Les musulmans : un cauchemar ou une force pour l’Europe ?
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est bien sûr leur foi : ils prennent comme acquis ce que les non musulmans examinent, discutent
et critiquent. Ils rejettent donc les analyses extérieures pensant être les mieux placés. Mais
finalement ils n’ont fait aucune véritable analyse de leur gros problème, l’apparition d’une frange
intolérante et violente, qu’ils n’arrivent pas à gérer.
De plus, contrairement aux Occidentaux, ils n’ont pas de « structure culturelle qui puisse intégrer
le travail scientifique », que ce soit à propos de la religion ou dans d’autres disciplines (les
chercheurs musulmans « productifs » sont dans des structures de pays non musulmans), cela
depuis le blocage des travaux d’interprétation vers le XIIe siècle (qui a interrompu également des
progrès des sciences, domaine dans lesquels les musulmans étaient plutôt en avance). Depuis cette
époque les seuls « savants » sont les experts en théologie, qui expliquent que « la reproduction » (de
la tradition) est moins risqué que l’innovation (le résultat d’une recherche menée par le
raisonnement, comme l’avait timidement suggéré Averroès), qui peut à tout moment mener à
l’hérésie.
Les conclusions
Tout cela étant exposé, qui donne toute sa valeur à l’analyse quantitative qui est l’objet du livre,
on passe à l’enquête elle-même et son exploitation, qui occupe le gros du volume. Je saute mille
informations très intéressantes, et passe directement aux conclusions.
Les Européens estiment que « leurs » musulmans vivent dans des espaces d’exclusion sociale, et
cela à cause de l’islam. Mais ce sont eux qui sont à l’origine de ce vase clos, car leur vision est
basée sur des données fausses, des stéréotypes et des préjugés, notamment sur ce que pensent les
musulmans de leur environnement européen. C’est d’autant plus regrettable que cela a mené à un
engagement de certains musulmans européens à Al Qaïda en proportion plus importante
qu’ailleurs. Et à rendre les musulmans européens plus conservateurs que dans leur pays de départ,
probablement en réaction aux opinions des Européens (en résumé : c’est l’islamophobe qui crée
l’islamiste en Europe, et réciproquement).
L’islam empêche-t-il les musulmans de s’intégrer ? Non : il est probable que ces derniers feront
évoluer l’islam car ce dernier s’est déjà adapté dans le passé à de nombreuses situations nouvelles.
L’islam encourage notamment le commerce et la libre entreprise, ce qui pousse au dialogue ; les
auteurs développent une notion à laquelle ils attachent grand prix : « le calvinisme islamique »,
c’est-à-dire le fait que la religion facilite la réussite économique, donc l’interaction avec le reste de
la société.
Ce livre a le mérite de s’attaquer à un problème contre lequel je bute souvent : comme le Coran et
la tradition donnent des prescriptions précises (quoique comprises très différemment d’une culture
à l’autre), on en déduit ce que l’islam est totalisant. Or l’observation des comportements des
musulmans montre que cette prégnance religieuse donne des résultats totalement différents d’une
culture à l’autre et d’une personne à l’autre, et souvent très éloignés de ce que l’on imagine à
partir de la lecture des textes.
Que dirait-on d’un observateur qui affirmerait que toutes les femmes catholiques ne régulent leurs
naissances que par des moyens "naturels" parce qu’il a trouvé cela dans les textes officiels ?