LES FAIBLESSES DE LA MISE
EN ŒUVRE DE L’ÉTIQUETAGE
DES PRODUITS DES COLONIES/
La législation européenne se base sur le droit des consommateurs à être informés sur l’origine de leurs
achats. La désignation du pays d’origine ou du lieu de provenance n’est obligatoire que pour les denrées
alimentaires et les produits cosmétiques. Lorsqu’elle n’est pas obligatoire, rien ne force l’exportateur à
indiquer l’origine du produit. S’il le fait, l’origine doit néanmoins être adéquate et de nature non-trom-
peuse pour le consommateur.
La Communication interprétative (2015) rappelle le «droit» de l’UE en matière d’indication d’origine. Il
s’agit donc de mesures contraignantes. Pourtant, rares – voire inexistants – sont les produits étiquetés
«Produit originaire de Cisjordanie/du plateau du Golan (colonie israélienne)». Ceci peut être expliqué par
deux raisons.
– Le manque de contrôle: l’origine du produit est déterminée par l’exportateur. Un contrôle a poste-
riori peut être mené par les autorités douanières du pays exportateur, et dans le cas de doute, par les
autorités douanières du pays importateur. L’étiquetage est donc avant tout tributaire de la bonne foi des
exportateurs. Le cas Brita/Sodaclub (CJUE, C-386/08, 2010) a par ailleurs montré que les autorités
douanières israéliennes considèrent les colonies comme étant un territoire israélien. De même, les
contrôles opérés entre janvier et avril 2009 par les autorités douanières anglaises ont révélé 529
cas de produits mal étiquetés (cf. The Ecumenical Council for Corporate Responsibility, Israeli settle-
ment goods, http://www.eccr.org.uk).
– L’image : les enseignes évitent autant qu’elles peuvent de vendre des produits étiquetés «produit des
colonies» afin de ne pas nuire à leur image. Suite à la publication du Technical Advice sur l’étiquetage
en Grande-Bretagne en 2009, les supermarchés Coop ont ainsi annoncé exclure les produits des colo-
nies de leurs rayons. En Belgique, les supermarchés Colruyt ont également annoncé exclure les produits
des colonies de leurs marques propres. Selon nos sources, une autre enseigne présente en Belgique a
également adopté une telle mesure mais sans pour autant le communiquer.
L’ÉTIQUETAGE DES PRODUITS
DES COLONIES NE SATISFAIT PAS
À L’OBLIGATION DE NON-ASSISTANCE/
La législation sur l’étiquetage ne satisfait pas aux obligations internationales de l’UE et de ses États
membres. Comme l’explique le rapport de François Dubuisson (2014), la législation européenne en
vigueur concernant l’étiquetage des produits des colonies se base sur le régime des tarifs préférentiels
instauré par l’Accord d’association (1995) et sur le droit européen des consommateurs. Le raisonnement
européen traduit une certaine mise en œuvre de l’obligation de ne pas reconnaître la souveraineté
d’Israël sur les colonies en territoire palestinien occupé. Toutefois, non seulement l’effectivité du système
mis en place est contestable mais plus encore, en admettant l’entrée des produits des colonies sur son
territoire, même dûment étiquetés, l’Union européenne soutient la viabilité économique des colonies et
des atteintes portées au droit à l’autodétermination des Palestiniens. L’UE manque ainsi à se conformer
à son obligation de ne pas porter assistance à la situation illégale que représentent les colonies,
obligation qui l’astreint en effet à interdire purement et simplement l’importation et la commercialisation
des produits des colonies sur son territoire.
«MADE IN ILLEGALITY»/5