Shaka et la légende du roi des singes
Dans la version manga de Saint Seiya, lors de leur première
rencontre, Shaka compare Ikki à Son Gokû, le Roi des Singes qui,
pensant être le plus fort, ne faisait cependant que courir sur la
paume de Bouddha. Plus tard, lors de leur combat dans la Maison de
la Vierge, Ikki, tente de fuir le plus loin possible des attaques de
Shaka, à plusieurs milliers de kilomètres, mais se retrouve finalement
dans la paume d’une statue de Bouddha. Shaka lui rappelle alors
qu’il lui avait déjà dit que sa force était comparable à celle d’un singe
dans la paume de Bouddha. Ces deux épisodes font référence au
roman fleuve chinois Si Yeou Ki (Le Voyage en Occident, en japonais
Saiyûki). Dans cette œuvre, Sakyamuni (Bouddha) défie le Roi Singe
Souen Wou K’ong (Son Gokû en japonais) de sauter d’un bond par-
dessus la paume de sa main droite. Souen Wou K’ong relève le défi,
assuré de réussir cet exploit, grâce à son nuage Kin Teou Yun
(Kintoun en japonais) capable de parcourir cent huit mille li (soit
424148,4 kilomètres) d’un bond. Il arrive en un lieu qu’il pense être le
bout du monde. Il y aperçoit cinq piliers couleur chair. Il inscrit sur
celui du milieu « Moi, le grand Saint égal du ciel, je suis venu, le
premier, en ces lieux » puis urine au pied du premier pilier. Or,
lorsqu’il revint vers Sakyamuni, il aperçoit son inscription sur le
majeur du Bouddha et sent une odeur d’urine à la base de son pouce.
Il n’avait en fait pas quitté la main de Sakyamuni.
Faisons une petite disgression sur ce célèbre roman chinois :
Pérégrination dans l'ouest, qui a inspiré aussi d'autres mangas et
animes hormis Saint Seiya (notamment la série Saiyuki, ou encore
Dragon Ball...)
PEREGRINATION DANS L'OUEST
( la légende du roi des singes )
Pérégrination dans l'Ouest (parfois appelé :
Voyage en Occident) a été écrit par Wu
Cheng'en (1500?-1582?)
La légende du roi des singes est l'une des
histoires les plus populaires en Chine et
inspire de nombreux opéras et théâtres de
marionettes ; elle met en scène les aventures
d'un singe irrévérencieux, Sun Wu Kong
(Songoku) à qui il arrive des tas d'aventures.
A l'origine de l'histoire : un fait réel
L'histoire de Cheng'en est en fait la transcription des aventures, bien
réelles celles-là, d'un bonze chinois, Hiun Tsang, au 7ème siècle de
notre ère, qui entreprit un voyage en Inde pour chercher les écritures
sacrées du bouddhisme. Evidement Cheng'en embellira et modifiera
pas mal l'histoire véritable pour en faire un véritable conte de fée,
mélange de poésie, de philosophie, de réflexion, de folklore chinois, de
gros délires parfois, d'humour, d'absurde et d'une bonne dose de
fantastique !
Ci-dessus : Hiun Tsang
Le bonze Hiun Tsang (ci-dessus), est né à Ch'in Liu in dans la
province du Hunan. En 629, intrigué par des textes obscurs il partit
en route vers l'Inde. Son absence de Chine dura 16 ans, et il risqua
maintes fois sa vie le long de la route de la soie. Il atteignit le
cachemire, où il étudia pendant 2 ans, visita Takshashila, puis en
633 arriva aux sites de la vie du bouddha. Il acquis là bas une grande
réputation et fut même invité par l'empereur. Il passa beaucoup de
temps à l'université de Nalanda, où l'on raconte que le bouddha vint à
maintes reprises. Il y étudia puis y enseigna même quelques années.
Il revint en Chine avec des reliques, statues, et des tonnes de
manuscrits qu'il s'évertua à traduire. Il ne parvint maleureusement à
le faire que pour une partie d'entre eux avant de mourir, mais ceci
permit aux bouddhistes chinois de l'époque d'élargir
considérablement leur savoir et leur compréhension de cette religion
étrangère. Il a également laissé à la postérité un ouvrage personnel :
Si Yeou Ki (récit d'un voyage dans l'ouest), histoire mi réelle mi
fabuleuse et qui inspirera lui-même bien plus tard le récit de
Cheng'en dont nous allons maintenant parler.
L'histoire du singe songoku (Sun Wu Kong)
Nous allons maintenant raconter l'histoire écrite par Tcheng'en
inspirée de celle de ce bonze chinois : celle des aventures du singe
songoko racontée dans Pèlerinage vers l'ouest
Il était une fois un singe qui naquit dans un oeuf de pierre magique
puis qui alla vivre parmi les autres singes. Un jour tous ces singes
trouvèrent une cascade qu'aucun n'osa traverser sauf notre singe!
Derrière se trouvait un pays merveilleux, tous les singes vinrent y
vivre et nommèrent notre valeureux singe leur roi !! Mais un jour il
s'inquiéta de la mort et voulut rencontrer les immortels pour
apprendre leurs secrets.
Il voyagea longtemps et finit par se faire accepter comme disciple d'un
patriarche : Sudobhi (l'empereur de Jade ou roi céleste) qui lui apprit
les secrets des immortels. Il le nomma san goku (Sun Wu-k'ung) :
"celui qui comprend la vacuité". San goku apprit à voler sur les
nuages, l'empereur le nomma entre autre gardien des fruits de
l'immortalité. Mais il commit de nombreux péchés et finit par être
chassé pour sa vantardise. Il voulut alors se venger en constituant
une armée, alla à la rencontre du dragon du lac, lui vola un baton
magique qui pouvait changer de taille, effaça son nom du registre des
morts, but des fruits de longévité, se goinfra d'elixir d'immortalité à tel
point qu'il énerva fortement l'empereur céleste qui recevait des
plaintes de tout le monde (notamment le gardien des morts et le
dragon du lac). Il tenta de le capturer et de le brûler dans le chaudron
de Lao Tseu, mais ce fut un échec. Bouddha enferma finalement le roi
des singes sous la montagne des 5 éléments.
500 ans plus tard, Bouddha s'inquiétait pour les hommes ... Il
possédait des rouleaux sacrés de prière destinés à leur améliorer la
vie. Sangoku resta enfermé jusqu'à ce qu'un bonze à la recherche de
ces rouleaux vienne le libérer. Ce bonze s'appelait Tripitaka.
Sangoku dut alors escorter et protéger le bonze dans son périple, et
pour être forcé d'obéir, il subit un ensorcellement de la part d'une
envoyé de Bouddha, Kuan-yin , car telle était la volonté de Bouddha
qu'il aide le moine dans son périple en échange du pardon.
En chemin, tous 2 rencontrèrent un ancien général chinois démis de
ses fonctions à cause de ses penchants pervers, et transformé en porc
(le porc étant le symbole des obcédés). Kuan-yin (l'envoyée de
Bouddha) avait aussi rencontré auparavant ce cochon et lui avait
promis le pardon s'il acceptait d'aider un bonze venant lui demander
de l'aide. Ainsi accepta t'il et tous 3 continuèrent leur aventure
bientôt rejoints par un 4ème "coéquipier": Sableux. Or Sableux était
un ancien dragon, que Kuan-yin avait aussi rencontré, qu'elle avait
transformé en cheval afin qu'il puisse transporter le moine, et à qui
elle avait aussi promi le pardon s'il acceptait. Le groupe fut ensuite au
complet et la volonté de Bouddha était presque accomplie.
Ils durent affronter maints périls et maints monstres. A chaque fois
c'était le singe, grâce à sa force et sa malice, qui les sortait d'affaire
alors que le bonze la plupart du temps se laisser berner à cause de sa
naïveté, et le cochon se laissait aller à ses penchants pour les femmes
ou la nourriture. Ils atteinrent finalement leur but, le palais de
Bouddha, ou on leur remit les textes sacrés, puis rentrèrent chez eux.
Tous finirent au Ciel.
Une satire sociale?
Au même titre que le roman Au bord de l'eau , écrit par Shi Nai An,
ou que La romance des Trois Royaumes (le sangokuchi), Pèlerinage
vers l'ouest (le saiyuki) est l'une des oeuvres les plus populaires en
Asie, et l'une des raisons qui a poussé le peuple chinois a adorer ce
genre de récits est qu'ils avaient leurs sources et leurs inspirations
dans la réalité de l'époque.
Dans l'histoire du roi des singes, l'empereur céleste, les dieux et
Bouddha sont un peu présentés comme les dominateurs d'un monde
dont san goku déjoue tous les pièges par sa malice. La manière dont
il tourne en dérision sans arrêt les dieux du récit réjouissait pas mal
les lecteurs. Beaucoup de gens aimaient ce genre de romans à
l'époque (mais encore maintenant) parcequ'ils étaient justement
perçus comme réalistes, peignant la vie de l'époque, et n'hésitant pas
à critiquer de manière voilée et burlesque la société et ses dirigeants.
Sous la dynastie des Ming par exemple les autorités étaient souvent
perçues comme corrompues, opprimant le peuple et certaines
légendes peu ragoutantes courrent encore qui peuvent correspondre
aux "81 maleurs" rencontrés par le bonze dans l'histoire du roi des
singes. Pour exemple on peut citer l'exemple de cet eunuque de haut
rang de la province de Fujian, à qui on avait conseillé de manger le
cerveau de mille enfants pour retrouver sa jeunesse.. Les habitants de
la région furent évidement affolés et prirent maintes mesures pour
cacher leurs enfants. Dans le roi des singes il est de même question
d'un territoire où l'on mangeait certains organes d'enfants.
Pour celà, leurs auteurs ont eu du mal à imposer ce style, considéré
un peu comme mineur par les intellectuels de l'époque, pour qui
écrire ce genre de romans étaient une honte. Ils gagnaient par
conséquent souvent tout juste leur vie. Des gens comme Shi Nai An,
Tcheng'en sont aujourd'hui reconnus comme d'immenses romanciers
et leur succès est encore phénoménal. Il faut saluer leur courage
d'avoir su imposer ce style d'histoire dans un environnement pas
toujours propice.
INSPIRATIONS DANS LE MONDE DES MANGA ET DE
L'ANIMATION JAPONAISE
Ceux qui connaissent la série d'animation récente Saiyuki
(Gensomaden Saiyuki, gagnant du Japan anime grand prix 2000)
auront sans doute noté les ressemblances entre Pérégrination dans
l'Ouest et le scénario de ce sympatique petit anime (même si c'est loin
d'être le seul à reprendre cette ultra célèbre légende chinoise)
L'histoire fait clairement échos à la
légende : le bonze est cette fois appelé
Genzô Sanzo, qui se voit confier par le
trio céleste la mission d'empecher le
monstre Gyumao de ressuciter. La
Terre où se déroule cette histoire est
une Terre imaginaire ou les monstres et
les humains, après une longue période
de paix s'entredéchirent depuis
quelques temps. Les monstres
deviennent agressifs à cause justement
de la perspective de la résurrrection de Gyumao. Genzo Sanzo, dans
sa mission et son périple, sera épaulé par 3 monstres : Sa Gojo, Sho
Hakkai, et .. San Goku. Tous 3 sont très différents des autres
monstres, ils sont les seuls à échapper justement au comportement
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