs
enseignements (D&A 42:13). La section 20 était le chapitre II de l'édition 1835 des
Doctrine et Alliances, directement après la Préface révélée. L'ordre actuel date de l'édition
de 1876.
La section 20 est un texte composite qui se divise en un prologue historique (versets 116), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un recueil de règles et de procédures
(versets 37-84). Non seulement ses principes continuent à guider les saints des derniers
jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un aperçu de la vie de l’Église dans
ses premières années. Le prologue contient les mentions publiées les plus anciennes de
l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery comme apôtres (versets 2-3) et de la
première vision de Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté à ce premier ancien qu'il
avait reçu la rémission de ses péchés » (verset 5). La dimension personnelle de ce récit
est cohérente avec les récits faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
La section 20 contient également la déclaration de foi la plus ancienne connue de
l’Église. Elle affirme des points de doctrine chrétiens de base, suivant la façon commune
de faire de la plupart des confessions protestantes, commençant par la nature de Dieu
(verset 17), la création (versets 18-19), la chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le
plan de salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la possibilité de
« déchoir de la grâce » et de la nature de la sanctification, qui étaient des questions à
l’ordre du jour dans les années 1820. Le verset 35 exprime une conscience du monde
chrétien environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne retranchent rien « à la
prophétie [du livre de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations de Dieu qui viendront
plus tard ».
La majeure partie de la section 20 donne des directives pour le gouvernement de
l’Église. S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle explique les
ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène et les devoirs des membres baptisés. À
l'origine, les prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les dirigeants adultes locaux de
la prêtrise, ce qui explique la charge pastorale importante qui leur est donnée (versets 4659) et leur fonction de signer les certificats de dignité pour les membres qui se déplaçaient
d'une branche de l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise d'Aaron avait pour ministère
public de « prêcher, enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait avoir une
« licence » (verset 64).
Reçue le jour où l’Église a été juridiquement reconnue, la section 21 définit le rôle
directeur de Joseph Smith dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur, prophète,
apôtre de Jésus-Christ » (verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa main »
(verset 11). Il est conseillé aux membres de l’Église de tenir des registres et de recevoir la
parole de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche » (versets 1, 5).
La section 22, reçue le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été
précédemment baptisés, qu’ils soient baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle »
(verset 1).
Ensemble, ces trois sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église
rétablie du Christ.
Doctrine et Alliances : Section 25
Auteur : VOLKENING, KLIS HALE
Cette révélation fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830, trois mois après
l'organisation de l’Église. Elle fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des
Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse du prophète Joseph Smith.
Dans la version la plus ancienne, Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ». Joseph
Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant : « tous ceux qui reçoivent mon Évangile
sont des fils et des filles dans mon royaume. »
La section a cinq composants principaux :
1. Emma est désignée comme « dame élue » (verset 3). Plus tard, le 17 mars 1842,
quand elle devint la première présidente de la Société de secours et que les femmes
furent organisées selon l'ordre de la prêtrise, Joseph expliqua que c'était le devoir de son
appel d’ « élue ». L'organisation de bienfaisance qu'elle dirigea devait passer à plus de 3
millions de femmes en 1990.
2. Emma est exhortée à l'unité avec son mari : « Tu lui serviras de secrétaire » et « tu
partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle accepta ces appels, bien qu'elle dût plus
tard abandonner sa maison et sa sécurité.
3. Emma est appelée à être « ordonnée sous sa main [de Joseph] pour expliquer les
Écritures et pour exhorter l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit » (verset
7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de consacrer son temps « à écrire et à apprendre
beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle enseigna, expliqua, exhorta, présida et
oeuvra dans beaucoup d’organisations de l’Église. Les femmes de l’Église ont toujours
pour tâche de maîtriser les Écritures, de manière à diriger avec d’autant plus de
puissance, à enseigner, à exercer leur ministère et à servir.
4. Emma est chargée de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné du
pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des justes est une prière pour moi » (verset
12). Son livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835 qui apparaisse à la
page de titre). Ce recueil utilise beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes
classiques mais contient aussi des chants liés à la plupart des événements et des
enseignements propres au Rétablissement (voir Cantiques ; Musique).
5. Emma reçoit l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son ministère
public avant son rôle comme compagne de son mari, rechercher « les choses de ce
monde » (verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme se réjouisse de ton mari »
(verset 14). Elle doit faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son ministère
public. Emma s’acquitta de chacun de ces appels, subit la perte de cinq enfants et soutint
Joseph jusqu'à son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de direction dans
l’Église, la présidence dans certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées,
s’écartait de manière marquante de ce qui se pratiquait au dix-neuvième siècle. Les
dirigeants de l’Église, hommes et femmes, continuent à mentionner des passages de cet
appel inspiré d'Emma pour citer en exemple certains des potentiels des femmes et pour
faciliter leur participation pleine et entière à tous les appels et bénédictions spirituels de
l'Évangile.
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. « If Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
Doctrine et Alliances : Section 42
Auteur : BROWN, VICTOR L., SR.
Cette section est appelée la « Loi du Christ » et la « Loi de l’Église » et sa réception
accomplit une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances 38:32, que la loi
serait donnée à l’Église en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les
anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les soixante-dix premiers versets de la
section 42 furent donnés le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient, comme le dit
le document, « unis en prière fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux semaines
plus tard dans des circonstances semblables. La révélation fut publiée dans The Evening
and The Morning Star en juillet et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que
chapitres 44 et 47 du Livre des Commandements.
Des conditions strictes étaient imposées ici à une Église naissante à la population
réduite et dispersée qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les répartir en six
domaines principaux :
1. La responsabilité missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses
membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité appropriées,
enseigner les principes de l'Évangile à l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et
n’enseigner que « par l'Esprit ».
2. La réaffirmation des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de
Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le Nouveau Testament,
particulièrement le sermon sur la montagne, et un sermon semblable dans 3 Néphi
soulignent l'acte et l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42 affirme également les
attentes et les aspirations plus larges de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus :
« Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et
« Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à elle et à personne d'autre. » Il
est dit du contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit » et qu’il sera dans la crainte.
3. Une déclaration sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets 30-39).
Les biens devaient être consacrés par une alliance « qui ne [peut] être rompu[e] » pour le
soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant de ses propres biens et
un grand conseil et un évêque comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier,
rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des indigents. « Dans la
mesure où vous le faites aux plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. » Par
ces principes, l’Église devait obtenir des terres, construire des maisons de culte et
finalement fonder la nouvelle Jérusalem.
4. Mises en garde contre l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et l'impureté (versets
40-42).
5. Exhortation aux soins compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi
pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la guérison, suivront des dons
spécifiques de foi, mais la forme la plus élevée de foi est « le pouvoir de devenir mes
fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur se voient assurés que leur mort « leur sera
douce » (verset 46).
6. Instructions sur les procédures de l’Église concernant les transgresseurs, les procès,
les témoins, la discipline de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de confession
et de réconciliation (versets 53-93). [Voir également Mesures disciplinaires.]
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M. Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p.
195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
Doctrine et Alliances : Section 45
Auteur : CALDWELL, C. MAX
Cette révélation des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars 1831, une
époque où « beaucoup de faux bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient
publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour empêcher les gens d'étudier
l’œuvre ou d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les saints à écouter sa
voix et fait remarquer qu’il plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il leur dit ensuite
qu'il « prophétiserai[t] comme aux hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné à
ses disciples à Jérusalem au sujet des événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans
les derniers jours et à sa seconde venue.
Trois événements auraient lieu au cours de la génération même du Sauveur : (1) le
temple de Jérusalem serait détruit (versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée et
détruite (verset 21) ; et (3) les juifs seraient dispersés parmi toutes les nations (verset 24).
L'histoire prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du premier siècle, les
conquêtes romaines causèrent l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus
avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser vécurent assez pour être
témoins de ces événements.
Beaucoup d’événements se produiraient dans les derniers jours précédant la seconde
venue du Seigneur : 1. Les juifs seront rassemblés à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura
des guerres et des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur manquera
(verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde sa venue (verset 26). 5. L'amour
des hommes se refroidira (verset 27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude de
l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps des Gentils seront accomplis (verset 30).
9. Il y aura un fléau débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10. Les méchants
maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des tremblements de terre et beaucoup de
désolations (verset 33). 12. Il y aura des manifestations de phénomènes célestes : soleil,
lune, étoiles (versets 40-44).
Les temps des Gentils mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres ont
porté l'Évangile aux Gentils après la mort du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième
occasion lorsque Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit prêché d'abord aux
Gentils et puis aux Juifs.
Quand il reviendra, le Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
1. Il apparaîtra aux saints ou membres de l’alliance de son Église (versets 45-46, 5657). Le Sauveur a comparé ces membres fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le
Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
2. Il apparaîtra aux juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront engagés
dans une bataille pour leur survie, le Sauveur apparaîtra et interviendra en leur faveur et
ils le reconnaîtront comme leur Messie.
3. Il apparaîtra au monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à un
groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les méchants seront détruits,
ne laissant que les justes pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde venue du
Sauveur coïncidera avec la résurrection des membres fidèles de l'alliance de son Église
qui seront enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire (verset 45). Et les païens qui
ont vécu sans loi seront ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas connu de loi » (verset
54).
La révélation connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre de
Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et mentionne également des
guerres à l'étranger et au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à se
rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit… [pour édifier] la nouvelle Jérusalem,
pays de paix, ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut » (versets
65-66).
Bibliographie
Département d’Éducation de l’Église. Doctrine et Alliances, manuel de l'étudiant. Salt
Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol.
1. Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
Doctrine et Alliances : Section 76
Auteur : CANNON, DONALD Q.
La section 76 présente une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois
royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter après la résurrection selon la
fidélité de chacun (voir Degrés de gloire).
Le 16 février 1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la Bible (TJS), Joseph
Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des
injustes. Joseph explique à ce propos : « Il était clair que… si Dieu récompensait chaque
homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure
éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions
l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » (HC
1:245). Il y avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette révélation fut donnée.
L'une d'elles, Philo Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney,
presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient alternativement et se
confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient simultanément dans la vision (Cannon, p.
303-304).
La révélation contient une série de six visions : Ils voient le Fils de Dieu à la droite de
Dieu (versets 1-24) ; ils voient comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont
été précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste (50-70), le royaume terrestre (71-80)
et le royaume téleste (81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de gloire ; et ils
voient les trois royaumes de gloire comparés (91-119). Le texte fut publié en juillet 1832
dans l’Evening and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances.
Du fait que cette section, appelée « la Vision », s'éloigne considérablement de la
conception chrétienne traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent du
mal à l’accepter au début. Brigham Young dit : « Mes traditions étaient telles que quand j’ai
lu la Vision pour la première fois, elle était si totalement contraire et opposée à mon
ancienne éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas rejetée, mais je ne pouvais pas la
comprendre » (Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches entières
de l’Église eurent le même problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à
l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à aider les membres de l’Église de là-bas à
accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins, la plupart des membres ne
tardèrent pas à croire et à comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette vision
comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes jamais données.
Joseph Smith lui-même se réjouit de « la lumière qui a jailli sur le monde grâce à la
vision précitée » (EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des registres du monde
éternel. La sublimité des idées, la pureté de la langue, le domaine laissé à l'action, le
temps prolongé accordé pour mener l’action à bien, afin que les héritiers du salut puissent
confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses pour la fidélité et les
châtiments pour les péchés se situent tellement au-delà de la mesquinerie des hommes
que chacun est contraint de s’exclamer : « Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
Bibliographie
Cannon, George Q., dir. de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith." Juvenile
Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312.
Provo, Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 279-308.
Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
Doctrine et Alliances : Section 84
Auteur : OTTEN, LEAUN G.
Donnée les 22-23 septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord publiée
en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. On l’appelle la
révélation sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence de six anciens qui venaient de
rentrer de mission des États de l’Est. La révélation comporte quatre thèmes principaux.
SION. Précédemment, l'établissement de Sion et la nécessité d’un temple comme
centre avaient été révélés (D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église responsable du
rassemblement des saints et de l’édification de la nouvelle Jérusalem (Sion), en
commençant par le temple. Les deux entreprises doivent être achevées en une
« génération ». Sion doit être établie par le pouvoir et l'autorité de la Prêtrise de
Melchisédek (versets 1-5).
PRÊTRISE. La prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués à l’homme d’agir pour Dieu
pour sauver les âmes et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être transmise de
quelqu’un qui l’a déjà. La section 84 distingue clairement deux prêtrises, à savoir, celle de
Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse, par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de
Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers légitimes remontant jusqu’à « Adam, qui était le premier
homme » (versets 6-17). La Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et détient les
clefs des mystères du royaume et de la connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances
administrées par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux pouvoirs de la
piété. Ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence (versets
19-22).
La Prêtrise d'Aaron détient les clefs du ministère d’anges et de l'Évangile préparatoire.
Elle a continué dans une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise de la Loi de
Moïse. C'était également la prêtrise détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire
comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à la Prêtrise de Melchisédek et à ses
ordonnances (versets 26-27).
SERMENT ET ALLIANCE DE LA PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la
Prêtrise de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le Seigneur. Ils font
alliance de magnifier leurs appels dans la fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire qu’ils
honoreront et rempliront avec fidélité et obéissance leurs intendances. En gardant cette
alliance, le détenteur de la prêtrise reçoit le serment du Père, qui mène à recevoir le
royaume du Père et « tout ce que [le] Père a » (verset 38). Ceux qui violent ou rompent
cette alliance et s’en détournent complètement « n'aur[ont] pas la rémission des péchés
dans ce monde ni dans le monde à venir » (verset 41 ; voir aussi Serment et alliance de la
prêtrise).
Les anciens de l’Église s’entendent dire qu’à cause de la « vanité » et de
« l'incrédulité », eux et tous les enfants de Sion ont été spirituellement enténébrés et sont
sous la condamnation devant le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la
« nouvelle alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils obéissent à cette
recommandation, leurs péchés leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du
royaume (versets 54-61).
CONSEILS MISSIONNAIRES. La section 84 donne des instructions et fait des
promesses à ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur direction, l'Évangile doit
être porté au monde entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ doivent
être baptisés et recevoir le don du Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les
missionnaires se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités de la vie
(versets 62-119, cf. Mt. 10).
En résumé, il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise d’apprendre leurs devoirs
et de remplir fidèlement leurs offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le
royaume du Christ (versets 109-110).
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2
vols. Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév.
Salt Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
Doctrine et Alliances : Section 88
Auteur : CARTER, BARBARA R.
La section 88 fut donnée par Joseph Smith dans la « salle de traduction » du magasin
de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les
versets 127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut enregistrée dans le Minutier du Conseil
de Kirtland et des parties en furent publiées en février et mars 1833 dans The Evening and
The Morning Star. Elle fut imprimée en tant que section 7 dans l'édition de 1835 des
Doctrine et Alliances.
Le jour de Noël de 1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie sur la
guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela perturba
ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa
volonté au sujet de l’édification de Sion. Le prophète appela la révélation suivante (D&A
88) « la feuille d’olivier » et « le message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC
1:316).
La section s’ouvre sur une promesse intime « sur vous, mes amis » qui est donnée de
Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A 88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14
sur le Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
Suivent des passages sur l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière du
Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence (voir Lumière et ténèbres). Elle est en et à
travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et des étoiles. Elle « sort de la présence
de Dieu pour remplir l’immensité de l'espace » (verset 12). Elle est mise sur le même pied
que la vie, la loi et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les points de doctrine suivants sont clarifiés :
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois ordres de
corps glorifiés. On reçoit un corps ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme ici-bas :
« Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28). Dans la
résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième
ordre de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien que ressuscités, ne
reçoivent aucune gloire (versets 32-33).
La terre elle-même est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui sont
vivifiés par un esprit céleste hériteront ; « c’est dans ce but qu’elle a été faite et créée, et
c’est dans ce but qu’ils sont sanctifiés » (verset 20).
Il y a des mondes multiples, des créations multiples, tous régis par la loi. « À tout
royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions »
(verset 38). La loi comporte des temps, des saisons et des ordres cosmiques aussi bien
que les attributs et les pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du jugement.
« Tous les êtres qui ne se conforment pas à ces conditions ne sont pas justifiés » (verset
39 ; voir Justification). Ceux qui cherchent à se faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et
ne peuvent pas être sanctifiés.
Une parabole sur des ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du
Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à un moment et dans un
ordre désignés, « chacun en son ordre » (verset 60).
L'appel est donné de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle. Le
temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de jeûne, de foi, de science, de gloire
et d'ordre. Toutes les entrées et les sorties et les salutations seront au nom du Seigneur. Il
est commandé aux saints qu’ils « s'organisent, et se préparent, et se sanctifient » (verset
74) par la solennité et l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience de temple. (Voir
Temple de Kirtland ; Temples : Consécrations de temples de l’Église.)
Un programme d'études complet pour l'école des prophètes est présenté. Il comprend
des langues, l’histoire et une étude « des guerres et [d]es perplexités des nations… et
aussi une connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
Des prophéties sont réitérées au sujet des changements, des tremblements de terre,
des tempêtes et des bouleversements de la terre et des cieux qui précéderont la seconde
venue du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune sont désignées. Elles
doivent trouver leur point culminant à la septième ou ère millénaire. Un ange et une
trompette sonnée par un ange symbolisent chaque période.
La révélation conclut sur des instructions précises sur la conduite des réunions, les
devoirs de la présidence, l'admission à l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur
le modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de purification pour les membres
de l'école.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
Doctrine et Alliances : Section 89
Auteur : PETERSON, PAUL H.
Cette section, connue sous le nom de Parole de Sagesse d’après ses premiers mots,
fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion de l'école des prophètes à l’étage du
magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin, l’un des vingt-deux dirigeants de
l’Église présents, Joseph Smith reçut la révélation dans une pièce voisine en présence de
deux ou trois frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu aux membres
de l’école réunis. La révélation fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur une
feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
La Parole de Sagesse fut donnée « en conséquence des mauvaises intentions et des
desseins qui existent et existeront dans les derniers jours dans le cœur des
conspirateurs » (verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on
mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur ce qui est bon et
pas bon et pose en principe une forte relation entre ce que les gens ingèrent et leur bienêtre physique et spirituel. La révélation interdit trois choses : le tabac, les boissons fortes
et les boissons brûlantes (versets 5-9). On a interprété les « boissons fortes » comme
étant les boissons alcoolisées ; les premiers dirigeants de l’Église ont défini les « boissons
brûlantes » comme étant le thé et le café. Les dirigeants de l’Église ont traditionnellement
limité les conditions requises pour la dignité aux interdits. La révélation recommande
également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la consommation fugale de la
viande et l'utilisation de « tout grain » mais particulièrement du « blé pour l'homme »
(versets 10-17). La santé et la force, la sagesse et la connaissance et la protection contre
l'ange exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux recommandations
(versets 18-21).
La Parole de Sagesse était une réponse inspirée à des problèmes ou à des paradoxes
précis dans l’Église et à des problèmes sociaux d’actualité dans la société américaine de
l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph Smith était perturbé par le
caractère manifestement incongru de discussions concernant des sujets spirituels dans un
nuage de fumée de tabac et par le fait que cela dérangeait Emma Smith, femme de
Joseph, de devoir nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également probable que le
prophète était sensible et favorable au mouvement généralisé en faveur de la tempérance
des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le prophète demanda des instructions au
Seigneur et la section 89 se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement
approuvé.
Les interprétations et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement
changé au cours des années. Ce changement correspond en partie à la croyance de
l’Église en la révélation continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette
section particulière, les interprétations diverses reflètent également une certaine ambiguïté
du verset 2, qui dit que la révélation a été donnée « non par commandement ou par
contrainte ». Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette section dans
l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y a eu, au cours des années, des
divergences de vues quant à savoir si la Parole de Sagesse est un commandement dans
le sens que son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de l’Église
comme de savoir si l'observance implique l'abstinence ou simplement la modération.
Au milieu des années 1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que
l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café était un critère pour jouir de la
communion des saints. L’unique exception possible à cette interprétation sinon stricte était
le vin, que certains des premiers dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer comme
« boisson forte ». Cette insistance du début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne
fut pas généralement ni officiellement acceptée dans l’Église, en dépit de la déclaration de
Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne de détenir un office » une fois que la
Parole de Sagesse lui avait été enseignée et « s’il néglige de s’y conformer et d’y obéir »
(EPJS, p.91.). Néanmoins, la déclaration d’origine fit graduellement place à un accent sur
la modération. Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas insisté sur
la conformité stricte dans ces premières années afin d'accorder à une génération
intoxiquée par des substances nocives quelques années pour se débarrasser de
mauvaises habitudes. Cette pratique de la modération, que l’on a pu observer dès les
années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième siècle. Le président Taylor entreprit,
au début des années 1880, une réforme dans laquelle il soulignait que tous les dirigeants
de l’Église devaient s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits à néant
par la désintégration sociale provoquée par les raids fédéraux contre la polygamie. Au
XIXe siècle, les dirigeants de l’Église n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur
la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie et s’opposèrent à la création
de distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent soigneusement. Les nombreuses
observations faites par les visiteurs du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la
sobriété générale des communautés mormones et démontrent l'efficacité de ces
prédications.
Le cheminement qui allait mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse
commença avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit avec
l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que n'importe quel autre dirigeant
de l’Église, prêcha fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au début des
années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café étaient devenue un test
officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y eut pas de révélation expresse
pour produire ce résultat. Il découla des préoccupations que les dirigeants de l’Église
avaient à l’égard des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du thé et du
café sur les personnes et sur les collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique
concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves scientifiques attestant des effets
nocifs de certaines substances intensifièrent ce souci.
La Parole de Sagesse a eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé physique
dans la population de l’Église (voir Statistiques démographiques) et la confirmation
concrète des vérités reçues par la révélation. Elle constitue aussi un signe distinctif qui
rappelle aux saints des derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans le
domaine religieux.
Bibliographie
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr. « The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century Perspective »
Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.
PAUL H. PETERSON
Doctrine et Alliances : Section 93
Auteur : WORKMAN, DAN J.
La section 93 est une révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète Joseph Smith
pendant une conférence des grands prêtres à Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée e tant que
chapitre 82 de l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées contenues dans cette
révélation sont à la base de la compréhension que les saints des derniers jours ont de la
nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
Elle commence par la promesse divine que toute âme qui abandonne le péché, va au
Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde ses commandements verra sa face « et
saura que je suis, que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde »
(versets 1-2).
Les versets suivants mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore
être révélé dans son intégralité. Ils font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils
témoignent également du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
Le Christ est appelé le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a donné de sa
plénitude » (verset 4). Il est appelé la Parole parce qu'il est le « messager du salut »
(verset 8). En lui est « la vie des hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les
mondes ont été faits par lui, les hommes ont été faits par lui, tout a été fait par lui, par son
intermédiaire et de lui » (verset 10).
Contrairement aux théologies de l’existence statique, plusieurs versets affirment le
devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début
mais a reçu « grâce sur grâce » jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père
(versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le Christ n’est devenu comme le Père, dans
le sens exalté du terme, qu’après sa résurrection et sa glorification (cf. Ap. 5:12-13). La
compréhension de ce processus est la base d’un culte authentique.
La révélation nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de l'homme, « la
lumière de la vérité » (verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même. L’homme,
comme le Christ lui-même, « était… au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre,
« les éléments sont éternels » (verset 33).
La vérité est la « connaissance des choses telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient et
telles qu’elles sont à venir » (verset 24). La vérité et l'intelligence sont indépendantes dans
la sphère dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de l'homme fait partie
intégrante de l'esprit de vérité, qui « est clairement manifesté » dès le commencement
(verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la responsabilité. « Tout homme dont l’esprit
ne reçoit pas la lumière est sous la condamnation » (verset 32).
Le Christ est le modèle en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en mon
nom » (verset 19) et, en temps voulu, être « glorifié[s] en moi, comme je suis dans le
Père » (verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera détruit. « L’esprit et
l'élément » inséparablement liés (ressuscités) peuvent recevoir une plénitude de joie. « La
gloire de Dieu est l’intelligence » définie comme étant « la lumière et la vérité ». Quelqu’un
qui reçoit la lumière et la vérité délaisse le Malin (verset 37).
« L’esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté
l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant
Dieu » (verset 38). Par la désobéissance les hommes deviennent pécheurs, « la lumière et
la vérité » leur étant enlevées quand ils adoptent « la tradition de leurs pères » (verset 39).
La révélation clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés à mettre leur maison
en ordre en enseignant plus complètement l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney
Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut » (verset 51) et les Frères doivent se hâter
« de traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir la connaissance de l'histoire, des pays,
des royaumes, des lois de Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut de Sion » (verset
53). DAN J. WORKMAN
Doctrine et Alliances : Section 107
Auteur : BOWEN, WALTER D.
La section 107 est l'une des déclarations les plus importantes des Écritures modernes
sur les divisions, les offices, les collèges et les conseils de la prêtrise. La section 107
définit un arrangement ordonné des responsabilités d’une prêtrise laïque à plusieurs
niveaux. Elle fut publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835 des Doctrine et
Alliances et fut intitulée « De la Prêtrise ». Au fil des années elle a été acceptée comme un
document d’importance majeure et a été considérée comme une charte sage et efficace
sur les clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de l'administration de l’Église par
la prêtrise (voir Organisation).
Le 28 mars 1835, à Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment organisé
se réunit en vue de sa mission dans l'Est des États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne
pas être à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial du Christ, le collège
rédigea une lettre au prophète Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur : « Le
moment où nous sommes sur le point de nous séparer est proche et Dieu seul sait quand
nous nous réunirons de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que nous
avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il s'enquière auprès de Dieu pour nous
et obtienne une révélation (si c’est faisable) afin que nous puissions la regarder quand
nous serons séparés, que notre cœur puisse être consolé » (HC 2:209-210).
Joseph « consulta le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le document distingue la
Prêtrise de Melchisédek de la Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent de
chacune : La Première Présidence, et sous elle les douze apôtres, les grands prêtres et
les anciens, officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent dans toutes les « choses
spirituelles » (versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses conseillers, agit dans la
Prêtrise d'Aaron, qui administre « les ordonnances extérieures » de l’Église, notamment le
baptême (versets 13-17, 20). La Première Présidence préside l’Église ; les Douze sont
« les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les
soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile à l'étranger (verset 25).
Les principes de l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation combinent des
éléments démocratiques et hiérarchiques. « Il y a nécessairement des présidents » sur les
divers offices (verset 21), mais toute décision d'un des trois collèges qui gouvernent
l’Église « doit être à l’unanimité des voix qui le composent » (verset 27), prise « en toute
justice, en sainteté, avec humilité de cœur » (verset 30). La Première Présidence, le
Collège des Douze et les collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en autorité » mais
fonctionnent sous les clefs de prêtrise de la Première Présidence ou du Collège des
Douze quand la présidence est dissoute à la mort du président (versets 22-26). La
révélation remonte aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps anciens
d'Adam à Noé (versets 39-57).
À peu d'exceptions près, les versets 58-100 ont été extraits d'une révélation et d'une
vision que Joseph Smith avait reçues précédemment. Elle déclare que le Président de la
Haute Prêtrise doit « présider l’Église entière… et… être semblable à Moïse » (verset 91),
et définit les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres des collèges
d’anciens, de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de
l'évêque en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour juger de la conduite
d'un officier général de l’Église.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329.
Provo, Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
Doctrine et Alliances : Sections 109-110
Auteur : WILCOX, S. MICHAEL
La section 109 est la prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph Smith écrit
qu'il a reçu cette prière par l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière contient un certain
langage propre au temple, tiré de Doctrine et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121)
et quelques passages qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption de Jérusalem se
retrouvent dans la prière d'Orson Hyde prononcée cinq ans plus tard sur le mont des
Oliviers.
La section 109 est hébraïque dans le ton et rappelle la consécration par Salomon du
premier temple et les bénédictions que la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
Elle commence par des actions de grâces : « Grâces soient rendues à ton nom, ô
Seigneur Dieu d'Israël, toi qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde », demande
l’approbation divine et la manifestation visible de la gloire divine sur le temple et les
fidèles, demande que Dieu accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice, désigne le
bâtiment comme maison de Dieu, de prière, de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre
(verset 8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis sur ses serviteurs, demande le
pardon et l’effacement des péchés, plaide pour que les émissaires de la vérité aillent avec
puissance et scellent leur témoignage avec pouvoir, demande protection contre les
ennemis et que l’on soit délivré des calamités du Missouri, et prie pour la miséricorde sur
les nations de la terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et de
Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem « dès cette heure » (verset 62), et
finalement pour des bénédictions sur les maisons et les familles des dirigeants de l’Église.
Elle finit par « Ô entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur ! … afin que nous
mêlions nos voix à celles de ces séraphins resplendissants qui entourent ton trône » et
« Amen et amen » (versets 78, 80).
La section 110 rend compte d’événements qui ont suivi la consécration du temple le 3
avril 1836. Le récit (non canonique dans l’Église Réorganisée) fut écrit par Warren
Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une semaine après les événements qu’il décrit
dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans l'édition de 1876 des
Doctrine et Alliances (voir l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène et s’être
prosternés « en prière solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver Cowdery
reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et accepta le temple en disant : « Mon
nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison »
(verset 7). Moïse apparut ensuite pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël des
quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du renouvellement des temples et du culte du
temple (voir Israël : Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias « remit la
dispensation de l'Évangile d'Abraham » (verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance
faite à Abraham que par lui et par sa postérité toutes les générations seraient bénies (voir
Alliance abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie apparut et conféra les clefs du
scellement pour toutes les ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des
familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie (versets 13-16). Ceci
était en accord avec la prophétie finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur
des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable du Seigneur (Ma. 4:5-6 ; voir
Élie, Esprit d’).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
Doctrine et Alliances : Sections 121-123
Auteur : HOWE, SUSAN
Sections 121-123 : Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite par Joseph
Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty (Missouri), adressée « à l’Église des
saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée à l'étranger et à l’évêque Partridge
en particulier » (HC 3:289). La puissance et la richesse de la lettre, son contenu doctrinal
et ses images littéraires sont sans doute le résultat de la souffrance personnelle du
prophète.
La section 121 commence par une prière, un cri de « Ô Dieu, où es-tu ? » une
supplication pour que Dieu reconnaisse les souffrances des saints, punisse leurs ennemis
et venge le mal qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète entend la voix
consolatrice de l'inspiration dire : « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et
tes afflictions ne seront que pour un peu de temps » (verset 7). Il lui est rappelé : « tes
amis se tiennent à tes côtés » et il s’entend promettre que « ils t'accueilleront de nouveau,
le cœur chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu n’es pas encore comme Job »
(verset 10). La justice des actions des saints est confirmée ; au moment voulu par le
Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis (des versets 11-25).
Les versets 26-33 promettent des bénédictions de connaissance qui seront bientôt
déversées par le Saint-Esprit sur les saints des derniers jours, notamment la
connaissance de toutes les dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles
fonctionnent. La dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont parmi les plus
sensibles et les plus puissants des Écritures modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes
les formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il, est toujours liée à l’amour.
« Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la
prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la
douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
La section 122 est une révélation adressée expressément à Joseph Smith pour l'aider
à comprendre les épreuves par lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien
parmi les nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se tournera jamais
contre lui à cause « du témoignage de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent d’une
manière percutante les dangers et les trahisons qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir
puis ajoute : « Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de l'expérience et
seront pour ton bien » (verset 7). La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le
Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela » (verset 8).
La section 123 instruit les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander
réparation pour leur persécution et leurs pertes au Missouri. Il leur est recommandé de
faire la liste des torts infligés aux propriétés, aux personnes et à leur réputation, de faire
des déclarations sous serment et de rassembler les publications diffamatoires afin de
pouvoir présenter leur cas devant les autorités. Il leur est expliqué que cette façon de faire
est le dernier devoir qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la génération montante. La
section finit en assurant aux saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent pas la
valeur, seront importants à l’avenir pour l’Église (verset 15).
Doctrine et Alliances : Section 124
Auteur : RICHARDS, PAUL C.
La section 124, donnée le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus
longue révélation des Doctrine et Alliances. C'est la première section reçue à Nauvoo et
elle a été imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et Alliances sous le numéro 103.
En 1839, les membres de l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois pour échapper
à l'ordre d'extermination du Gouverneur Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve
Mississippi devint un lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès 1841, Nauvoo y avait été
créée et le village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000 habitants. Dans ce cadre, la
section 124 constituait une inauguration importante, un genre de constitution pour le
développement ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne des instructions sur des
sujets temporels, doctrinaux et d'organisation et donne des tâches et des
recommandations à cinquante-cinq personnes.
La section 124 comprend ce qui suit :
• Une mission confiée à Joseph Smith de « faire une proclamation solennelle » de
l'Évangile aux souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
• Des directives pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le voyageur fatigué
trouve la santé et la sécurité tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets 22-24,
56-82).
• Un commandement aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo,
commencé trois mois plus tôt. Il devait être un endroit où le Seigneur pourrait rétablir la
plénitude de la prêtrise et révéler « des choses qui ont été cachées dès avant la fondation
du monde » concernant la dispensation de la plénitude des temps » (versets 25-28, 4044 ; voir aussi Ordonnances du temple).
• Une promesse que si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs, « ils
ne seront pas enlevés de leur place » (versets 45-46).
• Des éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini comme une ordonnance
du temple. La révélation dit que Moïse avait reçu la même mission de construire un
tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
• La déclaration que les efforts des saints pour créer une ville et un temple au Missouri
ont été acceptés par le Seigneur, même si les persécutions ont empêché leur création à
ce moment-là (versets 49-54).
• Des appels et des confirmations de divers postes dans l’Église, notamment une liste
de nouveaux officiers et la répétition de certains appels précédents. Par exemple, Hyrum
Smith est appelé comme patriarche en remplacement de son père, décédé le 14
septembre 1840. Joseph Smith, Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première
Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de président du Collège des douze
apôtres (il avait été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des tâches sont confiées à ce
collège. Douze membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et d'autres
sont appelés dans des présidences de grands prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux
épiscopats, et de prêtres. Il est fait mention d’organisations d’instructeurs, de diacres et de
pieux, mais aucun appel de direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21, 123142). PAUL C. RICHARDS
Doctrine et Alliances : Sections 127-128
Auteur : DURRANT, GEORGE D.
Sections 127-128
Les sections 127 et 128 sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète Joseph
Smith tandis qu’il est « en exil » près de Nauvoo pendant la première semaine de
septembre 1842. Son secrétaire était William Clayton. Les sections furent publiées dans
The Times and Seasons les 14 septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en
1844 dans les Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
Ces documents éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du baptême pour
les morts, pratique attestée au premier siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt,
le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’obsèques, Joseph Smith
annonça pour la première fois en public la responsabilité des membres de l’Église
d'accomplir des baptêmes pour les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile du Christ
sur une échelle probablement plus vaste que certains l'ont imaginé » (EPJS, p. 143).
Immédiatement après, les membres de l’Église commencèrent à accomplir des baptêmes
par procuration dans le Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait : « Il n’y aura plus
de baptêmes pour les morts avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les
fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21 novembre 1841, quand les fonts
baptismaux du temple de Nauvoo furent achevés, des baptêmes pour les morts y furent
accomplis (HC 4:454).
Les sections 127 et 128 soulignent la nécessité de la présence de témoins oculaires et
d’un greffier à tous les services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés sur
terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré comme valide (D&A 127:6-9 ;128:310).
À la section 128, le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême
pour les morts est « un chaînon » entre les parents et les enfants (D&A 128:18). Il
explique, en outre, qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les ordonnances du
temple à leurs ancêtres décédés, lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la famille
de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être entièrement sauvés et exaltés (versets
14, 15, 18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection — et sans nos morts, nous
ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf. Hébreux 11:40).
Les baptêmes et les autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie
essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église. GEORGE D. DURRANT
Doctrine et Alliances : Sections 131-132
Auteur : GRANT, PAUL
Sections 131-132
Ces sections expliquent que le principe du mariage éternel est une condition pour
parvenir au degré le plus élevé de gloire dans le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf.
76:50-70). Dans cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent des dieux (voir
Divinité), continuent à avoir des enfants (voir Vies éternelles, Accroissement éternel) et
parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A 132:23-24).
La section 131 contient un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17
mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à
l'est de Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par William Clayton dans son journal
intime. En plus de ses enseignements sur le mariage éternel, la section 131 définit
également l’expression « parole prophétique plus certaine », déclare que personne ne
peut être sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que l'esprit est de la
matière purifiée.
La section 132 contient la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut
une cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent que le mariage plural était « le
point de doctrine le plus saint et le plus important jamais révélé » (W. Clayton, dans A.
Jensen, Historical Record, 6:226). Cette révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843,
dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de Hyrum Smith, afin qu'Emma
Smith puisse être convaincue de sa véracité, le prophète Joseph Smith la dicta phrase par
phrase. Clayton écrivit que « lorsque le tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire
lentement et soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte » (CHC 2:106-7). Ce
soir-là, l’évêque Newel K. Whitney reçut la permission de copier la révélation. Le jour
suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le document, et Whitney et Kingsbury
comparèrent la copie à l’original. Cette copie fut donnée à Brigham Young en mars 1847 ;
elle fut officiellement adoptée comme révélation en août 1852, lors d’une conférence
générale à Salt Lake City et fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
Les points de doctrine de cette révélation furent probablement reçus en 1831 tandis
que le prophète traduisait la Bible. En réponse à des questions sur la légitimité des
mariages pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla à Joseph Smith les
conditions requises dans lesquelles le mariage plural devait être observé. Lyman Johnson
dit à Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à lui, Johnson] dès 1831 que le
mariage plural était un principe correct » mais avait dit que ce n'était pas encore le
moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40 [1878], p. 788). Cette date fut plus tard
confirmée dans diverses déclarations et déclarations sous serment rassemblées par
Joseph F. Smith et d'autres auprès de ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à
Nauvoo.
La section 132 dit que toutes les alliances doivent être faites de la manière appropriée,
par l’autorité compétente, et être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être
valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité, des bénédictions éternelles
sont garanties à ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle : « Alors ils
seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ; c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à
toute éternité, parce qu'ils continuent » (verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le
monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies éternelles par sa postérité
(versets 28-37). Des interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère accompagnent la
loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63). Dans les derniers versets, Dieu confirme à
Joseph Smith sa situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres (versets 45-50) ;
il exhorte Emma et d'autres à observer cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que
Dieu puisse être glorifié (versets 51-66).
Bibliographie
Danel W. Bachman. « New Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the
Revelation on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978), p. 19-32.
PAUL GRANT
Doctrine et Alliances : Sections 137-138
Auteur : HARTSHORN, LEON R.
La section 137 rapporte une vision du royaume céleste notée dans le journal intime de
Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres dirigeants de l’Église se réunirent
dans le temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de l'onction. Joseph
bénit et oignit son vieux père, Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres de la
présidence de l’Église et scella des bénédictions sur le prophète. Joseph écrit que quand
la présidence posa les mains sur sa tête et prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous, et je
vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume » (verset 1). Il en vit les rues
comme pavées d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un trône flamboyant. Adam et
Abraham étaient là, de même que les parents de Joseph, qui étaient encore vivants au
moment de la vision, et son frère Alvin, qui était mort avant que la prêtrise n’ait été rétablie
et par conséquent n'avait pas été baptisé pour la rémission des péchés. La vision continua
au-delà de ce qui se trouve à la section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup
parmi les personnes présentes reçurent des visions et témoignèrent que la gloire de Dieu
remplissait la salle.
La vision de Joseph fut la première révélation doctrinale donnée à l’Église révélant que
le Seigneur donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile l’occasion de
l'entendre et de l’accepter dans le monde d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le
royaume céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les enfants qui meurent avant
l'âge de responsabilité (huit ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A 137:10).
La section 138 est le compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le
président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait à la nature universelle de l'expiation de
Jésus-Christ et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en prison dans
le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection (D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6).
Il y voit la visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il remarque aussi
que Jésus ne va pas en personne parmi les méchants et les désobéissants mais qu’il
organise parmi les esprits des justes des représentants pour porter l'Évangile « à tous les
esprits des hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile n’a pas été enseigné sur terre
recevront l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante quand il est
enseigné par les représentants autorisés du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui
sont « dans les ténèbres et dans la servitude du péché… qui se repentent seront
rachetés » (versets 138:57-58 ; cf. 76:74).
Les récits de ces deux visions ont été canonisés lors de la conférence générale d'avril
1976 comme ajouts à la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections des
Doctrine et Alliances.
Bibliographie
Millet, Robert L. "Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans Studies in
Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2
Auteur : JACOBSON, CARDELL
La déclaration – 2 révèle que « le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les
hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. » Cette
« révélation sur la prêtrise » permettait que tous les membres masculins dignes soient
ordonnés à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise était précédemment refusée aux
membres noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir des appels dans la prêtrise et
de participer à la plupart des ordonnances du temple.
Ce fut le président Spencer W. Kimball qui reçut la révélation « après avoir supplié
longuement et avec ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même révélation fut
donnée à ses conseillers et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut ensuite
présentée à toutes les autres Autorités générales, qui l'approuvèrent à l'unanimité. Elle fut
annoncée par courrier à tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et à la presse le 8 juin
1978. La déclaration – 2 contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa
présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en conférence générale par le
consentement commun des membres de l’Église. La révélation résolut des problèmes
pour beaucoup de membres qui avaient été tourmentés par la pratique antérieure (Bush et
Mauss), dont les origines et les ramifications historiques étaient devenues le sujet de
beaucoup de débats et de réflexions.
Depuis l'annonce, les missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de
pays ayant de fortes populations noires où des milliers de personnes sont devenues
membres de l’Église. Dallin H. Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du
colloque afro-américain tenu à l'université Brigham Young à l'occasion du dixième
anniversaire de la révélation (Oaks). Il a particulièrement relevé la croissance rapide des
convertis noirs dans les Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
Bibliographie
Bush, Lester E., et Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon
Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale, Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple."
Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p.
3-5. Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American
Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
Doctrine et Alliances – Éditions
Auteur : Woodford, Robert J.
Les Doctrine et Alliances contiennent les révélations de Dieu données à Joseph Smith
et à d’autres présidents de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et
d'autres écrits inspirés et déclarations doctrinales admises comme Écritures par les saints
des derniers jours. La première édition parut en 1835. Les éditions ultérieures intègrent
des révélations supplémentaires et des aides de référence. Les Doctrine et Alliances ont
été traduites en beaucoup de langues, mais c’est l'édition anglaise qui est la version
officielle.
Dès l’automne 1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations ou plus, dont la
plupart contenaient des instructions à des membres de l’Église. Lors d’une conférence
spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio), l’Église décida d'éditer un choix de
ces révélations ou « commandements ». Une nouvelle révélation fut reçue à cette
occasion en tant que « ma préface au livre de mes commandements » ce qui est peut-être
à l’origine du titre de la compilation de 1833, le Livre des Commandements (D&A 1:6).
Cette édition ne fut jamais terminée ; des émeutiers détruisirent, en juillet 1833, la presse
d’imprimerie d'Independence (Missouri) et tout sauf une centaine d’exemplaires
inachevés. Ces quelques exemplaires du Livre des Commandements furent distribués au
sein de l’Église et furent souvent appelés le « Livre des Alliances » en référence à la
section principale, qui avait connu une grande diffusion dans des versions manuscrites
sous le titre de « Articles et Alliances de l’Église ». Reçue le jour où l’Église fut organisée,
cette révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et Alliances.
L'ÉDITION DE 1835. Peu de temps après l’échec de l'effort d'impression du Livre des
Commandements en 1833, on envisagea la publication des révélations à Kirtland. Sous le
nouveau titre Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours, le livre fut
présenté aux membres de l’Église et accepté par eux comme parole de Dieu lors d’une
conférence en août 1835. Le changement de nom en Doctrine et Alliances correspond à
un changement de contenu. À la différence du Livre des Commandements, qui ne
contenait que des révélations, les Doctrine et Alliances étaient divisées en deux parties. La
nouvelle première partie se composait de sept présentations théologiques maintenant
connues sous le nom de Lectures on Faith mais intitulées à l’époque « De la doctrine de
l’Église des saints des derniers jours ». La partie contenant les révélations éditées
précédemment, la préface originelle et un certain nombre de nouvelles révélations qui ne
se trouvaient pas dans la compilation de 1833, étaient intitulées « Deuxième Partie,
Alliances et Commandements ». Le titre : Doctrine et Alliances, fait écho aux sous-titres de
ces deux parties.
En préparant l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné pour la tâche le 24
septembre 1834 (HC 2:165, 243-244) publièrent les révélations qui apparaissaient
précédemment dans le Livre des Commandements. Ils corrigèrent les fautes de rédaction
et d’impression et éclaircirent le texte çà et là. Ils ajoutèrent des explications sur les
devoirs des dirigeants qui étaient nouveaux dans l'organisation de l’Église depuis que les
révélations précédentes avaient été reçues. Ils combinèrent aussi certaines des
révélations pour simplifier la publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
L'édition de 1835 des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux
d’entre elles avaient reçu erronément le numéro 66, le numéro de la dernière était 102.
Les sections 1-100 étaient des révélations à Joseph Smith. La section 101 prescrivait les
pratiques en matière de mariage. La section 102 déclarait les relations que l’Église devait
avoir avec le gouvernement (voir Politique : Enseignements politiques). Ces deux sections
n'étaient pas des révélations mais furent incluses comme expressions de la croyance de
l’Église à l’époque. Ce fut Oliver Cowdery (et probablement W.W. Phelps) qui les écrivit,
probablement en réponse à ceux qui critiquaient la doctrine et les activités de l’Église.
Joseph Smith approuva plus tard la déclaration sur le gouvernement, mais il y a des
indications qu’il était opposé dès le départ à ce que l’on inclue la déclaration sur le
mariage et on finit par la supprimer (voir Cook, p. 348-349, n. 11).
L'ÉDITION DE NAUVOO DE 1844. Dès 1840, l’Église eut besoin d’une nouvelle édition
des Doctrine et Alliances. L'édition de 1835 était épuisée et Joseph Smith avait reçu des
révélations supplémentaires. La nouvelle édition parut à Nauvoo peu de temps après la
mort de Joseph Smith en 1844. Les huit nouvelles révélations ajoutées sont les sections
103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition de 1981. Les plaques d’imprimerie
de métal de l'édition de 1844 furent utilisées pour les réimpressions de 1845 et de 1846.
L'ÉDITION DE LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres
de l’Église dans la vallée du lac Salé, où ils n'avaient pas l’équipement pour imprimer des
livres. En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et Alliances en
Angleterre pour la population croissante de l’Église dans les îles Britanniques. Cette
édition contenait les nouvelles révélations publiées dans l'édition de Nauvoo de 1844.
D'autres représentants de l’Église procédèrent à des réimpressions en Angleterre en
1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la majeure partie de l’impression de 1854 à
Salt Lake City à cause du manque d’équipement pour imprimer là-bas.
L'ÉDITION DE 1876. En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres et
historien de l’Église, agissant sous la direction de Brigham Young, créa une nouvelle
édition des Doctrine et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque révélation en versets et
ajouta vingt-six révélations qui ne s’y trouvaient pas précédemment. Ce sont maintenant
les sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118, 120-123, 125, 126, 129-132 et 136. Du
fait que la section 132 contenait sur le mariage plural des informations qui étaient en
contradiction avec l'article de 1835 sur le mariage, ce dernier fut éliminé.
L'ÉDITION DE 1879. Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition où
il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda aussi au président John Taylor la
permission de laisser tomber les « Lectures on Faith » mais il lui fut répondu que le
moment n’était pas encore venu. Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en
1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques. George Q. Cannon, conseiller dans la
Première Présidence, présenta cette édition aux membres de l’Église lors de la
cinquantième conférence, dite conférence de jubilé, tenue en octobre 1880 ; le livre fut
accepté comme Écriture.
De 1880 à 1920, l’Église publia au moins vingt-huit réimpressions de cette édition. À
partir de 1908, chaque impression comporta une concordance et des extraits du
« Manifeste » de Wilford Woodruff, président de l’Église, déclaration officielle mettant fin
au mariage plural.
L'ÉDITION DE 1921. En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité de six
membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle édition des Doctrine et
Alliances. Le changement principal apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des
« Lectures on Faith » qui n'étaient pas considérées comme des révélations. Le comité mit
aussi à jour les notes de bas de page et divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le
fait que le nom du recueil eût été changé dans l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des
« Lectures on Faith », il ne fut pas rechangé quand les « Lectures » furent supprimées.
L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
L'ÉDITION DE 1981. Un comité désigné par la Première Présidence de l’Église dirigea
la publication d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les nouveautés
étaient des notes de bas de page complètement révisées et de nouvelles introductions
pour chaque section. Deux sections supplémentaires et une deuxième déclaration
officielle furent également incorporées. La section 137 est une partie d'une vision du
royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à Joseph Smith dans le temple de Kirtland. La
section 138 est une vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à Joseph F.
Smith, sixième président de l’Église. La Déclaration Officielle – 2 est l'annonce faite en
1978 par la Première Présidence que tous les membres masculins de l’Église qui étaient
dignes pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
ÉDITIONS EN LANGUES ÉTRANGÈRES. L’Église a également édité les Doctrine et
Alliances dans beaucoup de langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite
en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été traduites et publiées
dans leur intégralité dans une vingtaine de langues et des extraits dans beaucoup
d'autres.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith : A Historical and
Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake City, 1985.
Gentry, Leland H. "What of the Lectures on Faith ?" BYU Studies 19 (Automne 1978),
p. 5-19.
Lambert, A. C. The Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833 -1950. Provo, Utah,
1950.
Woodford, Robert J. "The Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3
vols. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The Doctrine and Covenants : A Historical Overview". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1, p. 3-22. Sandy, Utah,
1984.
ROBERT J. WOODFORD
Les Doctrine et Alliances en tant que littérature
Auteur : Walker, Steven C.
La qualité littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement bien dans ses
ressemblances avec une proche parente littéraire, « le monument le plus noble de la
prose anglaise », la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte religieux
véritablement unique, les Doctrine et Alliances contiennent plus de 2.000 parallèles étroits
avec des passages bibliques et la manière littéraire du livre est semblable à la Bible pour
ce qui est des thèmes. Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et Alliances offrent
un éventail de genres littéraires. Le recueil de révélations va de formes aussi
transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces par des anges
(sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections 87, 121), en passant par des
proclamations ecclésiastiques telles que prières (sections 109, 121), épîtres (sections 127,
128), explications scripturaires (sections 74, 77, 86), commandements (section 19) et
déclarations officielles, jusqu’à des instructions terre à terre (sections 130, 131) et des
comptes rendus de réunions (section 102).
La parenté littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus évidente dans le
ton que dans le style. Les Doctrine et Alliances, par exemple, impressionnent par un ton
direct simple et condensé qui se prête à des déclarations remarquablement riches dans
leurs implications. Les deux exemples suivants proviennent d’une même section : « La
vérité, c'est la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles
qu'elles sont à venir » (D&A 93:24). « La gloire de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres
termes, la lumière et la vérité » (93:36). Ces lignes sont moins des lignes placées dans un
contexte qui les illumine que des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et
d'antithèse.
La richesse du ton s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même section
des Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence délicate d’images d’eau en
mouvement comme les « eaux qui coulent » qui ne peuvent pas « rester impures » (D&A
121:33), les projets pervers qui « fondront comme la gelée blanche fond sous les rayons
ardents du soleil levant » (121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme comme la
rosée des cieux » (121:45).
Compilation la plus récente des prophéties divines de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, les Doctrine et Alliances ont l'avantage littéraire inestimable
qu’est leur caractère immédiat ; grâce à ce livre, le lecteur moderne peut aborder
naturellement et directement le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé lointain
d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de paysages familiers tels que New York
et Boston, où Dieu se révèle de près. Cette proximité est visible dans sa façon de
s’exprimer ; les bénéficiaires de ses révélations, il les appelle une demi-douzaine de fois
ses « amis » dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ; 98:1 ; 100:1 ; 104:1).
C'est comme cela que la voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul
appelle « amis » les lecteurs des Doctrine et Alliances. La caractéristique littéraire la plus
saisissante du livre est le caractère direct de son accès à Dieu. Quand Joseph Smith
s’écrie dans une longue et douloureuse prière de reproche : « Ô Dieu, où es-tu ? » la
réponse du Père apporte une consolation aussi immédiate au lecteur d’aujourd’hui qu'au
prophète : « Mon fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1, 7). Les Doctrine et
Alliances répondent avec une force biblique aux conditions immédiates de la vie moderne.
Dans les moments les plus difficiles des circonstances actuelles, les Doctrine et Alliances
élèvent le regard du lecteur au-dessus des déceptions mortelles vers des espoirs
éternels : « Toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien »
(122:7).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), p. 95106.
STEVEN C. WALKER
Don du Saint-Esprit
Auteur : PORTER, BRUCE D.
Le don du Saint-Esprit est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons
spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré aux membres de l’Église
par l’imposition des mains après le baptême. On le considère comme l’une des
ordonnances essentielles de l’Évangile de Jésus-Christ et comme absolument nécessaire
au salut.
Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité, tandis que le don du Saint-Esprit
consiste à avoir le droit de recevoir l’inspiration, les manifestations et d’autres dons et
bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité (EPJS, p. 160). Parmi les bénédictions
spirituelles les plus importantes liées au don du Saint-Esprit il y a le pouvoir sanctificateur
ou purificateur du Saint-Esprit par lequel les hommes et les femmes naissent de Dieu. Par
ce baptême de feu et du Saint-Esprit, les cœurs et les désirs sont purifiés et l’esprit est
rendu pur, ce qui est le point culminant du processus du repentir et du baptême (2 Né.
31:13, 17 ; 3 Né. 27:20). Les autres manifestations importantes du Saint-Esprit sont le
témoignage de Jésus-Christ et des vérités divines, l’inspiration et les avertissements, si
cela s’indique, et le discernement du bien et du mal.
Le don du Saint-Esprit est la clef de tous les « dons spirituels » que l’on trouve dans
l’Église, notamment les dons de prophétie et de révélation, de guérison, de parler en
langues et de traduction et d’interprétation des langues. Ces dons distinctifs de l’Esprit ne
se manifestent normalement que parmi ceux qui ont reçu le don du Saint-Esprit et qui se
qualifient par leurs besoins et leur dignité pour recevoir cette aide divine, de même que les
apôtres originaux du Christ ne reçurent ces dons qu’une fois que le Saint-Esprit fut venu
sur eux le jour de la Pentecôte (Ac. 2:1-17).
Dans la pratique, le don du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par l’imposition des
mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac. 8:17-18 ; 19:2-6 ; 2 Ti. 1:6 ;
Hé. 6:2), normalement juste après ou quelques jours après le baptême d’eau. Un
détenteur de la Prêtrise de Melchisédek (auquel se joignent habituellement quelques
autres hommes détenant la même prêtrise) pose les mains sur la tête du membre
nouvellement baptisé, appelle la personne par son nom, la confirme membre de l’Église et
dit : « Recevez le Saint-Esprit. » La formulation exacte de cette ordonnance n’est pas
prescrite, mais elle mentionne toujours la confirmation comme membre, l’octroi du don du
Saint-Esprit et l’autorité dans la prêtrise par laquelle l’ordonnance est accomplie. Ces
composants de base de l’ordonnance sont souvent suivis d’une bénédiction verbale qui
donne des recommandations au nouveau membre. Dans les ordonnances par procuration
du temple pour les personnes décédées, la même confirmation de base suit l’ordonnance
du baptême pour les morts.
Le récit, qui apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les saints de
Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise que l’octroi de ce don nécessite une plus
haute autorité que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême (voir Ac. 8:14-17).
Quand il visite les Néphites, Jésus-Christ donne d’abord l’autorité de baptiser (3 Né.
11:22) et lors d’une autre visite, il confère l’autorité de donner le Saint-Esprit en touchant
et en parlant à chacun des douze disciples individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le
baptême peut être fait par des prêtres dans la Prêtrise d’Aaron, le Saint-Esprit ne peut être
conféré que par des détenteurs de la prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro.
2:2 ; JS–H 1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette distinction fondamentale entre les deux
prêtrises : « Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui
vient après moi est plus puissant que moi… Lui, il vous baptisera du Saint–Esprit et de
feu » (Mt. 3:11).
Le don du Saint-Esprit n’est conféré officiellement qu’une seule une fois à une
personne donnée, mais les bienfaits spirituels liés à ce don peuvent et doivent être
constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers jours qu’ils doivent
vivre de manière à avoir le Saint-Esprit comme « compagnon constant » pour les fortifier
et pour les aider à choisir le bien (D&A 121:46). Toutefois, le seul fait que le don est
conféré ne garantit pas ces inspirations. La réception proprement dite du Saint-Esprit est
fonction de l’humilité, de la foi et de la dignité de la personne qui se voit accorder le don.
Joseph F. Smith a enseigné que le don du Saint-Esprit confère aux membres dignes et
désireux « le droit de recevoir… le pouvoir et la lumière de la vérité du Saint-Esprit, bien
qu’[ils] puissent souvent être laissés à [leur] esprit et à leur jugement » (GD, p. 60-61).
Le prophète Joseph Smith considère le don du Saint-Esprit comme l’un des principes
et des ordonnances de base de l’Évangile, étant intégralement lié à la foi en Jésus-Christ,
au repentir et au baptême par immersion pour la rémission des péchés (voir Premiers
principes de l’Évangile ; 4e A de F). Ensemble ces quatre constituent les « premiers
principes » de l’Évangile de Jésus-Christ (voir Évangile de Jésus-Christ ; 3 Né. 27:19-21)
et le seul moyen par lequel les hommes et les femmes puissent être purifiés de tout péché
pour devenir purs et immaculés et dignes d’entrer en la présence de Dieu.
Le Saint-Esprit continue à aider au processus de purification spirituelle par « le
baptême de feu », qui a été décrit en ces termes : « Par le pouvoir du Saint-Esprit – qui
est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) –l’impureté, l’iniquité, le charnel, la sensualité et tout
ce qui est mauvais est consumé dans l’âme repentie comme par le feu ; la personne
purifiée devient littéralement une nouvelle créature du Saint-Esprit… Elle naît de
nouveau » (MD, P. 73). C’est de cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait
parler quand il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5).
Le seul fait de passer par la nouvelle naissance n’assure pas le salut. Il est également
nécessaire de « persévérer jusqu’à la fin », un élément essentiel de l’Évangile du Christ
(2 Né. 31:20 ; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi 1 a enseigné que pour persévérer
jusqu’à la fin, il faut se faire « un festin des paroles du Christ » en suivant l’inspiration du
Saint-Esprit dans « tout ce que vous devez faire » (2 Né. 32:3-5). Le don du Saint-Esprit
garantit ainsi que la direction divine et le renouvellement spirituel se produisent durant
toute la vie, à condition que le repentir et l’humilité requis soient manifestés.
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy Spirit". Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 2, p.
626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr. "Hands, Laying on of." Dans The Interpreter’s Dictionary of the
Bible, Vol. 2, p. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, p. 157-170.
BRUCE D. PORTER
Dons de l’Esprit
Auteur : BICKERSTAFF, H. GEORGE
Le septième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dit :
« Nous croyons au don des langues, de prophétie, de révélation, de visions, de guérison,
d’interprétation des langues, etc. » Toutes ces dotations célestes viennent sous forme de
dons de l’Esprit, c’est-à-dire par la grâce de Dieu et l’action et le pouvoir du Saint-Esprit.
Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut avoir préalablement reçu les ordonnances du
baptême et du don du Saint-Esprit de la part d’un détenteur de la prêtrise autorisé,
chercher avec ferveur à obtenir le ou les dons et faire des efforts sincères pour garder les
commandements du Seigneur.
Il est clair que l’Esprit peut accorder n’importe quel don susceptible de répondre à un
besoin donné ; par conséquent, aucune liste exhaustive n’est possible, mais beaucoup de
dons ont été promis à l’Église. Grâce au Nouveau Testament, les lecteurs connaissent les
six mentionnés ci-dessus : les deux liés aux dons des langues et de leur interprétation ou
du pouvoir de parler dans une langue non apprise précédemment et la capacité
d’interpréter un tel discours ; le don de prophétie, parfois manifesté dans son sens prédictif
mais plus souvent dans le sens que « le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie »
(Ap. 19:10) ; la révélation ou la réception inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse
ou d’orientation ; les visions ou manifestations spirituelles visuelles telles que les
prophètes en ont reçu à toutes les époques et comme Joël les a prédites pour beaucoup
d’autres dans les derniers jours (Jo. 2:28-29) ; la guérison ou le pouvoir « d’imposer les
mains aux malades » pour qu’ils puissent se remettre (Mc. 16:18).
Selon les Écritures, les dons de l’Esprit comptent parmi les signes qui
« accompagneront ceux qui auront cru » (Mc. 16:17). Impatients de recevoir ces dons
promis mais manquant de compréhension, certains des premiers convertis à l’Église
(1831-1832) se livrèrent aux excès « spirituels » qui étaient courants lors des réunions en
plein air des réveils religieux et qu’ils connaissaient bien. Dans les premiers temps à
Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, « beaucoup de faux esprits furent introduits… on se
livra à beaucoup de choses ridicules de nature à… amener l’Esprit de Dieu à se retirer »
(EPJS, p. 172). Dans les assemblées autour de Kirtland, Parley P. Pratt releva des
activités spirituelles « dégoûtantes », « des gestes inconvenants », des gens qui entraient
en « extase et… déformés par des contorsions… des crises » (Pratt, p. 61). Joseph Smith
condamna ces pratiques comme n’étant pas naturelles et sans utilité, puisqu’elles ne
communiquaient aucune information (EPJS, p. 164, 172). Dissociant ainsi l’Église des
extravagances spirituelles du christianisme de la frontière américaine, les autorités agirent
promptement contre de telles pratiques, récupérant les membres qu’elles pouvaient et
excommuniant ceux qui persistaient dans leur erreur.
Au cours du développement doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des
révélations concernant les dons spirituels, notamment celle du 8 mars 1831 (maintenant
D&A 46). Après avoir d’abord mis en garde contre les tromperies par de faux esprits, la
révélation énonçait les dons tout comme Paul et Moroni 2 l’avaient fait respectivement
pour l’Église du premier siècle et l’Église néphite, (voir 1 Co. 12 ; Moroni 10). En plus des
six évoqués ci-dessus étaient mentionnés la connaissance, la sagesse, la foi pour guérir,
l’accomplissement de miracles, la connaissance de la façon dont les dons peuvent être
administrés et le discernement des esprits, s’ils sont de Dieu ou du diable. Étaient aussi
repris le don du témoignage de l’Esprit concernant Jésus-Christ et son expiation pour les
péchés du monde et, pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui proclame ce
témoignage (D&A 46:14).
La révélation promet au moins un don à tous les saints des derniers jours fidèles. Les
évêques et les autres officiers présidents, en vertu de leur appel à veiller sur l’Église,
peuvent recevoir des dons multiples, notamment le don spécial du discernement pour
détecter les faux esprits des vrais. À propos de ce dernier point, Joseph Smith a mis en
garde contre « l’erreur courante de considérer toutes les manifestations surnaturelles
comme étant de Dieu », avertissant que les esprits mauvais peuvent, tout comme les
célestes, par exemple, parler en langues et les interpréter ; et que dans leur volonté de
tromper, ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et à ses serviteurs autorisés
(EPJS, p. 166-172, 186 ; aussi Lu. 4:33-35 ; Ac. 16:16-18).
Beaucoup de journaux intimes des premiers saints racontent des expériences en
matière de dons spirituels : En 1830, Newel Knight eut une vision du ciel apparemment
semblable à celle décrite par le martyr Étienne (« Newel Knight’s Journal » p. 52-53). À
Kirtland, en 1831, Chloe Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra
immédiatement la santé après une bénédiction de Joseph Smith (Pratt, p. 66-67). Lors
d’une réunion en Ontario (Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en
langues (Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique de Heber C.
Kimball en 1836 qu’un fils naîtrait de Parley et Thankful Pratt, qui étaient sans enfants
après dix ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, p. 130-131, 165). Alors
comme maintenant, les dirigeants et les membres en général jouissaient de ces dons.
On doit rechercher les dons de l’Esprit pour leur effet bénéfique plutôt que pour leur
caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait, comme Joseph Smith l’a observé, il n’y a
qu’un ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en action. Dans le sens où il est
généralement compris, le don des langues est l’un de ceux-là, mais le président Joseph F.
Smith a souligné son aspect plus pratique : « J’ai eu besoin une fois du don des langues
et le Seigneur me l’a donné. J’étais dans un pays étranger, envoyé prêcher l’Évangile à un
peuple dont je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors j’ai prié avec ferveur pour avoir
le don des langues, et grâce à ce don et à l’étude, cent jours après avoir débarqué sur ces
îles, je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle maintenant dans
ma langue maternelle. C’était un don qui était digne de l’Évangile. Il avait un but » (Smith,
p. 201). C’est ainsi que les missionnaires de l’Église jouissent fréquemment aujourd’hui de
ce don.
Dans le monde entier, les saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons
spirituels dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles reçoivent couramment par
l’Esprit le don du témoignage de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et ces
témoignages individuels constituent la force de l’Église ; un très grand nombre ont le don
de la connaissance des choses spirituelles ; quotidiennement, les détenteurs de la prêtrise
font l’imposition des mains aux membres de leur famille ou de leurs amis malades, à leur
demande (voir Ja. 5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du ciel,
fréquemment avec un effet instantané ; des hommes, des femmes et des jeunes
reçoivent, selon les besoins, la révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux qu’ils
servent dans les appels dans l’Église. Pratiquement toutes ces activités et d’autres d’une
importance spirituelle équivalente ont lieu dans l’intimité du foyer et du cœur à l’insu du
public.
Tous les dons spirituels sont nécessaires dans l’Église (1 Co. 12), mais les écrits de
Paul montrent que certains sont plus désirables que d’autres : On doit chercher les
meilleurs dons. Ce qui est spécialement important pour tous ceux qui désirent « une voie
par excellence » (1 Co. 12:31), c’est de recevoir et de cultiver le don de la charité. Cet
« amour pur du Christ » est une marque fondamentale du vrai disciple, une chose
nécessaire à la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit donc prier et travailler de
toute l’énergie de son cœur (Mro. 7:47-48 ; 10:21 ; Ét. 12:34). L’exposé magistral de Paul
sur la charité (1 Co. 13) définit davantage cette qualité et confirme que l’amour est le
grand commandement et le besoin crucial du chrétien. Les disciples doivent manifester ce
don et en désirer également d’autres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et
par les dons de l’Esprit (Mro. 10:25).
Bibliographie
"Newel Knight's Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P. Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
Dotation
Auteur : BURTON, ALMA P.
Une dotation est généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé, c'est un
ensemble d’instructions, d’ordonnances et d’alliances donné seulement dans les temples
consacrés de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. [Les mots « doter,
dotation » n’apparaissent pas dans la version Segond où ils sont remplacés par des
verbes exprimant l’idée équivalente d’être habillé, revêtu, doté d’attributs]. Le Christ
commande à ses apôtres de rester à Jérusalem « jusqu’à ce [qu’ils soient] revêtus de la
puissance d’en haut » (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en partie, le jour
de la Pentecôte (Ac. 2). À l’époque moderne, une révélation semblable a été donnée :
« Je vous ai donné le commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai
dessein de doter du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car telle est la promesse que le
Père vous fait ; c'est pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à
Jérusalem » (D&C 95:8-9).
Bien qu'il y ait eu des déversements spirituels préliminaires et préparatoires sur les
saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation dans son plein sens ne sera
reçue qu’à l’époque du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les ordonnances
du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna qu’elles « concernaient les
choses spirituelles et ne devaient être reçues que par ceux qui étaient tournés vers les
choses spirituelles » (EPJS, p. 191). La dotation était nécessaire, dit-il, pour organiser
complètement l'Église, afin que les saints soient organisés selon les lois de Dieu, et,
comme demandé dans la prière de consécration du temple de Kirtland, qu’ils « se
préparent à recevoir tout ce qui est nécessaire » (D&C 109:15). La Dotation avait pour but
de donner « une vue globale de notre situation et de nos rapports véritables avec Dieu »
(EPJS, p. 262), de « préparer les disciples pour leurs missions auprès du monde » (p.
221), d’empêcher d’être « vaincus par ces maux » (p. 209), de leur permettre de
« s’assurer la plénitude des bénédictions qui ont été préparées pour l’Église du Premierné » (p. 191).
La Dotation de « pouvoir d’en haut » dans les temples modernes a quatre aspects
principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire, des ablutions et une onction
cérémonielles, après quoi l’usager du temple met le vêtement sacré du temple.
Vient ensuite une série d’instructions sous forme d’exposés et de représentations.
Ceux-ci comportent le récit des événements les plus importants de la Création, une
description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève et de tous les hommes et femmes, de
l'entrée d'Adam et Ève dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin, de leur situation
dans le monde et de leur réception du plan du salut conduisant au retour en la présence
de Dieu (Talmage, p. 83-84). Les instructions de la Dotation utilisent toutes les facultés
humaines pour que la signification de l'Évangile soit éclaircie par l'art, le théâtre et les
symboles. Tous les participants portent la robe blanche du temple symbolisant la pureté et
l'égalité de toutes les personnes devant Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple
devient une maison de révélation par laquelle on est instruit plus parfaitement « en théorie,
en principe et en doctrine » (D&A 97:14). « Le caractère complet de ce tour d’horizon et de
cette explication du plan de l’Évangile fait du culte du temple l’une des méthodes les plus
efficaces de rafraîchir la mémoire concernant la totalité de la structure de l'Évangile »
(Widtsoe, 1986, p. 5).
Troisièmement, il y a la conclusion d’alliances. On voit dans la Dotation du temple
l’épanouissement ou l’apogée des alliances contractées au baptême. Les alliances du
temple donnent des « tests permettant de voir la disposition et la capacité de pratiquer la
justice » (Widtsoe, p. 335). EIles comportent « l’engagement et la promesse d'observer la
loi de la vertu la plus stricte et de la chasteté, d’être charitable, bienveillant, tolérant et
pur ; de consacrer ses talents et ses moyens matériels à la propagation de la vérité et au
progrès [du genre humain], de rester dévoué à la cause de la vérité, et de chercher à
contribuer de toutes les manières possibles aux grands préparatifs faits en vue que la
terre puisse recevoir… Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet également de garder
sacrées ces alliances et de ne pas « prend[re] les choses sacrées à la légère » (D&C
6:12).
Quatrièmement, il y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière de
consécration du temple de Kirtland, le prophète Joseph Smith demande « que tous ceux
qui passeront le seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent
contraints de reconnaître que tu l'as sanctifiée et qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté »
(D&C 109:13). Il est promis à propos des temples construits par le sacrifice au nom du
Seigneur Jésus-Christ, consacrés par son autorité et révérés dans son Esprit : « mon nom
sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (D&A
110:7). Dans les temples il y a une « aura de divinité » qui se manifeste à ceux qui sont
dignes (Kimball, p. 534-535). Par la Dotation du temple, on peut chercher « une plénitude
du Saint-Esprit » (D&A 109:15). Les ordonnances du temple sont considérées comme le
moyen de recevoir l'inspiration et des instructions par l'Esprit-Saint et de se préparer à
retourner en la présence de Dieu.
À Nauvoo, le prophète Joseph a enseigné pour la première fois que les saints des
derniers jours ont la bénédiction d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres
décédés. Après réception de leur propre Dotation au temple, ils y retournent souvent pour
participer à la cérémonie de dotation par procuration pour et en faveur de personnes
décédées. Ils croient que, conformément à la loi du libre arbitre, ceux qui sont ainsi servis
sont tout à fait libres dans le monde d'esprit d’accepter ou de rejeter la bénédiction
spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi Baptême pour les morts ; Salut
des morts ; Ordonnances du temple.]
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON
E
Écritures
Auteurs : DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.
Bien que le mot « Écritures » désigne habituellement des documents écrits, dans les
sources mormones il se définit aussi comme « tout ce qu’ils [les représentants de Dieu]
diront sous l’inspiration du Saint-Esprit » (D&A 68:2-4 ; cf. 1:38 ; 2 Pi. 2:21 ; 2 Ti. 3:16).
Cette compréhension plus large du terme est à la fois un principe global et une définition
fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de l’inspiration.
Le corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux que celui du
canon protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le Livre de Mormon (531 pages, édition
anglaise de 1981), les Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle de
grand prix (61 pages, édition de 1981). Dès le départ, l’engagement des saints des
derniers jours vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative de formuler et
de standardiser immédiatement leur enseignement par rapport aux cultures environnantes
ont fait d’eux un peuple « livresque ». Par contre, dans le judaïsme, le christianisme et
l’islam, le processus de compilation et de fixation des écrits sacrés comme « canoniques »
a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans chaque cas le processus a eu
comme conséquence un canon fermé.
Les saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la parole de Dieu « dans
la mesure où elle est traduite correctement » (8e A de F). Ils reconnaissent que bien que
les messages de l’Écriture soient d’origine et d’impulsion divines, les paroles dans
lesquels elles sont formulées sont d’origine humaine (cf. Mrm. 8:16-17 ; Ét. 12:23-27). La
page de titre du Livre de Mormon dit : « S’il y a des fautes, ce sont les erreurs des
hommes. » Pour certains, de telles affirmations renforcent plutôt que d’affaiblir leur respect
pour la révélation véritable (Stendahl, p. 100). Cette prise de position évite à la fois la
doctrine de l’inerrance verbale et le point de vue naturaliste que la Bible est un document
entièrement humain et vieillissant en plus.
Les Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées d’ouvrages canoniques. Le
mot « canon » est rarement utilisé, en partie parce qu’il suggère la finitude, l’achèvement,
la clôture. En principe et en fait, des ajouts aussi bien que des clarifications et des
traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux ouvrages canoniques dans le
double processus de la présentation par les dirigeants vivants et, en accord avec la loi du
consentement commun, l’acceptation par les membres de l’Église. De cette façon, les
saints des derniers jours s’engagent par alliance à les considérer comme Écriture. L’ajout
aux Doctrine et Alliances d’une révélation au sujet du royaume céleste reçue par Joseph
Smith et d’une vision de la rédemption des morts reçue par Joseph F. Smith en sont des
exemples modernes (D&A 137, 138).
Le caractère perpétuel de l’Écriture, un corpus sans cesse augmenté par des témoins
vivants dans un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et un symbole de
l’universalité de la foi des saints (Davies, p. 61). Pareille position fait contraste avec la
conception minimaliste (« un seul canon suffit »). Les Samaritains, par exemple,
n’accordaient le statut d’Écriture qu’au seul Pentateuque. Pour les saints des derniers
jours, l’Écriture n’est pas une « révélation définitive ». Il n’y a pas de « cercle de la foi »
non extensible. Il n’y a aucun texte sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue, interdise
l’addition d’autres textes sacrés. Aucun document ou recueil ne suffit en lui-même pour la
rédemption, pour le salut, pour l’éclaircissement complet ou pour le perfectionnement de
l’âme.
Deux principes se dégagent quand il s’agit de définir ce qui doit être considéré comme
Écriture. D’abord, on ne sait si un autre parle avec l’autorité du Saint-Esprit que grâce à
l’influence du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en dernière analyse, c’est au lecteur et à
l’auditeur qu’incombe la responsabilité de prouver le statut scripturaire d’un document (cf.
Brigham Young, JD 7:2). Les saints des derniers jours enseignent que tous ont droit à
cette assurance et à ce témoignage. En second lieu, le président de l’Église et ceux qui lui
sont associés comme prophètes, voyants et révélateurs ont reçu une dotation et une
juridiction spirituelles spéciales. Seul le président parle ou écrit pour l’Église et à l’Église
dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de la même manière mais seulement
dans leur office et appel propre. De plus, « un prophète n’est pas toujours prophète ;
uniquement quand il agit comme tel » (HC 5:265 ; 2:302 ; EPJS, p. 224). Ceux qui sont
officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont, selon la terminologie des saints, « les
oracles vivants » et « là où les oracles de Dieu ne sont pas, le royaume de Dieu n’est
pas » (WJS, p. 156). Seul le président de l’Église a la responsabilité et la charge d’exercer
toutes les clefs de la présentation et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces
pratiques sont établis pour sauvegarder la sainteté et veiller à l’application des paroles et
des écrits inspirés, tant passés que présents.
Au-dessus de l’autorité du document écrit se trouve l’autorité du prophète vivant et, audelà de lui, l’autorité suprême du Seigneur lui-même. « Vous pouvez étreindre la Bible tout
contre vous, a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par la foi en elle, obtenir la
révélation pour vous-même, la Bible ne vous profitera guère » (Osborne). De plus, « La
meilleure manière d’obtenir la vérité et la sagesse n’est pas de la demander à des livres,
mais d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l’enseignement divin » (EPJS, p. 154).
Brigham Young a affirmé : « Je préfère avoir les oracles vivants que tout ce qui est écrit
dans les livres » (cité dans CR, oct. 1897, p. 22-23). Mais les oracles vivants et les laïcs
responsables ne sont pas, dans la théorie ou dans la tradition, complètement
indépendants de l’écrit. B. H. Roberts, historien de seconde génération faisant autorité et
Autorité générale, a écrit à propos du corpus de l’Écriture : Il fixe de manière permanente
les vérités générales que Dieu a révélées. Il préserve, pour tous les temps et pour toutes
les générations des hommes, le grand cadre du plan de salut : l’Évangile. Il y a des vérités
qui ne sont pas affectées par les circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui
sont toujours les mêmes, aussi souvent qu’elles soient révélées, des vérités qui sont
élémentaires, permanentes, fixées, dont on ne doit ni ne peut s’écarter sans risquer la
condamnation. La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de Dieu des traditions
vaines et insensées, qui, tandis qu’elles dérivent le long du fleuve du temps, sont sujettes
à des changements par déformation, par ajouts ou soustractions ou par le jeu capricieux
de la fantaisie d’esprits fantasques auxquels on ne peut pas se fier. Elle constitue un
critère grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent s’instruire, s’évaluer et se
corriger. Elle met à la portée du peuple le pouvoir de confirmer les paroles et le ministère
des oracles vivants, et d’ajouter ainsi la foi à la foi et la connaissance à la connaissance
[IE 3, mai 1900, p. 576-577].
Par contre, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes par des rabbins ou des
savants comme gardiens et interprètes de l’Écriture a été poussé à l’extrême : « Même
s’ils [les sages] te disent que la gauche est la droite et que la droite est la gauche, écoute
ce qu’ils disent » (Midrash Siphre sur De. 17:10-11 ; cf. Talmud de Jérusalem, traité
Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à l’erreur, même les erreurs de la communauté,
c’était que même les erreurs commises dans les décisions de la loi faisaient force de loi.
Dans un cas spectaculaire, Rabbi Eliezer prétendit qu’une voix céleste avait sanctionné
son opinion minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la Torah, ou texte
d’Écriture, est non dans le ciel mais sur la terre et que c’était l’opinion de la majorité qui
devait l’emporter (voir aussi Davies, Paul and Rabbinical Judaism, 1980, p. 374, 212n).
Dans le christianisme traditionnel, les conseils ecclésiastiques se sont parfois arrogé des
prérogatives semblables.
Dans leur doctrine concernant les Écritures, les saints des derniers jours ont réduit ces
tensions et d’autres encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique et le
judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite et la loi orale) ou, comme dans les
traditions chrétiennes romaine et orientale, entre l’héritage biblique et les affirmations de la
tradition et des credo ou, comme dans le protestantisme, entre l’intention originale
associée à l’esprit de l’Écriture et l’affirmation que l’interprétation personnelle est valide.
L’idée d’un canon ouvert a signifié historiquement une certaine ouverture à d’autres
sources historiques, apocryphes et pseudépigraphiques. L’Écriture moderne assure aux
saints des derniers jours que des documents importants vont encore venir au jour (cf.
2 Né. 29:10-14 ; 9e A de F). Les Apocryphes de l’Ancien Testament contiennent beaucoup
de choses « qui sont vraies » mais également beaucoup d’interpolations (D&A 91). « À
ceux qui le désirent, il devrait être donné par l’Esprit de discerner le vrai du faux » (HC
1:363). Par analogie, d’autres documents récemment récupérés (par exemple, les
manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque de Nag Hammadi et les inscriptions et les
fragments qui y ont trait) sont considérés comme instructifs, bien que non canoniques.
Dans certains cas, leurs enseignements précèdent et font écho à des documents
scripturaires authentiques.
L’importance des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire de
l’Écriture a été soulignée de plusieurs manières dans l’Église : une école des prophètes a
été organisée dans les tout débuts de l’Église, où l’on étudiait l’hébreu, le grec et
l’allemand en tant qu’aides bibliques ; on se servait des traductions alternatives de la
Bible, notamment les révisions de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) ; on
préférait officiellement la King James Version en raison de son style littéraire et de son
accessibilité à d’autres groupes chrétiens, et d’autres ; on se servait de diverses éditions
des Écritures bibliques et modernes, y compris des textes critiques, des dictionnaires
bibliques et on faisait une utilisation sélective des efforts naissants des sciences bibliques
mondiales (voir Erudition bibique).
Il y a toute une constellation de significations qui accompagne la notion de parole
vivante venant de la voix d’un prophète vivant. De plus, la voix vivante est généralement
plus riche que n’importe quel écrit, qui est tout au plus une synthèse à décrypter. C’est
pour cela que Joseph Smith disait qu’on ne devrait jamais croire qu’une lettre puisse dire
ce qui pourrait être dit de vive voix. « Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée
que soit votre position, vous ne pouvez pas toucher le cœur de l’homme quand vous êtes
absent autant que quand vous êtes présent » (Woman’s Exponent 3, 1er avril 1875, p.
162). Les risques de malentendus sont sensiblement accrus quand on n’a que le texte.
Dans l’histoire du canon, diverses étapes ou périodes ont été témoins d’exégèses,
d’expansions ainsi que de gloses et d’altérations stylistiques qui changent également le
contenu. On peut avancer l’argument qu’au cours des siècles ce processus a contribué à
l’amélioration et à la force des textes, mais on peut également affirmer qu’il y a eu des
écarts, de la dilution et de la corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment
que les deux processus ont joué. « Des traducteurs ignorants, les copistes négligents ou
des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264265). D’autre part, la Bible et d’autres textes sont conservés d’une manière
impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir et condamner. Pour leur part,
les saints des derniers jours font finalement confiance à l’inspiration de l’Esprit.
Les saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser ainsi. Par exemple, H. J.
Schoeps montre que la critique juive des idées du temple et du sacrifice a été modifiée
quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61). Et au fil des siècles, les changements ont
souvent éloigné plutôt que rapproché d’un affinement des normes et des pratiques
chrétiennes originales.
Le pouvoir de révélation des Écritures dépend en partie de sa faculté d’adaptation. Le
Seigneur dit à propos des Écritures modernes et, implicitement, de toutes les Écritures
antérieures : « Ces commandements sont de moi et ont été donnés à mes serviteurs dans
leur faiblesse, selon leur langage, afin qu’ils les comprennent » (D&A 1:24).
Le sens évident a également été un principe directeur dans l’exégèse des saints.
« Mon âme met ses délices dans la clarté », dit le prophète du Livre de Mormon Néphi 1
(2 Né. 31:3). Rien ne peut l’emporter sur la signification évidente du texte (cf. traité
talmudique Shabbath 63a). Cette position n’est ni un refus de voir les significations
subtiles et sous-jacentes du texte ni un a priori théologique permettant des excès
allégoriques, comme dans les enseignements de certains rabbins et de certains érudits
chrétiens d’autrefois. On ne peut pas superposer les significations plus profondes à un
texte d’Écriture ; on doit les trouver avec l’aide divine dans l’intention et l’esprit de l’auteur
original (cf. 2 Pi. 1:20-21). Malgré toute leur complexité et toute leur diversité, les Écritures
sont rédigées en une langue ordinaire ; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre
de Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.
Dans la pratique, les saints des derniers jours considèrent certains autres textes avec
un respect spécial, basé sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure d’autorité. Par
exemple, des prières fixes sont indiquées pour le baptême et pour la Sainte-Cène (voir
Prière de baptême ; Prière). Les autres textes et paroles faisant autorité – avec des
niveaux différents d’autorité – sont les messages de la Première Présidence, les
ordonnances et les alliances du temple, les bénédictions patriarcales, le livre de cantiques,
les manuels pour la prêtrise et les organisations auxiliaires et les manuels pour enseigner
dans les diverses organisations de paroisse.
C’est une unité de la foi, souvent considérée comme remarquable, qui découle de cette
ouverture sans pareille à davantage de révélations et du système de freins et de
contrepoids de l’Église. La participation des laïcs de l’Église, qui nécessite le partage des
responsabilités, et la loi du consentement commun fonctionnent ensemble lors du
processus de présentation, de confirmation et d’acceptation des paroles inspirées.
Pour les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les Écritures à l’histoire
scientifique, à la sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de principes
fondamentaux, de commandements et d’appareil juridique, à des paraboles pleines de
charme, à des noms ésotériques et cachés avec des liens mystiques qui auraient un
pouvoir et une vie propres. Les Écritures sont le résultat d’un déversement d’en haut dont
la signification et l’application actuelles à une personne donnée nécessitent une étude
soigneuse et l’inspiration directe.
Martin Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la Torah comme un monde
fermé, écrit : « Pour vous, Dieu est quelqu’un qui a créé dans le passé et ne crée plus ;
mais pour nous, Dieu est celui qui ‘renouvelle chaque jour l’œuvre de la création’. ‘Pour
vous, Dieu est quelqu’un qui s’est révélé dans le passé et ne se révèle plus ; mais pour
nous il parle depuis le buisson ardent du présent… dans les révélations du fond de notre
cœur – plus grandes que les paroles » (p. 204). Cette déclaration exprime une grande
partie de l’esprit de la façon dont les saints des derniers jours abordent les Écritures. La
signification et la force se dressent contre le « durcissement » des traditions et favorisent
la confiance dans le témoignage vivant de l’Esprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les
Écritures en tant que « vérité actuelle ».
Bibliographie
Buber, Martin. Great Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck.
Clinton, Mass., 1963.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders’ Words Entitled to Claim of Scripture ?"
Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Davies, W. D. "Reflections on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79, 1986,
p. 44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and Gentiles, dir. de publ. G. W. E.
Nicklesburg et George W. MacRae, S.V., p. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D. Juvenile Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of Mormon."
Dans Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W., et David J. Whittaker. "Mormonism’s Open Canon : Some Historical
Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G. MADSEN
Écritures : Autorité des Écritures
Auteur : JACKSON, KENT P.
Pour les saints des derniers jours, la notion d’Écriture entraîne deux définitions
complémentaires, une définition générale, qui englobe toute révélation de Dieu comme
étant « Écriture », et une vision plus restreinte, qui n’inclut que les ouvrages canoniques
comme « Écriture ». Les deux catégories font autorité puisque les deux sont considérées
comme venant de Dieu.
La première définition utilise le mot « Écriture » comme synonyme de termes tels que
« inspirée » ou « divinement révélée ». Pour ce qui concerne ceux qui ont été appelés et
ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, c’est une révélation des Doctrine et Alliances
qui fournit la base : « Tout ce qu’ils diront sous l’inspiration du Saint-Esprit sera Écriture,
sera la volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la
voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Dans cette lumière, les
saints des derniers jours tiennent en haute estime les paroles des dirigeants de l’Église à
tous les niveaux. Font particulièrement autorité les déclarations officielles de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres qui sont soutenus par les membres de
l’Église comme « prophètes, voyants et révélateurs ». Leurs écrits et leurs discours – en
particulier ceux de conférence générale – sont cités fréquemment comme guides pour la
vie et comme interprétation autorisée en matière de doctrine. Les déclarations publiées
par la Première Présidence représentent la position et la politique officielles de l’Église.
Joseph Smith a enseigné que « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement
quand il agit comme tel » (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes n’ont force
d’Écriture que quand elles sont prononcées sous l’influence du Saint-Esprit. Les saints des
derniers jours reconnaissent volontiers cette influence divine dans les enseignements et
les conseils des dirigeants et considèrent que c’est une bénédiction d’être instruits par
eux. Ils considèrent cette direction inspirée comme étant « Écriture » au sens général du
terme et s’efforcent d’y faire coïncider leur vie.
La conception plus restrictive de ce qui constitue l’Écriture ne comprend que ce qui est
appelé « les Écritures » c’est-à-dire les quatre ouvrages canoniques : la Bible, le Livre de
Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Ils constituent le corpus
canonisé, faisant autorité des Écritures révélées par rapport auquel tout le reste est
évalué. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné : « Mes paroles et les
enseignements de n’importe quel autre membre de l’Église, grand ou petit, s’ils ne cadrent
pas avec les révélations, nous ne devons pas les accepter… Nous avons accepté les
quatre ouvrages canoniques comme critères ou balances que nous utilisons pour mesurer
les doctrines de tous les hommes » (DS3, p. 183).
Bien que l’Église considère ses Écritures comme un canon dans un sens strict, elle ne
considère pas celui-ci comme fermé. La doctrine de la révélation continue est l’une des
croyances fondamentales de l’Église. Comme l’a dit Joseph Smith, « nous croyons tout ce
que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de
F). Tout en acceptant « tout ce que Dieu a révélé », que ce soit canonisé dans les
Écritures ou pas, les saints des derniers jours croient également que la révélation continue
à éclairer leurs dirigeants. De plus, elle s’attend à des directives divines supplémentaires
parce que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes ». Ces
futures révélations seront Écriture, selon la définition générale, et il est probable que
certaines d’entre elles seront ajoutées en temps voulu aux Écritures.
Bibliographie
Jackson, Kent P. "Latter-day Saints : A Dynamic Scriptural Process." Dans The Holy Book
in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny and R. Taylor, p. 63-83. Columbia, S.C.,
1985.
Jackson, Kent P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans The Bible and
Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, p. 163-91. Atlanta, Ga., 1988.
Talmage, James E. AF, p. 291-387.
KENT P. JACKSON
Écriture : Paroles des prophètes vivants
Auteur : ANDERSON, A. GARY
Tout message qui vient de Dieu à l’homme par le pouvoir du Saint-Esprit est Écriture
pour celui qui le reçoit, que ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682 ; cf. 2 Né.
32:3). Paul a écrit à Timothée que « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour
enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16). De
plus, toute personne peut recevoir des révélations personnelles pour son profit personnel.
Néanmoins, Dieu a toujours désigné des prophètes pour parler pour lui, ce qui est à
l’origine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé comme porte-parole de Moïse, le
Seigneur dit : « Il parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui
la place de Dieu » (Ex. 4:15-16).
Les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours croient en la
révélation continue, particulièrement aux prophètes qui dirigent l’Église. Ce point de
doctrine a été annoncé dans une révélation reçue par le prophète Joseph Smith en
novembre 1831: « Et tout ce qu'ils [les serviteurs de Dieu] diront sous l'inspiration du
Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du Seigneur, sera la
parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A
68:4). Les paroles inspirées du prophète et président de l’Église ont été et peuvent à
l’avenir être ajoutées aux ouvrages canoniques par le consentement commun de l’Église.
Les saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence et le Collège des
douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs. Puisque le prophète et président
de l’Église est soutenu comme prophète, voyant, et révélateur, il est le porte-parole officiel
qui parle au nom du Seigneur à l’Église (D&A 21:4-5 ; 28:2). Ces autres prophètes,
voyants et révélateurs ont le droit, le pouvoir et l’autorité de déclarer la volonté de Dieu à
son peuple, mais dépendent de l’autorité du président (D&A 132:7).
Les paroles inspirées du président de l’Église ont force de loi sur les membres de
l’Église, qu’elles soient acceptées officiellement comme élément du canon écrit ou pas.
Les paroles inspirées du prophète vivant remplacent et deviennent plus importantes pour
des saints des derniers jours que le canon écrit ou les déclarations prophétiques
antérieures (D&A 5:10). Le salut et l’exaltation des membres de l’Église dépendent de leur
acceptation de cette inspiration divine par le prophète vivant, qui vient comme une voix
d’avertissement au monde (D&A 1:4-5).
Ce point de doctrine apparaît dans l’Ancien Testament. Par exemple, les gens
n’auraient pu être sauvés du déluge qu’en écoutant la voix de Dieu par son prophète Noé.
De même, il était attendu des Israélites qu’ils acceptent et obéissent de manière
responsable aux paroles de Moïse comme si le Seigneur lui-même les avait prononcées
(De. 18:18-22). Le Seigneur a également enseigné que « Lorsqu’il y aura parmi vous un
prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un
songe que je lui parlerai » (No. 12:6).
On peut trouver l’insistance des premiers chrétiens sur « la voix vivante » dans les
écritures de Papias (v. 130 apr. J.-C.) : « S’il arrivait à quelqu’un de venir qui avait été
réellement disciple des anciens, je m’informais sur les discours des anciens, de ce
qu’André ou Pierre disaient ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu ou
tout autre des disciples du Seigneur…. Car je pensais que ce qui était dans les livres ne
me profitait pas autant que les paroles d‘une voix vivante et durable » (Eusèbe, Histoire
ecclésiastique 3.39.4).
Les saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu déclare, « que ce
soit par [sa] propre voix ou par la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose » (D&A
1:38). D’autre part, les prophètes ont droit à leur opinion personnelle, par conséquent tout
ce qu’ils disent n’est pas considéré comme une déclaration ou une interprétation officielle
d’Écriture. Ce n’est que quand ils sont inspirés à parler à l’Église par le Saint-Esprit qu’ils
parlent Écriture. Pour que l’auditeur détermine si un prophète parle en tant que tel, le
pouvoir du Saint-Esprit doit lui témoigner que le message est divinement inspiré. Le SaintEsprit est donné à tous pour connaître la vérité de toutes choses (Mro. 10:5).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "Fourteen Fundamentals in Following the Prophet." BYU Speeches of
the Year, 1977 -80, p. 26-30. 26 févr. 1980.
Département d’Education de l’Église. Teachings of the Living Prophets, p. 6-22. Salt Lake
City, 1982.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of Scripture ?"
Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Horton, George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, p. 2-11. Salt Lake City, 1989.
A. GARY ANDERSON
Écritures : Écritures à venir
Auteur : CLOWARD, ROBERT A.
Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses
grandes et importantes » (9e A de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu
continue à « déverser la connaissance du haut des cieux sur [leur] tête » (D&A 121:33).
On s’attend à ce que les révélations à venir incluent à la fois des vérités antiques rétablies
et de nouvelles vérités dévoilées.
Les Écritures prédisent spécifiquement le rétablissement de beaucoup de livres qui
feront connaître les choses claires et précieuses ôtées du monde (1 Né. 13:39-40). Cellesci comprennent le livre d’Hénoc (D&A 107:57), un récit complémentaire des événements
qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration (D&A 63:20-21), la totalité du
livre de Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1 Né. 14:18-27 ; Ét. 4:16 ; D&A
93:6, 18), la partie scellée du Livre de Mormon, y compris la vision du frère de Jared
(2 Né. 27:7-11 ; Ét. 3:25-27 ; 4:7), les plaques d’airain (Alma 37:4-5 ; voir aussi Plaques et
Annales du Livre de Mormon), un compte rendu plus complet des enseignements de
Jésus-Christ aux Néphites (3 Né. 26:6-11) et les annales des tribus perdues d’Israël (2 Né.
29:12-13).
Nous ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront au-delà de la croyance
générale que d’autres révélations viendront au temps voulu par le Seigneur lorsque les
hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront prêts à les recevoir (2 Né. 28:30 ; Ét.
4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde n’a vu que le commencement
du grand rétablissement doctrinal et scripturaire par lequel la volonté de Dieu réunira
« toutes choses en Christ » (Ép. 1:10). Les annales célestes et terrestres de toutes les
dispensations doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et « rien ne sera retenu » (D&A
121:28).
Bibliographie
Maxwell, Neal A. "God Will Yet Reveal." Ensign 16, nov. 1986, p. 52-59.
McConkie, Bruce R. "The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith Translation, dir.
de publ. M. Nyman et R. Millet, p. 1-22. Provo, Utah, 1985.
ROBERT A. CLOWARD
Écriture, interprétation dans l’Écriture
Auteur : THOMAS, CATHERINE
La clef de l’interprétation des passages scripturaires se situe souvent dans le corps
même de l’Écriture. Par exemple, certains passages de l’Ancien Testament reçoivent un
commentaire et une interprétation dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ enseignait
fréquemment à l’aide de l’Ancien Testament, donnant non seulement une interprétation,
comme dans l’incident où David doit manger les pains de proposition du temple (1 S. 21:16) pour justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de blé le jour du sabbat (Mc.
2:23-26), mais soulignant souvent aussi que les Écritures témoignent qu’il était le Messie
(Lu. 4:18-21 ; Jn. 5:39). Les Écritures supplémentaires que les saints des derniers jours
acceptent – le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix – citent
et interprètent aussi la Bible. En fait, beaucoup d’entre les interprétations les plus claires
de la doctrine proviennent des révélations modernes ou des Écritures rétablies.
Dans la Perle de grand prix, le livre de Moïse et le livre d’Abraham détaillent le récit de
la Création donné par la Genèse de l’Ancien Testament (Moï. 2-3 ; Abr. 4-5), affirment le
libre arbitre de l’homme (Moï. 3:17 ; 7:32), éclaircissent la chute d’Adam (Moï. 4 ; Abr. 5) et
expliquent par conséquent la nécessité d’un Rédempteur (Moï. 6:59 ; cf. 4:1-2 ; 5:7-8). En
outre, ces deux livres ajoutent des informations sur les prétentions de Satan et le fait que
c’est le Christ qui a été choisi dans le monde prémortel (Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27-28) où tous
les esprits de l’humanité ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie prémortelle).
Dans Joseph Smith–Matthieu, le prophète Joseph Smith reçoit des éclaircissements
sur les commentaires du Sauveur dans Matthieu 24 concernant les événements qui
doivent précéder la chute de Jérusalem et ceux qui doivent précéder la venue de Jésus
dans les derniers jours. Selon Joseph Smith–Histoire, Moroni 2 lui cite Malachie 4:6
différemment de la version de l’Ancien Testament, suggérant que l’expression « les
pères » se rapporte aux Patriarches, particulièrement à Abraham, avec qui Dieu fit des
alliances concernant la postérité d’Abraham, qui porterait les ordonnances de la prêtrise
au monde pour l’exaltation de la famille humaine (JS–H 1:39 ; D&A 27:9-10).
Le Livre de Mormon éclaircit beaucoup d’écrits des prophètes de l’Ancien Testament.
Le prophète Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21) et fait ensuite un commentaire clair
sur les points principaux de ces chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant que les Néphites
sont un reste de l’Israël dispersé, qui serait par la suite rassemblé avec l’aide des Gentils.
Dans un autre exemple, vers 148 av. J.-C., le prophète néphite Abinadi identifie « l’homme
de douleur » d’Ésaïe 53 comme étant Jésus-Christ (Mos. 15:2-5) et amplifie les
commentaires d’Ésaïe sur l’expiation du Messie (Mos. 14-15).
Le Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne (Mt. 5-7). Dans un
sermon semblable donné sur le continent américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité dit :
« Bénis sont les pauvres en esprit qui viennent à moi » (3 Né. 12:3 ; italiques ajoutés). Ces
mots supplémentaires, plus le contexte dans lequel le discours de Jésus est donné,
indiquent qu’on doit aller au Sauveur par le baptême et par la justice pour recevoir les
bénédictions promises dans les béatitudes.
Les Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur plusieurs points obscurs du
livre de l’Apocalypse qui concernent des événements des derniers jours, tels que le
rassemblement d’Israël et le fait qu’il va recevoir les ordonnances de la prêtrise (D&A
77:8-9, 11). On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et 86 des
éclaircissements sur des passages bibliques traitant des signes des derniers jours qui
précéderont l’avènement de Jésus. Tandis qu’il méditait sur 1 Pierre 3:18-20, le président
Joseph F. Smith reçut une vision de la rédemption des morts (maintenant D&A 138) qui
éclaircissait et étendait l’œuvre rédemptrice du Sauveur au monde d’esprit après sa
crucifixion.
Le prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations modernes en réponse aux
questions découlant de son travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS). Par
exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou la damnation mentionnée dans
Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney Rigdon reçurent la révélation sur les degrés de gloire
dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a noté plusieurs cas où, tout en réfléchissant
à un passage d’Écriture (par exemple, Ja. 1:5, une invitation à demander au Seigneur la
sagesse), il a prié et a reçu du Seigneur des Écritures supplémentaires qui rendaient le
premier plus de clair ou en confirmait la réalité (JS–H 1:11-20). Pendant qu’il traduisait les
plaques du Livre de Mormon, Joseph Smith et Oliver Cowdery prièrent après avoir lu un
passage qui avait trait au baptême. En réponse à cela, Jean-Baptiste vint avec de
l’autorité et des instructions sur le baptême (JS–H 1:68-72). Après leur baptême, le
prophète écrivit qu’ils étaient remplis du Saint-Esprit : « Notre esprit étant maintenant
éclairé, nous commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la
véritable signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une
manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous
n'avions même jamais pensé auparavant » (JS–H 1:74).
Néphi dit qu’il est essentiel d’avoir l’esprit de prophétie pour saisir le sens correct des
Écritures. Il mentionne en particulier Ésaïe, « car, si les paroles d'Ésaïe ne sont pas claires
pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie » (2 Né. 25:4). Aux chapitres 25-30, Néphi donne une explication prophétique
des enseignements d’Ésaïe.
La révélation moderne et les Écritures rétablies offrent des interprétations
indispensables de la Bible, aidant les saints des derniers jours à la comprendre plus
complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient emporté la « clef de la connaissance »
ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu. 11:53), causant de ce fait la
confusion dans l’interprétation des Écritures. Le Seigneur a dit : « Parce que vous avez
une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles ; et vous ne
devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage… Je parlerai aux Juifs,
et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux
autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles l'écriront ; et je parlerai
aussi à toutes les nations de la terre, et elles l'écriront… et ma parole sera aussi
rassemblée en une seule » (2 Né 29:10, 12, 14 ; cf. Éz. 37:16-20). Les saints des derniers
jours interprètent la Bible à la lumière de l’Écriture rétablie et de la révélation moderne
parce que celles-ci ont rétabli la clef perdue de la connaissance.
Bibliographie
Gileadi, Avraham. "Isaiah : Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah and the
Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie, Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a Symposium on
the New Testament, Département d’Education de l’Eglise, p. 1-7. Salt Lake City, 1984.
Rust, Richard Dilworth. “’All Things Which Have Been Given of God…Are the Typifying of
Him’ : Typology in the Book of Mormon." Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert.
Provo, Utah, 1981.
CATHERINE THOMAS
Éducation : Positionnement vis-à-vis de l'éducation
Auteur : GARDNER, DAVID P.
Les Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que joue la connaissance
dans les enseignements de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours :
« Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation
ou est digne de louange. » (13e A de F). À propos de l’intérêt des saints pour les études et
l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je doute qu’il existe une organisation qui oriente
plus complètement son peuple vers une éducation de plus en plus poussée que l'Église
mormone. Le programme éducatif de l'Église est aujourd'hui le prolongement cohérent des
théories promulguées par ses fondateurs »(Bennion, p. 2).
Les idées et les pratiques de l'Église sont directement issues de certaines révélations
reçues par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la connaissance et le rôle
vital que joue dans le développement spirituel, moral et intellectuel de l'humanité. Par
exemple: « Il est impossible à un homme d'être sauvé dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de
sa nature et de son rôle éternels. « La gloire de Dieu c’est intelligence ou, en d'autres
termes, la lumière et la vérité » (D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe d'intelligence
nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection. Et si, par sa
diligence et son obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de connaissance
et d'intelligence qu'un autre, elle en sera avantagée d’autant dans le monde à venir »
(D&A 130:18-19). « La connaissances sauve l’homme. Et dans le monde des esprits, nul
ne peut être exalté autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un passage
fréquemment cité du Livre de Mormon dit : «Être instruit est une bonne chose si on écoute
les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En juin 1831, Joseph Smith reçut une
révélation concernant « le choix et la rédaction de livres pour les écoles de l’Église » (D&A
55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes missions d'éducation dans
l'Église :
« Et je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la doctrine du
royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez
instruits plus parfaitement de la théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de
l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il est opportun que vous
compreniez ; des choses qui se trouvent dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des
choses qui ont été, des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des
choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à l'étranger; des guerres et des
perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une
connaissance des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés en tout »[D&A
88:77-80].
L'Église a été édifiée sur la conviction que la progression éternelle dépend d’une vie
vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et laïque. « En effet, la
nécessité d’apprendre est probablement le thème le plus fréquemment répété des
révélations modernes » (L. Arrington, «The Founding of the L.D.S. Institutes of Religion »,
Dialogue 2, été 1967, p. 137).
Joseph Smith et bon nombre des premiers pionniers mormons étaient issus du milieu
puritain de la Nouvelle-Angleterre, avec sa vénération pour la connaissance et l'instruction
(Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la perfectibilité de l'homme et sa
capacité d'évoluer vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels toujours plus élevés.
En outre, dans cette philosophie, toutes les espèces de connaissance sont utiles dans la
tentative de l'homme de se réaliser dans ce monde et dans l'au-delà. « C'est l'application
de la connaissance pour le bien-être spirituel de l'homme qui constitue l'idéal mormon de
l'éducation » (Bennion, p. 125). C’est pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne
voyaient guère de points de discorde entre l'instruction laïque et religieuse correcte. Vaste
dans sa portée et spirituelle dans son l'intention, la philosophie de l’éducation chez les
saints a tendance à fusionner le profane et le religieux, parce que, dans le contexte
mormon, les deux font partie d'une trame unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).
En 1833, Joseph Smith fonda la première entreprise éducative de l'Église, l'école des
prophètes, à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à l'étude de l'histoire, des sciences
politiques, des langues (dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie. Son but principal
était de préparer les dirigeants de l’Église à magnifier leur appel missionnaire d’avertir tout
le monde et de témoigner de l'Évangile (D&A 88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple
d'études pour adultes qui fut suivi « au Missouri, en Illinois et en Utah, où les parents
rejoignirent leurs enfants dans la recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).
En 1840, Joseph Smith demanda l'incorporation de la ville de Nauvoo (Illinois) et avec
elle l'autorité pour fonder une université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité pour
« fonder et organiser un établissement d'enseignement dans les limites de la ville pour
l'enseignement des arts, des sciences et des professions érudites, qui sera appelé
‘Université de la ville de Nauvoo’ » (cité dans Salisbury, p. 269).
La première année académique à Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut
probablement l’une des premières universités municipales des États-Unis (Rich, p. 10).
C'était, en tous cas, une entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme comprenait des
langues (allemand, français, latin, grec et hébreu), des mathématiques, de la chimie et de
la géologie, de la littérature et de l’histoire, mais « les éléments d’appréciation sont trop
maigres pour qu’on puisse en dégager le niveau de l’enseignement dispensé. Il était
probablement supérieur au niveau secondaire moyen de l’époque. Le personnel
enseignant était d’un haut niveau et était en effet un groupe plutôt remarquable pour une
ville de la frontière » (Bennion, p. 25).
Le meurtre de Joseph Smith en 1844 mit brutalement fin au rêve de l'université de la
ville de Nauvoo et déclencha le difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les difficultés,
l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda aux saints d’emporter, dans leur
émigration, « au moins un exemplaire de chaque traité précieux sur l'éducation – chaque
livre, carte, schéma ou diagramme qui peut contenir une matière intéressante, utile et
attrayante, pour attirer l'attention des enfants et les amener à aimer apprendre à lire ; et
aussi toutes les variétés historiques, mathématiques, philosophiques, géographiques,
géologiques, astronomiques, scientifiques, pratiques et tous les autres écrits, cartes, etc.,
utiles et intéressants, à présenter au greffier général de l’Église, lorsqu'ils arriveront à leur
destination, où l’on peut glaner des sujets importants et intéressants pour compiler les
ouvrages les plus précieux sur toutes les sciences et tous les sujets au profit de la
génération montante » [MS 10, 1848, p. 85].
La charte de l'université de la ville de Nauvoo a servi de base pour l'université de
Deseret (maintenant l'université d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt Lake
City. « L’éducation » a-t-il dit un jour au conseil d’administration de cette école, « est le
pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir correctement dans l’œuvre du monde et le
pouvoir d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il disait : « Un bon enseignant est un des
membres les plus essentiels de la société » (JD 10:225).
En 1851, la législature territoriale accorda une charte prévoyant « la création et la
réglementation des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant quelques années, la lutte pour
la survie éclipsa les efforts pour mettre en place un système officiel d'éducation. Les
premières écoles d'Utah furent privées, payées par les parents ou par des étudiants
adultes et les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon les besoins locaux, les
intérêts et les ressources (Rich, p. 13, 17 et 18). La fréquentation augmentait et diminuait
avec les saisons et les exigences d'une société agricole dans laquelle la main d’œuvre
était rare et précieuse. Les programmes variaient également et dépendaient souvent des
compétences ou des centres d’intérêt de l'enseignant ; certaines écoles proposaient les
branches traditionnelles, d'autres des activités plus pratiques telles que la menuiserie ou
la maçonnerie. L'existence de ces écoles de frontière était toujours précaire et leur
fonctionnement intermittent (Rich, p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente et
souvent émouvante du désir d’éducation des pionniers mormons, parce qu’elles
exigeaient le sacrifice considérable d’un temps et de ressources limités.
La philosophie de l'éducation de Brigham Young était pratique et pragmatique, mais il
n'était pas opposé, comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ; il estimait tout
simplement qu’on y tenait trop dans l'environnement éducatif de son époque (Bennion, p.
107). « L’éducation va-t-elle vous nourrir et vous vêtir, vous garder au chaud par une froide
journée ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout. Faut-il pour autant
discréditer l’éduction ? Non. À quoi sert-elle ? À nous cultiver, à nous instruire de tous les
arts et sciences, de l'histoire du monde, des lois des nations, à nous permettre de
comprendre les lois et les principes de la vie et la façon dont nous pouvons être utiles de
notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que « tous les arts et toutes les sciences connus et
étudiés par les enfants des hommes sont inclus dans l'Évangile » (JD 12:257).
La philosophie du président Young en matière d’éducation fut renforcée par Karl G.
Maeser, un pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et émigra en 1860 à Salt
Lake City. En 1876, Brigham Young nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham
Young à Provo (voir Académies). « C’est cet éducateur allemand qui fut en grande partie à
l’origine du mouvement des académies et de la direction que prit la politique de l'Église en
matière d'éducation » (Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation était marquée par la
conviction que « la connaissance doit être soutenue par des qualités morales
correspondantes. La formation de la personnalité dépend de la nature de la formation
morale qui accompagne la progression intellectuelle » (Maeser, p. 43). Pour lui, la religion
était « le principe fondamental de l'éducation » et en était « le moteur le plus efficace »
(Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité influent et largement diffusé,
mettait clairement en évidence le fait que les fonctions essentielles de l'éducation étaient
de préparer les gens pour la vie pratique dans la famille et dans le pays et de leur
inculquer les principes fondamentaux du développement spirituel.
Dans les premiers temps des pionniers, la plupart des écoles du Territoire de l'Utah
étaient des écoles de l'Église et la religion faisait partie intégrante du programme des
cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah et l'adoption de la Loi
Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet d'interdire l'enseignement de la religion dans
les écoles publiques, l'Église chercha d’autres moyens d'assurer un enseignement
spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église parraina des cours spéciaux de
religion organisés dans les églises de quartier pour les enfants du premier au neuvième
degré dans un mouvement qui fut « le premier effort des mormons pour compléter (mais
pas pour remplacer) l’éducation laïque » ; ce fut « la première expérience de l'Amérique
pour assurer une formation religieuse distincte en semaine pour les enfants de l'école
publique » (Quinn, p. 379).
Cette entreprise déboucha sur le département d’éducation de l'Église, qui se compose
de plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un programme d'éducation religieuse
quotidienne donné dans un bâtiment construit près de l'école pour le neuvième au
douzième degré, qui prévoit l'étude du Livre de Mormon, de l’Ancien Testament, du
Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de l’Église. Deuxièmement, des
instituts de religion avoisinant les campus desservent les étudiants inscrits dans les
programmes postsecondaires en proposant des cours de religion, habituellement
organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de l’université. En troisième
lieu, l'Église parraine quatre établissements d'enseignement supérieur : l’université
Brigham Young à Provo, Utah, l’université Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii, le Ricks
College à Rexburg, Idaho, et le LDS business College à Salt Lake City. En outre, au
Mexique et dans le Pacifique, l'Église gère sept écoles primaires, treize facultés
universitaires et neuf écoles secondaires qui assurent une formation tant laïque que
religieuse.
En 1988-1989, le département d’éducation de l'Église couvrait 90 pays ou territoires et
desservait environ 250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants d’institut, 37 600
étudiants dans les universités et les collèges de l'Église et 9 300 étudiants dans d'autres
écoles de l'Église. Le département emploie plus de 4 100 employés à temps plein et à
temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés à enseigner dans les
programmes de séminaire et d'institut.
En somme, l'attitude de l'Église vis-à-vis de l’éducation est spéciale à plusieurs
égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le degré auquel ses membres, les adultes
aussi bien que les enfants, participent aux nombreuses activités éducatives de l'Église :
« Notre peuple croit en l'éducation : l’acquisition de connaissances et la culture de l'esprit.
L'Église elle-même est en fait une institution éducative. Par tradition, nous sommes un
peuple épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666). Deuxièmement, elle considère
l'éducation comme une composante essentielle de la vie religieuse : « Toute vie est
centrée sur certaines idées fondamentales... Le fait que [Dieu] a promis d’autres
révélations est pour moi une invitation à garder l’esprit ouvert et à être prêt à suivre partout
où ma recherche de la vérité peut me conduire » (Brown, 1969, p. 11). En troisième lieu,
elle entretient la conviction profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce
qu’elle fait avancer le libre arbitre et la progression de l'homme ici-bas et dans le monde à
venir : « La science créatrice et la religion révélée trouvent leur expression la plus
complète et la plus vraie dans un climat de liberté... N’ayez pas peur des idées nouvelles,
car elles sont comme un tremplin vers le progrès. Vous devez, bien sûr, respecter les
opinions des autres mais n’ayez pas peur de marquer votre désaccord – si vous êtes
informé » (Brown, 1958, p. 2-3). Quatrièmement, elle insiste sur le fait que l’instruction
laïque et l’instruction spirituelle ne s’opposent pas mais s’accordent entre elles : les saints
des derniers jours ne mettent pas l'accent sur « l'éducation spirituelle de l'homme au
détriment de son éducation intellectuelle et physique... Il ne s’agit pas d’estimer moins
l'éducation intellectuelle et physique, mais d’estimer davantage l'éducation spirituelle »
(Roberts, p. 122-123). « La connaissance profane doit être désirée » comme un outil entre
les mains des justes, mais « la connaissance spirituelle est une nécessité » (S. Kimball,
Faith Precedes the Miracle, p. 280).
Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn. Mormonism and Education. Salt Lake City, 1939.
Brown, Hugh B. “An Eternal Quest – Freedom of the Mind”. BYU Speeches of the Year, 13
mai 1969.
Brown, Hugh B. “What Is Man and What He May Become”, BYU Speeches of the Year, 25
mars 1958.
Clark, J. Reuben, Jr. “The Charted Course of the Church in Education”. Provo, Utah, 1936.
Clark, Marden J. « On the Mormon Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p.
11-19.
Gardner, David P. et Jeffrey R. Holland. « Education in Zion : Intellectual Inquiry and
Revealed Truth ». Sunstone 6, janv. févr. 1981, p. 59-61.
Kimball, Spencer W. “Second Century Address”. BYU Studies, été 1976, p. 445-457.
Maeser, Karl G. School and Fireside. Utah, 1898.
Nibley, Hugh W. « Educating the Saints » et « Zeal Without Knowledge”. Dans Nibley on
the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 229-277. Provo, Utah, 1978.
Quinn, D. Michael. « Utah’s Educational Innovation : LDS Religious Classes, 1890-1929 ».
Utah Historical Quarterly 43, 1975, p. 379-389.
Rich, Wendell O. Distinctive Teachings of the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake City,
1962.
Roberts, B. H. « The Mormon Point of View in Education ». IE 2, déc. 1898, p. 119-126.
Salisbury, H. S. “History of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day Saints”.
15 juillet 1922, p. 257-281.
Widtsoe, John A. “The Returning Soldier”. IE 47, nov. 1944, p. 666, 701-702.
Young Brigham, Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt
Lake City, 1968.
DAVID P. GARDNER
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Auteur : PORTER, BRUCE DOUGLAS
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est le nom officiel de l’Église
fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la direction du prophète Joseph Smith.
On l’appelle communément Église mormone à cause de sa croyance au Livre de Mormon
et les membres sont souvent appelés mormons ou saints des derniers jours. Créée
officiellement, à l’origine, avec six membres, l’Église a grandi pour devenir une
organisation internationale qui compte des millions de membres dans beaucoup de pays
du monde.
De 1830 à 1838, les membres de l’Église l’appelaient « Église des saints des derniers
jours » ou « Église du Christ ». Le 26 avril 1838, le titre officiel de l’Église a été donné par
révélation : « Car c’est là le nom que portera mon Église dans les derniers jours, c’est-àdire l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours » (D&A 115:4).
Chaque partie de ce nom est importante. « Église de Jésus-Christ » indique que JésusChrist se tient à la tête de l’Église et que son Évangile, ses enseignements et son autorité
divine constituent les fondements de l’Église. Le terme « saints » a le même sens que le
mot utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un membre du groupe de l’alliance
(Ac. 9:13, 32, 41 ; Ro. 1:7 ; Phil. 1:1 ; voir saints des derniers jours). Il n’a rien à voir avec
le sens que lui donnent les traditions catholique ou orthodoxe. Le terme « des derniers
jours » indique que l’Église a été rétablie dans la dernière ère de l’histoire humaine
précédant l’avènement du Christ et distingue également l’Église actuelle de l’organisation
« des premiers jours » fondée par le Christ pendant son ministère terrestre en Palestine.
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est un rétablissement divin de
l’Église originelle de Jésus-Christ et la gardienne désignée de sa doctrine, de son autorité
et de sa mission divine (voir Organisation : Organisation contemporaine).
L’Église est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée par
laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses enfants. Pour le président
Spencer W. Kimball, l’Église a trois objectifs principaux pour aider les gens à aller au
Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La première est de proclamer
l’Évangile à toute l’humanité. L’Église le fait grâce à une grande armée de missionnaires,
ainsi que par les efforts de ses membres. La deuxième est de perfectionner les saints, ce
qui veut dire leur enseigner l’Évangile du Christ, administrer les ordonnances essentielles
du salut et les aider dans un processus de repentir, de service et de préparation pour la
vie éternelle, qui durera toute une vie. La troisième mission de l’Église est de racheter les
morts, permettant à des générations de défunts, qui n’ont eu aucune occasion d’accepter
l’Évangile dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et les ordonnances du salut.
Cette œuvre se fait grâce à des ordonnances accomplies par procuration dans les temples
de l’Église. Pour ce faire, l’Église invite ses membres à faire leur histoire familiale. Plus
tard, les présidents de l’Église pourront modifier ces missions ou y ajouter selon les
directives ou l’inspiration du Seigneur.
L’Église est également une société de croyants qui crée un cadre permettant un effort
coopératif, un soutien mutuel et une aide temporelle quand c’est nécessaire. Les liens de
l’amour entre les saints sont une condition essentielle à l’accomplissement des buts de
l’Église et sont identifiés dans les Écritures comme étant un signe de la véritable Église de
Dieu (Jn. 13:35 ; voir Signes de la véritable Église). Les saints des derniers jours se
considèrent comme le « peuple de l’alliance » du Seigneur, héritiers de l’alliance antique
entre Dieu et Abraham et, par naissance ou adoption, membres de la maison d’Israël.
L’Église est l’instrument par lequel Dieu rassemble les tribus dispersées d’Israël dans les
derniers jours selon ses promesses à Abraham et à d’autres prophètes bibliques.
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se distingue de plusieurs
manières fondamentales des autres Églises chrétiennes. La plupart de ces différences
proviennent de la croyance essentielle de l’Église en la révélation continue. Ainsi, les
saints des derniers jours acceptent la sainte Bible comme étant la parole de Dieu et ils
acceptent aussi le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix
comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent l’appel des prophètes et
des apôtres modernes, en de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des saints concernant
la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité de l’autorité dans la prêtrise et
l’interprétation des prophéties scripturaires diffère également à divers égards de celle des
branches catholique, orthodoxe ou protestante du christianisme. Les saints des derniers
jours mettent l’accent sur la liberté et la tolérance religieuses. L’Église ne participe pas aux
activités œcuméniques officielles ; elle tient cependant à coopérer avec d’autres
organismes religieux, civils et éducatifs à l’avancement d’objectifs éthiques et sociaux
communs (voir Relations interconfessionnelles).
L’Église est gouvernée par l’autorité de la prêtrise. Le terme « prêtrise », chez les
saints des derniers jours, désigne non seulement l’ensemble des hommes qui détiennent
des postes ecclésiastiques dans l’Église, mais également l’autorité ou le pouvoir
proprement dit qui leur a été donné par ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans
la prêtrise, une Prêtrise d’Aaron, et une prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek.
Tous les membres masculins dignes de l’Église à partir de douze ans sont ordonnés à la
prêtrise, détenant normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la Prêtrise
d’Aaron et ensuite des offices dans la Prêtrise de Melchisédek. Les offices de la Prêtrise
d’Aaron sont : diacre, instructeur, prêtre et évêque. Les offices de la Prêtrise de
Melchisédek sont ancien, grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.
L’Église se considère comme organisée selon le modèle de base de l’Église du Christ
du premier siècle et conformément à une série de révélations données à Joseph Smith
(D&A 20 et 107 ; 6e A de F). Les présidents successifs de l’Église ont affiné l’organisation
pour répondre aux besoins et aux exigences d’une organisation internationale en
expansion mais n’ont pas changé la structure fondamentale de l’Église telle qu’organisée
à l’origine. L’Église est sous la direction d’un président, qui a généralement deux
conseillers ; à eux trois, ils constituent la Première Présidence de l’Église.
Le deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze apôtres, se compose de douze
hommes appelés à être les « témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier »
(D&A 107:23). Le Collège des Douze détient collectivement, de manière latente, la même
autorité de prêtrise que le président de l’Église et, en cas de décès de celui-ci, est le corps
constitué qui gouverne l’Église et installe un nouveau président. Les membres de la
Première Présidence et du Collège des douze apôtres sont considérés et soutenus par la
voix des saints des derniers jours comme prophètes, voyants et révélateurs, recevant la
révélation directe de Jésus-Christ. Ces frères sont aidés par les membres des collèges
des soixante-dix et par l’Épiscopat Président.
Les collèges des soixante-dix, chacun composé d’un nombre d’hommes pouvant aller
jusqu’à soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de l’œuvre missionnaire et dirigent
également les activités de l’Église dans des régions géographiques sous la direction des
Douze. L’Épiscopat Président est responsable des affaires temporelles de l’Église,
notamment les finances, les registres et les bâtiments et de la gestion du programme du
service d’entraide de l’Église. Tous ces hommes sont considérés par les saints des
derniers jours comme Autorités générales parce que leur autorité s’étend sur l’Église
entière. Le siège social et les bureaux administratifs centraux de l’Église sont situés à Salt
Lake City (Utah).
Le président de l’Église reçoit la révélation de Dieu qui a trait à toute l’Église, mais tous
les dirigeants et membres ont droit à l’inspiration dans le domaine dont ils sont
responsables et concernant leur vie personnelle. Ce principe de la révélation contribue à
susciter l’unité et un but commun dans l’Église et en fait comme un organisme vivant, le
« corps du Christ » (1 Co. 12:12-28 ; Col. 1:18).
Les Autorités générales président l’Église dans le monde entier, supervisant ceux qui
administrent les unités géographiques appelées paroisses, pieux, régions et interrégions.
Un pieu est un groupe de paroisses, une région est un groupe de pieux et une interrégion
est un groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de saints comptant
habituellement de deux cents à six cents membres. Les paroisses sont habituellement
organisées selon des frontières géographiques et tous les membres vivant dans ces
limites appartiennent à la même paroisse. Une paroisse est dirigée par un évêque qui
remplit habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé d’entre les
membres de l’assemblée ; sous la direction de l’évêque, les offices dans la paroisse sont
normalement confiés aux membres de celle-ci. Un ensemble de paroisses, habituellement
pas plus de dix, constitue un pieu, dirigé par un président de pieu, également appelé
d’entre les membres du pieu. Le terme « pieu » a été donné par révélation (D&A 101:21)
et est lié à la terminologie de l’Ancien Testament désignant Sion comme une grande tente
maintenue par des cordes et des pieux ou des piquets (És. 33:20 ; 54:2). Dans les régions
où la population de l’Église est trop petite pour que des paroisses et des pieux soient
organisés, elle est administrée par des missions, des districts et des branches. Bien que la
fonction principale des missions soit de proclamer l’Évangile, dans certaines régions du
monde, elles administrent également de plus petites unités de l’Église appelées districts,
qui se composent de branches habituellement constituées de moins de deux cents
membres. Il peut également y avoir des branches dans les pieux si les unités sont trop
petites pour constituer une paroisse.
Dans les paroisses et les branches de l’Église, il y a des organisations auxiliaires
spécialisées dont le but est de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein de
l’Église. Elles fournissent un appui important aux collèges de la prêtrise. La plus grande
d’entre elles est la Société de secours, l’organisation des femmes créée en 1842 sous la
direction du prophète Joseph Smith. Elle assure l’enrichissement culturel, social et spirituel
des femmes de l’Église et rend également des services compatissants aux familles dans
le besoin, d’où le nom Société de secours.
Les autres auxiliaires de l’Église sont la Primaire, responsable de l’enseignement des
enfants de moins de douze ans, l’organisation des Jeunes Gens, pour les garçons de
douze à dix-huit ans, l’organisation des Jeunes Filles pour les filles du même groupe d’âge
et l’organisation de l’École du Dimanche, qui gère l’enseignement dominical de la doctrine
de l’Évangile aux jeunes et aux adultes.
Les officiers et les instructeurs locaux de l’Église ne reçoivent aucune rémunération.
Aucune formation officielle n’est exigée pour détenir des postes dans l’Église et il n’y a
aucune espèce de carrière sacerdotale (voir Participation et direction laïques). Une
personne reçoit un appel, une invitation officielle, à remplir un poste déterminé par les
autorités de l’Église responsables de l’unité de l’Église concernée ; ces appels se font
sous l’inspiration divine.
Des offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les membres de la
paroisse se réunissent chaque dimanche pour un service général de culte appelé réunion
de Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et distribuée, les affaires de paroisse sont
traitées, on chante des cantiques et des membres de l’assemblée font des discours
inspirants sur des sujets d’Évangile. Les membres se réunissent aussi chaque dimanche
en groupes plus restreints de prêtrise ou d’organisations auxiliaires. En tout, les réunions
officielles du dimanche peuvent durer jusqu’à trois heures. Les communautés de saints
des derniers jours participent à tout un mode de vie et une famille typique est susceptible
de passer plusieurs heures chaque semaine à des activités, des réunions et du service en
rapport avec l’Église (voir Réunions principales de l’Église). Les conférences régulières de
paroisse, de pieu, de région, d’interrégion et générales assurent la continuité et
l’intégration dans l’ensemble de la communauté de l’Église.
Les saints des derniers jours considèrent la famille comme l’unité de base de l’Église et
de la société et mettent l’accent sur la sainteté du mariage et l’importance des liens
familiaux. Les mormons croient que le mariage et les relations familiales peuvent continuer
au-delà de cette vie dans les éternités, que les hommes et les femmes sont égaux aux
yeux de Dieu et que les bénédictions de l’Évangile tournent autour de la famille.
Dans le passé, les observateurs ont pu considérer l’Église comme étant
essentiellement un phénomène propre à l’Ouest des États-Unis ou du moins comme une
église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante pour cent des membres
vivaient en dehors des États-Unis. La croissance internationale de l’Église a été rapide
depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement en Amérique latine, dans
le Pacifique sud, en Australie et dans des régions de l’Asie et de l’Afrique. Cette
croissance a sans doute été le plus grand défi que l’Église a dû relever ces dernières
décennies. À la fin de 1990, presque 50.000 membres faisaient une mission d’un à trois
ans, la majorité d’entre eux en dehors des États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu
expert dans beaucoup de langues, donne une dimension cosmopolite à l’Église
contemporaine.
Parlant au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours comme « la seule Église vraie et vivante sur toute la surface de
la terre et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais » (D&A 1:30).
BRUCE DOUGLAS PORTER
Église et État
Auteur : Durham, W. Cole
Les saints des derniers jours croient que la séparation de l'Église et de l'État est
essentielle dans les sociétés modernes avant l’arrivée du millénium. Les Écritures
modernes enseignent que les lois civiles ne doivent pas s’ingérer dans les pratiques
religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas manipuler les gouvernements
à leur profit. De nombreux enseignements chez les saints mettent l'accent sur le rôle des
gouvernements dans la protection de la liberté de conscience individuelle. L'Église est
active dans des pays ayant différents types de gouvernement et encourage ses membres
à participer à la vie publique et à respecter les lois du pays (voir Devoirs civiques). Les
pratiques des saints avaient tendance à être plus intégrationnistes et plus théocratiques
dans les premiers temps d’isolation en Utah et sont devenues plus séparatistes au
vingtième siècle.
Le discours au sein de l'Église sur les questions relatives à l'Église et l'État se situe au
moins à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les relations Église-État historiques et
contemporaines et (2) dans les discussions sur les paramètres idéaux, tels qu'ils
existeront au millénium, quand « le Christ régnera personnellement sur la terre » (10e art.
de foi) ou dans le Royaume céleste.
Les principes du libre arbitre et de la liberté de conscience, qui sont fondamentaux
dans la relation Église-État, s’appliquent aux deux plans du discours. Cependant, les
implications institutionnelles de ces principes sont différentes dans les deux contextes.
Dans le monde actuel, où les croyants sont soumis aux imperfections du gouvernement
humain, la séparation de l'Église et de l'État est indispensable à la protection de la liberté
religieuse. En revanche, sur le plan idéal, les saints des derniers jours s’attendent à des
institutions théocratiques plus intégrées ou à ce que Joseph Smith a appelé des
institutions « théodémocratiques » (T & S 5, 15 avril 1844, p. 510), tant à cause de la
légitimité inhérente du règne divin que parce que ceux qui participeront aux sociétés
millénaires ou célestes accepteront volontiers ce genre de gouvernement. Néanmoins, les
prophètes mormons ont toujours enseigné que même dans la société millénaire la liberté
de conscience sera respectée. Par exemple, Brigham Young a déclaré : « Au cours du
Millénium les hommes auront droit à leur propre croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64).
L'Église ne préconise pas la théocratie pour le monde prémillénaire. Elle dit à ses
membres d’être « soumis aux pouvoirs qui existent jusqu'à ce que règne celui dont c’est le
droit de régner" (D&A 58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ vienne.
Entre-temps, plusieurs principes sont d'application. Comme nous le disions plus haut,
l'idée fondamentale est que les êtres humains ont le libre arbitre et un certain nombre de
droits humains inhérents, notamment « la liberté de conscience » (D&A 134:2). L'Église
déclare : « Nous croyons que la religion est instituée par Dieu, et que les hommes sont
responsables… devant lui seul, de l'exercice de leur religion, à moins que leurs opinions
religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et les libertés d'autrui … que les
magistrats civils doivent réprimer le crime, mais ne doivent jamais contraindre la
conscience ; punir les délits, mais ne jamais supprimer la liberté de l'âme » (D&A 134:4).
Cette reconnaissance de la liberté de conscience inclut une volonté de tolérance, comme
le souligne le onzième article de foi de l'Église : « Nous affirmons avoir le droit d'adorer le
Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même
droit à tous les hommes: qu'ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu'ils
veulent. »
Un corollaire de la liberté de conscience, c'est que les lois humaines n'ont pas le droit
« de s'immiscer en prescrivant des règles de culte pour enchaîner la conscience des
hommes, ni de dicter des formes de dévotion publique ou privée » (D&A 134:4). Ce
principe de non-ingérence de l'État dans les affaires religieuses implique qu’il proscrit non
seulement toute atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute atteinte à l'autonomie
de l'Église en tant qu’institution poursuivant sa mission religieuse. La position de l'Église à
cet égard a reçu l’aval de la Cour suprême des États-Unis dans Corporation de l'évêque
président de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et al. c. Amos et al.
(483 US 327, 1987) et est conforme à la conception internationale de la liberté religieuse
(par exemple, le Principe 16 du Document de clôture de la réunion de Vienne de la
Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, 1989). Conformément à cette
position, l'Église croit qu’elle doit conserver une indépendance stricte pour elle-même et
pour les institutions qui lui sont affiliées, comme les écoles et les universités gérées par
elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou subvention directe provenant de sources
gouvernementales à cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la gestion que cela
pourrait entraîner.
L'Église tient également à la séparation de l'Église et de l'État du point de vue
religieux. «Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler l'influence religieuse au
gouvernement civil, de sorte qu'une organisation religieuse est favorisée et qu'une autre
se voit entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se voient dénier
personnellement leurs droits de citoyens. » (D&A 134:9). Cela ne signifie pas que l'Église
ne peut pas prendre position sur des questions morales ou autres lorsqu’elle est motivée
religieusement à le faire ou que des valeurs religieuses risquent d’être mises à l’écart de la
vie publique ; cela ne signifie pas non plus que l'Église ne peut pas avoir une influence
indirecte sur l'État suite aux efforts qu’elle fait pour enseigner des principes religieux et
pour apporter une contribution positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire,
c’est qu'il ne convient pas qu’une organisation religieuse manipule les rouages du pouvoir
civil pour s’assurer des avantages pour elle-même ou des inconvénients pour les autres.
L'Église ne se considère pas comme une organisation de ce monde. Elle utilise les
structures juridiques, telles que les sociétés ou autres organisations qui sont à sa
disposition dans divers pays pour régler ses affaires temporelles et elle se conforme à
toutes les exigences légales que cela implique, mais son autorité spirituelle ne dépend
d’aucune institution profane. Les saints des derniers jours croient que leur Église est
établie et guidée par Dieu par l’intermédiaire d’un prophète et d’apôtres qui détiennent les
clés et l'autorité de la prêtrise requises pour enseigner les vérités de l'Évangile et pour
officier dans les ordonnances nécessaires au salut et à l'exaltation.
L'Église enseigne l'importance du gouvernement et encourage ses membres à
respecter la loi du pays où ils vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes
imparfaits, mais ils jouent un rôle important en ce qu’ils préservent l’ordre et qu’ils assurent
un contexte stable au sein duquel les individus peuvent chercher la vérité et s'efforcer de
vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les autorités gouvernementales sont
responsables devant Dieu «de leurs actes… tant pour la promulgation de lois que pour
leur application pour le bien et la sécurité de la société » (D&A 134:1; cf. 124:49-50).
L’application dans l'histoire des principes qui précèdent a connu plusieurs phases.
Dans la phase la plus ancienne, l'Église était essentiellement un petit groupe religieux
persécuté cherchant la liberté religieuse et un endroit pour s'installer, tout d'abord dans
l'ouest de l’état de New York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois. Pendant une grande
partie de cette période, l'Église s'est fortement appuyée sur sa propre organisation pour
gérer sa structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis certains chevauchements entre
l’Église et l’État. Vers la fin de la période de Nauvoo, Joseph Smith organisa le Conseil
des cinquante, qui devait fournir un cadre potentiel au sein duquel le règne millénaire de
Christ pourrait être organisé.
Pendant l'exode de Nauvoo jusqu’au Grand Bassin, qui eut lieu au milieu du XIXe
siècle, l’organisation sociale, politique et économique fut gérée par l'Église, puisqu’il
n’existait aucune autre organisation efficace. Les dirigeants de l'Église travaillèrent à la
création d’institutions gouvernementales distinctes, d'abord sous la forme d'un État de
Deseret, puis dans le Territoire d'Utah et à la poursuite des efforts pour que l'Utah obtienne
le statut d’État. Cependant, durant une grande partie du XIXe siècle, le gouvernement
fédéral en particulier se révéla être une force hostile plutôt qu'une force neutre dans la
collectivité. Cela renforça la tendance dans l'Église à gérer la société par ses propres
moyens. Le rêve d’édifier Sion contribua aussi à la tendance à passer par l'Église.
Lorsque le manifeste mit officiellement fin au mariage plural en 1890 et que l’Utah fut
devenu un État en 1896, les tensions entre l'Église et les institutions de l'État se tassèrent
progressivement et la confiance réciproque grandit. C’est pourquoi, au cours du XXe
siècle, l'Église a poursuivi plus systématiquement une politique de séparation et a été libre
de mettre l’accent sur sa mission essentiellement spirituelle. Elle existe maintenant dans
plus de cent pays et cette internationalisation a encore renforcé l'idée que la mission
essentielle de l'Église peut s’accomplir dans un large éventail de systèmes juridiques et
politiques tant qu'il y a une séparation suffisante de l'Église et de l'État pour protéger
efficacement la liberté religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses
membres une constellation de valeurs que la plupart des gouvernements considèrent
comme bienvenues : la stabilité familiale, l’honnêteté, le travail, le refus de la drogue, la
loyauté envers le pays et l'obéissance à la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au
pluralisme religieux partout où elle se trouve, elle contribue simultanément à la stabilité
sociale et à l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi Devoirs civiques ; Lois
constitutionnelles ; Histoire juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire politique ;
Politique : enseignements politiques.]
Bibliographie
Firmage, Edwin Brown et Richard Collin Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of
the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen, Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse de doctorat, Université
de Chicago, 1938.
Mangrum, Richard Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the Constitution."
BYU Studies 27, été 1987, p. 119-137.
Melville, J. Keith. "Theory and Practice of Church and State During the Brigham Young
Era." BYU Studies 3, automne 1960, p. 33-55.
Taylor, John. The Government of God. Liverpool, 1852.
W. COLE DURHAM, JR.
Élie
[À cause du rôle qu’il doit jouer selon la prophétie (Mal. 4:5-6), Élie est devenu un sujet de
traditions et de légendes comme l’explique l’article Élie : Sources antiques. De plus,
comme l’exprimé l’article Élie : Sources de l’Église, les enseignements modernes éclairent
le rôle actuel d’Élie aussi bien que l’accomplissement de l’attente prophétique qui lui est
associée.]
Élie : Sources de l’Église
Auteur : DAY, FRANKLIN D.
Lors d’une manifestation divine accordée le soir du 21 septembre 1823 au jeune
Joseph Smith, l’ange Moroni cita Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités
d’Élie dans les derniers jours. La version de Moroni, qui diffère du texte biblique actuel,
décrit et éclaircit le rôle prophétisé d’Élie :
« Voici, je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie, le prophète, avant que le jour de
l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des enfants les
promesses faites aux pères, et le cœur des enfants se tournera vers leurs pères ; s'il n'en
était pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée à sa venue » [JS–H 1:38-39 ; D&A 2].
La prophétie de Malachie prévoyait qu’Élie jouerait un rôle important « avant que le jour
de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie était doté du pouvoir de la
prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi Achab qu’aucune pluie ne tomberait sur
la terre (1 R. 17:1). En conséquence, les cieux furent scellés et l’Israël antique connut,
pendant trois ans et demi, une période de sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé
au ciel sur un char de feu, sa mission terrestre semblait terminée. Mais le pouvoir de
scellement qu’il exerçait ne faisait que marquer le commencement de sa responsabilité
concernant ce pouvoir éternel de la prêtrise.
À la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé, c’est-à-dire qu’il connut une sorte de
changement par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort (voir Êtres
enlevés). Les saints des derniers jours concluent qu’une raison importante de
l’enlèvement d’Élie était de lui permettre de revenir sur terre pour conférer des clefs
d’autorité aux trois principaux apôtres avant la crucifixion et la résurrection de Jésus (voir
Montagne de la Transfiguration). Puisque les esprits ne peuvent pas imposer les mains
aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie ne pouvaient pas revenir comme êtres
ressuscités parce que Jésus devait être le premier à ressusciter (Packer, p. 109 ; cf.
EPJS, p. 153), la nécessité de l’enlèvement d’Élie et de Moïse est évidente. Sur la
montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9), Élie rétablit spécifiquement les clefs de
prêtrise du scellement, le pouvoir qui lie et valide dans les cieux toutes les ordonnances
accomplies sur la terre (cf. EPJS, p. 273).
Le 3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le
temple récemment terminé de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment était venu
où la prophétie de Malachie devait s’accomplir. Il conféra les clefs de scellement de la
prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 110:13-16). Ce rétablissement était
nécessaire pour que les ordonnances de scellement et les alliances de Dieu puissent être
administrées en justice sur la terre (DS 2:116). Joseph Smith expliqua :
« L’esprit, le pouvoir et l’appel d’Élie c’est que vous avez le pouvoir de détenir les clefs
des révélations, des ordonnances, des oracles, des pouvoirs et des dotations de la
plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du royaume de Dieu sur la terre et de recevoir,
d’obtenir et d’accomplir toutes les ordonnances appartenant au royaume de Dieu… Ce
que vous scellez sur la terre, par les clefs d’Élie, est scellé au ciel ; et c’est là le pouvoir
d’Élie » [EPJS, p. 273].
Par le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes peuvent être scellés
l’un à l’autre dans le mariage pour toute l’éternité dans un des temples de Dieu. En outre,
les enfants peuvent être scellés pour toujours à leurs parents. Ainsi l’organisation familiale
continue éternellement (Sperry, p. 139).
Parce que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de l’Évangile ni
l’occasion de recevoir les ordonnances de la prêtrise, la mission moderne d’Élie permet de
faire accomplir ces ordonnances de scellement par procuration sur la terre pour ceux qui
sont morts, donnant ainsi à tous la possibilité d’être sauvés (cf. DS 2:117-118). Le
prophète Joseph Smith a proposé l’explication suivante :
« L’esprit d’Élie doit venir, l’Évangile doit être rétabli… et les saints monter comme
sauveurs sur le mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs sur le mont de
Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs fonts baptismaux et en s’avançant
et en recevant toutes les ordonnances, les baptêmes, les confirmations, les ablutions, les
onctions, les ordinations et les pouvoirs de scellement sur leur tête en faveur de tous leurs
ancêtres qui sont morts, et en les rachetant… et c’est en cela que se trouve la chaîne qui
lie le cœur des pères aux enfants et les enfants aux pères, ce qui accomplit la mission
d’Élie » [EPJS, p. 267].
Quand ils parlent de l’esprit d’Élie (voir Élie, Esprit d’), les saints des derniers jours
veulent dire au moins deux choses. D’abord, la promesse du salut faite aux pères a été
renouvelée à l’Église moderne (JS–H 1:38-39 ; D&A 27:9-10). En second lieu, le cœur des
hommes et des femmes s’est considérablement tourné vers leurs pères comme le prouve
l’augmentation spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques généalogiques,
ainsi que d’organisations de recherche généalogique ou d’histoire familiale diverses dans
une grande partie du monde. L’esprit d’Élie a motivé des milliers de personnes à faire des
investissements considérables en argent et en temps pour découvrir les documents des
ancêtres de leur famille et pour réunir ces documents pour former une histoire familiale
(DS 2:122-126 ; voir Généalogie, Histoire familiale). En plus des nombreux centres
d’histoire familiale, l’Église a construit beaucoup de temples où les ordonnances
salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent être accomplies pour les vivants et les morts
(voir Salut des morts).
Bibliographie
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:100-128. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John A. "Elijah, The Tishbite." Utah Genealogical and Historical Magazine 27,
avril 1936, p. 53-60.
FRANKLIN D. DAY
Élie : Sources antiques
Auteur : WERBLOWSKY, R.J. ZVI
Élie, dans la tradition juive, était un prophète israélite qui était actif dans le royaume du
nord pendant les règnes du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s. av.
J.-C.). Son nom est peut-être un surnom : Eli-yahu (YHWH, ou Jéhovah, est Dieu),
exprimant sa mission première comme prophète : le culte exclusif et pur de YHWH et
l’opposition intransigeante au culte cananéen païen de Baal. Ses activités sont décrites
dans 1 Rois 17-2 Rois 2, et expliquent qu’il soit devenu dans la tradition juive le symbole
du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut son point culminant dramatique dans
son affrontement sur le mont Carmel avec les prêtres de Baal après une longue période
de sécheresse dont Élie avait prophétisé qu’elle viendrait comme châtiment pour le culte
idolâtre de Baal. (L’ordre monastique catholique des Carmélites, prenant pour modèle la
vie ascétique d’Élie dans le désert, le considère comme son père spirituel.) Contrairement
aux prophètes « littéraires » ultérieurs, Élie est également décrit comme faiseur de
miracles, mais il a en commun avec eux la forte insistance sur la justice sociale, comme le
prouve son autre grand différend avec le roi et la reine à propos de la vigne de Naboth (1
R. 21) que le couple royal convoitait.
Selon le récit biblique, Élie ne connut pas une mort ordinaire mais fut enlevé au ciel
dans un tourbillon par un char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent, à la
différence des autres prophètes, un grand nombre de légendes et de croyances sont
apparues à son sujet. On dit qu’il revient fréquemment sur terre, habituellement déguisé
en paysan, en mendiant ou même en païen incognito pour aider ceux qui sont dans la
détresse ou en danger, disparaissant aussi soudainement qu’il est apparu. On dispose
une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie à chaque célébration de la pâque. On
croit aussi qu’il est présent à chaque cérémonie de circoncision et une chaise spéciale
(« la chaise d’Élie ») pour sa présence invisible est placée à côté de celle du parrain qui
tient le bébé masculin. Cette croyance particulière peut être due à deux facteurs : le statut
angélique d’Élie (puisqu’il est monté au ciel) et le fait que le prophète Malachie l’appelle
« le messager de l’alliance » (Mal. 3:1). Dans l’usage juif, le terme berith (« alliance »)
signifie plus spécifiquement « l’alliance de la circoncision » (cf. Ge. 17:9-10). Élie joue
également un rôle important dans le mysticisme juif où il apparaît comme messager
céleste révélant des mystères divins.
Mais il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects, c’est le rôle
eschatologique d’Élie dans la tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle s’est développé,
c’est quelque chose de difficile à reconstituer, mais dès le temps de Malachie, l’un des
derniers prophètes de l’Ancien Testament, certaines de ces croyances semblent avoir déjà
existé : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce
jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie a graduellement assumé le rôle de précurseur
du Messie et de messager annonçant sa venue. Certains des contemporains de Jésus (cf.
Mt. 16:13-14) semblent avoir pensé qu’il pouvait être Élie (Mt. 11:14 ; 17:10-13) d’une
manière qui suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur et héraut du Messie, était Élie,
c’est-à-dire qu’il s’acquittait de sa fonction eschatologique. Les écrits apocryphes
ultérieurs (par exemple, l’Apocalypse d’Élie) rattachent à Élie les « révélations »
concernant les dernières choses qu’ils rapportent. Des éléments des traditions et des
légendes juives sur Élie ont également été adoptés et développés de différentes manières
par l’islam.
Bibliographie
"Elijah." Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis Ginzberg, Legends
of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression. Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, p. 133-135
(sous « Elijah »). On peut trouver un très bon résumé dans M.J. Stiassny, "Le Prophète
Élie dans le Judaïsme", dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines, vol. 2, 1956, p. 199255.
Pour les traditions islamiques, voir « Ilyas » et « Al-Khadir » dans Encyclopaedia of Islam.
R.J. ZVI WERBLOWSKY
Élie, Esprit d’
Auteur : FINLAYSON, MARY
Pour les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'esprit
d'Élie est l'esprit de la parenté et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le souci de
découvrir les membres de la famille ancestrale par l’histoire familiale et d’accomplir en leur
faveur des baptêmes par procuration, des dotations au temple et des ordonnances de
scellement (HC 6:252). Ceci est considéré comme l’accomplissement de la prophétie de
Malachie que dans les derniers jours Élie « ramènera le cœur [en hébreu, la partie la plus
intime, comme l’âme, les affections] des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à
leurs pères » (Mal. 4:5-6).
L'apparition d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le
temple de Kirtland a renouvelé cet esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans
l'impulsion que l’on ressent à trouver et à chérir les membres de la famille et les liens
familiaux passés et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie est l'esprit d'amour
qui pourra finalement vaincre toutes les aliénations de la famille humaine. Alors le pouvoir
de la prêtrise pourra lier les générations entre elles dans des relations familiales éternelles
et « sceller les enfants aux pères et les pères aux enfants » dans l'Évangile de JésusChrist (WJS, P. 329).
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. "Elijah the Prophet and His Mission." Utah Genealogical and
Historical Magazine 12, janvier 1921, p. 1-20.
MARY FINLAYSON
Élohim
Auteur : MESERVY, KEITH H.
Élohim (Dieu ; dieux ; Père céleste) est la forme plurielle du nom ‘eloah (comparer avec
l’arabe Allah) dans la bible hébraïque, où elle est employée 2.570 fois par rapport à 57 fois
pour le singulier. Mais comme un commentateur l’a noté, la raison pour laquelle cette
« forme plurielle pour désigner Dieu est employée n’a pas encore été expliquée d’une
manière satisfaisante » (Botterweck, vol. 1, p. 272).
UTILISATION AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque comme nom
commun identifiant le Dieu d’Israël : « Au commencement, Dieu [elohim] créa [verbe
singulier] les cieux et la terre » (Ge. 1:1). Il était également souvent employé parallèlement
à Jéhovah, nom propre du Dieu d’Israël : « Jacob dit : Dieu [elohim] de mon père
Abraham… Éternel [Jéhovah] qui m’as dit : Retourne dans ton pays » (Ge. 32:9 ; voir
aussi Jéhovah, Jésus-Christ).
Les saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens plus restrictif
comme nom propre et titre pour désigner le Père céleste (voir le Dieu le Père). La
Première Présidence de l’Église a écrit : « Dieu, le Père éternel, que nous désignons sous
le nom-titre exalté ‘Élohim’, est le Père littéral de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ
et des esprits du genre humain » (MFP 5:26 ; voir aussi les Exposés doctrinaux de la
Première Présidence, « Le Père et le Fils » dans les annexes du vol. 4).
UTILISATION AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim comme
forme plurielle pour désigner les dieux de nations autres qu’Israël. En de telles occasions,
les verbes et les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également au pluriel. « Tu n’auras
pas d’autres dieux devant ma face » (Ex. 20:3 ; ici « autres » est un adjectif au pluriel).
Il arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans son sens pluriel
comme nom commun désignant la pluralité des dieux que l’on sait exister (EPJS, p. 300303). Cependant, en dépit de leur croyance qu’il existe beaucoup de seigneurs et de dieux
en plus d’Élohim, de Jéhovah et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils suivent l’exemple de
Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste (Mt. 19:17 ; 1 Co. 8:4-6).
Bibliographie
Botterweck, G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. « Elohim ». Dans Theological
Dictionary of the Old Testament, éd. rév., vol. 1, p. 267-284. Grand Rapids, Mich., 1977.
KEITH H. MESERVY
Éphraïm
Auteur : SMITH, BRIAN L.
Éphraïm était le fils de Joseph et d’Asenath et le frère cadet de Manassé (Ge. 41:5052). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à son père, Jacob, pour une
bénédiction, Éphraïm reçut la bénédiction du droit d’aînesse au lieu de Manassé (Ge.
48:13-20), l’un des écarts que l’on trouve dans la Bible par rapport à la coutume
d’accorder au fils aîné les droits spéciaux qui lui revenaient par droit de primogéniture. Le
Seigneur continua à reconnaître la bénédiction d’Éphraïm des siècles plus tard quand il
dit : « Je suis un père pour Israël, et Éphraïm est mon premier-né » (Jé. 31:9 ; cf. 1 Ch.
5:1-2). Les descendants d’Éphraïm continueront à exercer un rôle important. Le Livre de
Mormon rapporte que le Joseph d’autrefois « a obtenu du Seigneur la promesse que, du
fruit de ses reins, le Seigneur Dieu susciterait une branche juste à la maison d'Israël, non
pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être néanmoins gardée en
mémoire dans les alliances du Seigneur » (2 Né 3:5). De plus, « un voyant de choix »
sortirait des descendants de Joseph, voyant qui allait « accomplir, pour le fruit [des reins
de Joseph], ses frères, une œuvre qui aura une grande valeur pour eux, à savoir, de les
faire parvenir à la connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites avec tes pères »
(2 Né. 3:7). Beaucoup de saints des derniers jours croient qu’ils sont de la branche
d’Éphraïm sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né. 3:5-16 ; D&A 133:30-34) et que le
prophète Joseph Smith est le « voyant de choix » (3 Né. 3:6).
En raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux siècles, les
descendants d’Éphraïm ont été dispersés parmi les nations des Gentils, avec des
membres des autres tribus, à partir de la chute du royaume d’Israël v. 722 av. J.-C. (2 R.
17:5-6 ; voir aussi Israël : Dispersion d’Israël ; Israël : Tribus perdues d’Israël).
Dans les derniers jours, les descendants d’Éphraïm ont la bénédiction et la
responsabilité de porter le message du rétablissement de l’Évangile au monde et de
rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6). « Nous croyons au rassemblement littéral
d'Israël et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la nouvelle
Jérusalem) sera bâtie sur le continent américain » (10e A de F ; cf. De. 4:27-31 ; 28 ; 29 ;
30 ; 3 Né. 20-21). Le 3 avril 1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement d’Israël au
prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A 110:11). Beaucoup de
descendants d’Éphraïm sont rassemblés d’abord, parce qu’ils ont la responsabilité de
préparer la voie au rassemblement des autres tribus (D&A 113). « Et ils [d’autres des
tribus d’Israël] apporteront leurs riches trésors aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs… Et
là, ils tomberont et seront couronnés de gloire en Sion, par les mains des serviteurs du
Seigneur, c'est-à-dire les enfants d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie
éternelle » (D&A 133:30-33 ; voir aussi Israël : Rassemblement d’Israël).
Un des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est le Livre de Mormon,
également connu parmi des saints des derniers jours comme étant le bois de Joseph ou
bois d’Éphraïm (Éz. 37:15-19 ; 2 Né. 3:12 ; D&A 27:5). Il doit jouer le rôle important de
convaincre les Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie et que Dieu se
souvient de son peuple de l’alliance (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de
Mormon).
Pour les saints des derniers jours, l’identification de la lignée d’une personne dans
l’Israël de l’alliance moderne se fait sous les mains de patriarches inspirés lors de
bénédictions patriarcales qui déclarent le lignage. John A. Widtsoe, un apôtre, a dit : « En
donnant une bénédiction, le patriarche peut déclarer notre lignage, c’est-à-dire que nous
sommes d’Israël, donc de la famille d’Abraham et d’une tribu spécifique de Jacob. Dans la
grande majorité des cas, les saints des derniers jours sont de la tribu d’Éphraïm, la tribu à
laquelle a été confiée la direction de l’œuvre des derniers jours. Peu importe que ce
lignage soit par le sang ou par adoption » (p. 73 ; cf. Abr. 2:10).
Les bénédictions patriarcales de la plupart des saints des derniers jours disent qu’ils
sont descendants littéraux par le sang d’Abraham et d’Israël. Ceux qui ne sont pas
descendants littéraux sont adoptés dans la famille d’Abraham quand ils reçoivent le
baptême et la confirmation (voir Loi de l’adoption). Ils ont alors tous les droits des héritiers
(EPJS, p. 117-119). Cette doctrine de l’adoption était comprise des prophètes et des
apôtres d’autrefois (par exemple, Ro. 11 ; 1 Né. 10:14 ; Jcb. 5 ; cf. D&A 84:33-34).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness of the Articles of Faith, p. 541-575. Salt Lake City,
1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
Épiscopat Président
Auteur : DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID
L’Épiscopat Président se compose de trois hommes, l’évêque président et ses deux
conseillers, qui constituent l’un des conseils présidents de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours. Ces Autorités générales, qui détiennent chacune le titre
d’évêque, remplissent leurs fonctions sous la supervision directe de la Première
Présidence. Depuis sa formation, l’Épiscopat Président a été responsable de beaucoup
d’affaires temporelles de l’Église. Parmi celles-ci, la responsabilité de recevoir, distribuer et
comptabiliser la dîme, les offrandes et les contributions des membres ; la gestion des
programmes pour aider les pauvres et les nécessiteux ; la conception, la construction et
l’entretien des lieux de culte et l’apurement et le transfert des certificats de membre (voir
Évêque, Histoire de l’office ; Contributions financières ; Tenue des registres ; Entraide).
Les hommes choisis pour être évêques présidents ont été connus pour leur compétence
en matière de gestion ainsi que pour leur engagement religieux. Historiquement,
l’Épiscopat Président a présidé la Prêtrise d’Aaron. En tant qu’Autorités générales, les
membres de l’Épiscopat Président parlent régulièrement aux conférences générales,
s’adressant souvent expressément aux jeunes hommes de l’Église.
L’évêque président est choisi par la Première Présidence et puis approuvé par le
Collège des douze apôtres. Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont également
approuvés par la Première Présidence et le Collège des Douze. Tous sont ensuite
soutenus par les membres de l’Église. L’évêque président et ses conseillers sont mis à
part et investis par la Première Présidence et reçoivent les clefs et l’autorité de prêtrise
pour agir dans leurs fonctions respectives. Au début, les évêques présidents détenaient
leur office à vie, mais au XXe siècle ils ont été relevés et remplacés selon que les
circonstances et les besoins de l’Église l’ont dicté.
Le 4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé Edward Partridge comme
premier évêque de l’Église. Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer la
réception, la vérification et l’affectation des biens consacrés et des dons reçus par l’Église
(voir Consécration : Loi de consécration ; Dons de jeûne ; Dîme). Il devait prendre soin
des pauvres et des nécessiteux et stocker les produits excédentaires pour les besoins
futurs de l’Église. Après l’appel de l’évêque Partridge, il fut révélé à Joseph Smith que
d’autres évêques seraient choisis. Le 4 décembre 1831, Newel K. Whitney fut également
appelé, par révélation (D&A 72:8), pour remplir les fonctions d’évêque. Les deux évêques
avaient une juridiction différente, Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils
avaient tous les deux une juridiction générale, mais ils supervisaient également les dons et
le soin des pauvres dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K. Whitney
fut désigné comme premier évêque président.
Pendant toute l’histoire de l’Église, la Première Présidence a confié aux épiscopats
présidents des responsabilités étendues mais variables auprès de la Prêtrise d’Aaron et
des jeunes de l’Église. En 1873, le président Brigham Young chargea l’Épiscopat
Président d’organiser dans la Prêtrise d’Aaron des collèges complets de prêtres,
d’instructeurs et de diacres dans toute l’Église. En 1876, il expliqua que le poste d’évêque
président était celui de président général de la Prêtrise d’Aaron. En 1937, l’Épiscopat
Président se vit confier la responsabilité de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes
gens et en 1946, celle de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes filles. Ces
programmes étaient conçus de manière à assurer un équilibre entre l’étude religieuse, l’art
de vivre en société, la conscience de la collectivité et l’épanouissement physique pour les
jeunes saints des derniers jours (voir Jeunes Gens ; Jeunes Filles). Depuis 1977, la
Première Présidence administre directement les programmes de la Prêtrise d’Aaron par
l’intermédiaire d’une présidence des Jeunes Gens appelée d’entre les collèges des
soixante-dix.
Avant 1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller, le remplaçant de
Partridge, étaient évêques généraux de l’Église. Après 1847, les évêques présidents et
leurs mandats ont été Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter (1851-1883),
William B. Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q. Cannon
(1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin (1952-1961), Jean H.
Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown (1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994),
Merrill J. Bateman (1994-1995) et H. David Burton (1995-).
Jusqu’aux années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux pieux,
donnaient des sessions de formation pour les évêques aux conférences générales et
publiaient des bulletins et de la documentation de formation pour les évêques et les
collèges locaux de la prêtrise. À l’heure actuelle, l’Épiscopat Président ne supervise plus
directement d’autres évêques ni ne préside des paroisses locales de l’Église.
Comme le stipulent les Écritures, l’Épiscopat Président, la Première Présidence et le
Collège des douze apôtres constituent le Conseil pour l’affectation des dîmes (D&A 120).
Ce conseil contrôle la réception des dîmes et vérifie les dépenses. Il se réunit
périodiquement pour examiner les questions ayant une importance financière et pour
autoriser les budgets pour les organisations et les départements de l’Église (voir Finances
de l’Église). Les membres de l’Épiscopat Président, désignés par la Première Présidence,
font partie, en outre, de divers autres comités et conseils administratifs, exécutifs et
directeurs, tels que le Comité d’affectations, le Comité général des services d’entraide, le
Conseil exécutif de la prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de l’histoire familiale et le
Conseil exécutif missionnaire (voir Organisation : Organisation contemporaine).
En 1977, une restructuration importante en matière d’organisation a eu lieu dans
l’Église sous la direction de la Première Présidence. Avec la croissance importante du
nombre des membres de l’Église, l’Épiscopat Président s’est vu confier des
responsabilités beaucoup plus étendues dans le domaine de l’administration temporelle
dans le monde entier. Sous la direction de l’Épiscopat Président, des directeurs pour les
affaires temporelles ont été envoyés dans un certain nombre d’endroits internationaux
pour diriger la gestion de la construction des églises et les temples, celle des certificats de
membre et la préparation et la distribution des Écritures et d’autres documents pour le
programme d’études. La direction des départements centraux responsables des
opérations temporelles a également été confiée à l’Épiscopat Président. Depuis lors, celuici nomme les directeurs administratifs pour les divers départements qui soutiennent les
activités des directeurs des affaires temporelles, comprenant les finances et les registres,
la LDS Foundation, les services d’imprimerie, la distribution du matériel du programme
d’études, les achats, la traduction des Écritures et des cours du programme d’études, la
confection de vêtements du temple, le transport, les systèmes informatiques et la
communication, la sécurité, les investissements, les temples et les chantiers spéciaux de
construction et de transformation, les acquisitions et les ventes immobilières, la
construction d’églises, la production et la manutention de l’entraide, les LDS Social
Services et la gestion des propriétés.
En 1986, la Première Présidence a appelé des présidences d’interrégion pour
superviser les activités ecclésiastiques dans des régions géographiques déterminées dans
le monde. Ces présidences d’interrégion assurent actuellement la supervision directe des
directeurs des affaires temporelles dans les secteurs internationaux, de l’entraide et des
bâtiments aux États-Unis et au Canada. L’Épiscopat Président, ainsi que les départements
centraux, assurent la formation, l’évaluation, la planification des effectifs, l’appui technique
et la conception des programmes pour aider les présidences d’interrégion dans leur rôle.
Bibliographie
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century, p. 140, 270, 297, 406-407, 420.
Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Ages, p. 321-331. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév., p. 277-279. Salt Lake City,
1954.
H. DAVID BURTON
WM. GIBB DYER, JR
Ésaïe
[L’accent que les Écritures modernes mettent sur les paroles d’Ésaïe rend nécessaire un
traitement de ses écrits sous quatre titres :
Ésaïe : Paternité littéraire
Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
L’article « Ésaïe : Paternité littéraire » traite de la thèse qu’à la lumière de l’existence d’un
texte d’Ésaïe en la possession de peuples du Livre de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre
d’Ésaïe n’a qu’un seul auteur. L’article « Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon » traite
de ce que l’on peut apprendre sur l’histoire du texte du livre d’Ésaïe grâce aux passages
conservés dans le Livre de Mormon. Une grande partie du texte d’Ésaïe qui est conservée
et commentée dans les Écritures modernes concerne les derniers jours, un sujet repris
dans l’article « Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes ». L’intérêt pour Ésaïe
qui en est résulté chez les saints a donné lieu à un certain nombre d’études qui sont
traitées dans l’article « Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe ».]
Ésaïe : Paternité littéraire
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.
De tous les écrits de l’Ancien Testament, c’est le message d’Ésaïe qui a la priorité chez
les saints des derniers jours. Cette focalisation découle principalement de l’utilisation
intensive d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Secondairement, le chapitre 11 d’Ésaïe a été
cité à Joseph Smith au cours d’une vision tout au début de son expérience comme
prophète (JS–H 1:40) et fait l’objet d’une section des Doctrine et Alliances (D&A 113). En
outre, Jésus-Christ a donné des révélations sur les paroles d’Ésaïe en instruisant les
saints, et les prophètes et les apôtres modernes les ont fréquemment citées et
commentées.
Traditionnellement, le livre d’Ésaïe a été attribué à un prophète vivant dans le royaume
de Juda entre 740 et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle, plusieurs
savants ont contesté cette idée en affirmant que les chapitres 40-66 ont été écrits par une
ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à cause de mentions
expresses d’événements qui se sont produits après la mort d’Ésaïe. Ce point de vue
imprègne maintenant beaucoup de commentaires de la Bible et a conduit à la thèse de
l’existence d’un deuxième prophète-auteur que l’on appelle généralement dans les milieux
érudits le « Deutéro-Ésaïe ». Il existe, en effet, maintenant une grande variété de théories
concernant la date et la paternité littéraire d’Ésaïe. Cependant, la croyance des saints en
la révélation et au pouvoir de voyance des prophètes, avec, en outre, les citations d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon et l’exhortation de celui-ci d’étudier ses écrits, ont renforcé chez
les saints des derniers jours le point de vue traditionnel au sujet de la date et de la
paternité d’Ésaïe et ce, de la manière suivante.
D’abord, alors que certains savants estiment que les prophètes ne pouvaient pas voir
le futur et que, par conséquent, les derniers chapitres d’Ésaïe doivent avoir été écrits
après l’époque de celui-ci (par exemple, És. 45 au sujet de Cyrus), les saints des derniers
jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et prophétiser à son sujet. Aux
chapitres 40-66, Ésaïe prophétise sur le futur, tout comme l’apôtre Jean dans Apocalypse
4-22 et le prophète Néphi 1 dans 2 Néphi 25-30.
En second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa famille ont quitté Jérusalem
vers 600 av. J.-C. et ont emporté des écrits sacrés sur des plaques d’airain contenant une
grande partie de l’Ancien Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13 ; 19:22-23). Les
prophètes du Livre de Mormon enseignaient à l’aide des annales des plaques d’airain, non
seulement les chapitres 1-39, que les savants attribuent habituellement au prophète Ésaïe
du VIIIe siècle av. J.-C., mais également les chapitres ultérieurs, ce que l’on appelle le
Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les chapitres 48-54 d’Ésaïe sont tous cités dans le Livre de
Mormon, certains passages plusieurs fois (1 Né. 20-21 ; 2 Né. 6:16-8:25 ; Mos. 12:21-24 ;
14 ; 15:29-31 ; 3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45 ; 22). Par conséquent, l’existence d’un texte
pratiquement complet d’Ésaïe vers la fin du VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le
Livre de Mormon, annule les arguments en faveur de l’idée d’une pluralité d’auteurs
ultérieurs, que ces arguments soient historiques, théologiques ou littéraires.
Enfin, il existe d’autres témoins importants de l’existence d’un seul auteur pour Ésaïe,
tout particulièrement Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15 ; 15:7-9 ; Lu. 4:17-19 ; 3 Né. 16, 2022). En effet, après avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45) et
répété Ésaïe 54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ ressuscité recommande à ses
disciples du Livre de Mormon d’étudier les paroles d’Ésaïe et ajoute : « Je vous donne le
commandement de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe.
Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon peuple qui est de la maison
d'Israël » (3 Né. 23:1-2).
Depuis les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne sont pour la
paternité unique d’Ésaïe. La Septante, les manuscrits de la mer Morte et d’autres textes
antiques ne fournissent aucune indication d’une multiplicité d’auteurs. Les saints des
derniers jours acceptent ce que dit Jésus ressuscité, à savoir qu’Ésaïe était un voyant et
un révélateur dont les prophéties, telles qu’on les trouve tout au long de son livre, finiront
toutes par s’accomplir (3 Né. 23:1-3). C’est en particulier parce que Jésus attribue Ésaïe
52 et 54 au prophète d’autrefois que les saints des derniers jours ont conclu que le livre
d’Ésaïe est l’ouvrage inspiré d’Ésaïe, fils d’Amots, le prophète du VIIIe siècle.
Bibliographie
Adams, Larry L., et Alvin C. Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship
Problem". BYU Studies 15, automne 1974, p. 95-102.
Anderson, Francis I. "Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p. 2.
Gileadi, Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah. Thèse de doctorat, université
Brigham Young, 1981.
Kissane, E. J. The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande, 1941, 1943.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John A. "Isaiah Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the Prophets,
dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward J. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR L. LUDLOW
Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Auteur : DAVIES, LEGRANDE
Les textes d’Ésaïe cités dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls textes
existants d’Ésaïe qui n’ont aucune source linguistique « originale » à laquelle la traduction
puisse être textuellement comparée. Ces textes anglais datent de la traduction et de la
publication initiale du Livre de Mormon (1829).
Ces textes d’Ésaïe ont été cités et paraphrasés par beaucoup de prophètes du Livre de
Mormon qui avaient une copie d’Ésaïe sur les plaques d’airain. Les tentatives de
déterminer l’authenticité de ces textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon en les comparant
aux textes hébreu, grec et latin d’Ésaïe ne manquent pas d’intérêt, mais de tels efforts
sont discutables parce que l’on ne dispose pas des textes antiques qui sont à la base de
la traduction d’Ésaïe du Livre de Mormon pour pouvoir les étudier. On peut cependant
apprendre beaucoup de choses en comparant les nombreuses versions et traductions
anciennes d’Ésaïe aux textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Ce genre de
comparaisons a pour résultat de faire d’Ésaïe dans le Livre de Mormon un véritable objet
de recension.
Les passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon contiennent beaucoup de
ressemblances avec ceux de la traduction de la Bible, ce qui semblerait indiquer que les
deux partagent une origine massorétique hébraïque. Cependant, beaucoup d’autres
particularités des textes du Livre de Mormon impliquent une origine liée à des textes
semblables à ceux dont la Septante grecque et la Vulgate latine dérivent. Ces variantes
particulières sont suffisamment importantes pour que l’on ne puisse reléguer les textes
d’Ésaïe du Livre de Mormon au rang d’une simple copie de la King James Version. Les
textes d’Ésaïe que l’on trouve dans la traduction anglaise du Livre de Mormon possèdent
un caractère distinctif qui indique une origine textuelle propre. La question importante n’est
pas : « Les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont-ils authentiques ? » La question
est plutôt : « Trouve-t-on dans les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon la preuve de la
présence de variantes en plus des textes normalement reconnus ? » Ne devraient-ils pas
être considérés comme aussi valides que, par exemple, les textes d’Ésaïe de la mer
Morte ?
L’une des critiques principales à l’égard des textes d’Ésaïe du Livre de Mormon est
qu’ils contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible en sont venus à
appeler le « Proto-Ésaïe » et le « Deutéro-Ésaïe ». Il est évident que les textes d’Ésaïe du
Livre de Mormon contiennent des données qui vont à l’encontre des théories modernes
sur la paternité multiple du livre d’Ésaïe (voir Ésaïe : Paternité littéraire) ; car si l’on
accepte les origines des passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon comme le disent ses
auteurs, cela veut dire que, dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe était essentiellement ce qu’il
est aujourd’hui. La valeur principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de
permettre de dégager des thèmes et des structures de langage spéciaux, c’est-à-dire de
permettre une meilleure compréhension du message, pas de déterminer qui est l’auteur.
L’option la plus viable et certainement la plus productive pour déterminer l’origine des
textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon est donc un examen interne.
Le Livre de Mormon dit que dans « la première année du règne de Sédécias, roi de
Juda » (1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses frères récupérèrent à Jérusalem des
« annales » écrites par leurs ancêtres sur des plaques d’airain (1 Né. 3-4), qu’ils
emportèrent en Amérique. Elles contenaient les prophéties d’Ésaïe (1 Né. 19:22-23 ; cf.
5:13). Tous les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont des citations de ces annales,
excepté peut-être les passages cités par Jésus ressuscité (cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce
soit en citant directement ou en paraphrasant, les prophètes du Livre de Mormon
essayaient de faire deux choses : « persuader [les gens] de croire au Seigneur, leur
Rédempteur » (1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu pour son peuple, comme le note
le prophète Ésaïe (par exemple, 2 Né. 25:7 ; Hél. 8:18-20 ; 3 Né. 23:1-2). Ces éléments
donnent une qualité singulière aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon, parce qu’ils
préservent presque exclusivement les textes concernant le salut et les principes sauveurs
et ignorent les passages historiques d’Ésaïe. Les préoccupations des prophètes du Livre
de Mormon étaient doctrinales et les passages étaient utilisés pour exposer leur
témoignage. De plus, les passages qui concernent le salut dans les derniers chapitres
d’Ésaïe sont présentés pour prouver que Jésus était le Messie promis (cf. Mos. 13:3315:31, qui cite És. 53 ; 52:7, 8-10). Alors que les spécialistes de la Bible au XIXe siècle
affirmaient que la notion de « Messie sauveur » était apparue après l’exil babylonien (587538 av. J.-C.) et que par conséquent les derniers chapitres d’Ésaïe doivent être datés de
la fin du VIe siècle ou plus tard, les textes du Livre de Mormon sapent manifestement cette
théorie.
Des changements mineurs ont été apportés aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon
depuis la publication de l’ouvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes ont
essayé de corriger les fautes d’impression originelles et de rendre le texte d’Ésaïe de
l’édition actuelle « conforme aux manuscrits anglais antérieurs à la publication et aux
premières éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le prophète » (« Brève
explication concernant le Livre de Mormon » édition anglaise de 1981 du Livre de
Mormon). Aucun de ces changements n’a été conséquent.
Bibliographie
Eissfeldt, Otto. The Old Testament : An Introduction, p. 303-346. New York, 1965.
Nibley, Hugh. Since Cumorah, p. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes, John A. “The Isaiah Variants in the Book of Mormon". F.A.R.M.S. Paper. Provo,
Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES
TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre de Mormon
Ésaïe
1 Né. 20-21
48-49
1 Né. 22:6
49:22
1 Né. 22:8
49:22-23 ; 29:14
1 Né. 22:10-11
52:10
2 Né. 6:6b-7
49:22-23
2 Né. 6:15
29:6
2 Né. 6:16-8:25
49:24-52:2
2 Né. 9:50-51
55:1-2
2 Né. 12-24
2-14
2 Né. 25:17 (mélangé)
11:11 et 29:14
2 Né. 26:15-16, 18
29:3-5
2 Né. 26:25
55:1
2 Né. 27:2-5
29:6-10
2 Né. 27:6-9
29:4, 11
2 Né. 27:15-19
29:11-12
2 Né. 27:25-35
29:13-24
2 Né. 28:9b
29:15
2 Né. 28:14b
29:13b
2 Né. 28:16a
29:21
2 Né. 28:30a
28:10, 13
2 Né. 28:3
2 Né. 29:1
2 Né. 30:9, 12-15
Mosiah 12:21-24
Mosiah 14:1-12
Mosiah 15:10
Mosiah 15:14-18
Mosiah 15:29-31
3 Né. 16:18-20
3 Né. 20:32-35
3 Né. 20:36-46
3 Né. 21:8b
3 Né. 21:29
3 Né. 22:1b-17
Mro. 10:31
29:12-13
29:14, 11:11
11:4-9
52:7-10
53
53:10
52:7
52:8-10
52:8-10
52:8-10
52:1-3, 6-7, 11-15
52:15b
52:12
54
52:1-2 ; 54:2
Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur : NYMAN, MONTE S.
Ésaïe était l’un des prophètes-auteurs les plus importants de l’Ancien Testament. Le
Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures modernes des saints, confirment
cette évaluation et contiennent des commentaires abondants sur ses écrits. Le Livre de
Mormon cite 425 versets du livre d’Ésaïe et en paraphrase beaucoup d’autres, tirés des
plaques d’airain, annales apportées en Amérique par le prophète Léhi et sa famille (v. 600
av. J.-C.). Les citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont accompagnées des
interprétations des prophètes néphites et de Jésus-Christ ressuscité. Les Doctrine et
Alliances contiennent de même des citations et des paraphrases d’Ésaïe, dont beaucoup
éclairent le cadre et la pertinence de l’accomplissement de ses prophéties.
LE LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent explicitement les
écrits d’Ésaïe et les commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes
néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent abondamment et expliquent les
significations d’Ésaïe, Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites (34 apr. J.-C.),
commande à ses auditeurs « de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les
paroles d'Ésaïe » (3 Né. 23:1). La plupart des citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon
concernent deux thèmes : (1) le témoignage que Jésus-Christ viendrait au monde pour le
sauver (1 Né. 19:23 ; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations selon lesquelles même si le
Seigneur dispersait Israël, il le rassemblerait et le rétablirait, accomplissant les alliances
qu’il avait faites avec Abraham et Israël (2 Né. 6:5 ; cf. 9:1-2).
Pour ce qui est de la maison d’Israël, la citation la plus ancienne d’Ésaïe par Néphi
(chaps. 48-49) souligne deux types de dispersion : celle de grosses parties des tribus
d’Israël et celle de petits groupes parmi les nations de la terre (1 Né. 22:3-5 ; cf. És. 49:113). Les deux sortes d’Israélites dispersés seraient nourris temporellement et
spirituellement parmi les Gentils. L’aide temporelle aux Israélites conduirait ceux-ci à une
dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie. Les soins spirituels se feraient grâce à
« une œuvre merveilleuse » qui rassemblerait Israël hors de l’obscurité et des ténèbres et
l’amènerait à connaître son Rédempteur (1 Né. 22:6-12).
Néphi présente sa plus longue citation d’Ésaïe 2-14 (2 Né. 12-24) comme étant un
troisième témoin du Rédempteur d’Israël. Néphi, son frère Jacob et Ésaïe avaient chacun
vu le Rédempteur (sous l’aspect du Jésus-Christ prémortel) face à face (2 Né. 11:2-3 ; cf.
2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi (1 Né. 11:13-20) éclaircit les paroles d’Ésaïe
annonçant l’avènement du Christ (cf. 2 Né. 17:14 ; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14 ; 9:6-7]).
Le commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit ce qui devait arriver aux juifs (2 Né.
25:9-21 ; cf. És. 3:1-15 ; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né. 25:22-26:11 ; cf. És. 29:1-4) et
parmi les Gentils (2 Né. 26:12-28:32 ; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par révélation que
quand le Livre de Mormon paraîtrait chez les Gentils, les Églises seraient remplies
d’orgueil et d’érudition, des combinaisons secrètes régneraient et les supercheries de
prêtres seraient florissantes (2 Né. 26:14-33 ; cf. És. 3:16-4:1 ; 2 Né. 13:16-14:1). En
revanche, il vit que de belles branches d’Israël seraient purifiées et grandiraient tant en
Sion qu’à Jérusalem et qu’elles seraient protégées par le Seigneur (És. 4:2-6 ; 2 Né. 14:26). Amplifiant la prophétie d’Ésaïe, Néphi prophétisa que les Gentils qui se repentaient
seraient comptés avec la maison d’Israël et deviendraient héritiers des bénédictions
promises (2 Né. 30:1-3). Il affirma que son propre peuple recevrait de nouveau l’Évangile
de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable (2 Né. 30:4-6). Il prédit le
rassemblement des juifs à Jérusalem quand ils commenceraient à croire au Christ et
deviendraient aussi un peuple agréable (2 Né. 30:7).
Le prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes avaient parlé de la
venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans
une des explications les plus lucides du ministère et de l’expiation du Christ, Abinadi
explique que le chapitre 53 d’Ésaïe souligne que « Dieu lui-même descendra parmi les
enfants des hommes et rachètera son peuple » et que, grâce à sa rédemption, il tiendrait
« entre eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui leur iniquité et
leurs transgressions … et ayant satisfait aux exigences de la justice [de Dieu] » (Mos.
15:1-9).
Pendant sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus ressuscité
cite, parmi ses principaux textes, Ésaïe 52 et 54. Il déclare que quand les paroles d’Ésaïe
s’accompliront, les alliances faites avec la maison d’Israël seront accomplies (3 Né. 20:1112). L’Évangile sera enseigné aux juifs dans les lieux où ils sont dispersés et, après qu’ils
l’auront accepté, ils retourneront à Jérusalem et instruiront leur propre peuple (3 Né.
20:29-35 ; cf. És. 52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un signe que le retour des juifs à
Jérusalem indiquera que le rétablissement aura déjà commencé chez d’autres Israélites
en Sion, en Amérique (3 Né. 21:1-7 ; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au
serviteur « défiguré » d’Ésaïe 52:13-15, il parle de « l’œuvre merveilleuse » du serviteur.
Si le serviteur défiguré est clairement Jésus dans sa condition mortelle (Mos. 15:1-9), les
paroles d’Ésaïe constituent une double prophétie parce que Jésus ressuscité dit qu’elle
désigne également un serviteur dans les derniers jours. Les saints des derniers jours
croient que ce serviteur est le prophète Joseph Smith et que l’œuvre merveilleuse
mentionnée était la parution du Livre de Mormon et le rétablissement de l’Évangile (3 Né.
21:8-11).
Tout en amplifiant les paroles d’Ésaïe, Jésus prédit l’édification de la nouvelle
Jérusalem sur le continent américain par un reste de la maison d’Israël avec l’aide de
Gentils convertis (3 Né. 21:22-25 ; cf. 20:22). L’Évangile doit être prêché parmi les divers
groupes de la maison d’Israël, notamment les Lamanites et les tribus perdues (3 Né.
21:26).
LES DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et appliquer les
prophéties d’Ésaïe, les Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix citations ou
paraphrases d’Ésaïe. Deux thèmes dominent : l’Évangile sera rétabli et Israël sera
rassemblé ». Par exemple, l’œuvre prodigieuse et miraculeuse mentionnée dans Ésaïe
29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A 6:1) ; L’œuvre « étrange » de Dieu (És.
28:21) est le rétablissement de l’Église et de ses ordonnances du temple (D&A 95:4) ; les
« bonnes nouvelles » publiées « sur les montagnes » (És. 52:7) consistent en la
prédication de l’Évangile à toutes les nations (D&A 19:29) et le retour des tribus de Jacob
de parmi les nations (És. 49:6) signifie le retour d’Israël dispersé dans ses terres promises
(D&A 133:26-33).
Les autres thèmes sont l’édification de la Sion des derniers jours et de ses pieux (És.
54:1-2 ; D&A 82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És. 52:1-2 ; D&A 113:7-10), la
confirmation que Jésus est le seul Sauveur du monde (És. 43:11 ; D&A 76:1) et des détails
de sa seconde venue (És. 63:3-6 ; 64:1-5 ; D&A 133:37-52). Enfin beaucoup
d’événements attendus sont interprétés comme étant des événements millénaires (És.
65 ; D&A 101:30-31).
Bibliographie
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S. Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S. NYMAN
TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LES DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes suivantes proposent un échantillonnage de passages d’Ésaïe qui sont cités,
paraphrasés ou interprétés dans les Doctrine et Alliances.
Ésaïe
Doctrine et Alliances
1:27
1:18
1:19
2:2-31
4:5
4:6
5:1-7
8:16
11:1-5
11:4
11:10
11:16
13:1
13:10
88:87 ;
13:13
14:12
24:5
24:20
25:6
28:10
28:15, 18
28:21
29:14
32:2
34:5
35:1-2
6:1
45:10 ; 50:10-12
64:34
33:12-13
45:63-75 ; 84:5
115:6
101:43-62
88:84 ; 133:72
113:1-4
19:15
113:5-6
133:26-29
133:14
29:14 ; 34:9 ; 45:42 ;
133:49
21:6 ; 35:24
76:26
1:15
49:23 ; 88:87
58:8
98:12 ; 128:21
45:31 ; 5:19 ; 97:23
95:4 ; 101:95
4:1 ; 6:1 ; 11:1 ; 12:1 ; 14:1 ; 18:44 ; 76:9
21:13
38:22
49:24-25 ; 117:7
35:3
35:7-10
35:10
40:3
40:4
40:5
40:6
40:31
42:7
43:11
45:17
45:23
49:1
49:2
49:6
49:22
50:2-3
50:11
51:9-11
52:18
52:2
52:7
52:8
52:10
52:1
52:12
52:15
54:2
54:17
55:6
59:17
60:1-4
60:2
60:22
61:11
62:4
62:10
63:1-21
63:3-6
63:7-9
64:1-2
64:3-5
65:17
65:20
65:21-22
66:1
66:24
81:5
133:27-33
45:71 ; 66:11
33:10 ; 45:9 ; 65:1 ; 84:28
88:66
49:23 ; 133:22
101:23 124:7-8
89:20 ; 124:99
128:22
76:1
35:25 ; 38:33
76:110 ; 88:104
1:1
6:2 ; 11:2 ; 12:2 ; 14:2 ; 15:2 ; 16:2 ; 33:1 ; 86:9
86:11
45:9 ; 115:5
35:8 ; 133:66-69
133:70
101:18
2:14 ; 113:7-8
113:9-10
19:29 ; 31:3 ; 113:10
39:13 ; 84:98-99 ; 133:10
113:10 ; 133:3
138:42 ; 133:5
49:27 ; 58:56 ; 101:68, 72 ; 133:15
101:94
82:14 ; 133:9
71:9 ; 109:25
88:62-63
27:15-18
64:41-42
112:23
133:58
28:22
133:23-24
45:9 ; 115:5
33:46-48
76:107 ; 88:106 ; 133:50-52
133:52-53
34:8 ; 133:40-42
76:10 ; 133:43-45
29:23
63:51 ; 101:30
101:101
38:17
76:44
Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
Auteur : MADSEN, ANN N.
Le livre d’Ésaïe est l’un des ouvrages prophétiques les plus souvent cités dans les
Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon quittèrent Jérusalem, ils
emportèrent des annales sur des plaques d’airain qui contenaient beaucoup de livres de
l’Ancien Testament antérieurs à 600 av. J.-C., notamment Ésaïe. Très vite dans leurs
récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus
ressuscité exhortera ses auditeurs d’Amérique à sonder diligemment les paroles d’Ésaïe,
car « grandes sont les paroles d’Ésaïe » (3 Né. 23:1).
Les saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties d’Ésaïe s’accomplir dans
les événements contemporains. Quand il apparaît, les 21-22 septembre 1823, au prophète
Joseph Smith, l’ange Moroni cite Ésaïe 11 et dit qu’il est « sur le point de s’accomplir »
(JS–H 1:40). Ésaïe 29 est également considéré comme une prophétie annonçant la
parution du Livre de Mormon. Les enseignements de Joseph Smith contiennent beaucoup
d’allusions à Ésaïe, particulièrement en ce qui concerne les derniers jours précédant
l’avènement du Christ. En plus, Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et Alliances (par
exemple, 45:10 ; 50:10-12 ; 64:34-35 ; 133) et dans certains cas des interprétations sont
ajoutées (par exemple, D&A 113).
Plusieurs livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché à aider les
membres de l’Église et d’autres à comprendre les paroles d’Ésaïe. Certains de ces
commentaires s’adressaient à un auditoire érudit, d’autres ont été écrits pour les lecteurs
ordinaires.
En 1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur Ésaïe dans les dix
premiers chapitres de son livre The Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but
principal était de proposer des commentaires sous l’angle des saints des derniers jours,
notamment les idées de Joseph Smith, et d’analyser le livre entier d’Ésaïe du point de vue
historique et philologique. Il y a inclus l’interprétation de divers passages donnée par le
Livre de Mormon et un traitement en faveur d’une paternité unique. Il a également utilisé la
Septante et sa maîtrise de l’hébreu pour expliquer et parfois retraduire des passages. Bien
que ce soit la plus ancienne étude du genre, elle reste un classique de son espèce.
En 1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah (Provo, Utah), une
nouvelle traduction du texte hébreu avec des clefs interprétatives pour les lecteurs
ordinaires. Le livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone. En 1988, il a
publié un deuxième volume, The Book of Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa
précédente traduction et une introduction augmentée contenant quatre clefs interprétatives
qu’il a tirées du Livre de Mormon. Cet ouvrage note les lectures alternatives dans le texte
d’Ésaïe des manuscrits de la mer Morte et la Septante.
Deux volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great Are the
Words of Isaiah (Salt Lake City) à titre de commentaire et de guide d’étude. L’apport le
plus distinctif du livre est un ensemble de mentions d’Ésaïe dans les écrits de Joseph
Smith, le Nouveau Testament, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les
Autorités générales de l’Église. En 1982, Victor L. Ludlow a écrit Isaiah : Prophet, Seer,
and Poet (Salt Lake City). Les éléments importants sont son commentaire chapitre par
chapitre, ses propositions d’interprétations multiples de certains passages du texte, des
cartes et des notes historiques utiles et des commentaires doctrinaux mormons utilisant
diverses traductions du texte.
D’autres livres ont été écrits pour un auditoire mormon non spécialisé. The Living
Message of Isaiah, de L. LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses lecteurs à
apprécier les prophéties d’Ésaïe. Son apport distinctif est son annexe sur l’ouvrage
apocryphe L’Ascension d’Ésaïe.
En 1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times (Salt Lake City)
avec l’intention d’aider un auditoire de saints à comprendre Ésaïe comme quelqu’un qui a
vu l’époque moderne et en a parlé.
Mark E. Petersen est la seule Autorité générale à avoir écrit un livre sur Ésaïe, Isaiah
for Today (Salt Lake City, 1981). Son but était d’aider un auditoire non spécialisé à
rattacher les prophéties d’Ésaïe aux événements actuels.
ANN N. MADSEN
Esprit
Auteur : JENSEN, JAY E.
L'existence d’êtres d'esprit bons et mauvais est un point de doctrine important dans la
théologie des saints. L'esprit est une matière organisée intelligente, qui existe par luimême et est régi par des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont eu une
existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des saints sur ce sujet découlent des
écrits bibliques et modernes et des enseignements des prophètes modernes.
La révélation moderne déclare que « tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou
plus pur » que les matériaux physiques de la vie terrestre (D&A 131:7-8). Le prophète
Joseph Smith explique :
« Il y a une différence très sensible entre le corps et l’esprit ; le corps est censé être de
la matière organisée et beaucoup considèrent que l’esprit est immatériel, sans substance.
Nous ne sommes pas d’accord avec cette dernière opi¬nion et disons que l’esprit est une
substance, qu’il est matériel, mais que c’est une matière plus pure, plus souple et plus
raffinée que le corps, qu’elle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera
séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau
réunie dans la résurrection » [EPJS, p. 167].
Bien que le Seigneur ait révélé beaucoup de choses dans les Écritures anciennes et
modernes sur la matière d'esprit et les êtres d'esprit, il reste beaucoup d’inconnues,
particulièrement la pleine signification de termes tels que « intelligence », « lumière » et
« vérité », qui sont utilisés dans les révélations en rapport avec le mot « esprit ». La
matière d'esprit est identifiée à l’intelligence ou la lumière de la vérité (D&A 93:29). Joseph
Smith enseignait que les éléments n'ont pas été créés ni faits, mais peuvent être
organisés pour donner un être d’esprit. Cet esprit, intelligence ou lumière a toujours existé,
étant coéternel avec Dieu. Il peut se mouvoir et être mû ; il peut être organisé, mais il ne
peut pas être détruit. Les esprits existent d’eux-mêmes et « tous les esprits que Dieu a
jamais envoyés dans le monde peuvent se développer » (EPJS, p. 287), voulant dire qu’ils
sont capables de progresser et de mûrir intellectuellement et que « il n'y a jamais de
moment où l'esprit est trop vieux pour s’approcher de Dieu » (EPJS, p. 154).
Il ressort de la doctrine que l'esprit humain est la postérité littérale de parents exaltés
rendus parfaits, d’un Père et d’une Mère célestes (cf. No. 16:22 ; Hé. 12:9). Dieu a
instauré un plan de salut par lequel ses enfants d'esprit peuvent avancer et devenir
comme lui (voir Conseil dans les cieux). Paul dit que les hommes sont de la race de Dieu
(Ac. 17:28). Hommes et femmes ont tous vécu avec Dieu en tant qu'enfants personnels et
individuels d'esprit dans une vie prémortelle avant de naître dans un corps physique. De
même, l'existence spirituelle personnelle et individuelle de chacun se prolonge au-delà de
la mort du corps mortel.
Jésus-Christ était l'aîné de tous les enfants d'esprit de Dieu et est donc le frère aîné du
reste de l'humanité (voir Jésus-Christ : Premier-né dans l'esprit). Grâce à sa foi, il fut
permis au frère de Jared (vers 2200 av. J.-C.), de voir le corps d'esprit prémortel du
Seigneur. Celui-ci lui expliqua : « Vois-tu que vous êtes créés à mon image ? Oui, tous les
hommes ont été créés au commencement à mon image. Voici, ce corps, que tu vois
maintenant, est le corps de mon esprit… et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair
comme je t'apparais dans l'esprit » (Éther 3:15-16). Puisque les esprits sont la progéniture
de Parents célestes, ils sont à leur image et à leur ressemblance, hommes et femmes
(Ge. 1:26-27 ; Moï. 3:4-7 ; Abr. 3:18-23).
Hénoc eut la vision des esprits de tous les hommes et femmes qui avaient vécu ou qui
allaient encore vivre sur la terre et qui avaient d’abord été créés comme esprits dans les
cieux (Moï. 6:28 ; 7:38-40, 57). Abraham vit également les esprits prémortels de l'humanité
et remarqua qu'ils différaient en intelligence et en obéissance (Abr. 3:18-19). Il y avait
parmi eux beaucoup de nobles et de grands dont Dieu dit qu’il ferait des gouverneurs et
des dirigeants dans son royaume. Il fut dit à Abraham qu'il était l'un d’eux et qu’il avait été
choisi avant sa naissance (Abr. 3:22-23). Beaucoup furent préordonnés pour accomplir
certaines tâches quand ils seraient sur la terre (voir Préordination). Dans l'état prémortel,
les esprits reçurent leurs premières leçons dans l'Évangile et dans l’œuvre de Dieu qu'ils
allaient accomplir sur la terre (D&A 138:55-56 ; cf. Jé. 1:5 ; Ép. 1:3-4 ; Tit. 1:2). Beaucoup
de ces êtres d’esprit furent appelés et préparés dès la fondation du monde à cause de leur
foi et de leurs bonnes œuvres, pour détenir la prêtrise et enseigner l'Évangile et les
commandements de Dieu dans la condition mortelle (Alma 13:1-6).
Le libre arbitre est Inhérent à leur nature intelligente et ils sont capables de faire des
choix. Les Écritures enseignent que les esprits sont capables d’avoir toutes les émotions,
toutes les passions et toutes les expériences intellectuelles qui existent chez les mortels,
notamment l'amour, la colère, la haine, l'envie, la connaissance, l'obéissance, la rébellion,
la jalousie, le repentir, la fidélité, l'activité, la pensée et la compréhension. Utilisant leur
libre arbitre, certains des enfants de Dieu se rebellèrent dans la vie prémortelle et il
s’ensuivit une guerre dans les cieux. Les esprits rebelles suivirent Lucifer et furent
précipités avec lui sur la terre et devinrent des démons ou des esprits mauvais, qui
n’allaient jamais recevoir de corps physique sur terre (Moï. 4:1-4 ; D&A 76:25-27 ; cf. Ap.
12:4, 7-9 ; D&A 29:36). Satan et ses disciples restent des êtres d'esprit faits à l'image de
Dieu mais sont toujours rebelles et mauvais. Ils désirent avoir un corps mortel. Le
prophète Joseph Smith explique : « Le grand principe du bonheur consiste à avoir un
corps. Le diable n’a pas de corps, et c’est en cela que réside son châtiment. Il est
heu¬reux quand il peut obtenir la tente de l’homme, et lorsqu’il fut chassé par le Sauveur,
il demanda à entrer dans le troupeau de pourceaux, montrant qu’il préférait le corps d’un
pourceau à ne pas en avoir du tout » (EPJS, p. 145 ; cf. p. 240).
La révélation moderne n'a pas identifié ni éclairci la nature des séraphins ou des
chérubins mentionnés dans la Bible (Ge. 3:24 ; Es. 6:2) ni si ce sont des êtres d'esprit ou
simplement des représentations symboliques. Certains esprits sont des messagers du
Seigneur et servent les mortels (Hé. 1:14 ; D&A 129), mais les esprits qui les servent ne
peuvent pas remplir toutes les fonctions des anges qui ont un corps ressuscité (EPJS, p.
153, 262).
Un être d’esprit qui n'est jamais entré dans la condition mortelle est dans un état « non
incarné ». Un esprit qui se trouve dans un corps mortel est dans un état « incarné » et le
corps et l'esprit constituent l'âme (D&A 88:15). La mort est la séparation du corps physique
mortel d’avec l'esprit (Ja. 2:26), après quoi l'esprit vit dans un état « désincarné » dans le
monde d'esprit postmortel, tandis que le corps physique mortel, privé de vie, se
décompose dans la tombe. Dans le monde postmortel, l'esprit attend d’être « réincarné »
dans la résurrection, qui est la réunion définitive de l'esprit et du corps (Al. 11:44-45).
Toute personne qui se trouve dans la condition mortelle vient du monde d'esprit et tous
finiront par mourir et ensuite ressusciter.
La révélation moderne enseigne que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des êtres
ressuscités et exaltés, ce qui veut dire qu’ils ont un corps glorifié de chair et d’os (D&A
130:22). L'homme existe « pour avoir la joie » (2 Né. 2:25) et les révélations enseignent
qu'on ne peut connaître de plénitude de joie que dans l’état ressuscité lorsque l'esprit et le
corps sont inséparablement unis (D&A 93:33-34). Par conséquent, l'existence en tant
qu’esprit seulement, que ce soit dans le monde d’esprit prémortel ou dans le monde
d'esprit postmortel, a ses limites. Les esprits des morts qui connaissent le plan de Dieu et
la valeur du corps physique sont impatients de ressusciter (D&A 45:17 ; 138:50). Pour
avoir rejeté le plan du salut de Dieu, Lucifer et ses disciples se sont vu refuser à jamais la
possibilité d’avoir un corps physique et sont donc limités ou restreints dans leur
progression. Le Seigneur a déclaré : « Là où je suis ils ne peuvent venir, car ils n'ont
aucun pouvoir » (D&A 29:29).
La création d'esprit ne concerne pas le seul genre humain, mais tous les êtres vivants.
Les Écritures modernes enseignent que l'esprit humain est à l’image de ce qui est
physique, comme cela a été démontré dans le cas de l'esprit de Jésus-Christ, qui apparut
au frère de Jared, comme mentionné plus haut. Ainsi, « l'esprit de l'homme [est] à l’image
de sa personne, de même que l’esprit de la bête et de toute autre création de Dieu » (D&A
77:2 ; voir aussi Animaux). Moïse écrit que chaque plante des champs, chaque herbe, en
fait chaque chose, a été créée « dans le ciel » avant d’être naturellement sur la face de la
terre (Moï. 3:5-7). [Voir aussi Premier état ; Enfer ; Corps d'esprit ; Prison d'esprit.]
Bibliographie
« Le Père et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze. »
AF, p. 60-68. Salt Lake City, 1963.
Millet, Robert L., et Joseph F. McConkie. The Life Beyond. Salt Lake City, 1986.
"The Origin of Man", An official declaration dans MFP 4:200-206.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through the
Words of Mormon, To Learn with Joy, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 1-31. Provo,
Utah, 1990.
Smith, Joseph. Enseignements du Prophète Joseph Smith, dir. de publ. Joseph Fielding
Smith, p. 163-173. Traduction française.
Top, Brent, L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
JAY E. JENSEN
Évangile de Jésus-Christ
[Cette rubrique présente deux sujets : Évangile de Jésus-Christ : L'Évangile dans
l’enseignement de l'Église. Évangile de Jésus-Christ : Considérations étymologiques sur
« Évangile ». Le premier article décrit la conception que les saints des derniers jours ont
de l'Évangile de Jésus-Christ, l'enseignement fondamental de l'Église tel qu’il est présenté
dans les Écritures et dans les enseignements des prophètes modernes. Le deuxième
explore l'histoire complexe de ce terme et ses significations possibles, en particulier à
l’époque du Nouveau Testament en grec. ]
Évangile de Jésus-Christ : L'Évangile dans l'enseignement de l’Église
Jésus-Christ, ses apôtres et ses prophètes ont à diverses reprises annoncé « la bonne
nouvelle » ou « Évangile » que l’on peut être sauvé en allant au Christ. Le Père est
l'auteur de l'Évangile, mais celui-ci est appelé Évangile de Jésus-Christ parce que, en
accord avec le plan du Père, c’est l'expiation du Christ qui rend l'Évangile actif dans la vie
des hommes. L'Évangile du Christ est le seul véritable Évangile et « il n'y aura aucun autre
nom donné, ni aucune autre voie ni moyen par lesquels le salut puisse parvenir aux
enfants des hommes, si ce n'est dans et par le nom du Christ, le Seigneur Omnipotent »
(Mos. 3:17 ; cf. Ac. 4:12).
Quoique les saints des derniers jours utilisent le terme « Évangile » de plusieurs
manières, dont les utilisations chrétiennes traditionnelles, le Livre de Mormon et les autres
Écritures modernes le définissent avec précision comme le moyen par lequel une
personne peut aller au Christ. Dans tous ces passages scripturaires, l'Évangile ou doctrine
du Christ enseigne que le salut est accessible, par l’intermédiaire de ses serviteurs
autorisés, à tous ceux qui (1) croient au Christ, (2) se repentent de leurs péchés, (3) sont
baptisés dans l'eau en témoignage de leur volonté de prendre son nom sur eux et de
garder ses commandements, (4) reçoivent le Saint-Esprit par l’imposition des mains et (5)
persévèrent jusqu'à la fin. Tous ceux qui obéissent à ces commandements, reçoivent le
baptême de feu et du Saint-Esprit et persévèrent avec foi, espérance et charité seront
trouvés innocents au dernier jour et entreront dans le royaume des cieux (Al. 7:14-16, 2425 ; Hé. 6:1-2).
LE PLAN DE SALUT. Le président Brigham Young a enseigné que « l’Évangile du Fils
de Dieu qui a été révélé est un plan ou un système de lois et d’ordonnances, grâce auquel
les habitants de cette terre sont assurés de pouvoir retourner en la présence du Père et du
Fils sous condition d’obéissance stricte » (JD, 13:233). L'Évangile de Jésus-Christ est une
partie cruciale du plan de salut (ou plan de rédemption), qui donne à tous les hommes le
moyen d'obtenir la vie éternelle. À cause de la chute d'Adam, dont les effets se sont
étendus par héritage à toute l’humanité, tous sont sujets à la mort physique et à la mort
spirituelle (2 Né. 9:4-12 ; D&A 29:39-45 ; 1 Co. 15:12-22) et ne peuvent pas se sauver
eux-mêmes. Dieu, le Père aimant de tous les esprits, a déclaré que son œuvre et sa gloire
sont de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moï. 1:39). Dans ce but, il
a donné un Sauveur, Jésus-Christ, qui, à cause de son amour parfait, de sa pureté et du
fait qu’il est le Fils unique du Père dans la chair, était à la fois disposé et capable de s’offrir
en sacrifice pour les péchés du monde (Jn. 3:16). Par son expiation, le Christ a racheté
inconditionnellement tous les hommes, femmes et enfants des deux morts occasionnées
par la transgression d'Adam et Ève et les rachètera également de leurs propres péchés,
s’ils acceptent son Évangile et y obéissent (Moï. 6:62 ; D&A 20:17-25 ; 76:40-53).
ÉLÉMENTS DE BASE. Les révélations modernes disent que le Livre de Mormon
contient « la plénitude de l'Évangile » (D&A 20:9 ; 27:5 ; 42:12). De tous les ouvrages
canoniques, c’est le Livre de Mormon qui contient l'exposé le plus détaillé de l'Évangile.
Dans trois passages distincts, les éléments de base de l'Évangile sont expliqués par un
prophète ou par Jésus lui-même (2 Né. 31:2-32:6 ; 3 Né. 11:31-41 ; 27:13-21). Chacun de
ces passages est encadré par l'affirmation que « c'est ma doctrine » ou « c'est mon
Évangile. » Les révélations données au prophète Joseph Smith confirment dans le
moindre détail ces déclarations du Livre de Mormon sur l'Évangile (voir D&A 18:17-23 ;
19:29-31 ; 20:25-29).
Ces textes fondamentaux répètent plusieurs fois, avec de légères variantes, les
éléments de base du message de l'Évangile. Joseph Smith les appelle en résumé « les
premiers principes et ordonnances de l'Évangile » (4e A de F).
1. La Foi. L'enseignement de l’Église fait de la foi en Jésus-Christ le premier principe
de l'Évangile. La primauté de la foi est double. La personne qui accepte l'Évangile doit
commencer par la foi en Jésus-Christ et croire qu’il a le pouvoir de sauver les hommes de
leurs péchés. Sans la foi, personne ne serait fortement motivé à se repentir et à vivre le
reste des principes de l'Évangile. La foi est également à la base des autres éléments de
l'Évangile en ce sens que chacun d’eux dépend considérablement d’actes de foi. Dans ce
sens, Néphi 1 compare la pratique de l'Évangile à l’entrée dans un chemin étroit et
resserré qui conduit à la vie éternelle. La porte par laquelle on peut entrer dans ce chemin
est le repentir et le baptême. Avec l'inspiration du Saint-Esprit, on peut suivre le chemin en
faisant preuve de foi et en persévérant jusqu'à la fin. Ainsi, la foi en Jésus-Christ est un
lien entre ce qu'on fait pour franchir la porte et ce qu’on doit faire ensuite. On ne peut
franchir la porte en se repentant et en faisant les alliances du baptême « que par la parole
du Christ, avec une foi ferme en lui, vous reposant entièrement sur les mérites de celui qui
est puissant à sauver » (2 Né. 31:19). Après être entré sur ce chemin étroit et resserré, on
ne peut atteindre le salut qu’en avançant « résolument, avec constance [foi] dans le
Christ… vous faisant un festin de la parole du Christ » (2 Né. 31:20), ce qui inclut les
choses que le Saint-Esprit nous dit de faire (2 Né. 32:3, 5).
2. Le Repentir. Le caractère essentiel de la foi est souligné par la façon dont l'Évangile
est présenté dans le Livre de Mormon où la foi est habituellement mentionnée au centre et
l'appel au repentir au début. Les individus doivent abandonner leurs péchés et offrir le
« sacrifice [d’]un cœur brisé et [d’]un esprit contrit ». Ceci exige du pécheur qu’il descende
dans les profondeurs de l'humilité et devienne « comme un petit enfant » (3 Né. 9:20-22).
3. Le Baptême. L'Évangile souligne la nécessité absolue du baptême pour ceux qui
sont responsables et capables de pécher. Comme le repentir, le baptême est aussi un
commandement et les candidats au salut doivent être baptisés afin d'obéir au
commandement (voir 2 Né. 31:6-7).
Cette ordonnance essentielle est un témoignage au Père que la personne repentante a
fait alliance avec Dieu de garder ses commandements et a pris sur elle le nom du Christ.
La foi en Jésus-Christ, le repentir et le baptême sont la porte par laquelle on entre dans
le chemin qui conduit à la vie éternelle (2 Né. 31:13-15). Comme les enfants en bas âge
sont incapables de pécher ou de contracter de telles alliances, il est commandé aux
parents de les préparer pour le baptême avant qu'ils atteignent huit ans, l'âge de
responsabilité fixé par la révélation (D&A 68:25-28 ; voir Baptême des petits enfants).
4. Le Saint-Esprit. Tandis que le baptême d'eau symbolise la purification et le passage
de la mort à la vie, la purification ou rémission proprement dite des péchés découle de
l’obéissance comme don de Dieu « par le feu et par le Saint-Esprit » (2 Né. 31:17 ; Mt.
3:11), par lequel la personne naît de Dieu, étant devenu une « nouvelle créature » (Mos.
27:24-26 ; 1 Pi. 1:23). Cette expérience spirituelle est un témoignage du Père et du Fils
que le sacrifice du pénitent a été accepté. Après que Jésus eut instruit les Néphites et
qu’ils eurent été baptisés, « le Saint-Esprit tomba sur eux et ils furent remplis du SaintEsprit et de feu » (3 Né. 19:13 ; cf. Ac. 2:4).
Le don du Saint-Esprit, conféré par l'imposition des mains par quelqu’un ayant
l'autorité, contient la promesse que « si vous voulez entrer par le chemin et recevoir le
Saint-Esprit, il vous montrera tout ce que vous devez faire » (2 Né. 32:5). Ce don est un
compagnon constant par lequel l'individu reçoit directement « les paroles du Christ » pour
guider sa vie, en plus des enseignements inspirés des dirigeants de l’Église (2 Né. 32:3 ;
voir aussi Jn. 14:26 ; 16:13).
5. Persévérer jusqu'à la fin. « Persévérer jusqu'à la fin » est l'expression scripturaire qui
décrit le reste de la vie du membre de l'Église du Christ qui a adopté les premiers
principes de l'Évangile et a franchi la porte qui conduit à la vie éternelle. Une fois sur ce
chemin étroit et resserré, le membre doit avancer résolument avec foi et continuer dans
l'obéissance à tous les commandements de Dieu. La foi est liée à l'espérance et à la
charité. Le fait de recevoir la rémission des péchés produit l’espérance du salut. C'est plus
qu'un désir et cela donne un sentiment d'assurance. Ce genre d’espérance devient sans
cesse plus lumineux sous l’action du Saint-Esprit si l’on est constamment obéissant (Ét.
12:4). La charité, « l'amour pur du Christ », est une caractéristique de ceux qui obéissent
aux commandements (Mro. 7:3-4, 47). Ce genre de personnes reproduit auprès des
autres le même genre d'amour pur qu'il reçoit du Seigneur.
6. Le Salut. En plus de recevoir des bénédictions quotidiennes, Jésus-Christ promet
que ceux qui se conforment à tous les principes et ordonnances recevront la vie éternelle.
Comme révélé au prophète Joseph Smith, le salut nécessite qu’on devienne héritier de la
plénitude du royaume céleste (D&A 76:50-70).
Tous les ouvrages canoniques de l’Église contiennent des énoncés clairs de l'Évangile
de Jésus-Christ (voir D&A 10:63-70 ; 11:9-24 ; 19:29-32 ; 20:37 ; 33:10-13 ; 39:6 ; 68:25 ;
Moï. 5:14-15, 58 ; 6:50-53). Les saints des derniers jours trouvent le même concept dans
beaucoup de passages du Nouveau Testament (Mt. 3:11 ; 24:13-14 ; Ac. 2:38 ; 19:4-6 ;
Ro. 1:16), bien que qu’il n’y ait souvent que quelques-uns des six éléments principaux qui
soient spécifiquement mentionnés dans un passage donné. C'est également vrai du Livre
de Mormon. Par exemple, la promesse que « ceux qui croient en lui seront sauvés »
(2 Né. 2:9) peut être comprise comme un mérisme (abréviation d'une formule qui ne
conserve que le premier et le dernier élément) qui appelle implicitement chacun des six
composants même s’ils ne sont pas mentionnés explicitement. Un autre mérisme dit que
la vie éternelle, c’est croire en Jésus et persévérer jusqu'à la fin (2 Né. 33:4 ; cf. v. 9).
AUTRES SIGNIFICATIONS. Bien que l'accent soit mis sur les vérités nécessaires au
salut, l'utilisation du terme « Évangile » chez les saints des derniers jours ne se limite pas
à la définition scripturaire. Les saints appellent habituellement « Évangile » l’ensemble de
leurs croyances religieuses. Selon l’interprétation la plus large, toute vérité ayant Dieu
pour origine peut être incluse dans l'Évangile. Le président Joseph F. Smith a dit : « Au
sens théologique du terme, l'Évangile signifie plus que simplement la bonne nouvelle avec
la joie qui l’accompagne dans l’âme des hommes, parce qu’il englobe tous les principes de
la vérité éternelle. Il n'y a pas de principe fondamental ou de vérité, où que ce soit dans
l'univers, qui ne soit englobé dans l'Évangile de Jésus-Christ et il ne se limite pas aux
premiers principes simples, tels que la foi en Dieu, le repentir du péché, le baptême pour
la rémission des péchés et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, bien que
ceux-ci soient absolument essentiels au salut et à l'exaltation dans le royaume de Dieu »
[p. 85-86].
Malgré cet éventail de significations liées à l'Évangile, comme l’explique le président
Smith, les vérités salvatrices englobées dans les premiers principes sont indispensables et
doivent être respectées si l’on veut obtenir le salut. C’est sur elles que l'Église concentre
ses enseignements et ses pratiques. Les saints des derniers jours sont strictement tenus
de parler des principes fondamentaux, des premiers principes de l'Évangile, aux autres
pour que tous aient une chance égale d'obtenir le salut. Les efforts missionnaires des
membres et des missionnaires à plein temps ont pour but d’inviter les autres à aller au
Christ par l'obéissance aux principes et aux ordonnances de l'Évangile.
Le président Ezra Taft Benson a de même expliqué que « l'Évangile peut être
considéré sous deux perspectives. Au sens le plus large, l'Évangile englobe toute la vérité,
toute la lumière, toute la connaissance révélées à l'humanité. Dans un sens plus restrictif,
l'Évangile signifie la doctrine de la Chute… [et de] l'Expiation ». Pour clarifier le sens
restrictif, il explique : Quand le Sauveur parlait de son Évangile, il voulait dire… les lois, les
alliances et les ordonnances auxquelles les hommes doivent satisfaire pour assurer leur
salut. Il voulait dire la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir de tous les péchés, le
baptême par immersion par une personne autorisée pour la rémission de nos péchés et la
réception du don du Saint-Esprit, et finalement être vaillant jusqu'à la fin de ses jours dans
son témoignage de Jésus. C'est là l'Évangile que Jésus a prêché » [p. 30].
Ceux qui meurent sans entendre l'Évangile tandis qu’ils étaient dans la condition
mortelle recevront cette occasion dans le monde d'esprit. Les ordonnances nécessaires
du baptême et de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit seront accomplies en
faveur des morts dans les temples modernes par les membres vivants. Les défunts
décideront par eux-mêmes d’accepter ou de rejeter les ordonnances accomplies en leur
faveur (voir Salut des morts).
LA NATURE ÉTERNELLE DE L'ÉVANGILE. Les saints des derniers jours croient que
l'Évangile a toujours existé et continuera à exister à toute éternité. Le prophète Joseph
Smith a dit : « Le grand Jéhovah envisagea l’ensemble des événements liés à la terre,
relatifs au plan de salut avant qu'elle ne prenne son départ dans l'existence ou même
avant que ‘les étoiles du matin éclatent en chants de joie » (EPJS, p. 177). La nature
éternelle de l'Évangile a également été soulignée par le président John Taylor, qui a
déclaré que « l'Évangile est un principe vivant, permanent, éternel et immuable qui a
existé à égalité avec Dieu et existera toujours, aussi longtemps que le temps et l'éternité
dureront, partout où il est développé et rendu manifeste » (p. 88).
Les Écritures modernes expliquent qu'après que le Seigneur eut enseigné le plan du
salut et l'Évangile à Adam et Ève (Moï. 5:4-11), Adam « fut enlevé par l'Esprit du
Seigneur » dans l'eau où il fut baptisé. Après son baptême, « l’Esprit du Seigneur
descendit sur lui, et c'est ainsi qu'il naquit de l'Esprit » (Moï. 6:48-68). En décrivant plus
tard cette expérience, Hénoc explique que Dieu appela Adam de sa propre voix, lui
enseignant le même Évangile que celui exposé dans les autres Écritures : « Si tu veux te
tourner vers moi, écouter ma voix, croire, te repentir de toutes tes transgressions et être
baptisé dans l'eau, au nom de mon Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité, lequel
est Jésus-Christ, le seul nom qui sera donné sous le ciel par lequel le salut sera donné
aux enfants des hommes, tu recevras le don du Saint-Esprit » [Moï. 6:52].
L’Écriture moderne rapporte qu'Adam et Ève enseignèrent l’Évangile à leurs enfants,
mais que Satan vint parmi eux et persuada certains de l'aimer plus que Dieu (Moï. 5:13 ;
voir Démons). Ainsi en a-t-il été des descendants d'Adam et Ève et, dans cette situation, le
Seigneur invita les hommes de partout à croire au Fils et à se repentir de leurs péchés afin
d’être sauvés. Ce message d'Évangile était « un ferme décret » envoyé « dans le monde
jusqu'à la fin de celui-ci » et fut prêché dès le commencement par des anges, par la voix
de Dieu et par le Saint-Esprit (Moï. 5:12-15, 58-59).
Les saints des derniers jours comprennent l'histoire du monde en termes de périodes
de fidélité et d'apostasie. Bien qu'il y ait eu beaucoup de périodes où l'Évangile de JésusChrist a été perdu sur la terre, il a été à plusieurs reprises rétabli par des prophètes
envoyés pour annoncer de nouvelles dispensations de l'Évangile. L'Évangile a été donné
à des générations successives et conservera éternellement son efficacité. Le
rétablissement de la plénitude de l'Évangile avec Joseph Smith lance la « dernière
dispensation » ou dispensation de la plénitude des temps et il a été promis que l'Évangile
ne sera plus jamais enlevé de la terre. L'Évangile de Jésus-Christ continue à être le seul
moyen donné sous le ciel par lequel les hommes et les femmes puissent aller vers leur
Sauveur et être sauvés et est la norme selon laquelle tous les hommes seront jugés (voir
Jugement dernier).
Évangile de Jésus-Christ : Considérations étymologiques sur « Évangile »
Auteur : REYNOLDS, NOEL B.
Le mot « Évangile » dérive du grec euaggelion (latin, evangelium) ou « bonne
nouvelle ». Le terme est utilisé dans le Nouveau Testament principalement pour désigner
le message du salut par Jésus-Christ, souvent désigné par le nom « Évangile de JésusChrist » (Marc 1:1), « Évangile de Dieu » (Mc. 1:14) ou « bonne nouvelle du royaume de
Dieu » (Lu. 8:1). L'Évangile, dans le Nouveau Testament, est la « bonne nouvelle » pour
tous les hommes que s'ils vont au Christ et gardent ses commandements, ils seront
sauvés (Mt. 7:21 ; Mc. 16:15-16). Paul utilise davantage euaggelion que les autres auteurs
du Nouveau Testament, adoptant aussi bien la forme nominale que la forme verbale du
terme grec. La pratique d’appeler « évangiles » les récits écrits de la vie et du ministère de
Jésus, est apparue parmi les chrétiens au premier siècle et était d’usage courant dès le
deuxième.
Bien que les Écritures modernes aient une notion plus définie de l'Évangile, leur
enseignement est conforté par les réflexions des savants sur l’étymologie possible du
terme tel qu’utilisé dans le Nouveau Testament. On y trouve des formes verbales et des
noms dérivés dont le sens premier est la remise de messages, en particulier de bonnes
nouvelles – la victoire au combat en étant un exemple courant. Ce sens est étendu dans
Ésaïe par application au héraut qui annonce le retour des exilés à Jérusalem, proclamant
la bonne nouvelle de la prospérité et de l'affranchissement ainsi que de la royauté de
Jéhovah (És. 52:7 ; voir Friedrich, p. 708).
En grec, euaggelion comportait les idées de libération vis-à-vis des ennemis et
d'affranchissement par rapport aux puissances démoniaques. Il pouvait désigner les
oracles ou plus exactement leur accomplissement. Ce faisceau de significations a fait
d’euaggelion un terme approprié pour les auteurs du Nouveau Testament qui voyaient
dans l'Évangile le moyen par lequel les hommes peuvent échapper aux puissances
mauvaises de ce monde et l’accomplissement des prophéties antiques concernant un
Messie à venir.
L’utilisation religieuse d'euaggelion avant l’époque chrétienne était commune aux cultes
impériaux populaires dans lesquels le culte des empereurs grecs et romains était censé
apporter la richesse et le pouvoir sous diverses formes. Quand les chrétiens ont
commencé à s’en servir, ils ont dû le faire avec ironie, forçant les auditeurs et les lecteurs
à comparer César sur son trône au Christ sur la croix et à faire le choix correspondant
entre la recherche universelle du pouvoir et de la richesse (les avantages matériels) de ce
monde et la voie singulière de la foi, du repentir et de l'Esprit enseignée par Jésus. Cette
comparaison implicite devient explicite quand trois évangiles du Nouveau Testament font
dire à Jésus qu’il faut rendre « à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »
(Mc. 12:17 ; cf. Mt. 22:21 et Lu. 20:25). Paul utilise la même ironie quand il qualifie
l'Évangile de mystère (voir Friedrich, p. 712, 723-25 ; Ép. 6:19). Ce qui a déçu certains
chez Jésus comme Messie c’était justement qu'il n'était pas le genre de sauveur que l’on
adorait dans le culte des empereurs.
Le Livre de Mormon utilise les termes « Évangile » et « doctrine » l'un pour l'autre,
d'une manière qui correspond à l'usage du Nouveau Testament, du moins dans la mesure
où tous les deux impliquent des communications qui peuvent être ramenées à des
déclarations verbales (voir Doctrine). Le terme « doctrine » (didaskalia) dans le Nouveau
Testament signifie « enseignement » et désigne soit la doctrine du Christ, soit les
enseignements vains du peuple ou des démons. De même, les auteurs du Livre de
Mormon utilisent « Évangile » et « doctrine » pour désigner un enseignement qui peut être
ramené à un ensemble de déclarations ou « points… de doctrine » (1 Né. 15:14 ; Hél.
11:22).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Collins, Raymond F. "Gospel." Encyclopedia of Religion, Vol. 6, p. 79-82. New York, 1987.
Friedrich, Gerhard. "Euaggelizomai, Euaggelion,…" Dans Theological Dictionary of the
New Testament, Gerhard Kittel, dir. de publ., Vol. 2, p. 707-737. Grand Rapids, Mich.,
1964.
Nibley, Hugh. "Prophets and Glad Tidings." dans CWHN 3:259-267.
Piper, O. A. "Gospel," Dans Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 442-48.
Nashville, Tenn., 1962.
Roberts, B. H. The Gospel : An Exposition of Its First Principles and Man's Relationship to
Deity. Salt Lake City, 1966.
Smith, Joseph F. GD, p. 85-86, 95-106.
Talmage, James E. AF, p. 52-170.
Taylor, John. Gospel Kingdom, Salt Lake City, 1964.
Yarn, David H., Jr. The Gospel : God, Man, and Truth. Salt Lake City, 1965.
NOEL B. REYNOLDS
Évangile, Plénitude de
Auteur : Farnsworth, Dean B.
L'expression « plénitude de l'Évangile » désigne la totalité de la doctrine de la
rédemption démontrée et enseignée dans le ministère et la vie de Jésus-Christ. Elle « se
compose des lois, des ordonnances, de la doctrine, des pouvoirs et de l’autorité
nécessaires pour permettre aux hommes d'acquérir la plénitude du salut » (MD, p. 333).
Plénitude est un terme parfois utilisé dans les Écritures pour décrire le Christ luimême, tant en ce qui concerne sa situation comme Fils de Dieu qu’en ce qui concerne ce
qu'il a offert à l'humanité. Jean, en témoignant du Sauveur, a dit : « … et nous avons tous
reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » (Jean 1:16). Recevoir la plénitude de ce que le
Sauveur a offert, c’est l'accepter comme étant celui qui a rendu le salut possible pour tous
grâce à l’Expiation et suivre ses enseignements. Ainsi, pour connaître une plénitude de
joie il faut observer les commandements de Dieu (D&A 93:27).
Le Christ lui-même a déclaré la plénitude de son Évangile : « Car je suis descendu du
ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé… La volonté de
mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le
ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:38-40).
Les saints des derniers jours croient que chaque prophète, de quelque dispensation
que ce soit, a prophétisé sur le Christ. Mais l'expression plénitude de l'Évangile implique
qu’il y a eu des périodes où l'Évangile n'était pas sur la terre dans sa plénitude, soit dans
la doctrine, soit dans les ordonnances. En 1820, un messager céleste a décrit le Livre de
Mormon à Joseph Smith comme « donnant l’histoire des anciens habitants de ce
continent » et « contena[n]t la plénitude de l'Évangile éternel, telle qu’elle avait été donnée
par le Sauveur » (JS — H 1:34).
Le président Ezra Taft Benson explique : « Le Livre de Mormon contient la plénitude
de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:9). Cela ne signifie pas qu’il contient chaque
enseignement, chaque point de doctrine jamais révélé. Ce que cela signifie, c’est que,
dans le Livre de Mormon, nous trouverons la plénitude des points de doctrine qui sont
nécessaires à notre salut. Et ils sont enseignés clairement et simplement pour que même
les enfants puissent apprendre les voies du salut et de l'exaltation » (Benson, p. 18-19).
Néphi 1, un prophète du Livre de Mormon vivant des siècles avant la venue du Christ,
a dit que la plénitude de l'Évangile ne serait pas toujours sur la terre. Dans une vision du
ministère futur du Seigneur, il a vu que certaines parties de l'Évangile seraient modifiées et
trafiquées. Néphi a écrit à propos de la Bible : « Lorsqu'il sortit de la bouche d'un Juif, il
contenait la plénitude de l'Évangile du Seigneur dont les douze apôtres rendent
témoignage. » Mais les hommes ont enlevé de la Bible « beaucoup de parties qui sont
claires et extrêmement précieuses; et il y a aussi beaucoup d'alliances du Seigneur [qu’ils
ont] ôtées », ce qui a entraîné la perte de l'Évangile (cf. 1 Néphi 13:24-29).
Les saints des derniers jours croient que cette apostasie et la corruption des Écritures
ont nécessité un rétablissement ultérieur de la plénitude de l'Évangile par l’intermédiaire
de prophètes appelés par Dieu. Ce rétablissement a commencé avec la première vision
de Joseph Smith, le prophète, en 1820, et s'est poursuivi avec des révélations ultérieures,
notamment les Écritures modernes et l'autorité de la prêtrise, qui restent aujourd'hui dans
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. [Voir aussi Rétablissement de
toutes choses ; Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.]
Bibliographie
Ezra Taft Benson. A Witness and a Warning. Salt Lake City, 1988.
DEAN B. FARNSWORTH
Évangile, Premiers principes de
Auteur : Hafen, Marie Kartchner
Les premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont « premièrement la foi au
Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par
immersion pour la rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le
don du Saint-Esprit » (4e A de F). Le Sauveur ressuscité a enseigné que ces principes
constituent son « Évangile »: « Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre, et venez
à moi, et soyez baptisées en mon nom, afin d'être sanctifiées par la réception du SaintEsprit, afin de vous tenir sans tache devant moi au dernier jour. En vérité, en vérité, je
vous le dis, c'est là mon Évangile » (3 Néphi 27:20-21 ; cf. Actes 2:37-38). Ces quatre
principes préparent les hommes à entrer dans le « sentier étroit et resserré qui conduit à la
vie éternelle » (2 Néphi 31:17-18).
Tout d'abord, la foi en Jésus Christ commence souvent par le désir de croire (Alma
32:26-28), qui peut être suscité quand on entend ou lit des témoignages vrais du Christ et
de son expiation rendus par d’autres personnes. On nourrit la foi par l’obéissance patiente
aux commandements de Dieu. La foi grandit ensuite selon un processus qui comprend le
repentir, le baptême pour la rémission des péchés, une confiance accrue dans le Christ et
finalement une nature semblable à celle du Christ (Hafen, p. 141-200).
Le repentir implique (1) la prise de conscience de sa culpabilité ; (2) une tristesse et
une souffrance selon Dieu ; (3) la confession pour être soulagé des effets nuisibles du
péché ; (4) la réparation, dans la mesure du possible ; (5) le remplacement du péché par
l’obéissance aux commandements de Dieu ; et (6) l’acceptation du sacrifice expiatoire du
Christ. Grâce à l'Expiation, si on se repent, la miséricorde du Christ satisfait aux exigences
de la justice.
Le baptême, troisième principe et première ordonnance essentielle, est le fruit du
repentir et est requis de tous ceux qui veulent être sauvés dans le royaume de Dieu (Jean
3:3-5 ; cf. 2 Néphi 9:23). Le baptême a plusieurs objectifs. C'est un lavage, une purification
symbolique des péchés et il est nécessaire pour pouvoir entrer dans l'Église. Lorsqu'il est
suivi de la réception du Saint-Esprit, c'est la porte ouverte à la sanctification personnelle
(Moroni 6:1-4). La méthode prescrite du baptême est par immersion dans l'eau par un
prêtre de la Prêtrise d'Aaron ou par un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek. « Le
symbolisme du rite n’est conservé sous aucune autre forme » (AF, p. 137).
Quand on « naît de l'Esprit » ou que l’on reçoit le don du Saint-Esprit, on obtient le
droit à l'aide, aux conseils et au réconfort constants du Saint-Esprit. « La tâche spéciale du
Saint-Esprit est d'éclairer et d'ennoblir l'esprit, de purifier et de sanctifier l'âme, d'inciter
aux bonnes œuvres et de révéler les choses de Dieu » (AF, p. 167). Quand on lui
demanda en quoi l'Église différait des autres religions de l'époque, Joseph Smith répondit :
« Nous différons par le mode de baptême et le don du Saint-Esprit... [et] que toutes les
autres considérations [les différences avec les autres églises] étaient contenues dans le
don du Saint-Esprit » (HC 4:42). Le don du Saint-Esprit est conféré par l’imposition des
mains par un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek.
Résumant le processus partant de la foi et du repentir pour aboutir à la sanctification,
le prophète Mormon, du Livre de Mormon, a déclaré : « Les prémices du repentir, c'est le
baptême; et le baptême vient par la foi pour accomplir les commandements; et
l'accomplissement des commandements apporte le pardon des péchés; et le pardon des
péchés apporte la douceur et l'humilité de cœur; et à cause de la douceur et de l'humilité
de cœur vient la visitation du Saint-Esprit, lequel Consolateur remplit d'espérance et
d'amour parfait, amour qui subsiste, par la diligence dans la prière, jusqu'à ce que vienne
la fin, lorsque tous les saints demeureront avec Dieu » (Moroni 8:25-26).
Ces quatre principes et ordonnances de l'Évangile sont les « premiers » parce qu'ils
lancent et activent le processus d’évolution depuis la nouvelle naissance spirituelle jusqu’à
l’accession à une nature divine.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Life’s Experiences. Salt
Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, Salt Lake City, 1969.
MARIE KARTCHNER HAFEN
Ève
Auteur : Campbell, Beverly
Les saints des derniers jours honorent Ève, première femme de la création terrestre,
compagne d'Adam et mère et matriarche du genre humain, comme l'une des personnes
les plus importantes, les plus vertueuses et les plus héroïques de toute la famille humaine.
Le don suprême d'Ève à l'humanité, la possibilité de vivre sur cette terre, découle de la
décision qu’elle a prise de devenir mortelle.
Ève, Adam, Abraham et d’autres étaient parmi les nobles et les grands impliqués dans
la création de la terre (Abr 3:22-24; cf. McConkie, p. 59). Dieu la préordonna et l’appela
Ève, « la mère de tous les vivants » ; dans le jardin d'Éden, Adam l’appela Ève, ce qui
reflète cet appel (Moïse 4:26). Elle fut créée spirituellement et physiquement de la même
manière qu’Adam (MD, p. 242). Dieu leur donna le nom d’Adam et « à l'image de son
corps, il créa l’homme et la femme » (Moïse 6:9).
Ève et Adam rencontrèrent un dilemme dans leurs efforts pour obéir aux
commandements de Dieu. Ils ne pouvaient pas garder le commandement principal d’avoir
des enfants tant qu'ils restaient non mortels dans le jardin (2 Néphi 2:22-23). L'interdiction
de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal était toutefois nuancée par les
mots « néanmoins, tu peux choisir par toi-même »(Moïse 3:16-17), et la conséquence
expressément indiquée était qu’ils deviendraient mortels.
Satan était là pour tenter Adam et Ève, tout comme il allait essayer d”en faire échouer
d'autres dans leur mission divine: « Et [il] essaya aussi de séduire Ève, car il ne
connaissait pas la pensée de Dieu, c'est pourquoi il essaya de détruire le monde » (Moïse
4:6 ; cf. Mt 4:3-11 ; Moïse 1:12-22; JS–H 1:15-16). Ève avait le choix entre la facilité
égoïste et affronter avec désintéressement les tribulations et la mort (Widtsoe, p. 193).
Comme le réclamait son appel, elle comprit qu'il n’y avait aucun autre moyen et choisit
délibérément la condition mortelle pour faire avancer le dessein de Dieu et faire venir des
enfants au monde.
L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours affirme qu’en prenant du fruit
de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Ève, aussi bien qu’Adam, a agi d'une
manière agréable à Dieu et en accord avec le plan prévu par lui (voir Chute d'Adam).
Brigham Young explique : « Le Seigneur savait qu'ils agiraient ainsi et il avait prévu qu'ils
le feraient » (JD 10:103). « Nous ne devrions en aucun cas en vouloir à Ève, en aucune
façon » (JD 13:145). Adam et Ève « ont relevé un grand défi... Ils ont choisi
judicieusement conformément à la loi céleste de l'amour pour les autres » (Widtsoe, p.
194). Par la suite, dans l’une des plus anciennes déclarations que l’on trouve dans les
Écritures, Ève résumera le Plan du Salut en parlant de la joie réservée à l'humanité dans
l'éternité: « Sans notre transgression, nous n’aurions jamais eu de postérité et nous
n'aurions jamais connu le bien et mal, la joie de notre rédemption et la vie éternelle que
Dieu donne à tous ceux qui obéissent » (Moïse 5:10-11).
Des parents célestes aimants ont préparé Ève et Adam à leur rôle dans la condition
mortelle. Après la Chute, Dieu donna à Adam et Ève la loi du sacrifice afin qu'ils puissent
obtenir le pardon des péchés commis dans la condition mortelle (Moïse 5:5). Il mit une
inimitié (une horreur du mal) entre la postérité d'Ève et Satan et ses disciples (Moïse
4:21). Dieu accorda à Ève le pouvoir d’être mère et lui révéla le difficile travail de
l'accouchement (Genèse 3:16-17)."
Adam et Ève étaient mari et femme. Tandis qu’ils étaient dans le jardin, Dieu les avait
scellés en un mariage éternel (Genèse 2:22-24). Dieu dit à Ève : « Tes désirs se porteront
vers ton mari, mais il dominera sur toi » (3:16). Le président Spencer W. Kimball a
expliqué que le mot hébreu traduit par « dominera » pourrait être mieux compris comme
voulant dire « ‘présidera’, parce que c'est ce qu'il fait » (Ensign, mars 1976, p. 72), et le
mari ne préside que quand il le fait dans la justice (voir Famille : Enseignements sur la
famille). Dans le même ordre d’idées, Dieu présenta Ève à Adam en des termes qui sont
rendus en français par l'expression « une aide semblable à lui », indiquant l’égalité entre
les deux.
Le Seigneur lui-même fit des vêtements de peaux et revêtit Adam et Ève (Moïse 4:27).
Ève donna à Adam des fils et des filles. Elle travailla avec lui. Ils prièrent le Seigneur et
entendirent sa voix (Moïse 5:4-5). Ils révélèrent tout à leurs enfants et leur apprirent à lire,
à écrire et à tenir les annales des souvenirs de la famille (Moïse 5:12 ; 6:5-6).
Ève « participe avec Adam à tout son ministère, [et] héritera conjointement avec lui de
toutes les bénédictions attachées à son état suprême d'exaltation" (MD, p. 242). Le
président Joseph F. Smith la vit en vision en 1918 : parmi les grands et les puissants dans
l’assemblée céleste des justes, il vit « notre glorieuse mère Ève avec beaucoup de ses
filles fidèles qui avaient vécu au cours des siècles et adoré le Dieu vrai et vivant » (D&A
138:39).
La chute d'Ève et d’Adam est profondément significative : ils ont ouvert la voie de la
condition mortelle à l'humanité tout entière et ils se sont assujettis à mort afin de permettre
une progression continue vers la vie éternelle. Notre mère Ève a donné à ses filles et à
ses fils un héritage d'honneur, car elle a agi avec sagesse, amour et un sacrifice
désintéressé.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Eve and the Fall." Dans Woman, p. 57-68. Salt Lake City, 1979.
Nibley, Hugh W. "Patriarchy and Matriarchy." CWHN 1:87-114.
Smith, Joseph Fielding. "Was the Fall of Adam Necessary?" Answers to Gospel Questions,
Vol. 4, p. 79-83. Salt Lake City, 1963.
Widtsoe, John A. "Was the "Fall' Inevitable?" Evidences and Reconciliations, p. 192-195.
Salt Lake City, 1987.
BEVERLY CAMPBELL
Ézéchiel, prophéties d’
Auteur : MESERVY, KEITH H.
Les prophéties d'Ézéchiel (593-v. 570 av. J.-C.) intéressent les saints des derniers jours
parce qu'elles contiennent des informations uniques sur des aspects de l’œuvre salvatrice
de Dieu pour ses enfants, telles que les responsabilités de la sentinelle ou dirigeant (chap.
3, 33), la nature du libre arbitre et de la responsabilité personnels (chap. 18), la
miséricorde et le pardon (chap. 18) et les relations de l'alliance de Dieu avec Israël et Juda
(chap. 34-39). Quand ils étudient le livre d’Ézéchiel, la plupart des saints des derniers
jours se concentrent sur les chapitres 34-48 parce qu'ils jettent de la lumière sur l’œuvre
de Dieu dans les derniers jours, notamment sur le retour d'Israël dans ses terres, le retour
du pays à une pleine productivité, la reconstruction du temple pour servir de résidence à
Dieu et la parution d’annales importantes qu'ils identifient à la Bible et au Livre de
Mormon.
Au chapitre 34, Ézéchiel décrit la dispersion des Israélites parmi les nations de la terre
comme une défaillance des dirigeants : les « bergers » d’Israël avaient exploité les
« brebis » au lieu d’en prendre soin (voir Israël : Dispersion d'Israël). En conséquence, le
Seigneur deviendra le Berger pour chercher les brebis perdues et pour les rassembler
« des diverses contrées… dans leur pays » (34:11, 13). Enfin un David moderne
deviendra leur dirigeant (34:24), l’aridité du pays sera surmontée (36:8-11), la mer Morte
sera poissonneuse (47:1, 7-10) et Israël, comme les nations, saura que le Seigneur est
avec lui et « [il saura] que je suis l’Éternel » (34:23-28, 30).
Les chapitres 35-36 décrivent les tensions qui apparaîtront quand les Israélites de
retour trouveront leur pays habité par d'autres qui le réclameront comme le leur (35:10, 12,
15 ; 36:2-5). Le Seigneur a cependant promis qu'il diviserait la terre « par le sort » parmi
les Israélites de retour pour leur héritage, assurant en même temps à tous les nonIsraélites vivant parmi eux qu'eux aussi se verraient accorder un « héritage… parmi les
enfants d'Israël » (47:22 [13-23]).
Le Seigneur insiste sur le caractère littéral de ce rassemblement (37:1-14). Comme
dans la Résurrection, les Israélites dispersés, comme des ossements desséchés,
pourraient quand même espérer être réunis une fois de plus dans leur propre pays en un
seul corps, avec les muscles et la chair, le souffle et l'esprit. La Résurrection est donc une
métaphore du rassemblement aussi bien que le moyen par lequel cela se fera, comme
promis par le Seigneur : « J'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô
mon peuple, et je vous ramènerai dans le pays d'Israël » (37:12).
Une fois que les Israélites se seront réunis et seront devenus prospères, ils vivront
paisiblement dans « des habitations sans murailles », « tranquilles », « en sécurité »,
« n’ayant ni verrous ni portes » (38:11). C’est alors qu’ils seront attaqués par Gog, dont le
but est de piller leur terre prospère. Dans les batailles qui s’ensuivront, le Seigneur
raffinera Israël tout en faisant tomber le jugement les nations, aussi bien celles qui
attaquent Israël que celles qui vivent dans des pays lointains (cf. És. 4:4 ; Za. 12:2-3 ;
14:2-3 ; So. 3:8 ; Éz. 39:2-4, 6, 11, 21-24). Jérusalem sera reconstruite comme centre
divin, le temple de Dieu sera érigé au milieu d’eux (chap. 40-47), et il y résidera de sorte
que Jérusalem sera appelée « sainte, parce que le Seigneur y sera » (TJS Éz. 48:35).
Dans ce contexte de rassemblement, Ézéchiel parle de la réunion des « bois » de Juda
et d’Éphraïm (c.-à-d., Israël), une réunion qui signale non seulement le commencement du
rassemblement d'Israël (Éz. 37:15-22 ; cf. 3 Né. 20:46 ; 21:1-3, 7-13) mais également le
moyen par lequel le rassemblement ultime, celui qui ramène les peuples à Dieu, se fera
(cf. 1 Né. 22:12 ; 2 Né. 6:11).
Les saints des derniers jours voient dans les annales de Juda la Bible et dans celles
d’Éphraïm le Livre de Mormon (D&A 27:5). Ils considèrent que quand le Livre de Mormon
a été traduit et publié, il est devenu possible d’unir les deux documents. Et puisque le but
explicite du Livre de Mormon est de convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le
Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations » (page de titre du Livre de Mormon), ils
voient dans cette union des témoignages le moyen principal par lequel Israël sera ramené
à Dieu (voir Livre de Mormon, Prophéties bibliques concernant).
Bibliographie
Meservy, Keith H. "Ezekiel's Sticks and the Gathering of Israel." Ensign 17, févr. 1987, p.
4-13.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets, p. 218-237. Salt Lake City, 1952.
KEITH H. MESERVY
F
Famille
[Cette rubrique se compose de deux articles : Famille : Enseignements au sujet de la
famille. Famille : Vie de famille. Le premier article présente les enseignements principaux
au sujet de la famille qui tendent à mettre les saints des derniers jours à part des autres et
se concentre sur les Écritures modernes et sur les enseignements des dirigeants de
l’Église. Le deuxième article donne une explication substantielle de la manière dont la
famille fait ensemble son expérience de membre de l’Église, notamment du fait que les
programmes de l’Église sont principalement axés sur la famille. Celle-ci est au centre de la
théologie, de la religion, de la société et de la culture des saints. En plus des articles cidessous, voir Enfants, Paternité, Mariage, Maternité, et Mère en Israël. Concernant les
règles et pratiques spécifiques de l’Église à propos de la famille, voir Maltraitance,
Conjoint et Enfant ; Adoption d’enfants ; Contrôle des naissances ; Divorce ; Soirée
familiale ; et Prière en famille.]
Famille : Enseignements au sujet de la famille
Auteur : BRADFORD, REED H.
L'unité de base de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est la famille :
« Le foyer est la base d'une vie juste et aucun autre instrument ne peut prendre sa place
ni accomplir ses fonctions essentielles » (McKay, préface). C’est au sein de la famille que
les gens connaissent la plupart des plus grandes joies et des plus grands chagrins de la
vie. Les relations familiales de chaque personne sur terre sont d'importance cardinale, et
de tous organismes sociaux créés pour les êtres humains, seule la famille est conçue pour
continuer dans la vie suivante.
LES FAMILLES SUR TERRE SONT LE PROLONGEMENT DE LA FAMILLE DE DIEU.
Selon le concept de la famille entretenu par les saints, toute personne est un enfant de
parents célestes aussi bien que de parents mortels. Chacun individu a été créé
spirituellement et physiquement à l'image de Dieu et du Christ (Moï. 2:27 ; 3:5). La
Première Présidence a déclaré : « Tous les hommes, toutes les femmes sont à la
ressemblance du Père et de la Mère universels, et sont littéralement les fils et les filles de
la Divinité » (MFP 4:203). Tout le monde, avant de venir sur cette terre, a vécu avec notre
Père et notre Mère célestes, et tout le monde a été aimé et instruit par eux en tant que
membre de leur famille éternelle (voir Vie prémortelle). La naissance unit l'esprit à un
corps physique de sorte qu'ensemble ils puissent recevoir « une plénitude de joie » (D&A
93:33 ; cf. 2 Né. 2:25).
LE MARIAGE EST ORDONNÉ DE DIEU. « Quiconque interdit de se marier n'est pas
mandaté par Dieu, car le mariage est institué par Dieu pour l'homme » (D&A 49:15). Le
mariage sanctionné par Dieu donne à l’homme et à la femme l'occasion d'accomplir leur
potentiel divin. « Dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la
femme » (1 Co. 11:11). Maris et femmes sont uniques par certains côtés et libres de
développer leurs dons éternels, et cependant étant égaux aux yeux de leurs parents
célestes, ils sont un dans les buts divins qu'ils poursuivent, dans leur dévotion aux
principes et aux ordonnances éternels, dans leur obéissance au Seigneur et dans leur
amour divin l'un pour l'autre. Quand un homme et une femme qui ont été scellés l’un à
l’autre dans un temple sont unis spirituellement, mentalement, émotionnellement et
physiquement, assumant la pleine responsabilité de s'entretenir mutuellement, ils sont
vraiment mariés. Ensemble ils s’efforcent d’imiter le prototype du foyer céleste dont ils
viennent. L'Église leur enseigne à se compléter, à se soutenir et à s’enrichir l’un l’autre.
LA FAMILLE PEUT DEVENIR UNE CELLULE ÉTERNELLE. Les membres dignes
peuvent être scellés par le pouvoir de la prêtrise pour le temps et l'éternité dans un saint
temple soit quand ils se marient soit après le mariage. Au moment de leur scellement au
temple, le mari et la femme entrent dans « un ordre de la prêtrise [appelé] la nouvelle
alliance éternelle du mariage » (D&A 131:1-4). Sans dignité ni autorité, un mariage ne peut
pas durer éternellement et est « sans efficacité, vertu ou force dans et après la
résurrection des morts » (D&A 132:7). Si un mari et sa femme sont fidèles à leur mariage
au temple, ils continueront comme co-créateurs dans le royaume céleste de Dieu à toute
éternité. Ils administreront les affaires de leur famille dans l'unité avec les conseils du
Saint-Esprit. Concernant les membres de l'Église non nés dans de tels foyers ou non
mariés dans cette vie sans que cela ne soit de leur faute, le président Spencer W. Kimball
a enseigné que ceux « qui auraient fait le nécessaire s’ils en avaient eu l’occasion
appropriée recevront toutes ces bénédictions dans le monde à venir » (Kimball, p. 295).
LE POUVOIR DE CRÉER LA VIE EST UN DON DE DIEU. Parce que le pouvoir de
procréation vient de Dieu, la pureté sexuelle est spirituelle et mentale, aussi bien que
physique et émotionnelle (voir Sexualité). Jésus a dit : « Quiconque regarde une femme
pour la convoiter a déjà commis l'adultère dans son cœur. Voici, je vous donne le
commandement de ne permettre à aucune de ces choses d'entrer dans votre cœur »
(3 Né. 12:28-29). La chasteté est sacrée (cf. Jcb. 2:28).
LA PROCRÉATION EST UN COMMANDEMENT DE DIEU. Par l'expérience sexuelle,
le mari et la femme enrichissent leur mariage et créent des corps physiques pour que des
esprits viennent sur terre réaliser les buts divins. Les saints des derniers jours s’efforcent
de créer une vie au foyer consacrée à atteindre ces buts. C’est à la fois une joie et une
responsabilité pour les parents de faire venir des esprits célestes dans ce monde. Adam et
Ève reçurent le commandement : « Soyez féconds, multipliez » (Ge. 1:22). La révélation
moderne a donné les mêmes instructions. On enseigne aux membres de l’Église à ne pas
retarder et à ne pas refuser d'avoir des enfants pour des raisons égoïstes ou matérialistes.
Pour ce qui est de la question de savoir combien d'enfants un couple aura, de
l'espacement des enfants et de la régulation des naissances, les saints des derniers jours
sont censés faire usage de leur libre arbitre et de choisir, comme mari et femme, une
façon de faire qui soit conforme aux principes divins en recherchant la confirmation du
Saint-Esprit.
LES PARENTS ONT LA RESPONSABILITÉ D'ENSEIGNER L'ÉVANGILE DE JÉSUSCHRIST À LEURS ENFANTS. « S'il y a des parents qui ont des enfants… qui ne leur
enseignent pas à comprendre la doctrine du repentir, de la foi au Christ, le Fils du Dieu
vivant, du baptême et du don du Saint-Esprit… le péché sera sur la tête des parents… Et
ils enseigneront aussi à leurs enfants à prier et à marcher en droiture devant le Seigneur »
(D&A 68:25, 28). Les parents sont exhortés à être des exemples pour leurs enfants,
conscients de ce que ceux-ci sont également leurs frères et sœurs d'esprit.
UN ENVIRONNEMENT D'AMOUR EST NÉCESSAIRE POUR ÉLEVER DES
ENFANTS. L'esprit d'un foyer juste est l’amour. Le Seigneur a dit : « Vous vivrez ensemble
dans l'amour » (D&A 42:45), l’amour des parents célestes, du Seigneur Jésus-Christ et du
Saint-Esprit ; du mari et de la femme et des parents pour les enfants, des enfants pour les
parents et des enfants les uns pour les autres.
FAIRE DU FOYER UN LIEU DE PAIX ET DE JOIE DEMANDE DES EFFORTS. Les
efforts consentis pour créer un foyer de paix exigent une planification, des prières et une
collaboration constantes. L'Église encourage les familles à organiser des soirées
familiales hebdomadaires, où tous les membres de la famille étudient les principes et les
ordonnances éternels de l'Évangile et font ensemble des choses qui leur apportent de la
joie. Deux présidents de l’Église ont dit : « L’œuvre du Seigneur la plus importante que
vous ferez jamais sera celle que vous faites dans les murs de votre maison » (Lee, p. 7),
et « Aucun autre succès ne peut compenser l'échec au foyer » (McKay, p. iii).
LES MEMBRES D’UNE FAMILLE QUI SONT DIGNES S’ATTENDENT AVEC FOI ET
ESPÉRANCE À L’ÉTERNITÉ DE LEURS RELATIONS FAMILIALES. Les familles
terrestres, avec leurs ancêtres et leurs descendants comptent bien vivre à nouveau en
tant que familles au sens large avec les proches qui sont morts. Elles deviennent ceux
« qui ont accepté le témoignage de Jésus, ont cru en son nom… et sont scellés par le
Saint-Esprit de promesse que le Père répand sur tous ceux qui sont justes et fidèles »
(D&A 76:51, 53).
LES JUSTES SONT BÉNIS. Toutes les personnes justes qui conservent leur dignité,
leur amour et leur fidélité personnels, ont la promesse des richesses de l'éternité, dont la
bénédiction finale d’être scellées à d'autres membres de la famille qui se qualifient
également pour les bénédictions célestes.
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. God, Family, Country : Our Three Great Loyalties, p. 167-273. Salt
Lake City, 1974.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L.
Kimball, Salt Lake City, 1982.
Lee, Harold B. Strengthening the Home (brochure) Salt Lake City, 1973.
McConkie, Oscar W. Jr. “LDS Concept of the Family”, Journal of the Collegium
Aesculapium 2, juillet 1984, p. 46-51.
McKay, David O. Family Home Èvening Manual. Salt Lake City, 1965.
White, O. Kendall Jr. « Ideology of the Family in Nineteenth-Century Mormonism ».
Sociological Spectrum 6, 1986, p. 289-306.
REED H. BRADFORD
Famille : Vie de famille
Auteur : THOMAS, DARWIN L.
DÉMOGRAPHIE FAMILIALE. L'insistance inhérente sur la famille à la théologie des
saints des derniers jours s’exprime dans des schémas démographiques qui sont différents
chez les saints par comparaison avec l’ensemble de la population. D'abord, le taux de
fertilité chez les saints a toujours été plus haut que la moyenne nationale. L'Utah a
traditionnellement le taux de fertilité le plus élevé de tous les États de l'Union à cause du
pourcentage élevé de saints des derniers jours dans l'État (approximativement 70%).
Les recherches prouvent que le fait que la famille est plus grande que la moyenne chez
les saints des derniers jours n’est pas dû à leur répugnance à utiliser diverses méthodes
de régulation des naissances. Les recherches de Heaton et Calkin (1983) prouvent que
dans un échantillon national il y a autant de chances pour qu’ils utilisent des méthodes
modernes de régulation des naissances que le reste du pays. Mais pour les saints des
derniers jours, les contraceptifs ne sont souvent utilisés qu'après que les enfants aient été
élevés et sont utilisés moins fréquemment afin de pouvoir obtenir la famille plus
nombreuse désirée. Heaton conclut que le fait que les familles sont plus grandes chez les
saints des derniers jours est lié au fait que les saints croient qu’il est important d’avoir des
enfants, qu’ils font partie d’un groupe de référence de saints des derniers jours et qu’ils
sont socialisés dans un contexte qui favorise la procréation d’enfants (1988, p. 112).
Dans la population en général, quand la taille de la famille augmente, la discipline
coercitive augmente aussi. Les relations familiales affectueuses diminuent. Mais les
recherches effectuées chez les saints des derniers jours révèlent une tendance inverse,
les familles plus nombreuses signalant des relations d'affection accrues (Thomas, 1983, p.
274).
Les saints des derniers jours révèlent systématiquement un taux d’expériences
sexuelles prénuptiales, de grossesses d'adolescentes et d'expériences sexuelles extraconjugales inférieur à la moyenne nationale (Heaton, 1988). Cependant, les recherches
faites par Smith (1976) prouvent que les saints non pratiquants évoluaient vers une
attitude et un comportement sexuels plus libéraux pendant les années 1970, alors même
que les saints des derniers jours pratiquants ne montraient aucune évolution vers une
attitude ou un comportement plus libéraux. Les pourcentages ne signalant aucune activité
sexuelle prénuptiale chez les saints des derniers jours pratiquants ont en fait augmenté
entre 1950 et 1972, passant de 95% à 98% pour les hommes et de 96% à 98% pour les
femmes (p. 79-81).
Les données actuelles montrent qu'un pourcentage plus élevé de saints des derniers
jours se marieront que dans l’ensemble de la population. Ils se marient aussi plus jeunes,
ont un taux de divorce moindre et sont plus nombreux à se remarier après un divorce que
l’ensemble de la population (Heaton, 1988, p. 110-111).
En ce qui concerne le divorce, il est clair que les saints des derniers jours les plus
religieusement engagés ont un taux de divorce considérablement inférieur à celui des
membres de l’Église non pratiquants ou non engagés, en dépit du fait que l'Utah est l’un
des États des montagnes de l’Ouest qui ont généralement un taux moyen de divorce plus
élevé que la moyenne nationale (Thomas, 1983, p. 277). Les recherches de Heaton et de
Goodman (1985) montrent que parmi les saints des derniers jours fréquentant
régulièrement l’Église, 10% des hommes et 15% des femmes passent par le divorce, pour
21% des hommes et 26% des femmes qui n’assistent pas régulièrement. En outre, parmi
les hommes ayant contracté un mariage au temple, 5,4% divorcent par rapport aux 27,8%
de ceux qui ne sont pas mariés au temple. Pour les femmes mariées au temple, 6,5
divorcent par rapport aux 32,7% des femmes non mariées au temple.
LE RÔLE DE LA FAMILLE ET L'ÉGLISE. Du fait que toutes les organisations de
l’Église insistent sur la famille, depuis la Primaire jusqu’aux collèges de la prêtrise, le mari
et la femme deviennent les points de contact principaux entre la famille et l'Église. La
participation de l'épouse à la vie de l'Église se situera très probablement dans les activités
de la Primaire et de la Société de secours. Le contact du mari avec l'Église peut se situer
dans presque n'importe quelle organisation excepté la Société de secours, qui est limitée
aux femmes.
L'Église étant organisée autour d'une prêtrise masculine laïque, les maris remplissent
plus de postes de direction que les femmes. En outre, la réorganisation des procédures et
des fonctions de l’Église entreprise sous la politique générale de « coordination de la
prêtrise » a remis l’accent sur le rôle du père de présider les conseils de famille,
considérés comme faisant partie du système des conseils qui doit gérer l'Église et qui
s’étend jusqu’au conseil de la Première Présidence. La famille est considérée comme
l’unité la plus fondamentale de l'Église et tous les programmes de l’Église sont conçus
pour fortifier la famille.
Étant donné le rôle de la prêtrise dans le gouvernement de l’Église, aussi bien que les
enseignements au sujet de la famille, les saints des derniers jours sont généralement
considérés comme encourageant la répartition traditionnelle du travail en fonction des
sexes dans la famille, tout en mettant l’accent sur l'autorité du père par la lignée de la
prêtrise. Quand les chercheurs ont demandé qui devait remplir diverses fonctions dans la
famille, les saints des derniers jours ont eu tendance à se situer haut sur l’échelle des
croyances traditionnelles concernant qui doit faire quoi dans une famille (Brinkerhoff et
Mackie, 1988). Cependant, dans les recherches dans lesquelles on demande aux maris et
aux femmes ce qu'ils font réellement dans la prise de décision dans la famille ou comment
ils s’acquittent de divers devoirs (que l’on considérait traditionnellement comme revenant
au mari ou à la femme), les saints des derniers jours se situent systématiquement haut sur
l’échelle égalitaire (Thomas, 1983 ; Brinkerhoff et Mackie, 1983, 1988). Il n’y a pas
d’explication satisfaisante à ces schémas quelque peu paradoxaux. L’explication
habituelle, à savoir que les pressions égalitaires de l’ensemble de la société changent le
comportement des maris et des femmes de l’Église n'est pas convaincante à la lumière de
ces résultats de recherches récentes. Wuthnow conseille à ceux qui étudient l'influence
religieuse de conserver un scepticisme sain à l’égard de toute description de la religion
« comme une force au service du conservatisme social » (1973, p. 128). Son conseil
semble particulièrement d’application à cette question de l’attitude et des croyances des
saints.
En outre, alors que le père chez les saints des derniers jours reçoit la responsabilité de
diriger la famille, il est attendu de lui qu’il le fasse d’une manière qui aide chaque membre
de la famille à se développer et à s’épanouir. Les croyances des saints soulignent
également la nature égalitaire des rapports hommes-femmes. La doctrine de l’Église
enseigne qu'il y a une Mère dans les cieux aussi bien qu'un Père, que le fait qu’Ève ait
mangé du fruit défendu a fait avancer le Plan du salut de Dieu (voir Chute d'Adam), que
les femmes doivent accomplir certaines ordonnances essentielles de la prêtrise dans le
temple et que l’ordre le plus élevé de la prêtrise et les bénédictions complètes de
l'exaltation ne sont accessibles qu’aux couples mariés ; ni l'un ni l'autre ne peuvent entrer
dans l'exaltation sans l’autre.
Ce rapport égalitaire entre les hommes et les femmes est symbolisé dans la façon dont
les saints représentent les relations entre Adam et Ève après leur expulsion du jardin
d'Éden. Les deux doivent gagner leur pain à la sueur de leur front et « Ève, sa femme,
travaillait également avec lui » (Moï. 5:1). Il est commandé aux deux d’offrir des sacrifices
et ils enseignent tout cela à leurs enfants (Moï. 5:5, 12). Ève se lamente avec Adam de la
méchanceté de leurs enfants et ils prient le Seigneur ensemble (Moï. 5:13-16). Après avoir
reçu des informations de Dieu, Ève instruit à son tour Adam de quelques points de base
de l'Évangile (Moï. 5:11).
Un autre accent égalitaire apparaît dans les cérémonies et les ordonnances du temple.
S’il n’y avait pas de femmes pour accomplir les ordonnances sacrées de la prêtrise dans
le temple, les ordonnances salvatrices les plus élevées qui doivent se faire sur terre par
les hommes et les femmes ne pourraient pas être accomplies. C'est symbolique des
rapports hommes-femmes en général. Seuls ils restent incomplets tandis que l'homme et
la femme unis réalisent leur potentiel divin le plus élevé.
CROYANCES DES PARENTS ET COMPORTEMENT EN FAMILLE. L'engagement visà-vis de la famille est considéré comme crucial aussi bien pour le mari que pour la femme,
bien que celle-ci ait normalement la responsabilité principale de la gestion du foyer et de
l’éducation des enfants. Thomas (1988) a étudié un échantillonnage de parents de l’Église
et a démontré que la mesure dans laquelle maris et femmes partageaient leurs devoirs
dans l’éducation des enfants était le deuxième élément de satisfaction dans le mariage.
Une recherche plus récente (Thomas et Cornwall, 1990) a montré que c'est la satisfaction
matrimoniale de la femme qui est en rapport étroit avec le partage de l’éducation des
enfants, alors que la satisfaction matrimoniale du mari est indépendante du partage de
l’éducation des enfants. Cette constatation corrobore un schéma général de longue date
dans les recherches sur la famille qui prouve que ce qui se passe dans la vie de famille
est plus essentiel à la définition que la femme donne de la satisfaction que celle que le
mari en donne. Cela montre aussi que les maris dans l’Église doivent se rendre compte
que leur participation accrue aux soins à donner aux enfants sera l'une des meilleures
contributions qu'ils peuvent apporter à la satisfaction matrimoniale de leur femme. En
outre, les familles qui se situent haut sur l’échelle de l'observance religieuse au foyer
(prière en famille, lecture des Écritures et conseil de famille) signalent aussi le plus haut
niveau d’éducation partagée des enfants.
Dans des résultats apparentés, le fait que le couple ait été marié dans le temple était le
meilleur indicateur que la famille s’acquitterait de son observance religieuse au foyer. Ces
données soutiennent la conclusion que le mariage au temple est lié aux comportements
familiaux qui incluent plus d'activités religieuses au foyer, une participation accrue du mari
à l’éducation partagée des enfants et par conséquent une satisfaction matrimoniale
accrue.
L'accent mis sur la famille chez les saints des derniers jours peut souvent déboucher
sur davantage de relations avec les membres de la famille au sens large. L'Église
encourage les familles à s’organiser à travers les générations pour stimuler l’histoire
familiale et l’œuvre généalogique considérées comme essentielles au bien-être de la
famille dans l'éternité. On discute souvent de cette œuvre lors des réunions de famille. Il
n’existe cependant pas de bonnes recherches comparatives pour savoir dans quelle
mesure les familles de l’Église diffèrent des autres familles ou leur ressemblent en matière
d'interaction avec la famille au sens large.
L'ÉGLISE ET LE FONCTIONNEMENT DE LA FAMILLE. Ces réalités démographiques
signifient que généralement les familles de l’Église sont plus grandes, ont plus de chances
d’éviter le divorce, se caractérisent par leur engagement religieux et des activités centrées
sur l'éducation des enfants et ont besoin de grandes ressources financières. Outre qu’ils
doivent pourvoir aux besoins financiers de la famille, gérer le ménage et élever les
enfants, les adultes ont habituellement un ou plusieurs appels dans l'Église qui peuvent
exiger beaucoup de temps au service d'autrui. Et, puisque le nombre de femmes de
l’Église qui sont employées en dehors de la maison est pratiquement égal à la moyenne
nationale aux États-Unis (voir Mason, p. 103 ; Heaton, 1986, p. 184, 190), donner la
priorité absolue au foyer est un défi véritable. Quand les enfants grandissent, les parents
sont encouragés à les inclure dans les tâches ménagères, afin que les qualifications et le
comportement qui en résulteront puissent contribuer à la qualité de la vie de famille, aussi
bien que les préparer à avoir de l’assurance et de la compétence dans le monde extérieur
à la famille. Les dirigeants de l’Église sont encouragés à réduire au minimum le temps
qu’eux et les autres membres consacrent à leurs appels et à protéger le temps pour la
famille des intrusions constantes de l’extérieur.
Parfois, l’accent mis par les activités de l’Église sur la famille à deux parents va à
l’encontre de la vérité que tous les membres ne sont pas à une étape de la vie où ils
peuvent élever des enfants avec un conjoint dévoué. Ceux qui ne se sont jamais mariés,
sont divorcés, sont veufs, sont des parents seuls ou sont mariés avec une personne qui
n’est pas membre de l’Église sont toujours dans des paroisses de l’Église et, idéalement,
ils sont inclus dans la communauté des saints. Les collèges de la prêtrise et la Société de
secours ont la responsabilité d’intégrer ces familles aux activités de la paroisse ainsi que
de veiller aux besoins spéciaux. Et, quand les membres d’une famille quelconque se
retrouvent dans des activités telles que la consommation de drogue, le divorce ou la
violence dans la famille, l'Église prévoit que les dirigeants fournissent un réseau d'appui
émotionnel, de prévention et de réadaptation.
Bibliographie
Bahr, Howard M. ; S. J. Condie et K. L. Goodman. Life in Large Families. Washington,
D.C., 1982.
Brinkerhoff, Merlin B. et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender Traditionalism".
Dans The Religion and Family Connection : Sociol Science Perspectives, dir. de publ. D.
Thomas, p. 232-257. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B. "The Demography of Utah mormons". Dans Utah in Demographic
Perspective, dir. de publ. T. Martin ; T. Heaton et S. Bahr, p. 181-193. Salt Lake City, 1986.
Id. "Four C's of the Mormon Family : Chastity, Conjugality, Children, and Chauvinism."
Dans The Religion and Family Connection : Social Science Perspectives, dir. de publ. D.
Thomas, p. 107-124. Provo, Utah, 1988.
Id. et S. Calkins. "Family Size and Contraceptive Use among mormons : 1965-1975. "
Review of Religious Research 25, no.2 (1983) :103-114.
Id. et Kristen L. Goodman. "Religions and Family Formation." Review of Religious
Research 26, no.4 (1985) :343-59.
Lee, Harold B. Strengthening the Home. Salt Lake City, 1973 (brochure).
Mason, Jerry. "Family Economics." ln Utah in Demographic Perspective, dir. de publ. T.
Martin ; T. Heaton et S. Bahr, p. 91-109. Salt Lake City, Utah, 1986.
Smith, W. E. "Mormon Sex Standards on College Campuses, or Deal Us Out of the Sexual
Revolution." Dialogue 10, no.2 (1976) :76-81.
Thomas, Darwin L. "Future Prospects for Religion and Family Studies : the Mormon
Case". Dans The Religion and Family Connection : Social Science Perspectives, dir. de
publ. D. Thomas, p. 357-382. Provo, Utah, 1988.
Id. "Family in the Mormon Experience". Dans Families and Religions : Conflict and Change
in Modem Society, dir. de publ. W. D'Antonio et J. Aldous, p. 267-288. Beverly Hills, Calif. ,
1983.
Id. et Marie Cornwall. "The Religion and Family Interface : Theoretical and Empirical
Explorations". Paper presented at the XII World Congress of Sociology , International
Sociological Assn., Madrid, Espagne, 13 juillet 1990.
Wuthnow, R. "Religious Commitment and Conservatism : ln Search of an Elusive
Relationship. " Dabs Religion in Sociological Perspective, dir. de publ. C. Glock. Belmont,
Calif. , 1973.
DARWIN L. THOMAS
Féminisme
Auteur : Richards, Mary Stovall
Le féminisme est la croyance philosophique qui prône l'égalité entre femmes et
hommes et cherche à supprimer les inégalités et à réparer les injustices commises contre
les femmes. Loin d'être une idéologie monolithique, la théorie féministe englobe une
variété de vues sur la nature des femmes et plaide en faveur d'une vision plurielle du
monde qui considère comme tout aussi importantes les expérience des femmes de toutes
races et de toutes classes.
Aux États-Unis, le « féminisme » est un terme générique qui englobe une coalition des
femmes et des hommes qui ont en commun leur dévouement à la cause des droits des
femmes, mais qui diffèrent souvent dans les détails relatifs aux objectifs et à la tactique.
Les valeurs personnelles, religieuses et politiques influent toutes sur les réformes et les
mesures pour lesquelles le ou la féministe va opter.
La doctrine de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours converge dans
certains domaines avec les idéaux du féminisme et diffère dans d'autres. Elle insiste sur
l'égalité spirituelle absolue des femmes et des hommes, proclamant que « tous sont
pareils pour Dieu », « noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes?» (2 Néphi
26:33; Galates 3:28). Les dons de l'Esprit sont accordés de manière égale aux hommes et
aux femmes?: «?Et maintenant, il communique sa parole par des anges aux hommes, oui,
non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes?» (Alma 32:23). Les principes des
saints des derniers jours sont, sans équivoque aucune, en faveur du développement de
tout le potentiel de chaque personne sans distinction de sexe.
L'égalité de tous les êtres humains devant le message du Christ est à ce point central
que, durant son ministère terrestre, le Christ a rejeté ouvertement les interdits culturels qui
reléguaient les femmes à un statut d'infériorité spirituelle et politique. Il reconnaissait
l’intelligence des femmes?; il les instruisait directement (Luc 10:38-42) ; il s’est présenté à
une femme comme étant le Messie, première affirmation de ce genre que l’on trouve dans
le Nouveau Testament (Jean 4:26) ; il a guéri des femmes (Matthieu 15:22-28) et a
ressuscité une femme d'entre les morts (Luc 8:49-56). Après sa résurrection, il est d’abord
apparu à une femme à qui il a demandé d’informer ses apôtres de ce merveilleux
événement (Jean 20:11-18), alors que, selon la loi juive, les femmes n’étaient pas
considérées comme étant des témoins juridiquement compétents.
Cette égalité des femmes et des hommes est basée sur le modèle céleste de parents
célestes, Père et Mère, qui ont en commun « tout pouvoir » et à qui «?tout… est soumis?»
(D&A 132:20) et qui invitent leurs enfants à imiter leur exemple d'amour et d'unité parfaits
et à devenir comme eux. On enseigne aux mormons que le pouvoir juste détenu par les
parents célestes et partagé avec leurs enfants n'est jamais coercitif mais se caractérise
« par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour
sincère » (D&A 121:41). S’il est vrai que les implications de ces croyances globales sont
toujours sujettes à la mise en application par chacun, hommes et femmes dans l’Église ont
trouvé dans ces points de doctrine des sources de force spirituelle, et notamment le désir
d'en savoir plus sur notre Mère céleste.
Néanmoins, la doctrine mormone est en désaccord avec plusieurs versions du
féminisme, dont celles qui mettent l’accent sur une autonomie féminine excluant les
hommes. Parce que la doctrine de l'Église souligne la nécessité de surmonter les
différences et de créer une unité céleste entre mari et femme pour atteindre l'exaltation (cf.
1 Corinthiens 11:11), la critique féministe radicale à l’égard de la famille, qu’elle considère
comme une institution répressive à l’égard de la femme et dont elle réclame le
remplacement trouve peu d’écho chez les saints des derniers jours. Si certaines familles
peuvent être répressives et dysfonctionnelles, la plupart des saints des derniers jours
croient que le défaut n'est pas inhérent à la structure. En fait, la famille est considérée
comme étant la source de la plus grande œuvre et de la plus grande joie tant pour les
femmes que pour les hommes, pas seulement sur terre mais aussi dans l'éternité.
Bibliographie
Beecher, Maureen Ursenbach, et Lavina Fielding Anderson, dir. de publ. Sisters in Spirit:
Mormon Women in Historical and Cultural Perspective. Urbana, Ill., 1987.
Dialogue 6, été 1971, et 14, hiver 1981. Les deux numéros présentent un certain nombre
d’articles sur les femmes dans l’Église.
Donovan, Josephine. Feminist Theory: The Intellectual Traditions of American Feminism.
New York, 1985.
MARY STOVALL RICHARDS
Femmes dans le Livre de Mormon
Auteurs : BOWEN, DONNA LEE et WILLIAMS, CAMILLE S.
On peut tirer certaines conclusions générales concernant les femmes du Livre de
Mormon à partir des passages fragmentaires du livre sur le mariage, la famille et
l'organisation religieuse. Six femmes sont mentionnées par leur nom : Sariah, Isabel,
Abish, Ève, Sara et Marie. Puisque aucune femme n'est mentionnée comme dirigeante
religieuse ou militaire et un petit nombre seulement comme dirigeantes politiques, il
apparaît que les hommes détenaient quasiment tous les postes de direction dans cette
société. En outre, comme il a été écrit principalement pour rappeler à de futurs lecteurs la
bonté de Dieu et pour les persuader de croire au Christ, le Livre de Mormon ne contient
aucun livre de loi et peu d’histoire intellectuelle ou sociale traitant de la combinaison des
pratiques familiales et religieuses. Il est cependant raisonnable de supposer que ces
peuples ont commencé avec beaucoup de coutumes semblables à celles de leurs cultures
sémitiques héréditaires et que leurs pratiques ont changé quelque peu au cours des
années.
Le mariage et l’enfantement, investis d’une importance et de responsabilités
religieuses, étaient un fait de la société néphite (1 Né. 7:1 ; Mos. 4:14-15 ; 4 Né. 1:11). Le
mariage était peut-être arrangé dans les groupes ethniques (1 Né. 16:7 ; Al. 17:24) et
limités à l’extérieur de certains groupes (Al. 3:8). La polygamie et le concubinage étaient
interdits et dédaignés ; la monogamie était de règle sauf si le Seigneur voulait se
« susciter une postérité » (Jcb. 2:27-30).
Il était attendu des maris et des femmes qu’ils soient fidèles l’un à l’autre (Jcb. 3:7). Il y
a un cas qui prouve qu'une épouse avait de la valeur même si elle était incapable de
concevoir. Le roi jarédite Coriantum, qui était un juste, reste avec son épouse stérile
jusqu'à sa mort à l'âge de 102 ans. Il épouse alors une jeune servante et engendre des fils
et des filles (Ét. 9:23-24). Il est de même considéré comme un signe de grande
méchanceté que les prêtres du roi Noé abandonnent leurs familles. Tandis qu'ils se
cachent, ils enlèvent vingt-quatre femmes lamanites pour les épouser. Mais quand les
Lamanites de leur tribu découvrent et veulent tuer les prêtres plusieurs années après, ces
femmes plaident fidèlement pour que leurs maris aient la vie sauve (Mos. 23:33).
Les hommes étaient censés entretenir leurs épouses et leurs enfants, de même que
les veuves et les enfants des hommes tués à la guerre (Mos. 21:17). Les hommes
devaient prier pour leur ménage (Al.34:21) et beaucoup prenaient les armes pour défendre
leurs familles.
Les deux parents se préoccupaient de leur progéniture (1 Né. 5:1-7 ; 8:37). Léhi bénit
ses petites-filles et petits-fils et leur fait des recommandations (2 Né. 4:3-9). On enseignait
aux enfants à honorer leurs père et mère. Hélaman l’Ancien et ses 2.000 jeunes guerriers
attribuent à leurs mères ammonites le mérite de leur avoir inculqué la foi que « s’ils ne
doutaient pas, Dieu les délivrerait » (Al. 56:47).
Dans la vie religieuse, les femmes participaient aux assemblées au temple (Jcb. 2:7 ; Mos.
2:5-8), instruisaient leurs enfants concernant Dieu (Al. 56:46-47) et offraient des sacrifices
(1 Né. 5:9). De toute évidence, elles n’étaient pas exclues du culte ni isolées au cours de
celui-ci (2 Né. 26:28-33) ; il n’y a aucune indication non plus qu'elles aient été considérées
comme rituellement impures pendant la menstruation. L’Évangile enseigné par les
Néphites et par le Christ dans le Livre de Mormon s’adresse à tous, quels que soient le
sexe, l'âge ou l’origine (2 Né. 26:33 ; Mos. 27:25 ; Al. 11:44 ; 32:23 ; 3 Né. 17:25). Le
baptême était offert à tous les hommes et femmes qui croyaient (Mos. 18:16 ; Mro. 9:10).
Les femmes faisaient preuve d’une foi profonde et étaient mises à l'épreuve par de grands
sacrifices. À Ammonihah, des femmes sont brûlées vives avec leurs enfants pour avoir
refusé de renoncer à leur foi au Christ (Al.14:7-11). Apparemment le liahona répondait à la
foi et à la diligence collectives du groupe entier, hommes et femmes (1 Né. 16:28).
Pendant les années passées dans le désert, les femmes léhites travaillèrent dur et
étaient fortes, mais on ne sait rien de leurs activités, à part la grossesse et
l'accouchement. Le filage est le seul travail explicitement attribué aux femmes (Mos. 10:5 ;
Hél. 6:13). La danse chez les femmes est associée aux loisirs et parfois à la méchanceté
(1 Né. 18:9 ; Mos. 20:1 ; Ét. 8:10-11). Les prostituées échangeaient leurs faveurs contre
leur entretien (Mos. 11:14).
Politiquement, les femmes avaient des droits de succession au trône chez les
Lamanites, parce que quand Amalickiah assassine un roi lamanite, le règne passe à la
reine, qu'Amalickiah épouse alors pour obtenir le trône (Al. 47:32-35). Dans des crises
extrêmes les femmes prenaient les armes à la guerre aux côtés de leurs maris (Al. 54:12 ;
55:17 ; Ét. 15:15).
On ne constate pas d'attribution de tâches dans la famille ou dans l’ensemble de
l’économie – le commerce, les semailles et les moissons et l’entretien des animaux. Il est
certain que les cycles de colonisation, d'agriculture, d'urbanisation, de guerre, de
destruction et de renouveau, aussi bien que les différents systèmes de croyances ont
affecté la façon de vivre des familles et la manière de travailler.
Les femmes du Livre de Mormon Sariah, Abish et Isabel peuvent être considérées non
seulement comme des figures historiques mais également comme des archétypes
respectivement de la mère juste, de la servante pieuse et de l’étrangère attirante mais
sexuellement impure.
Sariah est la mère fidèle des nations néphite et lamanite. Elle quitte une maison
confortable près de Jérusalem avec Léhi et leur famille pour subir les rigueurs de la
traversée du désert et de l'océan, donnant naissance à deux autres fils, Jacob et Joseph,
à un âge avancé tandis qu’ils sont dans le désert (1 Né. 18:7, 17-19). Elle se plaint de Léhi
quand elle pense que leurs fils sont morts, mais affirme son appel et la puissance de Dieu
quand ils reviennent sains et saufs (1 Né. 5:2-8). Avec Léhi elle offre un sacrifice d’actions
de grâces. Elle est mère de six fils et d’au moins deux filles (2 Né. 5:6).
Abish, convertie lamanite d’une foi exceptionnelle, servante de la reine du roi Lamoni,
reconnaît que c’est la puissance de Dieu qui a accablé le roi, la reine et Ammon quand ils
tombent à terre sans connaissance ; elle rassemble le peuple pour qu’il soit témoin de
l'événement, puis elle touche la reine pour la relever quand la confusion de la foule se
transforme en querelle. Beaucoup vont croire au témoignage de la reine revenue à elle,
qui relève alors le roi, lequel va également témoigner de Jésus (Al. 19:16-36).
Isabel, selon Alma le Jeune (Al. 39:3-4), est une prostituée qui en séduit beaucoup,
dont Corianton, fils d'Alma, qui pendant un certain temps abandonne le ministère pour
aller après elle (Al. 39:3).
Les trois autres femmes qui ont un nom sont des figures bibliques : Ève (par exemple,
2 Né. 2:15-20 ; cf. plusieurs mentions de « nos premiers parents », par exemple 2 Né.
9:9), Sara (2 Né. 8:2) et Marie, mère de Jésus (par exemple, Mos. 3:8). Ève est
mentionnée dans le contexte d'une explication de la doctrine de la chute d'Adam,
précurseur du salut de l'humanité. Sara est reconnue comme mère fidèle des nations.
Marie est qualifiée de « vierge d'une très grande beauté et plus belle que toutes les autres
vierges » (1 Né. 11:15).
Il y a, dans le Livre de Mormon, d'autres femmes qui ne sont connues que par les actes
qu’elles posent : la femme de Néphi 1, une fille d'Ismaël, essaie d’adoucir des cœurs
mauvais par ses larmes (1 Né. 7:19 ; 18:19) ; la femme d'Ismaël et trois de leurs filles
soutiennent Néphi (1 Né. 7:6) ; une servante se sauve du camp de Morianton après avoir
été violemment battue par lui, pour avertir Moroni 1 des plans de son maître rebelle (Al.
50:30-31) ; une fille de Jared ourdit un complot pour regagner le royaume pour son père
par la séduction, la violence et la duperie (Ét. 8-9) ; deux reines lamanites sont converties
par les fils de Mosiah 2 (Al. 19:29-30 ; 22:19-24). Peut-être que, comme dans certaines
cultures sémitiques d’aujourd'hui, la manière officielle ou plus polie de désigner une
femme était-elle non d’utiliser son nom, mais de décrire sa place dans la famille, comme
« la fille de Jared ». Les autres femmes désignées de cette façon sont la femme d'Ismaël,
les filles d'Ismaël, la fille aînée d'Ismaël, femme de Zoram, les filles de Léhi et les sœurs
de Néphi, la fille de Lamoni et les filles impénitentes de Coriantumr.
Le comportement et le traitement des femmes étaient considérés comme un indice de
santé sociale et spirituelle. Beaucoup d’allusions aux femmes concernent leurs
souffrances pendant la guerre, la captivité et les vicissitudes. Néphi et ses frères mesurent
la difficulté de leurs voyages en termes de souffrances de leurs femmes, bien que Néphi
souligne que les femmes sont rendues fortes comme les hommes, alors que ses frères
décrivent les souffrances de leurs épouses comme pires que la mort (1 Né. 17:1, 20).
Jacob établit un vif contraste entre l'infidélité masculine et la tendresse des femmes (Jcb.
2-3) ; il décrit l'immoralité comme étant la cause de l'effondrement de la famille et de la
société. L'inhumanité et la dépravation des civilisations mourantes sont également
décrites en termes de souffrances de la part des femmes : les Lamanites font manger aux
femmes et aux enfants la chair de leurs maris et pères morts (Mro. 9:8) ; les femmes
néphites sont sacrifiées aux idoles (Mrm. 4:15, 21) ; les Néphites violent les femmes
lamanites capturées, les torturent à mort et ensuite mangent leur chair comme marque de
leur courage (Mro. 9:9-10).
Une grande partie des images impliquant les femmes du Livre de Mormon correspond
à celles de la Bible. Par exemple, le Christ compare ses efforts pour rassembler les
repentis à une mère poule rassemblant ses poussins sous ses ailes. Comme dans
Proverbes 3:13-20, la sagesse est féminine (Mos. 8:20), de même que la miséricorde (Al.
42:24). Il arrive que des images féminines soient appliquées au Seigneur, comme dans le
cas de l’image de la mère allaitant son enfant utilisée pour dire que le Seigneur console et
se rappelle les enfants de son alliance (1 Né. 21:15).
Dans un sens, la femme est l'image du peuple de Dieu. Le langage figuré biblique
faisant de Dieu l’époux et de son peuple l’épouse se poursuit dans le Livre de Mormon,
essentiellement dans les écrits d'Ésaïe. Israël décadent est décrit comme dépourvu
d'hommes honorables, du fait qu’ils considèrent les femmes comme des objets sexuels
décoratifs (2 Né. 13:16-26 ; És. 3:16-26). Quand le peuple de Dieu lui devient infidèle, il
est qualifié de « prostituée de toute la terre » (2 Né. 10:16). Quand il appelle son peuple
au repentir, le Seigneur pose la question rhétorique : « T'ai-je répudié… Où est la lettre de
divorce par laquelle j'ai répudié votre mère ? » (2 Né. 7:1 ; És. 50:1). Les images de la
mère trop faible pour nourrir son enfant et de la femme enceinte si proche de
l’accouchement qu’elle ne peut pas fuir la destruction servent à motiver les Néphites à se
repentir (Hél. 15:1-2) ; la femme dont les enfants sont perdus est l'image de la désolation
(1 Né. 21:20-21). Ceux qui acceptent le « mariage » avec le Seigneur éprouveront une joie
aussi abondante que celle d'une femme stérile qui devient mère de beaucoup d’enfants et
le Seigneur console son peuple en disant : « Car ton créateur est ton époux : le Seigneur
des armées est son nom… Dans un instant de colère, je t'avais un moment dérobé ma
face, mais avec un amour éternel j'aurai compassion de toi, dit ton Rédempteur, le
Seigneur » (3 Né. 22:1, 5-8 ; Es. 54:1, 5-8).
Bibliographie
Spencer, Marjorie Meads. « My Book of Mormon Sisters ». Ensign 7, sept. 1977, p. 66-71.
DONNA LEE BOWEN et CAMILLE S. WILLIAMS
Femmes, rôle des : Évolution historique et sociologique
Auteur : BECK, MARTHA NIBLEY
Les croyances des saints créent une identité féminine très particulière qui encourage
les femmes à développer leurs capacités d’individus potentiellement divins, tout en
affirmant que les activités les plus importantes pour les hommes et les femmes sont
centrées sur la création et l’entretien de relations familiales.
Le potentiel éternel des femmes a toujours été basé sur le canon doctrinal, qui est
resté essentiellement inchangé depuis que l’Église a été organisée. Cependant, le rôle
temporel des femmes a pris différentes formes selon les situations auxquelles l’Église a dû
faire face à divers moments de son histoire. À travers toutes les périodes historiques,
l’application aux circonstances pragmatiques de la perspective théologique à l’égard des
femmes a signifié que les membres féminins de l’Église ont toujours joué un rôle central
qui a assuré le succès du mormonisme comme religion et comme société.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE FORMATRICE DE L’ÉGLISE (1830-1847).
Comme le font typiquement la plupart des adhérents des religions nouvellement créées
qui cherchent leur place, les premiers saints des derniers jours réagissaient aux tensions
en donnant à la vie de tous les jours une orientation intensément spirituelle. Bien que
l’autorité pour administrer la plupart des ordonnances et pour présider la plupart des
assemblées ait été limitée à une prêtrise masculine, les dons de l’Esprit n’étaient pas
considérés comme appartenant aux hommes uniquement. Les femmes recevaient la
révélation personnelle, guérissaient les malades, prophétisaient les événements futurs et
accomplissaient diverses autres actions qui nécessitaient des dons spirituels. La foi de ces
femmes et leur capacité de développer des qualités spirituelles furent essentielles pour
maintenir l’Église en vie pendant ses premières années difficiles. Elles votaient sur les
affaires de l’Église, aidaient aux cérémonies du temple et contribuaient aux activités
d’entraide. En tant que groupe, les femmes obtinrent une identité ecclésiastique par la
création de la Société de secours, que le prophète Joseph Smith considérait comme partie
intégrante et essentielle de l’Église. De plus, les femmes fournissaient une grande partie
du travail physique, soignaient les malades et les blessés, aidèrent à la création d’une
succession de nouvelles communautés et s’occupaient des besoins des membres dont les
familles avaient affronté des difficultés.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION (1847-1920).
L’émigration à grande échelle des saints des derniers jours hors du Midwest des ÉtatsUnis vers la région peu peuplée du Grand Bassin de l’Ouest marqua le commencement de
la consolidation de la religion mormone. Séparés de la civilisation anglo-américaine
dominante par des centaines de kilomètres de territoire hostile et non colonisé, les saints
des derniers jours pouvaient créer leur communauté selon les directives dictées par leur
religion. Parmi les pratiques sociales qui devinrent importantes après la migration vers
l’Ouest et qui eurent un impact important sur la vie des femmes, il y eut le mariage plural
et l’affectation des hommes adultes à de longues tournées comme missionnaires de
l’Église. Une femme dont le mari divisait son temps entre des épouses multiples et/ou le
service missionnaire était souvent obligée de pourvoir toute seule au soutien matériel et
émotionnel de ses enfants et d’elle-même.
La croissance de la population et sa socialisation dans l’Église furent des facteurs
importants de la consolidation et du renforcement de l’organisation de l’Église et une
grande partie de cette responsabilité incomba aux femmes. À cause de l’absence de leurs
maris, les femmes étendirent leur rôle en tant que « mères en Sion » dans des domaines
qui n’étaient généralement pas liés à la domesticité féminine du XIXe siècle. Le président
Brigham Young encouragea l’éducation des filles et des garçons dans « les us et
coutumes des royaumes et des nations éloignés, avec leurs lois, leur religion, leur
localisation géographique… leur climat, leurs productions naturelles, l’ampleur de leur
commerce et la nature de leur organisation politique » (JD 9:188-89 ; Widtsoe, p. 211). Il
proposa également que les femmes « tiennent des registres et vendent des
marchandises » (JD 12:374-75 ; Widtsoe, p. 218), et les exhorta « à voter… parce que les
femmes sont les personnalités qui dominent l’urne électorale » (JD 1:218 ; Widtsoe, p.
367). Certaines femmes de l’Église participèrent à des actions politiques relatives à leur
sexe, comme le montre le fait qu’elles furent la deuxième population féminine, après celle
du Wyoming, à voter lors d’une élection nationale.
Les exhortations du président Young montrent une conception de la responsabilité
féminine tirée aussi bien de la croyance que les femmes et les hommes sont éligibles pour
la même « progression éternelle » que de la dépendance de l’Église d’Utah de l’époque
vis-à-vis du maintien d’une population féminine capable et inventive. La réponse des
femmes à la nécessité de développer de larges capacités pratiques et à un dévouement
intense à la famille forgea une image des femmes mormones qui résultait de facteurs
pratiques aussi bien que religieux au cours de cette période.
RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE D’EXPANSION (1920 à nos jours). Pendant
tout le début des années 1900, l’idéal des convertis s’assemblant en Utah de tous les
coins du globe pour édifier une « Sion » isolée se transforma graduellement en la volonté
d’établir l’Église dans beaucoup de différents pays et cultures. Ce changement,
accompagné de l’intrusion de colons non membres en « pays mormon », obligea l’Église à
affronter le problème social de l’intégration de ses membres à des sociétés non
mormones. L’un de ces problèmes fut la délimitation et la formulation de la position des
femmes de l’Église ; cependant, le rôle des femmes n’était pas un sujet qui suscitait
beaucoup de polémique.
La place centrale de la famille dans la culture et la doctrine des saints s’adaptait
facilement à l’idéal victorien populaire du XIXe siècle du rôle hautement, pour ne pas dire
exclusivement, domestique des femmes. La nécessité de consolider l’Église en tant que
communauté et en tant qu’organisation fut remplacée par le désir de former une
population stable qui pourrait s’adapter confortablement dans les cultures ambiantes, en
particulier la culture des États-Unis.
Jusqu’à la dernière moitié du XXe siècle, le rôle traditionnel des femmes opposa peu
d’obstacles à la réalisation de ce but. Comme l’industrialisation poussait progressivement
la sphère des hommes américains hors de la maison, et celle des femmes de plus en plus
dedans, la plupart des saints des derniers jours suivirent simplement le modèle de la
société profane. Conformément à sa doctrine centrée sur la famille, l’Église soutint
aisément l’idéal des femmes ménagères, épouses et mères. Le succès du féminisme dans
les années 1970 présenta aux femmes de l’Église un ensemble complexe d’attentes et de
priorités qui se faisaient concurrence. Les analyses profanes opposaient la réalisation des
buts personnels ou l’avancement de la personne au dévouement à la famille ; les
croyances des saints définissent les deux comme inextricablement entrelacés.
Le décalage entre les croyances religieuses des saints et la base théorique de la
société profane met les femmes de l’Église d’aujourd’hui devant un ensemble de
dilemmes en ce qui concerne leur rôle. D’une part, la doctrine de l’Église et les exemples
historiques d’autres femmes de l’Église leur ont inculqué la double croyance qu’elles
doivent développer leurs capacités personnelles et qu’elles doivent centrer leur vie sur leur
famille. D’autre part, comme toutes les femmes, elles agissent dans le contexte social
général de systèmes juridiques, politiques et économiques dans lesquels ces deux idéaux
sont parfois considérés comme s’excluant mutuellement.
Bibliographie
Arrington, Leonard J., et Davis Bitton. "Marriage and Family Patterns." Dans The Mormon
Experience : A History of the Latter-day Saints, p. 185-205. New York, 1979.
Beecher, Maureen et Lavinia F. Anderson, dir. de publ.. Sisters in Spirit : Mormon Women
in Historical and Cultural Perspective. Chicago, 1987.
LeCheminant, Ileen Ann Waspe. "The Status of Women in the Philosophy of Mormonism,
1830-1845." Thèse de maîtrise, Brigham Young University, 1942.
Shipps, Jan. Mormonism : The Story of a New Religious Tradition. Chicago, 1985.
Young, Brigham. The Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, p. 194-
218. Salt Lake City, 1977.
MARTHA NIBLEY BECK
Femmes, rôle des : Les principes de l’Évangile et le rôle des femmes
Auteurs : SMITH, BARBARA B. et THOMAS, SHIRLEY W.
Le rôle actuel des femmes dans la société mormone est singulier dans la mesure où il
est le reflet des enseignements et de la doctrine de l’Église. L’un des plus fondamentaux
de ceux-ci est le libre arbitre individuel ou le droit de choisir. Conformément à ce point de
doctrine, le rôle d’une femme varie selon sa situation et les choix qu’elle fait dans le
contexte des croyances de l’Église ; elle peut remplir plusieurs rôles simultanément.
L’une des fonctions des femmes est l’attention constante aux besoins des autres – non
seulement la famille mais tous ceux qui sont à la portée de leur aide. La plupart soignent
personnellement en période de maladie, de décès ou d’autres crises de la vie, mais
souvent elles agissent dans un effort concerté avec d’autres membres de la Société de
secours. « Porter les fardeaux les uns des autres, afin qu'ils soient légers » (Mos. 18:8)
est un principe et une attente liés à l’essence même de l’appartenance d’une femme à
l’Église (voir Baptême ; Fraternité).
Le fait de s’occuper de ceux qui sont dans le besoin amène souvent les femmes à
élaborer de meilleures manières de gérer les problèmes et d’acquérir des qualifications
spécialisées. Au début de l’histoire de l’Église, les femmes devinrent infirmières, sagesfemmes et médecins ; certaines fondèrent des hôpitaux et des services pédiatriques,
tandis que d’autres créaient des écoles pour les jeunes (voir Deseret Hospital, Maternité et
pédiatrie). Elles créèrent également des industries locales, entretinrent des cultures
prospères de la soie et mirent sur pied un grand programme d’ensilage de blé (voir
Entraide).
La communauté des saints des derniers jours dans les montagnes de l’Ouest, peutêtre à cause de la polygamie, peut-être parce que les hommes étaient souvent partis en
mission, accordait une indépendance peu commune aux femmes – et une
interdépendance parmi les épouses polygames. Ces conditions fournirent à la fois
l’impulsion et la possibilité aux femmes d’acquérir une éducation et une formation rares
chez les femmes de leur temps. Aujourd’hui, et ce n’est pas moins typique, les femmes de
l’Église continuent à aider « à promouvoir et à établir la cause de Sion » (D&A 6:6). Elles
prennent soin des pauvres et des malades, font des missions de prosélytisme, d’entraide
et humanitaires et instruisent les enfants et les jeunes, réalisant leur contribution au bienêtre temporel et spirituel des saints.
Le rôle de compagne est celui qui est le plus souvent attribué aux femmes de l’Église.
Adam « commença à cultiver la terre » et « Ève, sa femme travailla aussi avec lui » (Moï.
5:1). Le président Spencer W. Kimball a fait remarquer que les femmes sont « partenaires
à part entière » avec les hommes (Kimball, p. 42). Cette compagnie ne se limite pas au
partenariat du mari et de la femme mais comprend les femmes qui œuvrent en
coopération avec les hommes (par exemple, la prêtrise et la Société de secours) pour
accomplir l’œuvre de l’Église. Depuis le début, « les femmes de l’Église votent côte à côte
avec les hommes sur toutes les questions proposées au vote des membres de l’Église…
une idée progressiste en 1830 quand aucune femme et peu d’hommes votaient dans les
Églises et où peu de femmes jouissaient des droits politiques » (History of the Relief
Society p. 102).
À la base de ce rôle de compagne il y a l’égalité inhérente des hommes et des femmes
suggérée par le récit de la Création : « À l'image de son corps, il créa l'homme et la
femme, il les bénit » (Moï. 6:9). Les dons spirituels, les promesses et les bénédictions du
Seigneur sont donnés à ceux qui se qualifient, quel que soit leur sexe. La réception des
dons spirituels est fonction de l’obéissance, pas du sexe (D&A 46:9-25).
Bruce R. McConkie du Conseil des Douze a souligné l’égalité des hommes et des
femmes dans les choses de l’esprit :
« Pour ce qui est des choses spirituelles, comme ce qui concerne tous les dons de
l’Esprit, la réception de révélations, l’acquisition d’un témoignage et la réception de
visions, pour tout ce qui touche au divin et à la sainteté et qui se réalise en conséquence
de la justice personnelle – dans toutes ces choses hommes et femmes se trouvent en
situation… d’égalité devant le Seigneur » [Ensign 9, juin 1979, p. 61].
Les ordonnances du temple sont une autre preuve que « dans le Seigneur, la femme
n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11).
« Il faut remarquer que les bénédictions les plus élevées qui y sont accessibles [dans
le temple] ne sont conférées que conjointement à un homme et à une femme. Ni l’un ni
l’autre ne peut les recevoir seul. Dans l’Église du Christ, la femme n’est pas une
adjonction à mais une partenaire égale à l’homme » [Widtsoe, p. 373].
Les femmes et les hommes, bien que jouissant d’un statut égal, remplissent certains
rôles séparés et différents dans l’œuvre de l’Église. Aux hommes est donnée la
responsabilité de détenir la prêtrise avec de nombreux devoirs prescrits. Le rôle des
femmes est défini avec moins de précision, bien qu’étant non moins réel. Selon Neal A.
Maxwell, du Collège des Douze :
« Nous savons tellement peu de choses sur les raisons de la répartition des devoirs
entre femmes et hommes aussi bien qu’entre mères et prêtrise. Ils ont été définis par Dieu
à une autre époque et à un autre endroit. Nous sommes habitués à nous concentrer sur
les hommes de Dieu parce qu’ils ont la ligne de prêtrise et de leadership. Mais en parallèle
avec cette ligne d’autorité, il y a un véritable courant d’influence constructive, reflet des
femmes remarquables qui ont existé à toutes les époques et dans toutes les
dispensations, y compris la nôtre » [Maxwell, p. 94].
Exerçant une influence bénéfique, les femmes remplissent une foule de tâches dans
l’Église : elles président, dirigent et constituent le personnel des organisations pour les
femmes (Société de secours), les Jeunes Filles (jeunes filles) et les enfants (Primaire) aux
niveaux paroisse, pieu et général ; elles donnent les cours de doctrine de l’Évangile pour
les adultes, les jeunes et les enfants ; elles dirigent les chœurs et les œuvres théâtrales ;
elles officient dans les cérémonies de temple ; elles sont membres des comités d’entraide
à tous les niveaux de l’Église et elles organisent des manifestations culturelles et
récréatives auxquelles tous les membres participent.
Les femmes de l’Église accomplissent également des rôles sociaux en tant que
médecins, avocats, professeurs, spécialistes en économie domestique, administrateurs,
enseignantes, auteurs, secrétaires, artistes et femmes d’affaires. En plus, beaucoup ont
des fonctions dans la collectivité, la politique et le bénévolat. Conformément à la croyance
des saints que l’endroit où les parents font le plus de bien est dans leur propre foyer et
qu’aucune autre activité ne doit avoir la préséance sur leurs préoccupations pour la
famille, les membres sont invités à prendre des décisions essentielles en ce qui concerne
leur effet sur la famille. Cette priorité de la famille influence inévitablement les attentes en
ce qui concerne le rôle des femmes, notamment celui de mère, d’épouse, de ménagère et
d’enseignante. On leur apprend dès leur jeunesse à se préparer au mariage et au ménage
aussi bien qu’à un métier. Camilla Kimball, épouse de Spencer W. Kimball, a conseillé à
chaque fille et à chaque femme : « Qualifiez-vous dans deux métiers : celui de ménagère
et celui de vous préparer un gagne-pain en dehors de la maison pour le cas où la situation
l’exigerait. Une femme mariée peut devenir veuve sans avertissement…. Elle peut donc se
trouver dans la nécessité de gagner elle-même sa vie et d’entretenir ses enfants
dépendants » (Ensign 7, mars 1977, p. 59).
Depuis longtemps, les dirigeants de l’Église exhortent les femmes, aussi bien à titre
individuel qu’en tant que groupe, à faire toutes les études qu’elles peuvent, à consacrer
leur « temps à écrire et à apprendre beaucoup » (D&A 25:8). Les femmes ont été
encouragées à faire des études non seulement pour leur propre épanouissement mais
également parce que cela contribue à les aider à faire du foyer un lieu d’instruction et de
raffinement et pour son importance dans la vie des enfants. Même si la formation et
l’éducation peuvent ouvrir beaucoup de perspectives de carrière pour les femmes, le rôle
de mère est dominant pour celles qui ont de jeunes enfants et elles sont invitées à utiliser
leur formation au profit de leurs enfants.
L’Église n’a pas d’opposition de principe à ce que les femmes travaillent en dehors de
la maison et reconnaît leurs apports dans la vie de la société. Marvin J. Ashton du Collège
des Douze a expliqué que « la femme doit se sentir libre d’aller sur le marché du travail et
au service de la collectivité que ce soit comme salariée ou comme bénévole si elle le
souhaite, quand sa situation familiale lui permet de le faire sans que cela empiète sur
elle » (Ashton, p. 93). Il est clair que certaines mères sont obligées de travailler pour
entretenir leurs enfants, mais on espère qu’autant que possible, les mères avec des
enfants dans la maison feront de la maison leur carrière prioritaire.
Toutes les femmes sont des filles de la « glorieuse mère Ève » (D&A 138:39) qui, en
tant que « mère de tous les vivants » (Moï. 4:26), a laissé un legs qui est l’héritage de
toute femme. Ce rôle dépasse le soin de la famille immédiate. Il décrit une nature et une
attitude qui sont fondamentales pour toutes les femmes. Le président Harold B. Lee a
exprimé ceci quand il s’est adressé aux femmes de l’Église assemblées au Tabernacle :
« Vous, mères de l’Église…. » (voir Mère en Israël). Toute femme, quel que soit son statut
familial, appel ou métier joue le rôle de quelqu’un qui éduque, encourage, console ; qui
donne de l’amour et qui protège et préserve la famille.
Bibliographie
Ashton, Marvin J. "Woman's Role in the Community." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
History of the Relief Society, 1842-1966. Salt Lake City, 1966.
Kimball, Spencer W. "Privileges and Responsibilities of Sisters." New Era 9, janvier 1979,
p. 42.
Maxwell, Neal A. "The Women of God." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
Widtsoe, John A. "The "Mormon' Women." Relief Society Magazine 30, juin-juillet 1943, p.
372-375.
BARBARA B. SMITH
SHIRLEY W. THOMAS
Finances de l'Église
Auteurs : EDGLEY, RICHARD et EDLING, WILFORD G.
La force financière de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours découle
principalement de l'engagement de ses membres vis-à-vis du principe scripturaire de la
dîme et d'autres formes de contributions et de service volontaires. La collecte et les
dépenses de tous les fonds sont soigneusement gérées dans le monde entier selon des
procédures standard et sous la supervision directe de la Première Présidence. L'Église a
également des investissements et des réserves financières limités dans le cadre de sa
stratégie générale pour alimenter des programmes ecclésiastiques de plus en plus
étendus. La gestion de tous les fonds est régulièrement apurée conformément à des
pratiques financières éprouvées.
Les saints des derniers jours prennent au sérieux le commandement de payer la dîme
et les promesses faites par le Seigneur dans l'Ancien Testament :
« Un homme trompe–t–il Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons–
nous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction, et
vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes,
afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez–moi de la sorte à l'épreuve, dit
l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si
je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance » [Mal. 3:8-10].
Cette loi des finances pour l'Église de Dieu a été réitérée dans les Écritures modernes.
En 1838, le Seigneur a souligné cette loi importante dans une révélation donnée au
prophète Joseph Smith et a défini la dîme comme étant « annuellement un dixième de
tous leurs revenus » (D&A 119:4).
Les années précédant le début du XXe siècle furent financièrement pénibles pour la
jeune Église en difficulté à cause de la dépression des années 1890 et de la confiscation
des fonds de l'Église pendant la longue campagne du gouvernement fédéral contre la
polygamie. En mai 1899, Lorenzo Snow, président de l'Église, se rendit, malgré son grand
âge, de Salt Lake City à St-George (Utah) pour réconforter les membres dont les terres
subissaient une sécheresse catastrophique. Les cours d’eau et les puits étaient asséchés
et ils étaient menacés de famine. Pendant cette visite, le président Snow fut inspiré
d’évoquer les paroles de Malachie et de promettre aux saints, dans leur situation de grand
dénuement, que s'ils payaient une dîme honnête, les « écluses des cieux s’ouvriraient ».
Les saints l’écoutèrent, la pluie vint et la population fut bénie (Cowan, p. 15-18).
À partir de cet événement, le principe de la dîme connut une importance renouvelée
dans toute l'Église. Les membres réagirent avec un engagement et une foi accrus et, en
quelques années, l'Église fut financièrement saine et l’est restée depuis. Par la foi et les
sacrifices de ses membres, l'Église a pu faire face à une croissance mondiale régulière.
Les saints des derniers jours considèrent le paiement de la dîme comme une bénédiction
et parlent souvent des bénédictions spirituelles et financières qui ont découlé de
l'obéissance à cette loi.
En plus de payer la dîme, les membres peuvent contribuer à plusieurs fonds
spécialement conçus (voir Contributions financières). Le premier dimanche de chaque
mois, les membres jeûnent deux repas et donnent, au minimum, l'équivalent en argent de
deux repas au fonds d’offrandes de jeûne utilisé exclusivement pour aider les pauvres et
les nécessiteux. Le soutien des missionnaires est avant tout une responsabilité familiale.
Depuis le 1er janvier 1991, le coût mensuel pour les missionnaires et leurs familles a été
normalisé dans le monde entier aux dépenses mensuelles moyennes des missionnaires.
Cependant, les membres sont également invités à contribuer pour aider les missionnaires
qui ont des finances insuffisantes.
GESTION FINANCIÈRE. La collecte et l’utilisation des fonds se pratiquent selon des
procédés de gestion de trésorerie éprouvés. La dîme est donnée à la paroisse ou à la
branche locale et est remise à l’administration de l'Église qui a reçu compétence en la
matière. Les bureaux interrégionaux et régionaux de par le monde collectent et dépensent
les fonds selon les directives des officiers présidents au siège de l’Église.
Les fonds du don de jeûne sont recueillis dans les paroisses où ils sont d'abord utilisés
pour prendre soin des nécessiteux de la paroisse. L’excédent des dons de jeûne dont on
n’a pas besoin localement est envoyé au siège de l’Église ou aux bureaux interrégionaux.
Tous les déficits causés par le soin des pauvres dans l'unité locale sont comblés par les
dons de jeûne excédentaires des fonds généraux. C’est ce qui permet à l’évêque local de
répondre aux besoins de sa paroisse en matière d'entraide.
Le 8 juillet 1838, le prophète Joseph Smith reçut une révélation précisant la méthode à
suivre pour l’utilisation de la dîme reçue par l'Église : « En vérité, ainsi dit le Seigneur, le
temps est maintenant venu où leur affectation [des dîmes] sera décidée par un conseil
composé de la Première Présidence de mon Église, de l'évêque et de son conseil, et de
mon grand conseil » (D&A 120:1).
Plus tard fut créé le Conseil d’Affectation des dîmes, comprenant la Première
Présidence de l'Église, le Collège des douze apôtres et l'Épiscopat Président. Ce conseil
se réunit régulièrement et supervise les dépenses de tous les fonds de l’Église dans le
monde entier. Il approuve les budgets et la stratégie financière et définit la politique
financière.
Deux sous-comités du Conseil d’Affectation des dîmes sont le Comité du Budget et le
Comité d’Allocations. Les deux comités comprennent la Première Présidence, des
membres choisis du Collège des douze apôtres et les membres de l'Épiscopat Président.
Le Bureau du Budget de l’Église fournit un appui en personnel à la Première
Présidence et donne l’orientation administrative générale à la préparation du budget
annuel de l’Église. Au début de chaque cycle budgétaire annuel, des directives concernant
le budget sont données aux chefs de service des départements administratifs de l’Église,
aux bureaux internationaux, aux missions, aux temples et à d'autres unités. C’est en
fonction de ces directives que les budgets sont élaborés aux niveaux de responsabilité les
plus bas et scrupuleusement passés en revue par les divers niveaux de gestion et de
conseils. Le Comité du Budget se réunit périodiquement pour faire un passage en revue
approfondi du budget et pour formuler des recommandations en matière de budget au
Conseil d’Affectation des dîmes.
Le Comité d’Allocations se réunit chaque semaine. Toutes les demandes de dépense
dans le monde entier, à l’exception du petit nombre qui ont été déléguées à un niveau
inférieur d'administration par le Conseil d’Affectation des dîmes, sont examinées, vérifiées
pour s'assurer que la demande se situe dans le budget et reçoivent leur allocation. Les
dépenses qui ont été déléguées font l’objet d’un rapport au comité.
CONTRÔLES FINANCIERS. Les contrôles financiers sont administrés par l'utilisation
d’une politique financière, d'une mise au budget, d’une structure d'organisation et d’audits
réguliers et complets. La politique financière principale vient du Conseil d’Affectation des
dîmes. Des directives de politique et de procédure financières supplémentaires sont
publiées par le Département des finances et des registres, lequel, sous la direction de la
Première Présidence et de l'Épiscopat Président, est responsable des aspects
gestion/contrôle de la comptabilité de la trésorerie, de la taxation et de la gestion des
risques.
L'Église a un Comité d'audit composé d'hommes d'affaires expérimentés qui ne sont
pas associés à l'Église comme employés ou Autorités générales. Ce comité fait
directement rapport à la Première Présidence de l'Église et travaille en collaboration
étroite avec le Département des finances et des registres et avec le Département des
apurements pour garantir le respect strict des principes moraux et des règles et des
procédures financières rigides. Le Département d’apurement fait, lui aussi, directement
rapport à la Première Présidence de l'Église et conserve ainsi son indépendance par
rapport à tous les autres départements. Son personnel d’experts-comptables agréés
exécute des audits continus des systèmes financiers, opérationnels et informatiques pour
les départements de l’Église et les autres organisations gérées par l’Église. Des réactions
à tous les audits sont exigées et un suivi est assuré.
PARTICIPATION ET INVESTISSEMENTS DANS LES ENTREPRISES. La Première
Présidence a créé d’autres conseils et comités pour superviser la gestion des
investissements et des réserves de l'Église (voir Entreprises : Participation de l’Église
dans les entreprises). Chacun de ces comités essentiels est présidé par un membre de la
Première Présidence ou par une autre Autorité générale désignée.
Le Comité de la politique d'investissement est présidé par la Première Présidence et
inclut le président du Conseil des Douze, d'autres membres des Douze désignés et
l'Épiscopat Président. Son but est de définir la politique et la stratégie d'investissement et
de passer en revue les décisions principales d'investissement.
La Deseret Management Corporation (DMC) est une société avec son propre conseil
d'administration. DMC fonctionne comme un holding pour la plupart des entreprises
commerciales appartenant à l'Église. Ces compagnies payent tous les impôts dont doivent
s’acquitter les sociétés commerciales. Certains biens sont également détenus pour des
raisons autres que l'investissement. En plus de protéger les environs des propriétés
sacrées, ces investissements peuvent être maintenus pour soutenir les efforts
ecclésiastiques de l'Église.
L'Église détient toujours quelques propriétés créées à l’origine pour soutenir le
commerce dans les communautés des saints (voir Histoire économique de l’Église).
Cependant, suite à une évaluation de ces avoirs et de leurs contributions à sa mission,
l'Église en a liquidé beaucoup.
Bibliographie
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Doxey, Roy W. Tithing : The Lord's Law. Salt Lake City, 1976.
RICHARD EDGLEY et WILFORD G. EDLING
Foi en Jésus-Christ
Auteur : Brinley, Douglas E.
La foi en Jésus Christ est le premier principe de l'Évangile de Jésus-Christ (4e A de F).
Celui qui a cette foi croit qu'il est le Fils vivant de Dieu, a confiance en sa bonté et en sa
puissance, se repent de ses péchés et suit ses directives. La foi au Seigneur Jésus-Christ
naît quand on entend son Évangile (Romains 10:17). Par la foi, on entre par la porte du
repentir et du baptême et on reçoit le don du Saint-Esprit, qui mène au mode de vie voulu
par le Christ (2 Néphi 31:9, 17-18). Ceux qui répondent sont « vivants dans le Christ à
cause de [leur] foi » (2 Néphi 25:25). Parce que la voie de Dieu est la seule voie qui mène
au salut, « il est impossible de lui être agréable" sans la foi (Hébreux 11:6). La foi doit
précéder les miracles, les signes, les dons de l'Esprit et la justice, car « s’il n'y a pas de
foi... Dieu ne peut faire aucun miracle » (Éther 12:12). Le prophète Moroni 2 dans le Livre
de Mormon résume ces points :
« Le Seigneur Dieu prépare le chemin pour que le reste des hommes ait foi au Christ,
pour que le Saint-Esprit ait place dans leur cœur, selon son pouvoir; et c'est de cette
manière que le Père accomplit les alliances qu'il a faites avec les enfants des hommes. Et
le Christ a dit: Si vous avez foi en moi, vous aurez le pouvoir de faire tout ce qui est utile
en moi. Et il a dit: Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre, et venez à moi, et
soyez baptisées en mon nom, et ayez foi en moi, afin que vous soyez sauvées » [Moroni
7:32-34].
Bien que dans l’usage courant on parle d’avoir foi dans les gens, les principes ou les
choses, dans son sens éternel, la foi existe en Jésus-Christ, et uniquement en lui. Il ne
suffit pas d'avoir foi en n'importe quoi : elle soit être axée sur « le seul vrai Dieu et celui
qu’il a envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). Avoir la foi signifie avoir pleinement confiance
que Jésus-Christ seul peut sauver l'humanité du péché et de la finalité de la mort. Par sa
grâce, « vous êtes sauvés, par le moyen de la foi » (Éphésiens 2:8). Si « Christ n’est pas
ressuscité… votre foi… est vaine » et « vous êtes encore dans vos péchés » (1
Corinthiens 15:14, 17). Faire confiance aux pouvoirs de ce monde, c’est placer sa
« confiance dans le bras de la chair » et, en fait, rejeter le Christ et son Évangile (2 Néphi
4:34).
Paul explique : « Or la foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une
démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1). Les mortels doivent vivre par
la foi, étant donné que les réalités divines sont voilées à leurs sens physiques. Les vérités
invisibles de l'Évangile sont rendues manifestes par l'Esprit Saint et sont visibles dans la
vie des gens qui vivent par la foi, suivant les indications quotidiennes de cet Esprit. Bien
que la plupart des mortels n'aient pas vu les réalités spirituelles au-delà de ce monde
physique, ils peuvent accepter de telles idées dans la foi, sur la base de témoignages
spirituels personnels et ce qui a été écrit par les témoins spéciaux des temps anciens et
modernes que Dieu a appelés et qui ont vécu personnellement ces réalités.
La vraie foi est la croyance plus l'action. La foi implique non seulement l’assentiment
mental ou le fait de savoir que l’on croit mais aussi sa mise en œuvre. La croyance en des
choses spirituelles et profanes pousse les gens à agir. Ne pas mettre en application les
enseignements et les commandements du Christ c’est faire preuve d'absence de foi en lui.
La foi en Jésus-Christ oblige les gens à agir au nom du Christ, à suivre son exemple, à
faire ses œuvres. Jésus a dit : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas
tous dans le royaume des cieux ; mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est
dans les cieux » (Matthieu 7:21; italiques ajoutés). Jacques souligne en outre que « la foi :
si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la
foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi
par mes œuvres » (Jacques 2:17-18; Voir aussi Grâce).
La justice conduit à une plus grande foi, tandis que le péché et la méchanceté
diminuent la foi. « Le juste vivra par sa foi » (Habacuc 2:4). Quand on viole les
commandements de Dieu, on subit une perte de l'Esprit du Seigneur et une perte de la foi,
car la foi en Jésus-Christ est incompatible avec la désobéissance. Le prophète Alma 2 du
Livre de Mormon caractérise les paroles du Christ comme une semence qui est testée
quand on la sème dans son cœur et qu’on la nourrit. Si l’on désire voir la semence grandir,
on doit lui laisser de la place et la nourrir avec sa foi. Si c'est une bonne semence, elle va
gonfler et pousser, et on saura qu’elle est bonne. Par contre, si l’on néglige la semence,
elle va dépérir. Mais si l’on « nourri[t] la parole... par [sa] foi, avec grande diligence », elle
deviendra un arbre de vie et on goûtera son fruit, qui est la vie éternelle (Alma 32:26-43).
La foi peut être nourrie et renouvelée par l'étude des Écritures, la prière et des œuvres
compatibles avec les commandements de l'Évangile. Parce que ceux qui agissent selon
leur foi, se repentent et sont baptisés reçoivent la rémission des péchés, ils ont des
raisons d'espérer en la vie éternelle (Moroni 7:41). Avec cet espoir, leur foi en Jésus-Christ
inspire davantage les gens à se servir les uns les autres dans la charité, tout comme le
Christ l’aurait fait (Moroni 7:44), car « le but du commandement, c’est la charité… d’une foi
sincère » (1 Timothée 1:5). « La charité est l'amour pur du Christ, et elle subsiste à
jamais » (Moroni 7:47). Ainsi, la foi, ou la « constance dans le Christ », permet aux
hommes de persévérer jusqu'à la fin en continuant dans la foi et la charité (2 Néphi 31:20;
1 Timothée 2:15; D&A 20:29). La vraie foi est durable et conduit à l'assurance que les
efforts que l’on fait ne sont pas passés inaperçus et que Dieu est satisfait de l’attitude que
l’on a et de l’effort que l’on fait pour mettre en application les principes de l'Évangile de
Jésus-Christ dans sa vie personnelle.
Si Alma a expliqué comment la foi mène à la connaissance, les commentaires faits
dans l’Église moderne font aussi remarquer comment certains types de connaissance
fortifient la foi (MD, p. 261-267). La connaissance que Dieu existe, la compréhension
correcte de sa personnalité et l’assurance qu'il approuve notre conduite peuvent aider
notre foi à « devenir parfaite et féconde, abondant en justice » (« Lectures on Faith », p.
65-66).
Le rétablissement de l'Évangile dans les temps modernes a été déclenché par un acte
de foi de la part du jeune Joseph Smith. En lisant la Bible, il a été frappé par
l'encouragement de Jacques à tous ceux qui manquent de sagesse à demander « avec
foi, sans douter » (Jacques 1:6). Les visions qu’il a reçues en réponse à ses prières (voir
Visions de Joseph Smith) sont la preuve que les prières sont « exaucées selon [sa] foi »
(Mosiah 27:14). Si Dieu prend plaisir à bénir ses enfants, il lui faut « d’abord… éprouver
leur foi... alors les choses qui sont plus grandes leur seront manifestées » (3 Néphi 26:9).
Mais il n’y aura « de témoignage qu'après la mise à l'épreuve de votre foi » (Éther 12:6),
ou : « sans la foi, tu ne peux rien faire » (D&A 8:10 ). « Les signes viennent par la foi, non
par la volonté des hommes » (D&A 63:10).
Parce que la foi implique que le Saint-Esprit guide les gens, elle les mène par une
main invisible à « l'unité de la foi » (Éphésiens 4:13). Par la force des autres et une
confiance accrue dans la façon de faire du Seigneur, la foi constitue un bouclier contre
l'adversaire (Éphésiens 6:16). De même, la foi a été décrite comme faisant partie de notre
armure, agissant comme une « cuirasse de la foi et de la charité » (1 Thessaloniciens 5:8)
pour protéger les fidèles contre le mal.
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 65-69. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle. Salt Lake City, 1973.
“Lectures on Faith”. Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L.
Dahl et C. Tate, p. 29-104. Provo, Utah, 1990.
DOUGLAS E. BRINLEY
Fondamentalistes
L’expression « fondamentalisme mormon » désigne les croyances et les pratiques de
groupes schismatiques contemporains qui prétendent suivre tous les enseignements de
Joseph Smith, le prophète. Ils se disent souvent croyants en la « plénitude de l’Évangile »,
ce qui, selon eux, doit inclure le mariage plural et parfois l’ordre uni.
Le mouvement fondamentaliste a commencé après la publication du Manifeste de
1890, qui déclarait publiquement la fin officielle du mariage plural dans l’Église de JésusChrist des Saints des Derniers Jours. Les années 1890 à 1904 furent, pour certains, une
période de confusion concernant l’application et l’étendue de l’interdiction de nouveaux
mariages pluraux dans l’Église. Par exemple, du fait que le Manifeste parlait de mariages
allant « à l’encontre des lois du pays », certains estimaient que l’interdiction ne s’appliquait
pas à l’extérieur des États-Unis. Pour cette raison, le Manifeste fut, en 1904, proclamé
officiellement et publiquement d’application mondiale.
À la suite de cette deuxième proclamation, des fondamentalistes récalcitrants
continuèrent d’affirmer que Dieu exige de tous les « vrais » croyants qu’ils respectent le
principe de la polygamie sans tenir compte des décisions de l’Église. Cette insistance a
séparé les fondamentalistes du mormonisme traditionnel. Dans les années 1820, Lorin C.
Woolley, de Centerville (Utah), prétendit que Dieu l’avait autorisé à perpétuer le mariage
plural, disant qu’il avait reçu cette connaissance en 1886, dans sa jeunesse, par le
ministère de Jésus-Christ, de John Taylor et de Joseph Smith. Cette affirmation ne fit que
renforcer l’opposition entre les fondamentalistes et l’Église.
Certains fondamentalistes des années 1920 rejetèrent les prétentions de Woolley à
l’autorité et partirent de leur côté. Charles Kingston s’installa à Bountiful (Utah) et y fonda
une communauté du type ordre uni qui existe encore sous la forme d’une société
relativement fermée. Alma Dayer LeBaron alla s’installer à Mesa (Arizona) puis à Juarez
(Mexique) et jeta les bases de l’Église du Premier-né de la Plénitude des Temps et de
ramifications telles que l’Église de l’Agneau de Dieu. Au fil des années, d’autres
fondamentalistes sont apparus avec des prétentions religieuses diverses.
En dépit de ces défections, la majorité des fondamentalistes sont restés un groupe
organisé, obtenant un nombre d’adhérents réduit mais constant. Au milieu des années
1930, une colonie d’ordre uni fut fondée dans une localité isolée près de la frontière entre
l’Utah et l’Arizona appelée Short Creek, aujourd’hui Colorado City (Arizona). Les
propriétés étaient détenues par des administrateurs appelés l’Effort Uni. Cette colonie est
devenue un havre pour beaucoup de fondamentalistes, bien que la majorité de leurs
partisans résident toujours dans la région de Salt Lake City.
Au milieu des années 1940, les forces de police de l’Utah et de l’Arizona lancèrent un
raid contre la communauté de Short Creek et brisèrent les familles polygames, mettant les
maris en prison et les enfants dans des familles d’accueil. Les dirigeants fondamentalistes
restèrent en prison jusqu’au 24 septembre 1945 (cinquante-cinquième anniversaire du
Manifeste de Woodruff) quand ils publièrent une déclaration publique indiquant leur
intention de cesser d’ignorer la loi du pays. Ils retournèrent auprès de leurs familles et
s’abstinrent un certain temps de violer la loi.
Quelques années plus tard se produisit un schisme majeur dans le groupe de
Colorado City au sujet de la question de l’autorité de la prêtrise et du droit de gouverner.
Joseph Musser (le dirigeant ostensible du groupe), Rulon Allred, ses frères et quelques
autres se détachèrent et fondèrent leur propre groupe qui atteint maintenant les deux mille
membres par des conversions et des naissances et s’appelle aujourd’hui les Frères
apostoliques Unis. En 1976, Rulon Allred, alors dirigeant du groupe, fut assassiné,
manifestement par une épouse plurale d’Ervil LeBaron, de l’Église de l’Agneau de Dieu.
Owen Allred remplaça son frère à la tête du groupe. Le groupe de Colorado City se
réorganisa avec Leroy Johnson comme chef et était, en 1990, un des plus grands groupes
fondamentalistes, avec des milliers de membres. À la mort de Johnson (25 novembre
1986 à Hilldale, Utah), il y eut une lutte pour le pouvoir ; les schismes continuent au sein
du groupe de Colorado City pour des questions d’autorité et de droits de propriété.
Les fondamentalistes affirment croire aux quatre ouvrages canoniques, à l’histoire des
débuts de l’Église et aux prophètes du Rétablissement jusque et y compris John Taylor. La
doctrine fondamentaliste, en ce qui concerne la présidence de la prêtrise, découle d’une
interprétation particulière de la section 84 des Doctrine et Alliances, laquelle, prétendentils, parle d’un conseil de prêtrise ou hiérarchie de sept hommes désignés comme apôtres
« grands prêtres ». Diverses prétentions à la succession ont conduit aux schismes actuels
dans ces groupes. Beaucoup de fondamentalistes indépendants croient que les
prétentions à l’autorité des deux groupes principaux sont infondées ; par conséquent ils
croient et vivent séparément de ces groupes.
Le lien qui unit tous les fondamentalistes est leur croyance que l’Église a changé, alors
qu’elle n’en avait pas le droit, des points de doctrine et des pratiques. Un fondamentaliste
indépendant a publié un livre où il fait la liste de quatre-vingt-quinze soi-disant
changements, imitant ainsi les quatre-vingt-quinze thèses de Martin Luther. Parmi ces
critiques, il y a notamment l’abrogation du mariage plural, l’abandon de l’ordre uni, la
prétendue perte de la révélation à l’Église depuis 1890, la soi-disant perte des clefs de la
prêtrise due à l’abandon de la pratique du mariage plural, la répudiation supposée de la
« vraie » connaissance de la Divinité, des changements de méthode dans l’œuvre
missionnaire (le fait de ne pas prêcher sans bourse ni sac), la corruption des vêtements et
des ordonnances du temple, l’arrêt du rassemblement d’Israël en Utah, le changement de
la façon de conférer la prêtrise et le fait que l’on permet à tous les hommes dignes de
détenir la prêtrise quelle que soit la race.
Bibliographie
Anderson, J. Max. The Polygamy Story : Fiction and Fact. Salt Lake City, 1977.
Kraut, Ogden. Ninety-Five Theses. Dugway, Utah, n. d.
Truth Magazine, Salt Lake City, 1935-1956.
J. MAX. ANDERSON
Franc-maçonnerie à Nauvoo
Auteur : GODFREY, KENNETH W.
L'introduction de la franc-maçonnerie à Nauvoo eut des implications politiques et
religieuses. Quand il se rendit à Nauvoo le 15 mars 1842 pour y installer la loge
maçonnique, Abraham Jonas, Grand Maître de l’Illinois inaugura une période de difficultés
avec les autres francs-maçons de l'Illinois et présenta à Nauvoo un rituel antique ayant
une certaine ressemblance avec les ordonnances du temple (voir Franc-maçonnerie, la, et
le temple).
La procédure maçonnique habituelle exige qu’une loge existante patronne chaque
nouvelle loge proposée. Au début de l’été de 1841, plusieurs saints des derniers jours qui
étaient francs-maçons, notamment Lucius N. Scovil, personnage-clef dans la francmaçonnerie de Nauvoo, demandèrent à la loge Bodley n° 1, à Quincy (Illinois), de
proposer que la Grande Loge d'Illinois nomme certaines personnes comme officiers d'une
loge à Nauvoo. Faisant remarquer que les personnes mentionnées étaient inconnues à
Quincy comme francs-maçons, la loge renvoya la lettre avec des instructions sur ce qu’il
convenait de faire.
Moins qu'un an plus tard, Nauvoo avait une loge sans le patronage normal.
Apparemment le Grand Maître Jonas avait écarté la règle et accordé à Nauvoo « une
dispense spéciale » pour s’organiser. Il fit aussi Joseph Smith et son conseiller, Sidney
Rigdon, « francs-maçons à vue ». Certains croient que Jonas était disposé à agir ainsi
parce qu'il voyait le vote mormon croissant soutenir ses propres ambitions politiques (voir
Politique à Nauvoo). Si ce geste lui valut la faveur de certains saints des derniers jours, il
lui mit à dos d'autres francs-maçons. Joseph Smith avait des raisons d’espérer que les
saints pourraient tirer bénéfice du réseau d'amitié et de soutien qui est normalement le fait
de cette organisation fraternelle, mais au lieu de cela, la loge de Nauvoo ne fit que causer
des frictions.
Jonas publia dans son journal, Columbia Advocate, le récit de l'installation, le 15 mars,
de la loge de Nauvoo. « Jamais de ma vie je n’ai vu une assemblée mieux habillée ou plus
ordonnée et plus polie », écrivit-il (HC 4:565-66). Pendant la cérémonie d'installation,
tenue dans le bosquet près de l'emplacement du temple, Joseph Smith officia comme
Grand Aumônier. Ce soir-là, les francs-maçons étant rassemblés dans son bureau, le
prophète reçut le premier degré de la franc-maçonnerie. Les francs-maçons de Nauvoo
commencèrent alors les réunions matinales hebdomadaires.
En août 1842, la loge Bodley n° 1 protesta contre l'octroi d'une dispense à la loge de
Nauvoo, ce qui eut pour résultat la suspension provisoire des activités. Une enquête fit
apparaître que quelque trois cents saints des derniers jours étaient devenus francsmaçons pendant la brève existence de la loge, mais ne découvrit aucune irrégularité
justifiant sa dissolution. La Grande Loge non seulement autorisa le rétablissement de la
loge de Nauvoo mais accorda plus tard des dispenses pour d'autres loges voisines
composées principalement de saints des derniers jours. Finalement près de 1.500 saints
devinrent associés à la franc-maçonnerie d'Illinois, notamment beaucoup de membres des
conseils dirigeants de la prêtrise de l'Église – et cela à une époque où le nombre total de
francs-maçons non mormons des loges d'Illinois atteignait à peine 150.
Rivaux de longue date de Nauvoo pour l'ascendant politique et économique, les francsmaçons voisins craignaient la domination mormone de la franc-maçonnerie et y
résistèrent. Accusant la Loge de Nauvoo de voter pour plus d'un candidat à la fois, de
recevoir les candidats dans la fraternité sur la base qu'ils se corrigeraient à l'avenir et de
faire Joseph Smith Maître Maçon à vue, les ennemis imposèrent une enquête en octobre
1843. La Grande Loge convoqua les officiels de Nauvoo à Jacksonville (Illinois). Armés
des livres et des papiers pertinents, Lucius Scovil et Henry G. Sherwood répondirent aux
allégations. Tout en faisant rapport que tout semblait être en règle, le comité examinateur
exprima la crainte qu'il pourrait y avoir quelque chose de pas correct et recommanda une
suspension d'un an. À ce moment-là, le Grand Maître Jonas, dans un discours passionné,
déclara que les livres de la Loge de Nauvoo étaient les mieux tenus qu’il eût jamais vus et
exprima sa conviction que s’il n’y avait pas le fait que la Loge de Nauvoo était composée
de mormons, elle serait la plus haute loge de l'état. Un comité fut nommé pour faire une
enquête approfondie à Nauvoo. Le comité ne signala aucun méfait ; néanmoins la Loge de
Nauvoo fut de nouveau suspendue. L'injonction fut retirée plus tard, mais la Loge de
Nauvoo continua à être privée du soutien des autres francs-maçons.
En avril 1844, la Loge de Nauvoo dédia une nouvelle salle maçonnique. Entre-temps,
la loge avait été scindée de la Grande Loge et un franc-maçon d'Illinois avait été expulsé
de sa loge pour avoir assisté à la dédicace. La Loge de Nauvoo continua ses activités
dans le bâtiment nouvellement construit jusqu'au 10 avril 1845, quand Brigham Young
recommanda à Lucius Scovil de suspendre le travail des francs-maçons à Nauvoo. Il n’y
eut que quelques réunions supplémentaires avant le départ des saints des derniers jours
en 1846 pour le Grand Bassin.
Joseph Smith n’eut qu’une participation minime à la franc-maçonnerie et, autant que
l’on sache, n’assista que trois fois aux réunions de la loge maçonnique de Nauvoo.
Néanmoins, les francs-maçons mormons affirmèrent qu’il maîtrisait ses ordres, sa doctrine
et ses principes et qu’il comprenait le symbolisme allégorique de ses instructions.
La plupart des spécialistes qui ont examiné soigneusement la loge maçonnique de
Nauvoo conviennent qu’elle fut plutôt victime que coupable. Tous conviennent que ce
furent les sentiments anti-mormons généralisés et la haine intense des saints des derniers
jours que leur vouaient leurs rivaux locaux, et non les irrégularités ou la mauvaise conduite
qui causèrent la polémique concernent la loge maçonnique de Nauvoo.
Bibliographie
Hogan, Mervin B. "Mormonism and Freemasonry : The Illinois Episode". Dans Little
Masonic Library, dir. de publ. Silas H. Shepherd, Lionel Vibert et Roscoe Pound, Vol. 2, p.
267-326. Richmond, Va., 1977.
Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake City,
1934.
McGavin, E. Cecil. Mormonism and Masonry. Salt Lake City, 1954.
KENNETH W. GODFREY
Franc-maçonnerie, et le temple
Auteur : GODFREY, KENNETH W.
Ceux qui étudient et le mormonisme et la franc-maçonnerie ont réfléchi aux rapports
possibles entre le rite maçonnique et la cérémonie du temple. Bien que certains
prétendent que Joseph Smith a emprunté des éléments à la franc-maçonnerie quand il a
élaboré la cérémonie du temple, la Dotation est plus proche des Écritures modernes
(particulièrement du livre d'Abraham et du livre de Moïse) et des rituels antiques que de la
franc-maçonnerie. Les saints des derniers jours considèrent les ordonnances comme le
rétablissement révélé de cérémonies antiques du temple et qu’elles sont seulement
accessoirement apparentées à la franc-maçonnerie. Les deux ne sont cependant pas
antithétiques ni ne se menacent réciproquement et aucune des deux institutions ne
s’oppose aux recherches concernant les origines antiques de leurs deux cérémonies.
Il y avait beaucoup de cérémonies sacrées dans le monde antique. Modifiés au cours
des siècles, ces rituels ont existé sous une certaine forme chez les anciens Égyptiens, les
chrétiens coptes, les Israélites et les francs-maçons et dans les liturgies catholique et
protestante. Ils ont comme éléments communs le port de vêtements spéciaux, des termes
ritualistes, la présentation théâtralisée de thèmes archétypaux, des instructions et
l'utilisation de gestes symboliques. Un thème commun à beaucoup – que l’on trouve dans
le Livre des Morts égyptien, les Textes égyptiens des Pyramides et les cercles de prière
coptes, par exemple – est le voyage de l'homme à travers la vie et ses efforts, après la
mort, pour passer avec succès devant les sentinelles gardant l'accès au bonheur éternel
avec les dieux. Bien que ces cérémonies varient considérablement, les points importants
qu’elles ont en commun soulèvent la possibilité d'une source commune lointaine.
Les textes égyptiens des pyramides, par exemple, comportent six thèmes principaux :
(1) l’insistance sur l’existence d’un document écrit originel derrière les rites ; (2) la
purification (notamment l’onction, la lustration et l’habillement) ; (3) la création (textes de
résurrection et de réveil) ; (4) le jardin (comprenant les motifs de l’arbre et du repas rituel) ;
(5) le voyage (protection, passeur et textes osiriens) ; et (6) l’ascension (notamment
victoire, couronnement, admission dans la compagnie céleste et textes de Horus). Comme
ces anciennes cérémonies, la dotation du temple chez les saints des derniers jours
présente des aspects de ces thèmes en termes figuratifs. Elle aussi présente, non pas une
image de la réalité immédiate, mais un modèle montrant le schéma de la vie humaine sur
terre et le plan divin dont elle fait partie.
Les cérémonies maçonniques sont également allégoriques, représentant les étapes de
la vie : la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse – chacune avec les fardeaux et les
difficultés qui l’accompagnent, suivies de la mort et de l'immortalité espérée. Il n'y a pas
d’accord universel sur le point de savoir quand la franc-maçonnerie a commencé. Certains
historiens font remonter l'origine de l'ordre à Salomon, à Hénoc ou même à Adam.
D'autres affirment que même si une partie du symbolisme maçonnique peut être ancien, la
franc-maçonnerie en tant qu’institution a commencé au Moyen-Âge ou plus tard.
Bien que dans notre dispensation la Dotation chez les saints date de Kirtland et de
Nauvoo (voir Temple de Kirtland ; Temple de Nauvoo), les saints des derniers jours croient
que les ordonnances du temple sont aussi anciennes que l'homme et que l’essentiel de
l'Évangile de Jésus-Christ, notamment son rituel et ses enseignements nécessaires, a été
révélé pour la première fois à Adam. Ces principes et ordonnances salvateurs ont été plus
tard révélés à Seth, à Noé, à Melchisédek, à Abraham et à chaque prophète à qui la
prêtrise a été donnée, notamment à Pierre. Les saints des derniers jours croient que les
ordonnances accomplies dans les temples modernes reproduisent aujourd'hui des rituels
qui faisaient partie des enseignements de Dieu dès le commencement.
Pour le prophète Joseph Smith, la Dotation chez les saints et la franc-maçonnerie
découlent en partie de la même source antique. Ainsi, certains francs-maçons de Nauvoo
pensaient que la Dotation était le rétablissement d'un rituel qui n’était conservé
qu’imparfaitement dans la franc-maçonnerie et considéraient Joseph Smith comme maître
des principes et du symbolisme allégorique sous-jacents (Heber C. Kimball à Parley P.
Pratt, 17 juin 1842, archives de l'Église). La philosophie et les enseignements principaux
de la franc-maçonnerie ne sont pas fondamentalement incompatibles avec
l'enseignement, la théologie et la doctrine des saints des derniers jours. Les uns et les
autres mettent l’accent sur la moralité, le sacrifice, la consécration et le service, et
condamnent l'égoïsme, le péché et la cupidité. En outre, le but du rituel maçonnique est
d’enseigner – de rendre la vérité accessible pour que l'homme puisse la suivre.
Les ressemblances entre les deux rituels sont limitées à une petite proportion d'actions
et de mots ; en fait, certains trouvent que la Dotation des saints des derniers jours a plus
de similitudes avec les Textes des Pyramides et les documents coptes qu'avec la francmaçonnerie. Même là où les deux rituels partagent le symbolisme, le contenu des
significations est différent. En plus des thèmes de la création et de la vie, une
ressemblance est que l’un et l’autre demandent que les participants fassent des alliances.
Cependant, seule la Dotation rattache les alliances à des bénédictions éternelles et à
Jésus-Christ. La cérémonie maçonnique ne met pas l’accent sur la prêtrise ni sur la
nécessité d'être mandaté par Dieu pour le représenter. La participation active de Dieu
dans le monde et dans la vie des hommes est distinctement un motif du temple. Tandis
que les francs-maçons croient en un Dieu non défini et impersonnel, tout dans la Dotation
chez les saints émane de Dieu ou est dirigé vers Dieu qui est un personnage et le Père
éternel de l'homme. La Dotation vise les éternités et les vies éternelles, mais la francmaçonnerie est terre à terre, imprégnée de légendes humaines et de l’espérance de
quelque chose de mieux.
La franc-maçonnerie est une société fraternelle et dans son rituel toutes les
promesses, tous les serments et conventions se font entre les membres. Dans la Dotation
du temple toutes les alliances sont entre l'individu et Dieu. Dans la franc-maçonnerie, la
mise à l’épreuve, l’évaluation, la pénalisation ou la condamnation sont en accord avec les
règles de la fraternité ou les votes des membres. Dans la Dotation, Dieu seul est le juge.
Dans la franc-maçonnerie, le rang et les promotions ont une grande importance, alors que
dans les rites du temple il n'y a aucune distinction : tous les participants sont égaux devant
Dieu. Le conflit entre le bien et le mal, notamment le rôle de Satan, est essentiel et est
représenté de manière frappante dans la Dotation, mais est essentiellement absent dans
les rites maçonniques. Les cérémonies du temple mettent l’accent sur le salut pour les
morts par les ordonnances par procuration, comme le baptême pour les morts ; rien dans
le rituel maçonnique ne prévoit que des représentants agissent au nom des morts. Les
femmes participent à tous les aspects des rites du temple ; bien que la franc-maçonnerie
ait des auxiliaires pour les femmes, le rituel maçonnique les exclut. L'inclusion des
femmes dans la Dotation met l’accent sur ce qui est sans doute la différence la plus
fondamentale entre les deux rites : Les rites du temple chez les saints unissent maris et
femmes et leurs enfants en des familles éternelles (voir Vies éternelles, Accroissement
éternel ; Mariage). Les scellements chez les saints des derniers jours seraient
complètement déplacés dans le contexte des cérémonies maçonniques.
Ainsi, les saints des derniers jours considèrent leurs ordonnances du temple comme
fondamentalement différentes des rituels maçonniques et autres et voient dans les
ressemblances des restes d'un original antique.
Bibliographie
Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake City,
1934.
Madsen, Truman G., dir. de publ. The Temple in Antiquity. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. The Message of the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment. Salt
Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Shepherd, Silas H., Lionel Vibert et Roscoe Pound, dir. de publ. Little Masonic Library, 5
vols. Richmond, Va., 1977, sp. Mervin B. Hogan, "Mormonism and Freemasonry : The
Illinois Episode," Vol. 2, p. 267-326.
KENNETH W. GODFREY
G
Grâce
Auteur : HAFEN, BRUCE C.
L’un des sujets les plus controversés de la théologie chrétienne est le point de savoir si
le salut est le don gratuit d’une grâce imméritée ou si on le gagne par de bonnes œuvres.
La déclaration de Paul que « l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi »
(Ro. 3:28) est fréquemment citée à l’appui du premier point de vue, tandis que l’on cite
souvent la déclaration de Jacques que la « foi sans les œuvres est morte » (Ja. 2:20) en
faveur de l’autre. La révélation moderne, selon laquelle le salut nécessite et la grâce et les
œuvres, est une réconciliation de bon sens de ces prises de position contradictoires.
C.S. Lewis a écrit à propos de ce conflit : « Pour moi, c’est comme si l’on demandait
quelle est la branche d’une paire de ciseaux qui est la plus nécessaire » (p. 129). Et d'une
manière ou d'une autre presque toutes les confessions chrétiennes acceptent finalement
le besoin de grâce et d'œuvres, mais les divergences en matière de signification et
d'importance parmi les diverses traditions doctrinales demeurent substantielles.
Pour ce qui est de l’interaction entre la grâce et les œuvres, la doctrine de l’Église a
une conception qui lui est propre non seulement en ce qui concerne ces notions mais
aussi en ce qui concerne la nature de l'homme, la chute d'Adam, l'Expiation et le
processus du salut. En même temps, le point de vue des saints contient des idées qui sont
semblables aux éléments de base de certaines autres traditions. Par exemple, le précepte
de l’Église qui veut que des oeuvres telles que les ordonnances soient accomplies par
l'autorité appropriée de la prêtrise ressemble à l'enseignement catholique que la grâce
passe obligatoirement par ses sacrements. D’autre part, l’accent mis par les saints sur le
caractère indispensable de la foi personnelle et du repentir dans une relation directe avec
Dieu fait écho aux enseignements protestants traditionnels. La position de l’Église « n'est
pas un éclectisme commode, mais le retour [par le Rétablissement] à une compréhension
du Nouveau Testament qui réconcilie Paul et Jacques » (Madsen, p. 175).
On pourrait penser que l'accent que l'Église met sur la responsabilité personnelle et la
nécessité d'une obéissance obtenue par de la discipline de soi diminue le rôle de la grâce
du Christ ; cependant, pour des saints des derniers jours, l'obéissance n’est qu’une
branche de la paire de ciseaux. L’ensemble de la théologie de l’Église reproduit également
la thèse principale du Livre de Mormon que sans la grâce il n’y a pas de salut : « Car nous
savons que c'est par grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons
faire » (2 Né. 25:23). La source de cette grâce est le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ :
« La miséricorde est accordée à cause de l'expiation » (Alma 42:23).
Les enseignements de la théologie chrétienne depuis le Moyen-Age sont enracinés
dans la croyance que, principalement à cause des effets de la Chute et du péché originel,
la nature humaine est intrinsèquement mauvaise. Dans les traditions catholique et
protestante, seule la grâce de Dieu peut vaincre ce mal naturel. Divers auteurs chrétiens
ont débattu de la mesure dans laquelle l'octroi de la grâce surmonte complètement la
nature perverse de l'homme. Au cinquième siècle, reflet de sa lutte personnelle contre ce
qu'il considérait être sa nature intrinsèquement mauvaise, Augustin voyait dans la grâce le
seul moyen d’échapper au mal que constituaient les plaisirs terrestres et à l'influence de la
« cité [profane] de l'homme ». Au treizième siècle, Thomas d’Aquin était plus optimiste,
reconnaissant la blessure grave provoquée par le péché originel, mais défendant aussi le
potentiel naturel de l'homme de faire le bien.
Au début du seizième siècle, Martin Luther, suite à sa lecture de Paul et en réaction à
la vente des indulgences, conclut que la foi, don unilatéral de Dieu à des individus choisis,
était la vraie source de la grâce et, en conséquence, de la justification devant Dieu. Luther
mit ainsi (peut-être involontairement) fin au contrôle de l'Église médiévale sur la grâce,
libérant de ce fait la force politique de la réforme protestante. Pour Luther, l’effort individuel
de l’homme ne peut en aucune façon « gagner » ou faire autrement partie de la justice
infusée par la grâce. Même les bonnes oeuvres démontrées par une vie d'obéissance à
Dieu ne sont que les effets visibles de la grâce. Cette idée a plus tard influencé le
développement de l'éthique puritaine. Jean Calvin, le contemporain de Luther, élabora une
doctrine complète de la prédestination basée sur l'idée de Luther que Dieu choisit
unilatéralement ceux à qui il accorde les dons de la foi et de la grâce.
La réponse catholique au défi de Luther rejeta la prédestination et réaffirma que la
grâce passe par les sacrements de l’Église et que la grâce ne peut pas écarter totalement
le libre arbitre humain. En même temps, la pensée catholique soulignait la préséance de
l'initiative de Dieu. La « grâce prévenante » agit sur la volonté humaine avant qu'on se
tourne vers Dieu ; cependant, une fois touché par la grâce, on est toujours libre de
coopérer ou pas. L'interaction entre la grâce divine et la liberté humaine n'est pas
totalement claire ; cependant, la grâce augmente quand on obéit aux commandements de
Dieu et la grâce élève les bonnes oeuvres naturelles de l’homme à des actes de la valeur
surnaturelle dans un processus de régénération spirituelle.
Ces dernières années, certains théologiens protestants se sont attaqués à l’idée que
l’accent mis exclusivement sur la grâce en dehors de tout mérite détruit le sens de la
responsabilité personnelle. Dietrich Bonhoeffer, par exemple, a condamné l'idée « de la
grâce bon marché » qui suppose à tort que parce que « la facture a été payée à
l'avance… on peut tout avoir pour rien » (The Cost of Discipleship, 1963, p. 45). John
MacArthur s’inquiétait de ce que l'évangélisme contemporain promet aux pécheurs qu'ils
« peuvent avoir la vie éternelle tout en continuant à vivre dans la rébellion contre Dieu »
(The Gospel According to Jesus, 1988, p. 15-16). Et Paul Holmer a écrit que mettre
l’accent sur les dangers des œuvres « n’est pas indiqué si les auditeurs n’essaient même
pas ! La plupart des auditeurs à l’église ne risquent pas beaucoup d’arriver au ciel par leur
travail » (« Law and Gospel Re-examined » Theology Today 10, 1953-1954, p. 474).
Certains saints des derniers jours se sont également préoccupés des limites que l’on
s’impose quand on se range d’un côté seulement dans la controverse concernant la grâce
et les œuvres, tout comme ils partagent les préoccupations catholiques concernant une
doctrine de la grâce qui sape la nature fondamentale du libre arbitre. Pour les saints des
derniers jours, les écrits de Paul sur l'insuffisance des œuvres et « des œuvres de la loi »
(Ro. 3:27-28) concernent principalement l'insuffisance des œuvres rituelles de la loi de
Moïse, « qui avait été remplacées par les exigences supérieures de l'Évangile [de JésusChrist] » ; ainsi, Paul considérait à juste titre que « les formes et les cérémonies
extérieures » de la loi de Moïse étaient « des oeuvres non essentielles » (AF, p. 146).
Comme le prophète Abinadi le dit dans le Livre de Mormon (v. 150 av. J.-C.), « le salut ne
vient pas par la loi seule ; et s'il n'y avait pas l'expiation, que Dieu lui-même fera pour les
péchés et les iniquités de son peuple, il devrait périr, malgré la loi de Moïse » (Mos.
13:28).
Dans un sens plus large, l’attachement des saints au rôle primordial de la grâce, tout
en soulignant parallèlement l'autonomie, provient d'une vision doctrinale particulière de la
nature et du destin de l'homme. Comme le fait remarquer John Dillenberger, spécialiste de
la Réforme, « en mettant l’accent sur les possibilités humaines, le mormonisme a mis les
choses au point, non pas en renonçant à la place centrale de la grâce mais en insistant
sur le fait que [les vrais] pouvoirs de l'humanité… reflètent l'état réel de l'humanité en tant
que telle… Le mormonisme a rendu compréhensible ce qui était devenu un problème
insoluble au sein de l'évangélisme : comment réconcilier le nouveau pouvoir de l'humanité
avec les idées négatives héritées concernant l'humanité, sans abandonner la nécessité de
la grâce. » De cette façon, conclut Dillenberger, « c’est peut-être le mormonisme… qui est
la théologie américaine authentique, parce que l'autonomie des groupes revivalistes
fondamentalistes faisait un contraste marqué avec la notion de misère de l'humanité dont
ils avaient hérité » (p. 179).
Dans les enseignements de l’Église, la chute d'Adam rend la rédemption du Christ
nécessaire, mais pas parce que la Chute en elle-même a rendu l'homme mauvais. À
cause de la transgression, Adam et Ève ont été expulsés d'Éden vers un monde sujet à la
mort et aux influences mauvaises. Cependant, le Seigneur a révélé à Adam, à son entrée
dans la condition mortelle, que « le Fils de Dieu a expié la faute originelle » ; les enfants
d'Adam n'étaient donc pas mauvais, mais étaient « purs dès la fondation du monde »
(Moï. 6:54). Ainsi, « L'esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu
ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance,
innocents devant Dieu. » (D&A 93:38).
Lorsque les descendants d'Adam et Ève deviennent ensuite responsables de leurs
propres péchés à l’âge de huit ans, tous goûtent au péché suite à leur propre libre choix.
« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). Quelqu’un que ses
expériences successives conduisent à aimer « Satan plus que Dieu » (Moï. 5:28) finit par
devenir « charnel, sensuel et diabolique » (Moï. 5:13 ; 6:49) de nature. Par contre, celui
qui accepte consciemment la grâce du Christ via l'Expiation par la foi, le repentir et le
baptême, cède aux « persuasions de l'Esprit-Saint, et… se dépouille de l'homme naturel,
et [devient] un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur » (Mos. 3:19). De cette façon,
c’est l'individu qui prend l'initiative d’accepter la grâce mise à sa disposition par l'Expiation,
faisant preuve de foi en étant disposé à croire (voir Alma 32:27). Ce désir est souvent
allumé quand on entend d'autres personnes rendre témoignage du Christ. Quand cette
parole du Christ est semée et puis nourrie par l’interaction de l'obéissance avec la grâce,
comme résumé ci-dessous, l'individu peut « devenir un saint » de nature, jouissant de ce
fait de la vie éternelle (c’est-à-dire une vie semblable à celle de Dieu).
La grâce est ainsi la source de trois catégories de bénédictions liées au salut de
l'humanité. D'abord, beaucoup de bénédictions de la grâce sont inconditionnelles, des
dons gratuits et immérités n'exigeant aucune action individuelle. La grâce de Dieu, dans
ce sens, est un facteur de la Création, de la Chute, de l'Expiation et du plan de salut. En
particulier en ce qui concerne la Chute, et en dépit de la mort et des autres conditions
résultant de la transgression d'Adam, la grâce du Christ a expié le péché originel et assure
la résurrection de toute l'humanité : « Nous croyons que les hommes seront punis pour
leurs propres péchés et non pour la transgression d'Adam » (2e A de F).
En second lieu, le Sauveur a également expié de manière conditionnelle les péchés
personnels. L'application de la grâce aux péchés personnels est conditionnelle parce
qu'elle n’est accessible que quand un individu se repent, ce qui peut être une forme
exigeante d'œuvres. De ce fait, la miséricorde peut satisfaire aux exigences de la justice
sans que la miséricorde ni la justice ne se dépouillent mutuellement. Le repentir personnel
est donc une condition nécessaire au salut, mais il n'est pas suffisant par lui-même pour
assurer le salut (voir Justice et miséricorde). En outre, on doit accepter les ordonnances
du baptême et de l’imposition des mains pour recevoir le don du Saint-Esprit, par lequel on
naît de nouveau en tant qu'enfant d'esprit du Christ et peut être un jour sanctifié (cf. D&A
76:51-52 ; voir aussi Évangile de Jésus-Christ).
Troisièmement, après avoir reçu l'Évangile de foi, de repentir et de baptême pour la
rémission des péchés, se reposant « entièrement sur les mérites de celui qui est puissant
à sauver », tout ce qu’on a fait, c’est entrer « par la porte » sur « le chemin étroit et
resserré qui mène à la vie éternelle » (2 Né. 31:17-20). Dans cette étape du
développement spirituel, qui se situe après le baptême, on doit faire de son mieux,
d’autres efforts, pour « persévérer jusqu'à la fin » (2 Né. 31:20). Ces efforts consistent à
obéir aux commandements du Seigneur et à recevoir les ordonnances supérieures
accomplies dans les temples et poursuivre le processus du repentir « pour conserver le
pardon de vos péchés » (Mosiah 4:12).
Dans les enseignements de Martin Luther, ces œuvres de justice ne sont pas le
résultat d’une l'initiative personnelle mais sont les effets spontanés de la grâce interne que
l’on a reçue, intégralement les fruits de l'arbre généreux. En revanche, dans la doctrine de
l’Église, « les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de
choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir
d'agir par eux-mêmes. » (D&A 58:27-28). En même temps, les hommes n’ont pas la
capacité d’acquérir une nature chrétienne par leurs propres efforts. Les attributs qui
permettent l’accès à la perfection, tels que l'espérance et la charité sont finalement
accordés « à tous ceux qui sont de vrais disciples de… Jésus-Christ » (Mro. 7:48) par la
grâce via son expiation. Cette relation interactive entre les pouvoirs humains et divins
dans la théologie des saints des derniers jours dérive à la fois de l'importance qu’elle
attache au libre arbitre et de son optimisme à l’égard des « fruits de l'Esprit » (Ga. 5:2225) parmi ceux qui sont vraiment convertis, « ceux qui m'aiment et gardent tous mes
commandements, et… celui qui cherche à faire ainsi » (D&A 46:9).
Dieu accorde de manière conditionnelle ces expressions supplémentaires de la grâce
qui donnent accès à la perfection, comme il confère la grâce qui permet le pardon du
péché. Elles sont données « après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23) c'est-àdire en plus de nos meilleurs efforts. D’une manière générale, cette condition est moins
liée à l’obéissance à des commandements particuliers qu'à notre personnalité spirituelle
fondamentale, comme « la douceur et l’humilité de cœur » (Mro. 8:26) et la possession d’
« un cœur brisé et un esprit contrit » (Ps. 51:17 ; 3 Né. 9:20 ; Hafen, chap. 9). Ou, comme
Moroni l’écrit à la fin du Livre de Mormon : « Si vous vous refusez toute impiété et aimez
Dieu de tout votre pouvoir, de toute votre pensée et de toute votre force, alors sa grâce
vous suffit, afin que par sa grâce vous soyez parfaits dans le Christ… alors vous êtes
sanctifiés dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ » (Mro.
10:32-33).
Bibliographie
Dillenberger, John. "Grace and Works in Martin Luther and Joseph Smith." Dans
Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels, dir. de publ. Truman G. Madsen.
Provo, Utah, 1978.
Hafen, Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Life's Experiences. Salt
Lake City, 1989.
Holmer, Paul L. "Law and Gospel Re-examined." Theology Today 10, 1953-1954, p. 474.
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk ! Urbana, Ill.,
1986.
Lewis, C. S. Mere Christianity. New York, 1943.
Madsen, Truman G. Reflections on Mormonism, p. 175. Provo, Utah, 1978.
McDonald, William, dir. de publ. "Grace." Dans New Catholic Encyclopedia, Vol. 6. New
York, 1967.
Millet, Robert L. By Grace Are We Saved. Salt Lake City, 1989.
Rahner, Karl, dir. de publ. The Teaching of the Catholic Church. Regensburg, Allemagne,
1965.
BRUCE C. HAFEN
Grande et abominable Église
Auteur : WRIGHT, DENNIS A.
L’expression « grande et abominable Église », qui apparaît dans une vision
apocalyptique reçue au sixième siècle av. J.-C. par le prophète Néphi 1 dans le Livre de
Mormon (1 Né. 13:6), désigne l'Église du diable et les saints des derniers jours y voient
l’équivalent de « la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux » décrite dans
Apocalypse 17:1. Jacob, frère de Néphi, voit dans cette « grande prostituée de toute la
terre » tous ceux qui sont contre Dieu et qui luttent contre Sion à toutes les époques
(2 Né. 10:16). Néphi ne fait pas de récit détaillé de tout qu'il a vu dans la vision, car cette
responsabilité était réservée à Jean, l'apôtre, qui devait recevoir la même vision ;
néanmoins, Néphi mentionne plusieurs fois son contenu et ses enseignements en utilisant
diverses images et expressions (1 Né. 13:4-9, 26-27, 34 ; 14:1-4, 9-17).
Comme Jean, Néphi et Jacob décrivent les persécutions que les méchants infligeront
au peuple de Dieu, en particulier dans les derniers jours. L'ange qui explique la vision à
Néphi souligne que cette grande et abominable Église ôtera de la Bible et « de l'Évangile
de l'Agneau beaucoup de parties qui sont claires et extrêmement précieuses ; et il y a
aussi beaucoup d'alliances du Seigneur qu'elle [ôtera] » (1 Né. 13:26), faisant
« trébucher » les hommes et donnant à Satan un « grand pouvoir » sur eux (1 Né. 13:29 ;
D&A 86:3 ; Robinson, « Early Christianity », p. 188). Bien que beaucoup de protestants,
suivant l'exemple de Martin Luther, aient rattaché cette force mauvaise décrite dans
Apocalypse 17 à l'Église catholique, ces Écritures modernes et néotestamentaires mettent
plutôt l’accent sur des agents d'apostasie plus anciens dans les traditions juives et
chrétiennes (voir A. Clarke, Clarke’s Commentary, vol. 6, p. 1036-1038, Nashville, Tenn.,
1977).
Quand il parle symboliquement plutôt qu'historiquement, Néphi identifie tous les
ennemis des saints à l'Église du diable (1 Né. 14:9-10 ; 2 Né. 10:16). Ce sont ceux qui,
dans tous les pays et à toutes les époques, désirent « obtenir du gain, et… du pouvoir sur
la chair, et… devenir populaires aux yeux du monde… qui recherchent les convoitises de
la chair et les choses du monde et à commettre toutes sortes d'iniquités » (1 Né. 22:23).
Parmi les autres termes scripturaires liés à la grande et abominable Église, il y a
« Babylone » et la « grande prostituée » (Ap. 17:5 ; 1 Né. 22:13 ; D&A 1:16). Des images
d'orgueil, de cupidité et d'abandon d'alliances sont associées à ces termes, tout au
contraire de l'Église de Dieu. Les Écritures avertissent régulièrement les hommes de fuir
l'Église du mal et de se réfugier dans l'Église de Dieu (Jé. 51:6 ; Ap. 18:4 ; 1 Né. 20:20 ;
D&A 133:14 ; voir aussi P. Minear, « Babylon » dans Interpreter's Dictionary of the Bible,
1:338, Nashville, Tenn., 1962). L'image donnée par le Livre de Mormon d'une grande et
abominable Église complète les images bibliques de Babylone et de la prostituée.
Le destin de la grande et abominable Église est décrit dans les Écritures anciennes et
modernes (Jé. 51:37 ; Ap. 18:21 ; 1 Né. 14:15-16 ; 22:14 ; D&A 1:16) : Même si les nations
de la terre se rassemblent contre lui, la rédemption est promise au « peuple de l'alliance
du Seigneur, qui a été dispersé sur toute la face de la terre » même s’il faut qu’un pouvoir
descende des cieux, comme si c’était par le feu (1 Né. 14:14 ; 22:17). Quand Jésus-Christ
reviendra, il réclamera les siens et rejettera ceux qui se sont opposés à lui (Ma. 4:1-3 ; 2
Th. 2:6-10 ; 1 Né. 22:23-26 ; voir Jésus-Christ : Seconde venue de Jésus-Christ). Lorsque
le Sauveur instaurera son règne millénaire, grande sera la chute de Babylone, la
prostituée, et de la grande et abominable Église (Ap. 18 ; 2 Né. 28:18), parce que tout
genou fléchira et toute langue confessera, avec reconnaissance, que Jésus est le Christ
(És. 45:23 ; Mos. 27:31).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. "The Passing of the Primitive Church : Forty Variations on an Unpopular
Theme". Dans CWHN 4:168-208.
Nibley, Hugh W. "Prophecy in the Book of Mormon : The Three Periods". Dans CWHN
7:410-435.
Robinson, Stephen E. "Warring Against the Saints of God". Ensign 18, janv. 1988, p. 3439.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14". Dans The Book of Mormon :
First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 177-191.
Provo, Utah, 1988.
DENNIS A. WRIGHT
H
Hébreux, épître aux
Auteur : DRAPER, RICHARD D.
Beaucoup de passages de cette lettre du Nouveau Testament ont une importance
particulière pour les saints des derniers jours. Lors des conférences générales de l'Église,
les passages les plus souvent cités dans l’épître aux Hébreux sont ceux qui concernent la
Divinité (Hé. 1:1-3 ; 12:9 ; 13:8), la souffrance obéissante de Jésus (Hé. 2:14-18 ; 4:1516 ; 5:8-9 ; voir aussi Jésus-Christ, Expiation de), la prêtrise éternelle de Jésus-Christ (Hé.
7-8), la nécessité d’être appelé de Dieu pour détenir la prêtrise (Hé. 5:1-4), la nature de la
vraie foi, qui motive les hommes à agir selon la justice (Hé. 11), tendre « à ce qui est
parfait » (Hé. 6:1) et persévérer jusqu'à la fin (Hé. 12:4-11). Ces thèmes sont les piliers
essentiels de l'Évangile de Jésus-Christ.
Le point principal au cœur de l'épître est que Jésus-Christ est le « souverain
sacrificateur [éternel], qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les
cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle » de Dieu (Hé. 8:1-2). Ce
thème est développé dans toute l'épître, montrant comment le salut éternel nous est
apporté grâce à la grandeur, à la validité et à la suprématie de Jésus-Christ. L’épître
s’adresse aux juifs convertis à l'Église chrétienne primitive, qui ont déjà compris les
premiers principes de l'Évangile et ont reçu ses ordonnances de base (Hé. 6:1-4). Étape
par étape, elle s’efforce systématiquement de les persuader « de se raccrocher à leur foi »
(Buchanan, p. 266), de garder l'alliance et de réaliser l'espérance incomparable et les
promesses irrévocables que Dieu leur a données grâce au sacrifice de Jésus-Christ. Avec
son explication de l'Expiation en termes de prêtrise, de serments, d’alliances et d’images
du temple, cette épître tout entière vibre au diapason des concepts et des pratiques des
saints modernes.
Le chapitre 1 commence en déclarant hardiment que Jésus est le seul médiateur entre
Dieu et tous les êtres humains ; il est supérieur aux prophètes et aux anges et les
remplace. Personnalité séparée et distincte dans la Divinité, il est le Dieu de la Création et
la révélation parfaite de la Divinité pour toujours. Il est, spirituellement et physiquement,
l’empreinte de la personne de son Père ; lui seul a payé pour les péchés de l'humanité et
est assis à la droite de Dieu le Père (Hé. 1:1-3). Le Père a introduit le Sauveur (qui était
son « premier-né » dans l'existence prémortelle) « dans le monde » (Hé. 1:6 ; cf. D&A
93:21 ; 1 Né. 11:18). En tant que premier-né, Jésus est l'héritier de toutes choses (Hé. 1:2)
et ceux qui sont fidèles deviennent cohéritiers avec lui (voir Héritiers).
Le chapitre 2 invite fortement à écouter la parole de Dieu donnée par Jésus-Christ (Hé.
2:1-4). L’autre monde est entièrement assujetti au Christ (Hé. 2:5-10). Dieu l’a rendu de
peu inférieur « à Dieu ». Parce que Dieu est le Père de tous, même le Christ lui est
soumis. Le Christ ne le cède qu’au Père, et pourtant il est le frère d'esprit de l'humanité
(Hé. 2:17). Comme ses frères et ses sœurs dans la condition mortelle, il a connu la
tentation, mais contrairement à eux, il n’a jamais péché (Hé. 2:18 ; 4:15-16). Par ce qu’il a
souffert, il a appris l'obéissance et a acquis de la compassion pour tous les enfants de
Dieu.
Le chapitre 3 recommande aux hommes de contempler la grandeur du Seigneur et de
s'engager vis-à-vis de lui. L'obéissance absolue montrée par le Sauveur à son Père
montre le chemin. C’est aujourd’hui qu’il faut s’engager. L'Évangile n'est pas toujours
accessible à l'humanité, il est donc nécessaire de faire alliance « aujourd’hui » de peur de
connaître le sort des Israélites rebelles et de mourir dans le désert de leur propre vie (Hé.
3:7-17 ; cf. Jos. 24:14-25 ; Jcb. 6:5-7 ; D&A 64:23-25).
Le chapitre 4, empruntant partiellement au symbolisme du temple israélite, invite les
saints à entrer dans le repos du Seigneur (Hé. 4:1, 11). On y parvient en croyant, en ne
s’endurcissant pas le cœur, en travaillant, en étant à découvert devant Dieu, en se
reposant sur la compassion de Jésus, le souverain sacrificateur, et en s’approchant avec
assurance du trône de la grâce de Dieu afin d’obtenir miséricorde en temps de besoin (Hé.
4:7, 11, 13, 15, 16).
Le chapitre 5 explique comment Jésus a obtenu son autorité d’agir comme souverain
sacrificateur d'Israël. Il ne s’est pas attribué cette dignité. Comme dans le cas d’Aaron,
Dieu l'a choisi et lui a conféré l'autorité comme « sacrificateur pour toujours, selon l'ordre
de Melchisédek » (Hé. 5:6 ; Ps. 110:4).
Le chapitre 6 invite tous les membres de l'Église à « saisir l’espérance » de la
perfection et de la vie éternelle, qui leur a été offerte par un serment et une alliance
immuables (Hé. 6:1, 13-20 ; voir aussi Prêtrise, Serment et alliance de la). La diligence à
servir le Christ apporte la pleine assurance de promesses extraordinaires, comme Dieu a
fait alliance avec Abraham et lui a promis un accroissement éternel (Hé. 6:13-14 ; cf. D&A
132:30). Cette espérance, rendue possible dans le Christ, est une ancre pour l'âme,
puisque Dieu ne peut pas mentir. Toutefois, ceux qui ont une fois goûté la bonne parole de
Dieu et ont eu part au Saint-Esprit et qui tombent et « crucifient pour leur part le Fils de
Dieu », commettent un péché si grave qu'ils ne peuvent être renouvelés et amenés à la
repentance (Hé. 6:6-10).
Les promesses que Dieu a faites à Abraham sont offertes à tous ceux qui vont au
Christ : Jésus était prêtre selon l'ordre de Melchisédek, qui était le prêtre qui a béni
Abraham, dans les reins duquel était Lévi. La supériorité de la Prêtrise de Melchisédek du
Christ par rapport à la prêtrise lévitique et à la loi de Moïse est détaillée au chapitre 7.
Melchisédek était un symbole du Christ. Sa prêtrise était plus permanente que la prêtrise
lévitique, qui était limitée aux lignées par le sang et n'était pas donnée avec un serment et
dont les prêtres ne continuaient pas à cause de la mort et qui avaient besoin d’un
renouvellement quotidien (Hé. 7:3, 21, 23, 27). Par contre, l'ordre de Melchisédek de la
prêtrise était dirigé par Jésus-Christ, qui, à la différence du souverain sacrificateur dans la
loi de Moïse le jour annuel des expiations (Lé. 16:4), n'avait pas besoin « d'offrir de
sacrifice pour ses propres péchés, parce qu’il n'avait pas de péché » (TJS Hé. 7:26). Sa
prêtrise était « aparabatos », ce qui veut dire « permanente, immuable et incomparable »
(Hé. 7:24). Aucune autre prêtrise ne lui succédera. Ce sera pour toujours le pouvoir
permanent du salut et des vies éternelles dans l'Église du Christ (EPJS, p. 132, 260).
En tant que souverain sacrificateur, Jésus s'est offert comme sacrifice expiatoire
éternel et est devenu le médiateur de cette nouvelle alliance plus excellente (Hé. 8:6),
mettant la loi de Dieu dans le cœur de son peuple (Hé. 8:10 ; 10:16). La vieille loi (de
Moïse), avec ses observances et ses sacrifices, était accomplie. Par la nouvelle alliance,
Dieu promettait de ne plus se rappeler les péchés de ceux qui se repentaient (Hé. 10:17)
et chaque saint était invité à s’engager sur « une route nouvelle et vivante » par le sang du
Christ (Hé. 10:15-20). Ceux qui étaient disposés à le faire avec patience et foi seraient
justifiés et recevraient la promesse (Hé. 10:35-38).
Le chapitre 11 se concentre sur la foi et ses effets extérieurs sur la vie des héros
spirituels d'Israël. La foi est la substance ou la justification ou l'assurance réelle
(hypostase) et la preuve ou démonstration (elenchos) de choses qu’on ne voit pas, qui
sont vraies (Hé. 11:1 ; Al. 32:21). La vraie foi se manifeste nécessairement dans des
œuvres de justice.
Le chapitre 12 exhorte donc les fidèles à supporter les réprimandes et les corrections
de Dieu, qui est le Père de leur esprit. En héritant des bénédictions de l'éternité comme fils
du Dieu vivant, ses saints sont en mesure d’aller à la nouvelle montagne de Sion, la
Jérusalem céleste, étant rendus parfaits, une assemblée de « premiers-nés »
(prototokon), ayant hérité de tout avec le Premier-né.
Le chapitre 13 conclut en recommandant que « le mariage soit honoré » et en
conseillant à tous : « persévérez dans l'amour fraternel », « ne vous livrez pas à l’amour
de l’argent » et soyez fidèles à Jésus seul « en portant son opprobre, car nous n’avons
point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hé. 13:1, 45, 13-14). Ceux qui entrent dans ce saint ordre et en gardent les alliances se préparent
pour la vie éternelle et l'accomplissement de la prière « que le Dieu de paix, qui a ramené
d’entre les morts le grand pasteur des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre
Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l'accomplissement de
sa volonté » (Hé. 13:20-21).
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Buchanan, George W. To the Hebrews. Garden City, N.Y., 1972.
Gentry, Leland H. "Let Us Go On unto Perfection : Paul's Message in the Book of
Hebrews". Dans Sidney B. Sperry Symposium, p. 135-144. Provo, Utah, 1983.
RICHARD D. DRAPER
Hélaman 1
Auteur : Thorne, Melvin J.
Le premier Hélaman mentionné dans le Livre de Mormon (v. 130 av. J.-C.) est l'un des
trois fils de Benjamin, roi des Néphites et du peuple de Zarahemla. Il n’est mentionné
qu’une fois à propos des efforts de son père pour l'instruire, lui et ses frères, Mosiah 2 et
Hélorum. Benjamin leur enseigna la langue de leurs pères et les prophéties prononcées
par eux, « afin qu'ils devinssent ainsi des hommes pleins de jugement » (Mosiah 1:2).
MELVIN J. THORNE
Hélaman 2
Auteur : Cheesman, Paul R.
Hélaman 2 (v. 100-57 av. J.-C.) est un commandant et un prophète militaire
remarquable du Livre de Mormon. Fils aîné d'Alma le Jeune, il est le frère de Shiblon et de
Corianton (Al. 31:7) et père d’Hélaman 3. Il devient grand prêtre (Al. 46:38) et est connu
pour son enseignement du repentir à son peuple.
Pendant sa jeunesse, il reste en arrière pendant la mission de son père et de ses
frères chez les Zoramites (Al. 31:7), apparemment pour gérer les affaires domestiques et
ecclésiastiques en l'absence d'Alma. Plus tard, son père lui donne une bénédiction
spéciale, qui est souvent citée parmi les saints des derniers jours, l'exhortant à garder les
commandements de Dieu et lui promettant que, s'il le fait, il prospérera dans le pays (Al.
36:30 ; 37:13). Son père lui commande aussi de continuer les annales de son peuple et lui
confie la garde sacrée des annales néphites, des plaques d’airain, des vingt-quatre
plaques des Jarédites, des interprètes et du liahona, c'est-à-dire le compas divin qui a
conduit la famille de Léhi à la nouvelle terre promise en Amérique (Al. 37:1-47). Avant la
mort de son père, Hélaman mettra par écrit la prophétie de celui-ci concernant la
destruction finale du peuple néphite (45:9-14).
Bien que simplement connu pour avoir été l'un des « grands prêtres de l'Église » (Al.
46:6), il est manifestement le prêtre en chef parce que « Hélaman et ses frères » (45:2223 ; 46:1, 6 ; 62:45) ou « Hélaman et les grands prêtres » (46:38) accomplissent toujours
les fonctions ecclésiastiques ; aucun autre grand prêtre président n'est cité. Quand
Hélaman et ses frères tentent « d'établir de nouveau l'Église dans tout le pays » (45:22)
après une guerre prolongée avec les Lamanites (43-44), leur action déclenche une
agitation populaire menée par Amalickiah, ce qui va précipiter les Néphites dans une de
leurs guerres les plus dévastatrices.
Pendant la jeunesse d’Hélaman, un grand nombre de convertis lamanites, appelés
Ammonites (voir Livre de Mormon, Peuples du), vont s’installer dans le territoire néphite
de Jershon (Al. 27). Ils s’engagent par serment à ne plus jamais ôter la vie à qui que ce
soit (Al. 24:17-18). Plus tard, quand d'autres Lamanites attaquent leurs protecteurs
néphites, les Ammonites proposent de rompre leur serment afin d'aider l'armée néphite à
défendre leurs familles et leurs terres. Ce sont « Hélaman et ses frères » qui vont les
persuader de ne pas rompre leur alliance. Ils accueillent cependant 2.060 jeunes
Ammonites, qui ne sont pas tenus par le serment de leurs parents, qui se proposent pour
combattre pour la cause néphite et choisissent Hélaman pour les diriger (53:10-22). En
acceptant leur proposition, il devient à la fois chef militaire et père spirituel, une
observation que l’on trouve dans la longue lettre d’Hélaman à son commandant Moroni 1
(Al. 56-58). Hélaman conduit ses « jeunes soldats » (53:22) dans de nombreuses
batailles, mais aucun d’eux n’est tué, bien que tous aient reçu des blessures (56:56 ;
57:25 ; 58:39). Ces jeunes hommes attribuent à Dieu leur protection et rendent hommage
à leurs mères qui les ont formés dans la foi (56:47). Pendant sa campagne militaire
comme chef de ces jeunes hommes, Hélaman remporte victoire sur victoire, capturant
souvent des ennemis sans effusion de sang. Manifestant une ingéniosité et une
personnalité extraordinaires, il reconnaît toujours les bénédictions de Dieu dans ses
succès (56:19 ; 57:35 ; 58:33).
Après la guerre, Hélaman retournera chez lui et passera les années qui lui restent à
régler les affaires de l'Église, convainquant « beaucoup de gens de leur méchanceté, ce
qui les amena à se repentir de leurs péchés et à être baptisés pour le Seigneur, leur
Dieu » (Al. 62:45). Une ère de paix résulte de ses efforts finaux. Il meurt en 57 av. J.-C.
PAUL R. CHEESMAN
Hélaman 3
Auteur : BAKER, CHRISTINE PURVES
Hélaman 3, fils de Hélaman 2, est le gardien des annales et 
Téléchargement