- La vision est un système à focalisation mentale variable : angle d’attention (lecture, examen d’un détail) sur 1° ;
angle d’observation sur 60° ; angle de perception sur 180°.
En réalité cette affirmation doit être nuancée sur plusieurs plans. En effet la vision humaine ne procède pas de la
même façon que l'enregistrement d'une image derrière un objectif de focale fixe donnée : l'œil a un champ de vision
de grande netteté ou angle d'attention (lecture, examen d'un détail) de l'ordre de 1 à 5 degrés, c'est-à-dire le champ
qu'enregistrerait une longue focale de 500 mm environ. Au-delà de ces 5 degrés, l'œil perçoit moins bien les fins
détails. L'œil balaye le champ sans arrêt, l'impression visuelle résulte donc de la comparaison permanente de
différents champs vers lesquels l'œil se tourne. Néanmoins, on parle d'angle d'observation, qui couvre environ 60°
dans le plan horizontal. C'est cet angle qui sert de référence pour la focale "normale" pour le format considéré.
D'autre part, l'œil a une sensibilité aux mouvements et à la lumière qui atteint presque les 180°, que décrit l'angle de
"perception".
Un autre point important c'est la façon dont les viseurs sont réglés. Par exemple il est courant que les viseurs des
appareils reflex 24×36 soient réglés pour que la focale de 35 mm donne un grossissement optique identique à ce que
l'œil nu verrait ; le 50 mm est donc affecté, à travers le viseur de ces appareils, d'un facteur de grossissement de 50/35
= 1,4.
Dans les appareils non reflex à télémètre, selon le modèle, le viseur peut être construit ou réglé à différentes valeurs
de grossissement entre 0,5 et 1,25 (avec une lentille additionnelle) ; grâce à des cadres-repères dans le viseur, ce qui
est vu dans le viseur est relié avec ce que les objectifs de différentes focales enregistreront sur la surface de 24×36
mm.
Il est clair que les vues prises aux très grands angles ou aux très longues focales ont quelque chose de « non-naturel »,
il est donc légitime de chercher à placer entre les deux une focale normale ou naturelle. La notion de « focale
normale » couvrant un angle de 53° (diagonale = focale), sans exclure totalement des raisons d'optique physiologique,
doit peut-être sans doute plus à l'histoire de la technique photographique. On peut en effet évoquer le poids historique
des optiques de type triplet et tessar qui couvrent, justement, cet angle avec une bonne qualité d'images pour un
encombrement et un prix réduits, formules optiques qui ont dominé le marché pendant presque un siècle.
Ci-dessous, un même objet photographié à travers diverses focales depuis un même point (le photographe ne se
déplace pas)
28 mm
50 mm 70 mm
210 mm
Déformation apparente de l'environnement
Une focale courte comme le 28 mm, aussi appelé grand angle, déforme apparemment la perspective et a un angle de
vision plus important que celui de l'œil humain. Là encore il faut nuancer compte tenu des remarques faites ci-dessus
sur le champ de vision de l'œil, mais il n'est pas possible à l'œil d'embrasser le champ total de 75° d'un 28 mm en
24×36 sans balayer le champ par un réflexe naturel de rotation du globe oculaire. L'image enregistrée sur le film en
une seule fois sous 75° est donc très différente de l'impression visuelle.
Une focale longue comme le 200 mm (téléobjectif) rapproche les plans et « aplatit » le fond du sujet.