et direct, même par téléphone est plus productif qu'une
simple lettre. Une étude de l’activité d’un cabinet de
médecine de famille pendant 6 mois a montré que la
transmission de l’information après consultation spé-
cialisée ne se faisait de façon adéquate que dans 62%
des cas, avec une différence significative si le spécia-
liste exerçait en secteur public (59%) ou en secteur
libéral (78%) [5]. Le consultant doit comprendre qu’il
est directement responsable vis-à-vis du référent de la
bonne transmission de ses conclusions [5, 14, 16].
8) Le compte-rendu doit obéir à des règles précises
pour une efficacité optimale de la consultation. Il doit
être bref et facile à lire, débuter par le motif de consul-
tation, orienté sur ce motif et aller à l’essentiel. Si les
points clés sont noyés dans un excès de détails, l’im-
pact de la consultation s’en trouvera diminué [7]. De
nombreux auteurs ont étudié les facteurs de complian-
ce et d’efficacité de la consultation médicale spéciali-
sée et un consensus se dégage clairement sur les fac-
teurs prédictifs d’une meilleure adhésion vis-à-vis des
recommandations du consultant : les recommandations
sont significativement plus suivies si elles sont peu
nombreuses, inférieures ou égales à 5 [20, 26], jugées
cruciales pour la prise en charge du patient, plutôt que
simplement suggérées [10, 26], d’ordre thérapeutique
plutôt que diagnostique [10, 20, 26]. Les recommanda-
tions thérapeutiques sont plus suivies lorsqu’elles sont
détaillées, avec le nom précis des drogues, leurs poso-
logies, la durée du traitement, les modalités de sur-
veillance, d’arrêt du traitement, les possibilités de
changement, les effets indésirables et leurs traitements
[8]. Dans ses recommandations, le consultant se doit
d’anticiper les problèmes évolutifs, les notifier au réfé-
rent et l’informer brièvement des options thérapeu-
tiques possibles en cas de besoin [7].
9) L’établissement d’une bonne relation avec le méde-
cin référent est indispensable à l’efficacité du proces-
sus de consultation. La transmission des recommanda-
tions du spécialiste au médecin référent dans une
atmosphère positive de respect mutuel et sans condes-
cendance a un impact positif prouvé sur l'efficacité de
la consultation [6]. Le consultant doit connaître les
limites de son champ d’expertise et éviter l’ingérence
dans les problèmes médicaux ne relevant pas directe-
ment de son expertise particulière. [7, 15, 25]. Il doit
être soucieux de ré-adresser le patient à son médecin
traitant. Cette non-ingérence en dehors de son champs
d’activité est importante pour la coordination des soins
vis-à-vis du patient.
Un désaccord est toujours possible concernant un dia-
gnostic, un traitement, le besoin d'un autre spécialiste.
Le consultant doit faire preuve de diplomatie et de qua-
lités de négociateur, en évitant les critiques ouvertes
devant le patient, vis à vis des propositions du méde-
cins traitant [3, 4].
Les 2 praticiens se doivent d’être complémentaires
dans leurs actions vis-à-vis de leur patient commun et
sont tous les 2 responsables de la bonne continuité des
soins [6, 25]. Des recommandations de prise en char-
ge et de suivi sont maintenant diffusées par de nom-
breuses sociétés savantes, notamment en urologie, pour
informer les médecins traitants sur les situations ou il
est préférable de recourir à un avis spécialisé. Ce pro-
cessus ne peut être qu'encouragé pour améliorer la
prise charge des patients et répondre le mieux possible
aux besoins de santé de la société.
La consultation peut être une forme intéressante de for-
mation médicale continue pour le référent à condition
que cette formation se fasse avec tact et courtoisie, sans
mettre en infériorité le référent vis-à-vis de son patient.
En pratique il semble possible de communiquer discrè-
tement au référent une à deux références sur le problè-
me posé, si possible issues de revues auxquelles le
médecin traitant n’a habituellement pas accès [7, 15].
Tous ces items concernant la relation urologue consul-
tant et médecins référents ne sont pas directement
observables. Cependant, elles sont apparues à l'en-
semble des participants à notre étude qu'elles étaient
cruciales pour que le processus de consultation répon-
de aux standards de pratique de la profession médicale.
Ce travail représente la première étude qualitative sur
les compétences de consultants en urologie jamais
publiée et ses limites sont bien établies. Il est toujours
possible d'argumenter sur le caractère exhaustif et spé-
cifique à la consultation de la liste d'items d'habiletés
cliniques et techniques individualisés lors des petits
groupes. De plus, cette liste de compétences ne reflète
que les opinions et les pratiques d'un seul centre. De ce
fait ce modèle manque de validation externe et ne peut
pas être généralisé. Néanmoins nos résultats méritent
considération. Cette étude a prouvé la faisabilité et l'uti-
lité des "groupes ciblés" pour identifier des objectifs
d'apprentissage et d'enseignement appliqués à l'urolo-
gie. Plusieurs éléments semblent en assurer la fiabilité.
Tous les internes participants ont reconnu leur besoin
d'enseignement spécifique de ce domaine de la pratique
urologique. Les urologues et les médecins référents par-
ticipants sont représentatifs des différentes aires de pra-
tiques médicales concernées par la consultation en uro-
logie et ont été questionnés de façon indépendante.
Il est clair qu’au cours de leur formation les internes en
urologie doivent acquérir de nouvelles aires de compé-
tences spécifiques à la consultation. Notre étude amène
à s'interroger sur les moyens d'enseignement et d'éva-
luation des habiletés et connaissances requises pour un
bon consultant en urologie. Sur le plan pratique, l'éta-
blissement de ce modèle de compétences a entraîné un
changement significatif dans les stratégies de forma-
tion et d'évaluation formative des internes au sein de
notre établissement : Une consultation pour les
5
L. Sibert et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 1-7