pas de son savoir, ni de sa foi. D'ailleurs, quelle est-elle, sa foi ? Il a été élevé dans la
religion égyptienne, avec autour de lui, une multitude de dieux et plusieurs multitudes
de prêtres. Il a appris à vénérer le soleil et la lune, le fleuve et l'air, le crocodile et le
chacal. Et le Pharaon, dieu vivant… A-t-il entendu parler du Dieu d'Abraham et des
patriarches ? Qui aurait pu lui en parler ? Devant le buisson ardent, Moïse est un
homme sans pays, sans terre, sans famille et sans religion. Il est au plus bas de ce que
peut connaître un homme, la déchéance la plus totale, la plus profonde. Il est donc
curieux, et il veut comprendre. Il est curieux et rien ne l'effraye. Il est curieux car il a
soif de savoir et de connaître. Et ce qu'il rencontre sur la montagne, il ne le connait pas
encore. Il ne sait pas de quoi il s'agit. Mais il veut savoir : "Je vais faire un détour pour
voir cette chose étonnante. Le buisson n’est pas brûlé. Pourquoi donc ?"
Seulement voilà, et nous en sommes à la deuxième partie de ce texte, seulement voilà,
Moïse ne se trouve pas devant un phénomène naturel. Devant ce buisson qui semble
brûler sans se consumer, il va faire la rencontre de sa vie. On peut d'ailleurs se
demander qui a chercher à rencontrer l'autre. Ce n'est pas Moïse, en tous les cas. Il est
passé par là, avec ses moutons, c'est tout, sans plus. Personne ne sait à quoi pouvait
penser Moïse dans la solitude de la montagne. Personne. Mais si ce n'est pas Moïse qui
a provoqué la rencontre, qui donc alors ? Le Seigneur voit que Moïse fait un détour
pour regarder. Alors Dieu l’appelle du milieu du buisson. Dieu est là et il attend Moïse.
Je ne sais pas si vous réagissez comme moi, mais à ce stade de l'histoire, je suis tout de
même obligé de me demander si toute l'histoire de Moïse, le panier sur le Nil, la cour
de Pharaon, même le meurtre de l'Égyptien, la fuite dans la désert, me demander si
tout cela n'était pas dans la plan de Dieu, un plan qui passe forcément par cette
rencontre sur la montagne. Et force est de constater que le plan de Dieu est génial.
Dieu rencontre donc Moïse sur la montagne, à travers ce buisson en feu qui ne brûle
pas. Dieu l’appelle du milieu du buisson : "Moïse ! Moïse !" Moïse répond : "Je suis là !"
Notez bien ce que nous révèle le texte de l'Exode : c'est Dieu qui appelle Moïse. À
partir de ce jour, à partir de cet instant, Dieu va prendre en main la vie de Moïse,
même s'il avait déjà posé la main sur lui depuis longtemps. Dieu appelle Moïse. Et
Moïse répond. Il n'a d'ailleurs pas d'autre choix que de répondre. C'est déjà trop tard
pour vouloir s'enfuit loin de Dieu. On ne fuit jamais loin de Dieu. Ce n'est pas possible.
C'est Dieu qui prend les choses en main en déclinant son identité : Je suis le Dieu de tes
ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Je suis celui dont tu as
vaguement entendu parler quand tu étais en Égypte. Je suis le Dieu des esclaves
hébreux, je suis le Dieu de ton père, un homme sans nom dans le récit de l'Exode, je
suis le Dieu de ta mère, toute aussi inconnue que ton père. Je suis le Dieu de ces
hommes que tu as vu souffrir sous les fouets des Égyptiens. Et donc Dieu dit à Moïse :
je suis ton Dieu.
On peut se demander ce que recherche Dieu à travers cette entrevue pour le moins
insolite. Parce que Dieu ne se révèle jamais sans un but précis. Dieu n'appelle jamais
sans avoir un plan. Alors quel est le plan de Dieu, ce plan que Dieu a envie de réaliser
grâce à Moïse ?
C'est l'objet de la troisième partie du texte qui nous est proposé ce matin, pour notre
méditation. Le Seigneur continue : "J’ai vu la misère de mon peuple en Égypte. Je l’ai
entendu crier sous les coups de ses chefs égyptiens. Oui, je connais ses souffrances…