L’Eglise en Espagne au Moyen âge (Ses combats du VII° au XV° siècle)
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Les grands modèles
Les grands modèles
L’auteur nous présente d’abord les grandes références : A l’époque médiévale tardive, les rois de
Castille se prétendent descendants en ligne directe des rois wisigoths. Le VII° siècle est celui
d’Isidore de Séville et des grands législateurs puis ce royaume wisigoth a été conquis par les
Arabes. Des chrétiens ont alors résisté aux tentations de l’Islam et sont devenus des martyrs
.Béatrice Leroy nous détaille ces aspects en les documentant de façon précise : En 589,en Espagne,
le roi Récarède se convertit à la religion romaine. Dès lors tout le peuple espagnol, hispano-romain
et wisigoth forme une grande unité par cette communion dans la religion catholique. Saint Isidore
va remplir la longue tâche d’expliquer, d’écrire, et d’organiser cette nouvelle Eglise chrétienne
espagnole. Il demeure la référence de tout écrit ,de toute institution dans le domaine politique
autant qu’ecclésiastique. Dans ses écrits il s’attarde volontiers sur le roi et établit le principe d’un
roi voulu par Dieu qui en reçoit sa mission. Saint Isidore a fait du roi de l’Espagne wisigothique un
roi chrétien, un responsable de tout l’édifice social devant Dieu : « être utile au peuple », « veiller
sur lui en se faisant son égal », « le roi doit bien régir pour garder ce nom de roi ». L’auteur
examine ensuite les successeurs de saint Isidore de Séville et notamment Elipand de Tolède .A
partir de 711, l’Espagne revêt un nouveau visage car les Arabes et les Berbères ont été victorieux
au rio Guadalete du dernier roi wisigoth Roderic. Les troupes maghrébines arrivent dans le nord
de la péninsule puis en Narbonnaise qui relevait du royaume wisigoth puis en Gaule jusqu’à Arles
et Poitiers. Leur première défaite dans la péninsule ibérique se situe en 722 à Covadonga dans la
chaîne cantabrique près d’Oviedo. L’auteur nous explique comment des chefferies s’organisent
alors vite en royaume, avec rois, comtes et évêques dans ces régions du nord. L’Espagne andalouse
pour sa part, avait ses communautés mozarabes chrétiennes et juives autorisées dans leur culte
mais tolérées selon le pacte d’Omar. Les chrétiens de Tolède, de Cordoue, de Séville sous le
gouvernement des émirs (califes au X° siècle) avaient des évêques, des prêtres , des monastères,
des livres, des écoles. Mais ils ne devaient pas gêner les lois de l’Islam, la religion des conquérants
et de la grande majorité des espagnols devenus « Muladies » , convertis à l’islam. Dans une grande
Espagne andalouse (les trois quarts du sol espagnol) vivaient des chrétiens tenaces et menacés au
cœur d’une majorité de musulmans. Dans les territoires réduits du Nord vivaient des chrétiens
libres et indépendants. Dans un milieu brimé sans lien direct avec Rome, nous apprend Béatrice
Leroy, un clerc intransigeant pouvait sans trop de contrôle émettre une doctrine et s’entourer de
fidèles heureux d’entendre un message conçu comme une raison de vivre. Ce fut le cas au VIII°
siècle où sont arrivés en Andalousie des troupes de soldats syriens, de la région nestorienne.
Nestorius voyait dans le Christ un dieu et un homme , l’un et l’autre ne se confondant pas. Les
propositions d’Elipand de Tolède rappellent cette doctrine. Les évêques des premiers états
espagnols ont-ils craint une mainmise franque (aide de Charlemagne contre l’islam) , une perte de
leur indépendance spirituelle et culturelle favorisant ainsi l’écoute des doctrines de leurs collègues
de l’Espagne andalouse ? Le fait est que diverses hérésies sont prêchées dans les milieux
mozarabes, toutes remettant en cause la Sainte Trinité. Elipand de Tolède affirmait que le Christ
était un homme adopté par Dieu .Le moine Beatus du monastère de Santo Toribio de Liebana,
dans les Asturies, rédige un livre contre Elipand et contre sa théorie de l’adoptianisme. Il rédige
également un commentaire de l’Apocalypse de Saint Jean dans lequel il évoque Saint Jacques le
Majeur évangélisateur de l’Espagne, figure de la victoire du christianisme en Espagne. Vers
830-840 un premier culte populaire sera rendu au lieu dit Compostelle à la fin des terres
chrétiennes de l’Occident. Beatus a donné ainsi à l’Espagne un symbole de ses combats. Béatrice
Leroy évoque ensuite la décennie dramatique de 850 à 860 avec la personnalité d’Euloge de
Cordoue. Au IX° siècle, les arabes sont là depuis plus d’un siècle et tout le peuple espagnol est
arabisé. Les responsables chrétiens, abbés et évêques ressentent un réel danger. Les jeunes gens
arabisés délaissent la théologie pour se consacrer à la poésie andalouse plus séduisante ou pour lire
le Coran. Ce qui est pratiqué couramment est le mariage entre une chrétienne et un musulman en
Andalousie puisque l’islam se transmet par le père. Les enfants de ces mariages mixtes doivent
être musulmans. Ce sont ces musulmans ,peut -être chrétiens cachés par leur mère ,qui
demandent le martyre au début du siècle se présentant dans les mosquées ou dans les cours pour
parler violemment contre l’islam et la vie de Mahomet. Ils étaient, bien sûr, jetés en prison et
exécutés. Euloge de Cordoue visite les monastères du Nord et en revient avec une bibliothèque de