La croix de
Jésus-Christ
Invitation
à méditer
durant le temps pascal
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« Le Christ est la vérité
mise en croix. »
Julien Green
« Désormais aucun
pécheur ne peut
dire : ‹ Je suis tombé
si bas que Dieu ne
peut pas me ramener
à Lui › ; aucun
souffrant ne peut
dire qu’il n’a pas un
Dieu proche ; aucun
désespéré ne peut
plus désespérer ;
aucun mourant ne
peut plus se croire
seul. »
Vincent Chartier
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ne peinture de l’artiste bri-
ne peinture de l’artiste bri-
tannique Holman Hunt
(détail ci-contre) montre l’inté-
rieur d’un atelier de charpentier
ses deux bras au-dessus de sa tête.
La lumière du soleil couchant
projette une ombre en forme
de croix sur le mur se trouve
un râtelier qui ressemble à
la barre horizontale du gibet.
Les outils qui y sont accrochés
évoquent le marteau et les clous
fatidiques de la crucifi xion.
Rappelez-vous. Sentant l’ombre
de la croix s’approcher, Jésus s’est
écrié : « Mon âme est troublée.
Et que dirais-je ?... Père, sauve-
moi de cette heure ?... Mais c’est
pour cela que je suis venu jus-
qu’à cette heure... » (Jn 12:27)
La croix est le centre absolu
de l’Evangile. Lorsque l’apô-
tre Paul se rend à Corinthe, il
déclare : « Je n’ai pas jugé bon
de savoir autre chose parmi vous,
sinon Jésus-Christ, et Jésus-
Christ crucifi é » (1 Co 2:2). Il
est donc compréhensible que la
croix soit devenue le symbole de
la foi chrétienne.
Pourtant elle demeure une
énigme pour le monde qui ne
peut comprendre sa signifi ca-
tion sans l’aide du Saint-Esprit.
Toujours aux Corinthiens, Paul
écrit : « Les Juifs demandent des
miracles et les Grecs cherchent
la sagesse : nous, nous prêchons
Christ crucifi é, scandale pour
les Juifs et folie pour les païens,
mais pour ceux qui sont appe-
lés, tant Juifs que Grecs, Christ,
puissance de Dieu et sagesse de
Dieu. » (1 Co 1:22-24)
Depuis le premier siècle, la croix
est quelque chose qui offense les
Juifs, car un Messie crucifi é est
un scandale. Pour les païens, c’est
une folie : pourquoi une mort
si atroce est-elle nécessaire ?
Pourquoi un
homme si bon
doit-il mourir
si Dieu contrôle
toutes choses ?
La croix est une
énigme pour
l’esprit naturel
de l’homme.
Gandhi, fon-
dateur de l’Inde
moderne, est
attiré par le
christianisme lorsqu’il est en
Afrique du Sud. En tant que
jeune avocat, il écrit en 1894 :
« Je pouvais accepter Jésus en
tant que martyr, comme une
personnifi cation du sacrifi ce,
mais non pas comme l’homme
le plus parfait qui soit né. Sa
mort sur la croix a été un grand
exemple pour le monde, mais
qu’elle puisse renfermer une
quelconque vertu mystérieuse
ou miraculeuse, cela mon cœur
ne pouvait l’accepter. »
Pourtant, si la croix demeure une
folie pour les incroyants, elle est
la puissance de Dieu pour ceux
qui croient. Il est très diffi cile d’en
parler en quelques lignes, car c’est
un sujet si riche et si vaste ; mais
essayons de résumer l’essentiel.
La croix montre
la gravité du péché
Cette gravité n’est nulle part
que par la crucifi xion. Qu’il
ait fallu la mort du Fils bien-
péché révèle combien celui-ci est
horrible et répugnant aux yeux
du Seigneur.
Nous lisons parfois certains
grands passages de l’Ecriture de
manière superfi cielle. La prière
de Christ à Gethsémané est un
bon exemple : « Père, si tu le
veux, éloigne de moi cette coupe.
Toutefois que ce ne soit pas ma
volonté, mais la tienne, qui soit
faite. [...] En proie à l’angoisse,
il priait plus instamment, et sa
sueur devint comme des gru-
meaux de sang, qui tombaient à
terre. » (Lc 22:42-44)
La croix confi rme tout ce que la
Bible déclare au sujet de la colère
divine, contre le mal et l’iniquité.
Elle exprime l’horreur extrême
de l’enfer. La notion la plus
claire que nous pouvons avoir
de cet endroit se trouve dans les
ténèbres de la crucifi xion. De la
sixième à la neuvième heure, elles
ont recouvert l’ensemble du pays.
Jésus s’est alors écrié : « Mon
Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-
tu abandonné ? » (Mt 27:46)
La mort de Christ exprime ainsi
l’aspect épouvantable d’être
séparé de Dieu. Sur le bois, Jésus
seulement qu’Il s’est senti
Le cœur de sa souffrance n’a
pas été d’abord physique, mais
mental et spirituel. Ce qui a
été comprimé dans trois heures
de ténèbres a été une éternité de
souffrance, une angoisse telle
que chaque minute a été une
éternité en elle-même.
La croix montre que le bien
et le mal, que la lumière et les
ténèbres ne peuvent cohabiter.
Et elle révèle aussi cette vérité
glorieuse que le péché n’est pas
un obstacle insurmontable au
salut.
La croix montre l’amour
et la justice de Dieu
La vérité au sujet de Dieu n’est
nulle part ailleurs aussi net-
tement révélée qu’à la croix.
Si la création fait ressortir
la perfection de ses attributs, la
croix montre les sentiments pro-
fonds de son cœur. Elle est une
affi rmation parfaite de sa sainte
colère contre le péché d’une part,
et de la profondeur de son amour
pour le pécheur d’autre part.
L’Evangile répond à une question
très importante : « Comment
un Dieu saint peut-Il accorder
son pardon à des pécheurs sans
compromettre sa justice ? »
Cette question, qui a tourmenté
bien des hommes, dont le grand
réformateur allemand Martin
Luther, trouve sa réponse dans la
crucifi xion de Christ qui a subi
le châtiment que nous méritions.
Ce si grand salut est offert à tous
les hommes, mais seuls ceux qui
se tournent vers Dieu dans la
repentance et la foi le reçoivent.
Nombreux et beaux sont les
versets qui témoignent de cette
lumineuse vérité. Le plus célèbre
d’entre eux est Jean 3:16 : « Car
Dieu a tant aimé le monde qu’il
quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la vie éter-
nelle. »
Par la croix, nous voyons ainsi
comment Dieu peut pardonner
péché ; comment Il peut être à
la fois juste et miséricordieux. Il
montre la justice dans la punition
et la miséricorde dans le pardon.
La croix montre comment Dieu
peut recevoir les hommes au ciel
sans compromettre sa sainteté,
comment Il peut transformer
ses ennemis en amis et les lier
à sa personne dans une félicité
éternelle.
La croix stimule
la sanctifi cation
La croix engendre la sainteté,
car elle tue notre fi erté naturelle.
Charles Spurgeon, grand prédi-
cateur anglais du XIX
e
cateur anglais du XIXe
cateur anglais du XIX
siècle, a
écrit : « Mon maître est le seul qui
puisse m’humilier. Mon orgueil
est tellement infernal que toutes
tentatives humaines ne peuvent
le dompter. Mais mon maître est
capable de le faire et il le fera. »
C’est par la croix que Dieu nous
libère de notre suffi sance ; elle
nous rappelle constamment que
l’assurance de notre salut ne
repose pas sur nos mérites person-
nels, mais seulement sur l’œuvre
accomplie par Christ.
La croix infl uence toute notre
vie avec ses diffi cultés. En vivant
dans sa lumière, nous savons
que nous pouvons aimer nos
adversaires en imitant Celui qui
est mort pour nous alors que nous
étions ses ennemis ; nous savons
que nous pouvons accepter la
douleur et la souffrance en
reconnaissant que Dieu peut
en faire ressortir du bien.
La croix nous empêche de nous
apitoyer sur notre sort et nous
permet de voir nos épreuves sous
une perspective nouvelle, comme
le dit l’apôtre Pierre : « Mais si,
tout en faisant le bien, vous sup-
portez la souffrance, c’est une
grâce devant Dieu. C’est à cela,
en effet, que vous avez été appe-
lés, parce que Christ lui aussi a
souffert pour vous et vous a laissé
un exemple. » (1 P 2:20-21)
La croix nous rappelle également
la vertu de l’endurance face à
l’inévitable opprobre. Ecoutez
l’auteur de l’épître aux
Hébreux : « Considérez, en ef-
fet, celui qui a supporté contre
sa personne une telle opposition
de la part des pécheurs, afi n que
vous ne vous lassiez point, l’âme
découragée. » (Hé 12:3)
L’apôtre Paul faisait de la
croix une dynamique pour
son service et son combat de la
foi. Aux Corinthiens, il écrit :
« Car l’amour de Christ nous
étreint, nous qui avons discer-
ceci : un seul est mort pour
tous, donc tous sont morts ; il
est mort pour tous, afi n que les
vivants ne vivent plus pour eux-
mêmes, mais pour celui qui est
mort et ressuscité pour eux. »
(2 Co 5:14-15)
Les Moraves sont connus pour
leur zèle dans l’évangélisa-
tion. Leur fondateur, le comte
Nikolaus von Zinzendorf, avait
été envoyé à l’âge de dix-neuf
ans à Düsseldorf pour y ter-
miner ses études. Lors d’une
visite au musée d’art de cette
ville, il vit un tableau du peintre
Domenico Feti représentant
Christ portant une couronne
d’épines. Au-dessous, il y avait
une inscription : « Voilà ce
que j’ai fait pour toi ; qu’as-tu
fais pour moi ? » Zinzendorf
fut profondément bouleversé
et repris dans sa conscience. Il
écrivit : « Le sang me monta au
visage, parce que je n’avais pas
trouvé grand-chose à répondre,
et je priai mon Sauveur de m’at-
tirer de force dans la commu-
nion de ses souffrances, même si
mon esprit s’y refusait. » Ce fut
le début d’un engagement total.
La croix est suffi sante pour
tous nos besoins comme l’a si
bien exprimé un prédicateur du
passé :
« La croix est une image de
violence, pourtant elle est la clé
de la paix ; elle est une image
de souffrance, pourtant elle est
la clé de la guérison ; elle est
une image de mort, pourtant
elle est la clé de la vie ; elle est
une image de faiblesse, pourtant
elle est la clé de la puissance; elle
est une image de peine capitale,
pourtant elle est la clé de la grâce
et du pardon ; elle est une image
de haine, pourtant elle est la
clé de l’amour ; elle est une image
de honte suprême, pourtant elle
est la gloire du chrétien. »
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Alors que l’Evangile est souvent bafoué,
alors que la confusion s’étend un peu partout,
alors que la mondanité envahit la chrétienté,
alors que des cultes se transforment en show,
alors que l’apostasie s’installe rapidement,
il est important d’oser rappeler l’essentiel...
« Chacun de nous vaut
le sang de Dieu. »
Georges Bernanos
« Là où se tient la
croix, la résurrection
est proche. »
Dietrich Bonhoeffer
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