de la collaboration (PNB, PPF, RNP, Collaboration) ne seront jamais du goût des
Bretons.
Les manifestations sont un moyen d’exprimer collectivement un esprit de résistance
sans trop de risques. Soit elles sont spontanées, soit elles répondent à des consignes de
la France libre à une heure donnée, lors de commémorations patriotiques (11
novembre, 18 juin, 14 juillet, 1er mai). A l’appel du général de Gaule, le 1er janvier 1941, la
population reste chez elle mais elle sort dans la rue en arborant les couleurs tricolores le
11 mai (fête de Jeanne d’Arc) et le 14 juillet 1941 ou le 1er mai 1942. La jeunesse
scolarisée est souvent en pointe.
En 1940-1941, la liste serait longue des cinémas fermés par l’occupant à la suite de
sifflets de l’assistance lors des actualités allemandes : Rennes, Brest, Lorient (juillet et
octobre 1940) ; Guingamp, Saint-Quay-Portrieux, Châteaulin, Concarneau (1941). Les
premiers tracts et inscriptions « gaullistes » et communistes (à Brest) sont signalés
en octobre avant Montoire (Guingamp) et autour du 11 novembre (Lorient, Saint-Brieuc,
Paimpol, Rennes, Nantes).
Des lycéens brestois ont confectionné des drapeaux britanniques. Le 18 juin 1941, de
jeunes Briochins se présentent au lycée avec un crêpe noir, en signe de deuil pour
marquer la première année d’occupation. Le lendemain, un tract incite les Brestois à
mettre un linge noir aux fenêtres. Les interpellations de la police française sont
fréquentes.
4 000 personnes à Rennes
Des initiatives locales appellent aussi à manifester en masse en 1941 : le 20 mai, à
Lorient, 3 000 personnes (beaucoup d’ouvriers) défilent contre Pétain ; elles sont 3 000
ou 4 000 le 17 juin, à Rennes. Le commandant de gendarmerie Guillaudot, qui a refusé
de donner l’ordre de charger la foule, est muté d’office à Vannes où il deviendra, en 1943,
l’un des chefs de l’Armée secrète (AS) du Morbihan.
Malgré les bombardements, des milliers de personnes défilent sur les tombes de
soldats britanniques de 1940 à 1942, à Brest, Lanester, Lorient, Saint-Brieuc, Saint-
Cast, Saint-Malo… Au printemps 1941, V de la victoire et croix de Lorraine fleurissent
partout, agaçant fortement l’occupant. « Le vent mauvais » que Pétain voit se lever le 12
août 1941 souffle déjà bien sûr la Bretagne. Certains veulent aller plus loin.