Depuis quatre ans, on observe une
recrudescence de rapports concernant
les usages et les services numériques.
C’est bien une prise de conscience
collective qui exprime le besoin de se
pencher sur ces sujets d’usages et de services, mais
aussi de tirer les enseignements du foisonnement
d’expérimentations qui a caractérisé les 15 dernières
années. C’est grâce à cette mise en perspective et à la
maturité acquise qu’il sera possible de s’engager vers
une plus forte structuration de ce développement.
Les principaux rapports sont convergents, même si
chacun apporte sa pierre, son regard particulier :
• les orientations Europe 2020 (votées en 2010) qui
placent le numérique comme l’une des grandes
priorités européennes pour une croissance
inclusive, intelligente et durable,
• la feuille de route gouvernementale (publiée en
février 2013) dont les déclinaisons opérationnelles
serviront de priorités pour l’Etat concernant les
fonds européens ou le Contrat de Projet Etat-
Région jusqu’à 2020,
• le rapport « Lebreton » (édité en septembre 2013)
produit par le président de l’Association des
Départements de France (en partenariat avec
l’Association des Régions de France) pour la
ministre en charge de l’aménagement du territoire,
• le rapport du Conseil National sur le Numérique
relatif à l’inclusion (réalisé en décembre 2013), qui
marque la rupture entre une vision désormais
dépassée de la «fracture numérique» pour entrer
dans la recherche de l’inclusion par le numérique
et la mise en capacité des citoyens.
Ils soulignent tous le besoin de poursuivre
l’exploration des nouvelles technologies, le besoin
de prendre désormais mieux en compte les retours
d’expérience et les possibles freins, humains et
organisationnels. L’humain et la simplifi cation
d’usage doivent rester la valeur cardinale, au-delà
des diffi cultés inter-structures ou technologiques.
Le besoin d’accompagnement public est également
largement évoqué.
UNE PRÉOCCUPATION PARTAGÉE AUX
NIVEAUX INTERNATIONAL ET NATIONAL
La stratégie Europe 2020 est bâtie
autour de trois priorités de croissance
qualitative :
- une croissance intelligente, par
le biais d’une économie fondée
sur la connaissance et l’innovation ;
- une croissance durable, vers
une économie plus effi cace dans
l’utilisation des ressources et
agissant pour une réduction
de gaz à effet de serre ;
- une croissance inclusive destinée
à promouvoir la création d’emploi
favorisant la cohésion sociale
et territoriale.
Si le déploiement du haut débit est
un aspect primordial de l’égalité
d’accès au numérique, le rapport
démontre l’importance de développer
les pratiques que peut permettre
une connexion à Internet, quel que
soit le milieu générationnel, social
ou culturel. La diffusion des usages
que permet le numérique permettra
de lutter contre ce que le rapport
présente comme une «e-exclusion»
(impossibilité d’accès aux réseaux,
incapacité à bénéfi cier d’un accès à
Internet, et surtout méconnaissance
des usages qu’il permet). Le
développement du numérique
et de son potentiel d’utilisation
permettra de renforcer le lien social,
de développer le télétravail, mais
aussi d’assurer un meilleur accès aux
services et aux droits.
Rapport « Lebreton » sur les usages
du numérique - 2013
Le contexte de crise systémique
actuel appelle un État stratège, une
gouvernance européenne modernisée
et des organisations publiques
effi caces, aptes à gérer la complexité,
capables d’anticiper et de penser à
long terme. La transition numérique
est au cœur de cette approche
stratégique. Par action publique, il
faut entendre l’ensemble des actions
de l’État, des collectivités territoriales,
des organismes publics, opérateurs et
organismes privés bénéfi ciaires d’une
délégation de service public, qui sont
toutes impactées par le numérique et
confrontées à la fois aux restrictions
budgétaires et à l’exigence de la qualité
de service rendu à la société, aux
citoyens et aux entreprises.
Pour un New Deal numérique
Institut Montaigne - 2013
0908