Ambon (56). Eglise paroissiale. Rapport de sondage.

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sondage archéologique
ECLISE
PAROISSIALE
1
Patrick ANDRE
Alain
TRISTE
SONDAGES
EGLISE
ARCHEOLOGIQUES
PAROISSIALE Z D'AMBON
- MORBIHAN -
- 1990 -
- Autorisation n° 89-28 AH de M. le Directeur des Antiquités de Bretagne. 30 novembre 1989.
- Rapport transmis
à M. Le Directeur des Antiquités.
- Septembre 1990 -
SONDAGE ARŒEOLOGIQUE, n° 89-28 AH
Département
Morbihan
Commune
AMBON
Lieu-dit
Eglise paroissiale
Coordonnées Lambert
Ax, 231,8
Ay, 296,35
Les recherches ont été entièrement financées par la commune d1
Ce rapport a été rédigé par P.ANDRE
et A. TRISTE, avec
la collaboration de J.P. LABAT &J. HYVERT.
LE PLAN GENERAL
DES STRUCTURES FOUILLEES EN
1988 et 1990 SE TROUVE EN FIN DE CE RAPPORT
CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES DU MORBIHAN.
( C.E.R.A.M. )
3
Les fouilles archéologiques, dont rend compte ce
rapport^ prolongent et terminent les recherches effectuées en
1988 dans le choeur de l'église
Ces fouilles
paroissiale d1 AMBON.
étaient motivées par la dépose et
la réfection du sol de cette partie de l'église. Le rapport de
la première campagne, transmis en décembre 1988 à la Direction
des Antiquités, développe les raisons de l'intervention et rappelle l'importance historique et architecturale de l'église d'
Ambon. On n'a pas jugé utile ici de reprendre ces données.
Cette fouille a été faite sous le contrôle de la
Direction de Antiquités, et de MM. l'Inspecteur et 1' Architecte en chef des Monuments historiques. L'église d'Ambon est inscrite à l'inventaire supplémentaire. En 1989, la COREPHAE de Bretagne a proposé son classement comme monument historique.
MORBIHAN
AMBON
. LISE S* CYR
S" JULITTE
FIg 1. AMBON (Morbihan). Eglise paroissiale. Emplacement des structures foull
Fouilles 1988
********
Fouilles 1990
Secteur A : TRANSEPT SUD ET SES ABORDS.
La fouille est conduite du niveau initial du pavage( niveau de comparaison auquel est affecté arbitrairement la cote + 20 m)
jusqu'au sol naturel, à 18,28 m., soit donc à travers 1,72 m. de structures et couches variées.
1)- En limite orientale et à l'extérieur du transept sud, la
dépose des dalles révèle immédiatement la présence de structures bâties
Photo
1
en demi-cercle, liées au mortier blanc : l'absidiole sud.
Elle conserve quatre à cinq assises de pierres et repose, à
la cote 19,40 m. sur une semelle en saillie à l'intérieur, constituée
également de quatre à cinq assises.
L'ensemble repose, à 19 m. sur une couche de terre noire,
où l'on note la présence de plusieurs restes de sépultures, orientées
est-ouest. Certaines sont recouvertes par les fondations de cette absidiole, ce qui traduit leur évidente antériorité.
Au centre de l'absidiole, des dalles fragmentées et des éléments de sarcophage au niveau moyen 19 m.
Il est donc évident que cette absidiole a
succédé à une première occupation des lieux : on retrouve ici
ce qui
avait été noté lors de la fouille de l'abside principale en 1988. La
construction de cette dernière avait sectionné un champ de sépultures,
dont ne subsiste plus que la partie orientale.
C'est à ce même ensem-
ble funéraire qu'appartenaient les inhumations mises au jour
dans l'ab-
sidiole sud.
A l'ouest, l'absidiole paraît fermée par un mur. L'examen révèle que ce mur est étranger à l'abside : une structure différente, un
mortier jaune, et
Photo
2
non blanc, traduisent une mise en oeuvre
distincte,
évidemment antérieure : Sur ce mur en effet sont venus s'appuyer
le
retour de l'absidiole, et ultérieurement la retombée de l'arc cintré.
Ce mur ( large de 0,50 m. et haut de cinq à six assises) nous
paraît dépendre de l'édifice fouillé en 1988 sous la croisée du transept.
6
7
Photo 2. Transept sud. Vue interne de l'absidiole, dont le
retour ( à gauche) s'appuie sur un mur plus ancien
qui supporte également la retombée de l'arcade (à
droite).
I
8
2)- Dans le transept sud, une fois les dalles enlevées, on obf 1 g•
2
Photo 3
serve deux constructions jumelles, rectangulaires,(1,90 m. x 0,60 m.),
orientées est-ouest, restes de caveaux funéraires.*
a) -
Le caveau n°l possède un fond bétonné et des parois maçon-
nées, enduites de mortier blanc. Il ne subsiste que trois des quatre parois initiales, celle du côté sud ayant été détruite lors de l'aménagement
du caveau n°2. De même les hauteurs des parois, réduites à environ 0,20m.,
traduisent un arasement de ce coffre funéraire à une époque ultérieure.
La paroi nord de ce caveau n°l est percée de deux cavités
circulaire (0:0,10 m.).
Ce caveau 1 a livré le mobilier suivant :
- Trois pichets écrasés. Reconstitués, Ils présentent un type Identique : Hauts
de 0,13 à 0,15 m., Ils sont à une anse, sans bec verseur (ouverture : 8 cm.)
La pâte est belge en surface et contient de gros grains de quartz en dégraissant. Le n° 3
comporte une coulée (accidentelle) de glaçure verte.
Ces trois récipients sont perforés ( après cuisson) de trous ( 0:1,5 cm) sur
la partie supérieure de la panse, attestant leur usage comme poterie d'inhuflg
4
matlon. Le pichet n° 3 contenait encore des restes de branchages calcinés, en
bon état,longs de 5 cm. et d'un diamètre d'environ 1,5 cm.
Ils ont été trans-
mis pour analyse.
Ces poteries funéraires sont très proches de celles trouvées à Rennes,
lors des
fouilles du Vieux-Saînt-Etienne ( A.BardeI,"Note sur des céramiques médiévales
Inédites à Rennes'.' Revue archéologique de l'ouest, 1 , 1984, p.125-130).
- Des éléments de boucle de ceinture, en bronze.
- Une demi-monnaie, à l'intitulé :
REX FRAN....
(transmise pour analyse ).
- D'Infimes restes d'ossements pulvérulents, non prélevés.
Le caveau n°2, postérieur, a détruit la paroi sud du n°l.
Il est démuni de fond, et n'a livré aucun mobilier.
b) -
Ces restes de caveaux funéraires reposent sur un blocage
de pierres et terre mêlées.
Plus bas, à la cote 18,60 m., la présence
de structures impose le démontage de ces caveaux. On observe alors, sous
Fig
3
Photo 4
le caveau n° 1, un reste de mur, orienté est-ouest, long de 1,20 m. et large de 0,70 m., fait d'un double parement avec blocage interne. Il convient
de noter que ce mur ne peut
avoir servi d'assise au caveau, car il se
trouve légèrement en retrait, vers le nord.
f Ig
6
* Ces caveaux sont noyés dans une épaisse couche, profonde de 1 à 1,30 m. riche de très
nombreuses sépultures, parfois bouleversées, qui ont livré des croix, une bague, des éléments
perlés de chapelets en verre et os, des clous de cercueiI s,I'ensembIe étant daté par des
monnaies
de Henri
I1I et surtout de Louis XIII.
F!
g. 2.Transept sud. Caveaux funéraires n° 1 et 2.
1 0
F 1g.
3.
Transept sud. Sous les caveaux n°l et 2, reste d'un
mur à double parement et blocage interne
galette d'argile cuite, reste d'un foyer.
1 2
c)-
A cette même cote 18,60 (+ - 0,10 m.) s'étend une couche
noire, épaisse d'environ 0,10 m. et riche de nombreux éléments romains :
flg.
Céramique commune en terre noire et grise.
Deux tessons de céramique d'Argonne
9
Un tesson de céramique " à I'éponge"
un fragment de vase fumlgé à décor gullloché
f Ig.
un fond de bouteille carrée, en verre bleu verdâtre.
10
une algulI le en os
de nombreux fragments de tulles
une grande quantité de coquilles d'huîtres et autres espèces de coquillages,
des fragments d'ossements animaux
quelques restes d'objets métalliques roui liés.
Une galette d'argile cuite, reste d'un foyer, est, à l'ouest,
inscrite dans cette couche romaine et s'appuie sur des structures maçonnées
sous-jacentes et voisines. Postérieure à ces structures et à la couche
romaine, cette galette d'argile cuite n'est pas sans rappeler le four de
fondeur mis au jour en 1988 dans la croisée du transept.
La présence à ce niveau d'une couche romaine peut surprendre.
Elle est de même nature que celle qui a été ultérieurement notée sur le
rocher, en fin de fouille. On peut donc supposer que sa présence à ce niveau résulte de rejets ultérieurs liés à des reprises dans l'édifice. Ces
rejets provenant d'horizons romains,sans doute proches, auront alors recouvert des structures plus récentes.
d)-
En fin de fouilles, après décapage de cette couche rapportée
le transept sud laisse apparaître les constructions suivantes :
- à l'est, le mur noté plus haut, qui sert d'appui à
l'absidiole, et qui lui est antérieur.
- au centre, deux constructions rectangulaires identiques, dont subsiste un muret composé de deux à trois assises, limitant une
cavité interne large de 0,70 m. La longueur est au minimum de trois mètres :
ces éléments disparaissent en effet sous le mur sud de l'église. Ils peuvent donc se prolonger au-delà. Ces deux constructions sont séparées par
des
"canaux", larges de 0,20 à 0,30 m. qui les entourent. Ces canaux
sont
comblés de pierres et de blocs d'argile jaune provenant de la démolition
des parties supérieures de ces petites constructions, initialement
élevées donc que ce que la fouille
sont associés
a révélé. A ces pierres
plus
de démolition
des éléments romains, notamment des fragments de céramique
commune et une monnaie du 3ème siècle, un antoninien à la légende incomplète C0NSECRATI0, avec autel.
1
3
Ces structures renvoient aux éléments de même type fouillés
en 1988 sous la croisée du transept, et en partie détruits lors de la
construction du four de fondeur. Leur fonction reste hypothétique. On
peut imaginer une sorte de solivage maçonné ayant servi d'appui à un
plancher. A l'ouest, les supports en bois auraient reposé sur un petit
muret plaqué contre un mur plus ancien, et à 1' est
sur une assise dé-
bordante présente dans le mur qui "ferme" le transept:
Interprétation hypothétique des structures du transept sud.
(
en
pointillé,
les
structures
disparues)
Au-delà de ces interrogations, il parait évident que les
structures centrales rectangulaires, le muret ouest et le mur est correspondent à un même ensemble architectural.
3)- En limite ouest du transept sud, à l'aplomb
de l'arc
séparant le transept du bas-côté, un mur présente un faciès particulier.
Large de 0,55 m., il conserve cinq rangées de moellons et repose sur un
cailloutis. Ultérieurement, il a été surmonté de deux assises pour recevoir les piles de retombée de l'arc.
Au contact du foyer
cité page précédente, et dont ne subsist
qu'une galette d'argile cuite, ce mur s'est trouvé rubéfié à partir de
la troisième assise.
A l'ouest, un mur de refend
disparaît sous le dallage du
Photos 5 et 6. Transept sud.
Structures maçonnées reposant
sur le sol rocheux, séparées
par des"canaux". Restes de
support d'un plancher ?
Photo 5. Vue prise vers le S.
Photo 6. Vue prise vers l'E.
Photo 7. Croisée du transept.(fouilles 1988)
Restes
d'une structure identique à celle
des photos 5 et 6. Un four de fondeur(en bas
de l'image)a ultérieurement détruit une partie
de ces structures.
1 6
bas-côté. On n'a pu l'observer que sur une longueur de 0,60 m.
A l'est, sous le muret qui
couche romaine a livré
est plaqué contre ce mur, une
des éléments du 1er siècle, notamment un mor-
tier cannelé.
Photo 8
Comment interprêter ce mur ? Compte-tenu de sa situation
en limite extrême de fouille on doit rester prudent. Il parait toutefois évident qu'il appartient à un édifice qui se développe sous le
bas-côté sud de l'église. De ce mur, on n'a donc observé que la face
externe. En outre,
la présence des proches couches romaines signalées
plus haut invite à y voir peut-être les restes d'une construction
romaine, celle-là même d'où on aurait pu extraire
les divers blocs
de remploi observés depuis 1988 dans les fondations de l'église.
Photo 8.Limite du transept sud et du bas-côté.
Un mur très ancien, peut-être romain,
est repris
dans des constructions plus récentes. Il est partiellement rubéfié au contact d'un foyer sans
doute lié au four de fondeur trouvé dans la croisée du transept.
i21
1 9
Les croix en bronze.
La fouille de l'église a livré peu de mobilier métallique. Il
convient cependant de signaler cinq croix en bronze, malheureusement découvertes hors stratigraphie, au milieu du remblai de terre rempli d'ossemments, répandu sous le sol aménagé au 19ème siècle.
Deux de ces croix sont en bois et ne remontent pas au-delà du
19ème siècle. Le Christ est en bronze, très oxydé. L'une d'elles présente
une particularité : au revers de la croix, sont représentés les instruments de la Passion ( couronne d'épines, clous).
Les trois autres croix, uniquement en bronze, sont plus anciennes et présentent, à cause de leur symbolique etde leur style, un plus
grand intérêt.
Fig. 6. Croix 1 :
Hauteur : 70 mm, largeur : 42 mm
La croix est découpée dans une tôle de bronze, épaisse
de 1 mm à boiris biseautés. La figure du Christ a été réalisée selon la technique de la cire perdue, avec retouches. Elle est fixée à la croix par trois
rivets, à l'emplacement des clous.
Droit : Au sommet de la corix, grand cartouche ( 13
x 5 mm) avec inscription INRI, gravée en capitales latines, le Christ est
décharné : côtes très marquées, ventre creux, membres amaigris, contraction
des bras particulièrement marquée. Le noeud du pagne flotte au flanc droit.
Le visage, penché sur l'épaule droite, est barbu. Les cheveux sont longs et
raides. La couronne d'épines n'est pas représentée.
Revers : A l'intersection des poutres, un cartouche
(longueur 20 mm) représente un bas relief : la vierge couronnée, debout sur
un croissant de lune, pointes en haut.
Les proportions de la croix ( sommet très court, traverse très allongée), la taille du cartouche INRI et l'image même du Christ
rappellent le style gothique expressionniste du 15ème siècle ( Ecole rhénane des 15ème et 16 ème siècles ?).
Par la qualité de son exécution, cette croix est un
objet d'art.
Fig. 6.
Croix 2 : Hauteur : 50 mm, largeur : 31 mm.
Croix latine en bronze, à décor embouti. Etat de
conservation médiocre ( oxydation profonde et usure).
Droit : Au sommet de la croix, petit cartouche, légèrement de biais, avec inscription (IN)RI. Christ de face, bras très
étendus, tête nimbée, jambes posées droit sur un suppedaneum . Au pied de
la croix, tête de mort et tibias croisés.
Revers : Au sommet de la croix, colombe du SaintEsprit, ailes étendues. Sur l'axe, vierge couronnée, debout sur un croissant de lune, pointes en bas.
Inscription sur la traverse, de part et d'autre de
la tête de la vierge : M BA(R)RE A SAVMVR.
A la base de la croix, date : 1689.
20
Fig. 6. Croix 3. Hauteur : 41 mm, largeur : 21 mm.
Croix latine en bronze, à décor embouti, liseré
cordé. Base tronconique.
Droit : Au sommet de la croix, petit cartouche
rectangulaire, de biais, avec isncription INRI. Fifure du Christ fruste
(erreurs de proportions ). Tête nimbée penchée sur l'épaule droite. Au
pied du Christ, tête de mort et tibias croisés, e, relief très marqué.
Revers : Au sommet de la croix, colombe du SaintEsprit, ailes étendues pour l'envol. Au centre de la croix, Sainte Anne
assise, tenant par la main Marie, debout à sa gauche.
Inscription sur LA traverse : SANTA ANNA (en langue bretonne, ou en latin avec graphie erronée).
Sur la branche verticale inférieure, tête d'angelot
encadrée de deux ailes et surmontée d'un motif végétal baroquisant ( symbolisme de l'arbre de vie ?)
Datation proposée : 17ème siècle ?
Médaille ovale
En 1988, une médaille ovale en bronze avait été découverte dans la
même couche
que les croix. L'état d'usure de l'objet et la gravité de
l'oxydation n'en avaient pas permis une lecture satisfaisante. Après nettoyage, la médaille peut se lire de la façon suivante :
Droit :
de trois quart gauche, nimbé.
I.STANISLAVS.KOTSKA.SOC.IESV /Portrait
Revers : S.IGNATIVS. FVN. S.FRAN. / Double portrait, de profil, à gauche, de St Ignace de Loyola et St François Xavier,
auréolés.
Il peut s'agir d'une médaille commémorative de STANISLAS KOTSKA
(Pologne 1550-1568), de la Compagnie de Jésus, canonisé en 1714.
Peut-
être a-t-elle été donnée à un élève méritant de la Compagnie de Jésus,
à l'occasion du jubilée de la naissance, de la mort ou de la canonisation
de S.
KOTSKA .
2 1
Fig
6.
Croix
et
médaille.
22
Fig
1m
0
1 : sigillée décorée à
2 «
H
ii
8.
Transept sud. Situation des "canaux" et du
mobilier
le molette,
d'Argon ne.
H
I'éponge".
M
7
:
vase gallo-romain gris
8
:
vase fumigé à décor guilloché
9
: rebord de vase gallo-romain.
3
: céramique décorée " à
4
:
fond de bouteille en verre
10: monnaie romaine
5
:
aiguiI le en os.
11,
6
:
vase
gallo-romain marron
12,
13
: Objets métalliques roui liés.
24
5
Fig
9
.
cm.
Céramique » à l'éponge" (en haut),
décorée à la molette.
et
sigillée
d'Argonne.
27
Secteur B : TRANSEPT NORD ET SES ABORDS.
1)- A l'extérieur du transept nord,
la fouille traverse une couche
épaisse d'un mètre de terres rapportées, contenant des sépultures des 17ème
et début 18ème siècles.
A la cote 19,05 m. apparaissent les fondations amputées de l'abPhoto
9
sidiole nord, réplique de la précédente. Mais, à la différence de cette
dernière, elle se limite à une seule assise de pierres, posées sur le rocher, avec lacune d'une mètre dans la partie sud. Son raccord avec l'abside principale est en partie recouvert par le blocage de fondation des
piles romanes.
Au nord, le mur de retour intègre en remploi un imposant fragment
de mortier de tuilot, romain, long de 0,90 m., reste probable d'un sol de
thermes antiques.
Photo
10
Son poids invite à penser qu'il provient d'un édifice
très proche : on songe naturellement à celui dont dépend peut-être le mur
signalé plus haut, au transept sud. On rappelle aussi qu'en 1988, des blocs
réutilisés de mortiers romains avaient également été
notés dans plusieurs
murs, notamment dans la fondation de la pile nord-est de la croisée du
transept.
Au centre de l'absidiole, à la cote 18,87 m., les restes d'une
sépulture gisent sur le rocher, non entaillé.
Son enfouissement a nécessi-
té de creuser une entaille dans l'absidiole. Cette sépulture lui est évidemment postérieure.
2)- Dans le transept nord, près de la croisée, les restes d'un
caveau apparaissent au même niveau que ceux notés au transept sud. Sa
fig.
12
partie ouest a disparu : il mesure, pour la partie restante, 1,20 m. x 0,50 m
La paroi sud garde des restes de maçonneries, sur 0,20 m. de haut. Ce
caveau est vide d'ossements et de mobilier. Il est démonté pour permettre
la poursuite de la fouille.
Après avoir traversé des horizons vierges de toute structure bâtie,
la fouille atteint le rocher à la cote 18,65 m. On observe alors la présence de trois fosses taillées dans le rocher, et dont deux contiennent des
restes de sépultures:
-Photo 10. Retour de l'absidiole nord, un bloc de
mortier romain (sous le jalon), en remploi, atteste l'existence d'un proche édifice antique, dont
les matériaux ont été
réutilisés.
29
F î g. 11
Coupe nord-sud en limite transept et bas-côté nord.
1 : Dallage de l'église
2 : remblai de mortier
4 : autre couche argileuse
3 : couche argileuse
5 : terre noire aérée contenant les
sépultures
6 : rocher
Fig.
12
.
Transept nord. Caveau funéraire (n°3) et sépulture.
30
- la première, près du retour sud de l'absidiole,est en
partie recouverte par cette dernière. Elle est donc antérieure à la construction de l'absidiole, et sans doute contemporaine des sépultures mises
au jour enl988 à l'extérieur de l'abside principale
et de celles dont
on a noté la présence dans l'absidiole sud. La fosse creusée dans le rocher
mesure 1,90 m. sur 0,55 m. Les ossements ont été prélevés. Il n'y avait aucu
mobilier.
- A la tête de la sépulture décrite ci-dessus, une petite
cavité (0,50 m. sur 0,55 m.), profonde de 0,25 m. contient une terre noire,
très grasse.
- A l'aplomb du caveau, les restes d'une autre inhumation
également taillée dans le rocher, sont partiellement visibles. Seules subsis
tent les jambes dans une cavité de 0,70 m. sur 0,40 m.
Ces inhumations taillées en fosses dans le rocher appartiennent
au même champ funéraire que celles fouillées à l'est de l'abside principale.
Leur présence ici
indique que l'on se trouve à l'extérieur
de la construc-
tion qu'entourait ce cimetière primitif. De fait, aucune structure bâtie
ne rappelle ici celles observées dans l'absidiole sud.
La présence, à côté de ces inhumations, d'un
■fig-
vase
éclaté sur
le rocher n'est pas sans surprendre. Remonté, son profil et son faciès (non
7
tourné, il est monté au colombin), le classent dans la famille des vases
protohistoriques.
S'agit-il ici d'un remploi tardif ?
3)- De la masse des terres rapportées qui comblent le transept
nord, n'émergent que deux éléments construits :
- les fondations d'un autel latéral, plaqué au mur nord.
Ces fondations sont démontées en fin de fouille. On observe alors que le
Photo
n
mur nord qu'elles masquaient est bâti sur des fondations débordantes, et
légèrement désaxées par rapport à ce mur : l'impression prévaut ici de
plusieurs campagnes de construction de ce mur. A la base des fondations, on
observe la présence d'une couche romaine, faite de terre noire incluant
quelques fragments de céramique. Un remploi de quatre tuiles romaines liées
au mortier rouge apparaît aussi dans les fondations de ce mur.
31
32
- En limite du transept et du bas-côté nord, un mur orienté
Photo
12
nord-sud traverse l'édifice. Il est sectionné au passage transept/bas-côté.
Sans doute gênait-il la mise en place des sépultures.
L'observation détail-
lée de ce mur met en évidence plusieurs étapes de construction :
1) - Tranchée de fondation taillée dans le rocher: 0,70 m. de large
sur 0,15 m. de profondeur. Elle est remplie de pierres sans mort
2) -
Petites pierres
3) - couche de terre noire, témoin de l'arasement d'un mur Initial.
4) - Mur fait d'un mortier d'argile très dure. Sa face ouest, plaquée
contre les fondations du mur de retombée de l'arc, est revêtue
d'un enduit blanc. Ce mur est large de 0,40 m.
Ce mur disparaît sous le mur nord de l'église. Il est dar
l'alignement du mur peut-être romain observé en limite du transept et bas-cc
sud. Mais sa structure, au moins dans ses parties hautes, l'en distingue
nettement. Il n'est toutefois pas exclu que l'on ait réutilisé la tranchée
de fondation. La présence d'une couche de terre noire dans les parties basse
de ce mur est l'indice
de la destruction d'un premier mur, dont les ruines
sont restées au jour avant d'être reprises dans une construction ultérieure.
33
INTERPRETATION D'ENSEMBLE DES VESTIGES FOUILLES EN 1988 et 1990.
L'analyse des structures apparues en fouille, lors des
deux campagnes de 1988 et 1990, a révélé la
succession de plusieurs édi-
fices. Le plus ancien attesté* remontant à l'époque romaine.
- 1 - Edifice romain._Çonstruction_du Bas-Empire. 3°-4° siècles.
Il se présente sous la forme d'un mur, à la jonction du bras sud
photo 8
p. 16
du transept, et du bas-côté sud.
JMDOIL
1
(?)
flg. 13. Mur romain ( en noir) et ( en 1 et 2) éléments d'architecture
romaine en réemploi dans les fondations.
De cet édifice romain, la fouille n'a effleuré qu'un mur extérieur, qui disparait sous le mur sud de l'église et donc sous la chaussée voisine, seul reste visible d'une construction dont l'essentiel devait
* Aucun niveau stratlgop hlque pré-romain n'a été observé. Le seul
occupation antérieure à l'époque romatne serait le vase de type
la partie nord de l'édifice ( v. flg. 7, p.22).
Indice, très faible, d'une
protohistorique trouvé dans
34
se développer sous la partie de l'église non fouillée. Le prolongement,
dans la croisée du transept et le bras nord, du mur observé n'a pas révélé
d'éléments romains. En revanche les fondations des murs fouillés
peuvent appartenir à cet édifice antique, et avoir été réutilisées lors
d'une construction ultérieure.
Il est évidemment difficile de préciser la nature de ce bâtiment
photo 10 p.28.
(et photo il,
p.16, rapport
1988)
romain, seulement aperçu. La présence, en réemploi, de blocs de mortiers
^e
j_]_0t-
tu
fréquemment rencontrés dans les sols des thermes, plaide en
faveur d'un habitat auquel aurait été associé, selon l'usage, un bâtiment
de bains privés.
Si la nature de ce premier
édifice ne peut être prouvée, sa da-
tation semble en revanche ne pas poser grands problèmes : Des tessons de
céramique d'Argonne, et aussi de céramiques dites "à l'éponge", significa
flg. 9, p.24
^£s ^u Bas-Empire, indiquent les 3ème et 4ème siècles. Une monnaie du
t
3ème siècle, un antoninien à la légende C0NSECMTI0 avec autel,confirme
cette datation. On observera toutefois que ces éléments de datation ont
été trouvés dans des remblais qui recouvrent des structures plus récentes
les niveaux romains ayant été perturbés.
- 2 - Edifice post-romain£ associé à un cimetière:
Après abandon de la construction romaine, et avant la construction de l'abside et des absidioles, un bâtiment a occupé une partie
de l'espace ultérieurement recouvert par la transept. C'est un édifice
qui, pour ce qui en est apparu en fouille, se présente
deux constructions
p.
12 et 13
sous forme de
quadrangulaires, enfermant des "plates-formes" ayant
pu, selon notre hypothèse, servir de support à quelque plancher.
La postériorité
de cette construction sur les vestiges ro-
mains est évidente. Son antériorité sur la construction à absides apparaît clairement au niveau de l'absidiole sud, où deux appareils et deux
types différents de mortier traduisent à l'évidence deux campagnes distinctes de construction.
* v. rapport 1988, p. 30,
Inventaire des vestiges romains connus à Ambon.
35
flg. 14. Etat 2. En noir, vestiges apparus en fouille.
En hachures croisées, vestiges masqués
par des constructions plus récentes, ou réutilisant des constructions plus anciennes.
nota : A cet édifice étalent associées les sépultures dont une partie subsiste à l'est et au nord.
C'est à cette construction post-romaine qu'il convient d'associer les sépultures les plus anciennes, celles qui étaient apparues en
1988 à l'est de l'abside, celles aussi que l'on voit encore dans le sol
entaillé du transept sud. A l'origine, ces sépultures, orientées est-ouest,
jouxtaient cet édifice. La construction
fait en partie
ultérieure des absides les a
disparaître.
L'hypothèse que nous avions formulée en 1988, celle d'un oratoire
paléochrétien, comparable à certains égards à ceux que l'on connait dans
le sud des îles britanniques, paraît donc se confirmer, mais aucun élément
de chronologie absolue ne permet d'attribuer une date à cet édifice que
l'on peut toutefois, et prudemment, situer entre le Bas-Empire et la première église romane.
36
- 3 - Eglise romane avec abside et absidioles.
Le collage des structures romanes sur l'édifice antérieur
traduit une nouvelle conception architecturale qui ne peut toutefois
ignorer la construction précédente..
Les raccords sont visibles : le carré du transept de l'église
romane ne correspond pas exactement à l'édifice quadrangulaire préexistant
L'absidiole sud, on l'a déjà noté, s'appuie en partie sur un mur antérieur
Photo 2
p.7.
sur lequel elle superpose un appareil au faciès très différent.
La construction de l'abside et des deux absidioles a eu pour
effet de sectionner en partie le cimetière ancien. Aucune sépulture entière ne subsiste dans l'abside principale. De même, l'installation d'un four
Photo 7
de fondeur dans le carré du tansept a-t-il eu pour effet de détruire une
p. 15.
partie des infrastructures
qu'il contenait.
Reste cependant une interrogation qui nous paraît fondamentale
les arcades reposant sur les colonnes engagées dans de gros pilastres sont
1
elles
contemporaines
de cette construction à abside et absidioles ? Leur
état actuel ne traduirait-il pas plutôt une reprise ultérieure, remaniant
le dispositif initial ? On observe une hétérogénéité dans
les matériaux
(chapiteau en calcaire, chapiteau en granit), dans la structure ( colonnes
monolithes ou non), dans les types de bases, voire dans leur niveau. Tout
ceci semble traduire des altérations, rajouts, transformations qui ont modifié
l'état initial.
flg.
15. Etat 3. Eglise romane avec abside et absidioles.
nota :
l'abside et l'absidiole nord ne subsistent, parfois en partie,
qu'au niveau de
leurs fondations. D'où leur tracé Irréguller.
37
- 4 - Transformations et agrandissements. 15ème-17ème siècles.
Au 15ème siècle, ou peut-être dès la fin du 14ème siècle , le
choeur roman à abside et absidioles est agrandi et transformé : Un chevet plat
et deux chapelles latérales alignées sur ce chevet doublent la surface du
choeur et ouvrent les bas-côtés
sur ces chapelles latérales qui communiquent
avec le choeur par une double arcade en arc brisé, retombant au centre de la
travée sur un pilier octogonal. L'abside et les absidioles disparaissent alors
sous la nouvelle construction.
flg.
16. Agrandissement du choeur au
15ème siècle
Au 17ème siècle, la chapelle située au nord du choeur est
g-1» p-4
agrandie : c'est la chapelle
du Rosaire, datée 1636-37, et sa sacristie
datée , aussi par une inscription, 1639. De ces travaux, témoignent en outre
les nombreuses monnaies trouvées en fouille, sous le pavement, et datées
pour la plupart de la fin du règne de Louis XIII.
Ces travaux seront complétés, dix ans plus tard, par la
construction de la chapelle Notre-Dame de Pitié, entre le bras nord du transept et le porche, et par la réfection du bas-côté sud, dont la toiture
allait aveugler les baies romanes de la nef.
Ces derniers aménagements ont élevé le niveau du pavage
de l'église, dont le choeur et les chapelles latérales ont, classiquement,
reçu
des sépultures jusqu'au
18ème siècle. Cet exhaussement du sol a
donc masqué les bases des colonnes et piles des édifices antérieurs. C'est,
on l'a vu, le désir de rétablir l'ancien niveau qui a motivé les travaux
et les fouilles de 1988-90.
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