i-introduction

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AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
FACULTÉ DE MÉDECINE DE MARSEILLE
ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA SANTÉ
T H È S E
Présentée et publiquement soutenue devant
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE MARSEILLE
Le 20 novembre 2013
Par
Monsieur Christophe CORDIER
Né le 7 février 1978
INSERTION PROFESSIONNELLE ET INTÉGRATION DES CONSEILLERS EN
GÉNÉTIQUE : UNE NOUVELLE COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE LA
SANTÉ
Pour obtenir le grade de DOCTORAT d’AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
SPÉCIALITÉ : CONSEIL EN GÉNÉTIQUE ET MÉDECINE PRÉDICTIVE
École Doctorale des Sciences de la Vie et de la Santé
Unité de Recherche : Oncologie Génétique EPI 9939 – IPC - MARSEILLE
Membres du Jury de la Thèse :
M.
MANDEL JL.
Professeur – Laboratoire de génétique humaine
IGBMC – Strasbourg (Président et Codirecteur de Thèse)
M.
SOBOL H.
Professeur – Laboratoire d’oncogénétique
Institut Paoli Calmette – Marseille (Directeur de Thèse)
Mme.
VOELCKEL MA.
Docteur – Département de génétique médicale
Hôpital de la Timone - Marseille (Membre du jury)
Mme.
FAIVRE L.
Professeur – Service de génétique clinique
Centre hospitalier de Dijon - Dijon (Rapporteur)
M.
JEANDIDIER E.
Docteur – Pôle de génétique et d’anatomopathologie
Centre hospitalier de Mulhouse – Mulhouse (Rapporteur)
REMERCIEMENTS
« Tout groupe humain prend sa richesse
dans la communication, l’entre-aide et la solidarité
visant à un but commun : l’épanouissement de chacun
dans le respect des différences » Françoise DOLTO
Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements à Hagay Sobol et Jean-Louis Mandel,
mon directeur et mon co-directeur de thèse, qui furent pour moi des « accompagnateurs »
attentifs et disponibles malgré leurs nombreuses charges de travail. Leurs compétences, leur
savoir, leur rigueur et leur clairvoyance m’ont énormément apporté d’un point de vue
professionnel et humain. Ils sont pour moi des maîtres dans la discipline du savoir-partager. À
vous, un grand merci.
Je remercie une fois de plus Jean-Louis Mandel pour m’avoir incité à prendre cette
voie du conseil en génétique et pour m’avoir guidé dans mes études depuis bientôt 10 ans.
Mes remerciements supplémentaires à Hagay Sobol pour l’enseignement qu’il
prodigue dans le cadre de la formation des conseillers en génétique.
J’exprime tous mes remerciements à l’ensemble du jury qui par sa présence me montre
l’intérêt qu’il porte à mon travail ainsi que la confiance qu’il m’accorde.
Un merci particulier à Éric Jeandidier qui a su me montrer la bonne voie et qui a
toujours cru en moi, et cela dès notre premier entretien.
Un grand merci chaleureux à Laurence Faivre pour son encadrement et ses riches
conseils.
Une énorme merci à Marie-Antoinette Voelckel pour son amitié et ses précieux
conseils. Merci d’avoir tant de fois répondu à mes appels téléphoniques et de m’avoir soutenu
dans mes démarches.
Je remercie vivement Christine Maugard, Jean-Marc Limacher, Jean-Pierre Fricker et
Hélène Nehme-Schuster, les médecins avec lesquels je travaille au quotidien. Merci pour
votre confiance. Merci de faire de moi un conseiller en génétique méritant de ce titre. Merci
de me donner tant de responsabilités. Merci de votre amitié.
Un énorme merci pour leurs supports, leurs encouragements, et l’amitié qui s’est
instaurée naturellement entre nous trois : Françoise et Mélanie. Merci pour les pauses café et
« bonbons ». Merci d’écouter les pleurs, les joies et les silences. Je voudrais également
remercier Nicolas pour ses conseils, sa disponibilité et sa relecture.
Un merci amical à Anne-Laure, Luc, Philippe, Sophie, Nathalie, Claudia, Noëlle,
Virginie, et Maïlys qui me permettent de travailler dans une ambiance chaleureuse. Et merci
« Geneu » pour l’attention que tu portes au confort de chacun.
Je remercie toutes les personnes, membres de l’Association Française des Conseillers
en Génétique, qui ont répondu à tant de courriels. Merci pour votre soutien.
J’adresse toute ma gratitude à tous mes ami(e)s et à toutes les personnes qui m’ont
aidé dans la réalisation de ce travail et plus particulièrement à Krystelle, Mireille, Natacha et
Donia.
Je remercie aussi toutes les personnes formidables que j’ai rencontrées en début de
thèse, notamment, Myriam, Dominique, Martine et Pascale du service de cytogénétique de
l’hôpital de Mulhouse.
Je tiens aussi à remercier mes parents et mon frère, mais un simple merci ne saurait
suffire pour exprimer les sentiments que je ressens à leur égard. Merci pour tout.
Enfin, les mots les plus simples étant les plus forts, j’adresse toute mon affection à
mon épouse, Anne-Alexandra, qui a su supporter mes absences répétées, mes rentrées tardives
et mes sautes d’humeur. Merci d’avoir toujours cru en moi. Merci de m’avoir laissé mener à
terme ce travail qui me tenait à cœur. Merci des sacrifices que nous avons faits. Merci. « J »
Et je tiens à adresser tout mon amour à mes enfants qui ont dû trop souvent se passer
d’un papa étudiant. À vous je dis : « je vous aime et merci ». Lili-Rose, Siméon et Fidéline.
INSERTION PROFESSIONNELLE ET INTÉGRATION DES CONSEILLERS EN GÉNÉTIQUE:
UNE NOUVELLE COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ.
Introduction: La profession de conseillers en génétique a été créée en Europe dans les années
1980 au Royaume-Uni. En France, elle a débuté en 2005 sous l’égide d’une loi, suite au
rapport Berland sur la situation démographique des métiers de la santé (2002/2004).
Aujourd’hui, et après 7 ans d’existence, 122 diplômés en « conseil génétique et médecine
prédictive » exercent leur activité dans tous les domaines de la génétique.
Problématique: Comment ces nouveaux praticiens, non-médicaux, ont-ils réussi à s’intégrer
dans les équipes pluridisciplinaires de génétique ? Comment sont-ils recrutés et sous quel
statut ? Quelles sont les responsabilités qui leur sont confiées et quelle est leur autonomie
d’exercice ? Comment sont-ils perçus par les médecins généticiens avec lesquels ils
collaborent ? Quelle est leur place au niveau européen ?
Méthodologie: Nous avons premièrement réalisé une étude bibliographique permettant de
retracer l’historique de la création de cette nouvelle profession. Par la suite, afin de répondre
aux questions posées, nous avons réalisé différentes études socio-épidémiologiques. Pour ce
faire, nous avons créé des questionnaires sur leur formation, leur rôle et leur pratique, que
nous avons adressés aussi bien aux conseillers en génétique qu’aux médecins avec lesquels ils
travaillent.
Résultats: Parmi les 122 diplômés du Master Pathologie Humaine « conseil en génétique et
médecine prédictive », 94 d’entre eux sont en poste (77 %) avec un salaire mensuel moyen de
2001,21 €/mois. Ils sont capables de gérer des consultations seuls lorsqu’aucun acte médical
n’est requis. Les responsabilités confiées sont cependant dépendantes de la relation de
confiance instaurée entre le conseiller en génétique et le médecin avec lequel il travaille. Cette
profession s’est très vite installée en France et est dotée d’une législation unique en Europe.
Conclusion: Même si cette nouvelle profession rencontre des inégalités dans l’exercice et une
grande diversité d’un point de vue administratif, il semble évident que ces professionnels sont
bien intégrés dans les services de génétique.
Mots clés : conseillers en génétique, nouvelle profession de santé, éducation
EMPLOYMENT AND PROFESSIONAL INTEGRATION OF GENETIC COUNSELORS : A NEW
COOPERATION IN THE HEALTHCARE SECTOR.
Introduction: The profession of genetic counselors was founded in Europe in the 1980’s in
the United Kingdom. In France, it began in 2005 under the aegis of a law, following the report
on the demographic situation in the Health professions (Berland 2002 /2004). Today, after
seven years, we number 122 graduated genetic counselors that can work in a variety of
settings in multiple specialty areas of human genetics.
Questions: How these new non-medical practitioners are integrated into multidisciplinary
services of genetics? How are they recruited and with which status? What are the
responsibilities entrusted to them? How are they perceived by geneticists working with them?
What is their position at European level?
Methodology: First, we performed a literature survey to trace the history of the creation of
this new profession. To answer the underlined questions, we used socio-epidemiological
studies through the elaboration of surveys regarding the education, the role and practice of
genetic counselor. Studies were addressed to both genetic counselors and geneticists.
Results: Among the 122 graduated genetic counselors," 94 are employed (77%), with an
average monthly salary of 2,001.21 €/month. They are able to manage consultations only
when no medical act is required. However, the responsibilities are dependent on the
relationship established between the genetic counselor and the medical geneticist. Overall,
this profession has quickly settled in France and is the only one having a law at the European
level.
Conclusion: Although this survey emphasizes inequalities in the practice of this new
profession as well as discrepancies regarding the administrative aspects, genetic counselors
are increasingly being integrated into all levels of healthcare service delivery.
Keywords : genetic counselors, new profession of health, education
TABLE DES MATIÈRES
I-Introduction
1
I-1
Le conseil génétique
2
I-2
Et en France ?
3
I-3
Une discipline ou une profession ?
4
II-Recherches préliminaires à l’avancement de cette thèse
7
II-1
Missions et compétences des conseillers en génétique
10
II-2
Démarches ministérielles pour la reconnaissance du métier
13
II-3
Réflexion sur la mise en place d’une formation adaptée
20
II-4
Le programme de formation
22
II-5
Association Française des Conseillers en Génétique
28
II-6
Objectifs
30
III-Démographie du conseiller en génétique en France
III-1
III-2
32
La démographie des étudiants
32
a. Introduction
32
b. Méthodes
33
c. Résultats
33
d. Discussion
37
e. Conclusion
39
La démographie des professionnels
40
a. Introduction
40
b. Méthodes
40
c. Résultats
41
d. Discussion
50
e. Conclusion
52
Article : French professionals in genetic counselor careers
54
IV-La vision du conseiller en génétique sur sa pratique
59
IV-1
Introduction
59
IV-2
Méthodes
59
IV-3
Résultats
60
IV-4
Discussion
72
IV-5
Conclusion
74
IV-6
Perspectives
75
V- La vision des professionnels de la génétique sur la formation et la
profession des conseillers en génétique
81
V-1
Introduction
81
V-2
Méthodes
81
V-3
Résultats
83
V-4
Discussion
94
V-5
Conclusion
95
VI- Implications internationales
97
VI-1
Profil des conseillers en génétique en Europe
97
a. Introduction
97
b. Méthodes
97
c. Résultats
97
d. Discussion
98
e. Conclusion
99
Article : A profile of the genetic counselors and genetic nurses in european
countries
100
VI-2
Étude sur la pratique des conseillers en génétique en Europe
106
a. Introduction
106
b. Méthodes
106
c. Résultats
106
d. Discussion
107
e. Conclusion
107
Article : A study of the practice of individual genetic counselors and genetic
nurses in Europe
109
VII-Discussion générale et Conclusion
116
VIII-Annexes
123
IX-Publications
166
X-Références
169
I-INTRODUCTION
La génétique est reconnue comme spécialité médicale en France depuis 1995 grâce à la loi du
4 février 1995 (loi n° 95-116) qui précise les conditions dans lesquelles les médecins
spécialistes en génétique médicale peuvent exercer leur spécialité (réf.1). Le Diplôme
d’Études Spécialisées en génétique médicale (clinique, chromosomique et moléculaire) est
secondairement instauré par l’arrêté du 9 mai 1995 (Arrêté 1995-05-09 stipulant
l’enseignement et la formation pratique à suivre en vue de l’obtention du diplôme) (réf.2). La
France connaît alors durant l’année 1995 une grande avancée concernant non seulement la
reconnaissance d’une spécialité médicale qu’est la génétique médicale mais aussi sa
formation.
Dans le même temps, le Comité International de Bioéthique (CIB), sous le concours de
l’UNESCO, organise à Paris, en date du 15 décembre 1995, sa réunion portant sur « le conseil
génétique et ses implications bioéthiques ». Cette réunion est considérée comme étant une
suite logique des Rapports de 1994 portant sur le dépistage et les tests génétiques puisqu'elle
concerne l'impact de ces applications scientifiques sur l'individu (né ou à naître) et
quelquefois sur la société (réf.3). Le conseil génétique est alors défini comme étant un
processus de communication incluant un diagnostic, une explication et un choix. Il examine
les objectifs ainsi que la pratique du conseil en génétique de l’époque. Le CIB, conscient des
difficultés pratiques de sa conclusion recommande que
chaque test génétique soit
accompagné d’un conseil génétique. En effet, les participants comprennent vite que les tests
génétiques se multiplieront avec l’identification des gènes et marqueurs génétiques
spécifiques de chaque affection et le développement des nouvelles techniques. Le dépistage
génétique devrait s’étendre nécessitant l’accompagnement en consultations adaptées. Le CIB
propose alors de réaliser une étude sur la pratique du conseil génétique à laquelle 10 pays ont
participé. Cette analyse montre que le conseil génétique n’est pas prodigué seulement par des
médecins généticiens mais aussi des médecins de spécialités différentes (pédiatres,
gynécologues et obstétriciens), des infirmières, des psychologues, des responsables d’éthique,
des travailleurs sociaux, et des conseillers en génétique (environs 950 aux États-Unis en
1995).
1
Il est donc admis, à cette époque et dans certains pays, que le conseil génétique peut être
apporté par des professionnels de santé non médicaux. Concernant les infirmières, les
psychologues, les responsables d’éthique ainsi que les travailleurs sociaux, il s’agit de
professionnels ayant acquis une expérience en génétique médicale à la suite de l’obtention de
leur titre professionnel. La profession de conseiller en génétique, quant à elle, est retrouvée
essentiellement aux États-Unis. On évoque aussi ce terme de conseiller en génétique au
Royaume-Uni, souvent associé à la profession des infirmières spécialisées en génétique : les
« genetic nurses ».
I-1 Le conseil génétique
Aux États-Unis, c’est en 1969 que le premier programme de master en « conseil génétique »
est établit et ceci sous l’égide de Mélissa Richter, docteur en psychologie et membre du
conseil d’administration de la faculté Sarah Lawrence de Bronxville (New York, USA)
(réf.4). Cette pionnière du conseil génétique, même si elle a fait face à beaucoup d’opposition
de ses collègues généticiens, a également su défendre son programme en présentant les
progrès en diagnostic prénatal qui coïncident avec la « décriminalisation » de l’interruption
médicale de grossesse et l’importance des principes de bioéthique pour la sécurité des
patients. Douze étudiantes, âgées de 27 à 50 ans, s’inscrivent dès 1969 pour débuter le
programme de 2 ans : le master en science de « génétique humaine », et sont toutes diplômées
dès 1971. L’enseignement est constitué de stages en service de génétique clinique, de cours
théoriques sur la génétique mendélienne, la génétique moléculaire, la génétique médicale, les
aspects psychiatriques et de la participation à des conférences médicales. Dans les années
1970, Sarah Lawrence n’est plus la seule université à proposer cette formation puisque celleci s’est étendue dans 7 universités américaines. En 1979, un groupe de conseillers en
génétique fonde la Société Nationale des Conseillers en Génétique (NSGC) qui leur permettra
de défendre leurs droits, leur reconnaissance et d’établir les guides de bonnes pratiques. Les
conseillers en génétique des États-Unis, initialement appelés « genetic associates » travaillent
dans une équipe de génétique sous la supervision d’un médecin généticien (réf.5). Le
programme de l’université de Sarah Lawrence a servi de réel modèle pour la formation des
conseillers en génétique dans tous les États-Unis. De manière à réglementer l’exercice de ces
professionnels de santé, l’American Board of Genetic Counseling (ABGC), anciennement
sous-comité de l’American Board of Medical Genetics (ABMG), a instauré un système
2
d’accréditation dès 1993. En 2009, on dénombrait plus de 2500 conseillers en génétique
diplômés de 30 programmes accrédités (réf.6).
Au Royaume-Uni, c’est en 1946 que les premières structures offrant des services de génétique
apparaissent (réf.7). Le développement de nouvelles technologies, l’augmentation de la
demande d’informations de la part des patients et de leur famille ainsi que la possibilité de
tests génétiques en tant que diagnostic, exercent une pression sur le National Health Service
(NHS) pour développer des Services de Génétique Régionaux (RGS) (réf.8). En 1974,
Clarke. F. Fraser, spécialiste de la génétique au Canada, note que la discipline de conseil
génétique se doit, outre d’inculquer les connaissances scientifiques de la génétique aux
patients, de leur apporter aussi un soutien psychologique (réf.9). Dès cet instant, au RoyaumeUni, les infirmières et les travailleurs sociaux intègrent régulièrement les équipes de
génétique. Dans le rapport de 1982 de la Société de Génétique Clinique (UK), il est noté que
la présence de ces professionnels est un avantage certain pour la prise en charge des patients
(réf.8). Dans les mêmes perspectives que les États-Unis, un groupe de professionnels du
conseil génétique crée « the Association of Genetic Nurses and Counsellors » (AGNC)
(appelée dans un premier temps : Genetic Nurses and Social Workers Association). Le titre
professionnel de « conseiller en génétique » est alors adopté par les membres de l’AGNC pour
valoriser leur rôle et leur formation. Un programme de Master est mis en place en 1992 à
Manchester. Il s’agit du premier Master enseigné en Europe. Celui-ci va être suivi par la
création d’un programme similaire, celui de Cardiff en 2000 (réf.10) (réf.11). En 2011, le
nombre de professionnels en conseil génétique (genetic nurses and genetic counsellors) était
de l’ordre de 300. Tous ne sont pas issus des deux Masters accrédités puisque sont également
prises en compte les infirmières spécialisées en génétique (réf.12).
I-2 Et en France ?
En France, dès 1947 est créée la Société Française de Génétique (SFG) par 11 chercheurs et
enseignants-chercheurs parisiens dont les centres d’intérêt sont tous les domaines de la
génétique de l’époque, de la génétique physiologique à la génétique quantitative, de la
génétique des microorganismes à la génétique humaine. Cette société n’a pu faire face à
l’émancipation hors région parisienne et maintenir son engouement pour sa vocation qu’est la
génétique (réf.13). C’est après plus de 35 ans qu’un autre groupe de généticiens s’est réuni en
3
vue de redonner vie à cette ancienne société savante qui aborde tous les attraits de la
génétique. Cependant, certains membres souhaitent avoir accès à un discours plus médical,
plus clinique eu égards aux avancées en physiopathologie, en diagnostic cytogénétique,
génétique ou moléculaire et parfois même la thérapie. C’est en ce sens que va être créée la
Société Française de Génétique Humaine (SFGH) en 1993. Devant les enjeux de
développement de la génétique humaine et clinique à l'échelle européenne, la SFGH et ces
associations ont pris conscience de la nécessité d'unir leurs forces. Dans un premier temps,
elles se sont réunies au sein de la Fédération des Associations en Génétique Humaine et
Médicale (FAGHEM). Aujourd'hui, c’est la Fédération Française de Génétique Humaine
(FFGH) qui rassemble, dans leur diversité, les associations dont le thème est la génétique
humaine (réf.14). C’est grâce à toutes ces sociétés savantes et fédérations que les médecins
réalisant le conseil génétique en France ont pu s’informer, enseigner, et apprendre. En effet,
ce n’est qu’en 1995 que la génétique fut reconnue comme une spécialité médicale et dont la
formation fut légalisée par la création du Diplôme d’Études Spécialisées en génétique
médicale. Il est important de préciser qu’avant cela le conseil génétique était apporté
essentiellement par des médecins pédiatres dont certains ont laissé à jamais leurs empreintes
dans le monde de la génétique. Nous pouvons aisément citer Raymond Alexandre Turpin et
Jérôme Lejeune avec leurs travaux sur la Trisomie 21, mais aussi Jean-François Mattei,
médecin pédiatre de formation et Professeur de génétique. Cet ancien Ministre de la Santé, de
la Famille et des Personnes handicapées (2002-2004) demanda un rapport sur la
« démographie des professions de santé » dès 2002 suivi d’un rapport de mission intitulé
« Coopération des professions de santé : le transfert de tâches et de compétences » (Annexe 1)
(réf 15). Ces rapports ont mis en évidence le manque de moyens humains dans certains
domaines de santé, tel celui de la génétique, pour lesquels il convient, pour assurer une
meilleure prise en charge et garantir une offre de soin satisfaisante à la population française,
de trouver des solutions dont celle de transférer les tâches et les compétences. Pour combler
ce manque, il convient de redéfinir les missions des professionnels de santé et de créer de
nouveaux métiers tel celui de « Conseiller en Génétique » (réf.16).
I-3 Une discipline ou une profession ?
Le conseil génétique fut pendant longtemps apporté par différents corps de professionnels.
Aux États-Unis ou au Royaume-Uni, cette discipline pouvait être réalisée aussi bien par des
médecins que par des infirmières, des travailleurs sociaux et/ou des psychologues (réf.3).
4
En France, outre les médecins généticiens, seuls les médecins pédiatres et les
gynécologues/obstétriciens se chargeaient du conseil génétique.
Le terme de « conseil génétique » fait son apparition en 1947 avec Sheldon Reed, un
généticien du Minnesota, qui décrit alors ce nouveau champ de la génétique comme étant un
réel « travail d’ordre social ». Il perçoit que cette discipline ne sert pas seulement le patient et
sa pathologie mais aussi sa famille (réf.17). En 1973, Charles Epstein, médecin généticien,
pose les questions dans le journal Birth Defect de savoir « qui fait du conseil en génétique et
dans quelles circonstances ? ». Pour lui, le terme de conseiller en génétique ne peut
s’appliquer que seulement à ceux qui sont diplômés d’une formation médicale et capables de
poser un diagnostic sur lequel peut reposer un conseil en génétique. Il ne peut s’agir en aucun
cas d’infirmières, de travailleurs sociaux ou de « genetic associates », faisant référence à la
nouvelle création du Master de Milena Richter. Ce point de vue était partagé par grand
nombre de médecins exerçant dans le conseil génétique (réf.18). Quelques mois plus tard, il
devient responsable du comité d’éducation de la Société Américaine de Génétique Humaine
(ASHG) et a la charge de concevoir le programme de formation des médecins généticiens. Il
reconnaît en 1975 que les services de génétique doivent être « équipés » de personnels
qualifiés dans la communication tels les conseillers en génétique. Au final, il définit le conseil
génétique comme étant un procédé donnant des informations à propos d’un risque
d’occurrence et de récurrence d’une maladie d’origine génétique, et, lorsque cela est
approprié, de faire en sorte de diminuer un tel risque en l’expliquant au patient et à sa famille.
Il affirmera que « tous ceux qui traitent du conseil génétique avec les patients et leur famille,
en usant de communication, sentiments et psychologie : tous sont des conseillers en
génétique » (réf.19). En 1975, il est proposé par l’ASHG, sous la validation de Charles
Epstein, que le conseil génétique est un procédé de communication qui traite avec le patient
de la mise en évidence d’une pathologie génétique dans sa famille. Ce procédé est appliqué
par un ou plusieurs membres de l’équipe ayant reçu une formation adaptée, dans le but d’aider
un patient et/ou sa famille à comprendre le diagnostic, le modèle de transmission et la prise en
charge possible (réf.20).
Dans ces définitions, il apparaît clairement que le conseil génétique se construit sur une
approche psychologique avec le patient et sa famille, qu’il permet d’être un lieu d’écoute et de
soutien, délivrant une information médicale. Il ne s’agit en aucun cas d’un acte nécessitant
5
réellement une expertise médicale mais qui requiert une certaine expérience et formation
spécifique (réf.21). Le conseil en génétique est donc une discipline dans laquelle le conseiller
en génétique trouve une place primordiale.
6
II – Recherches préliminaires à l’avancement de cette thèse
Afin de comprendre les différentes étapes pour mettre en place un nouveau métier, il convient
avant tout de définir les tâches à accomplir par le nouveau professionnel. Pour cela, nous
allons dans un premier temps faire un état des lieux du rôle et des missions qui sont accordées
aux praticiens réalisant du conseil génétique et observer si un tel transfert de tâches et des
compétences est réalisable. Nous étudierons pour ce faire, les rapports du Professeur
Yvon Berland en ce qui concerne la démographie des métiers de santé ainsi que la mise en
place des nouvelles coopérations entre professionnels de santé. Pour conclure ce chapitre,
nous nous proposons de retracer les démarches interministérielles qui ont permis la création
de la profession de « conseiller en génétique ».
Il est avant tout nécessaire de définir et de préciser la différence entre les termes « métier » et
« profession ». En effet, selon la Direction Hospitalière et de l’Organisation des Soins
(DHOS), le métier est un ensemble cohérent d’activités professionnelles, regroupant des
emplois pour lesquels il existe une identité ou une forte proximité de compétences. Le métier
est situé dans une famille professionnelle et une seule. Il est précisé que dans un même métier,
les salariés peuvent changer d’emploi (à niveau égal de compétences), de poste, de structure
et/ou d’employeur. Le métier est distinct : du poste, qui est lié à la structure ; du statut, qui ne
dit rien des compétences ; de la qualification, même si celle-ci est requise et du diplôme. La
profession est attribuée aux métiers dotés d’autonomie dans leur exercice, leur juridiction
professionnelle et leur formation. Cette notion de profession s’accompagne chez leurs
titulaires d’un fort sentiment d’appartenance et de responsabilité professionnelle (réf.22).
En novembre 2002, le Professeur Yvon Berland, Doyen de l’Université de la Méditerranée de
Marseille et Président de l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé
(ONDPS), remettait au Ministre de la Santé, Jean-François Mattei, son rapport sur la
« Démographie des professions de santé » dans lequel dix propositions ont été faites en vue
d’améliorer le système de santé français (réf.16). Dans la troisième proposition, on pouvait
lire que l’une des solutions pour rendre la prise en charge des patients de meilleure qualité
était de « redéfinir le contour des métiers, mettre en place un partage des tâches, créer de
nouveaux métiers, faciliter les passerelles entre différentes professions de santé ». Il propose
dans ce sens une « évolution des métiers de santé ». Le Professeur Berland précisait dans ce
7
premier rapport que « des chevauchements observés entre activités parmi plusieurs
professions de santé constituent des redondances inutiles et des pertes d’efficacité. Au fil du
temps, les professionnels ont acquis des compétences et des savoir-faire de plus en plus larges
sans pour autant confier ou déléguer à d’autres professionnels ce qui pouvait l’être […] Il
convient pour ce faire de déléguer certaines activités à d’autres professions médicales,
paramédicales dont plusieurs sont à créer ».
Pour faire suite à ce rapport, et dans le but de garantir une offre de soins satisfaisante à la
population française, ce qui est l’une des préoccupations primordiales du gouvernement de
l’époque, le ministre de la santé confie de nouveau au Professeur Berland, le 20 mars 2003, la
mission de mener une analyse approfondie sur la possible mise en place des transferts de
tâches et de nouvelles coopérations professionnelles, ceci en se basant sur des expériences
européennes et nord-américaines. Cette nouvelle mission avait donc comme premier but
l’étude des coopérations qui pourraient être organisées en France entre les médecins euxmêmes, puis avec les autres professions médicales et paramédicales (Annexe 1). C’est en
juillet 2003 que le Professeur Berland remettait à Jean-François Mattei le rapport de mission
« Coopération des professions de santé : le transfert de tâches et de compétences » (réf.23).
Ce rapport concluait à la nécessaire mise en perspective de la coopération des professionnels
de santé en respectant quelques grands principes. En premier lieu, la formation : « la
légitimité de la délégation viendra de la compétence et donc de la formation » acquise par les
acteurs de la coopération, et en second lieu, la relation entre le médecin et les différents
acteurs paramédicaux. C’est alors que la délégation et le transfert de tâches semblent
nécessaires pour :

faire face, en partie seulement, à la diminution annoncée de la démographie
médicale,

optimiser le système de soin,

régulariser des pratiques existantes non reconnues,

éviter la mise en place d’organisations parallèles sources de conflits et de
baisse de la qualité de soins,

apporter une légitime reconnaissance à certains professionnels paramédicaux.
8
La délégation, pour être efficace et efficiente, doit impérativement s’appuyer sur une
collaboration étroite entre les différents acteurs. De ce rapport, nous retiendrons les trois
mots-clefs suivants : coopération (des professionnels de santé), délégation et transfert.
L’article L.4011-1 du Code de la Santé Publique mentionne le terme de coopération entre
professionnels de santé en lui donnant le sens suivant : par dérogation, les professionnels de
santé peuvent s’engager, à leur initiative, dans une démarche de coopération ayant pour objet
d’opérer entre eux des transferts d’activités ou d’actes de soins ou de réorganiser leur mode
d’intervention auprès du patient. Dans la délégation, les médecins transfèrent à d’autres
professionnels de santé un certain nombre d’actes techniques et/ou intellectuels, mais ils
gardent la maîtrise, en particulier en termes de responsabilité juridique. Dans le transfert
proprement dit, ils ne conservent pas l’entière maîtrise de ces actes dont, en conséquence, la
responsabilité juridique est elle aussi transférée.
Le domaine du conseil génétique fut alors directement concerné par le rapport concernant la
« démographie des professions de santé » et par la mission directement liée à ce dernier, « les
Coopérations des professions de santé : le transfert de tâches et de compétences ». En effet, le
premier constat fut le nombre de praticiens exerçant en génétique (médicale et oncologique)
en France en 2003 où étaient déclarés entre 106 (Réf ADELI) et 140 (Réf Ordre National des
Médecins) professionnels (réf.24), ce qui donne un ratio de l’ordre de 2 médecins par million
de population française. Il est observé alors à cette époque une augmentation du nombre de
consultations de génétique avec en parallèle une diminution du nombre de praticiens
hospitaliers formés dans cette spécialité. Il est également noté que l’information donnée aux
patients et à leur famille est assez complexe et nécessite de ce fait un temps de consultation
adapté à l’information délivrée (temps plus long qu’une consultation standard en médecine
générale). Pour conclure, il est admis que certains actes de conseil génétique (avec des
procédures standardisées) ne relèvent pas réellement d’une expertise médicale (réf.21). La
profession de conseiller en génétique a donc été mise en place car elle correspond à un besoin
de plus en plus important des familles.
Nous rappelons que pour ces nouvelles professions, il est essentiel que les compétences
nouvelles soient légitimées par un niveau de formation suffisant, défini par les professionnels
de la discipline concernée. La profession de conseiller en génétique a été créée après que les
médecins généticiens aient défini le profil professionnel dont ils avaient besoin et le niveau de
9
formation qu’il nécessitait. Après ces conclusions, Jean-François Mattei accédait à la
proposition de réaliser des modifications dans la loi de santé publique du 9 août 2004, citant
pour la première fois la profession de conseiller en génétique (art. L1132-1 du code de la
Santé Publique) et instaurant de fait un enseignement de type Master pour former ces
nouveaux professionnels de santé (Annexe 2) (réf.25).
II-1 Missions et compétences des conseillers en génétique
L’inclusion d’un conseiller en génétique en tant que membre d’une équipe pluridisciplinaire a
montré son efficacité dans la délivrance d’informations aux patients dans un certain nombre
de pays incluant les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Australie. Il est
considéré comme étant un acteur essentiel dans les services de génétique européens (réf.26).
Le rôle des conseillers en génétique diffère de celui du médecin généticien car il n’est pas
formé pour poser un diagnostic ou réaliser des tests génétiques. En effet, il doit être un
spécialiste des outils de communication dans le sens où il délivre une information médicale à
un patient selon une forme vulgarisée et compréhensible par ce dernier, aidant le patient dans
la prise de décision telle la réalisation d’un test génétique (réf.8) ou d’un acte de chirurgie
prophylactique par exemple. Ces conseillers en génétique doivent alors, de par leur formation
et expérience, acquérir certaines compétences de manière à pouvoir exercer leur profession
dans les services de génétique médicale et d’oncogénétique, et parfois dans d’autres domaines
de spécialité comme la cardiologie (réf.27), l’endocrinologie (réf.28) ou l’ophtalmologie
(réf.29). Ces compétences ont été définies, entre autres, par les Professeurs Hagay Sobol et
Nicole Philip, tous deux généticiens, responsables de la formation des conseillers en
génétique. On retrouve cinq niveaux de compétences requises (réf.27) :

accompagner la personne dans son parcours de soin,

évaluer une situation de risque,

travailler en équipe pluriprofessionnelle et contribuer à l’élaboration du
diagnostic médical,

intégrer la dimension juridique et éthique dans la pratique,

utiliser les systèmes d’information et contribuer aux recherches.
10
Le conseiller en génétique se doit de posséder les connaissances, les attitudes ainsi que le
jugement nécessaire pour s’acquitter des tâches ou missions qui lui sont confiées, le rendant
responsable de ses actes et autonome, même si ce dernier « exerce sa profession sous la
responsabilité et sous délégation d’un médecin qualifié en génétique » (loi du 9 août 2004).
Le conseiller en génétique doit évoluer dans ses missions tout en tenant compte du respect de
ses compétences. Il doit établir des relations efficaces, c’est-à-dire savoir communiquer
clairement et de façon professionnelle dans ses rapports avec les patients et les différents
collaborateurs, et appliquer les principes de confiance, de respect, de bienfaisance,
d’honnêteté et d’empathie, ceci dans un respect des valeurs, des préférences, des décisions et
des intérêts du patient et de sa famille. La relation de confiance ainsi instaurée avec le patient,
de par la communication, permettra de fait d’obtenir des renseignements sur les antécédents
médicaux personnels et familiaux, ainsi que d’autres informations pertinentes s’il y a lieu.
Une meilleure connaissance des éléments médicaux engendre naturellement une meilleure
évaluation du dossier familial et donc une prise en charge optimale et adaptée à l’attente du
patient. Ce temps de mise en confiance et de partage avec le patient correspond à un temps
d’échange non médical qui peut être réalisé par des « non médecins » mais qui requiert une
certaine expérience. Le conseiller en génétique doit prendre le temps de discuter avec le
patient des solutions qui lui sont offertes, des tests génétiques envisageables et des évaluations
cliniques proposées, y compris les avantages possibles, les risques et les limites afin de lui
permettre de prendre une décision éclairée. La communication avec le patient s’intègre bien
volontiers dans un niveau de compétence qu’est celui de l’accompagnement des patients dans
leur parcours de soin.
La formation que va suivre le conseiller en génétique va lui permettre d’être compétent pour
évaluer une situation de risque alors que les autres compétences vont s’acquérir avec
l’expérience. Lors de sa formation, le conseiller en génétique va apprendre les différents
modèles, ainsi que les différentes théories et méthodes, servant à réaliser un conseil génétique.
Il lui faudra intégrer les techniques de conseil génétique aux connaissances théoriques,
scientifiques et médicales, selon les cas, dans ses rapports avec le patient et sa famille. En
pratique, le conseiller en génétique doit savoir évaluer et résumer des données pertinentes à
partir des informations présentées dans un dossier médical, et synthétiser ces informations qui
vont permettre d’évaluer, avec l’équipe soignante, les risques potentiels, le dépistage et les
tests génétiques, ainsi que les recommandations de suivi à mettre en place. Pour cela, il devra
être formé pour savoir évaluer et calculer les risques d’occurrence et/ou de récurrence d’une
11
maladie génétique ou d’une anomalie congénitale à l’aide de diverses notions qui sont les
modes de transmission, les données épidémiologiques , les principes génétiques quantitatifs et
les modèles statistiques.
Le patient, tout au long de son parcours de soin, va être en contact avec différents praticiens,
parfois de spécialités différentes, entre lesquelles le conseiller en génétique jouera le rôle
d’interface, c’est-à-dire de lien entre le patient et les équipes soignantes. Il se doit de travailler
activement avec les membres d’une équipe et de comprendre les fonctions des autres
professionnels avec lesquels il interagit. Dans ce sens, il convient d’établir et d’entretenir des
relations professionnelles avec ses collaborateurs et parfois même avec les associations de
patients, ceci ayant comme conséquence directe une amélioration de la prestation de services.
Il est également intéressant de préciser que le conseiller en génétique se doit d’agir à titre de
conseiller auprès des autres conseillers en génétique et des professionnels de santé, ceci dans
un but d’échange d’informations. En parallèle, il doit être capable de demander et d’obtenir
des services consultatifs ou l’aide d’autres professionnels de la santé, lorsqu’il prend
conscience de ses limites. Il s’agit là d’un autre niveau de compétence, intégré dans la loi du
9 août 2004, dont le conseiller en génétique doit faire acte, celui de travailler en équipe
pluriprofessionnelle.
Il est également indispensable que le conseiller en génétique connaisse les principes éthiques
et juridiques, ainsi que les valeurs de la profession et s’y conforme. Il doit se familiariser avec
les questions portant sur les atteintes à la vie privée, la confidentialité, le secret médical, la
discrimination réelle et potentielle, et d’autres questions de nature juridique ou éthique liées à
la collecte des données du patient, à l’entretien qu’il a eu avec ce dernier, à la divulgation de
son dossier (notamment ses résultats) ou à l’échange interprofessionnel qu’il peut avoir. Il
faut donc veiller à assurer la confidentialité du contenu du dossier du patient lors de la
transmission de l’information à la famille, à la gestion du dossier et à l’examen des questions
professionnelles. Au final, et pour conclure ce niveau de compétence relatif à la dimension
juridique et éthique, il convient pour ce professionnel de santé de reconnaître ses propres
valeurs et préjugés par rapport au patient et à sa famille.
Le dernier niveau de compétence : « l’utilisation de système d’information et la contribution à
la recherche », va se mettre en place tout au long du parcours professionnel du conseiller en
12
génétique. Tout d’abord, il est indispensable que ce professionnel réfléchisse à sa propre
pratique, tout en reconnaissant les limites de ses connaissances et de ses compétences, et qu’il
sache les évaluer. Il se doit de participer à un apprentissage continu dans le but d’acquérir les
nouvelles avancées et techniques utilisées en conseil génétique, mais également dans les
différents domaines de la génétique. Pour parfaire ses connaissances, il doit se tenir à l’affût
des nouvelles normes dans la pratique et des progrès en recherche, ainsi que des avancées
scientifiques et sociétales. Il peut donc utiliser aussi bien les ressources informatiques (sites
internet de référence) que la lecture de journaux scientifiques, participer à des colloques, des
séminaires et des congrès dont le thème correspond à sa pratique, et contribuer à la réalisation
d’études de recherche.
Ces compétences sont attestées par l’article R1132-1 du décret n° 2007-1429 du 3 octobre
2007 du Code de la Santé Publique qui encadre la profession de conseiller en génétique
(Annexe 3) (réf 30). Elles ont pour but de réglementer l’exercice de la profession. Ces
professionnels de santé ont alors suivi une formation spécialisée et possèdent une expérience
en génétique médicale et en conseil génétique. Ils travaillent au sein d’une équipe
pluridisciplinaire de soins de santé et offrent de l’information et un soutien au patient, et à sa
famille, qui présente une maladie génétique ou est susceptible d’avoir une telle maladie ou
une certaine prédisposition héréditaire. Les conseillers en génétique aident le patient et sa
famille à mieux comprendre la nature, le mode de transmission et les implications de la
maladie ou de la prédisposition, dans le but de pouvoir prendre des décisions médicales ou de
prévention, et favorisent la compréhension et l’adaptation des implications médicales,
psychologiques et familiales associées à ces maladies ou prédispositions. Les conseillers en
génétique peuvent également jouer le rôle d’enseignants vis-à-vis des autres professionnels de
santé (gynécologues, gastro-entérologues, infirmières, sages-femmes …).
II-2 Démarches ministérielles pour la reconnaissance du métier
C’est donc en faisant suite aux rapports du Professeur Yvon Berland, sur la démographie des
métiers de santé et en se basant sur les possibles transferts de tâches et des compétences
interprofessionnelles, que le Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées,
Jean-François Mattei, cite pour la première fois en 2004, la profession de conseiller en
génétique. Il va ainsi, en modifiant la loi de Santé publique, ouvrir la voie en France, à la mise
en place d’un enseignement type Master pour former des conseillers en génétique. Il est ainsi
13
ajouté dans le Code de la Santé publique un nouveau chapitre, le chapitre II portant sur la
Profession de conseiller en génétique, modifiant l’article L1132-1 par la loi n° 2004-806 du
9 août 2004 (Annexe 2) et stipulant les conditions de formation et d’exercice. Il est
notamment précisé que « le conseiller en génétique, sur prescription médicale et sous la
responsabilité d’un médecin qualifié en génétique, participe au sein d’une équipe
pluridisciplinaire :
1° à la délivrance des informations et conseils aux personnes et à leurs familles susceptibles
de faire l’objet ou ayant fait l’objet d’un examen des caractéristiques génétiques à des fins
médicales défini à l’article L.1131-1, ou d’une analyse aux fins du diagnostic prénatal défini
à l’article L.2131-1 ;
2° à la prise en charge médico-sociale, psychologique et au suivi des personnes pour
lesquelles cet examen ou cette analyse est préconisé ou réalisé ». Cette modification dans le
texte de loi tient compte des différentes propositions faites lors des rapports du Professeur
Yvon Berland, en se basant sur les modèles déjà existants dans d’autres pays. Il est cependant
intéressant de préciser qu’aujourd’hui en Europe, seule la France bénéficie pour ces
professionnels de santé d’une loi encadrant leur formation et exercice (réf.31). Dès la
promulgation de cette loi, le Professeur Jean-Louis Mège, responsable des Masters Recherche
et Professionnel dans les domaines des Sciences de la Santé, mention « Pathologie
Humaine », de la Faculté de Médecine de Marseille, se propose d’inclure dans son contrat
quadriennal de 2004-2007, la spécialité « Conseil en Génétique et Médecine Prédictive »
(réf.32). Il y décrit le programme proposé (cf. chapitre Le programme de formation) ainsi que
l’équipe enseignante, et précise les actes relevant de la compétence d’un conseiller en
génétique et médecine prédictive mais également le type de consultations dans lesquelles ce
professionnel peut faire preuve de ses compétences et expériences. Le contrat quadriennal est
accepté et le Master Professionnel de Pathologie Humaine, mention « conseil en génétique et
médecine prédictive » est immédiatement inauguré avec l’inscription de 12 étudiants pour
l’année universitaire 2004-2005 (4 en Master 1ère année et 8 en Master 2ème année). Ce
Master, délivré uniquement à la faculté de médecine de Marseille, est le seul reconnu pour
prétendre au titre de conseiller en génétique en France.
Trois jours avant la parution du texte de loi stipulant la formation et les compétences requises
pour l’exercice de cette nouvelle profession de conseiller en génétique, fut approuvée la
révision des lois de bioéthique le 6 août 2004 (réf.33). Ces lois définissent le diagnostic
14
prénatal comme « les pratiques médicales ayant pour but de détecter in utero chez l’embryon
ou le fœtus une affection d’une particulière gravité (d’origine génétique, infectieuse, ou
autre) ». Ces pratiques s’entendent tant de l’utilisation des techniques d’imagerie
(échographie) que des analyses de biologie faites à partir de liquide amniotique. Le
22 décembre 2006, un décret relatif au diagnostic prénatal et au diagnostic préimplantatoire
est paru, modifiant ainsi la loi n° 2004-800 du 6 août 2004 relative à la bioéthique (Annexe 4)
(réf.34). Il précise le rôle de l’Agence de la biomédecine en matière de diagnostic prénatal et
de diagnostic préimplantatoire. Dans le domaine du diagnostic prénatal, le décret précise que
l’agence de biomédecine est chargée d’émettre un avis sur les demandes d’autorisation des
structures pour pratiquer les activités de diagnostic prénatal avant délivrance de l’autorisation
par l’Agence régionale de l’hospitalisation ; il confie à l’Agence la responsabilité d’agréer les
praticiens responsables de l’activité de diagnostic prénatal. De même, le décret attribue à
l’Agence l’autorisation des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDPN),
chargés notamment de délivrer les attestations d’interruptions médicales de grossesses. Ce
décret précise également, dans l’article R2131-12, la composition des CPDPN :
« Chaque centre est constitué d’une équipe composée :
1- De praticiens exerçant une activité dans l’organisme ou l’établissement de santé au sein
duquel le centre est créé (gynécologue, échographiste, pédiatre, généticien) ;
2- De personnes pouvant ne pas avoir d’activité dans l’organisme ou l’établissement de santé
(psychologue, foetopathologiste) ;
3- De praticiens agréés pour procéder aux analyses définies à l’article R2131-1 ;
4- D’un conseiller en génétique ».
Cette réglementation prévoit donc formellement la place des conseillers en génétique dans ces
centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal, leur présence est obligatoire dans
l’organigramme permettant la création de ces structures. Aussi, selon François Thépot, adjoint
du directeur médical et scientifique de l’Agence de Biomédecine, « les établissements
hospitaliers peuvent prévoir un recrutement de conseiller en génétique en s’appuyant sur une
demande conjointe de DPN, pour aider les praticiens d’obstétrique et de génétique clinique,
et en oncogénétique […] leur présence au sein d’équipes médicales peut soulager certains
professionnels et proposer une aide appropriée en matière de génétique, domaine
particulièrement évolutif et sensible » (réf.35). Le conseiller en génétique semble donc être un
15
des acteurs principal des CPDPN, dont l’expertise est prise en compte comme celle des autres
professionnels participants. Aujourd’hui, l’Agence de Biomédecine autorise l’activité de
48 centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal, tous ne comprennent pas dans leur
effectif un conseiller en génétique (réf.36). Faut-il dans les centres dépourvus de ces
professionnels de santé faire appel au ministère de la santé comme ce fut le cas le
29 novembre 2011 où Monsieur Alfred Marie-Jeanne, politicien martiniquais, attire l'attention
de la Secrétaire d'État auprès du Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, chargée de la
santé, sur l'absence d'un conseiller en génétique au sein du centre pluridisciplinaire de
diagnostic prénatal de la Martinique (réf.37). La réponse de Monsieur Eric Besson, Ministre
chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique était de présenter tout l’intérêt
de la fonction de conseiller en génétique et d’encourager fortement le recrutement d’un tel
professionnel. En tout état de cause, la situation du centre pluridisciplinaire de diagnostic
prénatal de Fort-de-France devra avoir été régularisée avant l'échéance de l'autorisation en
2014. Ce décret du 22 décembre 2006 est donc un événement de toute importance
reconnaissant le conseiller en génétique comme un professionnel de santé indispensable au
fonctionnement de la génétique médicale dans sa spécialité du diagnostic prénatal.
Le 3 octobre 2007, selon le rapport de la Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports,
Madame Roselyne Bachelot-Narquin, un nouveau décret est adopté modifiant le code de la
Santé publique relatif à la profession de conseiller en génétique. Ce décret n° 2007-1429 pose
les conditions d’obtention du « diplôme d’Etat français de conseiller en génétique » attestant
les compétences requises pour l’exercice de cette fonction ainsi que les règles
professionnelles de bonnes pratiques. Il fixe également les conditions d’admissibilité au
master professionnel de pathologie humaine, mention « Conseil en génétique et médecine
prédictive » (Annexe 3) (réf.30). Le diplôme d’État dont il est fait question ici est à ce jour un
dispositif transitoire car il n’est toujours pas mis en place. Dans le décret, il est précisé que ce
diplôme est délivré par le préfet de région aux personnes ayant suivi la formation de conseiller
en génétique et passé avec succès les épreuves d’examens à l’issu de l’enseignement.
Concernant les règles professionnelles nous citerons le fait que le conseiller en génétique :

exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine,

agit dans l’intérêt des personnes, qui le consultent et dont il respecte la dignité
et l’intimité,

assure le suivi et la continuité de la prise en charge de ses patients,
16

est soumis au secret professionnel,

respecte la liberté et les choix personnels des personnes qui le consultent,

doit établir avec les membres de l’équipe une coopération dans l’intérêt de ces
personnes.
Ce décret instaure bien les modalités d’exercice de la profession et place le conseiller en
génétique comme étant membre à part entière d’une équipe médicale avec laquelle il
collabore dans un esprit de bonne confraternité. Il met en évidence également les
responsabilités qui lui sont confiées vis-à-vis des patients et de leurs familles mais aussi des
professionnels collaborateurs. Nous aborderons dans le chapitre intitulé « Vision du conseiller
en génétique sur sa pratique » la place que ce dernier occupe réellement dans son équipe et
verrons les responsabilités qui lui sont confiées et avec quelle autonomie. Pour conclure ce
décret, il est essentiel de préciser que ce dernier associe d’une part le Ministère de la Santé, de
la Jeunesse et des Sports, représenté à l’époque par Madame Roselyne Bachelot-Narquin, et
d’autre part, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, représenté par
Madame Valérie Pécresse, qui veillent à l’exécution de ce décret.
Ce décret qui encadre la profession a été publié en 2007 mais le diplôme se trouve encore
dans un dispositif transitoire. En effet, le diplôme délivré actuellement par l’Éducation
Nationale n’est pas un diplôme d’exercice : dans l’attente d’un diplôme d’État, l’obtention de
l’autorisation d’exercice est délivrée en préfecture après obtention dudit master et sur
présentation d’un dossier attestant d’expériences pratiques, ceci comme le stipule l’arrêté du
10 avril 2008 relatif à l’autorisation d’exercice de la profession de conseiller en génétique.
Cet arrêté du 10 avril 2008 fixe donc les modalités de délivrance de l’autorisation d’exercer la
profession de conseiller en génétique (Annexe 5) (réf.38). Il a été ainsi rédigé en tenant
compte du décret n° 99-747 (3 août 1999) portant sur la création du grade de master, de
l’arrêté du 25 avril 2002 relatif au diplôme national de master, et du décret n° 2007-1429
relatif à la profession de conseiller en génétique. Il est précisé que l’autorisation d’exercice
confère les mêmes droits et obligations que le diplôme d’Etat de conseiller en génétique et
que seule l’Université Aix-Marseille II est habilitée à délivrer l’enseignement requis. On peut
noter dans l’article 5 que cette autorisation est délivrée par le préfet de région « soit du lieu du
domicile, soit du lieu d’exercice ». Il convient d’adresser, par voie postale et avec avis de
réception un dossier en double exemplaire comportant : les éléments d’identification complète
17
du candidat, une lettre de demande d’autorisation d’exercer la profession, ainsi que la copie
des diplômes, dont celui du master professionnel « conseil en génétique et médecine
prédictive » ou du diplôme d’État lorsque celui-ci aura été mis en place. Les candidats
disposent d’un délai de quatre mois à compter de la délivrance dudit diplôme pour déposer un
dossier complet au préfet de région. Le silence gardé pendant plus de deux mois vaut décision
de rejet. Nous noterons que la Directrice de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins à
la charge de l’exécution de cet arrêté.
Un dernier arrêté, en date du 4 août 2010, publié par le Ministère du Travail, de la Solidarité
et de la Fonction Publique, associé au Ministère de la Santé et des Sports, confirme la
reconnaissance de la formation et de la profession de conseillers en génétique en portant
nomination des membres de la commission des conseillers en génétique autres que les
membres de droit (Annexe 6) (réf.39). Il est donc admis que cette nouvelle profession de santé
est reconnue d’un point de vue législatif et que la formation et son exercice sont orchestrés
par des lois, décrets et arrêtés, à l’initiative des Ministères de la Santé et de l’Enseignement
Supérieur.
La reconnaissance du métier est également soutenue par la création en 2008, puis de son
actualisation en 2012, de la fiche métier incluse dans le « répertoire des métiers de la fonction
publique hospitalière » (Annexe 7) (réf.40). Cette fiche a été réalisée avec la collaboration de
l’Association Française des Conseillers en Génétique dont la Présidente, Madame MarieAntoinette Voelckel, et la vice-présidente, Madame Marie-Thérèse André. Il est convenu que
la profession de conseiller en génétique appartient à la sous-famille du « conseil aux
personnes et psychologie » et de fait à la famille des « Soins » sous le Code ROME
(Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois) K1205. Ce code se compose d’une
lettre et de quatre chiffres et se structure en trois niveaux, que nous allons dissocier afin de
comprendre la manière dont a été pensée la place de cette profession dans le répertoire des
métiers de la fonction publique :

la lettre « K » correspond au « Services à la personnes et collectivités »,

les chiffres «12 » pour « action sociale, socio-éducative et socio-culturelle »,

les chiffres « 05 » pour « information sociale ».
18
On retrouve dans ce Code ROME « K1205 » différents métiers comme celui d’agent
d’accueil social, de chargé d’information jeunesse, de chargé d’information santé, de
médiateur administratif ou encore de chargé de mission interculturelle. La définition retenue
pour les métiers compris dans cette fiche se base sur les actions d’information, de prévention
ou de médiation. A aussi été créé un code métier pour la profession de conseiller en
génétique, le code métier 05O20, qui renvoie à une fiche comprenant :

Le code et l’intitulé de la fiche Rome :
o K1205 – Conseiller(ère) en Génétique

La définition du métier :
o Conseiller des patients pour leur permettre de prendre des décisions
éclairées et les accompagner dans leur parcours de soins en traduisant
les données de la génétique médicale en informations utiles au patient

Les conditions d’accès au métier :
o Diplôme d’État de conseiller en génétique (en transition) ou
autorisation d’exercice de la profession de conseiller en génétique
selon l’arrêté du 10 avril 2008

Les activités :
o Accueil et prise en charge des personnes dans son domaine
o Bilan clinique d’un patient, spécifique au domaine
o Gestion et traitement des données/informations
o Information et conseil à des tiers dans son domaine d’activité
o Planification des activités/interventions internes/externes
o Recueil/collecte de données ou informations spécifiques au domaine
d’activité
o Rédaction de
interventions
comptes-rendus
relatifs
aux
observations/aux
o Rédaction et mise à jour du dossier patient, dans son domaine
d’activité.

Le savoir-faire
o Adapter son comportement, sa pratique professionnelle à des situations
critiques dans son domaine de compétence
o Analyser l’expression relative des gènes
o Conduire un entretien d’aide
19
o Conseiller et orienter les choix d’une personne ou d’un groupe
o Créer et développer une relation de confiance et d’aide avec le patient
o Gérer ses émotions, son stress
o Identifier les informations communicables à autrui en respectant le
secret professionnel
o Identifier, analyser, évaluer et prévenir les risques relevant de son
domaine
o Définir les actions correctives/préventives.

Les informations complémentaires
o Les relations professionnelles les plus fréquentes : médecins
généticiens,
oncogénéticiens,
pédiatres,
obstétriciens,
foetopathologistes, échographistes […] psychologues, pour la prise en
charge du patient
o Les correspondances statutaires : conseiller en génétique contractuel,
éventuellement ingénieur, psychologue …
Cette fiche métier reprend donc toutes les données que nous avons évoquées au préalable et se
base dans son intégralité sur les différentes lois, décrets, et arrêtés. Il conviendra cependant,
dans le chapitre « démographie des conseiller en génétique » de comparer les données de
cette fiche à la réalité d’exercice de ces professionnels de santé. En effet, nous y noterons une
différence dans le statut des conseillers en génétique ainsi que dans les responsabilités
accordées. C’est dans un principe de valorisation et de reconnaissance du métier et de la
formation que l’Association Française des Conseillers en Génétique a été créée, de même
dans un souci d’équité et de respect des lois.
II-3 Réflexion sur la mise en place d’une formation adaptée
De manière à s’assurer que les compétences requises pour exercer la profession de conseiller
en génétique soient dispensées de façon homogène, une formation unique a été créée en
France dès l’année universitaire 2004-2005. Cette formation est de haut niveau, à la fois sur le
plan scientifique et médical, concernant des pathologies à composante héréditaire et/ou
multifactorielle. Le 30 janvier 2004, lors des 2èmes Assises de génétique humaine et médicale
qui se sont déroulées à Angers, une allocution est faite par le Professeur Jean-François Mattei
qui se propose de faire le point sur le projet de révision des lois de bioéthique. Il confirme
officiellement à la fin de son discours la création de la loi de Santé publique concernant la
20
nouvelle profession de conseiller en génétique. « Cette dernière s’avère être un réel besoin,
souhaitée par tous (communauté génétique) ». Il précise que cette création doit beaucoup à
Nicole Philip et Marc Jeanpierre, qui avaient exprimé, dès l’année 2000, l’instauration de
cette profession. Il annonce alors que l’ouverture de la formation n’est désormais qu’une
question de mois, le temps que les textes de lois soient votés et promulgués (réf.41). La
formation débutera dès le mois de septembre 2004.
La réflexion du projet d’instaurer le « conseiller en génétique » en France a réellement été
initiée par Marc Jeanpierre, membre du Collège National des Enseignants et des Praticiens de
Génétique Médicale. Cette association, créée en janvier 1999, a pour but de maintenir les liens
professionnels entre les enseignants et praticiens de génétique médicale, de promouvoir la
réflexion de l’enseignement et sa pratique, et transmettre les recommandations qu’elle juge
utile aux autorités compétentes (réf.42). Lors de la 1ère assemblée générale de ce collège, il
était rapporté par Alexis Brice et Olivier Cohen, en charge de la commission « démographie
des praticiens en génétique », que la France se situait à un niveau d’effectif 3 à 4 fois inférieur
à la moyenne européenne. Pour combler ce manque, il est mis en place des groupes de
réflexion dès la 2ème assemblée générale, en date du 17 juin 1999, notamment celui des
« conseillers en génétique » dont Marc Jeanpierre va être responsable. Il évoque le fait que
dans d’autres pays, comme aux États-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni, il existe un corps
de conseillers non médecins (infirmières, sages-femmes …) qui sont formés sur une période
de 5 ans. Il s’agit des « genetic counselors ». Il précise qu’en France certains médecins sont
opposés à ce corps professionnel mais que les directives européennes sont claires : il faut
tendre vers une uniformisation des diplômes. Il sera aidé dans ce groupe de réflexion de
Ségolène Aymé et de Patrice Eydoux. Un an après, le 20 avril 2000, le groupe présente
l’avancée de sa réflexion et convient de la nécessité de constituer le corps de conseillers en
génétique, formés à BAC+4 (à l’époque, le système LMD n’existait pas), et destinés à
travailler en équipe avec les généticiens médicaux. Pour le groupe, cela va de pair avec le
développement dans les années futures de la prévention en matière de santé publique. Il s’est
basé sur la pratique des « genetic counselors » dans les pays où cette formation existe depuis
plus de 20 ans. Il propose que cette formation se fasse dans le cadre d’un Diplôme InterUniversitaire (DIU) de 2 à 3 ans et qu’elle soit accessible aux infirmières, sages-femmes,
psychologues et scientifiques. Cette proposition ne sera pas retenue. C’est le 18 juin 2003
qu’est annoncé que le rapport sur la réflexion d’une formation de conseillers en génétique en
France sera déposé auprès de Jean-François Mattei, rapport en cohésion avec celui
21
d’Yvon Berland sur le transfert de tâches et de compétences professionnelles. Le
15 janvier 2004, le Sénat vote l'amendement n° 176 présenté par le Gouvernement portant sur
la création d’une nouvelle profession d’auxiliaire médical : le conseiller en génétique (réf.43).
Le jour du vote, Jean-François Mattei tient à mentionner que cet amendement « revêt une
importance toute particulière à ses yeux, puisqu'il permet à la discipline qu’il a embrassée,
comme le professeur Giraud, pendant plus de trente ans - la génétique - de trouver son
prolongement indispensable dans la création d'une nouvelle profession d'auxiliaire médical,
celle de conseiller en génétique. Comme l'orthophoniste aux côtés de l'ORL, l'orthoptiste aux
côtés de l'ophtalmologiste, la diététicienne aux côtés du nutritionniste, le conseiller en
génétique s'impose désormais aux côtés du généticien afin de l'assister dans des consultations
difficiles et souvent routinières ». À cela, Francis Giraud, rapporteur au Sénat et Professeur de
génétique, ajoute que cet amendement est le fruit d’un effort que Jean-François Mattei menait
depuis de nombreuses années. Il précise que la génétique est une discipline en plein essor et
en pleine « mutation », et que les généticiens ont besoin d'aide.
Par cette création est reconnue la nécessité de compléter la consultation médicale de génétique
par une session de conseil génétique menée par des professionnels formés à cet effet. Cette
prise en considération de la dimension psychologique des consultations de diagnostic prénatal
et de génétique contribuera fortement à un accompagnement plus personnalisé des familles, à
une aide à la décision dans les situations complexes, et à une meilleure prise en charge de
toutes les dimensions psychosociales des maladies génétiques. Il faut mettre en place un
programme d’enseignement qui tienne compte de ces prérequis et des compétences exigées.
Cette formation va être créée dans le nouveau système mis en place depuis 2002 : la réforme
LMD (Licence, Master, Doctorat). Concernant l’enseignement, il s’agit d’un master
professionnel qui se déroule donc sur deux années et qui est accessible, par définition, aux
candidats ayant validé une Licence.
II-4 Le programme de formation
Lors de la rédaction de son contrat quadriennal 2004-2007, dans le but d’obtenir l’habilitation
à délivrer les masters, le Professeur Jean-Louis Mège, responsable des masters recherche et
professionnels dans le domaine des sciences de la santé, mention « Pathologie Humaine », de
l’Université Aix-Marseille II, n’omet pas d’inclure le programme dispensé au Master
22
« conseil génétique et médecine prédictive » (réf.32). Il est donc créé une formation unique en
France, à la faculté de médecine de Marseille, dont les responsables de l’enseignement sont
les Professeurs Nicole Philip et Hagay Sobol. Il est notifié dans ce contrat :

Les conditions d’admission :
Il est noté différents moyens d’accès à la formation : les candidats ayant validé la troisième
année des études de médecine, d’odontologie ou de pharmacie, les étudiants des filières
scientifiques (ingénieurs, étudiants issus des UFR de Sciences) ayant validé la licence. Sont
autorisés à s'inscrire de plein droit, en formation continue en première année, mais avec des
équivalences de modules selon le cursus réalisé et après avis du conseil pédagogique : les
infirmiers, les psychologues et les kinésithérapeutes. Sont autorisés à s'inscrire en formation
continue en première année, après un exercice professionnel de deux ans et après un entretien
et la validation d'acquis complémentaires en bases médicales : les techniciens/assistants
d'études ou de recherches cliniques (EEC, TRC ou ARC), les assistantes sociales. Pour les
autres cas et, en particulier, les candidats n'étant pas en formation initiale, l'équipe
pédagogique procèdera à une validation des acquis et déterminera un parcours adapté à
chaque candidat.
Il convient toutefois de préciser qu’une présélection sur dossier est effectuée par les
responsables du master. Pour les candidats ayant été retenus, un entretien oral montrant la
motivation et les compétences de ces derniers est organisé. Le jury est actuellement composé
des 2 Professeurs responsables de l’enseignement, de 2 conseillers en génétique et de
2 psychologues ; ceci dans un souci d’équité et de parité.

Les règles de sélection en Master 1ère année :
La validation de la première année nécessite l’obtention de 33 ECTS (European Credits
Transfer System) pour les modules. Des périodes de stage sont obligatoires et comptent pour
un total de 27 ECTS. Le détail de l’enseignement sera précisé dans ce même chapitre à la
sous-section « le programme d’enseignement».
23

Les règles de sélection en Master 2ème année :
La validation de la deuxième année nécessite l’obtention de 30 ECTS pour les modules. Des
périodes de stage sont obligatoires et comptent pour un total de 30 ECTS.
En terme de compétences, sont enseignés les aspects méthodologiques de la génétique et de la
médecine prédictive (génétique formelle et des populations, bases moléculaires des
pathologies, hérédité mendélienne et polyfactorielle, cytogénétique, tests génétiques, relation
soignant-personne, impacts psychologiques, éthique et aspects légaux) et leurs domaines
d’application (diagnostic prénatal, oncogénétique et cancérologie, neurogénétique, maladies
cardiovasculaires et de l’hémostase, endocrinologie, diabète, maladies métaboliques…). Ce
master est proposé à tous les étudiants de France, incluant les DOM-TOM, ainsi que les
étudiants de pays francophones (exemples d’étudiants venus de Suisse, d’Algérie, de Tunisie
et du Bénin).
L’enseignement du Master Pathologie Humaine, spécialité « conseil en génétique et médecine
prédictive », a pour but de former de futurs conseillers en génétique. Il dispense une formation
de haut niveau à la fois sur le plan scientifique et médical à des professionnels de santé non
généticiens amenés à prendre en charge des pathologies à composante héréditaire et/ou
multifactorielle. Un autre objectif est de favoriser le développement de programmes de
recherche et d’actions en santé dans des domaines transversaux alliant santé publique et
biologie moderne avec une vocation finalisée en santé. (réf.47).
Cette spécialité professionnalisante fait donc partie de la mention de Master Pathologie
Humaine avec cinq autres spécialités :
 Génomique et Santé (spécialité recherche),
 Maladies Transmissibles et Pathologies Tropicales (spécialité recherche),
 Oncologie, Pharmacologie et Thérapeutique (spécialité recherche),
 Environnement et Santé (spécialité recherche),
 Société Environnement et Enjeux Sanitaires (spécialité professionnelle).
L’enseignement est composé de différents modules théoriques et de périodes de stages, et
s’étend sur deux années. D’un point de vue général, la formation comprend des modules de
24
« méthodologie » visant à dispenser les connaissances générales en génétique formelle,
génétique des populations, génétique moléculaire et chromosomique, et oncogénétique. On y
trouve également une place importante pour les principes de la relation soignant/personne, de
l’éthique et de la psychologie. Beaucoup de ces cours se déroulent sous la forme de cas
cliniques, de mises en situation et de l’utilisation de jeux de rôle, mettant l’étudiant dans des
situations de prise de conscience. Les domaines de diverses spécialités comme la pédiatrie,
l’endocrinologie, les maladies neurologiques et sensorielles, et le diagnostic prénatal sont
abordés lors des modules « conseil génétique et pathologies » avec leurs aspects génétiques et
médicaux. Cette formation comprend également un certain nombre de modules optionnels
d’approfondissement qui vont permettre à l’étudiant d’acquérir des connaissances
complémentaires comme les bases de l’oncogenèse, les biostatistiques ou l’analyse
bibliographique. La formation contient 40 semaines d’enseignements, modules théoriques
(Annexe 8) et optionnels compris, sur une période de deux ans. Nous nous proposons de
présenter ici les différents programmes d’enseignement des Master 1ère et 2ème années mais
aussi celui de ceux intégrant directement le Master 2.
 Programme d’enseignement de Master 1 : 60 ECTS
La première année est composée d’un tronc commun de 6 modules obligatoires comptant pour
33 ECTS, de plusieurs modules optionnels conduisant à un total de 9 ECTS, et de 2 stages
comptant chacun pour 9 ECTS.
Les modules obligatoires comprennent (le détail des modules : Annexes 9 à 12) :
- génétique formelle et des populations, calcul de risque (6 ECTS) (Annexe 9),
- bases de la génétique humaine, moléculaire et médicale (6 ECTS),
- diagnostic prénatal (6 ECTS),
- éthique, aspects légaux en génétique et médecine prédictive (6 ECTS) (Annexe 10),
- oncogénétique (6 ECTS) (Annexe 11),
- relation soignant/personne (3 ECTS) (Annexe 12).
Les étudiants choisissent différents modules optionnels de manière à obtenir 9 ECTS. Ceux-ci
ont pour objectif l’approfondissement et la spécialisation. On y retrouve :
- atelier de génomique et génétique hospitalière (3 ECTS),
- qualité, risques et environnement en santé (6 ECTS),
- bases de l’oncogenèse (3 ECTS),
25
- biostatistiques (3 ECTS)/Bio-informatique (3 ECTS),
- organisation de la sécurité sociale (6 ECTS),
- fondements de l’éthique médicale (6 ECTS),
- approche philosophique de l’éthique médicale (6 ECTS),
- éthique de la recherche biomédicale (6 ECTS),
- spécificité de la recherche sur l’homme (3 ECTS),
- analyses bibliographiques (3 ECTS).
Deux stages minimum, l’un de 5 semaines, dans un service validant la spécialité de génétique
et/ou reconnu et financé par le Ministère de la Santé dans le cadre des réseaux de pathologies
génétiques (9 ECTS), l’autre de 5 semaines visant également à approfondir la théorie de
l’étudiant (9 ECTS) sont nécessaires. Ces stages peuvent se dérouler aussi bien en France qu’à
l’étranger avec, dans ce dernier cas, l’approbation du comité pédagogique.
 Programme d’enseignement de Master 2 : 60 ECTS
La 2
ème
année, après un Master 1 de spécialité de conseil génétique, est composée d’un tronc
commun de 4 modules obligatoires comptant pour 24 ECTS, de plusieurs modules optionnels
conduisant à un total de 6 ECTS, et de trois stages comptant au total 30 ECTS.
Les modules obligatoires comprennent :
- fondamentaux en psychologie (6 ECTS) (Annexe 13),
- neurogénétique et pathologies sensorielles (6 ECTS),
- génétique pédiatrique (6 ECTS),
- endocrinologie génétique et nutrition, psychologie de la communication (6 ECTS).
Les étudiants choisissent différents modules optionnels de manière à obtenir 6 ECTS. Ceuxci, comme pour la 1ère année, ont pour objectif l’approfondissement et la spécialisation de
l’étudiant. On y retrouve, en plus de ceux proposés lors de la 1ère année :
- bases de l’hérédité polyfactorielle (3 ECTS),
- cytogénétique (3 ECTS),
- mécanismes de survenue des maladies génétiques constitutionnelles (3 ECTS),
- approche thérapeutique des maladies génétiques (3 ECTS).
26
Durant cette année de formation, les étudiants doivent effectuer un stage de 8 semaines
minimum, dans un service validant la spécialité de génétique (12 ECTS), un stage
d’approfondissement d’une durée de 8 semaines (12 ECTS), et doivent terminer leur cursus
par un stage de spécialisation en fonction de leur projet professionnel et après avis favorable
du comité pédagogique, d’une période minimum de 2 semaines (6 ECTS).
 Programme d’enseignement de Master 2 directement : 60 ECTS
Pour les étudiants intégrant directement le Master 2, un programme spécifique ainsi que des
recommandations particulières ont été mis en place. On y retrouve les mêmes modules
obligatoires qu’en Master 1 et 2 (33 ECTS) mais les fondamentaux en psychologie, la relation
soignant/personne et les bases génomiques des pathologies sont cette fois des modules
optionnels. Ces étudiants doivent choisir un de ces modules optionnels (6 ECTS) en fonction
de leur cursus initial et après avis favorable du comité de pilotage. En plus de ces modules, ils
doivent effectuer 2 stages dans un service validant la spécialité de génétique, l’un de
8 semaines (12 ECTS) et l’autre de 5 semaines (9 ECTS). Tous ces stages peuvent, sous
conditions, être effectués dans des services hospitaliers de génétique, de spécialités médicales
concernées par les maladies génétiques (fœtopathologie par exemple), dans des centres de
lutte contre le cancer, des laboratoires hospitaliers de génétique, voire des structures de prise
en charge du handicap.
Certains de ces modules, tels que celui de l’oncogénétique ou de l’éthique et aspects légaux
en génétique et médecine prédictive, sont communs avec des programmes de Diplômes
Universitaires (DU) ou de Certificats d’Études Universitaires (CEU). Il peut donc être admis
que l’enseignement dispensé aux futurs conseillers en génétique est complet, traitant de tous
les domaines de la génétique d’une part mais aussi d’éthique et de psychologie d’autre part.
Ces théories sont mises en pratique par la réalisation de stages effectués dans différents
services mettant l’étudiant en tant qu’observateur et parfois, selon la confiance accordée à ce
dernier en tant qu’acteur.
En juin 2012, lors du congrès de la Société Européenne de Génétique Humaine qui s’est tenu
à Nuremberg (Allemagne), un comité a été créé, celui de « l’European Board of Medical
Genetics » (EBMG) sous la présidence du Professeur Heather Skirton (Royaume-Uni). Il est
composé 3 sous-comités dont celui des « Genetic Nurses and Genetic Counsellors » dont le
27
but est de travailler sur la mise en place d’une certification européenne de la profession, de
manière à homogénéiser les différents programmes existant à travers l’Europe. Lors de leur
dernière réunion, à Taunton (Royaume-Uni) les 12 et 13 février 2013, le sous-comité a étudié
chacun des programmes d’enseignement et vérifier leur compatibilité avec les standards
européens qui ont été rédigés par l’European Network of Genetic Nurses and Counsellors
(ENGNC) (réf.48). Les 7 programmes étudiés sont ceux de : Cardiff (Royaume-Uni),
Finlande, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Roumanie, Manchester (Royaume-Uni) et la France.
Quatre de ces sept programmes ont été validés dont les deux du Royaume-Uni, celui de
l’Espagne (qui ne concerne que la ville de Barcelone et qui n’est pas national) et celui de la
France (Annexe 14). Le programme français répond donc aux compétences exigées par la
Société Européenne de Génétique Humaine, plaçant de ce fait le Master comme étant de haut
niveau.
II-5 Association Française des Conseillers en Génétique
Faisant suite à la création de cette nouvelle formation et dans le but de promouvoir de cette
dernière et de représenter les nouveaux professionnels de santé, les premiers étudiants inscrits
en Master Pathologie Humaine, mention « Conseil Génétique et Médecine Prédictive »
décidèrent dès l’année universitaire 2004-2005 de s’organiser au sein d’une association :
l’Association Française des Conseillers en Génétique (AFCG), présidée par Madame MarieAntoinette Voelckel. Cette association nationale, de loi 1901 et inscrite au journal officiel le
18 juin 2005, représente aussi bien les étudiants dudit master que les professionnels exerçant
ou non leur métier (réf.44). Lors de sa création, les membres fondateurs choisirent d’honorer
et de remercier pour leur implication, leur soutien et leur effort dans la création d’un tel
projet, quatre représentants de la génétique médicale en France : Jean-François Mattei,
Ségolène Aymé, Nicole Philip et Hagay Sobol. Le Docteur Ségolène Aymé, directrice de
recherche à l’Inserm et fondatrice d’Orphanet, proposa son aide en offrant à l’AFCG
d’héberger son site internet via celui d’Orphanet (http://asso.orpha.net/AFCG). Pour
encourager les membres de l’AFCG et pour faire connaître le métier, l’éditorial d’OrphaNews
(newsletter d’Orphanet) paraît le 24 octobre 2007 avec comme intitulé : « Conseiller en
génétique : enfin la reconnaissance légale de cette profession en France » (réf.45). Outre sa
vocation de fédérateur des professionnels et des étudiants, cette association est un véritable
vecteur d’informations par lequel transite tout ce qui concerne la formation, les promotions de
28
poste ainsi que les textes de lois. L’AFCG tente d’être représentée lors de chacun des congrès
nationaux ou internationaux et demande à ses membres d’apposer le logo de l’association
comme signe de reconnaissance. De par leur travail et leur motivation, les membres de
l’AFCG ont su montrer leur place dans le conseil génétique en tant que réel professionnel de
santé. C’est ainsi que, le 18 janvier 2008, lors des 4èmes Assises de génétique humaine et
médicale à Lille, l’AFCG fut intégrée dans la nouvelle Fédération Française de Génétique
Humaine (FFGH) (réf.46). À partir de cette collaboration, nous verrons alors la présence d’un
conseiller en génétique siéger au sein du comité scientifique (plus particulièrement impliqué
dans le thème « conseil génétique et psychologie »), lors des Assises de génétique humaine et
médicale.
L’AFCG compte plus d’une centaine de membres. Elle a participé à l’élaboration des
différents textes de lois en apportant son point de vue à chacune des rencontres avec les
représentants de l’État. Toutes les démarches de l’AFCG ont permis de clarifier la situation
des conseillers en génétique et de statuer sur leurs devenirs. La demande actuelle de l’AFCG
auprès de ces instances est la réglementation d’un salaire basé sur la grille salariale des
ingénieurs hospitaliers avec le titre de conseiller en génétique. Nous verrons de quelle
manière les conseillers en génétique en France sont recrutés, sous quel statut, et sous quel type
de contrat. Dans le but de tenir ses membres informés des différentes rencontres organisées
avec les ministères ou autres instances, ainsi que pour renseigner sur les démarches
administratives, sur les colloques à venir, sur les postes à pourvoir et sur les avancées en
génétique médicale, une Newsletter du Conseiller en Génétique a été créée par cinq
professionnels. Cette Newsletter est directement adressée via la mailing-liste de l’AFCG et,
est mise à disposition sur le site internet de l’AFCG. Cette association a su mettre en place un
réseau de professionnels au bénéfice de la formation et de la profession.
Nous pouvons également souligner l’importance de l’AFCG grâce aux commissions qu’elle a
mise en place dans son organisation, telle que la commission « Relais avec les associations de
malades ». En effet, certaines associations, comme les associations VHL France, AFAF
(Association Française Ataxie de Friedreich) ou Alliance Maladies Rares, font régulièrement
appel à des conseillers en génétique pour être présents lors de leur manifestation, de manière à
informer des patients, des familles ou tout simplement le grand public. Cette commission a
pour but de créer des liens plus étroits avec les associations de malades pour améliorer
29
l’accompagnement des patients et de leur famille et de diffuser l’information aux
professionnels de santé. Lors de ces rencontres, il est régulièrement demandé aux conseillers
en génétique de présenter d’une part leur profession et d’autre part le conseil génétique de la
pathologie concernée. Nous pouvons préciser que la France est l’un des rares pays européens
à avoir créé une association pour ses professionnels. En effet, nous avions réalisé une étude
concernant « le profil professionnel des conseillers en génétique et des infirmières
spécialisées en génétique à travers 18 pays européens » dans laquelle cinq d’entre eux avaient
notifié l’existence d’une organisation professionnelle dans leur pays (réf.12).
En conclusion à ce chapitre, nous pouvons annoncer que la profession de conseiller en
génétique est aujourd’hui clairement définie de par les différentes réglementations
ministérielles et qu’elle a eu rapidement la reconnaissance d’une réelle profession de santé.
L’association française des conseillers en génétique a servi de porte-parole de ses membres,
étudiants et professionnels, auprès des différentes instances ministérielles, aussi bien le
Ministère de la Santé que celui de l’Éducation. Aujourd’hui, ces professionnels de santé
répondent à la forte augmentation du nombre de consultations de génétique médicale et
présentent les compétences requises et exigées par les différents rapports et textes de lois. Ils
doivent être membres à part entière d’une équipe pluridisciplinaire et être reconnus par les
autres professionnels de santé comme de véritables collaborateurs, parfois essentiels de par
leur expertise, comme le stipule le décret du 22 décembre 2006 concernant les Centres
Pluridisciplinaires de Diagnostic Prénatal (CPDPN).
II-6 Objectifs
La profession de conseiller en génétique a été récemment mise en place en France, et
rapidement encadrée par la législation. S’agissant d’une nouvelle profession de santé, sans
réel modèle pour la formation et l’exercice, nous avons souhaité faire un état des lieux général
concernant ce nouveau praticien. Par le biais de ce travail de thèse, nous proposons dans un
premier temps de réaliser la démographie des étudiants : qui sont-ils ? De quels horizons
proviennent-ils ? Avec quels bagages universitaires et/ou professionnels ?
Nous nous proposons également d’établir la démographie du professionnel : où exercent-ils ?
Pourquoi dans tel ou tel établissement ? Quel est leur statut et contrat d’embauche ? Quelle est
30
leur rémunération ? Nous tâcherons de cerner les missions et responsabilités qui peuvent leur
être accordées dans leur pratique et de voir quel type de consultation ils sont capables de gérer
en autonomie ? Après avoir vérifié si ces professionnels ont une situation homogène en ce qui
concerne le domaine de l’administratif (salaire, contrat, statut), nous vérifierons si leur
pratique est également similaire entre eux ou si cette dernière est dépendante de certains
facteurs que nous mettrons en avant.
La création d’une nouvelle profession, telle qu’elle soit, engendre nécessairement des
critiques de la part des futurs collaborateurs. Nous souhaitons ainsi observer le ressenti des
médecins généticiens sur ces conseillers en génétique. Comment leur arrivée a-t-elle été
perçue ? Quelle place donnent-ils aux conseillers ? Comment gèrent-ils cette nouvelle
collaboration ?
Au final, nous verrons la situation française à l’échelle européenne. Nous verrons de quelle
manière les conseillers en génétique d’autres pays, lorsqu’il y en a, exercent leur profession ?
Existe-t-il également une reconnaissance juridique de la profession et de sa formation ? Une
diversité dans la pratique est-elle notable ?
31
III- Démographie des Conseillers en Génétique en France
La profession de conseiller en génétique étant relativement récente, nous avons voulu ici
rédiger sa « carte d’étudiant » ainsi que sa « carte de professionnel ». Quelles sont les
conditions d’admissions au Master ? Qui sont les étudiants s’inscrivant dans ce nouveau
Master Professionnel et de quels horizons estudiantins ou professionnels proviennent-ils ?
Pour répondre à ces questions, nous nous sommes basés sur les données présentes sur le site
de la faculté de Médecine de Marseille et des différents rapports. Puis nous avons utilisés les
données de l’Association Française des Conseillers en Génétique afin de pouvoir dresser le
bilan démographique des étudiants en utilisant la base des inscrits à cette formation.
III-1 La démographie des étudiants
III-1.a Introduction
Les candidats au master sont tous diplômés au minimum d’une troisième année de Licence.
Chaque année, ce sont plus d’une soixantaine de postulants qui tentent de passer la
présélection sur dossier qui comprend : un curriculum vitae détaillé et dans lequel le candidat
doit apporter tout élément d’appréciation permettant d’établir l’entrée en Master 1 (voir en
Master 2 directement) ainsi que ceux permettant d’établir des équivalences de modules
(réf.29). Cette présélection a lieu généralement avant la fin du mois de juin. Une trentaine de
ces candidats est retenue en vue d’effectuer l’entretien avec les responsables du Master qui se
tient début juillet, à Marseille, et seulement entre 15 et 18 étudiants sont sélectionnés pour
suivre l’enseignement (réf.47). Cette formation est unique à ce jour en France et les étudiants
sont originaires de différentes régions, impliquant parfois déménagement et éloignement
familial. Parfois, ces étudiants sont déjà des professionnels de santé avec une certaine
expérience, ce sont leurs institutions qui font alors la demande de formation. Cela peut être le
cas de sages-femmes qui, pour certaines, vont intégrer les Centres Pluridisciplinaires de
Diagnostic Prénatal, comme le stipule le décret du 22 décembre 2006 avec « l’obligation de
ces derniers d’avoir dans leur équipe un conseiller en génétique » (réf.34).
32
La première année (année universitaire 2004-2005) on pouvait compter 4 étudiants inscrits en
M1 (Master 1ère année) et 8 étudiants inscrits directement en M2 (Master 2ème année). Le
Professeur Hagay Sobol estime le besoin de conseillers en génétique entre 600 et 1000 pour la
France (réf.21). Pour cela, il se base sur les données américaines de l’époque où pour une
population de 300.000.000 d’habitants, il existe 1.500 conseillers en génétique exerçant
essentiellement dans des services de génétique générale et pédiatrique. « En France, le besoin
est donc de 300 conseillers en génétique exerçant dans des services de génétique, auxquels il
faudrait ajouter entre 300 et 700 conseillers en génétique exerçant dans des services
d’oncogénétique, de génétique de l’adulte, dans le domaine de la médecine prédictive et/ou la
prise en charge des maladies multifactorielles (cardiovasculaire, nutrition, diabète et
endocrinologie...), ainsi que dans les services de maternité pour l’information sur les risques
durant la grossesse ».
III-1.b Méthodes
Nous nous proposons, en utilisant les données de l’Association Française des Conseillers en
Génétique, d’établir le bilan démographique des étudiants inscrits au Master Pathologie
Humaine, spécialité « conseil génétique et médecine prédictive » et de prévoir le nombre de
ces praticiens dans les années à venir. Pour cela, nous avons demandé à l’AFCG de bien
vouloir nous faire parvenir la liste des inscrits (document word) par année universitaire, et
depuis le début de sa création. Sur cette liste est précisé le nom et le prénom du candidat ainsi
que son niveau universitaire le plus élevé et/ou sa profession avant inscription. Il est notifié
également le poste occupé par les diplômés ainsi que la ville d’exercice. A partir de ces
documents, nous avons créé une base excel afin d’y répertorier tous ces éléments.
III-1.c Résultats
Depuis le début de la création du Master et prenant en compte l’année universitaire 20122013, on dénombre 134 inscriptions en M1, comprenant 3 abandons et 2 redoublements, soit
une moyenne de 15 étudiants par an [4-19]. Nous retiendrons donc 132 étudiants inscrits en
M1. Les abandons sont dus pour deux d’entre eux à des raisons d’ordre personnel. Pour le
troisième abandon, il s’agissait d’une inscription en formation continue dont le chef de service
n’a pas souhaité la poursuite de l’enseignement. Parmi ces 132 étudiants, 11 sont de sexe
33
masculin (8,33 %), soit un ratio de 1 étudiant pour 11 étudiantes. Concernant les inscriptions
en M2 direct ou à la suite de la validation du M1, elles sont au nombre de 141, avec
1 redoublement soit 140 étudiants. La moyenne par an pour les inscriptions en M2 est donc de
16 étudiants [8-21]. Parmi ces 140 étudiants, 12 sont de sexe masculin (8,57 %), soit un ratio
équivalent à celui calculé pour le M1 (Fig.1). En huit années d’existence, 122 étudiants ont
obtenu leur diplôme de Master Pathologie Humaine, spécialité « conseil en génétique et
médecine prédictive », ce qui signifie que 100 % des étudiants, inscrits dans ce programme et
ayant poursuivi ce dernier en intégralité, valident leur M2. L’année universitaire 2012-2013
étant en cours lors de la rédaction de ce manuscrit, nous sommes dans l’incapacité de fournir
un résultat sur le devenir des 140 étudiants inscrits en M2.
Figure 1 :
Représentation des étudiants inscrits en M1 et M2 en fonction des années universitaires
On retrouve deux catégories d’étudiants : ceux sortant directement d’un cursus universitaire
(70,69 %) et ceux ayant déjà une profession, l’exerçant ou non (29,31 %). Concernant les
étudiants intégrant le Master dans le cadre d’une poursuite d’études, nous notons des
diplômés d’une licence ou d’un Master (notamment les étudiants diplômés d’un Diplôme
34
d’Études Supérieures Spécialisées) en Sciences : biologie moléculaire et cellulaire, biochimie,
ressources génomiques et traitement informatique, physiologie, et voire un étudiant ayant
obtenu un diplôme en anthropologie. Pour les professionnels, il s’agit de sages-femmes,
d’infirmières, d’attachés de recherche clinique voire des docteurs en sciences. Ces données
sont issues de la base de l’Association Française des Conseillers en Génétique avec laquelle
nous avons collaboré pour réaliser une synthèse sur la démographie des étudiants concernés
par ce master. (Tab.1) (réf.29). Pour ce faire nous avons tenu compte des renseignements
obtenus auprès de 116 étudiants inscrits entre les années universitaires 2004-2005 et 20112012.
Tableau 1 :
Répartition des étudiants au Master pour les promotions 2005 à 2012 (n=116)
Cursus
Effectifs
Étudiants
70,69 %
Licence
33
Master
49
Professionnels
Dr.Sc
29,31 %
1
9
Sages-Femmes
8
Infirmières
6
2
A.R.C
6
Techniciens Laboratoire
4
Pharmacien
1
Pourcentage
1
2
Dr.Sc : Docteur en Sciences, A.R.C : Attachés de Recherche Clinique
Cette formation, pourtant ouverte aux kinésithérapeutes, dentistes, assistantes sociales et
médecins ne dénombre aucun de ces corps professionnels. On notera cependant l’inscription
en M1 d’un médecin originaire du Vietnam, mais ayant abandonné pour raisons personnelles,
et l’inscription en 2011-2012 d’une interne en oncologie.
La nouvelle réforme Licence-Master-Doctorat (LMD) a pour but de favoriser le choix de
modules optionnels par les étudiants. En janvier 2009, l’École Doctorale des Sciences de la
Vie et de la Santé, l’EDSVS 62 de Marseille, a intégrer le Doctorat de « conseil en
génétique ». Des dispositions particulières ont été prévues pour ceux qui désirent poursuivre
35
leur cursus en thèse d’université directement après le M2, sans être en poste, avec notamment
la possibilité de réaliser un stage de 5 à 6 mois (21 ECTS) dans un laboratoire de recherche
labellisé. Dans le cadre d’une formation continue, pour les conseillers en génétique en poste,
l’inscription en thèse est encouragée dans la mesure où les experts auditionnés en vue de la
rédaction des décrets d’application régissant la profession ont insisté sur la notion de veille
professionnelle. Ces nouveaux professionnels de santé, dans leur pratique courante seront
amenés à intégrer des options de recherche, il leur sera alors aisé de développer des projets de
recherche originaux en relation avec leur activité qui actuellement ne peuvent être mis en
place dans le cadre des autres formations (réf.47). Avec la création de ce Doctorat, cette
filière est la 1ère à intégrer un parcours LMD complet.
Aujourd’hui, ce sont 4 étudiants qui ont décidé de poursuivre leur formation par une thèse
« conseil en génétique » à l’EDSVS62. L’un conseiller en génétique, issu de la 1ère
promotion, diplômé dès 2005, ayant poursuivi une thèse de Science, avec un titre de conseiller
en génétique. Ce dernier étudiant, inscrit en septembre 2007 à l’école doctorale GC2ID de
l’Université Paris Diderot - Paris VII, avait comme sujet « l’estimation des risques de cancer
du sein et de l’ovaire des femmes sans mutation des gènes BRCA1 et BRCA2 : apport des
modèles de calcul de risque », et présenta son travail en septembre 2012. Il fit un travail
considérable, comparant les différents logiciels d’estimation des risques de cancer du sein et
de l’ovaire (BOADICEA, BRCAPRO, IBIS) utilisés par un grand nombre de praticiens en
oncogénétique. Il concluait sur le fait que ces modèles doivent être améliorés pour mieux
prédire car ce sont des outils indispensables pour la prise en charge des femmes chez
lesquelles il n’a pas pu être mis en évidence de mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2
(réf.49).
Une conseillère en génétique diplômée à Marseille en 2007 et exerçant à Genève (Suisse),
s’est inscrite en novembre 2009. Son sujet concerne les « prédispositions génétiques au cancer
du sein et des ovaires dans la population suisse entre 1996 et 2009 ». Elle se propose de
dresser le bilan de l’activité d’oncogénétique et du dépistage de mutations constitutionnelles
dans les gènes BRCA1 et BRCA2. Elle soutiendra sa thèse vers la fin de l’année 2013. Une
autre conseillère en génétique, diplômée en 2008, s’est inscrite en juillet 2010 et a présenté
son travail le 15 avril 2013. Le sujet pour lequel elle s’est investie concerne « l’élaboration
d’un outil pour l’évaluation et l’amélioration de la qualité de prise de décision lors des
comités pluridisciplinaires d’oncogénétique dans le cadre des prédispositions héréditaires au
36
cancer colorectal ». Pour terminer sur la poursuite d’étude, un autre sujet de thèse, concernant
ce mémoire, porte sur « l’insertion professionnelle et l’intégration des conseillers en
génétique » de manière à évaluer les nouvelles coopérations dans le domaine de la santé.
III-1.d Discussion
Concernant les étudiants, ceux étant sélectionnés pour suivre l’enseignement dispensé dans le
cadre de ce Master sont tous issus du domaine des Sciences de la santé et de la vie, soit par
leur cursus soit par leur domaine d’activité (Tab.1). La plus grande sélection restant tout de
même celle des étudiants issus d’un Master et représente 42,24 % des inscrits. Cette majorité
présente un cursus plus long et spécialisé dans un domaine des sciences que le candidat est
censé maîtriser. On note que la part des étudiants issus d’une Licence est équivalente à celle
des professionnels de santé.
On note que la réalisation d’une thèse à la suite de ce Master n’est pas encore une poursuite
fréquente, elle ne représente que 3,28 % (n=4) des étudiants diplômés, et il nous faut préciser
que 7,38 % (n=9) des inscrits au Master ont déjà un Doctorat. Nous nous sommes intéressés
aux raisons qui ont conduit ces étudiants à poursuivre en thèse. En fait, il s’agit de travaux de
recherches qui leur ont été confiés. Ils ont souhaité valoriser leurs recherches s’inscrivant
justement dans le cadre d’une thèse. Ils nous avouent, pour deux d’entre eux, avoir poursuivi
cette formation puisque la recherche fondamentale les a toujours intéressés et que leur sujet
s’intégrait parfaitement dans leur travail quotidien. Ils nous apprennent que la majeure
difficulté pour effectuer ce travail est le temps pour faire avancer leur projet. Nous devons
préciser que cette thèse s’effectue sur un temps personnel et non professionnel. Il leur a donc
fallu, en dehors de leur activité professionnelle, trouver le temps nécessaire pour parfaire leur
sujet, parfois même aux dépens de la vie familiale. En effet, ils se sont beaucoup laissé
rattraper par leur activité clinique quotidienne, engendrant le fait qu’il leur a été nécessaire,
pour deux de ces étudiants, de demander une dérogation pour une année supplémentaire, voire
deux. Lorsque nous leur demandons ce que cette thèse leur apporte, ils nous répondent que ce
travail leur a permis d’acquérir des compétences dans le domaine dans lequel ils se sont
investis. Le travail de rédaction, de synthèse et de recherche bibliographique leur ont
également amené d’autres connaissances indispensables pour leur exercice quotidien. Leur
37
souhait est que cela leur ouvrira peut-être d’autres portes dans le futur comme celle de
l’enseignement.
D’après Hagay Sobol, le nombre total de conseillers en génétique, en fonction de la
population française, est estimé entre 600 et 1000 (réf.21). Nous avons vu que 122 étudiants
ont été diplômés du Master 2 en huit ans, soit une moyenne de 15 diplômés par an [8-21].
Nous nous proposons de montrer l’évolution du nombre de conseillers en génétique des
promotions 2005 à 2012 (Fig.2) mais aussi une estimation de l’évolution des diplômés. On
s’aperçoit que le premier pallier des besoins estimés (600) serait atteint en 2044 et que le
second pallier (1000) serait atteint en 2070, ceci en considérant la sélection ainsi que la
validation du Master identiques à celles d’aujourd’hui (Fig.3) mais sans tenir compte des
possibilités de reconversions professionnelles et/ou des possibles départs à la retraite.
Figure 2 :
Représentation des diplômés de 2005 à 2012
38
Figure 3 :
Estimation du nombre de diplômés de 2012 à 2070
III-1.e Conclusion
Chaque année et de manière assez constante, une quinzaine d’étudiants sont admis pour cette
formation unique. Ces étudiants sont d’horizons différents mais ont tous des diplômes de
Sciences (Licence, Master, Doctorat). Lorsqu’il s’agit de professionnels, il s’agit de domaines
exclusivement en lien avec le domaine médical.
Cette formation étant unique aujourd’hui en France, et si le besoin de tant de conseillers en
génétique est justifié, il faut envisager la manière de pouvoir former autant de professionnels.
Il semblerait alors nécessaire d’augmenter le nombre d’étudiants par an et/ou d’ouvrir le
Master Pathologie Humaine mention « conseil génétique et médecine prédictive » dans
d’autres villes de France. Cependant, nous avons besoin de savoir si l’offre serait à l’équilibre
avec la demande. Nous nous proposons alors dans le chapitre suivant d’étudier la
démographie des conseillers en génétique en poste.
39
III-2 La démographie des professionnels
III-2.a Introduction
La profession de conseiller en génétique en France étant récente et de manière à
cerner la réalité d’exercice de ces nouveaux professionnels de santé et de vérifier si leur
pratique est dans les normes édictées par la législation, nous avons mené une étude nationale
sur les statuts des conseillers en génétique, leur pratique ainsi que les responsabilités qui leur
sont confiées. Nous avons également voulu voir dans quels domaines ils préfèrent exercer leur
profession et pour quelles raisons ? Comment ces conseillers en génétique sont-ils recrutés ?
Sur quelle grille salariale ? Avec quel statut ? Avec quel type de contrat d’embauche ?
III-2.b Méthodes
Pour être capable de répondre à ces questions, nous nous sommes basés sur les
données de l’Association Française des Conseillers en Génétique (AFCG) et avons pu établir
la démographie de ces derniers. En parallèle, nous avons adressé une invitation à participer à
une étude (Annexe 15) accompagnée d’un questionnaire (Annexe 16) comprenant divers
items tels que :
 des données administratives qui ont été anonymisées
- nom
- prénom
- année d’obtention du diplôme
- ville d’exercice
- domaine d’activité/spécialité
 leur contrat
- employeur
- statut
- salaire
- type de contrat
40
 leur activité
- consultation en solo
- consultation en binôme
- tâches administratives
- détail de l’activité et responsabilité
Ce questionnaire a été adressé en septembre 2011 à tous les conseillers en génétique, en poste
ou non, et couvrant donc les diplômés des promotions 2005 à 2011. Trois de ces conseillers
en génétique ont été exclus de cette étude car exerçant leur activité à l’étranger (Suisse n=2,
Canada n=1). De ce fait, l’invitation a été adressée à 105 professionnels et nous avons
réceptionné, soit par retour de mail soit par courrier postal, 60 réponses (57,14 %). Les nonretours sont liés à des erreurs d’adresse mail, le souhait des conseillers en génétique de ne pas
vouloir participer à l’étude, le manque de temps, le fait d’être sans poste et que certains
d’entre eux ont changé de carrière et que nous sommes sans nouvelle de leur part. Notons que
cette étude n’était pas anonyme au moment du retour du questionnaire, ce qui a certainement
engendré le souhait de ne pas participer.
III-2.c Résultats
Dans un premier temps, et en se basant sur les données de l’AFCG, nous nous sommes
intéressés au choix du domaine d’exercice de ces professionnels de santé : génétique
médicale, oncogénétique, et
génétique mixte (Fig.4 ; Fig.5). Dans le terme génétique
médicale sont regroupés les conseillers en génétique exerçant leur activité dans des services
de génétique médicale mais également ceux exerçant dans les centres pluridisciplinaires de
diagnostic prénatal, dans le domaine du diagnostic préimplantatoire, ainsi que ceux travaillant
dans des centres de références (syndrome de Prader-Willy ou syndrome de Marfan par
exemple). Les conseillers exerçant aussi bien dans des services de génétique offrant des
consultations de génétique médicale et des consultations d’oncogénétique sont classés dans le
domaine « génétique mixte ».
On constate que parmi les 122 diplômés du Master Pathologie Humaine, spécialité « conseil
génétique et médecine prédictive », 94 d’entre eux ont un poste de conseiller en génétique
(77 %), 14 exercent une autre activité telle qu’infirmière, sage-femme, attaché de recherche
41
clinique voire même conseillère en logiciel de génétique (11,50 %). 8 ont changé
d’orientation (école d’infirmière, comédienne, poursuite en thèse) ou exercent leur premier
métier (pharmacien, docteur es science en laboratoire) (6,50 %), et 6 sont aujourd’hui sans
poste : mère au foyer ou à la recherche d’un poste (5 %). On constate également qu’il n’y a
pas de différence significative entre le choix d’exercer en génétique médicale ou en
oncogénétique (Fig.5).
Figure 4 :
Domaines d’exercice des conseillers en génétique pour les promotions 2005 à 2012 (n=122)
17
19
21
15
12
8
16
14
12 nombre de diplômés
En considérant le nombre de ces professionnels en poste (n=94), 43,6 % (n=41) exercent dans
des services de génétique médicale, 38,3 % (n=36) dans des services d’oncogénétique, et
18,1 % (n=17) sont employés dans des services alliant génétique médicale et oncogénétique.
Comme nous l’avons vu, nous avons intégré dans l’item génétique médicale, le diagnostic
prénatal, le diagnostic préimplantatoire et les centres de références. Certains de ces
professionnels exercent différentes activités, en effet, ils peuvent avoir différents contrats ou
vacations leur permettant d’endosser divers rôles. Prenons l’exemple de certaines sagesfemmes qui exercent leur profession de sages-femmes d’une part, mais qui grâce à l’obtention
de leur diplôme de conseiller en génétique peuvent intégrer, comme le stipule le décret du
22 décembre 2006, les centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal. Nous noterons que
42
parmi les 41 professionnels de génétique médicale, 19 ont une activité dans ces CPDPN parmi
les 48 existants (réf.36), parfois en parallèle de leur activité principale, 2 sont recrutés dans
des centres de diagnostic préimplantatoire (Paris et Strasbourg) et 9 dans des centres de
références, parmi les 131 centres d’expertise labellisés (réf.50), dont :
 2 au centre de référence du syndrome de Marfan (Paris),
 1 au centre de référence du syndrome de Prader-Willy (Hendaye),
 1 au centre de référence des maladies vasculaires (Paris),
 1 au centre des Affectations Rares en Génétique Ophtalmologique
(Strasbourg),
 3 dans des centres des anomalies du développement et des syndromes
malformatifs (Marseille, Clermont-Ferrand, Strasbourg),
 1 dans le centre de recherche sur la surdité (Paris).
Figure 5 :
Cumul des postes professionnels des conseillers en génétique pour les promotions 2005 à 2012 (n=122)
122
108
89
73
58
41
20 nombres de diplômes
20
8
43
Au 1er janvier 2012, on dénombre 216 médecins enregistrés à l’Ordre National des Médecins
comme étant qualifiés en génétique (réf.51). Avec une population française de 66 millions
d’habitants, on obtient un ratio de 3,27 médecins généticiens par million d’habitants. D’après
le site Orphanet, il y aurait 259 sites de consultations de « conseil génétique » répertoriés
(réf.52). Ce chiffre est majoré car certains médecins généticiens ont des consultations dites
avancées (sur d’autres sites) ou bien car certains médecins sont spécialisés dans différentes
pathologies.
La rubrique « répertoire des professionnels » du site Orphanet permet de trouver aisément un
médecin généticien ou une consultation de génétique, ceci à partir de son nom ou de sa ville
d’exercice. Concernant les conseillers en génétique, outre la base de données tenue à jour par
l’AFCG et son site web, il n’existe pas de système de recensement. La démographie de ces
professionnels de santé (Fig.6), est basée sur les données de l’AFCG.
Aujourd’hui on dénombre 90 conseillers en génétique en poste dans 35 villes françaises, ce
qui donne un ratio de 1,36 conseiller en génétique par million d’habitants. En effet,
2 conseillers en génétique sont partis exercés leur profession au Canada (Montréal) et 2 autres
en Suisse (Genève).
On constate que 28,9 % (n=26) des conseillers en génétique exercent leur activité
professionnelle dans la région Ile-de-France (Fig.6). Avec une population d’environ
12 millions d’habitants, la région parisienne présente un ratio de 5,7 médecins généticiens par
million d’habitants ainsi qu’un ratio de 2,18 conseillers en génétique par million d’habitants,
ce qui est supérieur au ratio moyen (réf.51). En effet, on y note 19 hôpitaux offrant
134 consultations de génétiques dans 55 services de génétique médicales (Réf.53). La ville de
Marseille présente la seconde concentration de ces professionnels de santé avec 8.9 % (n=8)
de conseillers en génétique, suivi des villes de Strasbourg, Lille, Nantes et Lyon avec 4.4 %
(n=4). De manière générale, on note 0,42 conseiller en génétique par médecin qualifié en
génétique (Annexe 17). Nous rappelons ici que les conseillers en génétique ne peuvent
exercer que sous la responsabilité et délégation d’un médecin qualifié en génétique.
44
Figure 6 :
Démographie des conseillers en génétique (CG) (2012)
1 CG
2-4 CG
> 4 CG
Seules les régions de la Basse-Normandie, de la Corse et de la Lorraine, ne comptabilisent pas
de conseillers en génétique. Concernant la Corse, ce sont des médecins de la ville de Marseille
qui réalisent
ces consultations dites « avancées » (réf.54). Il est recensé 4 médecins
généticiens en Lorraine, couvrant ainsi une population de plus de 2 millions d’habitants, soit
un ratio de l’ordre de 1,69 généticiens par million d’habitants, pourtant aucun conseiller en
génétique n’exerce sa profession dans cette région. Concernant la Basse-Normandie, il y avait
un conseiller en génétique exerçant dans la ville de Caen mais ce dernier a changé de poste, et
de région.
45
Tableau 2 :
Démographie des conseillers en génétique par rapport aux généticiens par région (2012)
Le phénomène de « turn-over » concerne 17,7 % (n=16) des conseillers en génétique (Fig.7).
Nous avons pris contact avec ces professionnels de santé afin de comprendre les raisons de ce
changement professionnel. Il s’agit soit de raisons personnelles, soit de raisons
professionnelles, soit d’une combinaison des deux.
Concernant les raisons personnelles, on retrouve dans 36,3 % (n=4) des raisons d’ordre
géographique (climat et conditions de vie), et dans 72,7 % (n=8) des raisons d’ordre familial
(rapprochement de conjoint ou de parents).
Les raisons professionnelles ayant engendré les départs sont liées à un motif de contrat à
durée déterminée et de salaire dans 18,2 % (n=2) des cas, du peu de responsabilités confiées
aux conseillers en génétique dans 36,3 % (n=4), de la non-entente avec son médecin
généticien référent dans 18,2 % (n=2) et d’un besoin de découverte dans un autre domaine du
conseil génétique dans 36,3 % (n=4) des cas.
46
Nous pouvons également expliquer le phénomène de « turn-over » par le fait que certains
étudiants se sont vu proposer un poste lors de la réalisation d’un stage et qu’ils ont accepté ce
dernier dans l’attente de la création d’un poste dans leur ville ou région d’origine.
De même, certains professionnels à la recherche d’un poste, ont candidaté dans un service
dans l’optique de s’assurer une carrière, et l’ont quitté dès la parution d’un poste les
rapprochant géographiquement de leur famille. Il est à noter que parmi 11 conseillers en
génétique, 54,5 % (n=6) ont connu en moyenne une perte de salaire de 391 €/mois [200-600]
ainsi que le bénéfice d’un contrat à durée indéterminée.
Figure 7 :
« Turn-over » des conseillers en génétique
47
Qu’en est-il de leur statut ? De leur contrat ? Et de leur rémunération ? Lors du second Plan
National Maladies Rares de 2011-2014 (réf.55), on pouvait lire que « l’absence de statut pour
la plupart de ces métiers pour lesquels des postes sont cependant créés et financés conduit à
leur placement par les hôpitaux sur des grilles diverses, et des emplois contractuels. Diversité
des statuts et des rémunérations, emplois précaires, illustrent l’absence de reconnaissance et
sont des agents puissants de démotivation. Il est nécessaire de répertorier les nouveaux
métiers et de les identifier pour offrir des perspectives statutaires. Il faut notamment
reconnaître et développer les métiers de conseiller en génétique (et de coordinateur de
soins) ». Nous avons donc mené une étude nationale pour confirmer cette diversité des statuts
et des rémunérations entre conseillers en génétique mais avons également profité du
questionnaire pour étudier les responsabilités qui leur sont confiées. Cette dernière partie sera
détaillée dans le chapitre « Vision du conseiller en génétique sur sa pratique »
90 % de ces professionnels de santé interrogés dans l’étude nationale des conseillers en
génétique (n=54/60) exercent dans un établissement public alors que 10 % (n=6) travaillent
dans un Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC). 43,3 % (n=26) ont un contrat à durée
indéterminée, dont 5 % (n=3) sont titulaires et 28,3 % (n=17) ont signés un contrat à durée
déterminée (12 n’ont pas répondu à cette question) (Fig.8).
Figure 8 :
Statuts des conseillers en génétique
48
Les établissements recrutant des conseillers en génétique ont tendance à proposer un statut
d’ingénieur dans 64,4 % (n=29/60). Aucun statut d’ingénieur n’est proposé dans les CLCC
mais plutôt des statuts de techniciens (n=3) ou de cadre (n=2) et proposent cependant un
contrat à durée indéterminée plus fréquemment (n=6). Par contre, certains conseillers en
génétique cumulent les CDD, parfois renouveler plus de 5 fois. Seul un professionnel de
santé (2,22 %) a un statut de conseiller en génétique. Ce dernier, diplômé en 2008, exerce
dans un établissement public à temps complet et s’est vu offrir, après plusieurs contrats à
durée déterminée en tant que chargé de missions, un poste en contrat à durée indéterminée. Ce
titre de conseiller en génétique est basé sur la grille salariale des ingénieurs hospitaliers.
A propos du salaire mensuel moyen des conseillers en génétique (Fig.9a ; Fig.9b), ayant
répondu à cette question dans l’étude (n=46/60), ce dernier est de 2001,21 €/mois [14563400], le salaire médian lui est de 1914,50 €/mois. D’un point de vue statistique, l’écart-type
calculé est de 339,85 € pour un coefficient de variation de 17 %. Ces résultats mettent bien en
évidence la diversité des salaires de ces professionnels de santé.
Figure 9a :
Répartition des salaires des conseillers en génétique (€/mois)
49
Dans les Centres de Lutte Contre le Cancer, cette moyenne est de 2023,35 €/mois [17662300] et dans les établissements publics elle s’élève à 1998,53 €/mois [1456-3400], ce qui
semble être quasi-équivalent et n’étant donc pas une raison de postuler dans l’un ou l’autre
type d’établissement. On admettra que le salaire mensuel moyen des conseillers en génétique
est surestimé du fait du professionnel ayant un statut d’ingénieur hospitalier en chef de classe
exceptionnelle dont le salaire net est de 3400 €/mois. Cette donnée majore donc la moyenne.
Figure 9b :
Salaires des conseillers en génétique (€/mois)
III-2.d Discussion
L’orientation vers un poste en génétique médicale ou oncologique est assez homogène,
cependant les diplômés de l’année universitaire 2008-2009, ont été recrutés préférentiellement
dans des services de génétique oncologique ; cela s’explique certainement par la mise en
place du plan Cancer 2009-2013. En effet, ces aides « financières » ont permis la création de
poste qui se sont vu pour la plupart se pérenniser.
Nous pouvons préciser que certains de ces postes en génétique médicale sont directement dus
à la mise en place du « Plan National Maladies Rares 2005-2008 » (réf.50) en réponse à la loi
de la santé publique du 9 août 2004. Les maladies rares ont été retenues comme l’une des cinq
50
priorités de cette loi. Le but de ce plan étant d’assurer l’équité pour l’accès au diagnostic, au
traitement et à la prise en charge. On retrouve dans la 4ème stratégie de ce plan, intitulée
« former les professionnels de santé à mieux identifier les maladies rares », un paragraphe sur
la formation des conseillers en génétique, incluant les notions d’annonce de diagnostic, de
prise en charge, et d’accompagnement du malade et de sa famille. Le 6ème objectif de ce
plan, « améliorer l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge », est la mise en place de
131 centres de références pluridisciplinaires pour des maladies rares. Ces centres d’expertise
sont donc pour certains susceptibles d’utiliser une partie de leur subvention d’État pour créer
un poste de conseiller en génétique, ou un demi-poste, venant compléter ainsi l’équipe
pluridisciplinaire mise en place. Un autre plan, concernant cette fois les postes dans le
domaine de l’oncogénétique, le plan Cancer 2009-2013 (réf.56) a également permis la
création de certains postes. En effet, dans la mission 23 de ce plan : « développer des prises en
charges spécifiques pour les personnes atteintes de cancers rares ou porteuses de
prédispositions génétiques », la partie 23.3 concerne le « suivi des personnes à risque
génétique ». Dans cette mission, les moyens des consultations d’oncogénétique doivent être
renforcés pour leur permettre de répondre à l’augmentation attendue de 50 % de leur activité
dans les 5 ans. Il est alors lancé un appel à projet (DHOS/INCa) pour le développement de
l’activité d’oncogénétique, évoquant le fait d’expérimenter des structures pilotes de
coordination de suivi des personnes porteuses de prédispositions génétiques puis d’étendre ce
projet au niveau national (2013). Aujourd’hui, on note 117 sites de consultations
d’oncogénétique, dépendant de 48 établissements répartis dans 76 villes (réf.57).
Concernant le statut proposé à ces professionnels de santé, il varie de technicien supérieur à
ingénieur hospitalier en chef de classe exceptionnelle en passant par agent de maîtrise ou
chargé de missions. Avec le même diplôme, tous les conseillers en génétique n’ont pas le
même statut au sein de l’établissement qui les emploie. Il n’existe aujourd’hui aucune
réglementation à ce propos. Certains conseillers en génétique sont positionnés dans des grilles
de catégorie A (ingénieur, cadre) alors que d’autres sont dans des grilles de catégories B
(technicien). L’ancienneté du professionnel peut être prise en compte, lui proposant de ce fait,
une rémunération plus convenable. À titre d’exemple, le conseiller en génétique embauché en
tant qu’ingénieur hospitalier en chef de classe exceptionnelle a une ancienneté dans son
établissement de 18 ans en tant que docteur es Science et a donc gravi ses échelons en
fonction de l’ancienneté.
51
L’évolution de carrière et la rémunération des techniciens supérieurs sont restreintes (réf.58)
(Tab.3). Ces techniciens supérieurs peuvent changer de statut suite à l’échelonnement et
prétendre en fin de carrière à la grille des techniciens supérieur hospitalier de 1ère classe
(11 échelons) avec un salaire base de 2551,24 €/mois brut. Concernant les conseillers en
génétique recrutés en tant qu’ingénieurs hospitaliers, ces derniers peuvent évoluer également
par échelonnement en passant par le statut d’ingénieur hospitalier principal, d’ingénieur
hospitalier en chef de classe normale et pour finir leur carrière en tant qu’ingénieur hospitalier
en chef de classe exceptionnelle (7 échelons) avec un salaire de base de 4874,42 €/mois brut.
Les conseillers en génétique doivent défendre leur statut, ceci en l’absence de réglementation.
De manière générale, il est recommandé aux conseillers en génétique qui postulent, de
demander un statut équivalent au minimum à celui des ingénieurs hospitaliers et d’obtenir la
signature d’un contrat à durée indéterminée dans les trois années à venir.
Tableau 3 :
Grilles indiciaires des techniciens supérieurs Vs ingénieurs hospitaliers
Technicien supérieur
Ingénieur hospitalier
III-2.e Conclusion
En étudiant la démographie de ces professionnels de santé, nous nous apercevons qu’il existe
une répartition assez homogène entre les différents domaines d’exercice (médical ou
oncogénétique) et que peu de diplômés s’avèrent être sans poste. Cependant, nous remarquons
que seulement 9 centres labellisés ont recrutés un conseiller en génétique sur les
52
131 référencés. Ceci pose alors la question de savoir pour quelles raisons tous ces centres ne
sont pas équipés ou ne prévoient pas d’être équipés d’un conseiller en génétique ?
Concernant la répartition géographique des conseillers en génétique, celle-ci est également
homogène, avec tout de même une grande majorité de professionnels en Ile-de-France. A
noter cependant un désert de conseiller en génétique pour les régions Basse-Normandie et
Lorraine alors que ces deux régions, contrairement à la Corse, sont pourvues de médecins
qualifiés en génétique.
Au vue des différents décrets (Loi sur le CPDPN) et des différents plans mis en place (Cancer
et Maladies rares), nous pouvons penser que le nombre de postes de conseiller en génétique
va augmenter de façon considérable, notamment avec l’arrivée des nouvelles technologies de
séquençage. Nous verrons dans un autre chapitre que le domaine d’activité ne dépend pas
toujours du choix du professionnel de santé mais de l’offre de poste disponible.
L’Association Française des Conseillers en Génétique tend aujourd’hui à rendre homogène le
recrutement des conseillers en génétique. Au cours de ces différentes réunions avec le
Ministère de la Santé, elle demande que tous soient recrutés sur la même grille indiciaire des
ingénieurs hospitaliers, en attendant peut-être un jour la création d’une grille propre aux
conseillers en génétique.
53
54
55
56
57
58
IV– La vision du Conseiller en génétique sur sa pratique
IV-1 Introduction
La majorité des conseillers en génétique exercent leur activité dans des établissements publics
et principalement dans des services de génétique médicale. Certains pratiquent leur activités
dans les domaines de l’oncogénétique, la cardiogénétique, la neurogénétique ou encore
l’ophtalmogénétique. Nous avons pu voir que plusieurs lois et décrets encadrent la formation
de ces conseillers en génétique ainsi que la profession, mais rien ne règlemente la manière
dont ces derniers exercent leur activité au sein de l’équipe pluridisciplinaire dans laquelle ils
pratiquent ou alors les tâches et missions qui leur sont accordées. Leur rôle semble alors
dépendant du ou des médecins généticiens avec lesquels ils collaborent. Nous nous sommes
intéressés dans cette partie à leur activité professionnelle. Que sont en droit de faire ces
professionnels de santé ? Existe-t-il, au même titre que leur statut ou rémunération, une
diversité dans leur pratique ? Quelle est la place du conseiller en génétique par rapport à celle
du médecin généticien ? Dans une étude européenne récente portant sur la pratique des
conseillers en génétique, où la participation des Français était de 16,3 % (n=35), il est montré
que ces professionnels de santé exercent de manière assez autonome (réf.31). En tenant
compte des réponses retournées via l’étude nationale que nous avons menée, nous allons
présenter les missions confiées aux conseillers en génétique et tenter de préciser leur rôle dans
les équipes pluridisciplinaires. Nous nous proposons donc de détailler les tâches qui leur sont
confiées de manière à dresser le profil général du conseiller en génétique.
IV-2 Méthodes
Nous avons demandé aux participants de l’étude de nous préciser les tâches quotidiennes
qu’ils effectuent au sein de leur service. Pour ce faire, nous leur avons proposé des items par
le biais de questions fermées avec possibilité de commenter leurs réponses s’ils le désiraient.
Ces questions concernent aussi bien les tâches administratives dont ils ont la charge que la
manière dont ils participent aux consultations. Concernant les questions sur les consultations
nous nous sommes intéressés à leur implication, à savoir s’ils peuvent consulter seul et si oui
dans quel cas.
59
IV-3 Résultats
Soixante des conseillers en génétique, sur les 105 invités, ont bien voulu répondre à ces
questions. Il leur a été demandé de nous indiquer si ils accomplissent dans leur quotidien de
conseillers en génétique des tâches administratives, si ils saisissent des données dans les bases
de données propres ou non à leur service, si ils participent à de l’enseignement (en tant
qu’intervenant) ou à des formations (en tant qu’étudiant), si ils participent aux réunions de
service et si ils ont en charge l’organisation du parcours de soin des patients. Les résultats sont
présentés dans les figures 10 et 11. Nous nous sommes aussi intéressés aux différents types de
consultations auxquelles ils peuvent assister activement ou passivement (le détail de cette
partie sera présenté dans un second temps).
Figure 10 :
Tâches effectuées par les conseillers en génétique
NR : Non Renseigné

Tâches administratives
83,33 % (n=50) des conseillers en génétique réalisent quotidiennement des tâches d’ordre
administratif. Ces dernières comprennent la réception téléphonique avec parfois la prise de
rendez-vous, l’envoi de documents au patient tels que des questionnaires familiaux ou le
rappel de rendez-vous. Ils ont donc, pour certains, la charge de la gestion de l’agenda des
60
consultations. Ces tâches généralement gérées par des secrétaires se voient également
confiées aux conseillers en génétique et ceci de manière plus fréquente, et même en présence
de ces secrétaires. Ils se chargent de la gestion des dossiers qu’ils préparent en vue de réaliser
la consultation : demande et réception d’informations médicales, demande et réception des
autorisations d’accès aux dossiers médicaux d’apparentés, réception de résultats d’analyses
génétiques et prise en charge du dossier. Nous apprenons aussi que certains conseillers en
génétique saisissent eux-mêmes le courrier de manière à ne pas surcharger le secrétariat. Il
apparaît donc un transfert de tâches de secrétaires à conseillers en génétique. Le transfert de
tâches dont il était question dans le rapport du Professeur Yvon Berland, concernait celui de
médecins à conseillers en génétique et non celui de secrétaires à conseillers en génétique.
Cette remarque fut souvent citée par les participants à l’étude (n=28) dans la partie
« remarques sur le métier ». Certains disent avoir du mal à comprendre leur place entre
« super-secrétaires » et « internes ». Les conseillers en génétique semblent avoir une grande
responsabilité dans la logistique et dans l’organisation du service dans lequel ils travaillent.

Bases de données
Les conseillers en génétique se voient également confier la responsabilité de réaliser les bilans
d’activité des consultations, et parfois, lorsqu’ils sont dans une structure alliant consultations
et laboratoire, le bilan d’activité du laboratoire. Ils se doivent alors de tenir à jour la base de
données de la consultation et/ou du laboratoire. Certains exerçant en génétique médicale et
dont le service est centre de référence « Anomalies du développement et syndromes
malformatifs » ou membre du projet CEMARA, doivent également incrémenter la base
CEMARA (Centre Maladies Rares) (réf.59). Ce projet contribue à l’élaboration et à
l’évaluation des stratégies sanitaires visant à améliorer la prise en charge des maladies. 75 %
(n=45) des conseillers en génétique consacrent un certain temps dans la saisie de données
dans les bases internes au service ou externes à ce dernier. Ils ont aussi parfois, pour ceux
exerçant dans un service d’oncogénétique, la tenue à jour des bases de données et de relances
des patients inclus dans des protocoles ou projets de recherche tels que Genepso, Genesis,
LifScreen, Genecan ou Liber. On s’aperçoit donc qu’ils ont une activité, dans ce cas,
d’attachés de recherches cliniques et que leur participation n’est pas souvent reconnue et/ou
notifiée car les investigateurs de ces protocoles ou projets de recherches sont généralement les
médecins.
61

Enseignement et Formation
On note que 35 % (n=21) des conseillers en génétique prennent part à l’enseignement de
personnels médicaux, paramédicaux et non médicaux, mais aussi à des étudiants en faculté de
médecine ou en école d’infirmière. Certains d’entre eux enseignent dans le cadre du Master
Pathologie Humaine, spécialité « conseil en génétique », notamment dans les modules de
génétique formelle, des aspects éthiques et législatifs en génétique médicale, d’oncogénétique
et de la relation « soignés/professionnels ». Certains sont amenés à intervenir dans le cadre de
la formation de sages-femmes, d’infirmières, de psychologues ou de puéricultrices avec un
enseignement sur l’introduction à la génétique. Une conseillère en génétique a également
donné un enseignement sur les « maladies rares et pratiques médicales » en faculté de
médecine et un enseignement sur les tests génétiques à l’École Pratique des Hautes Études.
Il leur est également permis de suivre des formations telle que le Diplôme Universitaire de
fœtopathologie (n=1), ou la participation aux « Journées Nationales des Conseillers en
Génétique » basées sur la communication et l’utilisation de jeux de rôle. 53,33 % (n=32) de
ces professionnels de santé tentent donc d’améliorer leur pratique et d’approfondir leurs
connaissances en participant à des formations d’une part mais aussi à des congrès nationaux,
européens, ou internationaux d’autre part.

Participation aux réunions
La quasi majorité des conseillers en génétique participent activement aux réunions de service
(n=55). Ces réunions peuvent être composées de deux parties : l’une traitant de l’organisation
du service, l’autre de dossiers cliniques. Dans ce dernier cas, ils présentent les dossiers de
patients qu’ils ont vus eux-mêmes, mais aussi, dans certains cas, les dossiers de patients qu’ils
n’ont pas rencontrés. Lors de ces réunions vont être dictées les différentes analyses génétiques
à investiguer, les prises en charge à mettre en place, les différentes informations à
documenter, ceci avec l’expertise mutualisée des médecins et des conseillers en génétique.
62
En fonction du domaine dans lequel ils exercent leur activité, ils participent aussi à d’autres
réunions dites de concertations pluridisciplinaires pour y apporter leur expertise :
o Domaine de la génétique médicale
Les conseillers en génétique dont le service est affilié au Centre Pluridisciplinaire de
Diagnostic Prénatal peuvent être amenés à discuter des dossiers de patients. Leur place au sein
de ces structures est régie par le décret du 22 décembre 2006. En tant que membres des
CPDPN, ils ont pour missions d’aider les équipes médicales et les couples dans l’analyse, la
prise de décision, et le suivi de grossesse, lorsqu’une malformation ou une anomalie fœtale est
détectée ou suspectée et lorsqu’une transmission héréditaire de maladie dans une famille
amène à envisager un diagnostic prénatal ou préimplantatoire (réf.59). Plusieurs pathologies
peuvent être à l’origine d’une demande de diagnostic préimplantatoire. Le conseiller en
génétique se doit alors d’avoir les connaissances et compétences aussi bien dans le domaine
de la génétique médicale (neurologie par exemple) que dans celui de l’oncogénétique afin d’y
apporter son expertise.
o Domaine de l’oncogénétique
Dans ce domaine, les conseillers en génétique sont, pour certains, conviés à assister à
différentes réunions de concertations pluridisciplinaires de spécialités. En effet, ils peuvent
être présents dans les RCP de sénologie et/ou de gastro-entérologie, de manière à orienter
certains des patients en consultations de génétique oncologique. Il a été mis en place, dans
certains établissements, des RCP de chirurgie prophylactique dans lesquelles les conseillers
en génétique présentent les dossiers de patients qui ont un haut risque de développer des
cancers. Pour ce faire, les conseiller en génétique évaluent le dossier familial du patient,
effectuent des calculs de risque (de développer un cancer) et proposent en fonction de ceux-ci
une prise en charge adaptée.
Les conseillers en génétique sont donc relativement présents dans les réunions, internes ou
non à leur service, de manière à apporter leur expertise. Ils semblent donc être considérés
comme de réels collaborateurs et professionnels de santé, dont l’avis est pris en compte lors
de réunions de recours.
63

Organisation d’un parcours de soin
On entend par « parcours de soin » les démarches occasionnées à la suite d’une prise en
charge à mettre en place ou à l’organisation d’expédition de prélèvements en vue d’initier des
analyses génétiques. 73,33 % des conseillers en génétique (n=44) apparaissent comme
impliqués dans cette organisation. En effet, il peut leur être demandé d’orienter les patients
vers d’autres disciplines (neurologie, dermatologie, ophtalmologie), mais aussi d’organiser un
rendez-vous en vue de réaliser des examens complémentaires (scanners, IRM, échographies).
A la suite d’une consultation, il est parfois proposé aux consultants de réaliser une analyse
génétique. Dans ce cas, il convient de rechercher le laboratoire offrant cette analyse, de
demander à ce dernier le protocole nécessaire en vue de réaliser l’analyse (fiche clinique,
conditions de prélèvement et d’acheminement) et de mener à bien l’expédition dudit
prélèvement. Il convient aussi de vérifier que tous les documents sont joints à la demande
d’analyse (arbre généalogique, fiche clinique, examens complémentaires, consentement libre
et éclairé, demande d’analyse et ordonnance) et de s’assurer de la bonne réception de ce
dernier.
Pour conclure cette partie sur l’activité globale des conseillers en génétique, certains nous ont
fait part de leur implication dans le domaine associatif. En dehors de l’Association Française
des Conseillers en Génétique, certains sont en relation avec différentes associations de
malades comme VHL France ou des organismes tels qu’Alliance Maladies Rares ou les
Espaces de Rencontres et d’Informations (ERI) en cancérologie. Dans ce domaine associatif,
le rôle du conseiller en génétique est de présenter son métier d’une part mais aussi de
présenter le conseil génétique dont peuvent bénéficier les patients et leur famille.
Ces conseillers en génétique ayant une mission d’informations, nous nous sommes intéressés
au rôle qu’ils occupent au sein des consultations de génétique, à savoir s’ils peuvent réaliser
des consultations en solo, en binôme vrai et/ou en binôme relais (Fig.11a ; Fig.11b). Nous
entendons par « binôme vrai » les consultations qui se déroulent totalement en présence d’un
médecin et d’un conseiller en génétique, et par « binôme relais » celles où le patient est vu par
le conseiller en génétique dans un premier temps puis par le médecin dans un second temps.
64
Figure 11a :
Types de consultations réalisées par les conseillers en génétique
Figure 11b :
Répartition des consultations réalisées par les conseillers en génétique
D’après les données colligées 61,67 % (n=37) de ces professionnels réalisent seuls des
consultations de génétique, concernant aussi bien des consultations initiales de cas index que
d’apparentés. Il peut arriver en fonction de la complexité du dossier ou d’une motivation
personnelle du généticien, que la consultation soit réalisée en binôme « vrai ». Cela semble
être moins fréquent mais concerne 35 % (n=21) des conseillers en génétique. Il existe un autre
mode de pratique, celui des consultations dites en binôme « relais » et dont 43, 33% (n=26)
65
des conseillers en génétique semblent être concernés. Nous précisons ici qu’un même
conseiller en génétique peut réaliser ces trois types de consultations. Nous verrons la place de
ces conseillers en génétique lors des consultations en binôme « vrai » et le déroulement des
consultations en binôme relais. Nous y aborderons l’exercice propre de ces professionnels lors
des consultations, de la prise en charge du patient et de la gestion du dossier.
Comme nous l’avons vu, les conseillers en génétique occupent une certaine place dans
l’organisation et la gestion des services de génétique. Nous souhaitons, dans cette partie,
détailler l’activité de consultation des conseillers en génétique, une des missions pour laquelle
ils ont été formés. Quelle est leur place dans la consultation de génétique ? Quelles sont les
responsabilités qui leur sont confiées dans la prise en charge du patient ? Pour répondre à ces
questions, nous allons nous basés sur les résultats de l’étude nationale que nous avons mise en
place sur la pratique des conseillers en génétique (Tab.4), et confronter nos résultats à celle
réalisée à l’échelle européenne (réf.31).

« L’avant » consultation
Lorsqu’un rendez-vous est fixé avec un patient, il est nécessaire, de manière à obtenir un
maximum de renseignements, de colliger des données sur le dossier du patient, et de sa
famille. Il s’agit, en fonction du domaine de consultation (oncogénétique, médicale,…), de
récupérer tous types de documents pouvant orienter au mieux le diagnostic génétique. Cela
peut concerner des comptes-rendus opératoires et/ou anatomo-pathologiques, des comptesrendus de consultation, des résultats de scanner, de radiographie et/ou d’IRM, et lorsqu’une
anomalie génétique ou chromosomique a été identifiée dans la famille, du résultat moléculaire
ou de cytogénétique. En oncogénétique, il est également fréquent d’adresser un questionnaire
familial au patient basé sur sa propre histoire médicale mais, aussi sur ses apparentés. Une
fois réceptionné, il permet d’en faire l’arbre généalogique et d’évaluer, pour le patient, le
risque de mutation d’une part et de cancer de l’autre. Ces évaluations concernent
essentiellement les prédispositions aux cancers du sein et/ou de l’ovaire, ainsi que les
prédispositions aux cancers colorectaux. 81,66 % des conseillers en génétique (n=49)
semblent être impliqués dans la préparation des dossiers de patients. Dans 13,33 % des cas
(n=8), ces tâches sont réalisées par des techniciens de recherche clinique (n=3), des
secrétaires (n=3) ou des internes/stagiaires (n=2). Il nous est rapporté que dans 5 % (n=3), la
préparation du dossier est faite en présence du conseiller en génétique et du médecin.
66
Ces dossiers sont présentés aux médecins généticiens et à l’équipe de consultations, lors de
réunions de pré-consultations permettant de mettre en place une stratégie diagnostique. Ceci
est plus facilement réalisable dans le domaine de l’oncogénétique. Grâce à ces réunions,
certains conseillers en génétique se voient soit initier seuls la consultation, soit la réaliser
entièrement en « solo ».

Pendant la consultation
Les consultations de génétique initiales correspondent généralement au premier contact établi
avec le patient et/ou sa famille. Ici, nous nous intéressons aux consultations concernant le cas
index et non un proposant ou un apparenté. Différentes étapes sont nécessaires pour poser un
diagnostic et elles se déroulent quasiment de la même manière, qu’il s’agisse de génétique
médicale, d’oncogénétique ou de neurogénétique par exemple. On notera une différence en
génétique médicale (syndromologie/dysmorphologie) où un examen clinique du patient avec
description des signes cliniques est nécessaire ; cet examen est réalisé uniquement par le
médecin généticien (ou l’interne).
60 % des conseillers en génétique semblent réaliser le premier contact avec le patient et/ou sa
famille (« solo » ou « binôme relais ») et 13,3 % réalisent ces consultations en présence du
médecin généticien (« binôme vrai ») (Tab.4). De manière générale, lorsque le conseiller en
génétique et le médecin généticien réalisent des consultations de type « binôme relais », le
conseiller en génétique se charge de retracer l’histoire personnelle du patient (antécédents
médicaux, pathologie actuelle), de réaliser l’arbre généalogique ou de le compléter lorsque les
arbres sont préétablis et de préciser tous les éléments aidant au diagnostic, et pour certains,
d’expliquer les notions de génétique (anomalies chromosomiques, mutations génétiques,
mode de transmission, risque de récurrence, …). Une fois cette partie réalisée, il est fréquent
que le conseiller en génétique aille présenter le dossier au médecin avec les nouvelles
données. Ce dernier reprend alors quelques notions puis va s’appliquer à expliquer le(s)
syndrome(s) évoqué(s) ainsi que le(s) test(s) génétique(s) à envisager. Le médecin ou le
conseiller en génétique peut également proposer au patient de réaliser des tests
complémentaires soit dans le cadre de recommandations soit dans celui d’affiner le diagnostic
(scanner, échographie, bilan sanguin, …).
67
Tableau 4:
Résultat de l’étude nationale des conseillers en génétique
Question n° 1
Qui réalise la première consultation avec le patient ?
Question n° 2
Qui réalise l’arbre généalogique ?
Question n° 3
Qui offre les tests à visée diagnostic génétique ?
Question n° 4
Qui organise les tests à visée diagnostic génétique ?
Question n° 6
Qui recueille et signe le consentement du patient ?
Question n° 7
Qui écrit le compte-rendu de la consultation ?
Question n° 8
Qui signe le compte-rendu de la consultation ?
Question n° 9
Qui prépare les dossiers des consultations à venir ?
Question n° 10
Qui annonce le résultat d’une analyse génétique ?
Question n° 11
Qui informe le patient sur la pathologie ?
Question n° 12
Qui organise la prise en charge du patient ?
Question n° 5
Vous est-il possible de prescrire une analyse génétique ?
Vous
Le médecin
généticien
Les deux
simultanément
Dépend des
situations
Autres
60 % (n=36/60)
5 % (n=3/60)
13,3 % (n=8/60)
18,3 % (n=11/60)
3,3 % (n=2/60)
91,7 % (n=55/60)
1,6 % (n=1/60)
-
-
6,6 % (n=4/60)
55 % (n=33/60)
31,6 % (n=19/60)
1,6 % (n=1/60)
10 % (n=6/60)
1,6 % (n=1/60)
76,6 % (n=46/60)
10 % (n=6/60)
3,3 % (n=2/60)
5 % (n=3/60)
5 % (n=3/60)
66,6 % (n=40/60)
23,3 % (n=14/60)
1,6 % (n=1/60)
-
8,5 % (n=5/60)
66,6 % (n=40/60)
16,6 % (n=10/60)
6,6 % (n=4/60)
8,5 % (n=5/60)
1,6 % (n=1/60)
36,6 % (n=22/60)
20 % (n=12/20)
35 % (n=21/60)
6,6 % (n=4/60)
1,6 % (n=1/60)
81,6 % (n=49/60)
-
5 % (n=3/60)
-
13,3 % (n=8/60)
38,3 % (n=23/60)
43,3 % (n=26/60)
8,5 % (n=5/60)
10 % (n=6/60)
-
30 % (n=18/60)
66,6 % (n=40/60)
3,3 % (n=2/60)
-
-
40 % (n=24/60)
33, 3% (n=20/60)
15 % (n=9/60)
3,3 % (n=2/60)
8,5 % (n=5/60)
Oui
Non
71,7 % (n=43/60)
28, 3% (n=17/60)
68
L’arbre généalogique est essentiellement réalisé par le conseiller en génétique (91,7 %) soit
avant la consultation, soit au décours de cette dernière. Il peut être également réalisé dans un
premier temps sur papier, par le médecin lors de la consultation puis informatisé par le
conseiller en génétique ou par des techniciens de recherche clinique (6,6 %).
A la suite de la consultation, et lorsqu’un diagnostic génétique peut être évoqué, il est proposé
au patient de réaliser des investigations génétiques. 55 % des conseillers en génétique ont
cette responsabilité confiée par leur médecin généticien (et par délégation de celui-ci) alors
que 31,6 % d’entre eux nous informent sur le fait que ce sont seulement les généticiens qui
peuvent offrir ces tests. Dans le cas où un test est envisagé, le conseiller en génétique ou le
médecin se doit, selon les lois de bioéthique de 1994, de recueillir le consentement libre et
éclairé du patient ou de son représentant légal. En effet, « l’examen des caractéristiques
génétiques d’une personne […] ne peut être entrepris qu’à des fins médicales ou de recherche
scientifique et qu’après avoir recueilli son consentement […] Lorsque cet examen ou cette
identification est effectué à des fins médicales, le consentement est recueilli par écrit »
(réf.60). Selon l’enquête que nous avons réalisée, 66,6 % des conseillers en génétique sont en
charge d’apporter l’information appropriée, adaptée au niveau de compréhension du patient. Il
se doit également de donner toutes informations sur la maladie et ses aspects génétiques afin
que le patient soit en mesure de prendre une décision éclairée. L’information doit notamment
porter sur la finalité du test (visée diagnostique, étude familiale, thérapeutique, conseil
génétique), les spécificités de la maladie (caractéristiques, variabilité d’expression, évolution),
les possibilités de prévention, de traitement, de diagnostic prénatal, les conséquences
familiales du résultat du test génétique, les limites des tests génétiques (limite des techniques,
des connaissances, et risque de n’obtenir aucun résultat), la liberté et l’indépendance de
chacun de recourir ou non au test et d’en connaître ou non les résultats, ainsi que les modalités
de communication du résultat, y compris les délais probables (réf.61). Malgré le fait que
l’obtention du consentement ne nécessite aucune expertise médicale mais une expérience
certaine et une formation appropriée, 23,3 % des médecins généticiens ne laissent pas leur
conseiller en génétique effectuer ce recueil. 71,7 % de ces derniers ont la possibilité de
prescrire une analyse génétique, ceci sous la responsabilité de leur médecin généticien et par
délégation de celui-ci.
69

« L’après » consultation
Une fois la consultation terminée avec le patient et/ou sa famille, il est nécessaire de procéder
à diverses tâches telles que la mise à jour du dossier et de la base de consultation du service,
la préparation de l’expédition des prélèvements à visée diagnostic, et la rédaction du courrier
ou du compte-rendu de consultation. Lorsqu’un syndrome est évoqué au décours d’une
consultation et lorsque le patient consent à l’analyse, il est nécessaire de prendre contact avec
le laboratoire d’analyse afin d’obtenir les documents nécessaires à l’analyse (fiche clinique,
fiche de renseignements, …), de le prévenir de l’expédition et de s’assurer de la bonne
réception de ce dernier. Il convient d’adresser conjointement au prélèvement divers
documents tels que l’arbre généalogique, l’ordonnance, la demande d’analyse, ainsi que les
fiches jointes. 76,6 % des conseillers en génétique disent réaliser l’organisation de ces
prélèvements, parfois secondés par des techniciens de recherches cliniques ou des infirmières
(5 %). Une grande majorité des conseillers en génétique (n=40/60) rédigent le courrier ou le
compte-rendu de consultation (Fig.12).
Figure 12 :
Rédaction et signature des courriers de consultation
Cependant, en croisant les données du questionnaire et en tenant compte des remarques des
participants, on note que 6,67 % (n=4/60) des conseillers en génétique rédigent le courrier de
70
consultations auxquelles ils n’ont pas participé. Pour cela, ils se servent des éléments du
dossier et font corriger et valider ce dernier par leur médecin généticien. On notera aussi le
fait que 22 de ces 40 conseillers en génétique signent seuls leur courrier soit 55 % (avec
l’accord du généticien, en confiance et par délégation de celui-ci), alors que 21 des
60 participants nous disent saisir ou dicter eux-mêmes le courrier et le faire cosigner une fois
validé. Il nous a également été rapporté le fait que le courrier est rédigé et signé en fonction
du praticien qui consulte : « celui qui voit le patient, rédige son courrier » (n=5/60). Le fait
que le médecin laisse rédiger le courrier par le conseiller en génétique, ayant vu ou non le
patient, et le fait que ce dernier ne puisse signer, voire cosigner, son propre courrier laisse
paraître un dysfonctionnement du rôle et des responsabilité du conseiller en génétique qui
dans ce sens se considère comme un « secrétaire ».

La consultation d’annonce de résultat
On retrouve en génétique différents types de consultations d’annonce de résultat. On observe
tout d’abord et majoritairement des consultations où aucune anomalie n’a pu être mise en
évidence, on parle alors de résultat non informatif nécessitant souvent une révision du dossier,
parfois de nouvelles investigations et le praticien doit alors informer le patient des limites
technologiques et d’une mise en place d’une surveillance de principe basée sur le syndrome
évoqué initialement. On note des consultations d’annonce de résultats dits positifs, c’est-àdire où une anomalie a été identifiée. Dans ce cas, le praticien se doit d’expliquer au patient le
résultat et ses conséquences pour lui et ses apparentés. Il convient de mettre en place des
recommandations de prise en charge souvent standardisées et adaptées au patient. Lorsque les
résultats d’analyses concernent des apparentés et que ces derniers ne retrouvent pas
l’anomalie identifiée dans la famille, on parle alors de résultats dits négatifs.
Les résultats d’analyses génétiques sont aussi bien rendus par les médecins généticiens
(43,3 %) que par les conseillers en génétique (38,3 %), mais l’information de la pathologie est
donnée principalement par le médecin généticien (66,6 %) (Fig.13).
Dans le questionnaire que nous avons adressé aux conseillers en génétique nous avons omis
de proposer des réponses en fonction du type de rendu de résultats. En effet, nous ne savons si
ces derniers sont capables de rendre des résultats positifs, non informatifs ou négatifs.
Cependant, les résultats ne nécessitant aucune expertise médicale ou de prise en charge
particulière devraient pouvoir être rendus par des conseillers en génétique. En effet, on note
71
que 40 % (n=24/60) d’entre eux se voient confiés la mise en place de cette prise en charge et
du suivi du patient.
Figure 13 :
Annonce et information d’un résultat d’analyse génétique
IV-4 Discussion
De manière à conforter nos résultats et de vérifier si les conseillers en génétique exerçant en
France ont les mêmes responsabilités que leur homologues européens, nous nous proposons
de comparer nos résultats à ceux obtenus par Skirton et al. (réf.31) lors de son étude sur la
pratique des conseillers en génétique dans 18 pays européens (Tab.5). Cette étude avait été
initiée dans le but d’écrire les bonnes pratiques du conseiller en génétique en Europe, d’en
dresser le profil et de soulever les inégalités d’exercice, afin de proposer un standard européen
de ce professionnel de santé.
On remarque dans l’étude de Skirton et al. que les conseillers en génétique ont
vraisemblablement les mêmes responsabilités que les médecins généticiens. Il a souvent été
donné la réponse « dépend des cas » ce qui implique, d’après son étude, que c’est le praticien
qui a vu le patient qui est en charge et responsable des différentes tâches à réaliser. Dans ce
cas, le praticien, conseiller en génétique (« genetic nurses ») ou médecin généticien, suit son
72
patient de la première consultation à l’annonce de résultat en passant par l’information sur la
pathologie et le(s) test(s) génétique(s), l’explication du consentement, son recueil et sa
signature ainsi que dans la rédaction de son courrier. Nous ne savons cependant, si le courrier
est validé et/ou cosigné par le médecin.
Tableau 5:
Comparaison Franco-Européenne sur la pratique des conseillers en génétique
Références
Le
conseiller
Le
médecin
Les
deux
Dépend
des cas
Autres
H.Skirton
55,30 %
2,10 %
2,70 %
31,90 %
8%
avec le patient ?
Notre étude
60 %
5%
13,33 %
18,33 %
3,33 %
Qui offre les tests
H.Skirton
21,30 %
24,50 %
10,10 %
42,60 %
1,60 %
Notre étude
55 %
31,60 %
1,60 %
10 %
1,60 %
H.Skirton
33 %
8,10 %
9,20 %
49,20 %
0,50 %
Notre étude
66,60 %
23,30 %
1,60 %
0
8,50 %
H.Skirton
17,90 %
14,70 %
12 %
49,50 %
3,30 %
Notre étude
38,30 %
43,30 %
8,50 %
10 %
0
Qui est à la charge
du 1er contact
génétiques au
patient ?
Qui recueille le
consentement du
patient ?
Qui discute du
résultat avec le
patient ?
Concernant les conseillers en génétique français, nous nous rendons compte que les tâches qui
semblent être directement confiées à ces derniers sont plutôt d’ordre administratif avec la
préparation du dossier, l’organisation des prélèvements, la vérification des résultats ainsi que
la rédaction du courrier (parfois non signé) ; les médecins gardent leur rôle principal
73
concernant l’annonce du résultat et l’information sur la pathologie. Nous faisons donc le
constat que le patient et/ou sa famille peut être vu en consultation par différents praticiens
pouvant le déstabiliser. En effet, il peut être reçu dans un premier temps (consultation « solo »
ou binôme relais) par le conseiller en génétique, et il est revu par la suite par le médecin
généticien (et le conseiller en « binôme vrai »).
Lorsque nous tenons compte des conseillers en génétique affirmant réaliser des consultations
de type « binôme vrai », c’est-à-dire en présence du médecin généticien, nous nous
apercevons que ces derniers n’ont qu’une seule tâche, celle de réaliser l’arbre généalogique.
Ils semblent être observateurs de la consultation. Au vu de cette hétérogénéité dans l’exercice
des conseillers en génétique, nous souhaitons proposer un guide de bonne pratique des
conseillers en génétique ainsi que proposer un profil d’exercice.
Ces nouveaux professionnels de santé semblent intégrés en tant que membres à part entière
d’une équipe pluridisciplinaire dans laquelle il leur est demandé leur recours ainsi que leur
expertise. Ils se voient confier des responsabilités directement en lien avec le domaine pour
lequel ils ont été formés, celui de la génétique. Il est évident qu’à ces missions sont venues se
greffer d’autres tâches, plus administratives, en lien avec le secrétariat. Il est alors difficile de
réaliser le profil type du conseiller en génétique alliant à la fois ses compétences et
connaissances en génétique, et ses capacités de secrétariat.
IV-5 Conclusion
Il n’existe à ce jour aucun document officiel ou standard concernant la pratique des
conseillers en génétique en France. La relation de confiance existant entre le conseiller en
génétique et son médecin généticien, ainsi que son expérience professionnelle, influencent en
grande partie les responsabilités qui seront alors offertes aux conseillers en génétique. Cela
peut expliquer la certaine hétérogénéité observée dans l’exercice de ces derniers.
Cependant, avec l’arrivée des nouvelles technologies en génétique moléculaire, comme la
« Nouvelle Génération de Séquenceur » permettant un séquençage haut-débit, les
responsabilités des conseillers en génétique ainsi que leur contribution dans les réflexions
éthiques vont se voir plus collaboratives et participatives. En effet, dans ses dernières
74
« Règles de bonnes pratiques en génétique constitutionnelle à des fins médicales (Hors
diagnostic prénatal) » la Haute Autorité de Santé (réf.61) mentionne que :
« En fonction de la situation, le prescripteur d’un examen de génétique peut être :
1- Un médecin généticien,
2- Un conseiller en génétique exerçant sous la responsabilité d’un médecin qualifié en
génétique,
3- Un médecin non généticien connaissant la situation clinique et travaillant en
collaboration avec une équipe de génétique clinique. »
Dans tous les cas, le prescripteur doit être capable de délivrer au demandeur une information
préalable, complète et compréhensible. En ce qui concerne l’annonce du résultat de ces
analyses génétiques, les modalités doivent être préalablement définies au cours de la
consultation qui a donné lieu à la prescription : un médecin généticien et/ou un conseiller en
génétique. De ces règles de bonnes pratiques en génétique constitutionnelle, nous pouvons
bien volontiers accorder le fait que les conseillers en génétique, exerçant sous la
responsabilité d’un médecin qualifié en génétique, peuvent réaliser seuls des consultations de
génétique dites « initiales » avec prescription d’une analyse génétique et des consultations
d’annonce de résultats de génétique. Il convient toutefois ici de rajouter que ces
professionnels de santé se doivent de connaître leurs limites et de savoir faire appel au
médecin généticien avec lequel ils travaillent.
IV-6 Perspectives
De manière à tendre vers une certaine homogénéisation de la pratique des conseillers en
génétique en France, et en tenant compte des documents officiels du Ministère de la Santé et
de la Haute Autorité de Santé, nous nous proposons ici de réaliser un standard de l’exercice
des conseillers en génétique, non dans l’aspect pratique du service dans lequel ils travaillent
(préparation des dossiers, bases de données, …) mais face aux patients qui sont orientés en
consultation de génétique (Fig14). Nous rappelons ici qu’il est admis que le conseil génétique
se construit sur une approche psychologique avec le patient et sa famille, qu’il permet d’être
un lieu d’écoute et de soutien, délivrant une information médicale et que certains actes de
75
conseil génétique (avec des procédures standardisées) ne relèvent pas réellement d’une
expertise médicale (réf.21).
Nous proposons ici deux situations : soit il s’agit d’un patient dit « cas index », patient atteint
d’une pathologie, soit d’un patient dit « apparenté », membre d’une famille dans laquelle une
anomalie
génétique
a
été
identifiée.
Nous
entendons
par
« informations
pathologies » l’information globale sur une pathologie mais le conseiller en génétique oriente
le patient vers le généticien ou le spécialiste de la maladie pour les informations médicales
appropriées.
76
Figure 14 :
Organigramme du déroulement des consultations en génétique ne relevant pas d’une expertise médicale
Consultation de Génétique Initiale
Cas Index
Apparenté
Conseiller en Génétique
Conseiller en Génétique
. Antécédents personnels
. Antécédents familiaux
. Arbre généalogique
. Évaluation familiale
. Antécédents personnels
. Antécédents familiaux
. Arbre généalogique
. Informations pathologies
. Informations génétique
. Proposition test ciblé
. Consentement
. Prescription
. Courrier
Présentation Médecin
Analyse retenue ?
Oui
Conseiller en Génétique
Résultat
. Informations pathologies
. Informations génétique
. Consentement
. Prescription
. Courrier
Positif
Non
Non Informatif (cas index)
Négatif (apparenté)
Médecin Généticien
. prise en charge médicale
. courrier
Conseiller en Génétique
. recommandations
. courrier
77
Consultation de génétique initiale d’un cas index :
Nous proposons que ce patient soit reçu par le conseiller en génétique de manière à réaliser
l’arbre généalogique avec les antécédents personnels et familiaux du patient et de faire une
évaluation du dossier. Le conseiller en génétique peut alors présenter le dossier au médecin
généticien qui validera ou non la réalisation d’un test génétique.
-
Si aucune proposition de test n’est retenue, le conseiller en génétique devra
expliquer au patient qu’à l’heure actuelle des connaissances, des technologies et au
vu de l’histoire personnelle et familiale du patient, aucune investigation génétique
ne peut être entreprise.
-
Si un test génétique peut être proposé au patient, le conseiller en génétique doit
informer le patient sur la pathologie concernée et les tests génétiques (dont les
limites et la durée) utilisés afin de l’identifier. Il doit également obtenir le
consentement libre et éclairé du patient et prescrire l’analyse expliquée.
Dans ces deux cas, le conseiller en génétique doit au décours de la consultation écrire la lettre
(ou compte-rendu) au médecin référent qui sera cosignée par le médecin généticien.
Consultation de génétique initiale d’un apparenté :
Comme dans le cadre d’une consultation d’un patient « cas index », nous proposons que
l’apparenté soit vu par le conseiller en génétique qui se charge de recueillir les antécédents
personnels et familiaux du patient et d’en réaliser ou de reprendre l’arbre généalogique. À la
suite de cela, le conseiller en génétique doit donner toutes les informations utiles au patient
relatives à la pathologie concernée, connue dans la famille, et les moyens techniques utilisés
pour rechercher l’anomalie génétique familiale. Si le patient accepte la réalisation d’un test
ciblé, le conseiller en génétique doit obtenir le consentement libre et éclairé du patient et
prescrire l’analyse expliquée. Le conseiller en génétique doit au décours de la consultation
écrire la lettre (ou compte-rendu) au médecin référent qui sera cosignée par le médecin
généticien.
78
Consultation d’annonce de résultat :
Nous pouvons rencontrer 3 situations d’annonce de résultat :
-
Soit le résultat est dit « négatif », c’est-à-dire que l’anomalie familiale recherchée
n’a pas été retrouvée par le test génétique (consultation d’apparenté). Dans ce cas,
vu qu’aucune prise en charge médicale particulière n’est à mettre en place mais
seulement des recommandations de suivi (échographie cardiaque, dosage d’un
marqueur, …), la consultation peut aisément être réalisée par un conseiller en
génétique.
-
Soit le résultat est dit « non informatif » ou « non contributif », c’est-à-dire qu’un
test génétique avait été initié en vue de poser un diagnostic (consultation cas
index) et que ce dernier n’a pas mis en évidence d’anomalie. Ce type d’annonce
peut être réalisée par le conseiller en génétique qui reprend le dossier, le met à jour
et explique de nouveau les limites des technologies actuelles et la possibilité de
continuer ou non des analyses. Le conseiller en génétique va alors proposer au
patient les recommandations de prise en charge vis-à-vis du diagnostic
supposé/évoqué.
-
Soit le résultat est dit « positif », c’est-à-dire que l’anomalie génétique familiale a
été retrouvée (apparenté) ou qu’une anomalie génétique a été identifiée (casindex). Dans ce cas, une prise en charge médicale va être mise en place tels un
traitement, une chirurgie et un plan de prévention de dépistage. Il convient alors
que cette consultation soit réalisée par un médecin qualifié en génétique.
Cette proposition de déroulement de consultation en génétique semble être un moyen
d’impliquer le conseiller en génétique. Cela permettrait donc au médecin généticien un certain
gain de temps au profit des cas cliniques nécessitant des études approfondies et une certaine
« réflexion médicale ». Or dans le cas de consultations de génétique médicale (pédiatrique ou
de l’adulte) ou spécialisées, comme la neurogénétique, il est essentiel que le patient soit vu
par un médecin généticien réalisant ainsi un examen clinique et précisant les signes cliniques
identifiés en vue d’évoquer un syndrome malformatif ou une maladie d’origine génétique.
79
Il s’agit dans ce dernier cas de consultations dites de génétique « cliniques » ou « médicales »
et non de consultations de conseil génétique. Dans ce cas de consultations de génétique
cliniques, le rôle du conseiller en génétique est de proposer un conseil génétique aux membres
de la famille, lorsque le diagnostic a été clairement identifié.
Concernant les possibilités pour le conseiller en génétique de réaliser des consultations en
« solo », il existe depuis la mise en place par l’Institut National du Cancer du « suivi des
patients à haut risque de développer un cancer » (mission 23) (réf.56) des consultations
« dédiées » permettant un suivi annuel du patient. Ces consultations peuvent être réalisées par
des conseillers en génétique, accompagnés ou non d’une psychologue et/ou d’une assistante
de coordination du projet. Durant ces consultations vont être repris les différents points de la
consultation d’annonce du résultat, de la stratégie de surveillance mise en place ainsi que des
difficultés rencontrées par le patient dans son suivi mais également d’un point de vue
psychologique. Il s’agit ici d’un réel espace d’écoute et de soutien où l’intervenant principal
est le conseiller en génétique. Il existe également pour ceux exerçant dans le domaine de la
génétique médicale des consultations d’informations sur le dépistage de la trisomie 21
insistant sur les enjeux de ce dépistage et menées par des conseillers en génétique, ainsi que
des consultations d’informations sur les hémoglobinopathies, par exemple.
Le conseiller en génétique peut donc se voir mener des consultations de conseil génétique en
solo lorsque celles-ci ne requièrent aucun acte médical et que l’essentiel de la consultation est
basé sur de l’écoute, du soutien et la délivrance d’une information concernant une pathologie
suspectée ou identifiée. Cependant, nous nous posons la question de savoir si un tel procédé
serait envisageable par les médecins généticiens dont la majeure partie de leur temps est
consacrée, pour un grand nombre d’entre eux, à des consultations de conseil génétique. Ces
derniers sont-ils prêts à laisser leurs consultations à des professionnels de la santé non
médicaux ? De manière à répondre à ces questionnements, nous avons réalisé une étude
nationale en considérant tous les professionnels exerçant dans le domaine de la génétique.
80
V- La vision des professionnels de la génétique sur la formation et la
profession de conseiller en génétique
V-1 Introduction
A la demande des conseillers en génétique, le Professeur Jean-François Mattei avait accepté
de rédiger l’édito de la première newsletter des conseillers en génétique, qu’il avait intitulé
« Indispensables conseillers en génétique » (réf.62). Il faisait part dans cet édito de sa
satisfaction envers la création du métier de conseiller en génétique et soulignait les « éléments
favorables qui doivent assurer à ce nouveau métier une pleine réussite ». Il précisait
notamment ce que le monde de la génétique peut attendre de ces professionnels, à savoir :
disponibilité, patience et pédagogie. Il concluait sur le fait que l’activité des conseillers en
génétique est avant tout « profondément humaine ». Le Professeur Jean-François Mattei ne
fut pas le seul à vanter la profession de conseiller en génétique. En effet, le Professeur
François Thépot, adjoint du directeur médical de l’Agence de Biomédecine, fait l’éloge et la
promotion de ces derniers dans la revue « Gynécologie, Obstétrique et Fertilité » (réf.35). Il
met en avant les « compétences professionnelles des conseillers en génétique comme pas
assez connues », et précise qu’ « en participant à la qualité de l’information, les conseillers en
génétique contribuent clairement à l’amélioration de la qualité des soins ».
Nous souhaitons, par le biais d’une étude nationale sur la profession des conseillers en
génétique et de manière à répondre au thème de ce mémoire, évaluer l’insertion et
l’intégration des conseillers en génétique. Pour cela nous nous sommes intéressés au
« ressenti » des professionnels de la génétique, hors conseillers en génétique, sur cette
nouvelle profession ainsi que sur leur formation.
V-2
Méthodes
Pour réaliser cette étude, nous avons réalisé un questionnaire type formulaire en ligne grâce
au système google drive (Annexe 19). Notre choix d’utiliser l’outil google drive repose sur
une utilisation simple de l’interface, sa convivialité et son utilisation en ligne, protégée par un
identifiant et un mot de passe. En plus de créer un formulaire, il permet de synthétiser les
81
réponses sur un tableur type excel et d’en proposer une étude graphique. Ce questionnaire,
réalisé par 2 médecins généticiens et 3 conseillers en génétique, a été soumis et validé par le
Docteur Claire Julian-Reynier, épidémiologiste. Il comprend 31 questions de type : liste de
choix, questions à choix multiples et questions à réponses courtes.
Une lettre d’invitation (Annexe 18) à participer à cette étude a été adressée à
422 professionnels de la génétique exerçant ou non avec un ou plusieurs conseillers en
génétique. Ces professionnels sont des médecins généticiens, clinique et laboratoire, des
médecins de centres de référence ou de compétences de pathologies d’origine génétique, des
membres de différents groupes de réflexion dans les domaines de la génétique comme le
Groupe Génétique et Cancer, le Groupe de Diagnostic Pré-Symptomatique et le Groupe du
3ème Jeudi de la Génétique Médicale. Cette lettre, adressée par email, présentait un bref
historique de la création de la profession de conseiller en génétique, le but de notre étude ainsi
que le lien du formulaire à remplir en ligne.
Pour ce faire, nous avons obtenu auprès des représentants de ces différents groupes les
mailing-listes, exclu les conseillers en génétique, vérifié sur le site orpha.net les coordonnées
de ces professionnels, retiré les doublons et établi une mailing-liste sur un tableur excel de
manière à l’importer au format « gmail ». Nous avons adressé cette lettre d’invitation le
19 juin 2013 avec une date limite de retour fixée au 10 juillet 2013. Une relance pour
participer à l’étude a été adressé le mercredi 3 juillet 2013. Sur les 422 envois, 27 sont
revenus avec la notion d’erreur d’adresse mail (internes, stagiaires, retraités) et 19 absences de
bureau. 126 professionnels de la génétique ont participé à cette étude sur 376 participants
potentiels, ce qui représente un taux de participation de 33,51 %. Il s’agit de la première étude
de ce type, c’est-à-dire, sur le ressenti des professionnels de la génétique concernant la
profession de conseillers en génétique, d’un point de vue international.
Les questions concernent le participant (spécialité et domaine d’exercice), le rôle des
conseillers en génétique, le type de consultation pouvant être réalisé par un conseiller en
génétique de manière autonome, les compétences requises des conseillers en génétique, et les
remarques sur la formation.
82
V-3
Résultats
Les participants :
Cent vingt-six professionnels en lien avec de domaine de la génétique ont bien voulu
participer à cette étude nationale, dont 88 femmes (70 %) et 38 hommes (30 %). La moyenne
d’âge des participants est de 49 ans [29 ; 83] avec une ancienneté d’exercice moyenne de
l’ordre de 17 ans [1 ; 43]. Notons que 17 participants (13,5 %) ne réalisent pas de
consultations de génétique (biologistes par exemple).
Ces professionnels de la santé sont spécialisés en génétique dans 57 % des cas (n=72), en
biologie dans 14 % (n=19), en oncologie dans 10 % (n=12) et en pédiatrie dans 7 % (n=9). On
retrouve également 3 cardiologues, 2 neurologues, 2 internistes, 2 épidémiologistes,
1 généraliste en lien avec un centre de référence, 1 dermatologue, 1 radiothérapeute et
1 psychologue rattaché à une consultation de génétique. Un participant n’a pas précisé sa
spécialité. Ils exercent dans plusieurs domaines dont principalement le diagnostic prénatal
(n=60),
le
conseil
génétique
général
(n=56),
l’oncogénétique
(n=49),
la
pédiatrie/syndromologie (n=49) et la neurogénétique (n=34) (Tab.6).
Tableau 6 :
Les différents domaines d’exercice des participants à l’étude nationale
Domaines d’exercice
Effectifs
(n=126)
60
Pourcentage
Conseil génétique général
56
18 %
Oncogénétique
49
16 %
Pédiatrie / Syndromologie
49
16 %
Neurogénétique
34
11 %
Cardiogénétique
16
5%
Endocrinologie
9
3%
Hématologie
2
1%
Diagnostic Pré-Implantatoire
11
4%
Autre (dont centres de référence)
18
6%
Diagnostic prénatal
20 %
83
Parmi ces 126 participants, 83 % d’entre eux (n=104) travaillent avec un conseiller en
génétique depuis en moyenne 4 ans et comptent en majorité 1 à 2 conseillers en génétique
dans leur service (Tab.7 ; Tab.7bis). Il aurait été judicieux de connaître le nombre de
médecins réalisant des consultations de génétique dans le service du participant afin de
connaître le ratio conseillers en génétique/médecins dans cette étude et de pouvoir le
comparer à celui que nous avons estimé à 0,42 en ce qui concerne la répartition des
conseillers en génétique et des médecins qualifiés en génétique par région (Annexe 17).
Tableau 7 :
Nombre de conseillers en génétique exerçant dans le service du participant
Nombre de conseiller(s) en génétique
1
2
3
4
5
Effectifs (n=104)
47
46
8
3
0
Tableau 7bis :
Nombre d’années de collaboration avec un conseiller en génétique
Nombre d’année(s)
<1
1
2
3
4
5
6
7
8
Effectifs (=104)
8
8
13
14
11
11
15
11
13
Nous nous sommes intéressés aux 22 participants (17 %) ne travaillant pas avec un conseiller
en génétique :
-
7 d’entre eux estiment que la présence de ces nouveaux professionnels de santé
n’est pas nécessaire pour leur service,
-
8 rencontrent des difficultés dans la création d’un poste,
-
7 ne travaillent pas dans un service de génétique.
84
La difficulté de la création de poste proviendrait de la non reconnaissance de la profession par
les établissements publics (absence de statut défini, absence de grille salariale propre aux
conseillers en génétique) ainsi que de l’absence de budget. Il nous a été rapporté par un
participant à l’étude la mauvaise volonté de compréhension par sa direction de l’importance
d’avoir un conseiller en génétique dans son service (les fonctions exactes du conseiller en
génétique par rapport à celles du médecin généticien sont mal connues et non définies, et ce
malgré les textes de loi).
Rôle des Conseillers en Génétique :
Dans cette partie de l’étude nous avons souhaité connaître le rôle et les tâches qui peuvent être
confiés aux conseillers en génétique. Nous avons pris ici en compte les réponses des
104 professionnels travaillant avec un ou plusieurs conseillers en génétique. Tout d’abord
nous voulions voir à travers cette étude s’il est possible qu’un conseiller en génétique
participe aux propres consultations des participants, cela revient en fait à la réalisation de
consultations dites en « binôme-vrai » menées par le médecin. Pour 35,6 % des participants
(n=37) les conseillers en génétique peuvent en effet participer à ces consultations, alors que
pour 40,4 % des participants (n=42) cela n’est pas envisageable ou réalisable. Dans les 25 %
restants, il arrive « parfois » que ce genre de consultations soit réalisé. Le fait que les
conseillers en génétique participent ou non aux consultations des médecins n’est pas
dépendant de leur ancienneté ni de la spécialité du médecin ou de ses domaines d’exercice. Il
peut s’agir lorsque le conseiller en génétique est récemment diplômé de consultation binômevrai dans le but de former ce nouveau professionnel, mais également quand le conseiller en
génétique est déjà expérimenté d’un confort pour le clinicien d’être accompagné durant sa
consultation. Cela dépend notamment de la relation de confiance accordée par le clinicien au
conseiller en génétique. Lors de l’étude nationale concernant les conseillers en génétique euxmêmes, nous avons vu que 35 % d’entre eux réalisent des consultations en binôme-vrai, ce
résultat corrobore celui des médecins (35,6 %). De manière à connaître le rôle et les tâches
confiés aux conseillers en génétique, nous avons proposé dans notre questionnaire des
questions à réponses type « liste de choix ». Les questions étaient directement en lien avec les
actions réalisées « souvent », « parfois », « rarement » ou « jamais » par le conseiller en
génétique. Le détail des réponses est présenté dans le tableau 8.
85
D’après les réponses apportées par les médecins, il semble que les conseillers en génétique
sont assez autonomes et qu’ils se voient confier des responsabilités face aux patients et à leur
famille. En effet, il est souvent le premier interlocuteur avec le patient (58 %). Cela peut
correspondre à une prise initiale de contact (physique ou téléphonique) ou alors lors d’une
consultation initiale de génétique soit de manière autonome (« en solo ») soit lors d’une
consultation en binôme-relais. Pour les 4 praticiens ayant répondu « jamais » (4 %), il s’agit
d’un pédiatre exerçant en génétique médicale (DPN et Pédiatrie/Syndromologie) et dont le
conseiller en génétique ne participe pas non plus à ses propres consultations, et de 3 médecins
spécialisés en génétique et réalisant de la génétique dite mixte (génétique médicale et
oncogénétique). Nous précisons que dans ces 4 réponses la collaboration avec les conseillers
en génétique est récente : 3 depuis 1 année et 1 depuis 2 années, ce qui peut expliquer le fait
que ces conseillers en génétique ne soient pas le premier contact avec le patient, et qu’ils
doivent acquérir une certaine expérience professionnelle.
Tableau 8 :
Rôle des conseillers en génétique
Questions
Le conseiller en génétique a-t-il la charge du premier
contact avec le patient ? (n=91)
Le conseiller en génétique réalise-t-il l’arbre
généalogique ? (n=91)
Le conseiller en génétique explique-t-il les
tests génétiques ? (n=87)
Souvent
Parfois
Rarement Jamais
53 (58 %)
24 (26 %)
10 (11 %)
4 (4 %)
69 (76 %)
12 (13 %)
5 (5 %)
5 (5 %)
59 (68 %)
17 (20 %)
5 (6 %)
6 (7 %)
37 (44 %)
25 (29 %)
8 (9 %)
15 (18 %)
16 (18 %)
15 (17 %)
25 (29 %)
31 (36 %)
49 (56 %)
15 (17 %)
10 (11 %)
13 (15 %)
23 (26 %)
19 (22 %)
21 (24 %)
24 (28 %)
41 (46 %)
19 (21 %)
13 (15 %)
16 (18 %)
Le conseiller en génétique propose-t-il les tests
génétiques dans le cadre d’une consultation de
conseil génétique ? (n=85)
Le conseiller en génétique propose-t-il les tests
génétiques dans le cadre d’une consultation à
visée diagnostique ? (n=87)
Le conseiller en génétique obtient-il le consentement
libre et éclairé du patient ? (n=87)
Le conseiller en génétique informe-t-il le patient
de son résultat d’analyse génétique ? (n=87)
Le conseiller en génétique écrit-il le compte-rendu
(la lettre) de la consultation ? (n=89)
86
De manière générale, les conseillers en génétique réalisent l’arbre généalogique de la famille
du patient (76 %) soit avant consultation par le biais d’un questionnaire familial adressé à ce
dernier lors le prise de rendez-vous, soit durant la consultation, soit suite à la consultation. Il
arrive plus rarement que ce soit le médecin qui réalise cet arbre ou que cet arbre généalogique
soit fait par des stagiaires ou des techniciens de recherches cliniques exerçant dans le service
(5 %).
Concernant leur activité lors d’une consultation de génétique, et d’après le retour des
praticiens, les conseillers en génétique peuvent régulièrement (68 %) expliquer aux patients et
à leur famille les tests génétiques avec toute l’information que cela comporte (prise de sang,
mode de transmission, biologie moléculaire, limites) et obtenir dans 56 % des cas le
consentement libre et éclairé du patient, après explication. On observe cependant une
différence significative pour ce qui est de la proposition des tests génétiques. En effet, lorsque
le patient est un apparenté et/ou qu’il s’agit d’une consultation pour conseil génétique,
44 % des médecins laissent leur conseiller en génétique proposer le test génétique et 29 % les
laissent faire occasionnellement, alors que 18 % (n=15) ne les laissent jamais faire cette
proposition de test. Pour ces derniers il s’agit de 3 biologistes (1 DPI, 1 génétique mixte et
1 en oncogénétique), d’un pédiatre exerçant en conseil génétique général, de 8 généticiens
(4 en oncogénétique, 4 en conseil génétique général) et de 3 oncologues exerçant en
oncogénétique. Lorsqu’il s’agit d’une proposition de test génétique dans le cadre d’une
consultation à visée diagnostique et qu’il s’agit donc par définition d’un acte médical, les
réponses des participants à l’étude sont partagées.
Nous remarquons que certains professionnels laissent toutefois cette responsabilité au
conseillers en génétique dans 18 % des cas (n=16) mais il s’agit principalement du domaine
de l’oncogénétique (n=12/16) où le diagnostic est posé sur une histoire de cancers familiaux
ou personnels, sur les études histologiques des tumeurs, sur l’âge de survenue des cancers
dans cette famille et où le dossier peut souvent être présenté aux médecins avant consultation
avec proposition de diagnostic, en se basant sur l’arbre familial et le dossier patient ou famille
(Tab.9). Cela est bien entendu différent en génétique médicale où la consultation passe par
une observation des signes cliniques (auscultation), des habitudes quotidiennes et par la
réalisation d’examens complémentaires (dosage moléculaire, bilan ophtalmologique, IRM ...).
87
Tableau 9 :
Proposition de tests génétiques par les conseillers en génétique lors de consultations à visée diagnostic (n=87)
Souvent
Parfois
Rarement
Jamais
(n=16)
(n=15)
(n=25)
(n=31)
3
3
3
2
- Génétique générale
3
6
13
19
- Génétique générale et oncogénétique
6
1
3
5
Biologistes
2*
1
1
2
Pédiatres
0
1
2
3
Cardiologues
1*
1
0
0
- Internistes
1
0
0
0
- Cytogénéticiens
0
1
0
0
- Epidémiologistes
0
0
2
0
- Radiothérapeutes
0
1
0
0
- Neurologues
0
0
1
0
Spécialité du participant
Oncologues
Généticiens
Autres
* exerçant en oncogénétique
Alors que 31 des participants (16 « souvent », 15 « parfois ») disent laisser aux conseillers en
génétique la proposition de tests génétique dans le cadre de consultations à visée diagnostic, et
que 62 (37 « souvent », 25 « parfois ») proposent des tests dans le cadre de consultation de
conseil génétique, 48 d’entre eux (23 « souvent », 19 « parfois ») nous informent sur la
possibilité que ces conseillers en génétique puissent rendre un résultat d’analyse génétique
(Tab.10). Cette responsabilité semble être dépendante du domaine d’exercice du professionnel
de santé interrogé.
88
Tableau 10 :
Le conseiller en génétique informe-t-il le patient de son résultat d’analyse (n=87)
Souvent
Parfois
Rarement
Jamais
(n=23)
(n=19)
(n=21)
(n=24)
1
3
3
4
- Génétique générale
13
10
9
6
- Génétique générale et oncogénétique
4
3
4
6
Biologistes
1
1
1
4*
Pédiatres
3
1
1
1*
Cardiologues
1
0
1
0
- Internistes
0
0
1
0
- Cytogénéticiens
0
1
0
0
- Epidémiologistes
0
0
0
2*
- Radiothérapeutes
0
0
0
1*
- Neurologues
0
0
1
0
Spécialité du participant
Oncologues
Généticiens
Autres
* exerçant en oncogénétique
On constate que ce sont les professionnels exerçant dans le domaine de l’oncogénétique
(66,66 %) qui sont les plus réfractaires à cette tâche qui pourrait aisément être confiée aux
conseillers en génétique dans le sens où certaines recommandations sont issues de standards et
ne demandent aucune expertise médicale (réf.21). De plus, avec la récente mise en place des
suivis de patients à haut-risque de développer des cancers (Mission 23.3 de l’INCa), les
conseillers en génétique vont être amenés à valider des recommandations de suivi, à évaluer
un risque de cancer, à rédiger des plans personnalisés de suivi ainsi qu’à revoir en
consultation « dédiée » à ce projet de suivi, les patients désireux d’avoir un suivi plus soutenu
et demandeurs d’informations complémentaires. Ils vont donc être directement en contact
avec des patients porteurs d’une anomalie génétique ou non porteur mais avec un risque
significatif de développer un cancer (ou un second). Cela est peut-être dû au fait que le
conseiller en oncogénétique est généralement celui qui réalise la consultation initiale de
génétique et que pour le patient il est nécessaire qu’il soit vu au moins une fois par le médecin
clinicien, soit au moment de l’annonce du résultat. Concernant cette étude, nous aurions pu
89
formuler d’une autre manière cette question sur l’annonce du résultat. En effet, il aurait été
intéressant de savoir si les conseillers en génétique annoncent les résultats :
-
aux patients qu’ils ont rencontrés lors de leur consultation en solo, et ceci quel que
soit le résultat ?
-
aux patients qu’ils ont rencontrés lors de leur consultation en solo, dans le cadre
d’un résultat positif ? d’un résultat négatif (apparenté) ? d’un résultat non
informatif ?
-
aux patients qu’ils n’ont pas rencontrés lors de la consultation initiale, et ceci quel
que soit le résultat ?
-
aux patients qu’ils n’ont pas rencontrés lors de la consultation initiale, dans le
cadre d’un résultat positif ? d’un résultat négatif (apparenté) ? d’un résultat non
informatif ?
Dans l’étude destinée aux conseillers en génétique, ces derniers affirmaient que dans 66,6 %
des cas, ils étaient responsables de la rédaction du courrier (16,6 % pour les médecins)
(Tab.4) et qu’ils pouvaient le signer dans 36,6 % (35 % en co-signature avec le médecin).
D’après cette étude, la rédaction du compte-rendu ou de la lettre de consultation est en effet
généralement réalisée par le conseiller en génétique (46 % « souvent », 21 % « parfois »).
Cependant, nous n’avons pas posé la question de savoir si les courriers écrits par le conseiller
en génétique sont toujours co-signés et si dans le cas où le médecin rédige son courrier, si ce
dernier est également co-signé. De même, nous aurions pu demander si le conseiller en
génétique rédige le courrier des consultations auxquelles il assiste (consultation solo, binôme)
voire s’il rédige les courriers de consultations auxquelles il n’assiste pas (exemple des lettres
types).
Pour finir sur la partie concernant le rôle des conseillers en génétique, nous avons souhaité
savoir si les 104 professionnels de santé exerçant avec un conseiller en génétique laissent ces
derniers réaliser des consultations en solo. 82 d’entre eux, soit 79 % nous disent en effet que
les conseillers en génétique exerçant dans le service avec lequel ils collaborent peuvent
réaliser des consultations de génétique seuls. Cependant, nous ne savons s’il s’agit de
consultations initiales, d’informations, de suivi ou d’annonce de résultat.
Nous nous sommes alors intéressés à tous les participants et avons voulu savoir, à leur avis,
dans quelle(s) situation(s) le conseiller en génétique peut lui seul gérer une consultation sans
90
que le patient ne soit vu par un médecin généticien. Plusieurs réponses étaient possibles et
sont présentées dans le tableau 11.
Il ressort que les consultations pour lesquelles les médecins seraient prêts à laisser gérer seuls
les conseillers en génétique sont les consultations dans le cadre de l’évaluation des risques
pour les maladies autosomiques récessives, les maladies autosomiques dominantes et les
consultations pour consanguinité. Il s’agit de consultation où le conseiller doit être capable
d’évaluer un risque pour un patient (né ou à naître) de présenter une anomalie génétique.
Cependant il nous semble surprenant que les praticiens n’envisagent pas de laisser gérer seul
le conseiller en génétique dans le cadre d’un test pré symptomatique où l’anomalie à
rechercher a d’ores et déjà était identifiée dans la famille. Il s’agit en fait de consultations
standardisées (information sur la pathologie et les tests génétiques) où il n’est pas question de
poser un diagnostic ni de mettre en place une prise en charge médicale, cette dernière se fera
en fonction du résultat.
Tableau 11 :
Situations dans lesquelles un conseiller en génétique peut gérer une consultation solo (n=126)
Situations de consultations
Effectifs
(n=126)
95
Pourcentage
71
56 %
81
64 %
27
21 %
Les tests pré symptomatiques pour les cancers familiaux
42
33 %
Les consultations de génétique pour consanguinité
83
66 %
Les consultations de procréation médicalement assistée
67
53 %
Les consultations de diagnostics prénataux
67
53 %
* marqueurs sériques de trisomie (n=67)
63
94 %
* anomalie génétique ou chromosomique (n=67)
38
57 %
* signe d’appel échographique (n=67)
15
22 %
L’évaluation des risques pour les maladies autosomiques récessives
Le dépistage des risques pour les maladies liées à l’X
L’évaluation des risques pour les maladies autosomiques
dominantes
Les tests pré symptomatiques ou prédictifs des maladies
autosomiques dominantes (non cancéreuses)
75 %
91
Compétences des Conseillers en Génétique :
Lors de la création du Master Professionnel « Conseil en Génétique et Médecine Prédictive »,
les responsables de cet enseignement et professionnels du conseil génétique, ont dû définir les
compétences des conseillers en génétique. Les référentiels de ces compétences et d’activités
ont été rédigés lors de réunions au Ministère de la Santé avec les représentants de la DHOS
(devenue DGOS), de 3 représentants de l’AFCG (Antoine de Pauw, Marie-Thérèse André, et
Marie-Antoinette Voelckel) et d’un responsable de l’enseignement, le Professeur Hagay
Sobol. Pour mémoire, les compétences retenues sont les suivantes (réf.21) :
- accompagner la personne au long de son parcours de soins,
- évaluer une situation à risque dans le domaine de la génétique,
- travailler au sein d’une équipe pluriprofessionnelle et contribuer à l’élaboration du
diagnostic médical,
- intégrer les dimensions éthiques, juridiques et déontologiques dans la pratique
professionnelle,
- utiliser les systèmes d’information et contribuer aux recherches.
Nous avons voulu voir, en nous basant sur ces compétences et celles requises par la Société
Européenne de Génétique Humaine (réf.48) si ces dernières répondent aux attentes des
praticiens. Pour ce faire nous avons réalisé dans le formulaire des questions à réponses
obligatoires utilisant une échelle de satisfaction allant de compétences « peu importante » à
« très importante ». Les données des 126 participants sont présentées dans le tableau 12. Les
3 compétences qui semblent être « très importantes » pour le professionnel praticien sont que
le conseiller en génétique doit savoir reconnaître ses propres limites (85 %), savoir travailler
en équipe (n=79), et savoir établir une relation de confiance avec le patient et sa famille
(75 %).Les autres compétences proposées ont également été reconnues comme étant
« importantes ». Cependant, il est à noter que le fait « de savoir aider le patient dans sa
décision » ainsi que celui « de savoir identifier les besoins et non-dits du patient » n’a pas
retenue toute l’attention. Or, il s’agit bien là de la définition principale du métier et des
caractéristiques bien définies de cette profession « originale » ainsi que l’avaient créée et
décrite les pionnières Américaines (suivies des Canadiennes et des Anglaises). Si le métier
semble être reconnu en France, décrit par la législation, il n’est pas complètement encore
compris par le corps médical dans sa définition intrinsèque. Le conseiller en génétique a un
rôle, certes, mais il a des compétences et un savoir-faire propres à ce métier et pour lequel il
92
est spécifiquement formé. Les détails de cette formation ne sont pas de vains mots mais bien
une « spécialité » propre au métier.
Il s’avère que les compétences proposées remplissent, plutôt de manière satisfaisante, les
attentes des médecins. Nous tenons à préciser qu’à ce jour, il n’existe, en dehors de la fiche
métier hospitalière, aucun guide de « bonnes pratiques » du conseiller en génétique.
Cependant, comme nous l’avons précisé, les référentiels de compétences et d’activité sont
d’ores et déjà rédigés et terminés, mais l’AFCG se bat auprès du Ministère de la Santé pour
qu’ils soient officiellement connus (par des arrêtés par exemple). Nous précisons que ce
même travail a été réalisé par le groupe de l’European Network of Genetic Nurses and
Counsellors, dans lequel 2 conseillers en génétique français prennent part, et qu’il a été validé
par l’European Board of Medical Genetics (ESHG). Ceci montre la difficulté de
reconnaissance, aussi bien en France qu’en Europe, de la profession par les instances de
Santé.
Tableau 12 :
Compétences requises pour les conseillers en génétique (n=126)
Compétences requises
Obtenir des informations médicales
pour confirmer une pathologie
familiale
Savoir transmettre les informations
génétiques au patient
Tenir compte des aspects éthiques,
juridiques et déontologiques
Démontrer une capacité à
s’organiser et à prioriser des
dossiers
Savoir travailler en équipe
Savoir reconnaître ses propres
limites
Savoir établir une relation de
confiance avec le patient et sa
famille
Prendre en compte les sentiments,
les angoisses, les croyances et les
attentes du patient
Savoir identifier les besoins et nondits du patient
Savoir aider le patient dans sa
décision
1 peu
importante
2
3
4
5 très
importante
2
3
15
26
80
0
2
14
28
82
1
1
14
19
91
0
1
7
37
81
0
0
4
22
100
0
0
4
15
107
0
0
10
22
94
2
1
11
37
75
1
3
17
47
58
6
7
40
40
33
93
V-4
Discussion
Cette étude sur la formation et sur la profession des conseillers en génétique a permis de faire
le point sur les attentes des « collaborateurs » des conseillers en génétique. 80,15 % d’entre
eux (n=101) se disent satisfaits du master pathologie humaine mention « conseil en génétique
et médecine prédictive », dispensé à la faculté de médecine de Marseille. Certains nous ont
fait part, dans la partie « remarques libres », de leur enthousiasme à travailler avec un ou
plusieurs conseillers en génétique ainsi que de la nécessité de ces professionnels de santé.
Pour certains, les conseillers en génétique sont « extrêmement utiles », et il s’agit d’un
« métier essentiel à l'exercice de la génétique qui permet d'améliorer efficacement la qualité
du service rendu ». Cette profession devient « indispensable » et ces professionnels
« précieux ». Certains invitent les responsables du Master à revoir leur programme en tenant
compte des nouvelles avancées technologiques (NGS) et de l’évolution de la profession. Pour
eux, ces nouvelles technologies vont engendrer une augmentation certaine du nombre de
consultations, avec une incertitude sur l’augmentation du nombre de médecins qualifiés en
génétique. Les services doivent donc être aisément équipés en moyen matériel mais également
humain tels que les conseillers en génétique. Il faudra veiller toutefois à ce que ces derniers ne
deviennent pas les « petites mains » des généticiens. Cette remarque est importante, car
comme nous l’avons précisé précédemment, la définition intrinsèque du métier n’est pas
encore complètement assimilée mais peut être superficiellement interprétée. Et la notion de
« petites mains » est déjà bien utilisée ; des tâches multiples ne demandant aucune
compétence particulière sont déjà largement confiées aux conseillers en génétique (ce qui peut
très bien s’expliquer dans un esprit de travail d’équipe et de partage, mais qui ne l’est pas
lorsqu’il est volontairement donné).
11,1 % des participants (n=14) ne se prononcent pas en ce qui concerne la formation car ne
connaissent pas le contenu de cette dernière mais tous encouragent les conseillers en
génétique à poursuivre et à évoluer dans leur profession. 3,2 % (n=4) sont sans avis
concernant l’enseignement et 3,2 % (n=4) regrettent que la formation soit unique et si
éloignée de Paris et que les conseillers en génétique devraient être issus d’une formation
paramédicale, afin d’améliorer le contact avec le patient. 2,4 % des participants (n=3) nous
font part de leur insatisfaction en ce qui concerne la formation mais n’ont pas inscrits de
commentaires dans la partie « remarques » afin d’en préciser la raison. Il s’agit cependant de
professionnels collaborant avec des conseillers en génétique.
94
D’autres remarques ont été apportées par les participants notamment celle que cette étude est
une « très bonne idée » et nécessaire pour la reconnaissance de la profession. Certains
souhaitent que les résultats leurs soient adressés, voire présentés à l’ensemble des généticiens
et aux différentes instances compétentes, comme le Ministère de la Santé et de l’Éducation.
D’autres ont soulignés les difficultés qu’ils ont pu rencontrer avec des stagiaires avec par
exemple le manque de motivation, d’investissement personnel, de compétences et d’assiduité.
À propos des stages et de l’accueil des stagiaires, nous précisons qu’aux débuts de la
formation, les stagiaires rencontraient des difficultés d’intégration liées au fait que le métier
était mal connu et que les professionnels les accueillants ne savaient pas en quoi consistait
réellement le stage et quelles tâches laisser aux stagiaires. En connaissance de ces faits,
l’AFCG a rédigé une « fiche de stage » que chaque stagiaire devait présenter dès le début des
rencontres et a sollicité les étudiants pour qu’ils apprennent à se présenter et préciser les
caractéristiques de leur métier (Annexe 20). Une autre des difficultés rencontrées par les
stagiaires est la « compétition » avec les internes présents dans le service, où ces derniers sont
souvent prioritaires. C’est pourquoi l’AFCG a insisté auprès des conseillers en génétique pour
qu’ils accueillent eux-mêmes les stagiaires, si cela leur était permis. Ainsi, comme aux ÉtatsUnis ou au Royaume-Uni, il est coutume que les étudiants soient pris en charge directement
par le(s) conseiller(s) en génétique travaillant dans le service, et ceci avec l’approbation du
médecin.
V-5 Conclusion
Il semble que la profession soit clairement reconnue par les médecins exerçant ou collaborant
avec un service de génétique. Ces derniers sont aujourd’hui capables de gérer des
consultations de manière autonome, sans la présence d’un médecin qualifié en génétique. Ils
peuvent mener à bien leurs propres consultations, en donnant aussi bien des informations pour
la pathologie concernée que pour celle des tests génétiques, et parfois même leur médecin leur
confie la tâche et la responsabilité d’annoncer un résultat d’analyse génétique au patient. Il
semble toutefois que le rôle du conseiller en génétique soit directement dépendant de la
relation de confiance établie entre ces deux professionnels de santé. Ces nouveaux
professionnels de la génétique semblent être parfaitement intégrés dans les équipes de
génétique et sont considérés comme membre à part entière.
95
Les responsabilités confiées aux conseillers en génétique sont liées à leur expérience
professionnelle, leur qualité humaine et leur professionnalisme. Cependant, il faut également
tenir en compte la capacité pour le médecin de déléguer des tâches, d’accepter une telle
profession redéfinissant ainsi le rôle de chacun, et de la relation de confiance qui peut
s’instaurée entre les deux professionnels.
Nous nous permettons d’ajouter ici que cette étude est en cours de rédaction pour une
publication et qu’elle a fait l’objet d’une soumission pour une présentation affichée et/ou orale
lors des 7èmes Assises de Génétique Humaines de Bordeaux.
96
VI- IMPLICATIONS INTERNATIONALES
VI-1 Profil des Conseillers en Génétique en Europe
VI-1.a Introduction
Lors du congrès de la Société Européenne de Génétique Humaine qui s’est tenu à Barcelone
en 2008, j’ai présenté les « avancées du conseiller en génétique en France » lors d’une
communication orale. A la fin de cette présentation, le Professeur Heather Skirton m’a
demandé de bien vouloir m’intégrer dans son groupe européen de réflexion sur la profession :
European Network of Genetic Nurses and Counsellors (ENGNC). Nous avons eu plusieurs
réunions afin de rédiger les compétences exigées des conseillers en génétique en Europe ainsi
que leur curriculum vitae. J’ai alors proposé à ce groupe une étude européenne sur le profil
des conseillers en génétique. Ce travail a fait l’objet d’un article publié dans le « Journal of
Community Genetics » et a été présenté lors du congrès international de génétique humaine
(ICHG) à Montréal en Octobre 2011 lors d’une communication orale.
VI-1.b Méthodes
Nous avons réalisé un formulaire en ligne sur le site http://survey.monkey.com comprennant
26 questions sur le rôle, la formation et la pratique des conseillers en génétique. Le lien vers le
formulaire a été adressé aux représentants nationaux des sociétés nationales de génétique
humaine ou le cas échéant à des conseillers en génétique expérimentés dans leur pays.
VI-1.c Résultats
Vingt-neuf participants de 18 pays européens ont pris part à cette étude. Nous avons recensé
494 conseillers en génétique et 122 « genetic nurses » pour une population concernée de
319 millions d’habitants. Avec une création de la profession datant de 1980, le Royaume-Uni
compte 300 conseillers en génétique, alors que la France, avec une création plus récente en
compte à cette époque 75, la plaçant ainsi en deuxième position devant les Pays-Bas où les
conseillers en génétique exercent depuis 1990. Nous avons pu remarquer que certains pays
comme l’Allemagne, la République Tchèque ou la Turquie ne comptent ni conseiller en
97
génétique ni « genetic nurses ». Les deux seuls pays à avoir une règlementation sur le
« conseil génétique » sont la Norvège et la France. Sept des 18 pays ont une formation dédiée
à cette profession dont la France.
VI-1.d Discussion
Cette étude européenne a permis de mettre en avant une grande diversité de la profession de
conseiller en génétique ainsi que de sa formation. Alors que Godard et Al, suggérait la place
d’un conseiller en génétique dans chacune des équipes de génétique, nous nous sommes
rendus compte que cela n’était pas le cas pour tous les pays européens. Ceci peut être du à
divers facteurs, notamment celui de ne pas comprendre la place, le rôle et la fonction de ces
conseillers en génétique. Ce manque de compréhension et l’absence d’aide des professionnels
de la santé ont été cité par les participants comme étant des points freinant la mise en place de
cette profession dans leur pays où il semble que les médecins généticiens se suffisent à euxmêmes et n’envisagent pas un transfert de tâche et/ou de compétences vers des professionnels
non médicaux.
Les résultats de cette étude européenne ont également montrer l’absence d’un système
cohérent et adapté à cette profession pour la plupart des pays. Alors que dans huit pays il
existe un programme de Master, il nous a été rapporté le fait que pour les autres, la pratique
du conseil génétique se base sur l’expérience professionnel du praticien l’exerçant
(psychologues, infirmières). La situation européenne est complexe de part les différents
systèmes de santé, de programmes d’enseignement et de la législation propre à chacun des
pays.
Faisant état des lieux de cette hétérogénéité européenne aussi bien dans la formation que dans
la pratique du conseil génétique, l’ENGNC se propose de rédiger un « standard de bonnes
pratiques » pour les conseillers en génétique.
98
VI-1.e Conclusion
Ces données nous apportent une vue d’ensemble sur la situation des conseillers en génétique à
travers 18 pays européens. Bien que d’autres investigations semblent nécessaires pour
clarifier le statut des conseillers en génétique, il est évident qu’un système d’accréditation soit
mis en place en Europe, comme cela est le cas aux USA ou en Australie.
99
100
101
102
103
104
105
VI-2 Étude sur la pratique des conseillers en génétique en Europe
VI-2.a Introduction
Il a été admis que les conseillers en génétique, professionnels non-médicaux, peuvent avoir un
rôle dans les services de génétique, notamment lorsqu’un diagnostic moléculaire a été
identifié dans une famille (réf.8). Cependant, nous précisons que le nombre de conseillers en
génétique est encore faible comparé à celui d’autres professionnels de la santé (réf.12).
L’étude que nous avons mené a pour objectif de proposer un profil standard de la profession
et de son praticien.
VI-2.b Méthodes
Nous avons souhaité adresser notre étude à tous les conseillers en génétique de tous pays
européens, ce qui représente environs 600 praticiens au moment de cette étude (2012), et dont
256 sont membres de l’ENGNC. Pour cela, nous avons adressé un email incluant une lettre
d’information sur l’étude, une lettre d’invitation à y participer, ainsi que le lien vers le
questionnaire en ligne. Cette étude a été réalisé par 5 conseillers en génétique expérimentés
dont moi-même.
VI-2.c Résultats
Un total de 216 praticiens ont répondus au questionnaire en ligne, dont 3 n’exerçant plus dans
un pays européens, rendant à 213 le nombre de réponses colligées. Les participants sont issus
de 18 pays européens avec une majorité pour le Royaume-Uni (37 %) et la France (16 %).
Parmi eux, 31,5% précisent qu’il n’existe pas de lois encadrant la profession dans leur pays, et
49,5 % nous apprennent la présence d’un système d’accréditation.
Les participants ont été interrogé sur le rôle qu’ils occupent dans les consultations de
génétique. Les résultats présentés dans l’article sont également détaillé dans le tableau 5.
Nous souhaitons ici préciser que les participants de Chypre, Danemark, Israël, Italie, PaysBas, Roumanie, Espagne, Suède, Suisse et de France, ont rapportés le fait de gérer seul des
consultations, sans la présence d’une médecin généticien dans 67 %. La plupart des situations
106
dans lesquels ces professionnels sont amenés à consulter en « solo » sont des consultations
pour : cancers familiaux (76,4 %), maladies autosomiques récessives à diagnostique
moléculaire identifié (68,5 %), et tests présymptomatiques pour cancers familiaux (67,3 %).
VI-2.d Discussion
Les résultats de cette enquête indiquent que les conseillers en génétique, dans un certain
nombre de pays européens, travaillent de manière autonome au sein d'équipes
multidisciplinaires. Nous n'avons pas trouvé d'autres publications récentes sur ce sujet, mais
les types de cas gérés par des conseillers en génétique présentés dans cette étude sont très
similaires à ceux rapportés par Skirton et al. (réf.8). Dans cette étude, il y avait un consensus
précisant que les cas nécessitant des compétences en diagnostic médical ne pouvaient pas être
gérés par des conseillers en génétique, leur laissant ainsi plus d’autonomie dans les
consultations d’oncogénétique ou de tests pré-symptomatiques.
Concernant l’évolution favorable de la profession, voire sa création, il semblerait que celle-ci
soit facilitée au vu du nombre de conseillers en génétique dans le pays. En effet, lorsque ces
derniers sont assez nombreux, ils peuvent créer une organisation professionnelle dont le but
est de défendre le professionnel et de promouvoir la formation. Le manque d'associations
nationales des conseillers en génétique semble indiquer qu’une approche européenne est utile
pour rendre possible la création de Master dans des pays dépourvus d’enseignement
spécifique. Le comité d’éducation de la Société Européenne de Génétique Humaine à valider
la demande de l’ENGNC, à savoir que la profession soit reconnue au niveau européen, et que
les praticiens de chacun des pays européens aient un niveau universitaire comparable ainsi
qu’un moyen d’en démontrer ses compétences.
VI-2.e Conclusion
Bien qu'il existe des pays européens dans lesquels la profession de conseillers en génétique est
à peine établie, les résultats de notre étude indiquent que, lorsque ces professionnels de la
santé exercent leur activité, ils sont en mesure de contribuer de manière substantielle aux
soins du patient, et ceci au sein d’une équipe pluridisciplinaire. D'autres efforts, visant à
établir la profession et sa formation au niveau européen à travers un processus de
107
« certification », serviront à renforcer la confiance instaurée dans ce nouveau groupe de
professionnels de la santé.
A l’époque où nous avions rédigé cet article, nous n’avions pas encore instauré la certification
européenne. Depuis, un comité a été créé, celui de « l’European Board of Medical Genetics »
(EBMG) sous la présidence du Professeur Heather Skirton (Royaume-Uni). Il est composé
3 sous-comités dont celui des « Genetic Nurses and Genetic Counsellors » dont le but est de
travailler sur la mise en place d’une certification européenne de la profession, de manière à
homogénéiser les différents programmes existant à travers l’Europe, ainsi que la pratique des
conseillers en génétique. Après plusieurs réunions, nous avons réussi à mettre au point le
déroulement et l’organisation de la certification. L’ouverture de la certification européenne a
été annoncée lors de la cérémonie d’ouverture du congrès de l’ESHG à Paris (juin 2013), soit
un an exactement après la création du comité. Les premières intentions de certification nous
ont été adressées durant l’été 2013 et nous comptabilisons au 15 septembre 2013, 26 candidats
(5 français) pour l’année universitaire 2013-2014.
108
109
110
111
112
113
114
115
VII – Discussion générale et Conclusion
L’objectif de cette thèse est d’évaluer la situation des conseillers en génétique en France. Elle
fait suite aux attentes de la Haute Autorité de Santé concernant, pour cette profession, les
possibilités de « nouvelles coopérations professionnelles » et de « transferts de tâches et de
compétences » mises en avant par le Professeur Yvon Berland dans ses différents rapports au
Ministère de la Santé. Les missions données par le Ministre de la Santé, le Professeur JeanFrançois Mattei, avaient pour but l’identification des évolutions qui pourraient faciliter,
préserver, voire améliorer, la qualité des soins pour les patients. Ceci, à l’heure où la
démographie médicale doit faire face aux progrès de la recherche scientifique et des
innovations cliniques et techniques, et également face à un déclin certain du nombre de
praticiens. Pour pallier aux difficultés rencontrées dans le domaine de la santé, il est proposé
la « création de nouveaux métiers de santé » en se basant parfois sur des modèles existants à
l’étranger. C’est ainsi que le nouveau métier de conseiller en génétique a pu être envisagé,
profilé et créé.
Il a d’abord été « envisagé » en étudiant le rôle des conseillers en génétique aux Etats-Unis,
au Royaume-Uni, au Canada et en Australie. La profession existe dans ces pays depuis plus
d’une trentaine d’années et a permis de combler certains besoins dans le domaine de la
génétique pour faire face à l’augmentation du nombre de consultations et du peu de praticiens
dans ce domaine. Il est pris en considération que le « conseil génétique » peut être apporté par
des professionnels de santé non médicaux : « genetic associates », « genetic nurses », voire
des psychologues. Le conseil génétique est considéré comme une approche psychologique
avec le patient, comme un temps d’écoute et de soutien, délivrant une information médicale.
Cette profession permet aux médecins généticiens un gain de temps considérable dans le sens
où ils peuvent se concentrer sur des dossiers plus complexes, sur la recherche et
l’encadrement.
Le métier a ensuite été « profilé » en organisant un groupe de réflexion sur les coopérations à
mettre en place entre médecins généticiens et conseillers en génétique, sur le transfert de
tâches et des compétences, sur la formation à mettre en place, et sur l’attente des
professionnels de la santé. En effet, il a été admis que certains actes de conseil génétique, avec
des procédures standardisées, ne relèvent pas réellement d’une expertise médicale (réf.21), et
116
qu’une possible coopération entre les deux professionnels pouvait être envisagée. La
formation proposée aux futurs conseillers en génétique tient compte des compétences requises
pour exercer cette profession, c’est-à-dire la maîtrise d’une combinaison de savoirs
(connaissance, savoir-faire, comportements et expériences).
Il a finalement été « créé » le métier de conseiller en génétique en réponse aux différents
rapports demandés par le Ministre de la Santé concernant la démographie médicale en France.
Pour cela, il a fallu légiférer la profession en modifiant l’article L1132-1 du Code de la Santé
Publique par la loi n° 2004-806 du 9 août 2004, citant pour la première fois les termes de
« Profession de Conseillers en Génétique ». D’autres lois ont été nécessaires aussi bien pour
encadrer la formation (décret n° 2007-1429 portant sur les compétences) que la profession
(arrêté du 10 avril 2008 concernant l’autorisation d’exercice). Le métier se met en place et
s’affirme avec la création en 2008, puis l’actualisation en 2012, de la fiche métier (Code
ROME K1205) incluse dans le répertoire des métiers de la fonction publique hospitalière.
La mise en place de la formation et de la profession s’est instaurée de manière assez rapide,
d’une part grâce à la volonté des différentes instances et d’autre part grâce au concours de
l’Association Française des Conseillers en Génétique. En effet, le métier a été créé avec la loi
du 9 août 2004 et les premiers étudiants ont pu s’inscrire au Master Pathologie Humaine
spécialité « Conseil en Génétique et Médecine Prédictive » dès l’année universitaire 20042005. Ces étudiants, qui ont réussi la sélection sur dossier et leur entretien de motivation,
proviennent de différents cursus universitaire (Licence et Master en sciences) ou sont plus
rarement des professionnels de santé (docteurs es sciences, sages-femmes, infirmières …).
L’enseignement, inscrit dans la réforme LMD, est complet et qualifié de haut niveau, il
comprend tous les domaines de la génétique (génétique formelle, diagnostic prénatal,
génétique humaine, oncogénétique …). Il est l’un des premiers programmes à avoir été
récemment approuvé par l’European Board of Medical Genetics pour la certification
européenne.
L’intérêt de cette thèse est d’évaluer l’insertion ainsi que l’intégration de ces nouveaux
professionnels de santé. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur les données de l’AFCG et
avons réalisés deux enquêtes nationales : l’une adressée aux conseillers en génétique et l’autre
aux professionnels de la génétique. Pour être « inséré » et « intégré », il est nécessaire que la
117
profession soit reconnue au niveau national. De ce fait, nous avons souhaité connaître les
statuts offerts à ces professionnels, leur rémunération, leur contrat d’embauche, leur domaine
d’exercice, leurs activités et responsabilités.
Sur les 122 diplômés du Master, 77 % occupent un poste de conseiller en génétique (n=94)
alors que 23 % exercent une autre profession (n=14) souvent en lien avec le domaine de la
santé, ont changé d’orientation (n=8) ou sont actuellement sans poste (6). Il n’est pas observé
de différence significative en ce qui concerne le choix du domaine d’exercice : 43,6 % en
génétique médicale (n=41), 38,3 % en oncogénétique (n=36) et 18,1 % en génétique dite
« mixte » (n=17). Cependant, nous avons pu constater un pic d’embauche en oncogénétique
pour les étudiants diplômés en 2008, ce qui correspond à la mise en place du plan Cancer
2009-2013 et qui a facilité les créations de postes dans ce domaine. Nous noterons que les
postes sont financés grâce à la mise en place et à la pérennisation de plans comme le plan
Maladies Rares ou de projets comme le suivi de patients à haut risque de développer un
cancer (INCa).
L’étude adressée à 105 conseillers en génétique, diplômés du Master durant la période 20052011, peut être considérée comme significative avec 57,14 % de retours (n=60). Même si la
plupart ont un contrat à durée indéterminée (48,3%) avec parfois une titularisation du poste,
leur statut ainsi que leur rémunération diffères considérablement. Ces deux points ne sont pas
clarifiés et restes aux bons vouloir de l’établissement de soins. En effet, on observe des statuts
allant de technicien supérieur à ingénieur hospitalier (établissements publics) ou à cadre
(établissements privé) en passant par des statuts de chargé de missions ou d’agent de maîtrise.
Seul un professionnel a un titre de conseiller en génétique basé sur une grille salariale
d’ingénieur hospitalier et est directement lié à la volonté de l’établissement de reconnaître la
profession et son professionnel. Même si la profession est encadrée par la loi et que cette
dernière est référencée dans le répertoire des métiers, il n’existe à ce jour aucune
réglementation concernant les conditions d’embauche des conseillers en génétique. Le salaire
moyen des conseillers ayant répondus à cette étude est de 2001,21 € [1456-3400] sans
différence entre les établissements publics ou privés. Une homogénéisation du statut et de la
rémunération irait dans le sens d’une reconnaissance au niveau des instances et engendrerait
très certainement un meilleur sentiment d’intégration du professionnel.
118
Devant cette diversité des statuts et l’inégalité des salaires, nous nous sommes intéressés aux
activités directement attribuées aux conseillers en génétique. Existe-t-il également une
différence de la pratique et des responsabilités ? Quelle est la place du conseiller en génétique
dans l’équipe pluridisciplinaire dans laquelle il travaille ? Nous rappelons ici que ces
professionnels de santé exercent leur activité sous la responsabilité d’un médecin qualifié en
génétique et que la profession répond aux possibilités de transfert de tâches et de
compétences. Les conclusions que nous dressons ici sont directement tirées de l’étude réalisée
auprès des conseillers en génétique et fait donc ressortir leur ressenti sur leur propre rôle.
D’un point de vue assez général, les conseillers en génétique se voient confiés des missions de
secrétariats avec la gestion de l’agenda de consultations, la rédaction et la frappe de courriers,
la préparation initiale de dossiers, et l’incrémentation de bases de données propres à leur
service ou nationales (registres). Ils semblent avoir une grande place dans la logistique et
l’organisation du service dans lequel ils travaillent. Outre ces tâches administratives, ils
participent de manière active aux réunions de service en présentant des dossiers de patient, en
y apportant leur expertise, et sont amenés à mettre en place une prise en charge personnalisée
du patient. Ils se voient donc confier des responsabilités directement en lien avec le domaine
pour lequel ils ont été formés mais il est évident qu’à ses missions sont venues se greffer
d’autres missions, souvent de nature administratives.
Cette nouvelle profession ayant été créée de manière à « soulager » le médecin généticien
dans son exercice, nous avons souhaité connaître l’implication des conseillers en génétique
dans les consultations. Il existe 3 modes de consultations : les consultations « solo »,
« binôme relais » et « binôme vrai ». Le type de consultations auxquelles les conseillers en
génétique assistent semble assez dépendant de la relation de confiance instaurée entre les deux
professionnels mais aussi de l’expérience professionnelle de chacun. Une majorité des
conseillers en génétique réalisent des consultations de manière autonome (61,67 %) et semble
concerner aussi bien des consultations pour des cas index que pour des apparentés. Il est utile
de rappeler ici que ces conseillers en génétique peuvent réaliser ces consultations que par
délégation de leur médecin généticien et seulement quand aucun acte médical n’est préconisé.
Ces consultations doivent être basée sur l’écoute, le soutien au patient et à sa famille, et à la
délivrance d’une information concernant une pathologie suspectée ou diagnostiquée. En
acceptant que l’insertion et l’intégration d’un professionnel se définissent par le fait d’être
responsabilisé, accepté en tant que membre à part entière et sollicité par ses collègues et/ou
collaborateurs, nous pouvons penser que les conseillers en génétique se sentent aisément
119
insérés et intégrés dans le service dans lequel ils travaillent. En effet, même s’ils doivent
accomplir des tâches administratives, la plupart ont la possibilité de réaliser des consultations,
d’orchestrer une prise en charge, et de rédiger leur propre courrier de consultation (cosigné
par le médecin). Ils sont investis d’une mission impliquant l’avant consultation, la
consultation elle-même et l’après consultation.
Qu’en est-il du point de vue des professionnels de la génétique ? Comment la formation des
conseillers en génétique est-elle perçue ? Pour eux, que peut faire un conseiller en génétique ?
Quelles sont leurs limites professionnelles ? Quelles sont leurs compétences ? Autant de
questions auxquelles nous avons souhaité apporter des réponses par le biais d’une étude
nationale. Cette étude à laquelle 33,51 % des professionnels ont bien voulu répondre (n=126)
est la première de ce type à avoir été réalisée en Europe. 83 % des participants (n=104)
travaillent en collaboration avec un ou plusieurs conseillers en génétique. Notons d’emblée
que 17 % d’entre eux (n=22) ne travaillent pas en relation avec un conseiller en génétique car
n’en estiment pas l’utilité (n=7), rencontrent des difficultés dans la création d’un poste au sein
de leur service (n=8), où ne travaillent pas en lien avec un service de génétique (n=7).
D’après cette étude, il semble que les conseillers en génétique sont assez autonomes et qu’ils
se voient confiés des responsabilités face aux patients. En effet, les conseillers en génétique
sont « souvent » le premier contact avec le patient (58 %), ils réalisent l’arbre généalogique
du patient (76 %), peuvent expliquer aux patients et à leur famille les tests génétiques (68%),
obtenir le consentement libre et éclairé du patient en vue de réaliser des analyses génétiques
(56 %), et plus rarement rédiger le courrier faisant suite à la consultation (46 %). Ils peuvent
également être amenés à proposer des tests génétiques dans le cadre de consultations de
conseil génétique (44 %) mais beaucoup plus rarement des tests génétiques dans le cadre de
consultations à visée diagnostique (18 %). Ceci s’explique par le fait que dans ce dernier cas,
un acte médical peut être nécessaire en vue de renseigner les signes cliniques du patient et
d’en établir le diagnostic, cependant les conseillers en génétique peuvent prendre part à
l’élaboration de ce diagnostic. Cette possibilité de proposer des tests dans ce type de
consultation se retrouve essentiellement dans des consultations de génétique oncologique.
Cette spécialité qu’est l’oncogénétique ne laisse pas, contrairement à celle de la génétique
médicale, les conseillers en génétique annoncer un résultat d’analyse au patient. La pratique
des conseillers en génétique est dépendante de la spécialité dans laquelle ils exercent.
120
79 % des professionnels travaillant avec un conseiller en génétique nous apprennent que ce
dernier peut consulter de manière totalement autonome. Nous avons questionné tous les
participants sur cette faisabilité de consultation en « solo ». Ces professionnels sont
majoritairement d’accord sur le fait que les conseillers en génétique peuvent consulter seuls
dans le cadre de l’évaluation des risques pour les maladies autosomiques récessives (75 %),
l’évaluation des risques pour les maladies autosomiques dominantes (64 %) et dans le cadre
de consultations pour consanguinité (66 %).
La dernière partie de notre étude portait sur les compétences que doivent avoir les conseillers
en génétique. La plupart des propositions que nous avons faites ont été retenues comme étant
« très importantes » ou « importantes ». Les compétences qui ont été mises en avant sont
celles de savoir reconnaître ses propres limites (85 %), de savoir travailler en équipe (79 %),
de savoir établir une relation de confiance avec le patient et sa famille (75 %) et de tenir
compte des aspects éthiques, juridiques et déontologiques (72 %). Ces compétences ne
peuvent s’acquérir lors de la formation mais lors de l’expérience professionnelle, et peuvent
pour certaines être transférées du médecin au conseiller en génétique.
Pour conclure sur l’insertion et l’intégration des conseillers en génétique, il semble que cette
nouvelle profession fut bien accueillie par les médecins et autres professionnels de la
génétique. Ce métier, en dehors des établissements de santé, est clairement reconnu, aussi
bien par la législation que par les professionnels de santé. Les conseillers en génétique, en
fonction de la spécialité dans laquelle ils travaillent, peuvent se voir confier des missions
allant de la réalisation de consultations en « solo » à l’explication de tests génétiques voire à
l’annonce d’un résultat. Ils semblent être parfaitement insérés et intégrés dans les équipes de
génétique et sont considérés comme membre à part entière. Notons toutefois que le rôle du
conseiller en génétique ainsi que les responsabilités confiées à ce dernier sont certainement
liés à la relation de confiance et à la relation humaine établie entre les deux professionnels. Le
transfert de tâche et des compétences semble avoir opérer dans ce domaine de la génétique
qui tend à se complexifier avec l’arrivée des nouvelles avancées technologiques, telles les
nouvelles générations de séquençage, et les réflexions éthiques et pratiques qu’elles posent.
Les responsabilités de chacun des professionnels de la génétique vont évoluer avec les progrès
et il est d’ores et déjà important de préciser que conseillers en génétique et médecins doivent
être complémentaires et non concurrents.
121
Il apparaît nécessaire que le profil du conseiller en génétique soit validé par un groupe de
travail, composé de médecins et de conseillers en génétique, et aboutissant à la rédaction d’un
guide de bonnes pratiques du conseiller en génétique. Ce guide pourrait énumérer les
différentes missions réalisables par les conseillers en génétique, les compétences requises
ainsi que son profil en fonction de la spécialité dans laquelle il exerce.
122
Annexes
123
Annexe 1
Lettre de Jean-François Mattei du 20 mars 2003 demandant le rapport sur le transfert des
tâches et des compétences interprofessionnelles
124
125
Annexe 2
Loi du 9 Août 2004 relative à la profession de conseiller en génétique
126
Annexe 3
Décret 2007-1429 du 3 Octobre 2007 relatif à la profession de conseiller en génétique
127
128
129
130
Annexe 4
Décret 2006-1661 – Composition des Centres Pluridisciplinaires de Diagnostic Prénatal.
131
Annexe 5
Arrêté du 10 avril 2008 relatif à l’autorisation d’exercice de la profession de conseiller en
génétique
132
Annexe 6
Arrêté du 4 août 2010 portant nomination des membres de la commission des conseillers en
génétique autres que les membres de droit
133
Annexe 7
Fiche métier de la Fonction Publique Hospitalière - Conseiller en Génétique
134
135
Annexe 8
Emploi du temps année universitaire 2012-2013
136
Annexe 9
Module Génétique formelle, génétique des populations, calcul de risque
137
138
Annexe 10
Module « Ethique et aspects légaux en génétique et médecine prédictive »
139
Annexe 11
Module d’Oncogénétique
140
141
142
143
Annexe 12
Module - Relation soignant-personne
144
Annexe 13
Module - Base de la psychologie
145
146
Annexe 14
Approbation du master Pathologie Humaine « conseil génétique » Certification Européenne
147
148
Annexe 15
Lettre d’invitation pour participer à l’étude nationale des conseillers en génétique
GENETIQUE
ONCOLOGIQUE
Hôpital Civil
Service d’Hématologie et
Oncologie
39, avenue de la Liberté
68024 COLMAR Cedex
Docteur Jean-Marc LIMACHER
Médecin généticien
Docteur Christine MAUGARD
Médecin généticien
Christophe CORDIER
Conseiller en génétique
Consultation sur rendez vous :

Dernier mercredi du mois

Vendredi après-midi
Chers Amis et Collègues,
Dans le cadre de ma thèse, dont le sujet est l’insertion et l’intégration des
conseillers en Génétique, je suis amené à réaliser une étude nationale sur les
diplômés du Master Professionnel « conseil en génétique et Médecine
Prédictive ».
Vous avez déjà été invité à répondre à ce questionnaire par email, si vous
avez répondu, merci de votre participation. Pour ceux qui n’auraient encore pu
y répondre, je vous demande de bien vouloir consacrer un petit moment à ce
dernier. En effet, il est important d’avoir un maximum de réponses à cette
étude si nous souhaitons être le plus significatif sur la situation de notre
profession en France.
L'intitulé de ce travail : "les nouvelles professions et coopérations
professionnelles : insertion et pratique des conseillers en génétique". Comme
vous le savez et grâce à vous tous ce projet avance à grand pas et ceci
toujours grâce à votre solide coopération.
Je sais que les questionnaires deviennent redondants et rébarbatifs mais il
s'agit du seul moyen que nous avons pu mettre en place pour avoir un
maximum de données. Nous vous proposons donc un nouveau questionnaire
mixant vos données personnelles, professionnelles et administratives. Ces
données ne serviront que dans le cadre de cette thèse et vos données
administratives seront cachées. Nul ne pourra donc vous identifier.
Avec l'accord des membres du bureau de l'AFCG et le votre bien entendu, je
pourrais vous présenter les résultats lors de notre prochaine Assemblée
Générale (2012)
SECRETARIAT
Tel : 03 89 12 44 86
Fax : 03 89 12 43 43
Vous est-il donc possible de répondre à ce questionnaire et de me le
retourner dans les plus brefs délais par voie postale à
Mr CORDIER Christophe
36 rue de Thann
68200 Mulhouse
Si vous le souhaitez, je peux également convenir d'un entretien téléphonique
de manière à remplir le questionnaire avec vous. Faites moi savoir votre
numéro de téléphone et les horaires qui vous conviennent le mieux. Je peux
également vous le transmettre par mail.
Espérant avoir un maximum de retour de votre part,
Monsieur Christophe CORDIER
149
Annexe 16
Questionnaire adressé aux conseillers en génétique
Etude Nationale
« Conseiller en Génétique – Insertion et Intégration Professionnelle »
Numéro de questionnaire
 NOM
………………………………………….
 Prénom
 Date de naissance
………………………………………….
………………………………………….
 Année d’obtention du Master MPCG

:
…………………………..
Ville d’exercice …………………………………………………………
Exercice de Conseillers en Génétique
Vous vous êtes inscrit au « Master Sciences de la Santé, mention pathologie humaine,
spécialité conseil en génétique et médecine prédictive » :
 En candidat libre

En formation continue
Oui* Non*
Oui* Non*
(*Rayer la mention inutile)
Dans le cadre d’une Formation continue, précisez votre employeur-financeur de cette
formation : ………………………………………………………………………………………
Vous êtes actuellement :
 Salarié
Oui* Non*
 A la recherche d’un Poste
Oui* Non*
 Vous avez changé d’orientation
Oui* Non*
(*Rayer la mention inutile)
150
Si vous êtes à la recherche d’un Poste, merci de nous préciser
1- Depuis combien de temps : …………………………….
2- Les offres de postes actuelles ne vous conviennent pas : Oui / Non
Si oui, pour quelles raisons :
 Géographie :
Oui* Non*

Privées
Oui* Non*

Salaires :
Oui* Non*

Missions proposées : Oui* Non*

Si vous avez changé d’orientation, et que vous n’exercez pas le métier de conseiller en
Génétique, indiquez nous pour quelles raisons et dans quel domaine vous travaillez
actuellement : …………………………………………………………………...
Avez-vous l’intention de retourner un jour dans le « conseil en génétique » ?
Oui / Non
Vos remarques personnelles concernant la recherche d’un poste de conseiller en
génétique :
………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
Concernant votre Poste de Conseiller en Génétique :
Vous exercez votre activité de Conseiller en Génétique dans quelle structure :
 Génétique médicale
Oui* Non*
 Service de cardiologie
Oui* Non*
 Service de pédiatrie
Oui* Non*
 Service de neurologie
Oui* Non*
 Service d’onco-génétique
Oui* Non*
(* Rayer les mentions inutiles)
 Autres : précisez ………………………………………………………………………
151
Contrat 1
Contrat 2
Employeur Privé/Public
Date de recrutement
Temps complet ou partiel (%)
Statut
(ex : ingénieur hospitalier)
Indice Brut
Indice Majoré
Prime de technicité
Autres Primes
(ex : 13ème mois)
Salaire net mensuel
Type de contrat
(CDD, CDI, Titulaire,…)
Dans le cadre de votre exercice, êtes-vous amenés à vous déplacer en dehors de votre lieu
d’activité:
Oui*
Non*
(Rayer la mention in utile)
Si Oui, dans quel cadre :
 Réunion
 Consultations extérieures
Oui* Non*
Oui* Non*
 Autres (Précisez) ………………………………………………………
152
Concernant votre Activité de Conseiller en Génétique :
 Activités Globales
Activités Globales
Consultation en Solo
Consultation en Binôme VRAI 1
Consultation en Binôme RELAIS 2
Saisie dans des bases de données
Oui / Non
Commentaires libres
Tâches administratives
Organisation d’un parcours de soin
(ex : prélèvement, envoi, …)
Rôle versant social
Enseignement
Formation
Réunion de travail
(Staff, visioconférence)
Autres
1
La consultation se déroule totalement avec un médecin généticien
Le patient est vu par le conseiller en génétique puis par le médecin généticien ensuite
Concernant les consultations, nous nous intéressons ici aux consultations dites « initiales »
2
 Activités de conseil en génétique
Consultation en
Solo
Oui/Non
Consultation en
Binôme VRAI
Oui/Non
Consultation en
Binôme RELAIS
Oui/Non
Conseil génétique aux cas index
Conseil génétique aux apparentés
1- Qui réalise de manière générale la première consultation avec le patient ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
2- Qui réalise de manière générale l’arbre généalogique ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
153
 Dépend de la situation
Oui* Non*
 Autres, ……………………………………………
3- Qui offre de manière générale les tests à visée diagnostique génétique ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
4- Qui organise les tests à visée diagnostique génétique (Prélèvement, recherche de
laboratoires et expédition) ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
5- Vous est-il possible de prescrire une analyse génétique, ceci sous la responsabilité de
votre médecin généticien et par délégation de celui-ci ?
Oui*
Non*
(Rayer la mention inutile)
6- Qui recueille et signe le consentement libre et éclairé du patient ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
7- Qui écrit le compte-rendu (ou la lettre) de la consultation ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
154
8- Qui signe le compte-rendu (ou la lettre) de la consultation ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
9- Qui prépare les dossiers des consultations à venir ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
10- Qui annonce le résultat d’une analyse au patient ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
11- Qui informer le patient sur la pathologie ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
12- Qui organise la prise en charge du patient ?
 Vous
Oui* Non*
 Le médecin généticien
Oui* Non*
 Les deux simultanément
Oui* Non*
 Dépend de la situation
Oui* Non*
(Rayer la mention inutile)
 Autres, ……………………………………………
Je tiens à vous remercier du temps que vous avez bien voulu accorder à ce questionnaire.
155
Annexe 17
Démographie des conseillers en génétique par rapport aux généticiens par région (2012)
156
Annexe 18
Lettre d’invitation aux médecins pour l’étude nationale sur les conseillers en génétique
Chers Confrères,
La profession de conseiller en génétique a été créée en Europe, dès 1980 au Royaume-Uni,
puis en Suède, Pays-Bas, Norvège, Danemark, etc. En France, le métier est créé par le
Ministre de la Santé, le Professeur Jean-François Mattei, en 2004 (Loi n° 2004-806 du 9 août
2004 relative à la politique de santé publique suivi du décret d’application, décret n°20771429 du 3 octobre 2007, relative à la profession de conseiller en génétique). La formation de
ces nouveaux professionnels de santé est réalisée à Marseille, Aix-Marseille Université, sous
la responsabilité des Professeurs J-L Mege, N. Philip et H. Sobol. Cet enseignement est
organisé pour la première fois, durant l’année universitaire 2004-2005. Seules les personnes
ayant acquis le master professionnel en « conseil génétique et médecine prédictive » (Arrêté
du 10 avril 2008 relatif à l'autorisation d'exercice de la profession de conseiller en génétique,
modifié en 2010) peuvent exercer ce métier, inscrit dans le répertoire des métiers de la
fonction publique.
Aujourd’hui, 8 ans après la sortie des premiers diplômés, 107 exercent leur activité dans tous
les domaines de la génétique.
Nous souhaiterions, avec votre collaboration, réaliser une étude épidémiologique portant sur
la situation des conseillers en génétique en France. Ce travail s’inscrit notamment dans le
sujet de thèse de Monsieur Christophe Cordier, conseiller en génétique à Strasbourg, dont le
thème est l’évolution de cette nouvelle profession de santé, l’intégration et le rôle de ces
professionnels dans les équipes de génétique.
Votre aide nous est précieuse, nous vous remercions par avance de bien vouloir participer à
cette étude, que vous travaillez ou non en collaboration avec un ou plusieurs conseillers en
génétique. Il nous semble essentiel que chacun des professionnels de santé exerçant dans le
domaine de la génétique puisse participer à cette étude et nous vous demandons de bien
vouloir répondre, avant le Mercredi 10 juillet 2013, au questionnaire en ligne en
copiant/collant ou en cliquant sur le lien suivant :
https://docs.google.com/forms/d/1vv74Vb57j4IboQDVxaDqLaQRkSOjrDQ0oHc9-AXEBro/viewform
Nous vous remercions du temps que vous consacrerez à ce questionnaire d’une quinzaine de
minutes et restons disponibles pour toutes informations. Vous pouvez contacter Monsieur
Christophe Cordier au 03.88.11.52.53 ou à [email protected]
Monsieur Christophe CORDIER
Monsieur Nicolas TARIS
Madame Marie-Antoinette VOELCKEL
Professeur Hagay SOBOL
Professeur Nicole PHILIP
157
Annexe 19
Formulaire sur l’étude nationale sur les conseillers en génétique
Informations vous concernant
Question n°1: Etes-vous un homme ou une femme ? *
Question n°2: Quelle est votre année de naissance ? *
Question n°3: Depuis combien d'années faites-vous des consultations de génétique ? *(Si vous
ne faites pas de consultation, merci de saisir 0)
Question n°4: Quelle est votre spécialité ? *(une seule réponse possible)

Généticien

Oncologue

Biologiste

Pédiatre

Neurologue

Cardiologue

Autre :
Question n°5: Dans quel(s) domaine(s) de la génétique exercez-vous ? *(plusieurs réponses
possibles)

Conseil génétique général

Oncogénétique

Diagnostic prénatal

Pédiatrie / Syndromologie

Neurogénétique

Cardiogénétique

Endocrinologie

Hématologie

Diagnostic Pré-Implantatoire

Autre :
158
A propos des Conseillers en Génétique
Question n°6: Travaillez-vous avec un(e) conseiller(e) en génétique ? *(si "non", merci de bien
vouloir cliquer sur continuer)
Question n°7: Si "oui", combien de conseillers en génétique exercent dans le service où vous
exercez ?
1
2
3
4
5
Question n°8: Depuis combien de temps travaillez-vous avec un conseiller en génétique ?
Poste de Conseillers en Génétique
Question n°9: S'il n'y a pas de conseiller en génétique dans le service où vous exercez, quelle
en est la raison ? *

Pas nécessaire pour votre service

Difficulté de création de poste

Autre :
Rôle des Conseillers en Génétique (1)
Question n°10: Le conseiller en génétique participe-t-il à vos propres consultations ? *(si "non",
merci de bien vouloir cliquer sur continuer)
Question n°11: Le conseiller en génétique a-t-il la charge du premier contact avec le patient ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°12: Le conseiller en génétique réalise-t-il l'arbre généalogique ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°13: Le conseiller en génétique explique-t-il les tests génétiques ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
159
Question n°14: Le conseiller en génétique propose-t-il les tests génétiques dans le cadre d'une
consultation de conseil génétique ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°15: Le conseiller en génétique propose-t-il les tests génétiques dans le cadre d'une
consultation à visée diagnostique ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°16: Le conseiller en génétique obtient-il le consentement libre et éclairé du patient?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°17: Le conseiller en génétique informe-t-il le patient de son résultat d'analyse
génétique ?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
Question n°18: Le conseiller en génétique écrit-il le compte-rendu (la lettre) de la consultation
?

Souvent

Parfois

Rarement

Jamais
160
Rôle des Conseillers en Génétique (2)
Question n°19: le conseiller en génétique fait-il des consultations seul ? *
Question n°20: A votre avis, dans quelle situation le conseiller en génétique peut-il lui seul
gérer une consultation sans que le patient ne soit vu par un médecin généticien ? *(Plusieurs
réponses possibles)

L'évaluation des risques pour les maladies autosomiques récessives

Le dépistage des risques pour les maladies liées à l'X

L'évaluation des risques pour les maladies autosomiques dominantes

Le test pré-symptomatique ou prédictif de maladies autosomiques dominantes (non
cancéreuses)

Le test pré-symptomatique pour les cancers familiaux

Le conseil génétique pour consanguinité

Les consultations en Procréation Médicalement Assistée

Les consultations de Diagnostic Prénatal

Autre :
Si vous avez coché "les consultations de Diagnostic Prénatal", pouvez-vous préciser ?

dans le cadre des marqueurs sériques de dépistage de la trisomie montrant un risque
accru

dans le cadre de parents d'enfant présentant une anomalie génétique ou
chromosomique

dans le cadre de signes d'appel échographique
Compétences des Conseillers en Génétique
Merci de donner votre avis sur l'importance des différentes compétences du conseiller en génétique
Question n°21: Obtenir des informations médicales pour confirmer une pathologie
familiale *(exemple : recueil de données auprès d'autres services, ...)
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°22: Savoir transmettre les informations génétiques au patient *(exemple : recueil de
données auprès d'autres services)
1
peu importante
2
3
4
5
très importante
161
Question n°23: Tenir compte des aspects éthiques, juridiques et déontologiques *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°24: Démontrer une capacité à s'organiser et à prioriser les dossiers *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°25: Savoir travailler en équipe *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°26: Savoir reconnaître ses propres limites *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°27: Savoir établir une relation de confiance avec le patient et sa famille *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°28: Prendre en compte les sentiments, les angoisses, les croyances et les attentes
du patient *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°29: Savoir identifier les besoins et non-dits du patient *
1
2
3
4
5
peu importante
très importante
Question n°30: Savoir aider le patient dans sa décision *
1
peu importante
2
3
4
5
très importante
A propos de la formation des Conseillers en Génétique
Seul le diplôme de Master Professionnel en Pathologie Humaine mention " Conseil génétique et
Médecine prédictive", dispensé à la faculté de médecine de la Timone (Université Aix-Marseille),
permet l'exercice du métier de conseiller en génétique, en France
162
Question n°31: Etes-vous satisfait de cette formation ? *

Oui

Non

Autre :

Vos Remarques
Vos remarques sur la formation et/ou sur la profession de conseiller en génétique
Vos remarques sur cette étude
Remerciements
Nous vous remercions pour le temps que vous avez bien voulu accorder à notre étude. Pour toutes
questions complémentaires, vous pouvez contacter Monsieur Christophe Cordier à:
[email protected] ou au 03.88.11.52.53
163
Annexe 20
Fiche stage pour les étudiants « conseil en génétique et médecine prédictive »
164
165
PUBLICATIONS ET CONGRES
Publications
Patrick Levigne, Christophe Cordier, Agnès Bloch-zupan
Aspects législatifs des maladies rares : conseil génétique, éthique et relation praticien-patient
Revue d’Orthopédie Dento-Faciale – Vol 4-2013
Cordier C, Taris N, De Pauw A, Sobol H, Philip N, Voelckel MA.
J Genet Counseling. 2013 March
“French Professionals in Genetic Counselor careers”.
Skirton H, Cordier C, Lambert D, Hosterey Ugander U, Voelckel MA, O'Connor A.
J Community Genet. 2012 Sep 28.
“A study of the practice of individual genetic counsellors and genetic nurses in Europe”.
Cordier C, MA Voelckel, D Lambert, U Hosterey-Ugander, H Skirton
J.Comm.Genetic, Volume 3, page 19-24, Dec 2011
“A profile of the genetic counsellor and genetic nurse profession in European countries”
Communications orales
Cordier C, Voelckel MA, Lambert D, Hosterey-Ugander U, Skirton H
“Genetic Counsellors: Professional and Education standards in 17 European countries”
62th annual Meeting of the American Society of Human Genetic
International Congres of Human Genetics
Montréal, Canada, 10-15 Octobre 2011
C.Maugard, D.Lejri, AL Wetzel, L.Gilleron, C.Kastner, JM Limacher, JP Fricker, C.Cordier
« A french régional pilot experiment for multidisciplinary management of at risk patients to
inherited cancer »
62th annual Meeting of the American Society of Human Genetic
International Congres of Human Genetics
Montréal, Canada, 10-15 Octobre 2011
Cordier C
« Conseiller en génétique et médecine prédictive – Le métier et son actualité »
Présentation sur invitation - 3ème Jeudi de la Génétique
Hôpital Necker – Paris - Avril 2010 –
Cordier C, Voelckel MA, Lambert D, Hosterey-Ugander U, Skirton H
« A comparison study of the education and practice of Genetic Nurses and Counsellors in
Europe »
European Society of Human Genetic
Vienne, Autriche, Mai 2009
166
Cordier C, Voelckel MA
Le nouveau métier de « Conseiller en Génétique en France »
European Society of Human Genetic
Barcelone, Espagne -Juin 2008
Communications Affichées
E.Le Boette, M Edmont, MA Voelckel, H Sobol, JL Mandel, C Cordier
A comparison study of the profession of genetic counsellors between France and Canda
62th annual Meeting of the American Society of Human Genetic
International Congres of Human Genetics
Montréal, Canada, 10-15 Octobre 2011
C.Cordier, D.Lejri, AL Wetzel, L.Gilleron, C.Kastner, JM Limacher, JP Fricker, C.Maugard
« A french régional pilot experiment for multidisciplinary management of at risk patients to
inherited cancer »
European Society of Human Genetic
Amsterdam, Pays-Bas, Mai 2011
C.Cordier, M-A Voelckel, D.Lambert, U.Hosterey-Ugander, H.Skirton
« Genetic counsellors : Education and Profession in 17 european countries »
Abstract corresponding to the 72 best score on 1900 abstract submitted.
European Society of Human Genetic
Amsterdam, Pays-Bas, Mai 2011
C Cordier, MA Voelckel
« Genetic Counsellors : The profession and its evolution in France »
European Society of Human Genetic,
Götheborg, Suède, Juin 2010
C.Cordier, M-A Voelckel
Étude comparative sur la profession de conseiller en en génétique en Europe
5ème assises de génétique humaine
Strasbourg, France, Janvier 2010
C.Cordier, L. Monteil, M. Belleguic, A. de Pauw, N. Pasz, M-A Voelckel
Conseiller en génétique et médecine prédictive – Le métier et son actualité
5ème assises de génétique humaine
Strasbourg, France, Janvier 2010.
S. Assaoui, N. Pasz, E. Chipoulet, E. Consolino, C.Cordier
Création d’une newsletter du conseiller en génétique
5ème assises de génétique humaine
Strasbourg, France, Janvier 2010.
167
L.Monteil, M. Belleguic, M. Di Maria, B, Troude, C Cordier, MA Voelckel
Consanguinité : Quel conseil génétique en France
5ème Assises de génétique humaine
Strasbourg, France, Janvier 2010
C.Cordier, M-A Voelckel, H. Skirton
A comparison study of the education and practice of Genetic Nurses and Counsellors in
Europe
European Society of Human Genetic
Vienne, Autriche, Mai 2009
168
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Réf.13
Site de la SFG
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Réf.14
Site de la SFGH
http://asso.orpha.net/SFGH/cgi-bin/mobile/?lng=fr
Réf.15
La Formation des Professionnels pour mieux coopérer et soigner
Rapport présidé par le Professeur Yvon Berland, rapporteur Marie-Ange Coudray
Réf.16
Pr.Yvon Berland
Démographie des professions de santé. Nov 2002.
Réf.17
Reed, 1955, p.14
Réf.18
Epstein, C.J.,
Who should do genetic counseling and under what circumstances ? Bith Defect
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Kessler. S.
“Genetic counseling: psychological dimension” with a foreword by Charles.J.Epstein
Book 1979
Réf.20
American Society of Human Genetics Ad Hoc Committee on Genetic Counseling (1975).
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Y. BERLAND et T. GAUSSERON, 2002,
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http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/024000643/index.shtml
Réf.24
Organisation Nationale de la Démographie des Professions de Santé – le rapport 2004
Les effectifs et l’activité des professionnels de santé – Tome I
Réf.25
Loi du 9 Août 2004 portant sur la « Profession des conseillers en génétique »
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=73C07F2D95289B4FEE5B3
D6D0736E8EA.tpdjo03v_1?idArticle=JORFARTI000001260186&cidTexte=JORFTEXT000
000787078&dateTexte=29990101
Réf.26
Godard. B., Kaariainen. H., Kristoffersson. U., Tranebjaerg. L., Coviello. D., Ayme. S.,
Provision of genetic services in Europe: current practices and issues.
Eur J Hum Genet 11 (suppl2) :S13 S48 (2003)
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“French Professionals in Genetic Counselor careers”.
J Genet Counseling. 2013 March.
Réf.30
Décret n° 2007-1429 du 3 octobre 2007 relatif à la profession de conseiller en génétique et
modifiant le code de la santé publique (dispositions réglementaires)
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000792420&dateText
e=&categorieLien=id
Réf.31
Skirton. H., Cordier. C., Lambert. D., Hosterey-Ugander. U., Voelckel. MA., O’Connor. A.,
A study of the practice of individual genetic counsellors and genetic nurses in Europe.
J Community Genet (2013) 4:69-75
171
Réf.32
Mege. JL.,
Contrat quadriennal 2004-2007, Master Recherche et Professionnel, Domaine des Sciences de
la Santé, Mention “Pathologie Humaine”
Réf.33
Loi n° 2004-800 du 6 août 2004 relative à la bioéthique
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000441469
Réf.34
Décret n° 2006-1661 du 22 décembre 2006 relatif au diagnostic prénatal et au diagnostic
biologique effectué à partir de cellules prélevées sur l'embryon in vitro et modifiant le code de
la santé publique
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000246254&dateText
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Réf.35
Thépot. F.,
Des conseillers en génétique, et alors …
Gynécologie, obstétrique et fertilité. Volume 39, numéro 10, page 539-540 (octobre 2011)
Réf.36
Agence de Biomédecine « Liste des CPDPN au 7 mars 2013 »
http://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/liste_cpdpn_070313.pdf
Réf.37
Assemblée Nationale du 29 Novembre 2011. 13ème législature. Question numéro
1631concernant l’absence de conseiller en génétique au CPDPN de Martinique
http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-1631QOSD.htm
Réf.38
Arrêté du 10 avril 2008 relatif à l'autorisation d'exercice de la profession de conseiller en
génétique
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000018656510
Réf.39
Arrêté du 4 août 2010 portant nomination des membres de la commission des Conseillers en
Génétique autres que les membres de droit
http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2010/10-08/ste_20100008_0100_0160.pdf
Réf.40
Fiche métier de la fonction publique hospitalière : les conseillers en génétique
http://www.metiers-fonctionpubliquehospitaliere.sante.gouv.fr/spip.php?page=fichemetier&idmet=18
Réf.41
Déclaration de M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes
handicapées, sur le projet de révision des lois de bioéthiques, Angers le 30 janvier 2004.
http://discours.vie-publique.fr/notices/043000502.html
172
Réf.42
Collège National des Enseignants et Praticiens de Génétique Médicale
http://college-genetique.igh.cnrs.fr
Réf.43
Amendement N°176 portant sur la création d’une nouvelle profession d’auxiliaire médical : le
conseiller en génétique. Séance du 15 janvier 2004.
Réf.44
Site de l’Association Française des Conseillers en Génétique
http://asso.orpha.net/AFCG/cgi-bin/
Réf.45
Edito du 24 Octobre 2007 / Orphanet / Dr Ségolène Aymé
www.orpha.net/actor/Orphanews/2007/071024.html
Réf.46
Assemblée Générale du Collège National des enseignants et praticiens de Génétique
(18.01.2008)
Réf.47
Plaquette sur la formation du Master Pathologie Humaine, spécialité « conseil génétique et
médecine prédictive »
Réf.48
Site de l’European Society of Human Genetics
www.eshg.org
Réf.49
De Pauw, A., Stoppa-Lyonnet, D., Andrieu, N., Asselain, B.,
Estimation of individual breast cancer risk : relevance and limits of risk estimation models.
Bull Cancer. 2009
Réf.50
Plan National Maladies Rares 2005-2008
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Maladies_rares_plan_sante_publique_2005_2008.pdf
Réf.51
Ordre National des Médecins
Atlas de la démographie médicale en France – Situation au 1er janvier 2012
Réf.52
Site Orphanet
http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/Clinics_Search_Simple.php?lng=FR
Réf.53
Agence Régionale de Santé – Ile de France
http://www.ars.iledefrance.sante.fr
173
Réf.54
Liste des consultations de génétique – cahier 2009 Orphanet
http://www.orpha.net/orphacom/cahiers/docs/FR/Liste_des_consultations_de_genetique.pdf
Réf.55
Plan National Maladies Rares 2011-2014
Réf.56
Plan Cancer 2009-2013
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_cancer_2009-2013.pdf
Réf.57
Bilan des expériences pilotes pour la prise en charge multidisciplinaire des personnes
prédisposées héréditairement au cancer.
www.e.cancer.fr
Réf.58
Grilles salariales de la fonction hospitalière
http://www.emploitheque.org/grille-indiciaire-hospitaliere
Réf.59
Base de données CEMARA
http://cemara.org
Réf.60
Lois de bioéthique de 1994 – les examens génétiques
Réf.61
Agence de Biomédecine et Haute Autorité de Santé.
Règles de bonnes pratiques en génétique constitutionnelle à des fins médicales (Hors
diagnostic prénatal).
Réf.62
Première newsletter des conseillers en génétique – Edito de Jean-François Mattei
http://asso.orpha.net/AFCG/cgi-bin/
174
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