illusion d’une dollarisation sans frein de l’économie mondiale, se profilait la remise en cause de
grands équilibres géopolitiques mondiaux qui reposaient jusqu’alors, grâce au privilège
exorbitant du dollar, sur le déni de fragilité de l’hyperpuissance États-Unienne. On se souvient
des propos de John Connally, Secrétaire au trésor du président Nixon : « Le dollar est notre
monnaie mais c’est votre problème ».
Il est clair que les signaux adressés par Donald Trump à l’Empire du milieu, dès son élection,
sans même attendre sa prise de fonction du 20 janvier 2017, n’avait d’autre but que de signifier
à XI Jinping, qu’arrivé à mi-parcours de ce Marathon titanesque il était plus que temps de revoir
la règle du jeu.
Mais ne nous y trompons pas, « make no mistake » comme disait, en d’autres temps, G.W.
Bush, ce qui s’annonce est une remise en cause de l’ensemble de l’architecture géopolitique
mondiale qui, depuis la nuit des temps, repose sur l’affrontement des puissances de la mer
avec celles de la terre, affrontement masqué jusqu’alors par l’effacement séculaire de la Chine.
L’affrontement Chine/États-Unis est inéluctable
Il est parfaitement symbolisé, par l’image du piège de Thucydide. Le seul problème étant de
savoir si les deux antagonistes auront la sagesse d’éviter ce piège. Compte tenu de l’énormité
des enjeux et de la puissance des acteurs, le sort de la planète est en cause. On ose à peine
imaginer ce que représenterait, en ce XXIème siècle nucléarisé et peuplé de plus de sept
milliards d’habitants, un « remake » du conflit entre Sparte et Athènes et surtout de son issue…
En la schématisant beaucoup, la vision géopolitique américaine d’hégémonie telle qu’elle fut
pratiquée et développée progressivement, sans partage, au cours du dernier siècle, se fonde
sur la notion de « containement », voire de « roll back », c’est-à-dire d’endiguement ou de
refoulement.
Cette notion théorisée depuis le début de la guerre froide s’est appliquée, pour l’essentiel, à
l’Union soviétique Elle est restée au cœur de la conception américaine des relations
internationales, le maintien en activité de l’OTAN malgré la disparition de l’URSS et du pacte
de Varsovie en est l’un des témoignages les plus marquants.
Bien des signes laissent à penser que dans l’esprit des stratèges américains, malgré les
interdépendances économiques, cet endiguement s’étend maintenant à l’ensemble sino-russe
c’est-à-dire à l’Eurasie.
Ce conflit, qui s’annonce, entre Atlantisme et Eurasisme tend à prendre les traits, d’une guerre
de siège. C’est pourquoi on préférera pour le décrire les termes d’encerclement,
désencerclement et contre-encerclement.
Encerclement : le cauchemar de Mackinder
Dans un article de douze pages qui reprenait le texte de la conférence prononcée à Londres
devant la Royal Society of Geography , le 25 janvier 1904, intitulé « Le pivot géographique de
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