Université de Paris 13 M1-Math Analyse de Fourier et fonctions holomorphes Examen du 18/02/2016, 3h Exercice 1 Calcul d'intégrale (3pts) dθ Calculer 02π 1−2α cos(θ)+α 6 1 . Indication : poser z = eiθ et exprimer 2 avec α ∈ C , |α| = sous la forme f (z)dz avec f fraction rationnelle. R dθ 1−2α cos(θ)+α2 Exercice 2 Série de Fourier (5pts) On découpe l'intervalle [0, 2π] en 2P intervalles avec les extrêmités P −1 0 = c0 < c1 . . . c2P −1 < c2P = 2π et on considère la fonction 2π -périodique donnée par f (x) = Pp=0 1[c2p ,c2p+1 ] (x) − 1[c2p+1 ,c2p+2 ] (x) pour x ∈ [0, 2π] . a) Faire le graphe (pour un choix des cp ) de f sur [−2π, 4π] pour P = 1 et P = 2 . P per b) Calculer la dérivée au sens des distributions de f , en notant δc = k∈Z δc+2πk . c) d) e) 0 Calculer les coecients de Fourier ∂d x f n . On rappelle que pour T ∈ D (R/(2πZ)) , ses coefcients de Fourier sont donnés par T̂n = heinx , T iR/(2πZ) avec la normalisation précisée par R r+2π dx hϕ , ψiR/(2πZ) = r ϕ(x)ψ(x) 2π pour des fonctions périodiques régulières. En déduire les coecients de Fourier fˆn , n ∈ Z . Vérier que f ∈ W s,2 (Z/(2πZ)) pour tout s < 1/2 . Exercice 3 Transformation conforme (6pts) a) b) c) d) Sans faire de calcul expliquer pourquoi il existe un biholormorphisme du disque unité sur la bande B = {z ∈ C , |Im z| < π/2} . En prenant la détermination principale du logarithme sur C \ R− , vérier soigneusement que l'application f (z) = logR− [(1−z)/(1+z)] est un biholormorphisme de D(0, 1) sur B . Indication : Etudier d'abord l'image de D(0, 1) par z 7→ 1−z 1+z , et vérier outre l'aspect bijectif qu'il s'agit d'une application conforme. h ii Sur D(0, 1) on dénit la fonction g(z) = 1−z = exp[i logR− ( 1+z 1+z 1−z )] . Avec le minimum de calculs que g est une application holomorphe de D(0, 1) surjective sur la couronne vérier−π/2 C = z ∈ C,e < |z| < eπ/2 . Vérier que g est localement un biholomorphisme et expliquer ensuite pourquoi ce ne peut être un biholomorphisme de D(0, 1) sur C . Exercice 4 Propriété de la moyenne (6pts) On dit qu'une fonction, réelle continue sur un ouvert Ω de R2 ∼ C , vérie la propriété de la moyenne si pour tout point z0 ∈ Ω il existe une suite (rn )n∈N , rn > 0 et {z ∈ C , |z − z0 | ≤ rn } ⊂ Ω ∀n ∈ N , D(z0 , rn ) ⊂ Ω et lim rn = 0 , n→∞ Z 2π 1 ∀n ∈ N , f (z0 ) = f (z0 + rn eiθ )dθ . 2π 0 a) Rappeler en quelque mots pourquoi une fonction harmonique sur Ω vérie la propriété de la moyenne. Le but de l'exercice est de montrer la réciproque. 1 On se donne une fonction f qui vérie la propriété de la moyenne et on travaille dans le disque fermé D(a, R) = {z ∈ C , |z − a| ≤ R} ⊂ Ω . Rappeler pourquoi il existe une unique fonction harmonique réelle h , continue sur D(a, r) telle que h|z−a|=R = f |z−a|=R . On pourra donner sa formule. Préciser sa régularité dans D(a, R) . c) On note v = f − h . Montrer que cette fonction atteint son maximum m en un point de D(a, R) . Vérier que si m > 0 alors v −1 (m) est un compact de D(a, R) . −1 (m) tel que |z − a| est maximal. En d) Sous l'hypothèse m > 0 , on choisit un point zm de v m utilisant la propriété de la moyenne pour v , conclure que m > 0 est impossible (un dessin peut aider). e) En déduire que f = h sur D(a, R) , et que f est harmonique dans Ω . f ) Question subsidiaire : En remplaçant les disques par des intervalles centrés (et la moyenne sur un cercle par la moyenne sur les deux extrêmités de l'intervalle), peut-on dire qu'une fonction réelle sur un intervalle ouvert de R qui vérie la propriété de la moyenne est une fonction C ∞ ? b) 2 Université de Paris 13 M1-Math Analyse de Fourier et fonctions holomorphes Examen du 18/02/2016, 3h Correction 1 Avec z = eiθ on a dz = ieiθ dθ et donc dθ ieiθ dθ dz = = 2 2 iθ iθ −iθ 2 1 − 2α cos(θ) + α i(z − α(z + 1) + α2 z) ie (1 − α(e + e ) + α ) dz idz = = . 1 2 −iα(z − (α + α )z + 1) α(z − α1 )(z − α) On en déduit Z 2π I= 0 Si |α| < 1 la fonction f (z) = α de résidu i(α − 1/α)−1 et on obtient I = Correction 2 c) 2π α2 −1 . dθ 1 = 2iπ 1 − 2α cos(θ) + α2 2iπ et on obtient I = 2π 1−α2 e−inc 2π Le coecient de Fourier de δcper est ˆ inx n∈Z fn e P X 2(−1)p δcper p . P2P −1 p=0 et on obtient 2P −1 X p=0 Comme f = idz . α(z − α1 )(z − α) . Si |α| > 1 le pôle est en 1/α avec résidu i(1/α − α)−1 \ (∂ x f )n = d) S1 est méromorphe au voisinage de D(0, 1) avec un unique pôle en i 1 (z− α )(z−α) La formule des sauts donne ∂x f = b) Z (−1)p e−incp . π dans D0 (R/(2πZ)) et comme ∂x est continu dans D0 (R/(2πZ)) on a infˆn einx = ∂x f = n∈Z (−1)p e−incp π 2P −1 X X n∈Z p=0 einx . Par unicité de la série de Fourier, on obtient 2P −1 1 X (−1)p e−incp ˆ ∀n ∈ Z \ {0} , fn = . in π p=0 Pour n = 0 il sut de calculer fˆ0 = e) R 2π 0 dx f (x) 2π et on obtient P −1 X P −1 X p=0 p=0 (c2p+1 − c2p ) − (c2p+2 − c2p+1 ) = (−c2p + 2c2p+1 − c2p+2 ) . Le calcul des coecients de Fourier montre qu'il existe Cf tel que 1 ∀n ∈ Z , |fˆn | ≤ Cf . hni On en déduit que pour s < 1/2 , 2s ˆ 2 n∈Z hni |fn | P 1 < +∞ et donc f ∈ W s,2 (Z) . Correction 3 b) c) d) a) La bande B est simplement connexe. Le théorème de l'application conforme de Riemann dit qu'il existe une application conforme (biholomorphisme) de B sur le disque unité. On peut prendre l'application réciproque. 1−z 2 L'application ϕ : z → 1+z est holomorphe sur D(0, 1) . L'égalité Z = ϕ(z) = 1+z − 1 équivaut 1−Z 2 à z = (Z+1) − 1 = 1+Z et |z| < 1 équivaut à |Z − 1| < |Z + 1| autrement dit Z est à droite de la médiatrice de [−1, 1] , c'est à dire Re Z > 0 . Ainsi ϕ est une bijection de D(0, 1) sur le demi-plan {Re Z > 0} . Une bijection holomorphe est forcément biholomorphe (conforme). 2 On peut le vérier aussi avec ϕ0 (z) = − (1+z) 2 qui ne s'annule pas sur D(0, 1) . Par ailleurs, logR est un biholomorphisme du demi-plan {Re Z > 0} sur B dont l'application réciproque est l'exponentielle. L'application exponentielle est une application holomorphe surjective de iB = z ∈ C , − π2 < Re < π2 sur la couronne C . Donc g(z) = exp(if (z)) dénit une application holomorphe surjective de D(0, 1) sur C . Comme f 0 ne s'annulent pas sur D(0, 1) et la dérivée de l'exponentielle, l'exponentielle ellemême, ne s'annule pas sur iB , g 0 ne s'annule pas. C'est donc un biholomorphisme local. Ce ne peut être un biholormorphisme car la couronne n'est pas simplement connexe. Autre argument valable : g n'est pas injective car l'exponentielle n'est pas injective de iB sur C . Correction 4 Avec la formule de Green, ω (∆u)v − u(∆v)dx = ∂ω (∂n u)v − u(∂n v) dσ , n normale extérieure, on a montré en cours en prenant ω = B(a, r) qu'une fonction harmonique vériait Z R a) f (a) = R 1 |Sd−1 | f (a + rη) dη . Sd−1 2π 1 iθ En dimension 2 , cela donne f (a) = 2π 0 f (a + re ) dθ pour tout a ∈ Ω et tout r > 0 tel que D(a, r) ⊂ Ω . Pour a ∈ Ω quelconque, cela est vrai en particulier en prenant une suite rn > 0 telle que limn→∞ rn = 0 . On considère F (z) = f (a + Rz) qui est une fonction continue h suriθD(0, i 1) . On a vu en cours R 2π 1 1+re it iθ que H(re ) = 2π 0 P (r, θ − t)F (e ) dt avec P (r, θ) = Re 1−reiθ dénit l'unique fonction R b) harmonique sur D(0, 1) continue sur D(0, 1) telle que H |z|=1 = F . On prend h(z) = H((z − a)/R) . On sait de plus que cette fonction est C ∞ sur D(a, R) par l'hypoellipticité de ∆ . c) La fonction v = f − h vérie la propriété de la moyenne (au point z0 ∈ Ω on prend la même suite de rayons que pour f ). Elle est continue sur D(a, R) , donc atteint son maximum m . De plus comme v |z−a|=R ≡ 0 , m 6= 0 (i.e. m > 0) implique que l'ensemble v −1 (m) est un fermé qui n'intersecte pas le cercle de centre a et de rayon R . C'est un compact de D(a, R) . −1 (m) et d) Sous l'hypothèse m > 0 , la fonction z 7→ |z − a| est continue sur le compact v iln existe zm ∈ v −1 (m) tel que |zom − a| = maxz∈v−1 (m) |z − a| . Alors le demi-plan E = z ∈ C , Re [(zm − a)z] > |zm − a| ne contient aucun point de v −1 (m) . En particulier v(z) < m pour tout z ∈ E ∩ D(a, R) tandis v(z) ≤ m = v(zm ) pour tout z ∈ D(a, R) . Cela contredit la propriété de la moyenne en zm . e) Les question c) et d) conduisent à max(v) = 0 , avec v = f − h . En faisant de même avec w = −(f − h) on obtient f = h sur D(a, R) et comme h est harmonique f est harmonique sur D(a, R) pour tout D(a, R) ⊂ Ω . Cela impose ∆f (z) = 0 pour tout z ∈ Ω et f est harmonique (et donc C ∞ ) sur tout Ω . f ) Il sut de prendre la fonction f (x) = x1Q (x) . Elle vérie la propriété de la moyenne sur R mais n'est pas C ∞ . 2