Systèmes de soins en milieu pénitentiaire Psychiatrie

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Principales structures de soins
dans les prisons suisses
Systèmes de soins en milieu
pénitentiaire
Psychiatrie pénitentiaire
Psychiatrie pénitentiaire
•
•
•
•
•
Situation clinique
Structures de soins dans les prisons suisses
L’activité du SMPP
Pathologies rencontrées en prison
Problématiques du soin en milieu
pénitentiaire
• Conclusion
Le code pénal suisse
• Art. 10: N'est pas punissable celui qui atteint d'une maladie mentale,
de faiblesse d'esprit ou d'une grave altération de la conscience, ne
possédait pas, au moment d'agir , la faculté d'apprécier le caractère
illicite de son acte ou de se déterminer d'après cette appréciation. Les
mesures prévues aux articles 43 et 44 sont réservées.
• Art. 11 Le juge pourra atténuer librement la peine , si, par suite d'un
trouble dans sa santé mentale ou dans sa conscience , ou par suite d'un
développement mental incomplet, le délinquant , au moment d'agir, ne
possédait pas pleinement la faculté d'apprécier le caractère illicite de
son acte ou de se déterminer d'après cette appréciation. Les mesures
prévues aux articles 42 à 44 et 100bis sont réservées
• Section psychiatrique du pénitentier de
Pöschwies (Zürich): programme de soins
intensifs pour délinquants sexuels
• Unité psychiatrique légale de Bâle
Principales structures de soins
dans les prisons suisses
• Service de Médecine Pénitentiaire
(Genève):
• Quartier cellulaire psychiatrique
• Unité de sociothérapie de la Pâquerette à ChampDollon: acceuille des détenus condamnés à de très
longues peines, présentant des troubles sévères de
la personnalité. Programme basé sur la
responsabilisation individuelle
Principales structures de soins
dans les prisons suisses
• Service de Médecine et Psychiatrie
Pénitentiaires (Vaud) :
• Est un service du Département de PsychiatrieCHUV
• Assure les soins médicaux et psychiatriques pour
l’ensemble des prisons vaudoises
• Est indépendant des directions des établissements
pénitentiaires et du Service pénitentiaire
1
Prisons vaudoises
Légende
Exécution de peines, hommes
Maisons d’arrêt et de préventive, hommes
Préventive, hommes
Tous régimes pénitentiaires, femmes
• Consultations individuelles en détention
• Thérapies de groupe
• Accueil à l’unité psychiatrique:
EPO
La Croisée
Pôle d’Orbe:
•
•
•
•
Entretiens psychiatriques, psychologiques, infirmiers,
Entretiens familiaux
Groupe hebdomadaire
Activités ergothérapiques : atelier cuisine, dessin, revue de
presse, etc.
• Taï-chi, sport
• Socio-thérapie
Bois-Mermet (Lausanne)
Pôle du Léman:
La Tuilière
(Lonay)
Le soin psychiatrique en prison
Vevey
JPhD, 14.06.2000
Service de Médecine et
Psychiatrie Pénitentiaires
• Assure les soins dans les 5 prisons du
canton de Vaud: 600 détenus, tous régimes
(de la détention préventive à la réclusion de
haute scurité)
• Gère 2 unités de soins (EPO, La Tuilière)
Service de Médecine et
Psychiatrie Pénitentiaires
• Assure une consultation ambulatoire (prise
en charge des délinquants sexuels)
• Assumme la référence psychiatrique pour
la Fondation du Levant (toxicomanes)
• Recherche: Traitement des délinquants sexuels,
Epidémiologie des maladies infectieuses en milieu
pénitentiaire
Quelques chiffres, en 2002
• 1941 détenus admis dans les différentes prisons
• 474 suisses, 852 venant du reste de l’Europe, 98
d’Amérique, 105 d’Asie, 412 d’Afrique
• 492 toxicomanes (450 hommes, 42 femmes), 49
ayant bénéficié d’un sevrage, 121 d’un traitement
de méthadone
• 118 délinquants sexuels
Personnel du SMPP au 1er 09 2003
n
% ETP
Psychiatres
7
650%
Psychologues
2
160%
Internistes
10
160%
Ergothérapeutes
2
100%
Infirmiers
27
2260%
Secrétaires
7
590%
Techn. Radiol
1
50%
57
3970%
2
NOMBRE DE CONSULTATIONS PSYCHIATRIQUES PAR RAPPORT AU NOMBRE DE PATIENTS
Troubles de l’humeur
3500
3146
3054
3050
3000
2657
2608
2561
2518
2496
2500
1955
N o m b re
2000
1863
1500
1252
1000
578
483
500
483
432
443
356
321
564
487
405
387
549
• L’humeur est définie comme une tonalité
affective fondamentale qui varie de la
tristesse au bonheur.
• Les troubles de l’humeur se caractérisent
par des sentiments anormaux de dépression
ou d’euphorie.
149
0
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Années
Nombre de consultations
Nombre de patients
DIAGNOSTICS PSYCHIATRIQUES CIM 10 1997/1998/1999/2000
Troubles de l’adapation
350
321
300
287
284
276
257
261
250
218
203
200
170 170
Nombre
1997
1998
1999
150
2000
96
100
84
67
65
56
44
50
45
42
45
38
11
14
10
14
8
14
13
12
0
Dependances
Schiz.&tr.schizotypiques
tr. de l'humeur
tr. De l'adaptation
Syndr.comport.
tr. De la personnalité
retard m ental
• Un événement particulièrement stressant
entraînant une réaction aigüe, comportant
des conséquences désagréables et durables
et conduisant à un trouble de l’adaptation
• L’événement stressant ou les circonstances
pénibles persistantes constituent le facteur
causal primaire et essentiel, en l’absence
duquel le trouble ne serait pas parvenu
Diagnostics CIM-10
Psychose
maladie mentale caractérisée par des symptômes
psychotiques tels délire, hallucination,
désorganisation de la pensée, etc...
• délire : ensemble pathologique d’idées et de
croyances absurdes et déraisonnables, sans rapport
avec la réalité et qui s’écartent du sens commun.
Ces idées ou croyances représentent des
convictions inébrenlables pour le patient.
hallucination : perception sans objet ( peut
concerner les cinq sens)
• La schizophrénie est une forme de psychose.
Syndrome de dépendance
au moins trois des manifestations suivantes:
• Désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance
psycho-active
• Difficulté à contrôler l’utilisation de la substance
• Syndrome de sevrage physiologoque en cas d’arrêt ou de
diminution de la substance
• Tolérance
• Abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêts
au profit de l’utilisation de la substance
• Poursuite de la consommation de la substance malgré la
survenue de conséquences manifestement nocives
3
Trouble de la Personnalité
• modalités de comportement profondément enracinées et
durables, consistant en des réactions inflexibles à des
situations personnelles et sociales de nature très variée. Ils
représentent des déviations extrêmes ou significatives des
perceptions, des pensées, des sensations et particulièrement
des relations avec autrui par rapport à celles d’un individu
moyen d’une culture donnée. Ils sont souvent associés à
une souffrance subjective et à une altération du
fonctionnement et des performances sociales d’intensité
variable. Exemple : Personnalité émotionnellement labile
type borderline, personnalité histrionique, personnalité
dyssociale, etc.
Problématiques du soin en milieu
pénitentiaire
Problématiques du soin en milieu
pénitentiaire
• Principes fondamentaux de l’organisation
de la médecine en prison (réaffirmés par les
directives de l’Académie Suisse des
Sciences Médicales)
Principes fondamentaux de l’organisation de
la médecine en prison
• La Suisse est une confédération de cantons
souverains
• Chaque canton possède sa propre organisation
judiciaire et pénitentiaire
• De nombreuses disparités existent entre les
cantons, plusieurs modèles coexistent
• Peu de cantons peuvent véritablement se prévaloir
d’une organisation sanitaire cohérente en milieu
pénitentiaire (Vaud, Genève, Zürich, Bâle)
• Droit à la santé et accès aux soins pour les détenus
• Principe d’équivalence des soins
• Refus d’associer les équipes médicales aux aspects
de contrôle sécuritaire
• Respect du secret médical
• Indépendance statutaire et budgétaire des équipes
de soin
Répartition des différentes compétences judiciaires,
pénitentiaires et policières en Suisse
Les soins psychiatriques en prison doivent
remplir une double fonction
Cantons
Concordat Romand
(Vaud, Genève, Valais,
Fribourg, Neuchâtel, Jura)
Confédération
Code de procédure pénale
Code pénal
Tribunaux correctionnels
et criminels (première
instance et recours)
Tribunal fédéral (cour de
cassation)
prisons préventives
Établissements
d’exécution de peine
(après jugement)
• Offrir des soins de santé mentale de
différents niveaux: de la psychothérapie à la
prise en charge de situations lourdes en
respectant le libre arbitre du patient
• Répondre aux mandats pénaux ordonnés par
l’autorité judiciaire
Application et exécution
des peines
police et gendarmerie
4
Article 43 du Code Pénal Suisse:
le cadre légal des soins pénalement ordonnés
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Inculpation
u Irresponsabilité
et libération
u Mesure
art 43
de toute peine
• Ch 1 al 1: renvoi dans un hôpital ou traitement
ambulatoire, si le délinquant n’est pas
dangereux
• Ch 1 al 2: internement dans un établissement
approprié, si le danger est associé à la pathologie
• La peine est suspendue, la mesure a une durée
indéterminée, renouvelable d’année en année
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Arrestation
u Hospitalisation
u Traitement
Expertise
Jugement
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Inculpation
• Inculpation
• Arrestation
• Arrestation
Expertise
Expertise
u Irresponsabilité
et libération
u Mesure
art 43
de toute peine
u Hospitalisation
u Traitement
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1
u Traitement
ambulatoire
u Hospitalisation
u Placement
Jugement
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Inculpation
• Inculpation
• Arrestation
• Arrestation
u Irresponsabilité
et libération
u Mesure
art 43
de toute peine
u Hospitalisation
u Traitement
Expertise
Jugement
Expertise
Jugement
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1 ch 2
u Traitement
ambulatoire
u Hospitalisation
u Placement
u Internement
u Allégement
progressif
5
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Inculpation
u Irresponsabilité
et libération
u Mesure
art 43
Le soin psychiatrique en prison
de toute peine
• Arrestation
u Hospitalisation
u Traitement
Expertise
Jugement
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1 ch 2
u Peine
privative de liberté +
traitement ambulatoire
u Traitement
ambulatoire
u Hospitalisation
u Placement
u Internement
u Allégement
progressif
u Détention
+
traitement
Le devenir pénal des malades psychiques délinquants en
Suisse
• Inculpation
u Irresponsabilité
et libération
u Mesure
art 43
• Implique une articulation avec les partenaires
judiciaires et pénitentiaires:
• Avocats: renseignements , certificats, mais pas de témoignage
en justice
• Juges : organisation de la sortie (hospitalisation)
• Autorités pénitentiaires (service pénitentiaire, Commission
interdisciplinaire consultative, commission de libération:
interface difficile, confidentialité vs pronostic
• Importance du travail en réseau , des éléments contractuels, de
l’interdisciplinarité
Le respect de la confidentialité dans un tel
contexte reste une question lancinante
de toute peine
• Arrestation
u Hospitalisation
u Traitement
Expertise
Jugement
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1
u Peine
privative de liberté
suspendue au profit d'une
mesure au sens de l'article 43
al 1 ch 2
u Peine
privative de liberté +
traitement ambulatoire
u Peine
privative de liberté avec
sursis et traitement
ambulatoire
u Traitement
ambulatoire
u Hospitalisation
• Le secret médical
u Placement
u Internement
u Allégement
progressif
u Détention
+
traitement
u Traitement
ambulatoire
L’établissement approprié
n’existe pas en Suisse
• Les sujets « internés » sont incarcérés dans des
établissements pour peine ou dans de rares établissements
semi-ouverts
• Des structures de psychiatrie légale comme en Allemagne
ou en Hollande n’existent ,pour ainsi dire, pas
• Il n’existe que quelques petites structures:
• Unités de psychiatrie en milieu pénitentiaire (Vaud)
• Unités de psychiatrie légale (Bâle)
• Quartier Cellulaire Psychiatrique (Genève)
Le secret médical en Suisse
• Si le patient donne son autorisation, le médecin
peut donner des informations et ne sera pas puni.
Il reste cependant libre de ne pas révéler
l’information
• Si le patient ne possède pas son discernement ou
qu’il refuse son consentement, le médecin peut
être relevé de son devoir de discrétion par
l’autorité supérieure (via le Médecin cantonal)
6
En prison:
directives éthiques, novembre 2002
Expertise et milieu pénitentiaire
• Le secret médical doit être respecté selon les
mêmes dispositions qui s’appliquent pour les
personnes libres
• Toutefois, la promiscuité crée par la vie carcérale,
(…) de même que le rôle de garant et parfois
même d’auxiliaire de soins souvent joué par les
agents pénitentiaires peuvent imposer un échange
d’informations sanitaires entre le personnel de
santé et le personnel de sécurité
• Le psychiatre traitant ne peut se substituer à
l’expert
• L’accès au dossier médical obéit aux
mêmes règles
• L’expert doit être attentif à une pathologie
qui se dévoile ou évolue
• Les limites du soin en détention préventive
En prison:
directives éthiques, novembre 2002
Le mandat des experts
• Dans ces conditions, le médecin doit s’efforcer,
avec l’accord du patient détenu, de répondre à
chaque fois aux interrogations légitimes du
personnel pénitentiaire
• Lorsque le patient s’oppose à une divulgation, en
situation de danger pour la sécurité ou des tiers, le
médecin peut demander à être délié de son secret
par l’autorité compétente (…) dans ce cas le
patient doit être averti qu’une levée du secret
médical le concernant a été demandée
Pronostic criminologique et position
thérapeutique
• Ce dilemme reste présent dans le monde
pénitentiaire
• Directives de l’Académie Suisse des
Sciences Médicales: « hormis les situations de
crise ou d’urgence, le médecin ne peut cumuler à
la fois l’identité de médecin thérapeute et de
médecin expert »
• Intervient à un moment particulier du parcours
pénal et consiste principalement à:
– Se prononcer sur l’évolution du fonctionnement
psychique
– Donner un avis sur la prise en charge (sous tous ses
aspects)
– Evaluer la dangerosité actuelle et le risque de
récidive
Le positionnement par rapport au délit ne
peut pas être conçu de la même manière du
point de vue de l’expert et du point de vue
du thérapeute
• L’expert va l’apprécier dans sa valeur pronostique,
en particulier dans son rapport à un certain nombre
d’éléments contingents (déni, amnésie, évolution de
la perception)
• Le thérapeute va considérer ce qui se joue dans la
relation thérapeutique de répétition d’un vécu
infantile (aspect traumatique) ou d’enjeu
transférentiel (prise du thérapeute dans des
mouvements amour-haine)
7
Commission Interdisciplinaire
Consultative (CIC)
• Une solution développée dans le canton de
Vaud
• Sa mission est :
• d’assurer l’évaluation périodique du suivi psychiatrique, en cours
d’exécution de peine et après la libération des délinquants internés en
raison de leurs troubles psychiatriques ou nécessitant une mesure
thérapeutique au cours de l’exécution de leur peine
• d’aider les autorités et les soignants à choisir leurs orientations et à
prendre leurs décisions
Commission Interdisciplinaire
Consultative (CIC) du canton de Vaud
• Elle est composée de:
• Un psychiatre spécialiste dans la prise en
charge des délinquants, qui la préside
• Un médecin directeur de secteur
psychiatrique
• Un psychologue
• Un magistrat
• Un travailleur social
Apport des commisions
spécialisées
• Permettent un regard externe dans la continuité
• Facilitent une élaboration conjointe entre les
différents partenaires
• Situent les conditions de possibilité du soin dans le
contexte pénitentiaire et pénal
• Indiquent ce qui ne ressort pas du champ de la
clinique psychiatrique
• Définissent les niveaux d’intervention
psychiatrique
Limite des commissions
spécialisées
• Un bon fonctionnement nécessite un certain accord sur
l’approche thérapeutique, ses méthodes et sa validité
• Le rôle de ces commissions est parfois peu clair pour les
partenaires
• Il est parfois perçu par les autorités comme ayant moins de
valeur que l’avis du psychiatre qui assure la conduite du
soin
• Il demeure une certaine ambiguïté quant au caractère
consultatif
• La place de certain partenaire dans ce dispositif peut être
problématique ( place de la direction des établissements
pour assister aux séances ?)
Dans d’autres cantons
principalement alémaniques
Le soin psychiatrique en prison
• Il existe des commissions spécialisées obéissant à
d’autres principes
• Commissions spécialisées chargées d’évaluer la
dangerosité (Berne, Zürich,etc)
• Donnent un avis sur la dangerosité et les
possibilités de resocialisation du détenu
• Rôle décisionnaire
• Dimension axée sur l’exécution des peines et des
mesures et surtout le pronostic de la dangerosité
• La prison ne permet pas l’établissement
d’un dispositif thérapeutique classique,
notre pratique doit tenir compte de plusieurs
éléments:
• Le cadre légal
• Le cadre réglementaire, propre à la prison
• La psychopathologie des patients
(psychopathie, notamment)
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Etablir une « conflictualité »
constructive
• Sortir des positions de pouvoir et de savoir
• Echanger sur les questions sensibles:
• Médicaments, sanctions, gestion de la violence,
confidentialité
• Permet de créer un partenariat respectueux des missions
respectives
• Nécessite de sortir de l’institution totale
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