Un souffle d`espoir dans la détection précoce du cancer

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Un souffle d’espoir dans la
détection précoce du cancer
Analyser l’haleine d’une personne pour déceler des maladies est possible, mais pas si simple.
Des scientifiques du New Technology Fields Chemical and Optical Systems, chez Siemens Corporate
Technology, sont toutefois parvenus à capter l’air expiré, pour en analyser ses constituants moléculaires et détecter une éventuelle anomalie, telle qu’un cancer des poumons.
Le but des spécialistes de Siemens est de développer un capteur d’haleine qui puisse signaler
une maladie. Les chercheurs ont d’ores et déjà
développé un capteur permettant de détecter
des problèmes d’asthme. Ils avancent maintenant à grands pas vers un dépistage précoce
du cancer du poumon. «Pour cela, nous avons
dû tout d’abord découvrir quelles sont les molécules auxquelles le capteur devait réagir afin
d’obtenir un diagnostic non équivoque du cancer du poumon», explique le professeur Maximilian Fleischer, qui dirige la recherche sur les
capteurs chez Siemens Corporate Technology
(CT). Il est clairement établi qu’il s’agit dans ce
cas de toute une série de molécules. Les chercheurs de Siemens ont développé et élaboré
un appareil spécial qu’ils ont testé à la clinique
universitaire d’Erlangen où des patients atteints d’un cancer du poumon à différents
stades y sont traités. Pour cette maladie en
particulier, le diagnostic précoce est un avantage certain pour optimiser les chances de
guérison, puisque le traitement est d’autant
plus efficace lorsque le cancer n’est pas à un
stade avancé.
Des centaines de molécules
à analyser
L’appareil de Siemens a permis de récolter sur
une cinquantaine de patients atteints d’un cancer du poumon des échantillons d’haleine qui
ont ensuite été stockés dans de petites éprouvettes, puis expédiés à Munich où les chercheurs
de Siemens les ont analysés en décomposant
leurs molécules. Grâce à un programme informatique spécialement développé à cet effet, ils ont
pu déceler des corrélations entre la pathologie
et la présence de nombreuses molécules. Sans
cela, analyser manuellement une centaine de
molécules dans chaque échantillon puis documenter les variances contextuelles aurait été
beaucoup trop laborieux. Pour l’analyse des
échantillons d’haleine, les chercheurs ont reçu
l’aide de leurs collègues CT du groupe de recherche Analytics, qui ont identifié les impuretés
et des substances spécifiques. «Tout ce travail
de base nous a permis de compléter nos connaissances sur les molécules présentes dans l’haleine
des patients atteints d’un cancer du poumon
et de leurs facteurs significatifs», explique
Maximilian Fleischer. L’objectif des chercheurs
est de développer un capteur capable d’analyser
la composition chimique de l’haleine de manière
Texte Eray Müller | Photos Siemens
Echantillonneur et capteur d’haleine permettant de
prélever et analyser le contenu moléculaire (en haut).
Un chercheur CT sélectionne les échantillons d’haleine
pour la recherche sur les capteurs de détection du
cancer des poumons (en bas).
autonome, afin de valider ou non le diagnostic du
cancer des poumons. Selon Maximilian Fleischer,
la réalisation d’un tel capteur n’est plus qu’une
question de temps: «Nous avions déjà accumulé
une grande expérience durant les travaux
sur les capteurs d’asthme, et nous avions alors
déjà poussé le développement jusqu’au prototype. Nous pouvons donc maintenant nous
baser sur ces résultats.»
Un travail de longue
haleine
Malgré tous les progrès technologiques et ces
premiers succès, la détection de maladies au
moyen de capteurs n’en est encore qu’à ses débuts. Les chercheurs, les médecins et les gestionnaires de la santé placent de grands espoirs dans ces projets. Si de tels capteurs fonctionnent un jour de manière fiable pour certaines maladies, ils pourront être alors
fabriqués en grande série et utilisés pour le patient, qui devra alors seulement fournir un
échantillon d’haleine, par exemple, durant un
examen de routine auprès du médecin de famille. Si des anomalies étaient décelées, un
diagnostic détaillé en résulterait, par exemple
avec un tomographe assisté par ordinateur. Un
simple regard dans le laboratoire de Maximilian Fleischer laisse supposer que tout cela
n’est plus forcément de la musique d’avenir
très lointaine.
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