DOSSIER SANTE « L’Homme moderne est-il responsable du cancer ? » Avril 2008
PB – CG – MI – LM ESCT – MSIS 4
I INTRODUCTION
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on entende parler du Cancer, que ce soit sur un plan
médiatique mais aussi personnel. En effet, ce fléau ravageur fait une victime toutes les 2 minutes en
France [1], ce qui lui vaut désormais le sobriquet de nouveau « serial killer ». Depuis quelques
années, les livres et les recettes « anti-cancer » ont le vent en poupe et préconisent souvent un retour
aux sources passant par une alimentation saine, souvent « bio » et un rythme de vie plus apaisé,
basé sur la méditation et l’épanouissement de soi. Ainsi, se développent de nouvelles tendances
alimentaires et comportementales supportées par des leaders d’opinons de plus en plus médiatisés.
Mais il est légitime de se demander dans quelle mesure les arguments revendiqués sont justifiés
scientifiquement, d’autant que le citoyen n’a accès qu’à un certain nombre d’informations vérifiées.
Le flou semé par des informations de tous bords tend à minimiser les chiffres de l’augmentation du
cancer. Ainsi, des idées reçues servent de contre arguments aux chiffres officiels du cancer avancés
par les épidémiologistes. La part de la génétique, l’avancée des techniques de dépistage, ou encore
le vieillissement de la population ou l’age avancé de la femme à la procréation sont le plus souvent
rencontrés. Cependant, ces arguments à eux-seuls ne suffisent pas à justifier la croissance des taux
d’incidence de la maladie. En effet, il est actuellement reconnu que le facteur héréditaire
n’interviendrait que dans moins de 10% des cas tous types de cancer confondus (voir les détails dans
le chapitre II). De même, les cancers « dépistables » ne sont pas les seuls à être en augmentation.
D’autres cancers, tels que le cancer du cerveau, du pancréas, des testicules, ou les lymphomes
connaissent un accroissement d’incidence dans les pays développés. En ce qui concerne l’argument
faisant le lien entre le cancer du sein et les grossesses de plus en plus tardives, nous pouvons aussi
signaler que le cancer de la prostate a augmenté encore plus rapidement que le cancer du sein dans
les pays occidentaux (de 200% en France entre 1978 et 2000, de 258% aux USA dans la même
période) [2]. Enfin, en ce qui concerne le vieillissement de la population comme facteur
d’augmentation du nombre de nouveaux cas de cancers déclarés, l’augmentation du taux de cancer
chez les jeunes montre que la prolongation de la durée de vie n’explique pas tout (d’autant que les
chiffres officiels de l’OMS sont rapportés à l’âge).
L’objet de ce dossier est de comprendre si, de par son évolution (industrialisation, comportements
alimentaires et sociaux) l’Homme moderne est oui ou non responsable du cancer.
Notre projet n’est pas de dresser un tableau alarmiste et encore moins culpabilisateur mais informatif
et aidant à une réflexion personnelle, voire une prise de position sur cette problématique
contemporaine.
Après avoir dressé un état des lieux sur les chiffres de cette maladie en France et dans le monde au
cours du siècle, nous analyserons quel pourrait être le rôle des facteurs de notre environnement
actuel et l’impact de notre alimentation contemporaine sur le développement de cette maladie.
En dernière partie, nous ferons le bilan des positions de l’Etat français sur cette question d’actualité et
des mesures concrètes prises en termes d’information et de prévention.