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CONSEIL DES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES
LES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES SUR LES ENTREPRISES
DU SECTEUR FINANCIER
RAPPORT PARTICULIER N°1
REGIME ET RENDEMENT DES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES
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SEBASTIEN BAKHOUCHE
Administrateur des services de l’Assemblée nationale
CEDRIC GARCIN
Inspecteur des finances
PIERRE HAUSSWALT
Inspecteur des finances
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Juillet 2012
(Ce rapport a été établi sous la seule responsabilité de ses auteurs.
Il n’engage pas le Conseil des prélèvements obligatoires).
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1. LE SECTEUR FINANCIER A CONTRIBUE A HAUTEUR DE 11 % A L’ENSEMBLE DES
PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES PAYES PAR LES ENTREPRISES EN 2010 .......................... 8
1.1. Les banques acquittent 60% des prélèvements payés par le secteur financier en 2010 ........... 8
1.2. Les cotisations sociales à la charge de l’employeur représentent la plus grosse part des
prélèvements acquittés par le secteur financier en 2010 ................................................................................. 9
1.3. Des obstacles méthodologiques rendent impossible la construction d’un taux
d’imposition effectif global du secteur financier .................................................................................................. 9
2. DEPUIS 1999, LES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES ACQUITTES PAR LE SECTEUR
FINANCIER CROISSENT A UN RYTHME NETTEMENT INFERIEUR A CELUI DE
L’ACTIVITE ET DES BENEFICES DU SECTEUR ................................................................................. 9
3. COMPARAISON AVEC LE SECTEUR FINANCIER BRITANNIQUE ............................................. 14
4. LA CONTRIBUTION DES PRINCIPALES IMPOSITIONS DANS LES RECETTES
FISCALES TOTALES ............................................................................................................................... 17
4.1. La part de l’IS acquittée par le secteur financier s’est réduite après 2008, notamment du
fait des banques 17
4.2. Les rémanences de TVA représentent près de 9 Md€ en 2010 et sont principalement
supportées par le secteur bancaire ......................................................................................................................... 20
4.3. Le secteur financier contribue pour près d’un quart à la taxe sur les salaires ............................ 22
4.4. Les entreprises du secteur financier ont acquitté en 2011 près de 9 % des taxes
foncières . 24
4.5. Les entreprises du secteur financier ont acquitté 8,6 % de la contribution économique
territoriale en 2010 ........................................................................................................................................................ 24
4.5.1. Analyse quantitative ............................................................................................................................ 24
4.5.2. Impact quantitatif de la réforme de la taxe professionnelle sur le secteur
financier ..................................................................................................................................................... 25
4.6. Le secteur financier a acquitté 6,2 % de l’ensemble des cotisations sociales patronales
versées par les entreprises en 2011 ....................................................................................................................... 27
4.7. La TSCA et ses contributions additionnelles constituent des prélèvements d’un montant
de près de 10 Md€ en 2010 ........................................................................................................................................ 31
4.8. Les impôts spécifiques au secteur financier créés depuis 2008 ........................................................ 32
5. IMPOSITION DES SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION ..................................................... 35
5.1. La valeur ajoutée .................................................................................................................................................... 35
5.1.1. Le droit communautaire prévoit une exonération de principe des activités de
services financiers ................................................................................................................................. 35
5.1.2. La faculté ouverte par le droit français d’opter pour la taxation d’un certain
nombre de services bancaires et financiers est peu utilisée .............................................. 37
5.1.3. L’exonération de TVA pour le secteur financier conduit les sociétés de ce
secteur à subir comptablement une partie de la charge fiscale ...................................... 40
5.1.4. Les arguments en faveur de l’exonération des services financiers diffèrent
selon que la TVA fait l’objet d’une approche économique, juridico-fiscale ou
par la valeur ajoutée ........................................................................................................................... 43
3
5.1.5. L’application de la TVA au secteur financier pourrait être réalisée en
étendant et adaptant le dispositif déjà en vigueur pour le reste de l’économie,
ou en développant des méthodes de calcul innovantes ....................................................... 46
5.1.6. Les réformes proposées par la proposition de directive modifiant la directive
TVA ne font pas consensus ................................................................................................................ 49
5.1.7. Le régime de cotisation à la valeur ajoutée des entreprises du secteur
financier a conduit le législateur à définir la valeur ajoutée de ces entreprises ..... 51
5.1.8. L’imposition des bénéfices ................................................................................................................. 56
5.1.9. Les banques et les assurances sont soumises au régime de droit commun de
l’impôt sur les sociétés dont l’application est conditionnée par les
particularités comptables de ces deux catégories d’entreprises ..................................... 57
5.1.10. Si les sociétés de gestion de portefeuille ne dérogent pas au régime de droit
commun de l’impôt sur les sociétés, les véhicules d’investissement sont soumis
au principe de transparence fiscale .............................................................................................. 60
5.2. Les régimes d’imposition, notamment à l’IS, des organismes mutualistes et institutions
de prévoyance se sont fortement rapprochés du droit commun ................................................................ 61
6. L’IMPOSITION DE LA MASSE SALARIALE ...................................................................................... 67
6.1. Créée en 1948 comme un versement forfaitaire acquitté par toutes les entreprises, la
taxe sur les salaires n’est plus aujourd’hui payée que par les employeurs exonérés de TVA
ou dont moins de 90 % de leur chiffre d’affaires est soumis à la TVA ...................................................... 69
6.1.1. Créée en 1948, la taxe sur les salaires a été partiellement supprimée en 1968
lors de la généralisation de la taxe sur la valeur ajoutée ................................................... 69
6.1.2. La taxe sur les salaires est payée par les entreprises qui ne sont pas assujettis
à la taxe sur la valeur ajoutée ou l’ont été sur moins de 90 % de leur chiffre
d’affaires .................................................................................................................................................... 69
6.1.3. Le calcul de la taxe sur les salaires repose sur une assiette alignée sur celle
des cotisations sociales et sur un barème progressif ............................................................ 70
6.1.4. Les banques et les assurances, acquittent 24 % des recettes totales de taxe sur
les salaires ................................................................................................................................................ 72
6.2. Une taxe exceptionnelle sur les bonus versés en 2009 a été mise en place dans le
contexte de la réponse apportée à la crise financière internationale ....................................................... 73
6.2.1. La taxe exceptionnelle sur les bonus s’applique aux établissements de crédit et
aux entreprises d’investissement en raison du soutien financier que l’Etat leur
a apporté durant la crise financière ............................................................................................. 74
6.2.2. La taxe était assise sur les bonus versés aux salariés du secteur financier ainsi
qu’aux professionnels de marché sous le contrôle desquels opèrent ces
salariés ....................................................................................................................................................... 74
6.2.3. Le rendement de cette taxe, dont le produit a été affecté à l’établissement
public de financement des PME OSEO, a finalement été inférieur de 60 M€ par
rapport aux prévisions ........................................................................................................................ 75
7. LES IMPOSITIONS ASSISES SUR LES MASSES BILANCIELLES ................................................. 77
7.1. Les contributions du secteur bancaire au profit de l’autorité de contrôle prudentiel et
de l’autorité des marchés financiers ont été instituées dans une logique de redevance .................. 77
7.1.1. La contribution du secteur bancaire au profit de l’ACP est la première
imposition assise sur les exigences de fonds propres requises par la
réglementation prudentielle ............................................................................................................ 78
7.1.2. La contribution du secteur bancaire au profit de l’AMF est calquée sur celle
établie au profit de l’ACP ................................................................................................................... 81
4
7.2. La taxe de risque systémique est la principale imposition propre au secteur bancaire
instaurée à la suite de la crise financière de 2008 ............................................................................................ 84
7.2.1. La taxe a pour objet de mettre le secteur à contribution et de renforcer l’effet
incitatif de la réglementation prudentielle ............................................................................... 84
7.2.2. Le régime de la taxe est défini de manière à permettre une réduction du
risque systémique .................................................................................................................................. 85
7.2.3. Le rendement de la taxe semble trop limité pour assurer le financement d’une
intervention visant à faire face à une crise systémique ...................................................... 90
7.2.4. La taxe bancaire française se distingue de celles mises en place en Allemagne
et au Royaume-Uni ............................................................................................................................... 91
7.3. La taxation exceptionnelle de la réserve de capitalisation des assurances est une
mesure ponctuelle de rendement ............................................................................................................................ 93
7.3.1. La taxe a pour objet de mettre spécifiquement à contribution le secteur des
assurances dans le contexte de redressement des comptes publics ............................... 93
7.3.2. Le régime de la taxe a pour objet de mettre à contribution le seul secteur des
assurances ................................................................................................................................................ 94
7.4. Les ressources de la garantie des dépôts sont calculées en fonction de postes du bilan
des entreprises concernées ........................................................................................................................................ 98
8. FISCALITE INDIRECTE ....................................................................................................................... 100
8.1. La taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) est une imposition spécifique
au secteur des assurances ......................................................................................................................................... 100
8.1.1. La TSCA s’applique en principe à toutes les conventions d’assurance dès lors
que le risque est situé en France ................................................................................................. 100
8.1.2. Au-delà du principe d’universalité de la TSCA, il apparaît que le droit
applicable en la matière réserve d’importants aménagements tant en matière
d’assiette que de taux ....................................................................................................................... 101
8.1.3. La diversité des taux applicables en matière de TSCA ne répond pas à une
logique liant taux et nature du risque assuré ....................................................................... 101
8.1.4. Les contrats d’assurance maladie se distinguent par un alourdissement
progressif de la fiscalité qui leur est applicable du fait de l’alignement
progressif du régime des mutuelles et institutions de prévoyance sur le régime
commun .................................................................................................................................................. 103
8.1.5. La TSCA s’accompagne d’une série de contributions additionnelles qui
réduisent la lisibilité de la fiscalité pesant sur les assurances ...................................... 104
8.1.6. Les contrats d’assurance-vie sont exonérés de TSCA mais taxés comme des
produits d’épargne ............................................................................................................................ 107
8.2. La taxation des transactions financières, récemment introduite en France, n’est pas une
exception en Europe, et reste d’ambition relativement modeste au vu des risques de
délocalisation de l’assiette ........................................................................................................................................ 107
8.2.1. La taxe sur les transactions financières française intervient dans un contexte
communautaire encore incertain ............................................................................................... 107
8.2.2. Le régime précédent en France : une taxe non appliquée ............................................... 108
8.2.3. La nouvelle taxe sur les transactions financières adoptée en France consiste,
pour l’essentiel, en une taxe sur les acquisitions d’actions françaises, que
celles-ci soient acquises en France ou à l’étranger. ............................................................ 109
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SYNTHESE
Le présent rapport particulier a pour objet de réaliser une analyse quantitative des
prélèvements obligatoires acquittés par les entreprises du secteur financier et de présenter
les régimes fiscaux et les impositions qui leur sont spécifiques.
L’analyse quantitative des prélèvements supportés par les entreprises du secteur financier
est proposée pour une année donnée (l’année 2010) et sur la période allant de 1999 à 2010
(jusqu’à 2011 pour les cotisations sociales à la charge de l’employeur).
En 2010, les prélèvements obligatoires acquittés par le secteur financier
représentaient de l’ordre de 11% du montant total des prélèvements supportés par les
entreprises savoir sociétés non financières et secteur financier réunis). Les cotisations
sociales à la charge de l’employeur constituent, avec une part de 37% dans le total des
prélèvements sur le secteur, le principal d’entre eux. Au sein du secteur financier, les
institutions financières, c’est-à-dire principalement les banques, constituent les premiers
contributeurs, avec une part de 62% du total versé par le secteur. Enfin, les prélèvements
obligatoires acquittés par les entreprises du secteur financier représentent 47% de leur
valeur ajoutée.
Il importe de remarquer qu’il est impossible de calculer un taux effectif d’imposition du sec-
teur en raison d’un obstacle comptable. La comptabilité nationale exclut du calcul de la valeur
ajoutée et du solde des revenus primaires les plus- ou moins-values réalisées par les banques
sur leurs actifs financiers (qui relèvent d’un compte de patrimoine). En conséquence, il est
apparu impossible aux rapporteurs de calculer de manière rigoureuse le dénominateur du
taux effectif d’imposition.
Entre 1999 et 2010, l’analyse quantitative montre que la croissance annuelle moyenne
des prélèvements obligatoires acquittés par le secteur financier se situe à un niveau
substantiellement inférieur à celle de sa production, de sa valeur ajoutée et, surtout,
du solde de ses revenus primaires (notion proche de celle de bénéfice avant impôt). Une
telle évolution semble imputable à la croissance relativement faible des impôts sur la produc-
tion (principalement TP/CET), des rémanences de TVA et, surtout, des impôts sur les pro-
duits (principalement IS) dont la part dans le solde des revenus primaires diminue de plus de
dix points entre 1999 et 2010.
Il semble néanmoins que le secteur financier n’ait pas été le seul à connaître une évolution de
cette nature et que les sociétés financières aient également bénéficié d’une diminution de la
part des prélèvements obligatoires dans leur production et leur valeur ajoutée.
La présentation des régimes fiscaux applicables aux entreprises du secteur financier est
réalisée selon une typologie distinguant les prélèvements assis sur les soldes intermédiaires
de gestion, sur la masse salariale et sur les masses bilancielles ainsi que la fiscalité indirecte.
Elle a vocation à recenser l’ensemble des impositions spécifiques au secteur et des régimes
fiscaux s’appliquant dans des conditions dérogatoires au droit commun.
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