
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2008 - N°403 // 55
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toxoplasmose peut être aussi la conséquence d’une réac-
tivation d’une infection ancienne sans relation avec le statut
immunitaire du donneur.
2.2. Chez les greffes
de moelle allogéniques
La toxoplasmose survient, dans la majorité des cas, à la
suite d’une réactivation d’une infection ancienne chez le
receveur, avec une fréquence plus élevée lorsque le donneur
est séronégatif pour la toxoplasmose [11, 21]. Le mécanisme
est comparable à celui observé chez le patient atteint de
sida. Il est dû à une réactivation des kystes toxoplasmi-
ques présents dans les tissus d’un sujet immunisé puis
la dissémination hématogène du toxoplasme entraînant
une forme généralisée. C’est une complication souvent
fatale observée dans les 30 à 100 jours suivant la greffe.
L’organe le plus souvent atteint est le système nerveux
central, les poumons et le cœur. Le pronostic est mauvais,
66 % des patients décèdent, en revanche si un traitement
est institué rapidement 60 % survivent [22]. Le facteur le
plus important est le site de l’infection. Les infections géné-
ralisées sont de mauvais pronostic. Les formes cliniques
associent des symptômes à prédominance neurologique
à des atteintes multiviscérales [21, 25]. De rares cas de
primoinfection sont décrits chez des sujets non immunisés
avant la greffe suggérant une contamination par la greffe
ou par des produits sanguins. L’incidence est mal établie
et sûrement sous estimée. Martino et al., à la suite d’une
étude multicentrique, ont différencié la toxoplasmose mala-
die certaine dénie par des symptômes cliniques et la mise
en évidence des parasites dans les tissus d’une maladie
probable pour laquelle des signes cliniques et radiologiques
sont évocateurs de la maladie et la PCR positive dans le
sang, le LBA ou le LCR sans autre étiologie retenue. Ils la
différencient de la toxoplasmose infection dénie par une
PCR positive dans le sang sans preuve d’une atteinte d’un
organe, associée ou non à une èvre. Dans cette étude,
6 mois après la greffe, la maladie est diagnostiquée dans
6 % des cas et les infections dans 16 %. Ils préconisent
un dépistage de la toxoplasmose infection par un suivi de
la parasitémie sanguine par PCR an d’instituer un traite-
ment préventif de la maladie [22].
2.3. Quelle que soit la transplantation
Une prévention primaire doit être instituée si le receveur
n’est pas immunisé consistant en des conseils hygiéno-
diététiques identiques à ceux fournis à la femme enceinte.
Si le receveur est immunisé, la mise sous prophylaxie
pendant la période de risque est effectuée par certaines
équipes mais il n’y a pas, en France, de consensus natio-
nal. L’utilisation de triméthoprime-sulfaméthoxazole en
prophylaxie a diminué la fréquence de la toxoplasmose
[17, 22, 29].
En cas de maladie, le traitement curatif associe pyrimé-
thamine et sulfadiazine ou clindamycine si le patient est
allergique [1, 3, 21].
Les complications liées à la transplantation ont justié
l’obligation d’un dépistage sérologique obligatoire de la
toxoplasmose des donneurs et receveurs de greffe pour
connaître leur statut immunitaire avant la greffe (décret
n° 97-928 du 9 octobre 1997 relatif aux règles de sécurité
sanitaire applicables à tout prélèvement d’éléments ou toute
collecte de produits du corps humain et à leur utilisation à
des ns thérapeutiques). Cette procédure n’empêche pas
d’effectuer les greffes.
2.4. Diagnostic de la toxoplasmose
Il est souvent difcile à établir. Plusieurs critères doivent
être associés pour porter un diagnostic de toxoplasmose
incluant les tests sérologiques et un diagnostic parasito-
logique comportant la mise en évidence du parasite dans
le sang, dans divers liquides biologiques ou les tissus par
recherche directe et détection de l’ADN toxoplasmique par
PCR (figure 3) [1, 3, 35].
2.4.1. Examens sérologiques
Ils sont un des éléments du diagnostic. La détection des
anticorps IgG et IgM est effectuée systématiquement. De
nombreuses méthodes, dont les tests immunoenzyma-
tiques, de plus en plus automatisées sont réalisables pour
la détection des anticorps IgG et IgM. Elles détectent des
anticorps dirigés contre des antigènes de membrane du
parasite notamment la protéine P 30 et contre des anti-
gènes solubles cytoplasmiques. L’immunité vis-à-vis de
la toxoplasmose doit être connue pour le donneur et le
receveur pour connaître les sujets à risque de primoin-
fection ou de réactivation. La sérologie apporte peu de
renseignements au cours du suivi, sauf dans le cas de
primoinfection mais avec un retard d’apparition des anti-
corps dû au traitement immunosuppresseur. On observe
la négativation de la sérologie chez une majorité de greffés
de moelle dans l’année suivant la greffe et les perfusions
d’immunoglobulines peuvent entraîner des faux posi-
tifs. On peut également observer chez les transplantés
d’organes une réactivation sérologique ne se compliquant
pas forcément d’une reprise évolutive de la maladie.
2.4.2. Diagnostic de certitude
Il repose sur la mise en évidence directe du toxoplasme
dans les prélèvements, LBA, moelle osseuse, biopsie
cérébrale et par les techniques de biologie moléculaire
PCR dans le LBA, le sang, le LCR, la moelle osseuse, les
biopsies cérébrales [9, 18, 16, 22] (figures 1, 4). Compte
tenu de la gravité et de l’évolutivité de la toxoplasmose
chez ces malades, il est important de pratiquer la réac-
Figure 3 – Diagnostic de la toxoplasmose
au laboratoire de parasitologie.