L’implication directe de cet état de choses est qu’aujourd’hui les acteurs saluent au
moins du bout des lèvres les vertus des démarches et perspectives anthropologiques.
Prises ensemble, ces deux tendances révèlent qu’en dépit de travaux importants dûs à
des universitaires au sein et hors du réseau de l’APAD, si dans les interventions de
développement il peut être fréquemment fait référence aux connaissances et analyses
anthropologiques, celles-ci y sont toutefois beaucoup moins intégrées dans la
pratique. Et pourtant, à une époque où la frontière entre aide au développement et
dépenses publiques est plus vague que jamais, on a grand besoin d’une analyse
anthropologique pour comprendre, et, par extension, pour influencer le
développement et le changement social. Or, quoique cette idée semble désormais
couramment acceptée, aujourd’hui le défi principal est de savoir comment et par
quels moyens l’anthropologie peut s’engager dans le développement de manière
pratique et concrète, tout en respectant la rigueur scientifique et les conditions
méthodologiques requises.
Les questions centrales susceptibles d’être posées par les participants au colloque
sont : quelles sont les perspectives pour engager l’anthropologie autour des défis
majeurs de la pauvreté, de l’inégalité, de la corruption, de la fragmentation sociale, de
la violence et des tensions ethniques ? Comment et quand les anthropologues
devraient-ils s’impliquer activement dans les efforts de développement, et les
bourbiers politiques ? Quelles sont les responsabilités de l’anthropologie dans l’étude
du changement social ? Comment l’anthropologie peut-elle se lancer dans le débat
public et la politique du développement ?
L’Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du Changement Social et du
Développement (APAD) se voit fortement concernée par le renforcement de la
recherche anthropologique sur les questions du développement. Avec les années, les
chercheurs ont de plus en plus tourné leur attention d’une stricte focalisation sur le
développement vers l’étude de l’espace public, la décentralisation, la gouvernance et
la société civile.
Le problème de l’engagement a ré-émergé en tant que débat clé dans l’anthropologie
dans sa totalité. Le thème du colloque de 2010 de l’APAD à Ouagadougou au Burkina
Faso est une manière de retourner à la question de l’engagement de l’anthropologie
dans le développement et le changement social.
Le colloque sera organisé autour des axes suivants :
• L’anthropologie et l’éthique de l’engagement : développement, politique, et
changement culturel
• Définir l’ordre du jour dans la recherche engagée : l’anthropologie sur les
services publics, les médias, la démocratisation, la décentralisation, et le genre
• La participation au niveau populaire et l’engagement personnel : les
anthropologues entre le public et le privé
• Les « récits » du développement : l’intégration de l’anthropologie et de
l’histoire
• Les méthodes anthropologiques dans le développement : ethnographie,
participation et promotion du changement social
• Les données anthropologiques et les agences de développement : combiner
la recherche et le travail de développement