Engager l`anthropologie pour le développement et le changement

Appel à contributions au colloque international de l’Association Euro-Africaine pour
l’Anthropologie du Changement Social et du développement (APAD)
Engager l’anthropologie pour le développement et le
changement social : pratiques, discours et éthique
A Ouagadougou, Burkina Faso
20-23 janvier 2010
La pauvreté et les inégalités croissantes, les tensions ethno-religieuses et les conflits
politiques qui se font jour, les risques environnementaux qui vont en s’aggravant, et la
fragmentation sociale en augmentation représentent des défis majeurs à l’heure de
notre millénaire. Cette situation a conduit à des débats animés dans les domaines de la
politique, du développement et de l’économie, alors que la distance relative de la
position de l’anthropologie devient problématique et presque gênante. Provenant de la
seule discipline qui ait son assise sur la relation intersubjective, un engagement
anthropologique dans le changement social pourrait sembler évident. Cependant,
engager l’anthropologie dans le développement et le changement social soulève des
questions méthodologiques, épistémologiques et éthiques.
Une question cruciale de l’anthropologie demeure l’engagement que le travail de
terrain implique. Les recherches sur le terrain fournissent à l’anthropologie sa
pénétration ethnographique et ses outils analytiques. Avec le temps, les
anthropologues ont fini par tourner leur attention vers le développement comme objet
d’étude critique anthropologique. Toutefois, la relation entre anthropologie et
développement reste ambiguë. Les pratiques de conseil, de recherche à court terme
sur un problème prédéfini, ont augmenté avec la demande des institutions de
développement pour le savoir anthropologique. Cette situation semble avoir creusé le
schisme entre une anthropologie orientée de façon théorique, et une anthropologie qui
soit davantage appliquée. Les défis majeurs de l’engagement de l’anthropologie sont
ceux de reconnecter théorie et application pratique, et de créer un podium pour un
dialogue entre une anthropologie orientée de façon théorique, avec une assise
empirique, et une anthropologie directement appliquée au développement et au
changement social.
Au cours de la décennie passée, deux tendances quelque peu contradictoires ont pu
être observées dans la relation entre anthropologie et développement. D’un côté,
l’anthropologie s’est trouvée de plus en plus marginalisée dans les débats sur le
développement, où la tendance a été de promouvoir des réformes macro-économiques
et politiques plutôt que des interventions dans le développement socialement liées à
un certain contexte et accordées à la culture ambiante. En une ère d’appui budgétaire
et d’approches sectorielles, il s’est révélé ardu pour les anthropologues de trouver de
nouvelles voies pour s’engager dans le développement. D’un autre côté, les
connaissances et perspectives anthropologiques sont aujourd’hui demandées auprès
des agences de développement du fait, par exemple, que les approches orientées sur la
pauvreté et les droits nécessitent une analyse et une compréhension socioculturelles.
L’implication directe de cet état de choses est qu’aujourd’hui les acteurs saluent au
moins du bout des lèvres les vertus des démarches et perspectives anthropologiques.
Prises ensemble, ces deux tendances révèlent qu’en dépit de travaux importants dûs à
des universitaires au sein et hors du réseau de l’APAD, si dans les interventions de
développement il peut être fréquemment fait référence aux connaissances et analyses
anthropologiques, celles-ci y sont toutefois beaucoup moins intégrées dans la
pratique. Et pourtant, à une époque où la frontière entre aide au développement et
dépenses publiques est plus vague que jamais, on a grand besoin d’une analyse
anthropologique pour comprendre, et, par extension, pour influencer le
développement et le changement social. Or, quoique cette idée semble désormais
couramment acceptée, aujourd’hui le défi principal est de savoir comment et par
quels moyens l’anthropologie peut s’engager dans le développement de manière
pratique et concrète, tout en respectant la rigueur scientifique et les conditions
méthodologiques requises.
Les questions centrales susceptibles d’être posées par les participants au colloque
sont : quelles sont les perspectives pour engager l’anthropologie autour des défis
majeurs de la pauvreté, de l’inégalité, de la corruption, de la fragmentation sociale, de
la violence et des tensions ethniques ? Comment et quand les anthropologues
devraient-ils s’impliquer activement dans les efforts de développement, et les
bourbiers politiques ? Quelles sont les responsabilités de l’anthropologie dans l’étude
du changement social ? Comment l’anthropologie peut-elle se lancer dans le débat
public et la politique du développement ?
L’Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du Changement Social et du
Développement (APAD) se voit fortement concernée par le renforcement de la
recherche anthropologique sur les questions du développement. Avec les années, les
chercheurs ont de plus en plus tourné leur attention d’une stricte focalisation sur le
développement vers l’étude de l’espace public, la décentralisation, la gouvernance et
la société civile.
Le problème de l’engagement a ré-émergé en tant que débat clé dans l’anthropologie
dans sa totalité. Le thème du colloque de 2010 de l’APAD à Ouagadougou au Burkina
Faso est une manière de retourner à la question de l’engagement de l’anthropologie
dans le développement et le changement social.
Le colloque sera organisé autour des axes suivants :
L’anthropologie et l’éthique de l’engagement : développement, politique, et
changement culturel
Définir l’ordre du jour dans la recherche engagée : l’anthropologie sur les
services publics, les médias, la démocratisation, la décentralisation, et le genre
La participation au niveau populaire et l’engagement personnel : les
anthropologues entre le public et le privé
Les « récits » du développement : l’intégration de l’anthropologie et de
l’histoire
Les méthodes anthropologiques dans le développement : ethnographie,
participation et promotion du changement social
Les données anthropologiques et les agences de développement : combiner
la recherche et le travail de développement
Anthropologie publique : engager l’anthropologie dans le débat politique,
l’arène et les voies d’action politiques
L’APAD est un réseau qui entend promouvoir le dialogue entre chercheurs africains et européens en
sciences sociales, aussi bien qu’avec les agents de développement. Consacrée initialement aux études
empiriques des interactions induites par le développement, l’APAD a vu sa démarche évoluer vers une
recherche concernée par le changement social sur le continent africain dans son acceptation la plus
large.
http://www.association-apad.org/
Information pratique
Les résumés ne devraient pas dépasser 500 mots et seront soumis avant le 1er avril
2009 au secrétariat général de l’APAD au Centre d’Études Africaines de Leyde à
l’adresse courriel suivante : [email protected]
La dernière limite pour la réception du texte complet est fixée au 31 octobre 2009.
Étant donné que l’APAD ne disposera que d’un soutien financier très limité pour les
participants au colloque, il leur est recommandé de trouver par eux-mêmes des
moyens financiers pour couvrir les frais de participation.
Tarifs d’inscription au colloque :
Les tarifs vont être fixés plus tard.
Tous les participants au colloque seront invités à devenir membre de l’APAD. Les
frais de cotisation seront réglés auprès du secrétariat général de l’APAD à Leyde.
Montant des cotisations :
Pour les membres ayant un salaire mensuel supérieur à 800 € : 39 €
Pour les membres ayant un salaire mensuel inférieur à 800 € : 19 €
Les paiements peuvent être effectués par virement bancaire, UNIQUEMENT sur
le compte bancaire de l’APAD, no. 48 29 57 352, à l’ordre de ‘Afrika-Studiecentrum
(APAD)’, P.O. Box 9555, 2300 RB Leiden, Pays-Bas. Code BIC : ABNANL2A,
code IBAN : NL97ABNA0482957352
Une plus ample information sur le colloque apparaîtra sur le site internet de l’APAD
fin janvier 2009.
Le comité d’organisation
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