NOTE D’INTENTION
par Aline Reviriaud
UN CABARET METAPHYSIQUE
Yaacobi et Leidental est une pièce écrite en 1972 agitant des figures
de quarante ans face à la vie qui passe, devant vivre et
survivre, cherchant un sens à cette course des nécessités.
Amour, mariage… tenter de saisir tous les « parfums »
de la vie. Pièce écrite tel un cabaret, ponctuée de chan-
sons, ses séquences se succèdent à un rythme soutenu,
et les trois personnages jouent la pièce les uns pour les autres.
L’écriture saute. De l’introspection adressée à la monstration d’un
jeu qui joue pour tous, qui provoque les jubilations de l’acteur.
En dessous de l’histoire qui se raconte, l’acteur peut faire l’acteur,
jouer le rôle de l’humain jouant les rôles de l’espèce humaine, condi-
tionnés par les exigences sociétales. On assiste à des rebonds,
la parole est tantôt celle de la figure, tantôt celle du dramaturge qui
questionne sa propre figure, celle de l’acteur qui agit et celle de
l’humain se laissant agir par un constat sur soi, un retournement
narratif et intérieur. Le cabaret comme un saut du langage et
des postures. Choisir de faire ouvrage de cette pièce avec trois
jeunes interprètes est un acte en soi qui conditionne la drama-
turgie. Nous chercherons le signe, les entrées dans la jubilation,
et tenterons d’enquêter sur cette pièce avant de la rendre vraisem-
blable. Nous ne jouons pas les personnages mais la pièce.
Je cite avec joie une phrase de Christian Rizzo qui s’entretient avec
Marie-Thérèse Champesme ( Quelque chose suit son cours...)
« Je demande toujours aux danseurs d’enquêter sur ce qu’ils font. Ce que je montre, ce
sont des gens au travail. Ils doivent à la fois accomplir un travail et en même temps
enquêter constamment sur ce travail, se poser des questions sur la personne qui est
en face d’eux, être dans une activité cérébrale et considérer que ça fait partie de la
chorégraphie. »
Cette écriture sera donc témoin de la rencontre aujourd’hui d’inter-
prètes formés, engagés, éclatants de désir, d’envie de plateau
et de la langue de Hanokh Levin, qui résonne encore étrangement
aujourd’hui. On y entend les illusions du capitalisme, la capitalisa-
tion de la personne au profit d’un modèle d’existence unique. Nous
cherchons aussi à questionner l’idée de « cabaret ». Les chan-
sons seront travaillées par un compositeur de musique
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