médecin généraliste qui disposera ainsi de plus de temps pour renouer le dialogue durant ses
consultations.1 « On a beau tout avoir sur Internet et prétendre tout comprendre. Mais nous aurons
toujours besoin d’un professionnel qui remette en perspective ce qui arrive. C’est ça, le rôle
fondamental du médecin, un rôle qui est en train d’être perdu, sous la pression de la technologie et
de la vitesse de consultation. Il faut de la médecine lente », rappelle le professeur Guy Valencien.
Le médecin, tout particulièrement le généraliste, redeviendra le conseiller et référent qu’il doit être.
« La chaîne de soins sera bouleversée : elle sera plus longue, plus efficace et plus valorisante
pour chacun des acteurs dont la tâche correspondra réellement à ses compétences. » (Éric
Sebban)
UNE PRATIQUE PLUS ORIENTÉE VERS LE PATIENT
Le rôle du patient sera également plus déterminant. L’ergonomie et la prise en compte des usages,
des habitudes et, au-delà, des souhaits des utilisateurs sont essentielles pour innover et imaginer des
objets utiles et efficaces. Le patient qui deviendra ainsi une sorte de « patient expert » sera intégré
beaucoup plus en amont dans les processus de recherche et de développement des applications, des
objets ou des services de santé connectée. L’observation des usages personnels, la reconnaissance
des parcours et l’écoute permettront de proposer des objets et des services plus efficients,
notamment au plan médical.
« Le patient expert sera de plus en plus intégré, en amont, dans la conception des objets et
des services de santé, tout comme cela commence déjà à être le cas dans l’industrie du
médicament. » (Éric Sebban)
UNE MÉDECINE RÉSOLUMENT PLUS PRÉDICTIVE
Cela grâce notamment à l’apport de la génomique
Le potentiel des objets et des services de santé connectés est absolument extraordinaire, en tout
premier lieu pour détecter l’apparition de facteurs prédictifs précoces notamment dans les
pathologies chroniques. Tout l’enjeu de la médecine est d’être un jour capable de détecter les
pathologies en amont, bien avant la manifestation de leurs premiers symptômes. Cet extraordinaire
potentiel doit être conjugué aux progrès actuels de la génomique et du séquençage génétique pour
donner une idée de ce que sera la médecine de demain. Il a fallu treize ans, de 1990 à 2003, et trois
milliards de dollars pour décrypter les trois millions de paires de nucléotides, les « lettres » qui
composent l'ADN humain. Aujourd'hui, les machines les plus performantes permettent de réaliser la
même opération en quelques heures pour moins de 1 000 dollars, et certains laboratoires annoncent
pour bientôt un prix de 200 ou 300 dollars…
« Il sera bientôt possible de visualiser les risques pesant à dix, vingt ou trente ans sur chacun
des individus en fonction de leurs prédispositions (recueillies par le séquençage) et de leurs
habitudes de vie (alimentation, consommations d’alcool, de tabac, etc.), précisément
mesurées grâce aux objets connectés. » (Éric Sebban)
1 La durée moyenne d’une consultation est d’une quinzaine de minutes, dont la moitié environ est allouée aux
prises de constantes.